Herbiers marins, mangroves et autres écosystèmes, stockant du carbone bleu, sont essentiels pour lutter contre le changement climatique, protéger la biodiversité et stimuler l’économie. Ce sont des puits de carbone qui stockent 5 fois plus de CO2 que les forêts. L’Afrique en possède d’importants gisements. Toutefois, il se trouve que l’appât du gain d’investisseurs prenne le pas sur le maintien, la protection ou la restauration de ces puits de carbone en Afrique.
En Afrique, des décideurs sont souvent confrontés au dilemme entre doter rapidement leur pays d’infrastructures et impacter négativement l’environnement. Il n’est pas rare que face au manque de capitaux, un investisseur, non informé des réalités locales, opte pour un projet à développer sur un écosystème, estampillé puits de carbone stockant du carbone bleu… Pourtant, ces zones sont essentielles pour garantir un avenir durable pour le continent, dans le sens où ils stockent plus de CO2 que les forêts- 5 fois plus. Si la décision est prise à la va-vite, pendant la saison sèche, sans concertation avec les populations locales, le lancement de projets à scandales écologiques ne manquerait pas. L’Afrique est riche en puits de carbone, tant naturels qu’anthropiques. Les puits de carbone naturels comprennent les forêts, les sols et les océans. Les puits de carbone anthropiques comprennent les projets de séquestration du carbone.
Capter 5 fois plus de CO2 que les forêts.
Un récent rapport de la Banque mondiale, « Déverrouiller le développement du carbone bleu », réalisé avec le concours du Fonds Fiduciaire Multidonateurs Problue, vient de prouver que les puits de carbone stockant du carbone bleu, tels que les marais salants, mangroves et autres herbiers marins, captent plus de dioxyde de carbone (CO2) que les forêts. Non seulement, ils contribuent à lutter contre le changement climatique, mais aussi ils peuvent créer des emplois de qualité et améliorer les moyens de subsistance des populations. En arrêtant de les dégrader et de les détruire, ils permettraient de stocker 650 millions de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent du volume des émissions annuelles du transport maritime. L’endroit où l’investissement devrait se faire est dans la restauration et la préservation de telles zones. Au Sénégal, un investisseur émirati s’est promené sur la Petite Côte entre Mars et Mai (saison sèche), CEO de DP World, pour ne pas le nommer, et compte implanter son port de Ndayane (Dialaw), au beau milieu de marais salants ! Il s’agit d’espaces qui nourrissent et améliorent les conditions des populations. Il ressort dans ce rapport qu’à travers le monde 4,1 millions de pêcheurs artisanaux sont tributaires des mangroves. Elles protègent aussi, plus de 6 millions de personnes des inondations et évitent une perte annuelle de 24 milliards de $ d’actifs productifs. Un ratio de 50% des marais salants de la planète ont disparu- une dégradation qui se poursuit malheureusement !
De la sauvegarde des puits de carbone
Les puits de carbone sont importants pour l’Afrique pour plusieurs raisons. Tout d’abord, en absorbant le CO2 de l’atmosphère, ils aident à réduire les concentrations de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique. Ensuite, les puits de carbone sont importants pour la biodiversité. Les forêts, les sols et les océans abritent une grande diversité d’espèces végétales et animales. La protection des puits de carbone est donc essentielle pour la conservation de la biodiversité. Tertio, les puits de carbone sont importants pour l’économie. Les forêts, les sols et les océans fournissent des biens et des services importants, tels que le bois, l’eau et la nourriture. La protection des puits de carbone est donc essentielle pour le développement durable.