Chronique- Pas de logistique aisée, avec ces tracasseries

Partout en Afrique, les décideurs des secteurs public et privé attendent, généralement, l’opérationnalité de la Zone de Libre Echange Africaine (ZLECAf). Mais à quoi servirait un tel espace avec des procédures farfelues et illicites, à n’en plus finir, pour traverser un pays et se rendre à un autre ?  

En Afrique, malheureusement, voyager facile est devenu une chimère. Demandez à n’importe quel migrant qui décide de quitter Dakar pour se rendre à Valladolid, ou dans le sens inverse, dans son propre véhicule, quelles difficultés fait-il face ? Entendons-nous bien, ici, il ne s’agit que de migration régulière. Cela signifie que le Guinéen, Malien ou Béninois dispose de papiers et documents en règle. C’est un véritable parcours du combattant !!! Ayons le courage de dire que la plupart des tracas sont rencontrés sur le continent et pas en Europe.

Dans le sens Nord-Sud, par la transafricaine Atlantique, dès Tanger, commence le lot de longues attentes, souvent jusqu’à 6 ou 7 h… Police, gendarmerie… pour Dieu seul sait combien de contrôles pour quelqu’un en transit ! Pire, si le voyageur a eu l’imprudence de charger dans son véhicule quelque électroménager à offrir à destination, la douane marocaine fait signer des visas d’entrée provisoire, de reconnaissances de consignation et autres certificats d’exportation définitive. Ce n’est pas tout, il est imposé au voyageur de déposer en liquides une caution (reconnaissance de consignation) à récupérer à la sortie du territoire marocain à Guergarate, après une énième attente – veiller à la conformité entre les quantités inscrites et emballées… Pourtant, il est assez aisé de distinguer un vacancier d’un commerçant, sachant que les familles africaines ne sont pas atomiques.

Une fois que ce territoire est franchi, sans que la voiture de tourisme ou le camion n’ait pas essuyé des jets de pierres d’énergumènes qui se plaisent à caillasser de paisibles voyageurs, ce qui attend en Mauritanie est loin d’être une sinécure ! Rebelote pour d’interminables attentes de 6 à 7 h aussi ! Après un passavant de 120 €, document autorisant la circulation en franchise de marchandises soumises à certaines taxes, en transit sur le sol mauritanien– sachant que la redevance normale d’entrée est de 5 € à l’aéroport de Nouakchott- c’est le début d’un lot de prélèvements illicites et sans documents justificatifs reçus. Ceux, qui osent exiger des pièces justificatives, sont purement et simplement ignorés et une attente supplémentaire leur est assignée d’office. Une escorte, assurée par un ressortissant mauritanien, est imposée ! « Gratuite », au départ, elle va se facturer jusqu’à 50 € ! Sur un trajet de plusieurs centaines de km, à chaque portion de 50 km la gendarmerie ou la police – c’est selon- fait des contrôles qui deviennent rapidement intempestifs. « Vous n’avez pas marqué le stop ! », « Où est votre visite technique dans le pays » … Tout cela pour quelqu’un qui est en transit ! Osons le dire, ces prélèvements illicites sont du racket et renchérissent les coûts de transport sur nos routes ! Malheureusement, tout le monde y passe, africains, touristes étrangers, camionneurs… A tous ces dérapages sur le système de contrôle, s’ajoutent des attitudes basses et viles. Certains vont jusqu’à demander des « cadeaux » prêt à porter, smartphones… Jusqu’à la sortie à Rosso Mauritanie, les tracas vont se multiplier ! Il est arrivé qu’on fasse payer à des voyageurs jusqu’à 6 tickets (6 x 40 anciens UM, soit 0,57 €) par personne pour traverser par le bac sur le fleuve Sénégal, large de quelque dizaines de m seulement- au lendemain des indépendances, en signe de soutien, l’ex Président Senghor avait permis que son pays accorde unilatéralement cette barge à la Mauritanie dont la capitale se trouvait à Ndar (Saint-Louis). En face à Rosso Sénégal, il n’est exigé au voyageur qu’un ticket de 200 f CFA (0,31 €). Nos dirigeants et décideurs n’ont qu’à prendre des véhicules banalisés et tenter l’expérience !

Partout pareil… quid de la libre circulation ?

Malheureusement sur les axes Burkina Faso- Côte d’Ivoire, Mali-Sénégal… ce qui est valable sur le corridor Maroc-Mauritanie-Sénégal-Guinée… est quasi-identique. Alors que la libre circulation est de rigueur, tout un lot de rackets est déploré ! Certes le contrôle routier va de paire avec la libre circulation, cependant quand il devient intempestif et de surcroît illicite sur des routes, dont la qualité est loin des standards, il y a lieu de s’interroger. Fort heureusement, tous les agents des force de l’ordre et soldats de l’économie ne sont pas pareils.

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Aujourd’hui, les populations attendent de leurs dirigeants un réseau d’autoroutes et des voies express séparées, un maillage de rail à écartement standard, des canaux fluviaux… pour plus de confort, atténuer les accidents et autres chocs frontaux. Bref, il est temps d’asseoir une logistique qui promeut la compétitivité. Africains, soyons conscients que les origines de la balkanisation sont domiciliées ailleurs ! A nous d’en atténuer les conséquences, en commerçant facile et au bénéfice de tous, pas uniquement dans un sens ! Aussi, sans délai, que les entités, qui ont des atomes crochus, s’élargissent et rendre leurs frontières permissives. Le succès est au bout de cet osmose. C’est d’autant plus juste que vous pouvez traverser plusieurs frontières européennes dans la journée sans anicroches majeures et en une journée.