Assemblées annuelles 2023 de la BAD : l’Afrique étouffée par la pénurie de flux de financement climatique, selon le président de la BAD

Le chef de la Banque africaine de développement (BAD) a dénoncé la pénurie de flux de financement climatique qui « étouffe » l'Afrique, appelant les pays développés à honorer leur promesse de 100 milliards de dollars de financement par an. (Crédit : Dr).

« L’Afrique est lésée en matière de financement climatique. L’Afrique étouffe », a déclaré le président de la Banque africaine de développement (BAD) aux journalistes, lors de des Assemblées annuelles 2023 de la banque, qui se déroulent du 22 au 26 mai à Sham El Cheikh en Egypte. Selon les estimations de l’établissement panafricain, le continent aura besoin de 2700 milliards de dollars d’ici 2030 pour financer ses besoins en matière de changement climatique, et il rappelle ainsi aux pays développés leurs promesses de financement de 100 milliards de dollars annuels pour l’Afrique.

Le chef de la Banque africaine de développement (BAD) a dénoncé la pénurie de flux de financement qui étouffe l’Afrique, appelant les pays développés à honorer leur promesse de 100 milliards de dollars de financements par an. Une diatribe prononcée face à des dizaines de journalistes d’Afrique et du monde lors d’un déjeuner de presse organisé pour lancer ses Assemblées annuelles 2023 dans la station balnéaire égyptienne de Sharm El Sheikh.

« Votre rôle en tant que média est très important pour aider à diffuser l’information – à relayer les efforts déployés, des défis à relever et de l’urgence impérieuse d’obtenir maintenant le financement climatique dont l’Afrique a tant besoin », a déclaré le chef de la Banque.

Les Assemblées annuelles du Groupe de la BAD permettront au Conseil des gouverneurs de la Banque, aux dirigeants africains et aux partenaires au développement d’explorer des moyens pratiques de « mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique », conformément au thème des réunions de cette année. Adesina a déclaré que le thème avait été choisi pour attirer l’attention sur le besoin urgent de financement climatique. Selon la BAD, en Afrique, le changement climatique cause des ravages. En prenant le cas du Sahel où les températures en hausse assèchent l’eau limitée, provoquent un stress hydrique pour les cultures et le bétail, aggravant l’insécurité alimentaire. Aussi l’on estime que dans de vastes régions d’Afrique orientale, australe, et dans la Corne de l’Afrique, une combinaison de sécheresses et d’inondations cause des pertes massives de personnes et d’infrastructures, entraînant une hausse du nombre de réfugiés. « Il reste encore beaucoup à faire, car le financement climatique du secteur privé africain devra augmenter de 36 % par an », a déclaré Adésina.

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La Banque africaine de développement se veut le fer de lance des efforts d’adaptation au climat sur tout le continent. Elle y a consacré 63 % de son financement climatique, le plus élevé de toutes les banques multilatérales de développement, selon les chiffres de l’institution bancaire. Les investissements de la banque devraient soutenir des millions d’agriculteurs, leur permettant d’accéder à des semences résistantes au climat. L’institution a également lancé l’initiative Desert to Power pour développer 10 000 mégawatts d’énergie solaire au profit de près de 250 millions de personnes à travers le Sahel. La BAD et le Centre mondial pour l’adaptation ont lancé le Programme africain d’accélération de l’adaptation (AAAP) afin de mobiliser 25 milliards de dollars pour soutenir l’adaptation de l’Afrique au changement climatique. Il a également créé l’Alliance pour les infrastructures vertes (AGIA) en partenariat avec d’autres institutions, afin de mobiliser 10 milliards de dollars d’investissements privés pour les infrastructures vertes en Afrique. Selon les estimations de la Banque, l’Afrique aura besoin de 2700 milliards de dollars d’ici 2030 pour financer ses besoins en matière de changement climatique.

Adesina a déclaré : « Si l’Afrique avait cet argent, le Sahel aurait l’électricité. Si l’Afrique avait cet argent, nous rechargerions le bassin du Tchad, qui fournit des moyens de subsistance à des millions de personnes au Tchad, au Nigeria, au Niger et au Cameroun. Tout va changer dans tous ces pays ; nous reverdirons le Sahel. Nous assurerons chaque pays africain contre les événements météorologiques catastrophiques. Il a estimé le capital naturel mesuré de l’Afrique à lui seul à 6200 milliards de dollars. Une richessse, qui si elle est bien exploitée, peut stimuler une croissance économique et une génération de richesse plus rapides ».

Dans cette perspective de valorisation des richesses locales, le programme phare de la BAD, Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (TAAT), fournit des variétés de semences adaptées à la chaleur pour augmenter le rendement de cultures telles que le blé. L’objectif est de parvenir à l’autosuffisance alimentaire, comme c’est déjà le cas de l’Ethiopie, autosuffisante en production de blé et qui envisage d’exporter le surplus vers les pays voisins. Face à la presse, Adesina était accompagné des vice-présidents de la BAD, Kevin Urama, Kevin Kariuki, Beth Dunford, Solomon Quaynor, Marie-Laure Akin-Olugbade et Simon Mizrahi, qui ont aussi répondu aux questions sur la possibilité d’utiliser des instruments du marché des capitaux tels que les obligations vertes pour soutenir les investissements liés au climat. La question devrait figurer en bonne place dans le rapport annuel sur les Perspectives économiques en Afrique, une publication phare sur l’état des économies africaines que la Banque lancera demain.

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