Cameroun : baisse de la note souveraine du pays très endetté, après le voyage de Paul Biya en Russie

L’agence de notation Moody’s a dégradé de deux paliers la note du Cameroun, la faisant passer de B2 à Caa1 avec une perspective stable. 10 jours plus tard c'est au tour de Standard and Poor’s de dégradé la note du pays. (Crédit : dr).

À la suite du voyage de Paul Biya en Russie, toutes les agences de notation occidentales ont abaissé d’un cran la note souveraine du Cameroun. Simple coïncidence ou réelle fébrilité de l’économie camerounaise ? Toujours est-il que le Cameroun s’est considérablement endetté auprès de la Chine et a noué des partenariats stratégiques avec la Russie dans l’espoir de redresser une économie plombée successivement par le Covid-19 et la récente flambée des prix.

L’agence de notation Moody’s a dégradé de deux paliers la note du Cameroun, la faisant passer de B2 à Caa1 avec une perspective stable. Et ce au lendemain du retour du Président de la République du Sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg du 27 au 28 juillet. Une dizaine de jour plus tard c’est au tour de sa collègue américaine Standard and Poor’s d’abaisser la note du pays d’Afrique centrale. La notation de cette dernière est encore plus sévère car elle a dégradé la note souveraine en devises, à long et à court termes, de six crans, la faisant chuter de « B-/B », catégorie appelée « très spéculatif », à « SD/SD ». Ce qui équivaut à un défaut de paiement partiel. Pour Moody’s, cette décision se justifie par les retards constatés dans les paiements à la fin de l’année 2022 et début 2023 pour le règlement de dettes de créanciers privés. Sont concernées les échéances concernant la Deutsche Bank d’Espagne, pour plus de 13 millions d’euros.

Un pays endetté

Allié historique de la France et des pays occidentaux, le chef de l’État camerounais, accompagné de son épouse et de son fils, a participé au sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg. Plusieurs de ses ministres ont rencontré des hommes d’affaires russes. Un rapprochement historique avec la Russie pour ce pays, devenu aussi un proche partenaire financier de Pékin. En effet, le gouvernement camerounais et le Fonds d’investissement chinois Silk Road Investment Fund ont signé il y deux mois à Yaoundé, un mémorandum d’entente (MoU) en vertu duquel, le partenaire chinois s’engage à mobiliser 30 milliards de dollars soit près de 18.300 milliards de francs CFA pour la réalisation des projets à fort potentiel dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement du Cameroun (SND 30). Une bonne affaire pour le gouvernement certes qui va lui permettre d’accélérer la mise en œuvre de sa stratégie de développement mais qui expose un peu plus, et comme le passé, le pays à la dette chinoise. Cette dernière qui pèse déjà beaucoup dans son niveau d’endettement commence à inquiéter, Pékin étant depuis des années, le premier créancier de Yaoundé.

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Depuis novembre 2021, le Cameroun connaît une forte inflation, tirée principalement par la pénurie et la hausse du prix des produits de base (pain, blé et produits connexes, huile végétale et viande), qui s’explique par la perturbation de la chaîne de valeur mondiale due à la pandémie de Covid-19 et au conflit en cours entre l’Ukraine et la Russie. Le conflit en Ukraine a entravé la reprise économique du Cameroun, accentuant les pressions inflationnistes et les vulnérabilités structurelles nationales. Malgré les turbulences économiques mondiales, la croissance du PIB réel devrait atteindre 4,0 % en 2022 et 4,6 % d’ici 2024.

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