Les financements innovants peuvent être utilisés pour financer des infrastructures durables en Afrique. Ces financements peuvent contribuer à stimuler la croissance économique et le développement social du continent à condition de reposer sur leur intégration dans les politiques de développement, sur le développement de nouveaux instruments financiers, et sur le renforcement de la capacité des institutions africaines.
Des pans entiers de zones, voire de sous-régions sont à développer en Afrique. Il se trouve qu’il existe des financements innovants pour implanter des infrastructures pérennes et écologiques (routes, autoroutes, voies-express, ouvrages d’art, chemin de fer à écartement standard, ports, aéroports, barrages, centrales électriques de tout type, zones économiques spéciales…). Ces nouveaux instruments financiers innovants, plus adaptés aux contextes africains, peuvent inclure des partenariats public-privé (PPP), des fonds d’investissement, ou des obligations vertes. Le PPP est un modèle de financement qui implique une collaboration entre le secteur public et le secteur privé. Les PPP sont utilisés pour financer une grande variété d’infrastructures, notamment des routes, des ponts, des hôpitaux, et des écoles. Quant aux fonds d’investissement, ce sont des véhicules qui collectent des fonds auprès d’investisseurs privés pour investir dans des projets d’infrastructures. Ces fonds d’investissement peuvent être spécialisés dans un certain type d’infrastructures, ou être plus généralistes. Relativement aux obligations vertes, ce sont des obligations, émises pour financer des projets d’infrastructures durables. De plus en plus populaires en Afrique, les obligations vertes permettent aux investisseurs de financer des projets qui ont un impact positif sur l’environnement. Ces instruments financiers, importants pour le financement des infrastructures durables, permettent aux investisseurs de financer des projets durables, tout en générant un rendement financier attractif.
Les émissions d’obligations ont le vent en poupe
Selon les données de la Climate Bonds Initiative, les émissions d’obligations vertes en Afrique ont atteint 2,5 milliards de dollars en 2022, en hausse de 125 % par rapport à 2021. Cette croissance est due à plusieurs facteurs, notamment l’augmentation de la demande de financements durables de la part des investisseurs institutionnels, l’engagement des gouvernements africains à lutter contre le changement climatique, et le développement de nouveaux instruments financiers innovants. Les principaux émetteurs d’obligations vertes en Afrique en 2022 étaient des entreprises privées, notamment des producteurs d’énergie renouvelable, des entreprises de transport et des sociétés de gestion des déchets. Les gouvernements africains ont aussi émis des obligations vertes, notamment pour financer des projets d’énergie renouvelable, d’efficacité énergétique et de transport durable. L’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya et l’Égypte ont été les principales destinations des émissions d’obligations vertes en Afrique en 2022. Pour rappel, en janvier 2022, l’entreprise sud-africaine de production d’énergie renouvelable, Scatec Solar, a émis une obligation verte de 500 millions de dollars pour financer des projets d’énergie solaire en Afrique. En mars 2022, le gouvernement du Kenya a émis une obligation verte de 1,5 milliard de dollars pour financer des projets d’énergie renouvelable, d’efficacité énergétique et de transport durable. En mai 2022, l’entreprise nigériane de transport aérien, Arik Air, a émis une obligation verte de 50 millions de dollars pour financer l’acquisition d’avions à faible émission de carbone.
Des plans d’infrastructures à long terme
Pour un succès sans faille et assurer le financement durable des infrastructures en Afrique, il est nécessaire d’intégrer ces dernières dans les politiques de développement des pays. Cela signifie que les infrastructures doivent être considérées comme un investissement essentiel pour la croissance économique et le développement social, et non comme un coût à supporter. Pour ce faire, les gouvernements africains doivent élaborer des plans d’infrastructures à long terme qui soient cohérents avec leurs objectifs de développement. Ces plans doivent identifier les besoins en infrastructures prioritaires, et déterminer comment les financer. Compte tenu du fait que les instruments financiers traditionnels, tels que les prêts bancaires ou les subventions publiques, ne soient pas toujours suffisants pour financer les infrastructures en Afrique, parce qu’ils peuvent être coûteux, difficiles à obtenir ou pas toujours adaptés aux besoins des pays africains, il est nécessaire de développer de nouveaux instruments financiers innovants. Pour mettre en œuvre des financements innovants, il est important de renforcer la capacité des institutions africaines. Cela signifie que les gouvernements, les banques centrales, et les institutions financières doivent disposer des compétences et des ressources nécessaires pour gérer ces nouveaux instruments. Un renforcement de la capacité des institutions africaines qui peut se faire par le biais de la formation, de l’assistance technique, ou du partage des connaissances.