Aux côtés des géants mondiaux asiatiques, tels que Samsung Electronics, TSMC et UMC, ou américains et européens comme ASML, Infineon, NXP, STMicroelectronics… la compétition est acharnée entre les grandes puissances mondiales pour le contrôle de la production de semi-conducteurs. Ces minuscules composants électroniques, présents dans notre quotidien, sont au cœur de la guerre des micro-puces. Où se situe l’Afrique, au moment où l’IA bat son plein ?
La lithographie, processus crucial dans la fabrication des micro-puces, est au cœur de la bataille technologique. Si la fabrication de ces éléments, devenus essentiels dans le développement économique, se trouve ailleurs, notamment en Asie, en Europe et en Amérique, l’Afrique dispose d’un potentiel immense pour se développer dans le domaine des technologies de pointe. Plutôt que de vouloir tout faire, les pays africains pourraient se concentrer sur des niches spécifiques de la lithographie, en fonction de leurs atouts. Cependant, elle doit relever de nombreux défis pour rattraper son retard. Nous croyons que la guerre des puces représente une opportunité unique pour le continent de diversifier son économie et de créer de nouveaux emplois. La prospective tablait naguère sur des marchés de semi-conducteurs, pesant 350 milliards de dollars et 280 milliards de dollars, à l’horizon 2030, respectivement pour l’informatique (ordinateurs et serveurs) et les télécommunications (Smartphones). De quoi s’agit-il ?
Les semi-conducteurs, circuits intégrés ou micro-puces représentent la base technologique indispensable de la microélectronique. On distingue parmi les puces numériques, les processeurs qui permettent à un dispositif électronique de fonctionner et la mémoire. Ces semi-conducteurs se retrouvent dans de nombreux produits électroniques de tous les jours, tels que les PC, les ordinateurs portables, les smartphones, les voitures… On les retrouve aussi dans bien des secteurs, à savoir la sécurité nationale, la défense ou dans la technologie spatiale.
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Mais quid de la lithographie ? Est-elle si importante ? La lithographie permet de graver des circuits complexes sur des tranches de silicium, rendant possible la miniaturisation constante des composants électroniques. Cette miniaturisation est essentielle pour améliorer la performance, réduire la consommation d’énergie et baisser les coûts de production des appareils électroniques.
Quelle place pour l’Afrique ?
L’Afrique, souvent perçue comme un continent en retard en matière de technologie, pourrait-elle jouer un rôle dans cette course à la domination technologique ? Nous croyons que le continent a un potentiel immense mais des défis colossaux. L’Afrique dispose d’un potentiel important grâce à sa jeunesse, à ses ressources naturelles et à une croissance économique soutenue dans certains pays. Cependant, elle fait face à de nombreux défis, à savoir le manque d’infrastructures de recherche et de production, souvent insuffisante, aussi, il y a un besoin urgent de former des ingénieurs et des chercheurs, spécialisés dans les domaines de pointe. Par ailleurs, les investissements dans la R&D sont limités et l’Afrique est souvent dépendante des technologies étrangères.
Malgré ces défis, l’Afrique pourrait tirer parti de cette révolution technologique. En se positionnant dans un premier temps dans la fabrication de composants moins complexes, notre continent pourrait se positionner sur des segments de marché moins exigeants en matière de technologie, comme la fabrication de composants électroniques pour des applications spécifiques.
En termes de R&D, des partenariats avec des universités et des entreprises étrangères pourraient permettre de développer des compétences locales, en matière de recherche.
En outre,le développement de PMI et autres startups innovantes dans le domaine des technologies, en symbiose avec la diaspora, pourrait stimuler l’économie numérique africaine.
Prochaines étapes
Pour que l’Afrique puisse jouer un rôle plus important dans la guerre des puces, plusieurs actions sont nécessaires. D’abord, il est nécessaire d’injecter des investissements massifs dans l’éducation et la formation. Former une nouvelle génération d’ingénieurs et de chercheurs africains reste impératif, si nous voulons jouer les premiers rôles.
La création de pôles d’excellence, de centres de recherche et de développement spécialisés dans les technologies de pointe, est essentielle. Pour ce faire des PPP (Partenariats public-privé) entre les gouvernements, les entreprises et les universités. Cela permettrait de mobiliser les financements et les compétences.
Par-dessus tout, les premières délocalisations de fondeurs devront s’accompagnerde transfert de technologies. Les pionniers, ainsi que les professionnels issus de la diaspora ne devraient pas faire une quelconque économie de la chaine de valeur des semi-conducteurs dont les étapes vont de la R&D à leur Utilisation finale dans les équipements électroniques, en passant par le Design du Chip, la Fabrication puis l’Assemblage.