Selon Abebe Aemro Selassie, Directeur du Programme Afrique du Fonds monétaire international (FMI), les pays d’Afrique subsaharienne, qui dépendent des exportations de matières premières, doivent réformer leurs économies, pour faire face à la croissance régionale inégale. Cette année la région connaîtrait une croissance maintenue à 3,6 % en glissement annuel et en baisse par rapport aux 3,8 %, prévus en avril. C’est ce qui ressort des dernières Perspectives de l’économie mondiale publiées cette semaine, par le FMI, les économies, axées sur les matières premières, étant à la traîne par rapport à leurs homologues diversifiées.
Les pays, à forte intensité de matières premières, connaissent une croissance, environ deux fois moins rapide, que le reste de la région, indique le FMI dans son rapport. Il en ressort que les exportateurs de pétrole, étant ceux qui souffrent le plus d’une croissance régionale « modérée et inégale ».« Le Soudan du Sud, le Nigeria et l’Angola appartiennent tous à ce camp », a déclaré M. Abebe Aemro Selassie, Directeur du Programme Afrique du Fonds monétaire international (FMI).
Alors que des économies diversifiées, comme le Sénégal et la Tanzanie, devraient connaître une croissance supérieure à la moyenne régionale, le Nigeria sera en deçà, avec une croissance de 2,9 %, selon les Perspectives économiques régionales du FMI pour l’Afrique subsaharienne.« Ils ont connu de très grands déséquilibres macroéconomiques et des difficultés de financement qui ont freiné la croissance », a déclaré Abebe. Il a déclaré que le gouvernement nigérian devait « s’attaquer directement » à ces défis, car ils ont provoqué une forte inflation et exercé une pression sur le coût de la vie.
Relever les défis
Le gouvernement du président Bola Tinubu a lancé une série de réformes qui, selon lui, visent à stimuler la croissance économique et à attirer les investissements. L’Afrique du Sud, dont la croissance a été freinée par des pannes d’électricité paralysantes, devrait connaître une croissance de 1,1 % cette année, selon le FM. Les conflits armés pèsent également sur la croissance, a déclaré le FMI. Pour preuve, les exportations de pétrole du Soudan du Sud, bloquées par le conflit au Soudan voisin, qui abrite le pipeline d’exportation de brut. « Les exportateurs de brut doivent trouver de nouvelles sources de croissance, attirer davantage d’investissements du secteur privé. Il est donc important de travailler sur des réformes qui faciliteront cela », a déclaré M. Abebe.
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Les producteurs de pétrole africains sont également confrontés à d’autres défis, notamment la transition mondiale vers des carburants verts, en raison du changement climatique, indique le rapport.
Une croissance de 4,2% en 2025…
La croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait s’améliorer légèrement, l’année prochaine, pour atteindre 4,2 %, selon le rapport du FMI. Ce document révèle que près de la moitié des 20 économies, connaissant la croissance la plus rapide au monde cette année, se trouvent en Afrique subsaharienne. Toutefois, les auteurs préviennent que des taux de croissance plus rapides sont nécessaires pour réduire la pauvreté et les inégalités généralisées. L’un des principaux obstacles à une croissance plus rapide reste le manque d’accès à un financement abordable, a déclaré le FMI, alors que les pays sont aux prises avec un lourd endettement et des coûts de service de la dette élevés.