L’exploitation des ressources naturelles, surtout minières, en Afrique est un enjeu complexe qui nécessite une approche équilibrée, tenant compte des spécificités de chaque pays et de chaque contexte. Les États africains doivent trouver un juste équilibre entre les avantages et les inconvénients de l’exploitation locale et des investissements étrangers, afin de maximiser les bénéfices pour leurs populations et pour leur développement durable. A l’ère de la révolution industrielle X.0, avec des unités industrielles de poche, quelle est la pertinence de continuer à rechercher des partenaires dont les versements de redevances peuvent rapidement devenir hypothétiques?
Entre l’exploitation locale des ressources minières, qui pèsent des trillons de dollars, et la recherche d’investisseurs étrangers en Afrique, l’arbitrage peut être délicat. question de l’exploitation des ressources naturelles en Afrique pose un dilemme complexe : comment concilier les aspirations de développement local avec les opportunités offertes par les investissements étrangers ? Cet arbitrage est délicat car il implique de peser les avantages et les inconvénients de chaque option, tout en tenant compte des spécificités de chaque pays et de chaque contexte.
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Que d’avantages
Si au lendemain des indépendances certains pays ont opté pour attendre l’arrivée d’investisseurs étrangers pour développer une industrie intégrée dans des filières endémiques, d’autres n’ont pas hésité à nationaliser les industries détenues par des colons et y implanter le creuset de leurs exploitations minières. Dans les mines de fer, de pétrole, de phosphates… les exemples de manquent pas et ont abouti à une réelle maîtrise du développement. Cette exploitation locale permit aux États africains de mieux contrôler le rythme et les modalités d’exploitation de leurs ressources, en privilégiant des projets qui répondent aux besoins spécifiques de leurs populations. Dans ces pays où le transfert de compétences, doublé d’une volonté politique, s’est fait très rapidement, le développement d’une expertise locale a favorisé la création d’emplois qualifiés et stimulé le développement de secteurs industriels locaux.
En outre, en privilégiant des projets à fort impact social, l’exploitation locale contribue à réduire les inégalités et améliore les conditions de vie des populations locales.
A l’aube d’une révolution technologique, les États africains ne peuvent plus afficher le prétexte d’handicaps majeurs, notamment en termes de moyens financiers limités pour investir dans l’exploitation de leurs ressources naturelles. L’absence de technologies de pointe, qui pourrait limiter l’efficacité et la rentabilité de l’exploitation locale, n’est plus à l’ordre du jour. Des offres d’unités d’exploitation de ressources naturelles sont disponibles partout y compris dans les réseaux sociaux.
Aux ultra libéraux, qui ont prôné un désengagement « violent » de l’Etat, jusqu’à l’éloigner de secteurs stratégiques, au risque de nuire d’hypothéquer la souveraineté, il est temps d’opposer la nouvelle vague en Afrique. Il s’agit d’une lame de fond contre toute mauvaise gestion des ressources naturelles pouvant entraîner des conséquences néfastes pour l’environnement et pour les populations locales.
Les enjeux des investissements étrangers
Certes les investisseurs étrangers peuvent apporter les capitaux nécessaires pour développer des projets d’envergure et générer des revenus importants pour les États africains et les entreprises étrangères peuvent apporter des technologies de pointe et du savoir-faire qui permettent d’optimiser l’exploitation des ressources naturelles, mais une trop grande dépendance, vis-à-vis des investisseurs étrangers, peut limiter la marge de manœuvre des États africains et les rendre vulnérables aux fluctuations des cours des matières premières.
A cela s’ajoutent le fait que les redevances, versées- si c’est le cas- par les entreprises étrangères, sont souvent jugées insuffisantes par les États africains, qui estiment ne pas tirer pleinement parti de leurs richesses naturelles. Sachant que les activités d’extraction ont des conséquences sur l’environnement et pour les populations locales, si elles ne sont pas encadrées de manière rigoureuse, les travaux de réhabilitation sont souvent « oubliés » ou bâclés.
Trouver un équilibre
Pour trouver un équilibre entre les intérêts de l’exploitation locale et ceux des investissements étrangers, il est nécessaire de mettre en place un cadre juridique et institutionnel solide. Un tel arsenal règlementaire peut garantir la transparence, la redevabilité, le développement local et la diversification économique.
Les contrats entre les États africains et les entreprises étrangères doivent être rendus publics et négociés de manière transparente. Les entreprises étrangères doivent être tenues de respecter les normes environnementales et sociales en vigueur. Aussi, les projets d’exploitation des ressources naturelles doivent contribuer au développement économique et social des communautés locales.
- Quoi qu’il en soit, pour assurer la pérennité de la croissance, les États africains qui ont opté ou pas à des capitaux étrangers pour bénéficier de leurs ressources naturelles, gagneraient à diversifier leurs économies pour réduire leur dépendance vis-à-vis des revenus, issus des ressources naturelles.