Chronique- Les détournements de deniers publics pondèrent le développement

Les détournements de deniers publics, à coup de centaines de millions voire de milliards de dollars ou d’euros, constituent un obstacle majeur au développement de l’Afrique. Ces pratiques malsaines, entre 150 à 200 milliards de dollars par an, privent les populations des ressources nécessaires à leur bien-être, sapent la confiance dans les institutions et découragent les investissements.  

Les détournements de deniers publics constituent un fléau qui mine le développement de nombreux pays africains. Pour lutter contre ces entraves, il est essentiel de renforcer les institutions, de promouvoir la transparence, de lutter contre l’impunité et de sensibiliser les populations aux dangers de la corruption.  

Ces pratiques illicites, (chiffrés en milliards de dollars/an) qui vont de la concussion à la corruption, en passant par la surfacturation, la fraude, les pots de vin et autres dessous de table, les commissions et rétrocommissions à des agents du public, ou encore la délinquance économique, ont des conséquences désastreuses à de multiples niveaux.  

D’abord, elles sapent la confiance et la légitimité des institutions. En effet, les détournements érodent la confiance des citoyens en leurs institutions, notamment les gouvernements. Lorsque les fonds destinés à des projets de développement sont détournés, les populations se sentent lésées et perdent espoir dans l’amélioration de leurs conditions de vie.  

Atteinte à l’état de droit, les détournements de fonds sont souvent associés à l’impunité, ce qui affaiblit l’état de droit et encourage la poursuite de telles pratiques. La corruption érode les mécanismes de contrôle et d’équilibre, ce qui favorise la mauvaise gouvernance. Au Sénégal, du Haut de la tribune de l’hémicycle, un député du parti au pouvoir alors a eu l’outrecuidance d’avouer, en direct à la télévision, être au cœur d’une opération illicite de détournement de fonds. S’il n’avait pas été inquiété à ce moment-là, fort heureusement, aujourd’hui une procédure est en cours, à la fois au sein du Parlement et du Parquet financier, pour éclairer la lanterne des sénégalais. 

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Ensuite, les détournements de deniers publics affaiblissent la légitimité. Doit-on insister sur le fait que la corruption discrédite les élites politiques et les institutions ?  Une situation qui fragilise la gouvernance et favorise l’instabilité politique. 

Le syndrome du « pauvre assis sur l’or« 

Véritables freins au développement économique, de telles pratiques créent le manque d’investissements. Les fonds détournés ne sont pas investis dans des projets productifs, ce qui prive l’économie de ressources essentielles pour sa croissance. Outre la dégradation des infrastructures publiques, telles que les routes, les hôpitaux, les écoles… qui vont souffrir d’un manque d’entretien, de nouveaux investissements ne pourront pas être injectés dans la création de nouvelles. La résultante est un défaut criard et une grave entrave au développement économique et social. 

Autre conséquence gravissime, les sommes détournées sont souvent transférées à l’étranger, ce qui prive les pays africains victimes de ressources financières précieuses. Cette fuite de capitaux est loin d’être fictive. Aujourd’hui, un ex-président récemment “mis à la retraite” par une population déterminée, vient de créer sa holding dans un autre pays à un jet de pierre du sien ! 

Concomitamment à ce qui précède, les détournements de deniers publics aggravent les inégalités et renforcent l’exclusion sociale. Ils enrichissent une minorité au détriment de la majorité de la population. Les populations les plus pauvres sont les premières victimes de la corruption, car elles sont privées des services publics essentiels. 

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Actuellement, avec une quête à la transparence dictée par cette ère du numérique, les investisseurs, notamment ceux cotés dans les places financières mondiales sont vite découragés par ces pratiques malsaines. En effet, les investisseurs étrangers et nationaux sont réticents à investir dans des pays où la corruption est endémique, car ils craignent de perdre leurs investissements. De surcroît, la fraude et la délinquance économique favorisent l’instabilité politique. Un melting pot qui ne promeut pas les investissements à long terme. Bien au contraire, ils chassent ceux présents et découragent ceux qui ont l’intention de s’y implanter.