
Les efforts déployés par certains pays africains pour attirer le tourisme de luxe ont eu des retombées limitées pour les communautés locales. C’est la conclusion d’une nouvelle étude de l’Université de Manchester révélée cette semaine qui a dressé une liste des limites du tourisme en Afrique.
L’essor des voyages d’affaires et de loisirs sur le continent a rendu ce dernier de plus en plus attractif pour les multinationales. Les compagnies aériennes ont également accru leurs capacités en Afrique, et dans certains pays, cet élan se traduit par des retombées économiques. De nombreux gouvernements africains ciblent le développement du tourisme de luxe, le qualifiant de « à forte valeur ajoutée et à faible impact », mais une étude publiée dans African Studies Review révèle que ce n’est pas toujours le cas.
Un tourisme à faible valeur ajoutée pour les communautés locales
L’étude a établi que le tourisme de luxe conduit souvent à l a création d’enclaves déconnectées des réalités locales avec d’immenses complexes hôteliers ou parcs nationaux isolés de la vie locale et peu connectés à l’économie locale. Ces structures hotellières emploient peu de travailleurs locaux, n’aident pas les communautés à améliorer leurs infrastructures et proposent généralement des formules tout compris, ce qui signifie que les touristes n’achètent pas auprès des petites entreprises locales. De la même manière, les lodges écotouristiques et les zones de conservation les plus rentables appartiennent souvent à des entreprises étrangères. L’étude stipule aussi que l’argent dépensé par les touristes ne reste pas dans le pays. Il est reversé à des agences de voyages étrangères ou utilisé pour payer des biens importés pour les hôtels, ou les bénéfices sont reversés à des propriétaires étrangers.
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De sorte que les bénéfices sont concentrés entre les mains d’opérateurs étrangers ou d’un petit groupe de locaux aisés, tandis que les salaires dans le secteur touristique sont souvent bas. À l’île Maurice, par exemple, de nombreux habitants ont le sentiment que « les étrangers envahissent l’île » et n’ont même pas accès à leurs plus belles plages. Selon la publication 2025 de l’Organisation mondiale du tourisme (UNWTO World Tourism Organization, aussi appelée ONU Tourisme), l’Afrique continue sur sa lancée avec 74 millions de visiteurs en 2024. Et ce, contre 66 millions en 2023, portée par l’essor du tourisme culturel, de nature et de safari. L’Afrique du Nord est l’un des régions les plus visitées du continent.