L’Afrique reste une terre d’opportunités, mais les défis à relever sont énormes pour les investisseurs potentiels. Le Covid-19, la guerre russo-ukrainienne et la crise alimentaire qui s’en suivent ont mis les économies africaines à rudes épreuves. Une pression supplémentaire qui pose avec acuité les questions relatives à la nécessité d’une meilleure gouvernance, de parvenir à l’autosuffisance alimentaire et d’adopter une stratégie efficace face aux injonctions pour la transition énergétique.
« Quand l’incertitude devient une opportunité », C’est l’intitulé de la septième édition de l’Africa Risk-Reward Index du cabinet international de conseil spécialisé en gestion des risques Control Risks et son partenaire, le cabinet de conseil en économie Oxford Economics. La crise économique mondiale déclenchée par le Covid-19, le changement climatique et la guerre Russie-Ukraine poussent l’Afrique à se repositionner sur le plan géopolitique et dans l’économie mondiale. Ces brusques changements présentent des opportunités importantes pour les pays et les investisseurs précise l’étude publiée le 20 septembre 2022.
Saisir les opportunités en Afrique malgré l’incertitude
Les saisir sera plus que jamais impératif, a souligné l’étude. En effet, le PIB de l’Afrique a augmenté d’environ 6,9% en 2021, ce qui reflète une dynamique positive. Cependant, le continent continuera à être confronté à l’incertitude. En 2021, environ 22 millions d’emplois ont été perdus en raison de la pandémie, et 30 millions de personnes ont sombré dans l’extrême pauvreté. On estime que 1,8 million de personnes supplémentaires s’ajouteront à ce nombre en 2022. L’augmentation des prix, la perturbation des chaînes d’approvisionnement et le changement climatique ont exacerbé la crise alimentaire qui sévit sur le continent. Par ailleurs, le ressentiment antigouvernemental, déjà élevé, est en hausse à travers l’Afrique, les populations estimant que les dirigeants sont incapables de relever les défis socioéconomiques. Cette année, les ratios risque-rendement brossent le tableau d’un continent à la croisée des chemins, où les opportunités abondent dans un contexte de grande incertitude. Le rapport est axé sur trois grands thèmes et présente une synthèse des points de vue sur le devenir de l’Afrique quant à la sécurité alimentaire, la bonne gouvernance et la transition énergétique.
L’Afrique et la transition énergétique
Concernant le rôle de l’Afrique dans la transition énergétique mondiale, le document indique que l’urgence de la transition énergétique mondiale et de l’abandon des combustibles fossiles, combinée à la perturbation des marchés européens de l’énergie, a suscité un regain d’intérêt pour l’énergie en Afrique. Et ce, à la fois comme source d’énergie pour d’autres parties du monde et en tant que continent susceptible de brûler les étapes du développement grâce à l’adoption généralisée des énergies propres.
« La transition [énergétique] en Afrique doit se faire graduellement ; de nombreux pays doivent et devront exploiter leurs combustibles fossiles tout en développant activement les énergies renouvelables. Les pays à fort potentiel de GNL, tels que l’Angola, le Mozambique, la Tanzanie et le Nigeria, susciteront l’intérêt soutenu des investisseurs et il sera important de suivre les débats sur la fin du torchage », a déclaré Patricia Rodrigues, analyste senior chez Control Risks.
Aux côtés de la transition énergétique, la sécurité alimentaire est le deuxième volet sur lequel s’est penchée l’étude d’Africa Risk-Reward Index 2022.
Sécurité alimentaire et bonne gouvernance en Afrique
La perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales provoquée d’abord par la pandémie de Covid-19, puis plus récemment par le conflit en Ukraine, a mis en évidence la dépendance de l’Afrique vis-à-vis de l’extérieur pour la plupart de ses produits de base, ainsi que les graves lacunes des chaînes d’approvisionnement internes du continent, notamment la chaîne alimentaire. En Afrique, la plupart des activités liées à l’agriculture sont des activités de subsistance ; mais lorsque ce n’est pas le cas, le transport des produits agricoles de la ferme au consommateur final est coûteux. L’important déficit énergétique et en infrastructures de transport reste « un obstacle majeur à la résolution de ce problème ».
« (…) La résolution de ce problème nécessitera des investissements publics et privés dans le stockage et l’entreposage, l’agro-industrie, les infrastructures agricoles et les services financiers. Les avancées technologiques des fintechs et de l’agriculture ainsi que le déploiement de la ZLECAf pourraient favoriser les progrès nécessaires, a déclaré Jacques Nel, responsable d’Africa macro, Oxford Economics Africa.
Des solutions pour favoriser l’autosuffisance alimentaire et la création d’emplois. Dans un contexte où de nombreux gouvernements sont à court d’argent et font face à une vague de mécontentement. En effet, le ressentiment antigouvernemental est important et augmente parmi de nombreuses populations africaines, les dirigeants étant accusés de ne pas s’attaquer à la hausse du coût de la vie, a souligné l’étude. Mais cette pronostique est susceptible de s’améliorer si des dispositions sont prises, selon les perspectives économiques de la Banque Africaine de Développement (BAD) sur l’Afrique en 2022. Elle émet une série de recommandations politiques pour mieux reconstruire et engendrer des économies résilientes en Afrique. Parmi elles, accélérer la vaccination contre le virus Covid-19 et appuyer véritablement les industries pharmaceutiques nationales, réduire la dépendance à l’égard de sources uniques d’approvisionnement alimentaires et relancer les économies.