Chronique : une Afrique, en quête du nucléaire civile

L’état des lieux révèlent qu’excepté l’Afrique du Sud, aucun autre pays africain ne dispose de centrales nucléaires. L’Algérie, le Congo, l’Egypte, le Ghana, la Libye et le Maroc ont certes des réacteurs nucléaires de recherche de petite puissance. (Crédit : Dr).

Avec au moins 20% des réserves mondiales d’uranium, l’Afrique, qui reste le continent le moins éclairé- 5 fois moins que la moyenne – se tournerait vers la production d’énergie électrique d’origine nucléaire. Les pays du continent, qui ont pris cette option, y parviendront-ils face aux obstacles techniques, financiers ou humains ?

Sur le continent noir, presque tous les pays sont membres de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Depuis quelques années, la tendance est à l’utilisation d’énergies moins carbonées, notamment du nucléaire aux côtés de celles d’origine hydraulique, solaire, éolien ou de biomasse. Plus récemment, la tendance est plus lourde et une dizaine de pays ambitieux ont pris la ferme décision de développer de nouveaux moyens de production d’électricité nucléaire. C’est de bonne guerre, dans une Afrique où des gisements importants sont exploités ou explorés en Afrique du Sud, au Niger, en Namibie, au Gabon, en RDC, au Sénégal…

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L’état des lieux révèlent qu’excepté l’Afrique du Sud, aucun autre pays africain ne dispose de centrales nucléaires. L’Algérie, le Congo, l’Egypte, le Ghana, la Libye et le Maroc ont certes, mais des réacteurs nucléaires de recherche de petite puissance. Actuellement, avec l’avènement de nano-réacteurs et de petits réacteurs modulaires, le continent veut tordre le cou à la prospective de l’Agence internationale de l’énergie qui table sur une Afrique encore mal éclairée jusqu’à l’horizon 2030. L’Afrique du Sud peut servir, à travers, l’Atomic Energy Board et son usine de Pelindaba (1960), à 40 km de Pretoria, et le Pebble Bed Modular Reactor (2010), de fer de lance. La diplomatie scientifique peut aussi venir en appoint au développement du nucléaire civile.

Pays souhaitant démarrer un programme d’électricité nucléaire

Récemment, le Rwanda a fait appel à Lassina Zerbo qui préside la Commission de l’énergie atomique de ce pays ; pour développer ce nouveau mode de production énergétique. Avec de nouveaux paradigmes, des Etats, tels que l’Algérie, l’Egypte, l’Ethiopie, le Ghana, le Kenya, la Namibie, le Nigéria, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan et la Tunisie, comptent surmonter les obstacles à l’érection de centrales nucléaires classiques beaucoup plus onéreuses. Ayant opté pour l’accompagnement par étapes de l’AIEA, ils acceptent volontiers audits ou missions d’examen intégré de l’infrastructure nucléaire d’experts internationaux, prenant en compte la politique, la stratégie nationale, les modes de gestion et d’organisation, le cadre juridique, ou la qualification du personnel.  Au Maroc, le CNESTEN (Centre national de l’énergie, des sciences et des techniques nucléaires) à Mamoura non loin de Kénitra, collabore avec l’AMSSNuR (Agence marocaine de sûreté et de sécurité nucléaire et radiologiques) de Rabat.

Au Ghana, la Ghana Atomic Energy Commission et la Ghana Nuclear Society promeuvent l’énergie nucléaire et prévoient la mise en place de réacteurs de fabrication russe d’une puissance entre 1 à 1,2 GW.  En Egypte, une coopération avec la Russie devrait aboutir à la livraison d’un premier réacteur en 2026 à El Dabaa, sous la supervision de l’ENRRA (Egyptian Nuclear Regulation and Radiological Authority). Ce pays s’est aussi rapproché de la Corée du Sud et de la Chine pour développer ce type d’énergie électrique.  Au contraire d’autres pays ne se limitent qu’à une utilisation médicale et à la régulation et au contrôle sécuritaire. C’est le cas du Sénégal, avec son ARSN (Autorité de radioprotection et de sûreté nucléaire). Il se trouve qu’entre le nucléaire civile et la production de la bombe, la frontière peut être ténue, mais est-ce une raison pour maintenir le continent noir dans la pénombre lorsque la matière première, les compétences et les garde-fous, notamment via l’AIEA, abondent ?

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