Au bord du défaut de paiement : Comment le Ghana en est-il arrivé là ?

Ghana ministre des Finances
Pour enrayer la fonte de ses réserves de devises et l’affaiblissement du Cedi, sa monnaie locale, le Ghana a tenté en novembre l’achat de ses produits pétroliers avec de l’or plutôt qu’en dollars américains. (Photo / Ken Ofori-Atta, ministre des finances du Ghana).

Le Ghana a suspendu ce lundi 19 décembre ses paiements sur la majeure partie de sa dette extérieure. Faisant entrer de facto le pays partiellement en défaut de paiement. La nation ouest-africain qui s’est engouffrée dans un cycle d’endettement et de déficit de sa balance de paiement cherche des solutions pour restructurer ses dettes.

Le Ghana suspend le paiement d’une partie de sa dette extérieure. Même si les créanciers s’attendaient à une demande restructuration de la dette, la décision « mesure d’urgence provisoire » prise unilatéralement par le gouvernement de Nana Akufo-Addo a pris les créanciers au dépourvu. Par son ministère des Finances Ken Ofori-Atta le pays a déclaré qu’il ne remboursera pas ses dettes, y compris ses euro-obligations, ses prêts commerciaux et la plupart des prêts bilatéraux. Il a aussi précisé que la suspension n’inclut pas les paiements au titre de la dette multilatérale, les nouvelles dettes contractées après le 19 décembre ou les dettes liées à certaines facilités commerciales à court terme.

Le gouvernement se dit aussi  » prêt à engager des discussions avec tous ses créanciers extérieurs pour rendre la dette du Ghana soutenable », selon les déclarations du ministère des finances relayées par Reuters.

La suspension des paiements de la dette reflète l’état alarmant de l’économie, qui a conduit le pays à conclure la semaine dernière un accord de principe de 3 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI). Le Ghana a déjà annoncé un programme de révision de dette intérieure et a indiqué qu’une restructuration externe était en cours de négociation avec les créanciers. Le FMI a de son côté exigé une restructuration complète de la dette comme condition de son soutien.

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Le pays a du mal à refinancer sa dette depuis le début de l’année après les dégradations par plusieurs agences de notation de crédit, craignant qu’il ne soit pas en mesure d’émettre de nouvelles euro-obligations. Cela a aggravé l’endettement du Ghana dont la dette publique s’élève à 467,4 milliards de cedis ghanéens (55 milliards de dollars selon les données de Refinitiv Eikon) en septembre, dont 42 % en dette domestique. Le Ghana a eu un déficit de la balance des paiements de plus de 3,4 milliards de dollars en septembre, en baisse par rapport à un excédent de 1,6 milliard de dollars à la même période l’an dernier. Pour enrayer la fonte de ses réserves de devises et l’affaiblissement du Cedi, sa monnaie locale, le Ghana a tenté en novembre l’achat de ses produits pétroliers avec de l’or plutôt qu’en dollars américains. Alors que 70% à 100 % des recettes publiques sont actuellement consacrées au service de la dette, l’inflation du pays a grimpé jusqu’à 50 % en novembre. Ses réserves internationales brutes se sont élevées à environ 6,6 milliards de dollars fin septembre, ce qui équivaut à moins de trois mois de couverture des importations.

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