Burkina : le gouvernement tente de rassurer les investisseurs après une réquisition de 200 kg d’or pour « nécessité publique »

Le gouvernement malien détient déjà une participation de 20% dans des projets miniers tels que Loulo-Gounkoto de Barrick et Fekola de B2Gold. Les deux mines sont parmi les plus importantes du continent et cette année, Loulo-Gounkoto devrait produire environ 560 000 onces d'or tandis que Fekola vise environ 610 000 onces. (Crédit : Dr).

La réquisition pour « nécessité publique » en début de semaine par le gouvernement de la transition du Burkina de 200 kg d’or produit par, SEMAFO BF, une filiale du groupe canadien Endeavor Mining, a amplifié les incertitudes auprès des investisseurs miniers déjà confrontés à une baisse de leurs activités en raison de la situation sécuritaire que vit le pays depuis quelques années. Pour le gouvernement, qui tente de rassurer les investisseurs et les autre partenaires, les récentes réquisitions d’or auprès de sociétés minières, résultent d’une nécessité publique et sont exceptionnelles et temporaires.

Face à la vague d’interprétations que cette décision a provoqué au Bukina Faso mais aussi au niveau des acteurs miniers, le gouvernement a tenu à rassurer le marché et principalement les investisseurs opérant dans l’industrie extractive, un des piliers de l’économie du pays.

« Le gouvernement rassure les investisseurs et tous les autres partenaires du Burkina Faso que la décision de réquisition est dictée par un contexte exceptionnel de nécessité publique qui fonde l’Etat à demander à certaines sociétés minières de lui vendre une partie de leur production d’or « , a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo, dans un communiqué publié jeudi dernier.

Dans un arrêté signé mardi dernier par le ministre Simon-Pierre Boussim, le gouvernement a annoncé «la réquisition de l’or produit par la société d’exploitation minière d’or de Semafo Burkina Faso ». Selon le ministre des mines, cette décision qui est conforme à l’article 16 du code minier », porte sur la réquisition de 200 kilogrammes d’or produits à la mine de Mana, dans l’ouest du pays, est motivée par des raisons de « nécessité publique ». L’arrêté indique, par ailleurs, que la société minière « percevra une indemnisation correspondant à la valeur de l’or ainsi réquisitionné », sans d’autres précisions. Selon les estimations des experts, au prix actuel de l’or et du dollar sur le marché, les 200 kg d’or réquisitionnés à la mine de la SEMAFO Burkina Faso SA par le gouvernement burkinabè ont une valeur de 7,275 milliards FCFA.

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 La mine d’or de Mana, l’une des plus grandes mines du pays, est en exploitation depuis mars 2018. En 2022, cette propriété de Endeavor Mining qui a fusionné en 2020 avec le canadien Semafo pour former l’un des plus gros producteurs d’or en Afrique de l’Ouest, a produit 6,04 tonnes d’or, selon des chiffres officiels. Selon le code minier burkinabè, « les installations minières ou de carrières et les substances extraites ne peuvent être ni réquisitionnées, ni expropriées par l’Etat que pour un motif de nécessité publique et moyennant une juste et préalable indemnisation » fixée en accord entre les parties ou par un tribunal arbitral ou de droit commun.

Le gouvernement donne des gages d’assurances à un marché plongé dans l’incertitude

L’annonce du gouvernement de la réquisition des 200 kg d’or de la Semafo a plongé le marché dans l’incertitude sur la situation économique du pays d’autant que selon plusieurs médias locaux, il ne s’agit pas de la seule réquisition par le gouvernement ces dernières mois. En plus des 200 kg de Semafo, l’Etat avait aussi réquisitionné 300 kg à Bissa Gold, une autre société opérant dans l’exploitation de l’or dans le pays. « Conscient de l’importance de l’industrie minière pour l’économie du Burkina Faso, le gouvernement demeure respectueux de l’ensemble de ses engagements vis-à-vis des partenaires du secteur », a tenu à rassurer le porte-parole du gouvernement qui a également assuré les sociétés minières que « l’Etat est à leurs côtés et continuera à les aider et à les accompagner dans leurs activités avec un accent particulier sur la réduction des risques sécuritaires pour leur permettre d’évoluer dans un environnement sécurisé ».

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Malgré les assurances des autorités, les perspectives du marché ne sont pas de bon augure surtout pour les miniers. D’autant que depuis 2015, le pays est confronté à une dégradation de la situation sécuritaire avec la multiplication des attaques par les groupes armés terroristes (GAT). Des attaques qui prennent assez souvent pour cibles, les sites miniers du pays. En 2022, le Burkina a connu deux coups d’état militaires, ce qui a amplifié l’incertitude politique et économique car cette double crise sécuritaire et politique s’accompagne d’un fort ralentissement de l’activité économique. le gouvernement n’a pas motivé les raisons du recours à ce procédé ainsi que ce qu’il compte en faire des revenus tirés de la vente de l’or ainsi réquisitionné mais pour beaucoup d’analystes, elle est en lien avec la situation économique que traverse le pays qui, depuis quelques semaines, ne cesse de solliciter avec instance, le concours des partenaires techniques et financiers  notamment le FMI ? la Banque mondiale et l’UEMOA pour faire face à la crise  que traverse les caisses de l’Etat. De passage à Ouagadougou en début de semaine, le Gouverneur de la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Jean-Claude Kassi Brou, a salué la résilience dont fait preuve l’économie burkinabé malgré la multiplication des chocs et la persistance des défis. Il a assuré le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, du soutien de son institution pour faire face à la situation.

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