L’année 2024 a marqué un tournant décisif pour le continent africain. Les dynamiques économiques, politiques et sociales ont connu des évolutions profondes, annonçant une nouvelle ère de transformations et de défis.
Des évolutions profondes et complexes ont été vécues, sinon amorcées, en Afrique, au cours de l’année 2024. Si les défis sont nombreux, les opportunités sont également immenses. L’avenir du continent dépendra de la capacité des dirigeants africains à saisir ces opportunités et à mettre en œuvre des politiques ambitieuses et durables. Les plus récents exemples sont illustrés au Ghana, l’ancien président John Dramani Mahama a été porté à la magistrature suprême le 07 décembre, succédant à Nana Akufo Ado, au Sénégal, le Premier Ministre Ousmane Sonko vient de présenter sa déclaration de politique générale à l’assemblée nationale le 27 décembre… Rappelons que dans au moins 17 pays du continent africain, il y a eu des élections exécutives, singulièrement aux Iles Comores (janvier), à Maurice et en Tunisie (novembre), au Tchad (mai), en Afrique du Sud et en Mauritanie (juin), au Rwanda (juillet) ou encore au Mozambique et au Botswana (octobre).
Croissance contrastée
Sur le plan économique, tous les pays n’ont pas été logés à la même enseigne, avec notamment une croissance contrastée. Alors que certains pays ont connu une croissance soutenue, d’autres ont été confrontés à des ralentissements liés à la persistance de la pandémie, aux conflits régionaux et à la volatilité des prix des matières premières.
Une certaine différenciation é été notée en termes d’efforts de diversification économique. S’ils se sont intensifiés, par endroits, avec un accent mis sur les secteurs à forte valeur ajoutée, tels que l’industrie manufacturière, les technologies de l’information et de la communication, et les services, dans d’autres pays l’accent reste toujours mis sur des ressources de rente.
Avec une ZLECAf (Zone de libre-échange africaine) sur toutes les lèvres, en dépit des dégâts éventuels d’une mise en place sans mise à niveau préalable des économies moins avancées, les initiatives d’intégration régionale ont progressé. Certes le but est de favoriser la création de marchés communs et le renforcement de la coopération entre les pays africains, mais les pays à économie intermédiaire ou moins nantis risquent fort d’user de mesures de sauvegarde pour éviter des faillites en série.
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Compte tenu de l’immense potentiel du continent, les investissements étrangers directs (IED) ont continué d’affluer en Afrique, attirés par les opportunités de croissance et les réformes économiques mises en œuvre par de nombreux pays. Sur une estimation mondiale de 685 milliards de $, l’Afrique au Sud du Sahara ne devrait recevoir que 56 milliards de $, soit jutse + 1 milliard de $ par rapport à 2023.
La rupture, les ruptures…
Il est clair que l’Afrique est à un tournant de son histoire. Toutefois pour saisir les opportunités de l’émergence, il est essentiel de relever un certain nombre de défis. Outre la diversification économique, pour réduire la dépendance aux matières premières et créer des emplois durables, il est impératif de renforcer les institutions, lutter contre la corruption et promouvoir la transparence.
Quant au marché commun africain, souhaité par tous, pour renforcer le poids de l’Afrique sur la scène internationale, ses desseins ne doivent être égaux qu’à la volonté d’asseoir des échanges équitables. L’année 2024 sera-t-elle l’Année de la Qualité à tous les niveaux ? Sans se hisser aux standards et normes de qualité requis, certains n’auront que leurs yeux pour pleurer dans un marché commun où les plus “forts” monopoliseront les filons les plus rentables ! Reste à savoir si ces Etats prétendus émergents sont prêts à financer la mise à niveau des autres ?
D’autres défis de taille sont à trouver dans la qualité du capital humain où il est impératif d’investir dans l’éducation, la formation et la santé, mais aussi dans des politiques qui intègrent le changement climatique pour s’adapter à ses effets et contribuer à la transition énergétique.
Instabilité, gabegie… persistantes, mais lueur d’espoir
Sur le volet politique, l’instabilité n’a pas été absente. Plusieurs pays africains ont été confrontés ou continuent d’être face à des crises politiques, notamment des coups d’État, des manifestations et des violences électorales. Pas plus tard qu’hier, samedi 28 décembre 2024, une Haute Cour de Justice a été installée à l’assemblée nationale du Sénégal pour juger les coupables de malversations, d’éliminations physiques, de concussion… La question de la gouvernance a été au cœur des débats, avec une volonté accrue de lutter contre la corruption et de renforcer les institutions. Dans d’autres contrées, les armes tonnent toujours, notamment au Sahel et dans la région des Grands Lacs. En 2024, les défis sécuritaires ont persisté, notamment liés au terrorisme, aux conflits ethniques et aux trafics illicites.
Fort heureusement, certains pays ont organisé des élections démocratiques, marquant des avancées en matière de gouvernance et de respect de l’État de droit (Botswana, Ghana, Sénégal).
Au plan social, dans un continent où près de 70% de la population a moins de 19 ans, la question de la jeunesse est devenue de plus en plus pressante, avec un besoin accru d’emplois et de services sociaux pour cette population.
Dans certains pays- pour ne pas dire dans la plupart- les inégalités sociales se sont accrues, accentuant les tensions et les frustrations.
Face à de fortes carences en utilités installées (électricité, eau courante potable, assainissement…), les effets du changement climatique ont été de plus en plus visibles, avec des sécheresses, des inondations et des déplacements de populations.
Et pour compliquer les politiques publiques sectorielles, la pandémie de Covid-19 a continué d’avoir des répercussions sur les systèmes de santé et les économies africaines.
Osons espérer qu’en 2025, cette partie de l’Afrique, qui n’a toujours fait qu’attendre des investisseurs étrangers pour exploiter ses ressources, se retrousse enfin les manches et commence à compter sur son propre capital, ses ingénieurs, agents de maîtrise et autres techniciens pour produire des produits à haute valeur ajoutée, tels que l’acide phosphorique, les dérivés phosphatés, des métaux précieux, véritables valeur-refuge ou qui s’arrachent dans tous les marchés.