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Les dirigeants africains ont approuvé la création d’un fonds continental de stabilité financière de 20 milliards de dollars, a annoncé la Banque africaine de développement (BAD). Une mesure destinée à éviter d’éventuelles crises de la dette sur le continent avant qu’elles ne s’installent.
Les dirigeants africains approuvent la création d’un fonds de stabilité financière de 20 milliards de dollars. Le mécanisme, connu sous le nom de Mécanisme africain de stabilité financière (AFSM), obtiendra sa propre notation de crédit pour lui permettre d’emprunter sur les marchés internationaux de capitaux, a déclaré la BAD, qui hébergera le mécanisme. Les dirigeants africains avaient appelé à la création du fonds en février 2022 et avaient mandaté la BAD pour mener les préparatifs en vue de sa mise en place. La BAD a désormais l’intention d’avancer rapidement dans la rédaction d’un accord formel et d’obtenir sa ratification par les États, a-t-elle déclaré dans un communiqué à l’issue du sommet de l’Union africaine dans la capitale éthiopienne ce week-end. Outre la hausse des remboursements commerciaux extérieurs et le risque de défaut de paiement, de nombreuses économies de la région sont également confrontées à une pression pour des dépenses plus élevées. Elles sont aussi confrontées à la faiblesse des recettes publiques et aux effets du changement climatique. La création de ce dispositif a également été motivée en partie par le fait que l’Afrique ne dispose pas de son propre coussin financier régional, contrairement à l’Europe et à l’Asie, qui disposent d’accords de ce type.
« Si elle est mise en œuvre comme prévu, l’AFSM peut permettre aux États africains d’économiser environ 20 milliards de dollars en frais de service de la dette d’ici 2035 », estime Kevin Urama, vice-président et économiste en chef de la BAD.
L’adhésion sera volontaire et ouverte à tout pays membre de l’Union africaine désireux de participer. « Des dispositions ont également été prises pour qu’au moins 20 % des membres soient non africains, à condition que les États africains conservent la majorité des membres », a indiqué la BAD. Les pays africains sont confrontés à une série de pressions sur la dette, indique la BAD. Certains pays, comme le Kenya et le Gabon, ont émis des euro-obligations internationales ces dernières années et les investisseurs ont parfois mis en doute leur capacité à les rembourser. Ces inquiétudes ont conduit à une forte dépréciation de la monnaie du Kenya en 2023 et à une dégradation de la note du Gabon par Fitch la semaine dernière. L’AFSM prêtera de l’argent à des taux « concessionnels », a déclaré le directeur général de la BAD le mois dernier, et les bénéficiaires s’engageront à mettre en œuvre des réformes macroéconomiques et budgétaires définies.
« Le cœur du mandat de l’AFSM n’est pas de soutenir l’octroi de plans de sauvetage aux États africains, mais de les empêcher », a déclaré la BAD.
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