Quelques jours après que la CEDEAO a envoyé les signaux d’un futur assouplissement des sanctions contre le Niger, le président Béninois Patrice Talon prend les devants et évoque une normalisation des relations avec son voisin dans un proche avenir. Le Niger, pays enclavé, subit les sanctions de l’organe panaficain depuis 5 mois, lesquelles ont aussi pénalisé l’économie des voisins du Niger, dirigé par les putschistes depuis juillet 2023 à la suite d’un coup d’Etat.
Reprendre ses relations avec le Niger du Général putschiste, Abdourahamane Tchiani dans un bref délai, telle est la volonté du Bénin. Le sujet a été abordé par le président béninois Patrice Talon dans son discours à annuel à la nation devant l’Assemblée nationale. Le chef de l’Etat a notifié qu’il y avait « un temps pour condamner, un temps pour exiger et un temps pour faire le point et prendre acte », évoquant notamment le Niger, où un coup d’Etat, en juillet, a renversé le président Mohamed Bazoum. « Prendre acte requiert que nos interlocuteurs jouent leur partition en exprimant clairement leurs intentions, mais aussi leurs attentes, auprès de la communauté internationale », a déclaré Patrice Talon devant les députés. La balle est dans le camp des autorités de fait, qui doivent donner des gages », a-t-il ajouté. Les sanctions de la communauté internationale et de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) vis à vis du Niger ont des impacts économiques considérables pour le Bénin, à cause de la fermeture des frontières entre les deux pays. Le Bénin connaît une baisse sans précédent de ses revenus portuaires, à la suite de l’arrêt du transit de marchandises vers le Niger via ses ports. L’oléoduc géant reliant le sud-est du Niger à la côte béninoise, qui devrait permettre à partir de janvier la commercialisation du brut nigérien sur le marché international, est aussi sur la table des discussions et constitue un sujet majeur pour les deux pays. Le Niger espère une augmentation de ses recettes pétrolières et le Bénin la perception de droits de transit, compensant les recettes douanières perdues en lien avec les sanctions. Le 10 décembre dernier, l’organisation sous régionale a laissé entendre qu’elle allait alléger ses sanctions à l’encontre du Niger, sous condition d’une « transition courte » avant un retour à l’ordre constitutionnel. Les sanctions ont en effet laminé l’économie nigérienne et destabilsée celle de ses voisins de la CEDEAO.
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A la suite du coup d’Etat de juillet 2023, la CEDEAO a imposé des sanctions sévères au Niger. Lesquelles concernent notamment les secteurs sensibles de l’importation des produits alimentaires, pharmaceutiques ou encore l’électricité et les produits pétroliers. Aussitôt les habitants ont été confrontés à de graves pénuries de médicaments, de céréales et de denrées alimentaires importées telles que le sucre, le lait en poudre et l’huile végétale. Des produits de bases comme le riz ont connu une hausse de plus de 50% selon les chiffres du Programme Alimentaire mondiale (PAM). Les pannes d’électricité intempestives ont fragilisé les rares entreprises et aggravé les difficultés économiques de ce pays qui importe plus des deux tiers de son électricité de son voisin Nigérian. Mais les sanctions ont sérieusement réduit l’approvisionnement. Ce qui a paralysé les échanges économiques et réduits les recettes des pays frontaliers de transits comme le Bénin, le Togo et le Nigéria sachant que le Niger pays enclavé dépend des ports de ses voisins.