Qui sont les champions de la croissance africaine en 2024 ? L’Afrique face au spectre d’une sortie désorganisée des énergies fossiles. Green bonds et financement bleu : une année mitigée. Des exemples d’entreprenariat réussi dans le green en Afrique. C’est l’aperçu des sujets décortiqués dans ce magazine, en focus sur les tendances qui se déssinent pour 2024 dans un continent en pleine ébullition sur le plan économique, social, voire politique.
Africa Income magazine N°1: l’Afrique en perspectives pour l’année 2024

Chronique- Petits réacteurs nucléaires, leapfrog énergétique de l’Afrique
Dans un contient où l’uranium est abondant, les petits réacteurs nucléaires ou SMR (Small Modular Reactors) représentent une solution particulièrement adaptée. Ils répondent à trois défis majeurs du continent, à savoir le manque d’infrastructures de réseau, le besoin d’industrialisation délocalisée et le stress hydrique.
Contrairement à un réacteur classique, très onéreux (plus de 10 milliards €), qui nécessite une emprise au sol très grande, et exige d’importants besoins en eaux, donc une proximité de fleuve ou côte maritime, les petits réacteurs nucléaires ou SMR coûtent entre 500 millions à 3 milliards €, ne prennent que peu de place et ont un très faible besoin en eaux, pouvant être refroidis par air. D’ores et déjà, plusieurs pays, dont le Ghana, le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud, ont déjà intégré les SMR dans leurs feuilles de route énergétiques à l’horizon 2030-2035.
Ces Etats ont bien raison, dans la mesure où ces SMR peuvent transformer le paysage énergétique en Afrique. Ils sont particulièrement adaptés aux réseaux électriques fragiles.C’est d’autant plus juste quela plupart des pays africains se démènent avec des réseaux électriques dont la capacité totale est limitée, souvent moins de 5 GW. En outre, avec une puissance de 10 à 300 MW, les SMR s’intègrent facilement sans exiger une modernisation massive et coûteuse des lignes haute tension. On peut ajouter des modules, un par un, suivant la croissance de la demande. A cela, s’ajoute le problème des grandes centrales. En effet,installer un réacteur classique de 1 500 MW sur un petit réseau risquerait de le déstabiliser ou de provoquer des pannes générales, à chaque maintenance.
Désenclavement des zones isolées et industrialisation
Les immenses zones rurales ou minières, non raccordées au réseau central en Afrique, pourraient bénéficier de l’alimentation des mines ou implanter de micro-réseaux régionaux. Il est admis que les industries extractives consomment énormément d’énergie. Un SMR peut être installé directement sur site pour fournir une électricité stable et bas-carbone, remplaçant les coûteux et polluants générateurs diesel.
Par ailleurs, ces petitsréacteurs nucléaires permettent de créer des îlots énergétiques pour des villes moyennes ou des zones agricoles, sans attendre le déploiement de milliers de kilomètres de câbles, depuis les grandes métropoles.
A lire aussi: Sécurité énergétique : le Nigéria et l’Afrique du Sud exhortés de miser sur le gaz
Au-delà de la distribution d’énergie électrique, des applications non-électriques, telles que le traitement de l’eau, la cogénération industrielle… En effet, la valeur ajoutée des SMR en Afrique dépasse la simple production d’électricité. Des pays, tels que l’Égypte ou la Namibie, qui font face à une pénurie d’eau, peuvent utiliser la chaleur produite par un SMR pour alimenter directement des usines de dessalement thermique à un coût très compétitif.
En termes de cogénération industrielle, la vapeur produite peut servir à transformer localement des matières premières (agro-industrie, chimie…), favorisant l’industrialisation sur place, plutôt que l’exportation de produits bruts.
Last but not least, parce que l’investissement initial d’une centrale nucléaire classique reste un frein majeur pour nombre de budgets nationaux africains, les SMR, pouvant être fabriqués en usine et transportés sur site (modu-fabrication), réduisent les délais de construction sur 3 à 5 ans contre 10 ans et plus pour le conventionnel. De surcroît le risque financier est moindre.Le coût total par projet est beaucoup plus faible, ce qui facilite l’accès aux financements en partenariats public-privé (PPP).
L’Afrique du Sud : l’assouplissement de la loi sur la propriété balise la voie aux investisseurs étrangers

L’Afrique du Sud a assoupli les règles de propriété, ouvrant la voie à Starlink et à d’autres opérateurs étrangers. Les révisions juridiques proposées depuis plusieurs mois s’étaient heurtées à la résistance de quelques formations politiques, redoutant de favoriser par cette mesure le monopole des grands groupes internationaux dans le secteur des télécommunications.
La nation arc-en-ciel a apporté des modifications à son règlement régissant la participation des Noirs au capital des entreprises locales, à la suite d’une directive du ministre des Télécommunications. Cette mesure pourrait ouvrir la voie à l’implantation dans le pays de fournisseurs d’accès internet par satellite, dont Starlink d’Elon Musk. Au cours de l’année 2024, SpaceX, la maison mère de Starlink, a écrit à l’ICASA, l’autorité de régulation des télécommunications, pour signaler que la législation locale en matière d’actionnariat constituait un obstacle majeur et qu’il convenait de revoir le seuil de 30 % de participation requis pour l’obtention d’une licence. La loi sud-africaine sur les communications électroniques exige des titulaires de licences de communications à capitaux étrangers qu’ils cèdent 30 % du capital de leurs filiales locales à des groupes historiquement défavorisés – une disposition critiquée par Starlink et d’autres entreprises.
A lire aussi : Afrique du Sud : TotalEnergies se désengage du bloc gazier offshore sud-africain
Dans sa déclaration de politique générale publiée vendredi au Journal officiel, le ministre des Communications, Solly Malatsi, a indiqué que les programmes d’investissement dits « équivalents en fonds propres » dans le secteur devraient être pris en compte dans les objectifs d’émancipation. Ces modifications réglementaires permettront aux entreprises de communications, dont Starlink, de s’affranchir de l’exigence des 30 % de participation, en reconnaissant plutôt les investissements dans des domaines tels que les infrastructures numériques.
« Cette orientation politique finale renforce la nécessité d’une égalité réglementaire. Elle ne favorise aucune entité, ne contourne pas la loi sur les communications électroniques et n’entrave pas la transformation », a précisé Malatsi.
Derrière cette adaptation juridique, se cache la volonté de contribuer à attirer davantage d’investissements, à soutenir une transformation significative et à améliorer la vie des Sud-Africains, en particulier ceux des zones rurales et des communautés mal desservies qui n’ont toujours pas accès à l’internet haut débit, selon le ministre des Télécommunications. Ces révisions proposées initialement il y a 6 mois ont essuyé de nombreux critiques de l’opposition, mais ont finalement été jugé favorablement par la majorité des groupes politiques.
A lire aussi : En Afrique du Sud, les BRICS redessineront les contours de l’organisation
Chronique- Contre les fraudes sur le foncier et l’état civil en Afrique : la Blockchain
La Blockchain représente une solution technologique prometteuse pour lutter contre la fraude foncière et la fraude à l’état civil en Afrique. Elle s’appuie sur des propriétés d’immuabilité, de transparence et de décentralisation. Néanmoins, un certain nombre de défis restent nécessaires pour en profiter amplement sur le continent.
La Blockchain fournit un registre de confiance qui est difficile à corrompre, ce qui est essentiel dans des contextes où les systèmes d’enregistrement centralisés sont vulnérables à la fraude et au manque de transparence. Des pays africains en sont conscients. Ils ont alors mis en place des systèmes, basés sur la Blockchain. Des pays, tels que le Ghana, avec des projets comme Bitland, et des villes, telles que Lagos au Nigéria, ont exploré ou mis en œuvre des systèmes basés sur la blockchain pour moderniser leur cadastre. Aussi, la Sierra Leone a notamment développé un système national d’identité numérique, basé sur la Blockchain.
Contre la fraude foncière
Le manque de registres fonciers fiables et l’absence d’enregistrement officiel d’une grande partie des terres rurales en Afrique subsaharienne entraînent des litiges fréquents, de la fraude et de la spoliation. Fort heureusement, la Blockchain peut offrir un remède potentiel. Chaque titre de propriété ou transaction foncière peut-être enregistré comme un bloc horodaté et sécurisé par cryptographie sur un grand livre numérique distribué, à savoir la blockchain. Une fois validé et inscrit, ce bloc est infalsifiable et non modifiable, éliminant le risque d’altération des registres par la corruption ou l’erreur. La sécurité et l’immuabilité des titres, pour ne pas dire leur authenticité, s’en trouvent assurés, ad vitam aeternam. Le registre est accessible et vérifiable par les parties autorisées, garantissant une transparence accrue sur l’historique des transactions et l’identité du propriétaire légitime.
En fournissant un enregistrement de propriété fiable et unique, la blockchain permet de trancher plus facilement les litiges et de sécuriser les droits fonciers. Ces conflits s’en trouveraient réduits voire inexistants.Et en termes d’accès au crédit, avec des titres de propriété sécurisés et vérifiables, les propriétaires peuvent plus facilement utiliser leurs terres comme garantie (collatéral) pour accéder à des prêts et financements.
Sécurisation de l’État Civil
L’état civil concerne les actes de naissance, de mariage, de décès, etc. dans de nombreux pays africains, il est aussi exposé à la fraude et à la perte de données. Qui n’a pas entendu des cas de cessions illicites d’Extraits du registre de naissance ou de CIN, en Afrique de l’ouest, pour des broutilles autour de 75 €? Cela engendre des problèmes d’identité et d’accès aux services publics.
Pour une identité numérique sécurisée,la Blockchain permet de créer un enregistrement permanent et infalsifiable des événements de l’état civil, servant de base à une identité numérique fiable pour chaque citoyen. Les actes d’état civil, une fois enregistrés sur la chaîne de blocs, voient leur authenticité garantie, empêchant la création de faux documents ou l’usurpation d’identité. C’est une preuve d’authenticité au même titre qu’un acte notarié.
En outre, la nature distribuée de la blockchain assure que les données ne sont pas stockées dans un point central unique, les protégeant contre la perte due à une panne système, une catastrophe naturelle ou une cyberattaque.
A lire aussi: Chronique : Afrique- Comment tirer profit du management du futur ?
Relativement à l’efficacité administrative, il est difficile de faire mieux. Les Contrats Intelligents (Smart Contracts) peuvent automatiser la vérification des données d’identité pour l’accès à certains services ou droits, réduisant la bureaucratie et l’inefficacité.
Des défis à relever
L’adoption de la blockchain, pour la sécurisation du foncier et de l’état civil en Afrique, nécessite de relever des défis qui ont trait à la connectivité, au cadre réglementaire… Significatifs, ces enjeux ont trait à des obstacles techniques/infrastructurels, à des questions réglementaires/juridiques et à des défis socio-économiques/humains.
Le déploiement de solutions Blockchain nécessite une infrastructure numérique solide, souvent lacunaire dans de nombreuses régions africaines. Une connectivité Internet et un service électrique faible freinent une telle solution. L’adoption des systèmes Blockchain, qui nécessitent une synchronisation et une maintenance constantes du réseau distribué, est entrainée par les faibles taux de pénétration d’Internet (seulement 37% des Africains étaient en ligne en 2023). Même topo, face à un approvisionnement énergétique insuffisant ou non fiable, dans de nombreuses zones, notamment rurales. Une accessibilité et une inclusion auxquelles, il faut veiller. Cette solution ne doit pas contribuer à creuser la fracture numérique, excluant les populations rurales ou moins connectées. Des solutions doivent être trouvées pour garantir l’accès à l’enregistrement des droits fonciers ou d’état civil, même en l’absence de smartphones ou d’accès Internet permanent.
La mise en place initiale de systèmes informatiques complexes, y compris le matériel pour les nœuds de la blockchain, les serveurs de stockage et les dispositifs de saisie de données sécurisés, peut représenter un coût initial élevé. Cela peut décourager des gouvernements, sous forte pression budgétaire.
Un autre défi et non des moindres à trait à l’interopérabilité. En effet, assurer l’interopérabilité entre les nouveaux systèmes Blockchain et les systèmes d’enregistrement existants (souvent papier ou centralisés obsolètes) reste un défi technique majeur pour garantir une transition fluide.
Sur le double plan réglementaire et juridique, l’absence ou l’inadaptation des cadres légaux constitue un frein majeur.Il y a un manque de législation claire, régissant l’utilisation de la technologie Blockchain, des contrats intelligents (Smart Contracts) et des identités numériques. Seuls 24 pays africains disposent de lois sur la protection des données (en 2025), ce qui crée une incertitude juridique. Se pencher sur un cadre réglementaire fragmenté et inadapté est d’une urgence prégnante si la blockchain doit être adoptée contre ces fléaux.
Nouvelle législation et arbitrages
A mon avis, un des obstacles majeurs est à trouver à propos de la tension avec le Droit à l’Effacement (RGPD). Rappelons que le principe fondamental de la Blockchain est lié à l’immuabilité des données. Cela est en nette contradiction avec les législations émergentes sur la protection des données personnelles qui reconnaissent le droit à l’effacement (droit à l’oubli). Trouver un moyen de concilier ces deux principes (par exemple, en chiffrant les données personnelles sur la blockchain et en gérant la clé de chiffrement séparément) est un défi juridique complexe.
Il est aussi nécessaire qu’il y ait une reconnaissance légale des registres. Pour que la Blockchain ait un impact, le registre numérique de propriété foncière ou d’état civil doit être légalement reconnu et faire force probante supérieure aux registres traditionnels. Cela exige une refonte législative significative.
Au chapitre des défis socio-économiques et humains, notons que l’efficacité du système dépend in fine de l’acceptation par les populations et de la capacité des administrations.Un déficit de compétences numériques sera synonyme d’échecs d’une telle solution.Aujourd’hui, il y a une pénurie de personnel qualifié (informaticiens, juristes, administrateurs) capable de développer, d’opérer, de maintenir et de réglementer des systèmes basés sur la Blockchain. Pour y remédier, des investissements massifs sont nécessaires dans l’alphabétisation numérique et la formation professionnelle.
Eviter de sécuriser une fraude
L’intégrité du système repose sur la fiabilité des données entrantes (« Garbage In, Garbage Out »). Si les données initiales sur les titres fonciers ou l’état civil sont corrompues, la Blockchain ne fera que sécuriser une fraude. La transition nécessite de restaurer la confiance dans les institutions de saisie initiales. A ce titre, la bonne gouvernance prend tout son sens.
Pour la réussite d’un tel système, les fonctionnaires, bénéficiant du système actuel opaque (par la corruption ou la rente de situation), ne doivent pas résister activement ou passivement à l’adoption de systèmes transparents basés sur la Blockchain. Un combat énergique doit alors être mené contre la résistance au changement et à la corruption.
Finance : l’Angola restructurera un milliard US de prêt auprès de JPMorgan

L’Angola va réaménager un prêt d’un milliard de dollars auprès de JPMorgan, annonce le ministère des Finances. Cette restructuration permettra au pays d’Afrique australe d’abaisser le taux d’intérêt du prêt, selon des informations du ministère des finances angolais, relayées par Reuters. Le pays fortement dépendant des recettes pétrolières a eu une croissance modeste en 2025.
L’Angola va refinancer un prêt d’un milliard de dollars auprès de JPMorgan, arrivé à échéance, a déclaré mardi à Reuters un haut responsable du ministère des Finances. Le taux initial n’a pas été divulgué, mais le ministère des Finances a indiqué en mai qu’il était légèrement inférieur à 9 %. L’Angola et JPMorgan ont conclu il y a près d’un an un contrat dérivé d’un milliard de dollars sur un an, connu sous le nom de swap de rendement total, adossé à 1,9 milliard de dollars d’obligations d’État angolaises libellées en dollars. En avril, la banque a exigé 200 millions de dollars de garanties supplémentaires après que la valeur des obligations données en garantie s’est dépréciée suite à l’imposition de droits de douane élevés par les États-Unis. Les obligations se sont redressées et le gouvernement a récupéré les garanties supplémentaires. L’obligation était cotée à 99,8 cents pour un dollar ce mardi, selon les opérateurs de marché. De quoi soutenir la croissance d’une économie angolaise fortement dépendante du pétrole.
A lire aussi :Standard Bank se renforce au Nigeria et en Angola
Après une forte croissance en 2024 estimée à 4,4 % par le FMI et la Banque mondiale – la croissance du PIB réel devrait ralentir en 2025 avec des projections autour de 2,1 % à 3 %, en partie à cause de la baisse de la production pétrolière et des conditions extérieures plus strictes. L’inflation reste élevée – proche de 20 % en 2025 – et érode le pouvoir d’achat. La Banque Centrale (BNA) a maintenu une politique monétaire stricte pour tenter de la maîtriser. Le ratio dette publique/PIB, après avoir culminé à plus de 100 % en 2020, est en baisse significative, estimé autour de 60 % à 64,5 % du PIB en 2024-2025. Cependant, le service de la dette (son remboursements) reste très élevé et limite les dépenses dans des secteurs clés comme la santé et l’éducation. La position extérieure reste vulnérable. L’Angola est aussi confronté à des pressions de financement en raison d’importantes dettes externes.
A lire aussi : Angola : la nouvelle raffinerie de Cabinda proche du démarrage
Chronique- Les technologies de l’eau au service de l’Afrique
Les technologies de l’eau jouent un rôle crucial dans la réponse aux défis majeurs d’accès à l’eau potable et à l’assainissement en Afrique, qui impactent la santé, le développement socio-économique et la sécurité alimentaire du continent. Face au caractère stratégique de la ressource de plus en plus d’Etats s’approprient leur gestion pour un maillage et une qualité, aux standards.
Près de 320 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable en Afrique. Les disparités sont criantes, notamment entre zones urbaines et rurales. En matière d’eau, dans le sens large du terme, cet élément essentiel à la vie, l’Afrique est confrontée à un certain nombre de défis. Ils vont d’un accès limité aux infrastructures à un assainissement insuffisant, en passant par la qualité de l’eau, les aléas du changement climatique…
Surtout en milieu rural, l’accès est limité aux infrastructures. Cet état de fait oblige les populations, souvent les femmes et les filles, à parcourir de longues distances pour s’approvisionner en eau.
La problématique de la qualité de l’eau se pose aussi avec acuité. Sa carence est synonyme de contamination par des agents pathogènes et des polluants chimiques. La conséquence est la propagation de maladies hydriques, telles que le choléra, les diarrhées, la fièvre typhoïde, etc.
Nul n’ignore que les effets du changement climatique, avec des sécheresses prolongées et des inondations, perturbent les cycles hydrologiques. Pire, ils réduisent les ressources en eau douce disponibles, produisent beaucoup de dégâts et des dommages colossaux.
Fautes de moyens, de nombreuses communautés africaines sont exemptes d’assainissement adéquat.Une grande partie de la population n’a pas accès à des systèmes d’assainissement liquide, ce qui aggrave la pollution fécale des sources d’eau.
Technologies clés
Des solutions technologiques modulaires, durables et adaptées aux réalités locales sont développées pour surmonter les obstacles énumérés ci-dessus.
En matière de traitement et purification de l’eau potable, des technologies, essentielles pour rendre l’eau salubre, en particulier dans les zones éloignées, sont disponibles et adaptées au continent. Parmi celles-ci, les technologies membranaires qui fonctionnent en osmose inverse et ultrafiltration.Elles sont de plus en plus utilisées pour le dessalement des eaux saumâtres ou le traitement des eaux de surface et souterraines. Leur modularité et leur compatibilité avec l’énergie solaire photovoltaïque, surtout sans batterie, les rendent idéales pour les zones isolées.
A lire aussi: Chronique : surfer sur la filière or bleu en Afrique
Un autre procédé passe par la désinfection solaire (SODIS). Il s’agit d’une utilisation de l’énergie solaire (rayonnement UV) pour désinfecter l’eau contenue dans des bouteilles transparentes, une méthode simple et peu coûteuse.
Aussi, des stations de traitement sont utilisés pour petits réseaux ruraux. Elles combinent souvent des techniques comme la coagulation, la floculation, la filtration sur sable et charbon actif, et la désinfection par chloration ou électrocoagulation. Des systèmes mobiles existent également dans ces process de filtration/potabilisation.
Quid de la gestion des ressources et distribution ?
Les solutions préconisées plus haut visent à sécuriser et optimiser l’approvisionnement. Contrairement aux contrats d’affermage et autres concessions qui ont eu lieu pendant un temps, l’adduction et la distribution doivent être misesen place par des réseaux d’adduction d’eau potable (AEP). Des réseaux qui englobent des stations de traitement, des réservoirs, jusqu’à des bornes-fontaines. Cet ensemble devant simplifier l’accès et le paiement, par des systèmes modernes et économiques dans les quartiers défavorisés. Pour un franc-succès de ces technologies en Afrique, certes une approche globale est préconisée, mais certaines gestions peuvent être délicates, notamment les partenariats public-privé (PPP).A mon avis, si ces derniers se développent pour financer et gérer les infrastructures, permettant une meilleure efficacité de la distribution de l’eau, ils doivent rester locaux. Par un renforcementdes capacités, l’implication des acteurs locaux et la formation pour l’installation, la maintenance, et la réparation des équipements, restent cruciales pour assurer la durabilité des solutions technologiques.
L’innovation écoresponsable n’est pas à négliger. En effet, l’intégration des énergies renouvelables (solaire notamment) est un facteur clé pour des solutions autonomes et économiques.
Pour l’exploitation de forages et puits, il serait utile de poursuivre le développement de pompes électriques robustes, souvent alimentées par énergie solaire. Dans certains cas, l’utilisation de la technologie pour le contrôle à distance et l’optimisation des systèmes d’approvisionnement en eau ou systèmes de télégestion.
Traitement et réutilisation des eaux usées
Relativement eaux usées et de ruissellement, la gestion est vitale pour la santé publique et la préservation des ressources.
Un appel est lancé à nos ingénieurs et techniciens spécialisés dans la conception de stations d’épuration pour les zones rurales ou périurbaines, souvent développées dans le cadre de projets de recherche collaboratifs. Ces stations d’épuration modulaires etadaptées seraient d’un apport significatif. Une épuration qui va jusqu’à la gestionet la valorisation des boues d’épurationdes boues.

Dans la réutilisation des eaux usées traitées, des processus avancés permettent de les injecter dans l’irrigation agricole ou industrielle. Il en est de même dans l’exploitation des eaux de ruissellement. Cette réutilisation permet de réduire la pression sur les sources d’eau douce. Il s’agit d’une ressource si importante que dans de nombreuses villes européennes que j’ai visitées, j’ai constaté des gouttières aux toits de tous les bâtiments et édifices.
Côte d’Ivoire : baisse prévisionnelle de la production cacaotière 2025-2026

Une baisse pour la troisième année consécutive soutenue principalement par trois facteurs concomitants.
La prochaine récolte de cacao en Côte d’Ivoire devrait connaître une forte baisse pour la troisième année consécutive, selon des sources proches du dossier, relayées par Reuters. Cette baisse s’explique par les inquiétudes liées au déclin des récoltes et de la production, ont indiqué jeudi à Reuters deux sources du Conseil du café et du cacao (CCC). Malgré une baisse attendue de 30 % des arrivages de fèves de cacao dans les deux principaux ports du pays entre janvier et mars 2026, les sources du CCC ont précisé qu’aucun risque de défaut de paiement n’est actuellement anticipé pour l’ensemble de la récolte. La baisse de production anticipée est due à l’insuffisance des investissements des agriculteurs, au vieillissement des exploitations, aux maladies des cultures et à l’irrégularité des précipitations, selon les sources.
« Nous sommes plutôt satisfaits du début de saison et les arrivages actuels sont conformes à nos prévisions. La récolte est précoce et les volumes importants, mais cela devrait diminuer entre janvier et mars 2026 », a déclaré un responsable de la CCC à Reuters.
Les deux responsables de la CCC ont également noté que les tendances de la contrebande transfrontalière de cacao se sont largement inversées cette année, avec des volumes de contrebande plus faibles vers la Guinée et le Libéria, et un flux réduit de cacao entrant en Côte d’Ivoire en provenance des pays voisins. « Nos arrivages sont principalement alimentés par le cacao du Libéria et de Guinée, car les acheteurs y trouvent de meilleurs prix… mais il s’agit de quantités marginales par rapport à ce que nous exportions auparavant », a déclaré une première source du CCC.
A lire aussi : Côte d’Ivoire : des investissements dans le solaire
Cependant, les données préliminaires du CCC de novembre prévoient une baisse de 25 à 30 % de la production de cacao intermédiaire, une tendance qui pourrait s’aggraver avec la saison sèche de l’harmattan (décembre-avril) et les risques de sécheresse persistants, a indiqué une deuxième source du CCC. Pour gérer l’approvisionnement durant cette fin de récolte difficile et cette récolte intermédiaire complexe, le CCC prévoit de procéder à des contrôles de stocks et de limiter les achats des exportateurs afin de garantir la stabilité du marché, tout en proposant l’intégralité de la production de cacao intermédiaire exclusivement au comptant afin de maintenir les niveaux de broyage.
Télécoms : Les actions d’Airtel Africa s’envolent en bourse portées par les spéculations autour du paiement mobile

Sur un trend haussier, la croissance d’Airtel Africa est portée par la stabilité du naira et les hausses de prix. L’introduction en bourse du secteur de paiement mobile du groupe prévue au premier semestre 2026 a créé une effervescence autour des actions d’Airtel Africa. Et ce, dans un contexte où le paiement mobile est devenu incontournable pour de nombreux Africains. Airtel Money a traité 193 milliards de dollars au deuxième trimestre 2025.
Les actions d’Airtel Africa s’envolent au FTSE à l’approche de son introduction en bourse dans le secteur des services de paiement mobile. L’excellente performance d’Airtel Africa (AAF.L) au sein du FTSE 100 cette année, juste derrière le groupe minier aurifère Fresnillo (FRES.L), a mis en lumière le secteur des télécommunications africain, souvent négligé par les investisseurs internationaux. Figurant parmi les deux premiers opérateurs dans chacun des 14 pays africains où elle est présente, dont le Nigeria, Airtel représente un pari judicieux pour les spécialistes des marchés émergents. La stabilisation du naira nigérian a été un facteur clé de la hausse de 164 % du cours de son action, permettant à la croissance de ses activités de données et de paiement mobile de se répercuter positivement sur ses résultats.
« On ne voit pas toujours ce genre de rendements, mais la croissance sous-jacente était bien présente », a déclaré Sergey Dubin, gestionnaire de portefeuille chez Harding Loevner à New York, actionnaire d’Airtel depuis plusieurs années, dans les colonnes de Reuters. « Elle ne se reflétait tout simplement pas dans les résultats financiers en dollars américains en raison de la dépréciation des monnaies locales », a-t-il précisé.
Le naira s’est apprécié depuis janvier pour atteindre 1 447,79 nairas pour un dollar. Cette appréciation fait suite aux dévaluations de 2023 et 2024 qui l’avaient fait chuter jusqu’à 1 690 nairas pour un dollar, annulant ainsi la croissance à deux chiffres d’Airtel en monnaie locale, convertie en dollars. Par ailleurs, le Nigeria a autorisé des hausses de prix après un gel de 12 ans, augmentant les tarifs de 50 % début 2025. Le bénéfice net d’Airtel a presque quintuplé pour atteindre 376 millions de dollars début septembre. La réévaluation d’Airtel repose en grande partie sur la prise en compte par le marché de la croissance de sa filiale de paiement mobile, Airtel Money, dont l’introduction en bourse est prévue au premier semestre 2026. Airtel Africa, détenue majoritairement par l’indien Bharti Airtel (BRTI.NS), se négocie à 4,6 fois son résultat d’exploitation prévisionnel, contre moins de 3 il y a seulement quatre mois, et est valorisée à 14,6 milliards de dollars.
Le boom des télécoms africains par les transferts mobiles
Bien que les actions d’autres opérateurs africains aient également progressé, surpassant largement celles des opérateurs télécoms mondiaux, contrairement à Airtel, elles restent inférieures à leurs records historiques. Le kényan Safaricom, pionnier du paiement mobile en 2007, a vu son cours bondir de 70 % en dollars américains cette année, tandis que MTN a plus que doublé et Vodacom progresse de 52 %. Le groupe américain de paiements Mastercard a pris une participation dans Airtel Money en 2021, valorisant l’entreprise à 2,65 milliards de dollars. Deux ans plus tard, il a pris une participation dans la branche monétaire de MTN. Selon John Karidis, analyste chez Deutsche Bank, qui s’est confié à Reuters, cette transaction valorisait Airtel Money à 9,4 fois son résultat d’exploitation prévisionnel après contrats de location. Il estime que l’entreprise devrait valoir au moins 13 fois cette valeur, soit environ le double des activités télécoms d’Airtel.
« Les perspectives de croissance structurelle de ses marchés des télécommunications et monétaires resteront solides pendant encore plusieurs années », a-t-il écrit ce mois-ci, relevant son objectif de cours à 390 pence, ce qui représente un potentiel de hausse de 30 %.
Sur un continent où une grande partie de la population n’a pas accès aux services bancaires, les opérateurs télécoms ont joué un rôle essentiel dans l’accès aux services financiers. Au deuxième trimestre de cette année, Airtel Money a traité des transactions d’une valeur annualisée de 193 milliards de dollars, soit une hausse de 36 %, un montant équivalent au PIB total du Nigeria. L’intérêt pour cet investissement ne se limite pas aux services vocaux – dont les revenus sont en baisse – mais s’étend aux données et au paiement mobile. La faible pénétration du téléphone et la croissance démographique offrent en effet des perspectives de croissance à long terme.
Chronique- Une sécurité économique, basée sur le spectre d’agro-industries et d’industries minières modernes en Afrique
Le développement d’agro-industries et d’industries minières modernes et intégrées est considéré comme un levier essentiel pour l’établissement d’une sécurité économique durable en Afrique, en allant au-delà de la seule subsistance. En fonction des terroirs, les filières de la ferme à la fourchette, du minerai au lingot, ne manquent pas…
Les agro-industries et industries minières modernes et intégrées jouent un rôle important dans la sécurité économique en Afrique. Elles impliquent la transformation des produits agricoles (des bassins halieutiques aux terres fertiles) et miniers, créant ainsi une valeur ajoutée significative. Une telle approche va au-delà de l’exportation de matières premières brutes. Ce type de structures sont la pierre angulaire pour transformer les secteurs agricole et minier africains d’une source de subsistance risquée à un puissant moteur de croissance économique et de sécurité nationale en Afrique.
En augmentant la productivité, en réduisant les pertes après récolte (jusqu’à 40 % dans certains cas), grâce au conditionnement et à la transformation, et en assurant la disponibilité des aliments tout au long de l’année, ces agro-industries réduisent la dépendance à des importations alimentaires coûteuses. Même son de cloche au niveau des industries minières intégrées qui vont de la mine à la fonderie.
Par la même occasion,ces industries génèrent des emplois décents, non seulement dans les exploitations agricoles, mais aussi dans les usines de transformation, le transport, la logistique, et la commercialisation. Les activités agricole et minière ont un fort pouvoir de réduction de la pauvreté.
Diversification économique et stimulation de secteurs connexes
En passant d’une économie basée sur l’extraction de matières premières à une économie de transformation, les pays africains deviennent moins vulnérables aux chocs des prix mondiaux des produits de base.
Le développement de l’agro-industrie et d’une industrie minière intégrée tire l’investissement dans les infrastructures (routes, électricité, eau, assainissement…), l’énergie, et les services (financement, technologies).
Malgré ce potentiel immense, plusieurs défis structurels doivent être relevés pour concrétiser une telle vision.
A mon sens, il est important de s’attaquer à la problématique des infrastructures déficientes. En effet, le manque d’infrastructures de transport (autoroutes et voies express), de stockage (chaîne du froid) et d’énergie fiable, rend la transformation et l’accès aux marchés difficiles et coûteux.
Un autre défi et non des moindres à surmonter est lié à l’accès aux financements et à la technologie. Les petits exploitants et les PME agro-industrielles peinent à obtenir des financements pour investir dans des technologies modernes et améliorer la productivité. Avouons que les atouts du continent, ajoutés à l’émergence de la nanotechnologie rendent cet handicap moins insurmontable.
A lire aussi: Afrique- « Sécurité & Sûreté », cette autre mamelle qui nourrit le développement
Relativement au changement climatique, une exploitation qui tienne compte de l’impact environnemental doit être privilégiée. Dans cet ordre d’idées, il faut tenir compte de la dégradation des terres et des phénomènes météorologiques extrêmes qui peuvent menacer la production agricole. Cela nécessite des investissements dans l’irrigation, les technologies de précision et les pratiques résilientes.
Bien entendu, un environnement des affaires, qui promeut le respect des contrats, la stabilité macroéconomique et la clarté réglementaire, reste crucial pour attirer les investissements privés nationaux et étrangers dans ces secteurs.
Opportunités et voies de modernisation
Pour parvenir à de franc-succès, des stratégies, telles que la création de Zones de Transformation Agro-industrielle Spéciales (SAPZ), de P2I (Plateformes industrielles intégrées)… promues par des aménageurs-développeurs nationaux, gérés de façon autonome, doivent être mises en œuvre.
Dans ces espaces, l’utilisation de technologies modernes (semences améliorées, mécanisation, drones, capteurs) devrait être à la page, pour augmenter les rendements et améliorer l’efficacité de la production.
Des espaces deformation de jeunes entrepreneurs, d’agriculteurs aux pratiques agricoles modernes et à la gestion d’entreprise, pourraient y être domiciliés ou multipliés dans les pays. Pour couronner tout, la mise en place de partenariats solides entre petits exploitants et grandes entreprises agro-industrielles (agriculture contractuelle) ou minières, coulerait de source pour garantir un marché stable et un accès aux intrants.

















