dimanche 6 juillet 2025
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Chronique- Ressources naturelles, fin des arbitrages d’exploitation

Mines de fer, de manganèse, d’or, de phosphates… quels sont les avantages d’une exploitation minière endogène en Afrique au sud du Sahara, par rapport à des partenariats budgétivores et dont la répartition des bénéfices est incertaine ?

L’ambition est un puissant levier. Une exploitation endogène des ressources minières en Afrique au sud du Sahara offre des perspectives de gains économiques et de développement importants. Toutefois, sa réussite dépendra de la capacité des pays (secteurs Public et Privé) à mobiliser les investissements nécessaires, à développer l’expertise locale, à améliorer les infrastructures et à garantir une gestion transparente et responsable du secteur. Le libéralisme le plus rétrograde n’impose pas de brader les bijoux de famille !

Dans cette région, l’exploitation des mines de fer, de manganèse, d’or et de phosphates, par des acteurs locaux, pourrait générer des bénéfices considérables.

Contrairement aux partenariats où une part importante des bénéfices peut être transférée à l’étranger, une exploitation endogène permettrait de réinvestir les gains dans l’économie locale, favorisant le développement et la création de richesse au sein du pays.

Une gestion nationale des mines privilégierait l’embauche de main-d’œuvre locale, contribuant à réduire le chômage et à développer les compétences au sein de la population.

Développement industriel et renforcement de la souveraineté

Un autre atout et non des moindres a trait au fait quel’exploitation endogène pourrait stimuler la mise en place d’industries de transformation des matières premières sur place, augmentant la valeur ajoutée des ressources et diversifiant l’économie.

La maîtrise de ses ressources naturelles est un pilier de la souveraineté d’un État. Une exploitation endogène renforcerait l’autonomie des pays d’Afrique au sud du Sahara dans leurs décisions économiques et stratégiques.

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Des entreprises nationales, publiques, gérées de façon autonome, ou privées, seraient potentiellement plus sensibles aux besoins des communautés locales et plus enclines à mettre en œuvre des pratiques d’exploitation responsables sur les plans social et environnemental.

Des challenges à emporter

Les défis à relever pour une exploitation minière endogène réussie en Afrique au sud du Sahara restent importants. Les besoins en investissements étaient massifs. Pendant longtemps, le secteur minier a requis des capitaux considérables pour l’exploration, l’extraction et la transformation.  Avant certains de ces pays n’avaient pas toujours les ressources financières nécessaires. Aujourd’hui, avec l’avènement de nano-usines, il est possible de contourner cette entrave.

A cela s’ajoutel’exploitation minière moderne qui exige des compétences pointues en géologie, en ingénierie minière, en métallurgie, etc., qui peuvent faire défaut localement.

En termes de défis infrastructurels, souvent, les zones minières sont éloignées et manquent d’infrastructures de transport (routes, chemins de fer, ports), d’énergie et de communication adéquates.

Mais de notre point de vue, l’un des plus gros handicaps a trait aux risques de mauvaise gouvernance et de corruption. Une gestion opaque du secteur minier par des acteurs décideurs politiques nationaux pourrait entraîner des problèmes de corruption et de détournement de fonds, limitant les retombées positives pour la population.

Vivement qu’on se débarrasse de gouvernants qui préfèrent des bunkers remplis de devises et de lingots chez eux que de places fortes dans nos banques centrales remplies de lingots raffinés sur place.

Phosphates du Sénégal

Si nous prenons l’exemple du Sénégal dans l’exploitation du phosphate. Avec les Industries chimiques du Sénégal (ICS) et Senchim, ce pays possède déjà une expérience significative dans l’exploitation de ses ressources minières, notamment la filière des phosphates qui a réussi une transformation jusqu’aux dérivés phosphatés et à l’acide phosphorique. L’extension de cette expertise à d’autres minerais pourrait être une voie prometteuse pour renforcer l’économie nationale. Aujourd’hui le Sénégal n’a besoin de personne pour exploiter son phosphate qui, rappelons-le, affleure par endroits !

Les partenariats avec des entreprises étrangères peuvent apporter des solutions à certains de ces défis, en termes de financement, de technologie et d’accès aux marchés mondiaux. Néanmoins, il est crucial que ces partenariats soient transparents, équitables et bénéficient réellement aux pays africains, en évitant les accords qui favorisent excessivement les intérêts des partenaires étrangers au détriment du développement local. En effet, une approche stratégique pourrait consister à développer progressivement les capacités nationales, tout en sélectionnant des partenariats bénéfiques et bien encadrés. Surtout ne pas perdre de vue que les Etats n’ont pas d’amis, mais plutôt des intérêts !

Tech : la RDC se rétracte et accorde une licence à Starlink

iliale de SpaceX, le fournisseur d'accès internet par satellite étend rapidement ses services sur le continent et est présent dans plus d'une douzaine de pays. (Crédit : Starlink).

La République démocratique du Congo a annoncé vendredi être le dernier pays africain en date à accorder une licence à Starlink, la société du milliardaire Elon Musk, et que l’entreprise commencerait bientôt ses activités.

La RDC revient sur sa décision initiale et accordde une licence à Starlink.  Filiale de SpaceX, le fournisseur d’accès internet par satellite étend rapidement ses services sur le continent et est présent dans plus d’une douzaine de pays. La Somalie et le Lesotho lui ont accordé des licences en avril. Le Congo, déchiré par la guerre, a une faible connectivité, avec seulement environ 30 % de la population utilisant Internet en 2023, selon l’Union internationale des télécommunications. Le gouvernement avait auparavant refusé d’autoriser l’accès à Starlink, des responsables militaires avertissant que ce réseau pourrait être utilisé par des groupes rebelles, notamment le M23, soutenu par le Rwanda, qui a conquis plus de territoire que jamais dans l’est du pays cette année.

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En mars 2024, l’Autorité congolaise de régulation des postes et télécommunications (ACPT) a déclaré que l’utilisation de Starlink était interdite et que les contrevenants s’exposeraient à des sanctions. La même entité a annoncé vendredi que l’entreprise avait obtenu une licence et qu’elle « procéderait au lancement de ses services dans les prochains jours », selon des informations relayées par Reuters. Starlink cherche également à s’implanter en Ouganda voisin. Le président ougandais Yoweri Museveni a déclaré mardi avoir eu une réunion productive avec des représentants de Starlink.

Perspectives : la Banque mondiale anticipe une baisse des prix des matières premières à un niveau record

Les prix mondiaux des matières premières devraient chuter de 12 % en 2025, puis de 5 % supplémentaires en 2026, pour atteindre des niveaux jamais observés depuis 2020.. (Crédit : DR).

Selon les dernières Perspectives des marchés des matières premières de la Banque mondiale, le ralentissement de la croissance économique coïncide avec une offre pétrolière abondante, ce qui devrait entraîner une chute des prix mondiaux des matières premières à leur plus bas niveau des années 2020. Ce déclin pourrait atténuer les risques d’inflation à court terme liés à la hausse des barrières commerciales, mais il pourrait également entraver les perspectives de progrès économique dans deux économies en développement sur trois.

Les prix mondiaux des matières premières devraient chuter de 12 % en 2025, puis de 5 % supplémentaires en 2026, pour atteindre des niveaux jamais observés depuis 2020. En termes nominaux, les prix resteraient supérieurs à ce qu’ils étaient avant le début de la pandémie. Corrigés de l’inflation, ils devraient toutefois tomber pour la première fois sous la moyenne de 2015 à 2019. Cela marquerait la fin d’un boom alimenté par le rebond de l’économie mondiale après la pandémie de COVID-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. L’affaiblissement des perspectives de croissance constitue le dernier choc en date à frapper l’économie mondiale dans une décennie qui s’avère extraordinairement tumultueuse pour les marchés des matières premières. La volatilité des prix des matières premières a été plus élevée que lors de toute décennie précédente depuis au moins les années 1970. Il reste à voir si cela marque le début d’une ère plus turbulente pour les marchés des matières premières, selon la Banque Mondiale. Mais la conjonction des tensions commerciales, des conflits, des risques géopolitiques et des fréquents chocs climatiques rend cette éventualité plus probable.

« La hausse des prix des matières premières a été une aubaine pour de nombreuses économies en développement, dont les deux tiers sont exportateurs de matières premières », a déclaré Indermit Gill, économiste en chef et vice-président principal pour l’économie du développement du Groupe de la Banque mondiale.

« Mais nous assistons actuellement à la plus forte volatilité des prix depuis plus de 50 ans. La combinaison d’une forte volatilité et de prix bas est source de difficultés. Les économies en développement devront prendre trois mesures pour se protéger : premièrement, rétablir la discipline budgétaire ; deuxièmement, créer un environnement plus propice aux affaires pour attirer les capitaux privés ; troisièmement, libéraliser les échanges partout où l’opportunité se présente. »

Les prix mondiaux des matières premières sont en baisse depuis 2023, contribuant à contenir l’inflation globale à l’échelle mondiale. Par exemple, la flambée des prix de l’énergie a ajouté plus de 2 points de pourcentage à l’inflation mondiale en 2022. En 2023 et 2024, cependant, la baisse des prix de l’énergie a contribué à réduire l’inflation. Cette tendance à la baisse des prix de l’énergie devrait s’intensifier cette année, atténuant potentiellement certains des effets sur les prix de la hausse des droits de douane dans les grandes économies. Les prix de l’énergie devraient baisser de 17 % cette année pour atteindre leur plus bas niveau en cinq ans, avant de chuter de 6 % supplémentaires en 2026. Les prix du pétrole brut Brent devraient s’établir en moyenne à seulement 64 dollars le baril en 2025, soit une baisse de 17 dollars par rapport à 2024, et à seulement 60 dollars en 2026. Les prix du charbon devraient chuter de 27 % cette année et de 5 % supplémentaires en 2026, à mesure que la croissance de la consommation de charbon pour la production d’électricité dans les économies en développement ralentit. Ces perspectives reflètent les prévisions d’une croissance économique plus faible ainsi qu’un ralentissement à long terme de la demande mondiale de pétrole. En 2025, l’offre mondiale de pétrole devrait dépasser la demande de 0,7 million de barils par jour. L’adoption rapide des véhicules électriques a également freiné la demande : en Chine, premier marché automobile mondial, plus de 40 % des voitures neuves achetées l’année dernière étaient des véhicules à batterie ou hybrides. C’est près de trois fois la part de 2021.

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Les prix des denrées alimentaires devraient également reculer, de 7 % en 2025 et de 1 % supplémentaire en 2026. Malgré cela, les Nations Unies estiment que l’insécurité alimentaire aiguë dans certaines des régions les plus touchées du monde s’intensifiera cette année, touchant 170 millions de personnes dans 22 économies extrêmement vulnérables. La baisse des prix des denrées alimentaires devrait soutenir les efforts humanitaires, notamment dans un contexte de réduction des financements humanitaires. Mais elle ne s’attaquera pas aux causes profondes de la faim aiguë, qui trouvent en grande partie leur origine dans les conflits.

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Le prix moyen de l’or, un choix populaire pour les investisseurs en quête de « refuge », devrait atteindre un nouveau record cette année avant de se stabiliser en 2026. L’or occupe une place particulière parmi les actifs, son prix augmentant souvent en période d’incertitude géopolitique et politique, notamment en cas de conflit. Au cours des deux prochaines années, le prix de l’or devrait rester supérieur d’environ 150 % à la moyenne des cinq années précédant la pandémie de COVID-19. En revanche, le prix des métaux industriels devrait chuter en 2025-26, la demande s’affaiblissant dans un contexte de tensions commerciales croissantes et de faible activité persistante dans le secteur immobilier chinois. Une section spéciale du rapport révèle que les cycles d’expansion et de récession des prix des matières premières sont devenus particulièrement intenses dans les années 2020. Ces cycles prononcés peuvent nuire à la discipline budgétaire et à la croissance économique à long terme de ces économies. Depuis 1970, la durée moyenne de ces cycles a été d’environ quatre ans, les récessions durant un peu plus longtemps que les expansions, selon l’analyse. Entre 2020 et 2024, la durée a toutefois été réduite de moitié.

Mali : les sous-traitants victimes collatérales du litige avec Barrick Gold

Photo : Mine d'or au Mali (Crédit : DR)

Au Mali les sous-traitants de Barrick Gold au Mali licencient du personnel en raison du conflit qui l’oppose à l’Etat. Des centaines d’emplois liés à l’industrie minière sont ainsi menacés.

L’incertitude continue d’entourer les activités de Barrick à Loulo-Gounkoto au Mali. Un climat d’incertitude qui plombe l’activités des sous-traitant de ce secteur minier. Selon des informations diffusées par Reuters, au moins quatre sous-traitants employant plusieurs centaines de personnes au sein du complexe minier de Barrick Gold au Mali licencient à la suite d’un conflit qui oppose depuis deux ans le mineur canadien à l’État.

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Certains sous-traitants ont déclaré n’avoir reçu aucun paiement de Barrick depuis des mois. Ces licenciements indiquent que le conflit entre le deuxième producteur d’or mondial et le Mali reste toujours sans solution. Les activités du complexe Loulo-Gounkoto de Barrick, une source majeure de production d’or pour l’entreprise canadienne et la plus grande exploitation minière du Mali, sont suspendues. Et ce, depuis que le gouvernement lui a saisi environ 3 tonnes de stock d’or du minier, l’accusant de faillir à ses obligations fiscales. Le gouvernement malien, arrivé au pouvoir après les coups d’État de 2020 et 2021 et ayant introduit un nouveau code minier en 2023, bloquait les exportations d’or de l’entreprise depuis début novembre. La filiale locale de Boart Longyear, BLY Mali, a annoncé dans une lettre datée de vendredi la liquidation de l’entreprise suite à la suspension de son contrat avec Barrick le 25 janvier, qui, selon elle, « a placé BLY dans une situation irrémédiablement compromise ».

Chronique- D’abord semer les graines de la vente

La vente d’une production de qualité n’est pas une simple étape consécutive à la production, mais bien le pilier fondamental sur lequel repose toute initiative agricole réussie. Une analyse rigoureuse des marchés potentiels, la compréhension des exigences des acheteurs et la mise en place de stratégies de commercialisation efficaces doivent précéder tout investissement dans la production.

En amont de tout projet agricole, il y a les débouchés à déterminer ! Cette approche proactive permet de minimiser les risques, d’optimiser la rentabilité et d’assurer la viabilité à long terme de l’entreprise agricole. En d’autres termes, pour cultiver le succès, il faut d’abord semer les graines de la vente. Un schéma similaire m’amène à soutenir que LA VENTE DOIT PRÉCÉDER LA PRODUCTION.

Trop souvent, l’enthousiasme initial d’un projet agricole se concentre sur la production elle-même. Face à une demande importante et mal satisfaite, le souci d’autosuffisance alimentaire doublée d’une substitution des importations par une production locale, nous poussent à mettre le paquet sur la sélection des semences, les techniques de culture, l’optimisation des rendements… Pourtant, négliger la question fondamentale de la commercialisation de cette future production revient à construire une maison sans porte de sortie.

Analyse approfondie des débouchés commerciaux potentiels

Avant d’investir temps, énergie et ressources financières dans la terre, une analyse approfondie des débouchés commerciaux potentiels s’avère non seulement judicieuse, mais absolument essentielle pour la pérennité de toute initiative agricole.

A mon avis, le premier poste sur lequel insister doit être l’identification des Besoins du Marché. Comprendre les demandes spécifiques des consommateurs, des grossistes, des transformateurs ou des marchés locaux est en effet la première étape. Quels types de produits sont recherchés ? Quelles sont les exigences, Un certain nombre de questions doit être posée, en termes de qualité, de quantité, de conditionnement et de calendrier de livraison ? Cette connaissance précise permet d’orienter les choix de production vers des cultures ou des élevages réellement demandés, évitant ainsi le risque de se retrouver avec des invendus.

L’étape suivante doit être centrée sur l’étude du marché. Elle permettra d’évaluer les prix pratiqués et d’estimer le potentiel de revenus. Sans cette information, il est impossible de déterminer si l’entreprise agricole sera viable financièrement. Connaître les prix potentiels aide à établir un budget réaliste, à anticiper les coûts de production et à s’assurer d’une marge bénéficiaire suffisante pour assurer la pérennité de l’exploitation.

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Tertio, il s’agira d’identifier et sécuriser les canaux de distribution. Avant la récolte, cette étape  reste cruciale. Cela peut impliquer la négociation de contrats avec des acheteurs, la mise en place d’un système de vente directe, l’adhésion à des coopératives ou l’exploration de marchés en ligne. Un réseau de distribution fiable et efficace garantit que la production pourra être écoulée dans des délais raisonnables et à des conditions avantageuses.

Adaptation de la Production aux Exigences de Qualité

Les attentes en matière de qualité varient considérablement, selon les marchés. En dépit des efforts et engagements de nos pays, en termes de Contribution Déterminée au Niveau National (CDN), visant une réduction des émissions de GES (Gaz à effets de serre), les manques à gagner sur certaines zones d’exportation peuvent être importants. Les critères d’entrée dans ces marchés comprennent des exigences en amont, telles que calibre, aspect, absence de défauts, certifications, etc. L’agriculteur peut adapter ses pratiques de production pour y répondre. Investir dans la qualité, dès le départ, augmente considérablement les chances de trouver des acheteurs et d’obtenir de meilleurs prix.

D’un commun accord avec le secteur privé, l’Etat peut harmoniser la mise en œuvre de plans de décarbonation, notamment pour répondre au Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) de l’UE, qui impose une taxe carbone sur les importations.

Une autre étape non moins importante consiste en la minimisation des risques et des pertes. Produire sans avoir de débouchés clairs expose l’exploitant agricole à des risques importants.  Des invendus, la détérioration des produits et récoltes, des fluctuations de prix défavorables … peuvent être le lot d’un planning bâclé. Une stratégie de vente bien définie permet d’anticiper ces problèmes et de mettre en place des solutions pour les atténuer, réduisant ainsi les pertes financières.

Conséquences d’une négligence de la vente

Ne pas tenir compte de la finalité de toute production, à savoir la vente peut aboutir à une accumulation de stocks et aboutir à du gaspillage.Une production abondante sans marché pour l’absorber conduit inévitablement à des pertes importantes, singulièrement si une industrie de transformation, un stockage adéquat respectant la chaîne du froid, des marchés de gros, une bourse de produits agricoles, des halles modernes… font défaut.

L’incapacité à vendre la production se traduit par un manque de revenus, rendant difficile le remboursement des investissements et la pérennisation de l’activité. La résultante serait des difficultés financières et un surendettement, surtout en cas d’absences d’assurance agricole.

De mon point de vue, l’effet le plus déplorable serait le découragement et l’abandon. Il paraît évident que face aux pertes et à l’incertitude, l’agriculteur peut se décourager et être contraint d’abandonner son projet.

Sénégal : poursuites judiciaires pour malversations dans le fonds Covid-19

ls sont une trentaine à être convoqués par la justice la semaine dernière, pour aider à démêler le scandale politico-judiciaire de la gestion jugée frauduleuse du fonds Covid-19 au Sénégal.

Au Sénégal, les nouvelles autorités qui ont fait de la transparence une promesse électorale, procèdent aux premières poursuites judiciaires pour malversations dans le cadre de la gestion du fonds Covid-19.  Hauts fonctionnaires, artistes, animateurs et anciens ministres sont en lice.

Ils sont une trentaine à être convoqués par la justice la semaine dernière, pour aider à démêler le scandale politico-judiciaire de la gestion jugée frauduleuse du fonds Covid-19 au Sénégal. Cinq anciens ministres du gouvernement de l’ex-président Macky Sall sont désormais dans le viseur de la justice. Ces derniers sont parmi une liste de trente personnalités du show-business, du sport, de la politique. Des centaines de millions de Fcfa soit plusieurs dizaines de milliers d’euros ont été remis à des animateurs, artistes, sportifs ou communicateurs traditionnels, considérés comme des relais communautaires pour redistribuer et faire passer le message, de la prévention et des mesures d’hygiène à adoptées, auprès des couches populaires où ils ont une forte audience.

Un dossier lancé sous Macky Sall

Baptisé « Force Covid-19″, ce fonds, financé par l’Etat sénégalais et des bailleurs pour un montant de 1.000 milliards FCFA (1,5 milliard d’euros) sous l’ancien président Macky Sall, était notamment destiné à renforcer le système sanitaire, à soutenir les ménages, le secteur privé et à maintenir les emplois. Dans un rapport d’audit publié en décembre 2022, la Cour des comptes a relevé plusieurs irrégularités dans la gestion de ce fonds. Il s’agit notamment des surfacturations à hauteur de 2,7 milliards de francs CFA (4,1 millions d’euros) dans l’achat de riz destiné aux ménages défavorisés et d’un montant de 42 millions de francs CFA (environ 60.000 euros) pour l’acquisition de gel hydro-alcoolique. Ils sont poursuivis pour « détournement de deniers publics, escroquerie, concussion et corruption », déclaré le procureur à la presse. En riposte, les partisans de l’ancien régime dénoncent une chasse aux sorcières initiée par le régime populiste du PASTEF à cours d’idées et de compétences, face aux Sénégalais de plus en plus impatients de voir les nombreuses promesses électorales se réaliser.

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Le Qualipôle, élément essentiel des pôles territoires

Les Qualipôles, en tant que composantes clés des agropoles, halieupôles et plateformes industrielles intégrées (P2I), créent un écosystème favorisant la qualité, l’innovation, la durabilité et la compétitivité. Ils réduisent les coûts, attirent les investissements, créent des emplois et soutiennent les transitions écologiques et économiques. Leur impact, dans la configuration et la structuration des filières stratégiques, est sans conteste.

La transformation des ressources et l’implantation d’industries dans des branches à forte valeur ajoutée sont facilitées dans les ZES (Zones économiques spéciales), plateformes industrielles intégrées (P2I) ou pôles territoires, par des Qualipôles en leur sein.

Intégrés dans ces zones industrielles, ils offrent des avantages significatifs, notamment dans les secteurs agroalimentaire, halieutique et industriel.

Pour rappel, les agropoles, axés sur la transformation agroalimentaire et l’agroécologie, valorisent les produits de terroir et renforcent la résilience agricole, tandis que les halieupôles optimisent la transformation des produits de la mer, garantissant traçabilité et qualité pour l’export, avec des laboratoires dédiés. Quant aux P2I, elles offrent une connectivité (autoroutes, ports) et des infrastructures (électricité, télécommunications) pour des industries variées.

De mon point de vue, ces structures, conçues pour optimiser la qualité, la compétitivité et la durabilité des activités, restent essentielles pour se distinguer. Il s’agit d’espaces selects qui comprennent des laboratoires de contrôle et d’homologation, d’études voire d’essais, mais aussi une salle de conférence, des salles de réunions, des espaces de coworking et d’incubations

Pour les mettre en place, outre l’aménageur-développeur (émanation de l’Etat central) qui met en place ces ZES, capitales pour asseoir un développement inclusif et harmonieux, les initiateurs de ces Qualipôles viennent des associations d’industriels, du monde universitaire et dans une moindre mesure de partenaires.

C’est tout bénefs

Les innombrables avantages des Qualipôles vont de la garantie de la qualité et conformité des produits à l’intégration et synergie dans les pôles, en passant par le soutien à l’innovation et au développement, à l’optimisation de la compétitivité des entreprises, à l’attractivité pour les investisseurs, à la création d’emplois et la formation.

En termes de garantie de la qualité et conformité des produits, grâce aux laboratoires spécialisés (analyses microbiologiques, chimiques…) qu’abritent les Qualipôles, il est aisé de contrôler la qualité et la sécurité des produits. Cela assure la conformité aux normes nationales et internationales. L’exemple de l’harmonisation du câble à charger de type C3 se passe de tout commentaire.

Ils facilitent aussi l’obtention de certifications et labels (ISO, HACCP, FSSC, B Corp, RSE, PPWR, CEE…) pour accéder à des marchés exigeants, renforçant la crédibilité des entreprises.

Relativement au soutien à l’innovation et au développement, ces Qualipôles, qui intègrent des plateformes technologiques pour développer des procédés innovants, comme l’agriculture circulaire à Meknès, favorisant une agriculture éco-efficiente, donnent un coup de fouet à la R&D (Recherche et Développement). Des espaces d’incubation de startups permettent un accompagnement aux porteurs de projets et startups. Le centre d’innovation AGRINOVA au Qualipôle de l’Agropole de Meknès, qui fournit des financements et des formations, est un exemple à dupliquer. Par la collaboration avec des centres de recherche et universités pour moderniser les pratiques (agroécologie, transformation agroalimentaire), ils facilitent le transfert technologique.

Dans un monde marqué par une concurrence de plus en plus acerbe, de tels endroits, situés au cœur des pôles territoires, favorisent l’optimisation de la compétitivité des entreprises. Par le fait que ces Qualipôles centralisent des services (laboratoires, formations, guichets uniques) réduisant les coûts pour les PME et grandes entreprises, ils mutualisent les ressources. Aussi, ils soutiennent l’exportation via des plateformes, donc favorisent des débouchés et l’accès aux marchés.

Les infrastructures modernes et les services, qui se retrouvent au niveau des ZES, à savoir les banques, la douane, les ports secs, les parcs de TIR, Appart’hôtels… attirent les industriels, comme dans les ZES au Sénégal.

Concernant la durabilité et la responsabilité environnementale, les Qualipôles promeuvent des modèles comme l’agriculture circulaire, réduisant l’impact environnemental tout en améliorant la performance économique et sociale et donc des pratiques éco-efficientes. Dans le même élan, la gestion des ressources n’y est pas un vain mot. En effet, ils intègrent des solutions pour la gestion des eaux pluviales ou des déchets, comme les infrastructures naturelles dans les zones industrielles durables.

Quant à la création d’emplois et la formation, les Qualipôles, qui offrent des programmes de formation continue et spécialisée, comme à Agri’Pôle Saint-Hilaire en Normandie pour l’agriculture et l’environnement, paraissent des pourvoyeurs patentés. Par ricochet, ils attirent une main-d’œuvre spécialisée (emplois qualifiés), renforçant l’économie locale, comme dans les zones industrielles de Saône-et-Loire en France. De surcroît, la collaboration entre acteurs (entreprises, universités, centres de recherche), crée une véritable synergie régionale et dynamise les filières régionales, comme en Estrie en France, avec les plantes industrielles.

L’autre atout important et non des moindres des Qualipôles est relatif à l’intégration et à la synergie dans les pôles qu’ils catalysent. Dans les agripoles et halieupoles, ils permettent d’intégrer toute la chaîne, de la production à la commercialisation. Votre serviteur a pu apprécier une chaîne de valeur complète dans l’agropole du Gharb avec des zones logistiques et commerciales, notamment dans la production de fruits rouges. Encore une fois, les services centralisés, avec des guichets uniques (douanes, communes…) et des infrastructures partagées (salles de conférence, restauration) simplifient les opérations. Véritables pôles de compétitivité, ils facilitent les partenariats public-privé, comme AGRINOVA à Meknès, pour des projets collaboratifs.

Tensions commerciales- Les banques du CCG peuvent faire face

Selon S&P Global Ratings, bien que les exportations directes des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) vers les États-Unis soient faibles, les effets indirects de l’intensification des tensions commerciales pourraient être importants. La volatilité des marchés et l’aversion au risque des investisseurs constituent les menaces les plus imminentes, mais les banques semblent capables de gérer la pression, assure l’agence de notation.

L’intensification des tensions commerciales mondiales pèse sur les conditions de crédit mondiales et menace un environnement jusqu’alors favorable à la plupart des emprunteurs. Si l’administration américaine met finalement en œuvre la suspension des droits de douane comme initialement annoncé, les répercussions économiques seraient considérables.

Par ailleurs, une baisse significative des prix du pétrole pourrait peser sur les dépenses publiques et le climat économique, et entraîner une augmentation des prêts non productifs, même si cela risque d’affecter la rentabilité des banques plutôt que leur solvabilité. C’est ce qui ressort d’une récent rapport de S&P Global Ratings.

Quoi qu’il en soit, la suspension annoncée des droits de douane pour tous les pays, à l’exception de la Chine, est d’une durée de 90 jours, et l’incertitude ambiante risque de miner davantage la confiance des entreprises et des consommateurs, accentuant les inquiétudes concernant l’investissement des entreprises, l’emploi, la consommation et l’activité économique globale.

Dans ce contexte, S&P a examiné les canaux de transmission possibles pour les banques du CCG. Sur la base de scénarios de stress hypothétiques, les banques semblent capables de gérer les conséquences potentielles grâce à leur liquidité, leur rentabilité et leur capitalisation, à en croire cette agence de notation.

Volatilité des marchés et aversion au risque des investisseurs, les menaces les plus imminentes

Les banques du CCG semblent bien placées pour résister à ces menaces, révèle le rapport de S&P. Leurs portefeuilles d’investissement représentent généralement 20 à 25 % de leur actif total. Les instruments à revenu fixe de haute qualité tendent à dominer, avec une contribution limitée des placements plus risqués. L’impact de la volatilité des marchés financiers restera gérable pour les banques, trouvent les analystes. De plus, les pertes sont peu probables, sauf si les banques doivent liquider certains investissements pour faire face aux sorties de capitaux, ce qui, selon nous, ne se produira pas.

Pour certaines banques actives dans le Conseil en dette ou sur les marchés financiers, la volatilité actuelle pourrait entraîner une baisse des revenus. Cependant, en moyenne, ces activités ne contribuent que modestement aux revenus des banques.

Possibilité de faire face à d’éventuelles sorties de capitaux

Compte tenu de la volatilité actuelle des marchés, les banques du CCG devraient connaître une baisse des entrées de capitaux, et certaines pourraient même subir des sorties. Pour quantifier le risque, nous avons réalisé des scénarios de stress hypothétiques supposant d’importantes sorties de financements externes, incluant, entre autres, 50 % des dépôts interbancaires et 30 % des dépôts des non-résidents. S&P a aussi supposé des décotes sur les actifs extérieurs.

D’après les calculs de l’agence, la plupart des systèmes bancaires du CCG semblent capables de gérer ces sorties hypothétiques. Les banques qataries sont plus vulnérables que les autres banques de la région en raison de leur endettement extérieur net important, mais le solide historique de soutien du gouvernement qatari aux banques et sa capacité à les aider, en période de crise atténuent les risques.

En Arabie saoudite, si la situation actuelle des banques semble confortable, si elles ne parviennent pas à continuer à faire appel aux marchés financiers, leur capacité à financer les projets Vision 2030 pourrait diminuer. Les banques des Émirats arabes unis ont la position d’actifs extérieurs nets la plus forte de la région et présentent donc la plus grande résilience à nos sorties de capitaux hypothétiques.

Certaines banques du CCG sont davantage dépendantes des marchés financiers ou des investissements en capital-investissement et peuvent donc être plus vulnérables. Les prêts sur marge constituent une autre source de risque liée à la baisse des valorisations. Les analystes comprennent que la contribution de ces prêts au portefeuille global de prêts des banques est limitée et que leur couverture par des garanties est généralement prudente.

Hypothèses des tests de résistance

Dans l’état actuel des choses, S&P prévoit que la Réserve fédérale américaine abaissera son taux directeur de seulement 25 points de base cette année et que les banques centrales des pays du CCG suivront. Cela soutiendra la rentabilité des banques du CCG. Cependant, une baisse plus marquée des taux directeurs pourrait entraîner une baisse des marges et un ralentissement potentiel de la croissance des prêts.

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L’intensification des tensions commerciales a entraîné une baisse significative des prix du pétrole. S&P a dû réviser son hypothèse de prix du pétrole à 65 dollars le baril pour le reste de l’année 2025. Ses analystes pensent que cela pèsera probablement sur les dépenses publiques et la croissance économique de la région. Une nouvelle baisse du prix du pétrole pourrait entraîner un ralentissement de la croissance économique, tant dans les secteurs pétroliers que non pétroliers, et une pression accrue sur les indicateurs de qualité des actifs des banques.

Les banques du CCG affichaient de solides indicateurs de qualité des actifs avant le début des turbulences, avec un ratio moyen de prêts non performants (PNP) de 2,9 % pour les 45 principales banques de la région fin 2024 (Plusieurs marges de manoeuvre). Les banques avaient également provisionné plus de 150 % de leur stock de PNP à la même date, ce qui leur permet d’absorber des chocs supplémentaires. Par ailleurs, la rentabilité des banques du CCG demeure relativement bonne, avec un rendement des actifs de 1,7 % fin 2024. Les banques continuent d’afficher une forte capitalisation, avec un ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 de 17,2 % à la même date, souligne-t-on dans ce rapport.

Pour évaluer la résilience des banques, les analystes ont testé deux scénarios de stress hypothétiques. Le premier scénario suppose une augmentation potentielle des créances douteuses de 30 % par rapport au chiffre, publié fin 2024, et fixe le ratio de créances douteuses à au moins 5 %, le plus élevé des deux étant retenu. Le second scénario suppose une augmentation de 50 % et fixe le ratio de créances douteuses à au moins 7 %. D’après leurs calculs, 16 des 45 plus grandes banques de la région devraient enregistrer des pertes cumulées de 5,3 milliards de dollars dans le premier scénario. Les pertes s’élèvent à 30,3 milliards de dollars dans le second scénario, affectant 26 des 45 plus grandes banques.

Dans les deux cas, l’impact cumulé est inférieur aux 60 milliards de dollars de bénéfice net générés par les 45 premières banques du CCG en 2024. Cela signifie que, même dans notre scénario le plus pessimiste, le choc prévu affectera la rentabilité des banques plutôt que leur solvabilité.

La réaction des régulateurs est également importante pour évaluer l’évolution de la situation. Pendant la pandémie de COVID-19, par exemple, les régulateurs ont mis en place des mesures de tolérance qui ont aidé les banques à gérer l’incertitude. S&P s’attend à ce qu’ils prennent des mesures similaires si l’impact des tensions commerciales mondiales sur les économies du CCG dépasse les prévisions actuelles.

Assurance- Rapprochement ACAPS (Maroc) – NAIC (USA)

L’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) du Maroc accueille, du 14 au 17 avril 2025, une délégation de haut niveau de la National Association of Insurance Commissioners (NAIC). Cette mission s’inscrit dans la continuité du partenariat stratégique engagé entre les deux institutions, en matière de supervision du secteur des assurances.

La rencontre entre les délégations de l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) du Maroc et de la National Association of Insurance Commissioners (NAIC), qui se déroule actuellement au Maroc, sera rythmée par plusieurs temps forts : réunions de travail, échanges d’expertises et identification de nouvelles pistes de collaboration.

Au programme également, des rencontres avec plusieurs acteurs majeurs du paysage financier national, illustrant la volonté partagée d’enrichir la coopération autour de sujets tels que la régulation des marchés et la protection des assurés.

Cette visite marque une nouvelle étape dans la dynamique de coopération entre les deux institutions. Elle consolide un dialogue bilatéral initié de longue date, notamment à travers la signature d’un protocole d’accord entre l’ACAPS et la NAIC, en janvier 2019 à Key Largo, portant sur la coopération technique et l’échange d’expertises.

À travers cette initiative, les deux institutions réaffirment leur engagement commun à promouvoir une supervision moderne, inclusive et résiliente, au service d’un secteur des assurances en constante évolution.

Leadership- La Moudawana, pour plus de collaborations dans les décisions familiales

Interview de Mme Saaida Lahlou, Présidente Directrice Générale de la Société COPAMASUD

Le code de la famille marocaine, Moudawana, a introduit des réformes importantes pour une responsabilité conjointe des époux dans la gestion de la famille. Il est quasiment acquis que la garde d’enfants, en cas de divorce, revient généralement à la mère, tant qu’elle remplit les conditions de capacité et de moralité. Les nouvelles mesures font la promotion de l’égalité des droits, encouragent les femmes à s’engager dans des activités économiques, renforçant ainsi leur autonomie financière… Ces avancées notables et bien d’autres ressortent de cet entretien avec Mme Saaida Lahlou, PDG Copamasud, sans pour autant occulter certaines résistances dans les zones rurales où demeurent des stéréotypes de genre et des pressions familiales.

Quels sont les principaux changements apportés par la réforme de la Moudawana, en matière d’égalité entre les époux et d’avancées, concernant la responsabilité conjointe de la famille, l’âge légal du mariage, la polygamie, le divorce, etc. ?

La réforme de la Moudawana en 2004 a marqué un tournant décisif dans la législation marocaine, en établissant une plus grande égalité entre les époux. Cette réforme a été rendue possible grâce à l’implication directe et déterminante de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. En sa qualité de Commandeur des croyants, le Roi a su allier les principes de l’islam aux exigences de la justice sociale et de l’égalité, en plaçant la dignité de la femme et l’équilibre familial au cœur de cette réforme. Parmi les principaux changements, on note l’instauration de la responsabilité conjointe des époux vis-à-vis de la famille, ce qui implique que les deux partenaires doivent collaborer dans les décisions financières et éducatives. L’âge légal du mariage a été fixé à 18 ans pour les deux sexes, et la polygamie a été strictement encadrée, nécessitant l’accord explicite de la première épouse, avec l’obligation de justifier la capacité à subvenir aux besoins de plusieurs familles. En ce qui concerne le divorce, la Moudawana a également facilité la procédure pour les femmes, leur permettant d’en demander l’initiative, dans certains cas.

Comment la Moudawana encadre-t-elle les droits des femmes en matière de garde d’enfants et de pension alimentaire en cas de divorce ?

La Moudawana établit que la garde d’enfants, en cas de divorce, revient généralement à la mère, tant qu’elle remplit les conditions de capacité et de moralité. De plus, la loi stipule que le père est tenu de verser une pension alimentaire pour le bien-être des enfants, ce qui renforce la protection des droits des femmes et des enfants, après une séparation.

Quelles sont les dispositions de la Moudawana, relatives aux droits patrimoniaux des femmes au sein du couple, notamment sur l’aspect financier de l’égalité, concernant la gestion des biens acquis pendant le mariage ?

La Moudawana protège les droits patrimoniaux des femmes, par la reconnaissance de leur capacité à détenir et gérer des biens. Les dispositions relatives à la gestion des biens acquis durant le mariage stipulent que les époux peuvent choisir un régime de communauté qui leur permet de partager les biens de manière équitable. Cela garantit que les contributions des femmes au sein du foyer sont valorisées et qu’elles ont une part égale dans les biens accumulés.

La Moudawana a-t-elle un impact sur l’accès des femmes à l’emploi et à l’entrepreneuriat ? Ou en d’autres termes, comment évaluez-vous le code de la famille au Maroc, relativement à l’autonomie économique des femmes ?

La Moudawana a eu un impact significatif sur l’accès des femmes à l’emploi et à l’entrepreneuriat. En promouvant l’égalité des droits, elle encourage les femmes à s’engager dans des activités économiques, renforçant ainsi leur autonomie financière. Cependant, il reste nécessaire de lier ces avancées législatives à des initiatives concrètes sur le terrain, telles que l’accès à la formation, au financement et à un environnement de travail propice.

Quels sont les défis persistants dans l’application de la Moudawana, en matière d’égalité des sexes, en particulier dans les zones rurales ?

Dans les zones rurales, les défis demeurent importants : la méconnaissance des droits, la résistance culturelle et les normes sociales conservatrices freinent souvent l’application de la Moudawana. Cela conduit à des lacunes dans l’accès à la justice et à des inégalités persistantes en matière de droits entre les sexes.

Croyez-vous que des écarts entre la loi et la réalité, ainsi que des obstacles culturels et sociaux existent encore ? Si oui à quels niveaux et comment y remédier ?

Des écarts considérables subsistent entre la loi et la réalité. Les obstacles culturels et sociaux, tels que les stéréotypes de genre et les pressions familiales, entravent souvent l’émancipation des femmes. Pour remédier à cette situation, il est essentiel de mener des campagnes de sensibilisation, de renforcer l’éducation des filles et de faire évoluer les mentalités à travers des programmes communautaires.

A votre avis, comment la Moudawana concilie-t-elle les principes de l’islam avec les normes internationales, en matière de droits des femmes ?

La Moudawana tente de concilier les principes de l’islam avec les normes internationales, en matière de droits des femmes, grâce à une interprétation progressive de la loi islamique qui met l’accent sur l’équité et la justice. En intégrant certains principes issus des conventions internationales, la Moudawana cherche à promouvoir une vision moderne des droits des femmes, tout en respectant les valeurs culturelles et religieuses de la société marocaine.

Propos recueillis par Daouda MBaye

Bio-Express :

Mme Saaida Lahlou est une Entrepreneure marocaine chevronnée, fondatrice/PDG de COPAMASUD, avec plus de 40 ans d’expérience dans des secteurs variés. Elle est reconnue pour son leadership engagé et sa vision stratégique.

Présidente de Commission Coopération Afrique et Internationales à la CGEM Souss Massa, où elle a occupé le poste de Trésorière pendant deux mandats. L’année dernière, elle a été nommée Ambassadrice au Maroc du Forum International du Leadership et de l’Entrepreneuriat Féminin (FILEF) et du Salon International du Pétrole et du gaz. Très impliquée dans les causes sociales et dans la promotion du leadership féminin, elle est également membre du Réseau Entrelles Entrepreneures, où elle a été Trésorière.

Avec le Sénégal, pays ami et frère du Maroc, qu’elle considère comme son deuxième pays, Mme Lahlou entretient de solides liens familiaux et professionnels.

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