dimanche 6 juillet 2025
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RDC : les casques bleus de la MUNUSMO sous haute pression

ONU. MUNUSCO. Dr Sylvain Liechti.

Le gouvernement congolais a ouvert une enquête à la suite de la mort de deux Congolais et 15 blessés par des tirs de soldats de la MUNUSCO. La mission de maintien de la paix onusienne est soumise à de vives pressions de la part des populations des zones de conflits qui remettent en cause son efficacité.

Des soldats d’une brigade d’intervention des Nations Unies en République démocratique du Congo, de retour d’une permission, ont ouvert le feu sur un poste-frontière. Les tirs ont tué au moins deux personnes et en ont blessé 15 autres, ont annoncé ce dimanche 31 juillet le gouvernement congolais et la force de maintien de la paix de l’ONU. L’incident dans l’est agité du pays est le dernier en date impliquant la mission de maintien de la paix au Congo, connue sous le nom de MONUSCO – Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo. Laquelle a été confrontée pendant plusieurs jours à des protestations des populations de Goma. La représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies et cheffe de la Mission de paix de l’ONU en République démocratique du Congo, Bintou Keita, s’est dit profondément choquée et consternée par le grave incident survenu à Kasindi, à la frontière entre la RDC et l’Ouganda.

« Face à ce comportement inqualifiable et irresponsable, les auteurs de la fusillade ont été identifiés et mis aux arrêts en attendant les conclusions de l’enquête qui a d’ores et déjà commencé en collaboration avec les autorités congolaises », a informé la mission onusienne.

Les représentants de la MUNUSCO ont également déclaré que des contacts ont été établis avec le pays d’origine de ces militaires pour qu’une procédure judiciaire soit initiée urgemment avec la participation des victimes et des témoins, afin que des sanctions exemplaires soient prises dans les meilleurs délais. La MONUSCO a pris le relais d’une précédente opération de l’ONU en 2010. Elle comptait plus de 12000 soldats et 1 600 policiers déployés en novembre 2021, qui se retirent progressivement depuis des années. Le 25 juillet, au moins 19 personnes dont trois soldats de la paix de l’ONU ont été tuées au cours de trois jours de manifestations violentes dans l’est de la RDC contre la présence de la MUNUSCO. La mission est critiquée pour son incapacité à rétablir la paix dans cette région minière déchirée par les conflits où elle est présente depuis plus de 20 ans. Les manifestants se sont indignés du fait que la mission n’a pas réussi à protéger les civils contre la violence des milices armées qui sévissent dans la zone.

Kenya : Facebook menacé de suspension

Reuters.

L’organisme kenyan de surveillance de la cohésion ethnique donne sept jours à Facebook pour éradiquer les discours d’incitation à la haine sur sa plateforme, relative aux prochaines élections présidentielles.  Faute de quoi ses opérations seront suspendues dans ce pays qui a déjà connu de violents heurts interethniques.

Facebook a une semaine pour mettre de l’ordre dans le contenu de ses pages relatives aux élections présidentielles du 09 août prochain. Par cet ultimatum, le pays ordonne à la firme américaine du groupe Meta de lutter contre les discours de haine sous peine de suspension. La Commission nationale du Kenya pour la cohésion et l’intégration (NCIC) a fait état de l’usage sur Facebook d’un langage abusif et incendiaire sur certaines pages du réseau social. En cas de non respect des directives de la NCIC, la société sera interdite dans le pays le mois prochain.

« Nous avons essayé de diffuser des messages de paix sur Facebook, qui les a supprimés. Nous n’avons pas été en mesure de lutter contre les discours de haine sur la plate qui a censuré nos message de paix », a déclaré la NCIC par l’intermédiaire de son commissaire Danvas Makori.

Le Kenya organise des élections présidentielles prévues le 09 août prochain, créant de vives tensions entre partisans du pouvoir d’Uhuru Kenyatta et de l’opposition. Le pays d’Afrique de l’Est a connu dans le passé de violents heurts interethniques qui ont émaillé des élections.

Prévenir le scénario de 2007

Les violences post électorales de 2017 restent encore fraiches dans les mémoires au Kenya. A l’époque les élections présidentielles remportées par Mwai Kibaki avaient fait 1200 morts, mettant en cause Uhuru Kenyatta, accusé d’avoir co-orchestré les violences à caractère ethnique. Élu à la présidence du Kenya en mars 2013, Kenyatta  a du répondre des accusations de crime contre l’humanité devant la Cours pénale internationale (CPI). Le 05 décembre 2014, les procureurs de la CPI ont annoncé l’abandon des charges contre lui faute de preuves. Le spectre de violences interethniques plane toujours sur les prochaines élections. Ce qui pousse les autorités de Nairobi à rester vigilants quant aux contenus diffusés sur les réseaux sociaux dont Facebook, qui fait régulièrement sujet de discorde. La plateforme a fait l’objet de plusieurs allégations à travers le monde au cours des dernières années, notamment pour violation du droit à la vie privée dans de nombreux pays.

Tanzanie : La BAD finance l’accès au fonds des PME de femmes

Vue Dar Es Salam, capitale de la Tanzanie. (Dr)

La Tanzanie reçoit 110 millions de dollars de la Banque africaine de développement (BAD) et du Fonds africain de garantie à la CRDB Bank. Des montants destinés à améliorer l’accès au financement des PME détenues par des femmes.

La Banque africaine de développement a signé un accord financier de 60 millions de dollars comprenant une dette subordonnée de 50 millions de dollars pour soutenir les efforts d’expansion régionale de CRDB Bank et un prêt senior de 10 millions de dollars pour accélérer l’accès au financement des petites entreprises gérées et détenues par des femmes en Tanzanie. La facilité est associée à une assistance technique de 175 000 dollars sous forme de don émanant de l’initiative AFAWA (Affirmative Finance Action for Women in Africa) avec le soutien de l’Initiative de financement en faveur des femmes entrepreneures (WE-FI). Il s’agit de renforcer la capacité de la CRDB Bank à aider les entrepreneuses de Tanzanie à devenir plus rentables. Le Fonds africain de garantie a par ailleurs accordé une ligne de garantie de 50 millions de dollars à la CRDB Bank. Cette ligne comprend le volet garantie de croissance de l’AFAWA, qui vise à réduire les risques liés à l’investissement dans les entreprises dirigées par des femmes et à soutenir davantage leur croissance.

« Ce partenariat tripartite va changer la donne, en particulier pour combler le déficit de financement des entrepreneuses », a déclaré le directeur général du Fonds africain de garantie, Jules Ngankam.

Pour son homologue Nnenna Nwabufo, ce partenariat permettra aux PME d’Afrique de l’Est d’accéder aux financements, grâce à l’expansion de la CRDB Bank. Plus important encore, il vient appuyer les efforts de la Tanzanie pour combler le déficit d’accès au financement des femmes entrepreneures, qui est estimé à 1,6 milliard de dollars.
« La facilité de prêt subordonné améliorera la capitalisation globale de la CRDB Bank et soutiendra la croissance future et l’expansion régionale sans mettre en péril les ratios de capital », a déclaré Abdulmajid Nsekela, PDG et directeur général du Groupe CRDB Bank. La banque finalise actuellement son implantation en République démocratique du Congo, et envisage de s’étendre à d’autres pays d’Afrique centrale et orientale.



Tunisie : la victoire sans surprise de Kais Saied au référendum

Le Président Tunisien Saied Kais dans un bureau de vote lors du référendum du 23 juillet 2022. (Reuters)

Le président Tunisien a sans surprise remporté le référendum sur la nouvelle constitution, alors que l’opposition qui a majoritairement boycotté le scrutin continue de dénoncer un vote illégal.

Le référendum sur la nouvelle constitution voulu par Kais Saied passe, mais avec une faible participation de 25%. L’opposition dénonce un score illégal et non représentatif du choix des tunisiens. Le 30 juin le gouvernement tunisien a publié son projet de constitution « au journal officiel ». Le texte provoque l’ire de l’opposition qui pointe du doigt plusieurs dispositions jugées régressives. D’abord le président de la république qui s’est arrogé les pleins pouvoirs. L’article 87 stipule que « le président de la république exerce la fonction exécutive avec le concours d’un gouvernement dirigé par un premier ministre ». Il supprime le parlementarisme, renoue avec le pouvoir présidentiel fort, réduit le rôle des instances constitutionnelles.

Le texte supprime aussi la majorité et prive du droit de grève l’armée, la police, la douane ainsi que la justice. «Le droit de grève est garanti conformément aux dispositions de la loi. Ce droit ne s’applique pas à l’armée nationale. Le droit de grève n’inclut pas les juges, les forces de sécurité intérieure et les douanes», précise l’article 41 de la nouvelle constitution.

Autre point de crispation est la suppression de l’Islam comme région d’État dans l’ancienne version. La nouvelle constitution dans son article 5 précise que « « la Tunisie fait partie de la nation islamique, et l’État seul doit œuvrer pour atteindre les objectifs de l’islam pur ». Ce qui laisse présager pour les détracteurs de la nouvelle constitution un glissement vers l’application de la charia. De pleins pouvoirs que les partisans du chef de l’État justifient par la nécessité de disposer d’une marge de manœuvre nécessaire pour dérouler sa stratégie et sortir le pays de sa crise économique et sociale.

« Les répercussions de la guerre en Ukraine aggravent les déséquilibres déjà profonds dont souffre l’économie tunisienne et mettent la population à rude épreuve. La gravité de la situation économique accroît ainsi la nécessité de mettre en œuvre sans délai des réformes ambitieuses », a déclaré Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI) en juin. Depuis 2011, à la suite de la révolution tunisienne qui a abouti au départ de l’ancien président Benali, le pays s’est embourbé dans une crise économique et sociale.

Banque mondiale: 100 millions de dollars pour renforcer la santé publique en Afrique

Les prix mondiaux des matières premières devraient chuter de 12 % en 2025, puis de 5 % supplémentaires en 2026, pour atteindre des niveaux jamais observés depuis 2020.. (Crédit : DR).

La Banque mondiale appuie les efforts du centre africain de prévention des maladies (CDC). Le financement devrait contribuer à enrayer les faiblesses structurelles et endémiques du système sanitaire africain, mises à nu par la crise sanitaire de la  COVID-19.

Le Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) Afrique a reçu un appui de 100 millions de dollars de la Banque mondiale pour renforcer le secteur de la santé publique continentale. Le montant est destiné à améliorer la capacité technique de l’institution. Il s’agit d’améliorer son cadre institutionnel pour intensifier le soutien aux pays africains dans la préparation, la détection et la réponse aux épidémies et aux urgences de santé publique. Le continent africain fait face à plusieurs épidémies de maladies infectieuses en plus de la COVID-19 et il existe des risques croissants pour l’avenir, selon la Banque mondiale dans un communiqué du 23 juillet.

«Ce projet arrive à un moment critique alors que nous nous concentrons sur le renforcement de notre soutien aux États membres de l’UA sur le programme de sécurité sanitaire et sur la mise en place de notre institution autonome de l’UA », a déclaré le Dr Ahmed Ogwell Ouma, directeur par intérim du Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies.

Conformément à l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) : « L’Afrique que nous voulons », le programme appui les Centres africains de contrôle des maladies pour lutter contre les menaces actuelles et futures pour la santé publique. Plus tôt cette année, les États membres de l’UA ont accordé au CDC Afrique le statut d’organisme de santé autonome de l’Union africaine.

« Notre investissement dans le CDC Afrique souligne l’engagement à long terme de la Banque mondiale à soutenir les institutions régionales dirigées par l’Afrique et le programme de préparation de la santé publique de l’Afrique », a déclaré Boutheina Guermazi, directrice de la Banque mondiale pour l’intégration régionale pour l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et Afrique du Nord. Ce projet financé par l’Association internationale de développement (IDA) s’appuie sur le soutien existant de la Banque mondiale – le premier investissement dans le CDC Afrique a été approuvé en 2019 et renforce davantage la relation entre les institutions africaines sur le programme de préparation. Le partenariat est une opportunité pour la Banque mondiale de travailler avec Africa CDC sur l’élaboration du programme de préparation qui peut aider à stimuler le financement futur, la réflexion innovante pour réduire les maladies affectant les populations les plus vulnérables d’Afrique.

Centrafrique : la BEAC torpille la cryptomonnaie « Sango »

(Dr)

L’Union monétaire de l’Afrique centrale (BEAC) retarde le lancement de la cryptomonnaie centrafricaine Sango. La BEAC demande à Bangui de réviser sa copie avant de lancer sa monnaie qui devrait positionner la Centrafrique en capitale régionale de la cryptomonnaie.    

Réunie en session extraordinaire le 21 juillet, l’Union monétaire de l’Afrique centrale a déclaré que les règles de la cryptomonnaie centrafricaine comportent des normes compromettantes pour le cadre financier régional. Le lancement de la monnaie virtuelle prévu lundi prochain risque d’être reporté. La Centrafrique appartient à l’Union monétaire du franc CFA de la région dont les textes n’ont pas prévus de cryptomonnaie. Pour la BEAC, la loi centrafricaine a des dispositions incompatibles avec les accords et conventions régissant I‘Union monétaire de l’Afrique centrale et les statuts de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Les pays de la région ont néanmoins lancé un appel pour créer un cadre réglementaire adéquat à la mise en place des cryptomonnaies dans la région d’Afrique Centrale.

Sango ou la monnaie qui promet de révolutionner l’économie centrafricaine

C’est le 3 juillet dernier que la République centrafricaine a lancé officiellement le « projet sango ». Une cryptomonnaie voulue par le président Faustin Archange Touadéra qui en avril a fait du bitcoin une monnaie officielle de cet État de 4,8 millions d’habitants. Il vise à faire de son pays un hub régional du Bitcoin par le projet  « crypto island » à l’image du Salvador avec son « bitcoin city ». La Centrafrique veut ainsi créer une monnaie virtuelle centralisée dont le cours est fixé par rapport au franc CFA et la valeur garantie par les immenses ressources minières du pays. Mais le projet de Bangui doit vaincre les réticences de la BEAC qui interdit les transactions en monnaie cryptée dans la zone Cemac. Créée en 1972, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) est la banque centrale commune aux six Etats qui constituent la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). Il s’agit respectivement du Cameroun, de la République Centrafricaine, du Congo, du Gabon, de la Guinée Equatoriale et du Tchad. Son rôle est d’émettre la monnaie fiduciaire, de conduire la politique de change de la CEMAC, de détenir et de  gérer les réserves officielles de change des Etats-membres, mais aussi de promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de paiement et de règlement ainsi que la stabilité financière de la zone.

Ghana : comment Accra s’est finalement résigné à faire appel au FMI

Le président Ghanéen Nnana Akufo-Addo. (Dr)

Soumis à une forte pression financière, Accra s’est résigné à solliciter l’aide du FMI. La crise sanitaire du COVID-19 suivie de la guerre en Ukraine ont plombé l’économie ghanéenne caractérisée par une inflation record.  Un coup dur pour Nana Akufo-Addo qui avait promis de se passer des institutions de Bretton Woods.

Le Ghana connaît sa pire inflation en deux décennies, qui a atteint 28% en glissement annuel au cours du mois de mai 2022, selon les chiffres de l’agence nationale des statistiques. En conséquence, les manifestations contre la vie chère se sont multipliées dans la capitale Accra. Le parlement sans majorité s’est joint à la contestation populaire. L’hémicycle  a bloqué les réformes entreprises par le président Nana-Akufo Addo pour sortir de cette impasse, le poussant à faire à faire appel à l’aide financière du FMI. Début juillet, Kojo Oppong Nkrumah, ministre de l’Information du pays a annoncé que le président Ghanéen a autorisé son homologue des Finances Ken Ofori-Atta à entamer des engagements formels avec le FMI pour un prêt.

Une économie laminée par le COVID-19 et la crise Ukrainienne

 Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par le chef de division Carlo Sdralevich s’est rendue à Accra du 6 au 13 juillet 2022 pour évaluer la situation économique actuelle. Les experts du FMI se sont également penchés sur les grandes lignes du programme national renforcé du gouvernement qui pourrait être soutenu par un accord de prêt. Les analystes de l’institution de Bretton Wood ont estimé que le choc économique mondial causé par la guerre en Ukraine a frappé le Ghana à un moment où le pays se remettait encore du choc de la pandémie de Covid-19 et avec une marge de manœuvre limitée. Ces circonstances défavorables ont contribué au ralentissement de la croissance économique, à l’accumulation de factures impayées, à la forte dépréciation du taux de change et à l’inflation.

 « Le Ghana est confronté à une situation économique et sociale difficile dans un environnement mondial de plus en plus difficile. La situation budgétaire et de la dette s’est gravement détériorée à la suite de la pandémie de COVID-19. Dans le même temps, les inquiétudes des investisseurs ont entraîné des dégradations de la cote de crédit, des sorties de capitaux, la perte de l’accès aux marchés extérieurs et une augmentation des coûts d’emprunt intérieurs, a déclaré Sdralevich à la fin de sa mission au Ghana.

Les denrées de première nécessité ont connu une hausse de 30%  pour le pays ouest-africain qui importe 20% de ses besoins céréaliers de la Russie. Producteur de pétrole, le Ghana est un importateur de brut dont les prix ont  frôlé les 120 dollars le baril à la fin du premier trimestre 2022 plombant davantage le budget de l’Etat. L’effet est immédiat sur le coût du transport qui a connu une hausse de 39%.  Les prix du logement ont grimpé  de 32,3%. Ce tableau éloigne davantage le Ghana des objectifs fixé par Akufo-Addo à son accession au pouvoir en 2017. A travers son slogan, « Ghana Beyond Aid », le Ghana au-delà de l’aide, le président avait promis une émergence économique rapide. Cette conjoncture sombre ne doit pas occulter le potentiel ghanéen.  Deuxième producteur mondial de cacao et grand producteur de pétrole, le Ghana est l’une des rares démocraties africaines ayant connu plusieurs alternances politiques, soutenues par l’une des meilleures croissances économiques mondiales au cours de ces dernières décennies.

Maghreb – Moyen Orient : 1 milliard de dollars des USA pour lutter contre l’insécurité alimentaire

(Dr)

La flambée des prix des denrées alimentaires a rappelé la forte dépendance des pays d’Afrique du Nord des importations. Grand consommateurs de blés, leurs stocks se sont amenuisés depuis le début de la guerre Russie – Ukraine. Le financement américain est destiné à réduire cette vulnérabilité.

Le président Joe Biden a promis 1 milliard de dollars d’aide américaine pour la sécurité alimentaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord lors d’un sommet des dirigeants du Golfe en Arabie saoudite, le samedi 16 juillet. La rencontre a réuni les représentants des pays du Conseil de coopération du Golfe – Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Koweït, Bahreïn et le Sultanat d’Oman-  ainsi que l’Égypte, la Jordanie et l’Irak. L’Égypte est le seul pays d’Afrique du nord présent. Mais l’aide américaine est destinée à l’ensemble de la sous-région en proie à une insécurité alimentaire aggravée par le Covid-19 et la guerre Russie-Ukraine.

«Dans la région du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord, la situation de la sécurité alimentaire était déjà critique avant la pandémie, avec une aggravation de la faim et une accentuation des inégalités compromettant le bien-être des populations rurales, des femmes et des jeunes, ainsi qu’une augmentation des pénuries d’eau », a déclaré Qu Dongyu, Directeur général de la FAO lors de la 36eme session de la Conférence régionale de la FAO pour le Proche-Orient de février 2022.

Une vulnérabilité mise à nue par le conflit ukrainien

Une situation encore aggravé par la persistance de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Le Maghreb est un grand importateur de blé, aliment de base de ces pays fortement dépendants des exportations russes et ukrainiennes. L’Egypte est le premier importateur mondial de blé pour nourrir sa population de plus de 100 millions d’habitants. Le pays qui dépend à 80% de ses importations de blé de la Russie et de l’Ukraine disposait d’un stock pour moins de neuf mois en mars dernier. L’Algérie deuxième consommateur de blé en Afrique et cinquième importateur mondial de céréales, disposerait d’un stock de moins de six mois. Le Maroc par le biais de son porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a annoncé en mai dernier un stock de blé couvrant 4 mois. De faibles stocks sont également constatés en Tunisie en proie à une grave crise économique, mais aussi au Soudan sous le coup de sanctions économiques internationales et à la Mauritanie qui importe l’essentiel de ses besoins alimentaires.

G7 : un projet quinquennal pour contrer l’influence chinoise

Sommet G7 de 2022 en Allemagne

Les pays développés veulent agir simultanément pour mieux investir dans des projets d’infrastructure des pays en développement, l’Afrique en tête. Ils annoncent des financements colossaux avec une approche différente de celle de la Chine.

Les pays du G7 veulent investir massivement dans le développement des infrastructures des pays pauvres notamment en Afrique. L’initiative PGII (partenariat mondial pour les infrastructures et les investissements) a un double objectif. Elle vise aussi à contrer l’influence chinoise grandissante sur le continent à travers son projet Belt In Road(BRI) ou les nouvelles routes de la soie.  Dans le cadre de ce programme mis en place il y a près d’une décennie, plusieurs infrastructures ont été construites en Afrique. Le tout sur fond d’endettement massif auprès de la Chine.

Le partenariat proposé par le club des pays développés réunis en Allemagne à la fin du mois de juin prévoit de mobiliser 600 milliards de dollars de fonds publics et privés jusqu’en 2027. Lancé sous l’acronyme anglais PGII, comme partenariat mondial pour les infrastructures et les investissements, l’initiative va surtout financer des projets d’infrastructures en Afrique. Les secteurs prioritaires dans ces financements sont la santé et la sécurité sanitaire, la connectivité numérique, l’égalité des genres, mais aussi les domaines de l’énergie. Les Etats-Unis prévoient  une contribution de 200 milliards de dollars. Il y a un an, en juin 2021, le pays a annoncé un projet similaire, le Build Better World (B3W) pour 300 milliards de dollars. Dans la foulée, l’année dernière, le Royaume –uni a  lancé le Clean Green au cours de la Cop26 alors l’Union  Européenne a aussi son propre fonds d’investissement doté de 320 milliards de dollars.

« Ce n’est pas de l’aide ou de la charité. C’est un investissement qui rapportera à tout le monde », a déclaré Biden lors du sommet G7 tenu fin juin en Allemagne.

L’Afrique aura-t-il son mot ?

Le club des pays développés veut une approche différente de celle de la Chine. En une décennie, l’empire du milieu par le biais de son programme a investi dans des projets d’infrastructures au niveau de plus de 100 nations en développement. Le pays a essuyé de vifs critiques de la part des occidentaux, accusé d’avoir endetté ces Etats à des niveaux excessifs. En tête l’Angola et Djibouti dont la dette chinoise dépasse 40% de leur PIB, mais aussi le Congo, la Zambie, le Mozambique. Le président américain propose une approche différente.

« Lorsque les démocraties démontrent ce qu’ils peuvent  faire, tout ce qu’ils ont à offrir, je ne doute pas que nous gagnerons la compétition à chaque fois », a averti Joe Biden.

Toujours est-il qu’il n’appartient pas au pays développés de désigner le meilleur partenariat pour l’Afrique, d’autant plus que ces critiques cachent un conflit d’intérêt. Il est plutôt du ressort des dirigeants et des peuples africains de trier les offres et de n’accepter que les plus rentables pour le continent, sans opposer les investissements chinois à ceux des occidentaux.

Mali : De retour sur les marchés financiers

Assimi Goita. Président du Mali.

Libéré des sanctions économiques de la Cedeao, le Mali tente de reprendre pieds sur les marchés financiers. Le gouvernement de transition d’Assimi Goita doit redresser une économie en souffrance.

La Cedeao a levé les sanctions économiques qui pesaient sur le Mali. La décision prise le 03 juillet à Accra au Ghana met un terme au gel des avoirs de l’État malien, des entreprises publiques et parapubliques. Le pays peut désormais procéder à des transferts via des systèmes de paiement à travers la Banque Centrale. A cela s’ajoute la réouverture des frontières terrestres, maritimes et la validation par la Cedeao du nouveau calendrier proposé par la junte lui permettant de rester au pouvoir jusqu’en 2024. La levée de ces sanctions en vigueur depuis janvier 2022 permettra au Mali de se redéployer sur les marchés financiers.

Regagner la confiance des créanciers

Les sanctions imposées au Mali par la Cedeao l’ont exclu des plateformes financières internationales, rendant impossible le remboursement de ses créances. Dés janvier, le Mali a accumulé les défauts de paiement qui se sont élevés à environ 82 millions d’euros au cours du mois de février. Depuis les impayés se sont accumulés sur six mois pour atteindre 550 millions de dollars d’impayés pour la dette émise sur le marché régional. Les arriérés de dette du pays envers des instituions internationales se sont envolés à  80 millions de dollars sur la même période. Soit un total cumulé de 3% du PIB malien, détériorant la confiance des bailleurs.

Transition  au Mali : La CEDEAO exprime sa déception

 Aussitôt la levée des sanctions annoncée, le Mali a entamé des discussions pour le remboursement de ses créances. Le gouvernement de transition dirigé par le Colonel Assimi Goita a  retrouvé l’accès à ses comptes domiciliés auprès de la BCEAO et procédé le 4 juillet au remboursement d’une créance arrivée à échéance, selon une information de Reuters. Le pays peut désormais émettre de nouveaux titres de dette pour financer le fonctionnement de l’Etat. Au début de l’année 2021, les besoins de financement du Mali sur le marché régional ont été évalués à près de 363 millions de dollars.

Redresser une économie en panne

Selon une note de l’agence Moody’s, le Mali devrait s’attendre à une croissance de 1,5% en 2022 contre 5,5% auparavant. Par ailleurs, la pandémie du COVID-19 associée à un coup d’État en août 2020 a fait passer l’économie d’une forte croissance de 5,1 % du PIB réel en 2019 à une récession au cours de laquelle le PIB réel a diminué de 2 % en 2020. Ce qui correspond à une perte totale de croissance de 7,1 points de pourcentage, d’après l’analyse de la Banque Africaine de développement (BAD) dans ses perspectives du pays 2021. L’économie malienne a été par la suite malmenée par une série d’événements défavorables. L’escalade des sanctions économiques de la Cedeao, la persistance des attaques terroristes menées par les djihadistes, les conséquences de la pandémie du COVID-19 ont affaibli le pays. Non producteur de pétrole et de gaz, le Mali subit la hausse des prix du baril qui se négocie à plus de 110 dollars en juillet 2022 contre 74 dollars en septembre 2021. Ces facteurs combinés à une flambée des prix des denrées alimentaires dans le contexte de la guerre Russie- Ukraine ont contribué à creuser les déficits budgétaires.

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