dimanche 13 juillet 2025
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Chronique : David Malpasse en Afrique – quelle est l’efficacité du soutien limité de la Banque mondiale à l’Afrique subsaharienne ?

Le Président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, s’est rendu au Niger puis au Togo du 29 mars au 1er avril 2023. Au menu de cette visite, le renforcement de la sécurité et de la paix, de la croissance économique inclusive et durable, de la sécurité alimentaire, de l’accès à l’énergie et à l’éducation. (Crédit : Dr).

Dans le cadre de sa tournée d’adieu, David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale, vient d’effectuer une visite du 29 mars au 1er avril 2023 au Niger et au Togo. S’il a rencontré, au cours de ce déplacement, les chefs d’Etat et partenaires respectifs de ces deux pays, en prélude aux réunions du printemps des institutions de Bretton Woods, prévues du 10 au 16 avril 2023 à Washington, évoquant des appuis supplémentaires aux programmes de développement, la taille et le montage laisse toujours à désirer.

Celui, qui contrôle l’argent, dirige le monde, a-t-on coutume de dire. Jacques Bordiot l’a très bien décrit dans son ouvrage « Une main cachée dirige », paru aux Editions du Trident. Larry Flint, CEO de Blackrock, conglomérat valorisé à 10 000 milliards de dollars, derrière les Etats Unis d’Amérique et la Chine, ne nous contredira pas. A ce titre, l’Afrique au Sud du Sahara doit prendre son destin en main. Nous continuons de croire, justement, que point de supplétifs pour des secteurs prioritaires, tels que la sécurité alimentaire, l’éducation, l’accès à l’énergie, la croissance économique et durable, le développement numérique, à la paix ou encore la protection sociale. L’Afrique au Sud du Sahara a certes besoin de soutiens financiers supplémentaires pour assurer tous les programmes de développement.

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Après une première visite en février 2021, David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale (BM), au Togo pour discuter de la coopération entre l’institution de Bretton Woods et ce pays, saluant les progrès réalisés dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, soulignant l’importance de la poursuite des réformes économiques pour soutenir la croissance du pays, puis encourageant le gouvernement à poursuivre ses efforts pour améliorer l’accès à l’électricité, renforcer le secteur privé et favoriser les investissements dans les infrastructures, il y est retourné, du 31 mars au 1er avril 2023, en compagnie de M. Ousmane Diagana, Vice-président BM en Afrique de l’ouest et du centre, et Sergio Pimenta, Vice-président Société financière internationale (SFI). Avant d’atterrir à Lomé, le président du Groupe de la Banque mondiale et sa délégation ont rencontré à Niamey au Niger, les 29 et 30 avril 2023, le président Mohamed Bazoum et les acteurs et partenaires. Le discours, dans ces 2 pays et pour la sous-région du Sahel, était quasi-identique. Il portait sur l’appui à l’agriculture, une réponse urgente à la sécurité alimentaire, à la paix, à l’éducation, au renforcement à l’accès à l’énergie.

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Sur les 10 dernières années, les financements de la BM ont quadruplé. En Afrique de l’ouest et du centre, entre avril 2020 et fin juin 2022, ce sont 234 projets qui ont bénéficié de 28,5 milliards de dolllars de la BM. Sur la seule année 2022, la SFI a injecté 9,4 milliards de dollars dans le secteur privé de 36 pays de la sous-région. Qu’on ne s’y méprenne, face aux besoins colossaux, nous trouvons ces financements insuffisants…

Quel impact pour une aide aussi limite?

ll reste légitime de se demander, quel a été l’impact de ces soutiens financiers apportés au cours des dernières années ? Les contributions à la modernisation des secteurs agricole et énergétique des pays, pour stimuler la croissance économique et réduire la pauvreté, ont-elles été à la hauteur et efficientes ? Si nous prenons l’exemple du Togo qui se trouve dans le top 15 des producteurs mondiaux de phosphates, avec 1,3 million de tonnes en 2020, la BM a fourni un premier lot de 34 000 t d’engrais. Cette assistance s’inscrit dans le Programme régional de résilience des systèmes alimentaires (FRSP, suivant l’appellation en Anglais) et va profiter à 100 000 exploitants dont 25 000 femmes. Aucun détail n’est cependant donné sur l’origine de cet engrais. Le soutien serait plus efficient si ce don de la BM avait été produit par une entreprise togolaise, à partir de la transformation du phosphate togolais. Par conséquent, l’accent doit être mis sur l’industrialisation, entre autres secteurs prioritaires, pour asseoir une croissance économique et durable dans cette partie du continent.

UEMOA : De bonnes perspectives économiques pour la région en 2023

Pour la simple raison que l’activité économique de l’Union est restée dynamique au quatrième trimestre 2022, avec une progression de 5,4 % du produit intérieur brut, à la suite d’une hausse de 5,7 % au trimestre précédent’’, a expliqué Adama Coulibaly. (Crédit : Dr).

Les économies de la zone UEMOA se portent bien. C’est la conclusion de l’organisation lors du conseil de ministres du 31 mars à Dakar. L’année 2022 s’est achevée avec un optimisme augurant de belles perspectives pour celle en cours, pour les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), a déclaré Adama Coulibaly président du Conseil des ministres de ladite organisation, relayé par l’agence de presse Sénégalaise (APS).

De bonnes perspectives économiques sont attendues pour les pays de l’UEMOA en 2023. Pour la simple raison que l’activité économique de l’Union est restée dynamique au quatrième trimestre 2022, avec une progression de 5,4 % du produit intérieur brut, à la suite d’une hausse de 5,7 % au trimestre précédent’’, a expliqué Adama Coulibaly. Le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances présidait la cérémonie d’ouverture de la première réunion du Conseil des ministres de l’UEMOA pour cette année, au siège de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). L’inflation a amorcé une décélération au quatrième trimestre 2022 pour s’établir à 7,8 %, contre 8,4 % au trimestre précédent, a signalé Adama Coulibaly en présence des ministres de l’Economie, des Finances et du Budget des pays membres de l’UEMOA.

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‘’Cette décélération du niveau général des prix est imputable aux actions menées par les autorités nationales et monétaires, ainsi qu’à la baisse du rythme de progression des prix des produits alimentaires, dont la production est en hausse de 15,9 % en 2022, contre une baisse 13,7 % l’année précédente’’, a-t-il expliqué.

La gestion des finances publiques des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine en 2022 s’est soldée par ‘’un creusement du déficit budgétaire par rapport à l’année précédente’’, a remarqué Adama Coulibaly. Le déficit s’est creusé notamment en raison des mesures prises par les Etats membres pour préserver le pouvoir d’achat des ménages, selon le président du Conseil des ministres de l’UEMOA.

‘’Le déficit budgétaire s’est rétabli à 6,4 % du produit intérieur brut en fin décembre 2022, contre 5,4 % un an auparavant’’, a-t-il constaté. Le financement du déficit public a été assuré par une mobilisation de ressources sur le marché financier régional et, dans une moindre mesure, par des partenaires extérieurs, selon M. Coulibaly. Il a invité les ministres des Finances, de l’Economie et du Budget des pays membres de l’Union à faire attention à la ‘’détérioration marquée en 2022 des indicateurs caractéristiques de la stabilité extérieure’’ de l’UEMOA. Pour toute l’année 2022, le déficit courant s’est établi à 7,7 % du produit intérieur brut, après 5,6 % en 2021.

‘’Cette détérioration des comptes extérieurs survient dans un contexte de renchérissement des produits alimentaires et énergétiques sur les marchés mondiaux, conjugué à un repli des flux nets de capitaux au titre du compte financier’’, a dit Adama Coulibaly.

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Il a adressé des messages d’encouragement au Commissaire de l’UEMOA, au gouverneur de la BCEAO et au président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), qui assistent les Etats membres dans la ‘’consolidation’’ des économies de l’Union. Le Conseil des ministres va examiner à huis clos un rapport sur la situation économique et monétaire de l’Union. Deux projets de texte régissant la commission bancaire de l’UEMOA, la loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive seront examinés par les ministres. Les membres du Conseil vont nommer des représentants des Etats membres au sein du comité de stabilité financière dans l’UEMOA et approuver des comptes de la BCEAO pour l’exercice 2022. Ils vont examiner le rapport annuel 2022 de la BOAD, procéder à l’approbation des comptes annuels de l’exercice clos en 2022 et à la modification des statuts de l’organisation.

Avec APS

Chronique : les atouts du financement de la décarbonation en Afrique

La rencontre se tiendra dans la ville de Praia, au Cap-Vert, les 11 et 12 octobre prochain, sous le patronage du bureau du Premier ministre cap-verdien.

Antonio Guterres, SG de l’ONU, soutenait naguère : « Pour éviter une catastrophe climatique, les énergies renouvelables sont la seule voie crédible. » De plus en plus, des décideurs africains ont pris cette résolution qui tienne compte de l’environnement, en l’adaptant au cadre de vie. De telles politiques convoquent d’importants chantiers sur l’existant et une nouvelle démarche économique soutenue par les financements verts.

De nos jours, avec les effets néfastes dus aux changements climatiques, les catastrophes naturelles sont plus fréquentes. Pour atténuer les dégâts causés par ces phénomènes, il est urgent d’aller vers de nouveaux paradigmes. Les secteurs clés et filières économiques, les plus impactés, sont à inscrire dans une transition écologique, permettant d’accélérer la décarbonation. Toute une feuille de route est à mettre en place, à travers une stratégie à même d’introduire des technologies de rupture. L’hydrogène bas carbone, la biomasse, l’énergie solaire, la capture de carbone… peuvent bénéficier de financements inédits et d’aides directes à hauteur de milliards de dollars.
L’avenir est au zéro carbone.

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Dans les sous-régions africaines qui accusent de graves déficits industriels, il est possible de faire l’économie de cette transition. Il sera alors possible d’aller directement vers l’implantation de Zones industrielles bas carbone ou ZIBAC. Selon les Etats, l‘une des technologies énergétiques, à savoir la biomasse, à travers la gestion des déchets, ou le solaire, l’hydraulique ou encore l’éolien, pourra être plus stratégique que l’autre. Il s’agira d’adapter la R&D et l’innovation pour asseoir ces nouvelles alternatives. A l’image des soutiens et accompagnements par l’Etat et les partenaires financiers, respectivement dans l’atténuation puis l’abolition des gaz CFC à effet de serre, il sera possible de gagner plusieurs points de compétitivité. Le Plan onusien en 5 points ci-dessous, sert de canevas. Premièrement, il faut supprimer les obstacles à la propriété intellectuelle et traiter les principales technologies renouvelables, y compris le stockage de l’énergie, comme des biens publics mondiaux. Il faut diversifier et accroître l’accès aux chaînes d’approvisionnement pour les matières premières et les composants des technologies des énergies renouvelables, sans dégrader l’environnement. Cela peut aider à créer des millions d’emplois verts, en particulier pour les femmes et les jeunes dans les pays en développement.

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Aussi, les décideurs doivent réduire les formalités administratives, accélérer les approbations pour les projets durables dans le monde entier et moderniser les réseaux. Les subventions énergétiques doivent passer des combustibles fossiles à une énergie propre et abordable. Et il faut soutenir les groupes vulnérables touchés par cette transition. De même, les investissements publics et privés dans les énergies renouvelables devraient tripler pour atteindre au moins 4 000 milliards de de dollars annuels. l’urgence serait de mettre en place des entités accréditées au Fonds Vert pour le climat, afin de bénéficier de lignes directes complètes pour le financement dans des secteurs stratégiques selon les régions ou sous-régions africaines.

Mobilisation de fonds : Des financements concessionnels pour renforcer la résilience de l’Afrique face aux crises

D’après une récente étude combinée d’agences de notation et d’institutions de Bretton Woods, une trentaine de pays en développement, qui affichaient un ratio moyen de la dette, par rapport au PIB, proche de 75% à fin 2023. (Crédit : Dr).

Face aux multiples crises et chocs récurrents dont elles sont confrontées, les économies africaines ont urgemment besoin de  financements concessionnels pour renforcer leur résilience ont plaidé les experts à l’occasion de la journée de reflexion  sur la stimulation de l’accès au Fonds de résilience et de durabilité du Fonds monétaire international (FMI), organisé le 28 mars dernier à Addis-Abeba, par AfriCatalyst et la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Alors que les crises financière, sanitaires et climatiques menacent d’inverser deux décennies de progrès en matière de développement en Afrique, les experts ont appelé à des prêts concessionnels urgents afin d’aider le continent à renforcer sa résilience et à stimuler la croissance économique. Il s’agit notamment des instruments financiers mis en place par le FMI pour la durabilité et la résilience et dont seul le Rwanda est actuellement bénéficiaire.

Selon les experts, les multiples crises, y compris la crise alimentaire et celle de l’énergie issues de la guerre en Ukraine, les effets du changement climatique, les conflits et le resserrement des conditions financières mondiales, ont accru le déficit de financement du développement et la vulnérabilité de l’endettement de l’Afrique. Lors des échanges tenus au cours de la journée dont le thème a porté sur: « Stimuler l’accès au Fonds de résilience et de durabilité du Fonds monétaire international (FMI) », organisée par AfriCatalyst et la Commission économique pour l’Afrique (CEA), le Directeur de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance de la CEA, Adam Elhiraika, a déclaré qu’au cours des six dernières décennies, « chaque récession que le monde a connue a entraîné une augmentation de la dette publique mondiale ». Ainsi, de nombreux pays africains ont ainsi vu augmenter leur dette publique et une grande partie de celle-ci a été contractée entre 2020 et 2021 alors qu’ils cherchaient à contrecarrer les effets de la pandémie du Covid-19. En conséquence, a-t-il fait remarquer, « de nombreux pays ont été aux prises avec un endettement et des frais d’intérêts élevés, ce qui a entravé la réduction de la pauvreté et a fait obstacle à leurs reprises économiques ».

« Malgré les efforts nationaux et internationaux, un nombre croissant de pays africains continuent de ployer sous le poids de la dette et du service de leur dette ; certains sont déjà surendettés ou frôlent le surendettement. Cela entrave le renforcement de la résilience aux crises futures, un renforcement essentiel pour le développement durable. », a indiqué Adam Elhiraika, Directeur de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance de la CEA.

Faciliter l’accès aux instruments du FMI pour renforcer la durabilité et la résilience

Afin d’aider les Pays en développement et ceux à revenu intermédiaire de la tranche inférieure à renforcer leur résilience aux crises externes et à atteindre une croissance durable, le FMI a créé le Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RST). Le Fonds offre un instrument de financement innovant visant à aider les pays à relever les défis structurels à long terme, tel que l’adaptation et l’atténuation du changement climatique et les pandémies : la Facilité pour la résilience et la durabilité (RSF). Afin d’aider les pays africains à accéder à ces fonds,  AfriCatalyst, une Société de conseil en développement mondial basée en Afrique, a élaboré un guide pratique visant à informer les décideurs politiques et les parties prenantes nationales sur les principales caractéristiques, les critères d’éligibilité et les objectifs du RSF. Selon les initiateurs, le guide explore comment le FMI dans le cadre du RST pourrait soutenir la conception et la mise en œuvre de politiques macroéconomiques nationales pour intégrer les risques climatiques et pandémiques ainsi que le coût de leurs adaptations dans les cadres macro-fiscaux.

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Selon le Fondateur et PDG d’AfriCatalyst, Daouda Sembene, le RST présente des avantages potentiels pour les pays africains, touchés par un endettement élevé. AfriCatalyst, avec le soutien de la Fondation Bill & Melinda Gates, a renforcé la production de données probantes et le soutien consultatif technique aux décideurs africains afin de promouvoir l’accès des pays d’Afrique subsaharienne au financement du FMI dans le cadre du RST. M. Sembene a aussi relevé qu’il y a une forte demande de financement climatique, mais que les ressources disponibles sont limitées. En exemple le FMI cherche actuellement 40 milliards de dollars pour le RST là ou il n’a réussi à lever que 26 milliards de dollars. « Les pays africains ont besoin de ressources supplémentaires », a indiqué M. Sembene, qui a fait remarquer par la même occasion que le financement climatique cumulé de 52 pays africains dans le cadre des Contributions déterminées au niveau national est estimé à 2.300 milliards de dollars.

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Selon les explications  de Fenohasina Rakotondrazaka Maret, Conseillère principale à AfriCatalyst, l’accès à ce financement du RST sera accordé en fonction de la solidité des réformes des nations et de la viabilité de leurs dettes. « Les prêts concessionnels ont une échéance de 20 ans et un différé d’amortissement de dix ans et demi. Les emprunteurs paieront ainsi un taux d’intérêt qui représente une marge modeste par rapport au taux de DTS de trois mois, où les pays les plus pauvres bénéficieront des conditions de financement les plus favorables », a expliqué l’experte.

Le Rwanda, seul pays à bénéficier encore du RSF du FMI

Le Rwanda est actuellement le seul pays africain à avoir un programme soutenu par le RSF et approuvé par le FMI. Il a reçu un financement de 319 millions de dollars américains pour ses programmes de lutte contre le changement climatique. Selon le Conseiller principal d’AfriCatalyst, Ali Mansoor, ancien Directeur adjoint du FMI, « le Rwanda a intégré les questions climatiques dans ses stratégies nationales de transformation ». Lors de la COP27, le Rwanda a , en effet, lancé son programme « Ireme Invest », destiné à financer des projets verts pour les Petites et moyennes entreprises (PME). Et d’ajouter que le Rwanda utilisera le RSF pour stimuler d’autres financements et organiser une meilleure planification dans le cadre de son processus budgétaire destiné aux risques liés au changement climatique, ainsi qu’ à accréditer son ministère de l’environnement dans le cadre du Fonds vert pour le climat et du Fonds d’adaptation.

Chronique : Face aux investisseurs prédateurs l’Afrique doit privilégier le modèle aménageur-développeur

Dénommé BlueEarth Credit Strategies II, ce fonds de crédit soutenu par une base d’investisseurs internationaux réalisera des acquisitions stratégiques dans une diversité de secteurs, sur 3 continents.

Le déficit d’infrastructures a fini par rendre un certain nombre de pays africains, la chasse-gardée de puissances qui y délocalisent des industries lourdes, y établissent ports et terminaux à conteneurs… au détriment de leur souveraineté économique. Il existe pourtant des solutions pour des implantations en  » Plug and Play « , à condition que de trouver des zones préalablement aménagées.

L’ère des terres vierges à conquérir doit être révolue en Afrique. Ce moment où un riche investisseur, cheminant le long d’un littoral, crie  » Eureka !  » tel Archimède dans sa baignoire,  » Voici l’endroit idéal pour implanter mon port, annexé d’un terminal à conteneurs «  doit nous interpeller tous ! Nous ne sommes plus à l’époque où cet ingénieur commercial de Bata revenant d’une tournée africaine confiait à son supérieur, « Il n’y a rien à faire là-bas, ils marchent tous pieds nus !  » Vous connaissez la suite … le PDG de Bata, en opportuniste, rétorqua qu’au contraire, c’est The Place to Be !

Si pour Bata, qui prit le temps d’adapter ses productions aux tailles modales, à l’environnement, au pouvoir d’achat… ce fut un grand succès, jusqu’à ce que la concurrence renverse la tendance, cependant les investisseurs actuels, qui comptent profiter au maximum d’une absence d’infrastructures ou imposer des taux prédateurs, ne prennent même pas la peine de se concerter avec les locaux, d’épouser les stratégies locales de développement, n’étudient pas l’environnement… Ils ne se fondent que sur des constats empiriques rapides pour prendre des décisions aux conséquences souvent désastreuses. Celui, qui ne se concentre que sur une belle baie, sans se retourner et avoir une connaissance approfondie de l’arrière-pays, peut opter pour remblayer des aires humides au lieu d’assécher des marécages ! En choisissant la seconde solution, il sauvegarde un écosystème permettant aux eaux terrestres de ruissellement et marines de communiquer de façon permanente. Ceci est un exemple parmi tant d’autres investissements envisagés, réalisés ou en cours de l’être.

A chaque terroir, un type d’investissement

Pour éviter autant d’impairs, nos Etats africains peuvent créer des structures, financées par une partie des fonds de caisses de pension, de dépôts et de consignations. Véritables Aménageurs-développeurs, ces entités auraient pour missions, en conformité avec les plans de développement stratégique et compte tenu des avantages comparatifs de chaque terroir, d’ériger ports, aéroports, zones industrielles intégrées, zones économiques spéciales, agropoles, haliopoles, aéropoles, giga-usines d’énergie de transition… dotés de toutes les utilités et commodités y compris la fibre optique. L’Etat africain, qui aura pris la peine de créer de telles structures, sera sevrer d’un investisseur qui pourrait l’amadouer avec la réalisation d’une très étroite route goudronnée, l’implantation d’un dispensaire… Une des premières conséquences sera la disparition d’octroi de terrains nus aux investisseurs qui s’auto-érigent en colons de facto !

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Parmi les nombreux avantages d’aménageurs-développeurs, un saut qualitatif dans l’attractivité de la destination, plus de valeur ajoutée, des filières industrielles voire agro-industrielles intégrées (de l’amont à l’aval, ex. : de la betterave au sucre raffiné, sans omettre la logistique). Toutes les zones où seraient domiciliées ces infrastructures gagneront en notoriété, en échanges et génèreront des milliards de dollars de revenus dans des villes satellites. A l’image de places ou bourses internationales, telles que Londres, Tokyo, Chicago, des matières premières, des pierres précieuses, elles seront de grands centres. Dois-je rappeler que le Chicago Mercantile Exchange, élément clé de l’infrastructure financière américaine, qui fut au début de sa création un marché pour le règlement des contrats à terme agricoles, est devenue une plaque tournante majeure pour les Bons du Trésor, les crypto-monnaies, métaux précieux, les devises étrangères et de nombreux types de produits dérivés ? 

Publié pour la première fois le 05/03/2023

La BAD accorde un financement de 147 millions de dollars à la Mauritius Commercial Bank

Opérationnelle depuis 1838, la MCB est l'une des plus anciennes banques du continent. Elle intègre la banque de détail, la banque d'affaires, la banque d'entreprise et la banque institutionnelle. (Crédit : Dr).

Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a alloué 147 millions de dollars à la Mauritius Commercial Bank Ltd (MCB). Un appui pour renforcer le capital de la banque, accroitre sa capacité de financement des PME et de ses investissements dans les énergies renouvelables, le développement des infrastructures sanitaires et d’autres secteurs clés de l’économie mauricienne et africaine.

La BAD va financer la Mauritius Commercial Bank (MCB). La dette sera libellée sous forme d’une obligation conforme aux obligations du Bâle III et sera émise par la MCB, une institution financière africaine de premier plan et l’une des cinq banques classées comme banque nationale d’importance systématique (DSIB) par la banque centrale de Maurice. La MCB a récemment étendu sa présence dans plusieurs pays africains et approfondit également ses activités de financement du commerce intra-africain, qui s’alignent sur les objectifs stratégiques High-5 (les 5 priorités) de la Banque africaine de développement, dont l’intégration de l’Afrique.

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Le montant devrait catalyser des dépôts supplémentaires pour élargir le portefeuille de prêts de la MCB, au profit de plusieurs entreprises mauriciennes et africaines et surtout de PME. Au cours des 5 prochaines années, le financement devrait aider à créer des milliers d’emplois en Afrique, améliorant ainsi les moyens de subsistance de plusieurs ménages africains, selon le communiqué de la BAD.

Pour Alain Law Min, directeur général de MCB : « Ce montant financera des projets à fort impact dans les régions subsaharienne et de l’océan Indien alors que MCB poursuit son programme de développement durable. (…) Le succès de ce placement reflète la reconnaissance internationale des solides fondamentaux de la Banque, ses notes de qualité et de la confiance des investisseurs dans le potentiel de croissance de MCB ».

Les obligations constitueront la première excursion sur les marchés des capitaux de la MCB sur une base autonome. Ce sera également la première obligation de type Bâle III à être émise sur les marchés des capitaux mauriciens.« Ce soutien souligne notre relation de longue date avec la MCB, qui remonte à 2002. Nous sommes fiers d’être associés à un partenaire bancaire clé à Maurice ; son ambition de jouer un rôle clé dans le développement de l’Afrique résonne très bien avec notre programme de développement », a déclaré Leila Mokaddem, directrice générale de la Banque africaine de développement pour l’Afrique australe.

Opérationnelle depuis 1838, la MCB est l’une des plus anciennes banques du continent. Elle intègre la banque de détail, la banque d’affaires, la banque d’entreprise et la banque institutionnelle. Elle offre une large gamme de services bancaires aux particuliers, aux PME (avec un accent sur les PME détenues par des femmes), aux entreprises et à d’autres banques africaines par le biais de relations de partenariats bancaire pour faciliter le finanacement d’activités de commerce international. La MCB se concentre spécifiquement sur la fourniture de solutions financières spécialisées. Il s’agit notamment du financement structuré du commerce des matières premières et de projets particulièrement dans le domaine de l’électricité et des infrastructures.

Offensive US en Afrique: la vice-présidente Kamala Harris, l’atout charme de Washington en visite sur le continent

C'est à Accra où elle est arrivée en mars 2023, que la vice-présidente américaine a foulé la terre africaine. Dans la capitale ghanéenne, Kamala Harris a reçu un accueil des grands jours et dès sa descente d'avion, a planté le décor sur les raisons de sa visite sur le continent. (Crédit : Nipah Dennis/AFP)

Dans le sillage des valses des visites des responsables américains en Afrique depuis le déclenchement de la nouvelle offensive de l’Administration Biden en Afrique, la vice-présidente des Etats-Unis a entamé, dimanche par le Ghana, une tournée d’une semaine en Afrique qui l’a conduira également en Tanzanie et en Zambie. Au menu de la visite, coopération, développement économique, investissements, sécurité, changement climatique et surtout les perspectives pour un nouveau partenariat porté par la croissance prometteuse du continent avec une jeunesse en pleine expansion. En toile de fond, contrer les velléités stratégiques de la Chine et celles de plus en plus instantes de la Russie en Afrique.

Après le secrétaire d’Etat Antony J. Blinken et la Première dame Jill Biden,  c’est au tour de la vice-présidente américaine d’effectuer une tournée en Afrique dans le sillage de l’offensive africaine des Etats-Unis en Afrique mise en orbite en décembre dernier lors du Sommet US-Africa Leaders qu’avait organisée le Président américain Joe Biden à Washington, en présence d’une quarantaine de chefs d’Etat du continent. C’est à Accra où elle est arrivée dimanche soir, que la vice-présidente américaine a foulé la terre africaine. Dans la capitale ghanéenne, Kamala Harris a reçu un accueil des grands jours et dès sa descente d’avion, a planté le décor sur les raisons de sa visite sur le continent.

« Je suis très enthousiaste quant à l’avenir de l’Afrique. Je suis très enthousiaste quant à l’impact du futur de l’Afrique sur le reste du monde. Quand je regarde ce qu’il se passe sur ce continent et le fait que l’âge moyen soit de 19 ans, ce que cela nous dit sur la croissance de l’innovation et des possibilités. Je vois en tout cela, une grande opportunité, pas seulement pour les Africains, mais aussi pour le reste du monde », a déclaré Kamala Harris.

Ce lundi, la vice-présidente s’est entretenue avec le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, à qui elle a promis l’aide des Etats-Unis pour  contribuer à la sécurité du pays et d’y accroître les investissements. »En tant que président du Ghana, vous avez été très courageux et avez défendu les principes démocratiques. Je vous remercie pour l’amitié que vous avez offerte aux États-Unis », a déclaré Kamala Harris à M. Akufo-Addo qui a saisi l’occasion pour exposé à la responsable américaine, les défis auxquels son pays fait face. Il faut dire que le Ghana était, ces dernières décennies, l’une des économies à la croissance la plus rapide et la plus robuste du continent et même au monde. La pandémie de la Covid-19 et l’impact des chocs mondiaux notamment la baisse des cours des matières premières conjuguée à une hausse des prix alimentaires ont eu raison de cette dynamique. Actuellement, le pays d’Afrique de l’ouest fait face à l’une des plus graves et prononcées crises économiques de son histoire avec une monnaie, le Cedi, en chute libre, une inflation galopante qui atteint les 50% et pour ne rien arranger, le pays est depuis décembre dernier confronté à une crise de la dette alors qu’il a du mal à effectuer ses paiements.

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Depuis un certain temps, le Ghana fait face à des menaces sécuritaires avec les attaques des groupes armés terroristes (GAT) qui s’étendent des Pays du Sahel vers ceux du Golfe. « Nous passons beaucoup de nuits blanches à essayer de nous assurer que nous sommes protégés ici« , fait savoir le chef de l’Etat ghanéen qui a profité de l’occasion pour réitérer l’appel de son pays ainsi que des autres voisins à la solidarité internationale et notamment américaine pour remettre leurs économies sur les rails. Le président Akufo-Addo s’est également inquiété du fait que les investisseurs privés américains ont tendance à négliger le pays ainsi que la région malgré les multiples potentialités. « Nous voulons être en mesure de changer cette dynamique », a-t-il plaidé auprès de la vice-présidente américaine qui, en retour, a annoncé une aide américaine d’au moins 130 millions de dollars dans les prochains mois.

Enjeux géopolitiques stratégiques

A Accra, la vice-présidente américaine va effectuer une série de visites au cours desquels elle va rencontrer des artistes ainsi que de jeunes entrepreneurs et porteurs de projets africains. L’occasion pour mettre en exergue le potentiel de croissance que représente cette importante frange de la population africaine pour « l’avenir du continent et du monde », selon ses propres mots. Elle aura également des échanges avec des acteurs de la société civile pour parler de démocratie et de promotion des droits de l’homme. Le choix du Ghana tout comme de la Tanzanie et de la Zambie est un signal fort de l’administration américaine. En Tanzanie, Kamala Harris rencontrera Samia Suluhu Hassan, la première femme présidente du pays avec qui elle évoquera les réformes en cours pour consolider la démocratie et promouvoir le développement économique. Selon ses services, en Zambie, autres pays en pleine consolidation démocratique et qui connait une dynamique économique certaine, il sera davantage question d’entrepreneuriat, de sécurité alimentaire et de lutte contre le changement climatique.

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Lors de son séjour au Ghana, en Tanzanie et en Zambie, la vice-présidente Kamala Harris va tenter de défendre la nouvelle vision africaine de Washington qui considère désormais l’Afrique comme une terre d’investissement et pas seulement d’aide. Des pays stratégiques pour la diplomatie américaine qui muscle son offensive pour contrer les offensives de la Chine et de la Russie sur le continent. Car, comme le font observer les analystes, il s’agit-là de l’enjeu principal de cette opération de séduction américaine en Afrique. De ce fait, l’influence grandissante de Pékin sur le continent sera au centre des échanges comme l’a expliqué dans un entretien, le journaliste Chris Megerian à l’AFP. « Madame Harris sera confrontée à un délicat exercice d’équilibre au cours de ce voyage. Une grande partie de l’action des États-Unis en Afrique est ancrée dans sa rivalité avec la Chine. La Chine exerce une grande influence sur le continent en prêtant de l’argent aux pays, en construisant de grands projets d’infrastructure tels que des routes et des chemins de fer. Mais en même temps, les responsables américains ne veulent pas que les dirigeants africains aient l’impression d’être pris au milieu de cette partie d’échecs géopolitique entre les États-Unis et la Chine. Ils veulent que les dirigeants africains aient l’impression qu’ils traitent avec eux selon leurs propres conditions. C’est un aspect que la vice-présidente devra équilibrer pendant son séjour, en essayant de nouer des partenariats qui aident les États-Unis et leurs objectifs géopolitiques, mais aussi en créant ses propres relations avec les pays africains », a souligné le correspondant de l’Associated Press (AP) à la Maison Blanche.

Il faut aussi noter que cette offensive de charme n’occulte pas la politique du chéquier que Washington met en avant pour ses alliés stratégiques. Des investissements certes mais aussi des aides pour ne pas pousser des pays en crise dans les bras de Pékin ou de Moscou. Lors du Sommet des leaders US-Africa de décembre dernier, les  Etats-Unis avaient d’ailleurs promis de consacrer 55 milliards de dollars à l’Afrique.

Côte d’Ivoire-Mali: après la crise politique, la coopération économique relancée

Selon les chiffres officiels qui ont été en évidence lors de la réunion de la Grande commission mixte de coopération, les échanges commerciaux entre la Côte d’Ivoire et le Mali, se sont élevés à 913,4 milliards de Fcfa, soit quelques 1,4 milliard de dollars, en 2022. (Crédit : Dr).

Presque trois mois afin le dénouement de leur crise politico-diplomatique, Bamako et Yamoussokro ont décidé de traduire en acte les engagements qu’ils ont pris pour relancer leur coopération sur de nouvelles bases. Dans cette dynamique, la Grande commission mixte entre le Mali et la Côte d’ivoire s’est réunie cette semaine dans la capitale malienne avec comme principale ordre du jour, explorer les voies et moyens permettant principalement de promouvoir les relations économiques notamment les échanges commerciaux entre les deux pays voisins membres de l’UEMOA. Le jeu en vaut la chandelle puisque la Côte d’ivoire est l’une des principales portes d’entrée et l’un des plus importants marchés du Mali, qui lui est donc le premier client mondial mais aussi un des plus gros fournisseurs du marché ivoirien.

A quelques choses malheur est bon! L’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés à Bamako avant d’être jugé et condamnés, qui a été le paroxysme de la crise diplomatique entre le Mali et la Côte d’ivoire, est en train de servir de déclic au réchauffement de la coopération entre les deux pays voisins de la zone UEMOA et de la Cédéao. Comme annoncé à l’issue du dénouement de la crise politico-diplomatique, Bamako et Yamoussokro sont en train de donner actes à l’engagement pris par les autorités des deux pays pour relancer sur de nouvelles bases leur coopération. Après une vingtaine d’année d’hibernation, la Grande commission mixte vient de se réunir, du 22 au 24 mars dans la capitale malienne avec comme principal menu à l’ordre du jour de cette réunion des experts des deux pays, explorer et examiner les voies et moyens pour impulser une nouvelle dynamique à leur coopération.

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Les deux délégations ont certes abordé des aspects politiques et juridiques de la coopération entre les deux pays mais c’est surtout les questions économiques qui ont largement dominé les échanges et devraient servir de porte-flambeau de cette nouvelle lune de miel entre le Mali et la Côte d’ivoire. D’autant que les économies des deux pays sont très interdépendantes dans plusieurs domaines et il existe une incommensurable marge pour davantage exploiter leur potentiel en portant à un niveau supérieur les échanges commerciaux qui, plus est, surfe sur une très bonne dynamique.

Des échanges commerciaux en hausse malgré la crise

Selon les chiffres officiels qui ont été en évidence lors de la réunion de la Grande commission mixte de coopération, les échanges commerciaux entre la Côte d’Ivoire et le Mali, se sont élevés à 913,4 milliards de Fcfa, soit quelques 1,4 milliard de dollars, en 2022. En comparaison, cella traduit une  hausse de 45% par rapport à 2021, c’est à dire en pleine multiples crises qui ont précédé le feuilleton des « 49 soldats », avec la fermeture des frontières en raison de la pandémie de la Covid-19 et les sanctions de la Cédéao imposées au Mali suite au double coup d’état de 2020 et 2021.

Cette bonne dynamique des échanges entre les deux pays a fait dire au chef de la délégation ivoirienne, Abdoulaye Kouyaté, que  ce bond qualitatif sans précédent fait du Mali, à ce jour, «le premier client mondial de la Côte d’Ivoire avec 909 milliards de Fcfa de marchandises vendues en 2022». Le Mali est également l’un des plus gros fournisseurs de la Côte d’Ivoire au niveau mondial a ajouté Abdoulaye Kouyaté qui a saisi l’occasion pour encourager les opérateurs économiques des deux pays « à aller encore plus loin en mettant en œuvre, de façon effective, les mécanismes garantissant la libre circulation des personnes et des biens ainsi que le droit d’établissement. » Il s’agit, a-t-il expliqué, « d’éliminer toute entrave à l’implantation des activités dans les milieux d’affaires nationaux entre les deux pays et de faciliter l’accès mutuel à leur marché respectif». De ce fait, a plaidé le chef de la délégation des experts ivoiriens à la rencontre de Bamako,  «il nous faudra. également envisager de nouveaux axes stratégiques en vue de renforcer notre coopération et insuffler une nouvelle dynamique aux relations entre nos deux pays».  Cela est d’autant plus important que dorénavant, a estimé M. Kouyaté,  «cette relation se veut forte et durable pour faire face aux nombreux défis de l’heure que sont l’insécurité à nos frontières, la lutte contre la pauvreté, l’autosuffisance alimentaire…».

Une dynamique à consolider par le renforcement de la coopération économique

Des ambitions que partagent les autorités maliennes comme l’a fait savoir  le secrétaire général du ministre des Affaires étrangères, Seydou Coulibaly, qui a mis l’accent sur la nécessité pour les deux États et pour le bien-être de leurs populations, « de promouvoir davantage la coopération en matière de consultations politiques et diplomatiques, d’administration, de défense, de sécurité, d’échanges économiques et commerciaux». Le chef de la délégation des experts maliens a aussi insisté sur l’intérêt stratégique de cette coopération dans le domaine de la promotion des investissements, les transports et les infrastructures, l’artisanat et le tourisme. Selon  M. Coulibaly, la conjoncture difficile liée à la crise économique et sécuritaire doit «nous inciter à davantage de concertations et de conjugaison de nos efforts afin de relever ensemble les défis qui nous assaillent». Et pour assurer ses partenaires, il a réaffirmé la volonté politique et la disponibilité des autorités maliennes de faire de la coopération avec la Côte d’Ivoire « une priorité, un partenariat gagnant-gagnant et un modèle de réussite».

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Cette 4e réunion de la Grande commission mixte de coopération entre le Mali et la Côte d’Ivoire constitue le premier pas d’un processus qui va se poursuivre avec une autre réunion au niveau ministériel avant une rencontre au sommet entre les chefs d’Etat des deux pays. Pour rappel, elle intervient après 19 ans d’hibernation marquée par de «récents malentendus» relatifs à l’affaire des 49 militaires ivoiriens, la coopération entre le Mali et la Côte d’Ivoire. La grande commission mixte de coopération Mali-Côte d’Ivoire a été créée en 1977 à Abidjan et elle devrait se réunir tous les deux ans, alternativement entre les deux pays, afin de faire le point de la coopération bilatérale. C’est donc dans une dynamique de raffermissement et de diversification des relations de coopération que s’inscrit le processus actuellement en cours entre Bamako et Yamoussokro.

Il reste a espéré, comme l’a souhaité M. Abdoulaye Kouyaté, le chef de la délégation ivoirienne dans la capitale malienne, que « cette rencontre soit l’occasion de tourner définitivement la page de longues pauses dans une relation qui dispose pourtant de tous les leviers pour figurer au nombre des plus dynamiques dans l’histoire de la coopération Sud-Sud sur notre continent».

Chronique : Monnaie unique africaine, mirage ou chimère ?

Les avantages potentiels d’une monnaie unique comprennent la réduction des coûts de transaction et des frais de conversion monétaire, la promotion du commerce transfrontalier et la facilitation de l'intégration financière. (Crédit : Dr)

L’idée de créer une monnaie pour l’Afrique est discutée depuis plus de 20 ans comme une solution potentielle pour faciliter l’intégration économique et améliorer les échanges. Jusqu’à présent, rien de très concret… L’échéance est désormais fixée à 2045, avec l’éclosion d’institutions structurantes.

Le programme de travail pour une monnaie unique africaine a été initié précisément le 04 septembre 2002 par l’ABCA (Association des banques centrales africaines). Si, après l’entame de ce chantier, l’effectivité de cette création a été annoncée pour 2021, la dure réalité ne nous confronte jusqu’à présent qu’à une réunionite ou succession de réunions. La plupart des pays africains continuent d’utiliser plusieurs devises, avec des politiques économiques et monétaires qui ne sont pas directement interchangeables. L’émission d’une monnaie unique africaine concourt à l’accélération d’une dynamique d’intégration, en conformité à l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Résultat des courses, il n’existe pas encore de monnaie unique africaine, ni de Banque centrale africaine avec siège au Nigéria, ni non plus de Banque d’investissement, basée en Libye, ou de Fonds ou Institut monétaire dont le quartier général serait au Cameroun, comme préalablement annoncé.

Gagner du temps dans un contexte de Fintech

Un peu moins d’un an après la réunion de Banjul, au mois d’août 2022, s’est tenue à Dakar le 09 mars, une dernière réunion du Bureau de l’ABCA. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des sessions ordinaires de l’ABCA et a tourné autour de l’évaluation de la mise en œuvre des décisions prises par le Conseil de gouverneurs de banques centrales. En phase avec la ZLECAf (Zone de Libre-Echange Continentale Africaine), dont la phase opérationnelle a été lancée, en juillet 2019 et qui vise à créer un marché unique pour l’Afrique, la monnaie unique reste un objectif prioritaire.

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Les avantages potentiels d’une monnaie unique comprennent la réduction des coûts de transaction et des frais de conversion monétaire, la promotion du commerce transfrontalier et la facilitation de l’intégration financière. M. Buah Saïdy, Président ABCA et gouverneur de la Banque centrale de Gambie, l’a rappelé. Il n’en a pas omis de mettre l’accent sur un secteur financier en constante évolution, l’importance des interconnexions pour faciliter le commerce et la coopération économique, poursuivre l’agenda digital et l’inclusion financière. Il a salué les avancées en direction de l’intégration dans le respect des critères de convergence, notamment en termes de ratios Dette / PIB inférieur à 65%, Recettes fiscales/PIB supérieur à 20%, etc.

Il reste néanmoins à travailler sur l’activation du mécanisme d’évaluation des pairs, l’activation de divers groupes de travail et Task Forces, l’affinement des critères de convergence pour ratisser large, ainsi que la ratification des statuts de l’ABCA. Il s’agit aujourd’hui, d’aller au-delà des inquiétudes des uns et des autres, notamment l’opposition potentielle de pays étroitement liés à leur propre monnaie, d’apprécier l’impact sur l’inflation et d’accélérer des réformes infrastructurelles et réglementaires.

Article publié pour la première fois le 26-03-2023

Mali : le FMI salue la résilience du pays et l’exhorte à maintenir les échéances électorales

Selon les premières appréciations qui feront par la suite l'objet d'un rapport qui sera soumis à l'appréciation du Conseil d'administration du Fonds d'ici la fin de l'année, les perspectives économiques sont de bon augure pour l'économie malienne qui a relativement bien résisté malgré les multiples chocs subis depuis 2020, notamment les coups d’État de 2020 et 2021, les sanctions et la crise du coût de la vie à la suite de la guerre en Ukraine.

Après plusieurs rounds de consultations, les services du FMI viennent d’achever leur mission de l’année 2023 pour le Mali. Selon les conclusions préliminaires, malgré les multiples chocs subis, l’économie malienne a relativement bien résisté avec une croissance économique supérieure à 3 % en 2021 et à 3,7 % en 2022. En dépit de la persistance de ces chocs notamment l’absence de l’appui budgétaire extérieur et les limites aux possibilités de financement en raison de la situation politique auxquelles s’ajoutent la dégradation continue de la situation sécuritaire et de l’insécurité alimentaire, la croissance devrait remonter à 5% pour les deux prochaines années selon le FMI qui la conditionne toutefois, à la tenue des élections dans les délais prévues c’est à dire en 2024.

C’est au terme de plusieurs consultations entamées l’année dernière et qui ont été accélérées lors des Assemblées générales d’octobre 2022 puis de la mission conduite par le guinéen Facinet Sylla en février dernier à Bamako suivie d’une autre en virtuel du 6 au 17 mars dernier sous la direction de Wenjie Chen que les services du FMI ont rendu public leurs conclusions préliminaires dans un communiqué en date du vendredi 24 mars 2023. Selon les premières appréciations qui feront par la suite l’objet d’un rapport qui sera soumis à l’appréciation du Conseil d’administration du Fonds d’ici la fin de l’année, les perspectives économiques sont de bon augure pour l’économie malienne qui a relativement bien résisté malgré les multiples chocs subis depuis 2020, notamment les coups d’État de 2020 et 2021, les sanctions et la crise du coût de la vie à la suite de la guerre en Ukraine. Par ailleurs, la mission a noté que la population malienne reste toutefois confrontée à une forte insécurité alimentaire tandis que le pays fait face à de graves problèmes de sécurité intérieure. Aussi, l’absence d’appui budgétaire extérieur et le resserrement des conditions financières limitent les possibilités de financement du Mali, alors que les pressions sur les dépenses ne faiblissent pas, en particulier en matière de sécurité et de masse salariale. Selon les services du FMI, la réduction du déficit budgétaire avec l’objectif de se rapprocher plus rapidement du plafond de 3 % du PIB de déficit budgétaire fixé par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) contribuerait à garantir la viabilité de la dette et à faciliter le financement de l’endettement.

Des perspectives favorables mais sujettes à des risques considérables

A l’issue de la dernière séquence des consultations  au cours desquelles la mission a eu des échanges constructifs avec divers homologues, y compris le gouvernement et le secteur privé, sur les perspectives et les risques économiques, les progrès en matière de réforme, les défis et politiques économiques, la Chef de mission, Wenjie Chen, a déclaré que bien que l’économie malienne a subi de multiples chocs depuis 2020, elle a cependant relativement bien résisté, avec une croissance économique supérieure à 3 % en 2021 et à 3,7 % en 2022 alors que le pays est toujours confronté à de graves problèmes de sécurité avec une incidence directe sur l’insécurité alimentaire.

 » Le déficit budgétaire de l’État, qui se situe juste en dessous de 5 % du PIB en 2022, reflète une augmentation rapide des dépenses de sécurité, des salaires de la fonction publique et de la facture des intérêts. Conjointement, ces postes consomment près de 80 % des recettes budgétaires et risquent d’évincer les dépenses favorables à la croissance, notamment dans les domaines de la protection sociale et des investissements. L’absence d’appui budgétaire extérieur, conjuguée au durcissement des conditions de financement dû au resserrement de la politique monétaire mondiale, a entraîné une augmentation du coût du financement. Les sources de financement, quant à elles, s’amenuisent », a-t-elle ajouté.

Selon la mission, « les perspectives à court terme restent positives, mais sujettes à des risques baissiers considérables ». Ainsi, la croissance du PIB réel devrait remonter à plus de 5 % en 2023 et 2024 grâce à une robuste production agricole et aurifère. « Cette prévision repose sur la tenue d’élections en 2024, qui devrait permettre de mobiliser à nouveau des appuis budgétaires extérieurs et attirer les investissements étrangers », a indiqué le FMI dans les conclusions préliminaires de ses consultations. Toutefois, tempère la même source, les risques sont plutôt défavorables et comprennent une détérioration de la situation en matière de sécurité, des retards potentiels dans les élections, la volatilité des prix internationaux des matières premières, le resserrement des conditions financières mondiales et les risques liés au climat.  « Parallèlement, les réserves budgétaires et extérieures ont diminué, fragilisant le Mali face à une nouvelle détérioration des conditions de financement », relève l’institution qui fait cas, par exemple, d’un durcissement des modalités de refinancement bancaire de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et de faibles taux de souscription pour les émissions de dette régionale du gouvernement malien fin 2022 et au cours des premiers mois de 2023.

Des mesures essentielles et des réformes structurelles pour renforcer la résilience

Par conséquent, a estimé la mission du FMI, la réduction du  déficit budgétaire à court terme et le rapprochement du plafond de 3 % fixé par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) revêtent une plus grande urgence. Un objectif majeur est celui d’améliorer la mobilisation des recettes intérieures et pour ce qui concerne les mesures essentielles à court terme, elles portent sur l’élimination de diverses exonérations fiscales et l’expansion de la fiscalité numérique. Sur le plan des dépenses, la mission du Fonds recommande la restriction de l’augmentation de la masse salariale du secteur public qui sera la mesure la plus importante. Aussi, est-il conseillé aux autorités, il conviendra également de supprimer progressivement les subventions et les transferts non ciblés et de redéfinir les priorités en matière de transferts sociaux afin de cibler les ménages les plus vulnérables. « L’efficacité des dépenses publiques devra également être améliorée grâce à une gestion plus rigoureuse de la trésorerie et à des contrôles plus stricts des engagements », a aussi plaidé le FMI.

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La mission du FMI préconise aussi « le renforcement de la gouvernance et l’intensification de la lutte contre la corruption seront essentiels pour favoriser les perspectives de croissance à moyen terme ». Parmi les mesures indispensables figurent  également le renforcement des rôles des organes judiciaires et de poursuite en matière d’enquête sur des faits de corruption, et l’amélioration de la transparence des marchés publics et de l’industrie minière.  

« Les politiques de lutte contre le changement climatique seront également importantes, de même que les réformes des secteurs de l’éducation et de la santé, telles que la création d’opportunités de formation professionnelle, la promotion de la participation des femmes au marché du travail et la recherche d’une plus grande équité entre les hommes et les femmes », a enfin recommandé le Fonds.

Il faut noter qu’au cours des consultations, l’équipe du FMI a rencontré le ministre des Finances, M. Alousséni Sanou, le directeur par intérim de la BCEAO à Bamako, M. Barema Bocoum, les directeurs et des membres du personnel des principaux ministères et organismes publics, des partenaires au développement ainsi le secteur privé. Ces échanges s’ajoutent à ceux déjà menées en amont par la précédente du FMI avec les autorités de transition notamment le Premier ministre M. Choguel Kokala Maiga. Des rencontres au cours desquels, la mission du FMI a tenu à saluer la résilience du Mali, « un pays confronté à une situation à la fois complexe et difficile » comme l’a expliqué le le ministre de l’Économie et des Finances, M. Alousseni Sanoun qui a imputé cette résilience de l’économie malienne  aux résultats des réformes opérées par le gouvernement malien sous la houlette du Président de la Transition, le colonel Assimi Goita.

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