LeapFrog prévoit un investissement de 500 millions de dollars dans des entreprises asiatiques et africaines de transition énergétique. Par ses investissements, le gestionnaire d’actifs concentrera ses investissements sur ces marchés en développement en Afrique et en Asie où elle espère toucher jusqu’à 50 millions de personnes. Et ce, d’autant plus que le groupe considère certaines technologies 30 à 40 % moins chères que les alternatives à haute teneur en carbone.
Finance verte en Afrique : de nouvelles sources de financement avec LeapFrog Investments

Chronique : Togo, un potentiel immense, mais…

Classé parmi les PMA – Pays moins avancés – avec un PIB de 850 USD par habitant, le Togo, petit pays africain, d’à peine 56 785 km², entre le Ghana et le Bénin, qui s’ouvre sur le golfe de Guinée, compte une population d’environ 8,5 millions d’habitants. Avec un PIB estimé 5 120 milliards f CFA, environ 7,8 milliards d’euros en 2022, ce pays dispose néanmoins de ressources naturelles importantes, à transformer pour générer beaucoup plus de revenus.
Les Togolais ont ceci de commun aux Chiliens, ils habitent un pays plus long que large… Un auteur à succès disait d’ailleurs qu’on s’y déplace, en marchant sur le côté comme des crabes. Doté naturellement de ressources, notamment des gisements mono et polymétalliques (Phosphate, Attapulgite, Fer, Manganèse, Chrome, Zinc, Cuivre, Argent, Nickel, Uranium…) mais aussi du pétrole offshore, du marbre, de la tourbe, du calcaire, mais aussi des terres arables et fertiles, des forêts et de magnifiques paysages, cette richesse est encore peu exploitée, en dépit de programmes de transformation. La configuration économique actuelle fait ressortir une prédominance du secteur tertiaire, près de 59% (activités portuaire, aéroportuaire et financière, commerce, TI…). Quant aux secteur secondaire et primaire, ils rendent respectivement 23 et 18%. Ce sont les branches de la construction, de l’agroalimentaire, de la production d’utilités (électricité, eau) et de gaz qui constituent l’essentiel de l’industrie aux côtés du façonnage du clinker, du ciment et le coton-fibre.
Développement de chaînes de valeur
Parmi les programmes de transformation, principalement des phosphates, le PDGM (Projet de développement et de gouvernance minière) figure en bonne place. Des ZI (Zones industrielles) attendent des investissements pour produire plus de ciment et exploiter davantage la filière phosphate jusqu’à l’acide phosphorique. A Lomé, la capitale, ville renommée très propre, les panneaux d’affichage « Consommer local » ne manquent pas. Justement dans la ZI spéciale d’Adétikopé, il est prévu le développement de chaînes de valeur émanant du bois, du coton, du soja…). Dans cette perspective, le Centre autonome d’études et de renforcement de capacités pour le développement au Togo (Caderdt), sous la présidence de Mme Odilia Birenam Gnassingbe Essonam, participe, soutient et/ou organise régulièrement des colloques (lancement du CREAMO), forums, tels que Forum de haut niveau sur le développement sur le développement des zones de transformations industrielles à travers les partenariats public-privé au Togo, des rencontres internationales… Ces manifestations, qui bénéficient de l’appui du gouvernement togolais, du groupe de la BAD (Banque africaine de développement), d’organismes internationaux… sont à même de donner un grand coup de fouet au secteur agro-industriel.
SNPT, en fer de lance ?
Le taux de croissance, tombée à 1,8% en 2020, a prouvé une certaine résilience de l’économie togolaise, malgré Covid. Le rebondissement de 5,6% en 2022 pourrait se confirmer davantage cette année. Ce pays, qui compte beaucoup sur ses exportations de PH assurant plus de 40% des recettes, continue de comptabiliser des agrégats qui font ressortir un déficit budgétaire autour de 6,5% du PIB (367,5 milliards f CFA), une dette qui s’alourdit (environ 62% du PIB). Gageons que les réformes, envisagées pour relever les niveaux de production, entre autres dans la filière phosphate, avec le plan d’affaires pour la SNPT (Société nouvelle des phosphates du Togo), se poursuivent. La production s’est accrue de5,9% pour atteindre 1 541 772 tonnes en 2022 et les ventes de 14% avec un cours moyen de 300 $ la tonne. C’est encore très en deçà des potentialités de la branche. Des projets d’implantations d’usines d’engrais par OCP Group (Maroc)- à la suite de l’échec du projet Dangote Industries, NutriSource Pte Ltd (Singapour)- ou encore la mécanisation du groupe BKG (Bonkoungou) seraient fort favorables à l’agriculture togolaise. Dans le secteur primaire, ce pays côtier, situé au cœur d’une nurserie gagnerait à valoriser ses ressources halieutiques, préserver la ressource en respectant le repos biologique, interdisant des filets à mailles fines et en développent des chantiers navals pour passer à une pêche hauturière plus rentable que celle pélagique.
Le pays du pionnier Koffi Djondo
Togo, pays de Koffi Gervais Djondo, Président fondateur de la banque panafricaine Ecobank, de la compagnie aérienne Asky et de plusieurs autres entreprises à succès, qui pèse 1,75 milliard USD, pays dont la devise est « Travail- Liberté- Patrie », au potentiel touristique inestimable avec des sites, tels qu’Abdoulaye Fauna Reserve, Parc national Fazao Malfakassa, troglodytes (Nok & Mampong Cave Dwelling), le Lac Togo, les montagnes, le Palais des gouverneurs, des plages de sables fins bordés de cocotiers, peut mieux faire. Il s’agit de dépasser les clivages, d’apaiser les différends, notamment à l’université de Lomé. La convocation du Pr Adjita Akrawati Shamsidine, doyen de la Faculté de droit, devant un conseil de discipline ou l’intimidation des étudiants par des agents de sécurité dans le campus et cette autorisation préalable de sortie du territoire aux professeurs par le ministre de tutelle, syndrome de tensions à l’université de Lomé au Togo doivent cesser pour laisser la place à l’essor d’une nation qui peut contribuer au développement africain.
IDE : les flux d’investissement vers l’Afrique ont chuté à 45 milliards de dollars en 2022

Les opérations internationales de financement de projets ciblant l’Afrique ont enregistré une baisse de 47% en valeur. La répartition des IDE sur le continent révèle des disparités avec des baisses notables chez les champions habituels des investissement directs étrangers (IDE).
Les IDE ont été en baisse en Afrique pour l’année 2022. En effet, le Rapport sur l’investissement dans le monde 2023 de la CNUCED publié le 5 juillet montre que les flux d’investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique ont chuté à 45 milliards de dollars en 2022 par rapport au record de 80 milliards de dollars atteint en 2021. Ils ont représenté 3,5 % des IDE mondiaux. Le nombre d’annonces de projets nouveaux a augmenté de 39 % pour atteindre 766. Six des 15 principaux mégaprojets d’investissement greenfield (d’une valeur supérieure à 10 milliards de dollars) annoncés en 2022 se trouvaient en Afrique.
L’Egypte en tête en Afrique du nord alors le Nigeria connait une chute de ses IDE
En Afrique du Nord, l’Égypte a vu l’IDE plus que doubler pour atteindre 11 milliards de dollars, en raison de l’augmentation des ventes transfrontalières de fusions et d’acquisitions. Le nombre de nouveaux projets annoncés a aussi doublé, passant à 161. La valeur des opérations de financement de projets internationaux a augmenté de deux tiers, pour atteindre 24 milliards de dollars. Les flux vers le Maroc ont légèrement diminué, de 6 %, pour atteindre 2,1 milliards de dollars. En Afrique de l’Ouest, le Nigeria a entrainé des flux d’IDE négatifs, à -187 millions de dollars, à la suite de cessions d’actions. Les projets de création annoncés ont toutefois augmenté de 24 % pour atteindre 2 milliards de dollars. Les flux vers le Sénégal sont restés stables à 2,6 milliards de dollars. Les flux d’IDE vers le Ghana ont chuté de 39 % pour atteindre 1,5 milliard de dollars.
Rapport mitigé pour l’Ethiopie, la RDC et l’Afrique du Sud
En Afrique de l’Est, les flux vers l’Éthiopie ont diminué de 14 % pour atteindre 3,7 milliards de dollars ; le pays est resté le deuxième bénéficiaire d’IDE sur le continent. Les IDE vers l’Ouganda ont augmenté de 39 % pour atteindre 1,5 milliard de dollars, grâce à des investissements dans les industries extractives. L’IDE vers la Tanzanie a augmenté de 8 % pour atteindre 1,1 milliard de dollars. En Afrique centrale, l’IDE en République démocratique du Congo est resté stable à 1,8 milliard de dollars, l’investissement étant soutenu par des flux vers les champs pétroliers offshore et l’exploitation minière. En Afrique australe, les flux sont revenus à leurs niveaux antérieurs après le pic anormal de 2021 causé par une importante reconfiguration d’entreprises en Afrique du Sud. L’IDE en Afrique du Sud s’est élevé à 9 milliards de dollars – bien en dessous du niveau de 2021, mais deux fois plus que la moyenne de la dernière décennie. Les fusions et acquisitions transfrontalières dans le pays ont atteint 4,8 milliards de dollars, contre 280 millions de dollars en 2021. En Zambie, après deux années de valeurs négatives, l’IDE a augmenté pour atteindre 116 millions de dollars.
Quatre groupements économiques régionaux en croissance
Au cours des cinq dernières années, les flux d’IDE ont augmenté dans quatre des groupements économiques régionaux du continent. L’IDE dans le Marché commun de l’Afrique orientale et australe a augmenté de 14 % pour atteindre 22 milliards de dollars. Les flux ont également augmenté dans la Communauté de développement de l’Afrique australe (quadruplement, à 10 milliards de dollars), l’Union économique et monétaire ouest-africaine (doublement, à 5,2 milliards de dollars) et la Communauté de l’Afrique de l’Est (augmentation de 9 %, à 3,8 milliards de dollars). Les investissements intrarégionaux sont restés relativement faibles, malgré une augmentation au cours des cinq dernières années. En 2022, les annonces de nouveaux projets intrarégionaux représentaient 15 % de tous les projets en Afrique (2 % en termes de valeur), contre 13 % (2 % en valeur) en 2017. Cependant, en valeur, les trois quarts des projets annoncés dans lesquels investissent uniquement des entreprises multinationales africaines concernaient le continent.
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En 2022, la plus forte augmentation des annonces de projets entièrement nouveaux concerne l’approvisionnement en énergie et en gaz (à 120 milliards de dollars contre 24 milliards de dollars en 2021). La valeur des projets dans la construction et les industries extractives a également augmenté, pour atteindre respectivement 24 milliards de dollars et 21 milliards de dollars. Le secteur de l’information et de la communication a enregistré le plus grand nombre de projets. Les opérations internationales de financement de projets ciblant l’Afrique ont enregistré une baisse de 47 % en valeur (74 milliards de dollars, contre 140 milliards de dollars en 2021), mais une augmentation de 15 % du nombre de projets, qui s’élève à 157. Les investisseurs européens restent, de loin, les plus grands détenteurs de stocks d’IDE en Afrique, menés par le Royaume-Uni (60 milliards de dollars), la France (54 milliards de dollars) et les Pays-Bas (54 milliards de dollars).
Chine-Afrique : plus de 200 projets scellés par 11 pays d’Afrique à l’Expo de Hunan

Les liens économiques et commerciaux entre la Chine et les pays d’Afrique seront renforcés dans les prochaines années, selon les responsables gouvernementaux et des dirigeants d’entreprises, réunis à l’Exposition économique et commerciale Chine-Afrique qui s’est achevée le 02 juillet à Changsha, la capitale de la province de Hunan. Des centaines de projets ont été signés avec des pays d’Afrique notamment dans les domaines prioritaires de l’énergie et de l’agriculture.
De nouveaux projets sont venus enrichir la coopération entre la Chine et les pays d’Afrique, lors de l’Exposition économique et commerciale Chine-Afrique s’est clôturée dimanche dernier à Changsha, la capitale de la province de Hunan. Les liens économiques et commerciaux entre la Chine et les pays d’Afrique vont encore renforcer grâce à l’amélioration de l’environnement des affaires des deux parties. Laquelle va permettre aux entreprises de s’engager dans leurs marchés respectifs. Cela aidera en retour à maintenir la stabilité des chaînes industrielle et d’approvisionnement mondiales au cours des années à venir, ont indiqué des responsables gouvernementaux et des dirigeants d’entreprises. Ils estiment que la coopération croissante entre les deux parties va créer un environnement propice aux affaires pour développer leurs opérations, permettant ainsi de créer des emplois, de stimuler la croissance et de faire avancer le développement écologique.
« La Chine et l’Afrique peuvent toutes deux travailler vers une situation gagnant-gagnant, car le succès remarquable de la Chine dans la poursuite d’un développement de haute qualité et l’accomplissement d’une croissance économique soutenue peut inspirer les pays africains », a expliqué Ashish Shah, le directeur de la Division des programmes par pays du Centre du commerce international basé à Genève, lors d’un séminaire au cours de la 3e Exposition économique et commerciale Chine-Afrique.
Selon les organisateurs, un total de 120 projets d’une valeur contractuelle de 10,3 milliards de dollars (9,5 milliards d’euros) ont été signés au cours de cette exposition de quatre jours et 99 projets de coopération d’une valeur de 8,7 milliards de dollars ont été annoncés, incluant 74 projets de grande envergure impliquant 11 pays africains, un record historique. Cet évènement a attiré quelques 1700 participants étrangers et plus de 10 000 participants locaux, enregistrant un niveau record de participation. La valeur cumulée des expressions d’intention de transaction a par ailleurs atteint les 400 millions de dollars, a indiqué le Département du commerce de la province du Hunan. L’exposition a permis de présenter des produits de 29 pays africains couvrant 1600 catégories, soit une augmentation de 166 % par rapport à la précédente édition. Les responsables gouvernementaux et les dirigeants d’entreprises ayant participé à l’exposition se sont dits enthousiastes vis-à-vis de l’exploration des opportunités potentielles dans différents secteurs, incluant l’agriculture et l’énergie.
Selon eux, cette plateforme aide à développer les relations commerciales entre la Chine et les pays d’Afrique, facilite les échanges et stimule une croissance mutuelle. Solomon Telila, l’ambassadeur d’Ethiopie à Beijing, a déclaré que la Chine dispose d’avantages notables dans les domaines des nouvelles énergies et a une expertise pour assister les nations africaines dans l’établissement de divers projets d’énergies renouvelables, incluant les centrales photovoltaïques, les fermes éoliennes et les initiatives hydroélectriques. « Ces projets collaboratifs ont le potentiel de renforcer la qualité de vie de la population en Afrique, tout en contribuant à la sécurité énergétique du continent », a-t-il souligné.
Simplex Banda, le ministre du Commerce et de l’industrie du Malawi, partage cet avis : « Le Malawi accorde la priorité aux nouvelles énergies et aux secteurs de l’exploitation minière pour les investissements. L’énergie propre a fait l’objet d’une attention soutenue, car le gouvernement vise à faire progresser la transformation énergétique vers des sources durables. […] Notre gouvernement est également particulièrement intéressé par l’assistance des entreprises chinoises pour faciliter le développement de l’industrie locale du voyage. »
Zhou Xiaoyan, la vice-présidente du Conseil de Chine pour la promotion de l’investissement international, note qu’en tirant parti de leurs forces et de leurs ressources respectives, la Chine et les pays d’Afrique peuvent favoriser une plus grande intégration dans les secteurs clés, comme la production manufacturière, l’agriculture, les infrastructures et la technologie. Selon elle, une telle intégration peut engendrer une augmentation de la productivité, une amélioration de l’efficacité et un renforcement de la compétitivité pour les entreprises opérant dans les deux parties. « Ces mesures aideront également les économies africaines à réduire leur vulnérabilité aux chocs externes et à renforcer leur résilience », souligne-t-elle. Sur les cinq premiers mois de cette année, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont augmenté de plus de 16 % en glissement annuel pour atteindre les 822,32 milliards de yuans (104,3 milliards d’euros), indiquent les données de l’Administration générale des douanes (AGD) de Chine.
Chronique : Comment être exempté des polluants éternels ou PFAS en Afrique

L’industrie, dont les effluents comportent des PFAS ou substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques, appelées polluants éternels et qui ne se dégradent jamais dans l’environnement, est à bannir en Afrique. Dans les pays, encore sous-industrialisés, il existe une alternative pour s’épargner de tels produits chimiques qui malheureusement se trouvent dans peintures, batteries de véhicules électriques, etc.
Eviter les polluants éternels ou PFAS et réduire leur impact sur l’environnement, nécessite un certain nombre de mesures. Il est d’abord utile d’opter pour une consommation responsable en réduisant la quantité de déchets produits. En réutilisant les objets autant que possible et en recyclant correctement les matériaux, il est possible de réduire la demande de nouvelles matières premières et à limiter la production de polluants éternels associés à la fabrication de nouveaux produits. Une autre alternative est à trouver dans l’emploi de produits et des matériaux durables qui sont conçus pour être moins nocifs pour l’environnement. Des produits électroniques, sans retardateurs de flamme bromés, des produits de nettoyage et des cosmétiques sans substances chimiques nocives, et des matériaux de construction respectueux de l’environnement, feraient l’affaire.
Favoriser des sources d’énergie propres
Aussi, en s’orientant vers une industrie qui réduit la dépendance aux combustibles fossiles, en utilisant des sources d’énergie propres et renouvelables, telles que l’énergie solaire et éolienne, on arrive à réduire les émissions de polluants éternels, provenant de la combustion de combustibles fossiles. Un choix porté sur des aliments biologiques, cultivés sans l’utilisation de pesticides et d’herbicides chimiques persistants, ajouté au soutien d’agriculteurs qui utilisent des pratiques agricoles durables, telles que la rotation des cultures, la conservation des sols et la gestion intégrée des ravageurs, est une mesure pour atténuer ces PFAS. A cela faudra ajouter le soutien de politiques environnementales et réglementations qui visent à réduire l’utilisation de polluants éternels et la promotion des pratiques industrielles plus durables. Il est important de noter que la réduction des polluants éternels nécessite des efforts collectifs à tous les niveaux, y compris les gouvernements, les industries et le citoyen lambda. En travaillant ensemble, ils peuvent contribuer à un environnement plus propre et plus durable. Une vaste campagne d’information et de sensibilisation sur les polluants éternels, leurs sources et leurs effets sur l’environnement à l’importance de réduire l’utilisation de ces substances et de promouvoir des pratiques respectueuses de l’environnement.
Là où le bât blesse
Les polluants éternels ou polluants persistants sont généralement produits par diverses industries et activités humaines. L’industrie chimique produit de nombreuses substances chimiques synthétiques qui peuvent être persistantes dans l’environnement. Cela inclut des produits chimiques, tels que les polychlorobiphényles (PCB), les dioxines et les furanes. A partir de matières premières pétrolières, l’industrie pétrochimique produit des produits chimiques, dont certains, tels que les polybromodiphényléthers (PBDE), utilisés comme retardateurs de flamme, peuvent être persistants dans l’environnement.Les industries minière, électronique ou encore agricole produisent des effluents contenant des substances chimiques persistantes dans l’environnement. Respectivement, l’extraction de métaux tels que le mercure, le plomb et le cadmium peut produire des polluants éternels, la fabrication et l’élimination des produits électroniques peuvent entraîner la libération de substances chimiques persistantes, tandis que l’utilisation de pesticides et d’herbicides persistants (pesticides organochlorés, tels que le DDT) dans l’agriculture peut produire les mêmes dégâts. Vivement des réglementations environnementales et autres pratiques de gestion des déchets et des progrès technologiques pour réduire la production et l’impact des polluants éternels dans divers secteurs industriels, à défaut de s’en passer par une autre industrie qui pourtant pèse plusieurs milliards de dollars. Il faut être conscient qu’en l’absence de décarbonation, si le secteur secondaire croit au même rythme que le PIB en Afrique, il atteindrait environ 830 Mt éq CO2 d’ici 2050.
Chronique – Sommet de Paris : nouveau pacte financier mondial ou l’assurance de débouchés à l’industrie européenne décarbonée ?

A Paris, la capitale française s’est achevée la semaine dernière le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Sous les desseins d’orienter la finance internationale au service du climat, des vœux pieux et de subtiles transactions pour éviter à l’Union européenne un dumping écologique.
Au récent Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, tenu à Paris les 22 et 23 juin 2023 et qui a connu la présence d’une quarantaine de chefs d’états et de gouvernements, les déclarations l’ont emporté sur du concret. Face à des besoins, estimés à hauteur de 27 000 milliards de dollars d’ici 2030, selon des sources sures, les PMA et pays émergents sont loin du compte. Les pays riches, devant injecter 100 milliards de dollars par an depuis la COP de Copenhague, n’ont pas tous joué le jeu. La réallocation de ce montant en DTS depuis 2021 par des pays riches n’a pas non plus fait l’affaire. Excepté un mécanisme de suivi des engagements, une prochaine refonte des institutions de Bretton Woods et quelques mesurettes, le nouveau pacte financier n’aura pas ratissé large. Faire payer les plus grands pollueurs a été aux oubliettes. Les sources de financement nouveaux portent sur une éventuelle taxation sur les billets d’avion sur le transport maritime… Certes le Sénégal et la Zambie ont pu bénéficier de mesures concrètes, respectivement un partenariat pour une transition énergétique équitable, à hauteur de 2,5 milliards de dollars, avec un groupe de pays développés et des banques multilatérales de développement pour atteindre 40 % d’EnR en 2030, et une restructuration de la dette de 6,3 milliards de dollars, plus de 2 ans après le défaut de paiement. Kristalina Georgieva, DG du FMI, Ajay Banga, nouveau président de la Banque mondiale, et Mia Mottley, PM de la Barbade, ont plaidé pour ces nouvelles méthodes. De toute évidence, les présidents sud-africain Cyril Ramaphosa, et Kenyan William Ruto, veulent de profonds changements qui privilégient coopération et partenariat.
La taxe carbone en toile de fond
Il ne faut pas perdre de vue que l’orientation souhaitée par ce nouveau pacte financier va d’abord profiter à l’industrie européenne. Dois-je rappeler que le mécanisme carbone aux frontières (MCFA) ou en anglais, Carbon Border Adjustment Mechanism (CBAM), est une proposition politique de l’Union européenne, visant à réduire les émissions de carbone associées aux importations de produits provenant de pays où les réglementations climatiques sont moins strictes. Ce principe du MCFA, qui repose sur l’idée de créer une taxe carbone sur les produits importés en fonction de leur empreinte carbone, entrera pleinement en vigueur courant 2026. Cette taxe serait calculée en fonction des émissions de gaz à effet de serre générées tout au long de la chaîne de production du produit, depuis son lieu d’origine jusqu’au point d’importation. L’objectif est de réduire les distorsions concurrentielles qui peuvent se produire lorsque certains pays imposent des réglementations climatiques strictes à leurs industries nationales, tandis que d’autres pays avec des normes plus laxistes peuvent produire des biens à moindre coût. Le président Lula Dasilva du Brésil, et le PM chinois Li Qiang étaient présents à Paris…
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Le MCFA vise à inciter les pays qui exportent vers des régions où des réglementations climatiques strictes sont en place à réduire leurs émissions de carbone, en appliquant une taxe sur les produits importés qui ne respectent pas ces normes. Cela peut encourager les entreprises étrangères à adopter des pratiques plus durables sur le plan environnemental et à investir dans des technologies à faible émission de carbone. L’objectif de l’UE est de s’assurer que les industries européennes ne soient pas désavantagées par rapport à leurs concurrents étrangers qui ne sont pas soumis à des réglementations climatiques aussi strictes. Ces dernières années, le système financier international n’a pas occulté les impacts environnementaux. Le MCFA, qui soulève plusieurs défis et questions complexes, notamment en ce qui concerne la mesure précise de l’empreinte carbone des produits importés, risque aussi de soulever des représailles commerciales de la part des pays touchés. Quels sont ses impacts sur les économies des pays en développement qui exportent avec l’UE et qui ne sont pas encore préparées à la décarbonation de leurs économies. Quid de la mise en œuvre pratique. Au lieu de se focaliser sur une remontée de fonds alloués au mix énergétique à fort taux d’EnR, bénéficiant à l’industrie européenne, sous prétexte de contrer du dumping écologique, il est nécessaire d’asseoir une coordination internationale, du transfert de technologie, une mise à niveau industrielle…
Hydrocarbures : Eni étoffe ses actifs avec l’acquisition de Neptune présent en Algérie et en Egypte

Eni S.p.A. et sa filiale norvégienne Vår Energi ASA vont acquérir Neptune Energy Group Limited. Laquelle est une société d’exploration et de production indépendante de premier plan, avec des opérations à faibles émissions de carbone, axées sur le gaz en Europe occidentale, en Afrique du Nord, en Indonésie et en Australie.
Le géant italien des hydrocarbures Eni annonce l’acquisition des actifs de Neptune. Cette dernière fondée en 2015 par Sam Laidlaw appartient actuellement à la China Investment Corporation, à des fonds conseillés par Carlyle Group et CVC Capital Partners notamment. Les acquisition d’Eni comprennent l’intégralité du portefeuille de Neptune autres que ses opérations en Allemagne et en Norvège (Neptune Global Business). Les opérations allemandes seront scindées avant la transaction Eni et les opérations norvégiennes (Neptune Norway) seront acquises par Vår directement auprès de Neptune dans le cadre d’un accord d’achat d’actions distinct. La transaction Vår sera conclue juste avant la transaction Eni. Vår est une société cotée à la Bourse d’Oslo et détenue à 63 % par Eni. Selon les termes convenus, Neptune Global Business sera évaluée à environ 2,6 milliards de dollars, tandis que Neptune Norway Business aura une valeur d’environ 2,3 milliards de dollars. Au 31 décembre 2022, la dette nette de Neptune Global Business, pro forma pour la vente de Neptune Norway Business, était d’environ 0,5 milliard de dollars. La contrepartie nette finale pour les deux transactions sera soumise aux ajustements de clôture habituels et sera payée en espèces à la clôture, alors que la transaction Eni sera financée par les liquidités disponibles.
« La transaction représente un ajustement exceptionnel pour Eni. Il complète les principaux domaines géographiques d’Eni et soutient son objectif d’augmenter la part de la production de gaz naturel à 60 % et d’atteindre des émissions nettes nulles (Scope 1+2) de l’activité Upstream d’ici 2030 », selon le communiqué de la compagnie pétrolière et gazière italienne du 23 juin.
La transaction s’aligne sur la stratégie d’Eni de fournir une énergie abordable, sûre et à faible émission de carbone pour la société, pour laquelle le gaz naturel reste une source importante. La transaction est également conforme au cadre opérationnel et financier d’Eni, ainsi qu’aux objectifs définis dans le plan 2023-2026 d’Eni, qui génèrent des bénéfices et une augmentation des flux de trésorerie, une valeur actionnariale supplémentaire et une augmentation de la rémunération, assure le groupe.
La transaction en chiffres
Au 31 décembre 2022, les réserves 2P déclarées s’élevaient à environ 484 millions de bep, dont environ 386 millions de bep sont nets pour le portefeuille d’Eni, et dont 80% de gaz naturel. La transaction équivaut à un coût d’acquisition 2P de 10,1 $/bep. En outre, il existe un important potentiel de hausse des ressources supplémentaires, selon les chiffres d’Eni. Pour l’exercice clos le 31 décembre 2022, Neptune a enregistré des revenus d’environ 1,22 milliard de dollars et un EBITDAX d’environ 0,95 milliard de dollars pour Neptune Global Business. La transaction ajoutera environ 130 kboed aux portefeuilles Eni et Var. À partir de là, Eni estime que la transaction ajoutera plus de 100 kboed de production à faibles émissions entre 2024-2026, dont plus de 70% seront du gaz naturel (contre 53% pour Eni en 2022), la quasi-totalité de cette quantité étant capable d’approvisionner les marchés de l’OCDE par gazoduc ou GNL, a souligné le groupe. La transaction devrait être immédiatement relutive sur les bénéfices et le CFFO par action, ainsi que sur le cash-flow libre positif. Il est également cohérent avec le Plan 2023-2026 présenté en février 2023. Il s’agit notamment d’atteindre 1 Milliards d’euros de contribution nette positive des activités de portefeuille sur la période et 37 Milliards d‘euros de capex organiques sur la période. Il s’agit aussi d’avoir un effet de levier dans une fourchette de 10 % à 20 % et d’atteindre un TCAC de production 2023-26 de 3 à 4 % principalement grâce à des investissements organiques plus l’impact net des activités inorganiques à haute teneur. Cela verra Eni intégrer de nouveaux actifs qui apportent une valeur supplémentaire, tout en en cédant d’autres à mesure qu’elle restructure et simplifie son portefeuille.
« Cette transaction offre à Eni un portefeuille de haute qualité et à faible intensité de carbone avec une complémentarité stratégique et opérationnelle exceptionnelle. Eni considère le gaz comme une source d’énergie de transition essentielle dans la transition énergétique mondiale et se concentre sur l’augmentation de la part de sa production de gaz naturel à 60 % d’ici 2030 », a déclaré le PDG d’Eni, Claudio Descalzi.
En Afrique, par cette transaction, Eni renforce sa présence en Algérie et en Egypte. Neptune exploite le champ de Touat en Algérie. Toute la production est actuellement suspendue mais redémarrera une fois les mises à niveau des installations de traitement terminées avec une production de plateau à 100 % de plus de 400 Mscfd (70 kboed). La production de Neptune du désert occidental en Égypte en 2022 était de 3 kboed. En 2022, Eni a produit 95kboed en Algérie et 346kboed en Egypte. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, l’Algérie est devenue un fournisseur clé de gaz pour l’Europe. Eni, en tant que principal CIO du pays, a joué un rôle majeur dans cette initiative et s’attend à ce que la production en 2023 soit en moyenne supérieure à 120 kboed dans le pays nord-africain.
Comment la Zambie va restructurer 6,3 milliards USD dans le cadre commun d’allégement de la dette des pays les plus endettés

La Zambie a conclu à Paris un accord pour restructurer 6,3 milliards de dollars de dettes dues à des gouvernements étrangers, dont la Chine. Et ce dans le cadre de reéchelonnement de la dette des pays les plus endettés du monde. Lesquels ont dû faire face à de longues négociations avec leurs créanciers. Et ce dans le cadre de reéchelonnement de la dette des pays les plus endettés du monde. Lesquels ont dû faire face à de longues négociations avec leurs créanciers.
La Zambie est parvenue à rééchelonner 6,3 milliards de dettes avec ses créanciers gouvernmentaux. La Chine est le plus grand créancier officiel de la Zambie, avec 4,1 milliards de dollars dus à la seule Export-Import Bank of China, ce qui souligne l’importance du soutien de Pékin à l’accord. La Zambie est devenue en 2020 le premier pays africain à faire défaut sur sa dette souveraine pendant la pandémie de COVID-19 et a lutté depuis lors dans de longues discussions pour conclure un accord, selon les informations relayées par reuters. « La Zambie est parvenue à un accord sur le traitement de la dette avec nos créanciers officiels – une étape importante dans notre cheminement vers la reprise et la croissance économique », a écrit le président zambien Hakainde Hichilema sur Twitter.
L’accord conclu lors du sommet qui s’est achevé ce vendredi à Paris prévoit un rééchelonnement de la dette zambienne sur plus de 20 ans avec une période de grâce de trois ans pendant laquelle seuls les paiements d’intérêts sont dus. La dette destinée à la restructuration comprend 1,3 milliard de dollars d’arriérés, et les créanciers du secteur privé devraient faire de même sur les 6,8 milliards de dollars qui leur sont dus, selon une sources anonyme citée par Reuters.
La Zambie est considérée comme un cas test pour un cadre de restructuration de la dette soutenu par le Groupe des 20 pays riches et destiné à rationaliser l’allégement des pays pris dans une crise de la dette du monde en développement déclenchée en partie par la pandémie. Cependant, le processus a été douloureusement lent pour la Zambie, un fait qui a découragé tous, sauf une poignée d’autres gouvernements en difficulté, de demander de l’aide dans le cadre du mécanisme. Le président français Emmanuel Macron a qualifié l’accord de restructuration de la dette de « réalisation historique ». « Nous restons mobilisés pour que d’autres pays pris au piège de la dette bénéficient d’une réponse multilatérale », a ajouté Macron sur Twitter. L’accord avec les créanciers officiels signifie que la Zambie pourra recevoir une autre tranche de 188 millions de dollars du Fonds monétaire international, dans le cadre d’un paquet de 1,3 milliard de dollars approuvé en septembre.
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« Cet accord ouvre la voie à l’achèvement de la première revue de l’accord de facilité élargie de crédit de trois ans de la Zambie, qui aide à mettre la Zambie sur la voie d’une croissance économique durable et d’une réduction de la pauvreté », a déclaré la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, dans un communiqué. L’ampleur de l’allégement de la dette dont la Zambie a besoin a été une préoccupation pour certains de ses principaux créanciers. Certains responsables occidentaux ont accusé la Chine de traîner les pieds dans les pourparlers de restructuration, ce que Pékin a nié. Alors que la dette destinée à la révision s’élevait à 6,3 milliards de dollars, la dernière analyse de viabilité de la dette du FMI indique que la Zambie devait 8 milliards de dollars à des créanciers bilatéraux fin 2021. On ne savait pas d’où venait l’écart. La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré dans un communiqué : « J’exhorte tous les créanciers officiels bilatéraux et du secteur privé à finaliser rapidement le processus de restructuration de la dette qui soulagera les familles zambiennes et encouragera les investissements privés nécessaires pour relancer l’économie ». Le Premier ministre chinois Li Qiang, s’exprimant à Paris, a déclaré que Pékin était « prêt à s’engager dans des efforts d’allégement de la dette de manière efficace, réaliste et globale, conformément au principe d’un partage équitable du fardeau ». Cependant, d’autres se sont montrés plus prudents quant au Cadre commun en tant qu’outil de révision du fardeau de la dette. » Si nous avons un cadre commun, le problème est que nous avançons aussi vite que le créancier le plus lent, donc nous sommes liés « , a déclaré le président Ranil Wickremesinghe du Sri Lanka, qui subit une restructuration de sa dette mais était trop riche pour se qualifier pour le programme du G20. « C’est pourquoi nous ne sommes pas en faveur d’un cadre commun – nous avons pu obtenir du terrain auprès des créanciers les plus engagés. » Hichilema de Zambie était l’un des quelque 40 dirigeants participant à un sommet en France jeudi et vendredi visant à alléger le fardeau de la dette de certains des pays les plus vulnérables du monde tout en libérant des milliards de dollars de nouveaux fonds pour le financement climatique. Les obligations internationales de la Zambie se sont échangées jusqu’à un demi-cent de plus vendredi, l’émission de 2024 atteignant un sommet de neuf mois au début, selon les informations de Reuters.
Tunisie : prêt de 268 millions USD de la banque mondiale pour une ligne électrique avec l’Italie, dans un contexte financier tendu

Le Groupe de la Banque mondiale a prêté 268,4 millions de dollars à la Tunisie pour financer un projet d’interconnexion électrique avec l’Italie qui reliera les réseaux énergétiques entre la Tunisie et l’Europe, a annoncé ce jeudi l’agence de presse TAP. Avec la dégradation de la croissance et de l’emploi, la Tunisie s’est de plus en plus appuyée sur l’État‑providence pour répondre aux attentes des citoyens en faveur d’une amélioration de leurs moyens de subsistance. Ce qui met en mal les finances du pays au bord du gouffre.
La Banque Mondiale prête 268 millions de dollars à la Tunisie pour une ligne électrique avec l’Italie. L’accord met fin à une pause temporaire dans le travail de la banque avec la Tunisie qui a suivi les commentaires du président tunisien Kais Saied sur les migrants d’Afrique subsaharienne au début de cette année qui ont été accusés d’avoir déclenché le harcèlement et la violence racistes.
Un projet d’environ 850 millions euros.
L’Italie cherche à devenir une plaque tournante énergétique européenne et la création d’un lien vers l’Afrique pour importer de l’électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelables s’inscrit dans sa stratégie visant à éliminer sa dépendance gazière vis-à-vis de la Russie. Les performances économiques de la Tunisie ont marqué le pas après 2011, entraînant une décennie de croissance perdue dans un contexte encore aggravé, à partir de 2020, par la pandémie de COVID-19, selon les chiffres de la banque mondiale. Entre 2011 et 2019, la croissance du produit intérieur brut (PIB) est tombée à 1,7 % en moyenne. Une réglementation excessive de l’activité économique, une orientation moindre sur le commerce extérieur, la faiblesse des investissements et le manque d’innovation ont considérablement pesé sur la croissance de la productivité.
Avec la dégradation de la croissance et de l’emploi, la Tunisie s’est de plus en plus appuyée sur l’État‑providence pour répondre aux attentes des citoyens en faveur d’une amélioration de leurs moyens de subsistance. La création d’emplois s’est ralentie après la révolution, l’économie ne parvenant pas à produire suffisamment de débouchés, en particulier pour les diplômés de l’université et les forces vives de la population. Si l’État a tenté de pallier ces défaillances en créant des emplois dans le secteur public et en accordant d’importantes subventions aux consommateurs et aux producteurs, il lui reste à s’attaquer aux profondes distorsions qui freinent l’économie. Les marchés sont de plus en plus concentrés, créant ainsi des barrières à l’entrée, tandis que les coûts de l’activité économique restent élevés dans tous les secteurs, notamment en raison de la lourdeur des règles relatives à l’investissement, au commerce et aux licences, des difficultés d’accès au financement et d’une administration publique en expansion. Cet élargissement du rôle de l’État a fait s’envoler la dette publique, qui est passée de 40,7 % du PIB en 2010 à 79,9 % en 2021. La pandémie de COVID‑19 et, plus récemment, l’invasion russe en Ukraine ont exacerbé les fragilités socioéconomiques. En 2022, la hausse des prix des produits de base a entraîné un creusement de 63 % du déficit commercial, qui a atteint 15 % du PIB. Le recul de la production de pétrole et de gaz et l’augmentation de la demande de produits énergétiques et agricoles ont aggravé la vulnérabilité de la balance commerciale face aux aléas des marchés internationaux.
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Malgré la résilience des entrées de capitaux, l’explosion de la facture d’importation aura mis à mal la balance des paiements. Le déficit du compte courant s’est détérioré de 59 % en 2022, atteignant 12,4 milliards de dinars (soit 8,5 % du PIB par rapport aux 6 % enregistrés en 2021). Les pressions sur le dinar se sont accrues, mais les réserves de change en dinars sont restées relativement stables, tandis qu’elles ne couvrent désormais (fin 2022) que 100 jours d’importations (contre 133 un an plus tôt). La hausse des cours internationaux des produits de base a créé des pressions supplémentaires sur les finances publiques, principalement par le biais des dépenses de subventions (+99 % en 2022 par rapport à 2021), qui s’établissent à 8,3 % du PIB (contre 4,6 % en 2021). La hausse des subventions se traduit par une pression croissante de la dette publique, qui a grimpé entre 2017 et 2022, passant de 66,9 à 79,3 % du PIB. Le recours croissant au financement local a entraîné un effet d’éviction du crédit dans l’économie. Compte tenu des difficultés persistantes d’accès aux financements internationaux, la Banque centrale continue de refinancer les émissions de bons du Trésor, ce qui accroît la liquidité.
» A noter, une augmentation considérable des pressions inflationnistes, provenant surtout des marchés mondiaux et de l’augmentation des prix administrés. En février 2023, le taux d’inflation a progressé pour le dix‑huitième mois consécutif pour atteindre 10,4 % (contre 7 % en février 2022 et 6,16 % en août 2021). Il s’agit du taux le plus élevé depuis décembre 1984. La hausse de l’inflation a poussé la Banque centrale à relever son taux directeur de 175 points de base au total sur l’année 2022, pour le porter finalement à 8 % « , selon la Banque Mondiale.
La reprise économique s’est tassée en 2022. Après la légère embellie de 2021 (4,4 %) qui succédait à la forte contraction de 2020 (-8,8 %), l’économie tunisienne a marqué le pas, avec une croissance du PIB réel de 2,5 % en 2022. Les services, qui ont progressé de 4 % à la faveur du tourisme et des transports, ont apporté la plus forte contribution à la croissance annuelle du PIB (2,4 points de pourcentage). Le redressement des services d’hôtellerie et de restauration et des transports s’est poursuivi, alors que ces secteurs étaient tombés au plus bas pendant la crise de la COVID‑19 en 2020, leur valeur ajoutée respective ne représentant que 75 % et 86 % des performances de 2019. Le secteur manufacturier, dont la progression s’est établie à 5 % en 2022, a contribué à hauteur de 0,7 point de pourcentage à la croissance du PIB. Le secteur textile et les industries mécaniques et électriques ont été les principaux moteurs de la dynamique du secteur manufacturier, enregistrant un taux de croissance de 14 % et 7,9 % respectivement en 2022. La contribution au PIB de l’agriculture, qui avait enregistré une croissance négative en 2021, s’est élevée à 0,2 point de pourcentage, avec un gain de valeur ajoutée de 2 %. En revanche, celle des secteurs minier, énergétique et non manufacturier (électricité, eau et BTP) ressort négativement à -0,9 point de pourcentage, selon les chiffres de la banque mondiale.
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Au dernier trimestre 2022, le taux de chômage atteignait 15,2 % (12,9 % pour les hommes et 20,1 % pour les femmes), signe d’un lent retour du marché du travail à la situation de 2019, année où le chômage s’était élevé à 14,9 % (12,1 % chez les hommes et 21,7 % chez les femmes). Toutefois, cette légère décrue en 2022 s’explique moins par une hausse de l’emploi que par une baisse du taux d’activité (46,5 % en 2022 contre 47,1 % en 2019). Sur cette période, on dénombre un total de 66 800 suppressions d’emplois. Le taux d’activité reste faible chez les femmes par rapport aux hommes, les disparités entre les sexes se réduisant légèrement. Chez les hommes, le taux recule depuis le quatrième trimestre 2019 (passant de 68,3 à 65,7 %), alors qu’il remonte doucement chez les femmes (de 26,8 à 28,2 %). De la même manière, les pertes d’emploi ont été massives chez les hommes (132 800), alors qu’un gain net d’emplois chez les femmes (66 000) est observé. Les pertes d’emplois se concentrent dans le secteur non manufacturier, notamment dans le domaine du BTP (-82 900), le secteur manufacturier créant dans le même temps 29 600 emplois.












