Chronique : Monnaie unique africaine, mirage ou chimère ?

Les avantages potentiels d’une monnaie unique comprennent la réduction des coûts de transaction et des frais de conversion monétaire, la promotion du commerce transfrontalier et la facilitation de l'intégration financière. (Crédit : Dr)

L’idée de créer une monnaie pour l’Afrique est discutée depuis plus de 20 ans comme une solution potentielle pour faciliter l’intégration économique et améliorer les échanges. Jusqu’à présent, rien de très concret… L’échéance est désormais fixée à 2045, avec l’éclosion d’institutions structurantes.

Le programme de travail pour une monnaie unique africaine a été initié précisément le 04 septembre 2002 par l’ABCA (Association des banques centrales africaines). Si, après l’entame de ce chantier, l’effectivité de cette création a été annoncée pour 2021, la dure réalité ne nous confronte jusqu’à présent qu’à une réunionite ou succession de réunions. La plupart des pays africains continuent d’utiliser plusieurs devises, avec des politiques économiques et monétaires qui ne sont pas directement interchangeables. L’émission d’une monnaie unique africaine concourt à l’accélération d’une dynamique d’intégration, en conformité à l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Résultat des courses, il n’existe pas encore de monnaie unique africaine, ni de Banque centrale africaine avec siège au Nigéria, ni non plus de Banque d’investissement, basée en Libye, ou de Fonds ou Institut monétaire dont le quartier général serait au Cameroun, comme préalablement annoncé.

Gagner du temps dans un contexte de Fintech

Un peu moins d’un an après la réunion de Banjul, au mois d’août 2022, s’est tenue à Dakar le 09 mars, une dernière réunion du Bureau de l’ABCA. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des sessions ordinaires de l’ABCA et a tourné autour de l’évaluation de la mise en œuvre des décisions prises par le Conseil de gouverneurs de banques centrales. En phase avec la ZLECAf (Zone de Libre-Echange Continentale Africaine), dont la phase opérationnelle a été lancée, en juillet 2019 et qui vise à créer un marché unique pour l’Afrique, la monnaie unique reste un objectif prioritaire.

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Les avantages potentiels d’une monnaie unique comprennent la réduction des coûts de transaction et des frais de conversion monétaire, la promotion du commerce transfrontalier et la facilitation de l’intégration financière. M. Buah Saïdy, Président ABCA et gouverneur de la Banque centrale de Gambie, l’a rappelé. Il n’en a pas omis de mettre l’accent sur un secteur financier en constante évolution, l’importance des interconnexions pour faciliter le commerce et la coopération économique, poursuivre l’agenda digital et l’inclusion financière. Il a salué les avancées en direction de l’intégration dans le respect des critères de convergence, notamment en termes de ratios Dette / PIB inférieur à 65%, Recettes fiscales/PIB supérieur à 20%, etc.

Il reste néanmoins à travailler sur l’activation du mécanisme d’évaluation des pairs, l’activation de divers groupes de travail et Task Forces, l’affinement des critères de convergence pour ratisser large, ainsi que la ratification des statuts de l’ABCA. Il s’agit aujourd’hui, d’aller au-delà des inquiétudes des uns et des autres, notamment l’opposition potentielle de pays étroitement liés à leur propre monnaie, d’apprécier l’impact sur l’inflation et d’accélérer des réformes infrastructurelles et réglementaires.

Article publié pour la première fois le 26-03-2023

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