samedi 6 décembre 2025
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Cameroun: un nouveau financement colossal de 30 milliards de dollars qui relance les inquiétudes sur l’exposition du pays aux prêts chinois

Paul Biya et Xi Jinping, le 31 août 2018 à Pékin. (Crédit : Getty Images).

Le gouvernement camerounais et le Fonds d’investissement chinois Silk Road Investment Fund ont signé la semaine dernière à Yaoundé, un mémorandum d’entente (MoU) en vertu duquel, le partenaire chinois s’engage à mobiliser 30 milliards de dollars soit près de 18.300 milliards de francs CFA pour la réalisation des projets à fort potentiel dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement du Cameroun (SND 30). Une bonne affaire pour le gouvernement certes qui va lui permettre d’accélérer la mise en œuvre de sa stratégie de développement mais qui expose un peu plus, et comme le passé, le pays à la dette chinoise. Cette dernière qui pèse déjà beaucoup dans son niveau d’endettement commence à inquiéter, Pékin étant depuis des années, le premier créancier de  Yaoundé.

Ce n’est pour le moment qu’un effet d’annonce avec la signature en grande pompe, le 29 mai 2023 au cabinet du Premier ministre, entre Alamine Ousmane Mey, le ministre camerounais de l’Economie, et Zhu Chunyu, le président du fonds d’investissement chinois Silk Road Investment Fund (SRIF) d’un accord qui va permettre au partenaire chinois de débloquer 30 milliards de dollars, environ 18,337 milliards de FCFA,  pour la réalisation des projets de développement au Cameroun dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030 (SND2030). Aucun autre détail de taille n’a été dévulgué et le ministre camerounais s’est borné à indiqué que la signature de cet accord est  «le début d’une démarche concertée entre les parties pour l’identification des projets à fort potentiel provenant tant du secteur public que privé ». Selon la même source, le fonds d’investissement va prochainement s’installer au Cameroun et il bénéficie du soutien de diverses banques et institutions financières chinoises de renommée notamment Eximbank China, China Development Bank et China Construction Bank.

Du financement pour la Stratégie nationale de développement (SND30)

La signature de cette convention de mobilisation de fonds constitue une bonne nouvelle pour la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement (SND30) surtout en ces moments où l’accès aux financements internationaux constituent un parcours de combattant pour bien des économies en développement et notamment africains. Ce fonds a été créé par le président chinois à travers son initiative de la route de la soie pour permettre aux pays bénéficiaires de disposer de fonds pour les accompagner dans leur développement. Cet accord de financement chinois n’est qu’une partie des 88.000 milliards de FCFA dont le Cameroun a besoin pour implémenter sa Stratégie nationale de développement (SND30). Le montant initial de 30 milliards de dollars soit environ 18.337, 2  milliards de FCFA annoncé pour la réalisation des représente à lui seul plus de 21% des besoins financiers estimés dans le cadre des objectifs de la SND à l’horizon 2030 c’est à dire d’ici sept (07) ans. Un véritable coup de boost donc pour en accélérer la mise en œuvre des grands projets qui se concentrent particulièrement dans le secteur des infrastructures (31,7%),  du secteur rural (23,8%), de la santé (18,5%) et des industries et services (14,1%). A travers cette annonce, le gouvernement camerounais réussit le joli coup d’attirer dans le pays des fonds additionnels chinois dans le cadre de l’initiative « On Belt, One Road » (OBOR) ou « la route de la soie » du Président Xi Jinping. Le Silk Road Fund est, en effet,  un fond souverain lancé en 2014 par le Président chinois pour lequel Beijng avait annoncé une mise initiale de 40 milliards de dollars et qui n’a depuis, cessé de s’étendre avec des prises de participations dans des entreprises stratégiques et de grands projets d’infrastructures dans plusieurs pays.

Le spectre d’une surexposition à la dette chinoise  

Cette arrivée massive de nouveaux financements chinois relance toutefois le débat sur la très grande exposition de l’Etat du Cameroun à la dette chinoise. L’empire du milieu est d’ailleurs le premier créancier bilatérale avec un encourt qui a atteint, à fin mars 2023 et rien que pour cette année, 2.106 milliards de la Caisse autonome d’amortissement (CAA), la dette du Cameroun auprès de la Chine au 1er  trimestre de l’année en cours s’élève à 2 106,5 milliards de francs CFA CFA dont 3,3 milliards  de l’Etat chinois et 2 103,4 milliards  provenant d’Eximbank China. L’enveloppe de la Chine représente de ce fait, 64,5% de la dette bilatérale établie à 3 266 milliards au cours de la période sous-revue. De manière générale, au 31 mars 2023 et selon toujours les données de la CAA,  la dette publique du Cameroun se situe à 12 203 milliards de FCFA en hausse de 5,2% en glissement annuel, ce qui représente 43,7% du PIB. Un niveau, selon la Caisse, qui est  « conforme avec les objectifs de la Stratégie d’endettement à moyen terme(SEMT) 2023-2025 qui vise entre autre à maintenir le taux d’endettement inférieur à 50% du PIB en dessous du seuil fixé dans le cadre de la convergence sous régionale (Cemac) à 70% du PIB ».

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Cependant, la première économique de l’Afrique centrale n’est pas épargnée par un risque de surendettement et surtout d’exposition à la dette chinoise, un spectre qui guette le pays depuis deux ans et que la pandémie de la Covid-19 et les autres chocs sont venus depuis amplifiés. Dans son rapport 2021 sur les perspectives économiques de l’Afrique, la Banque africaine de développement (BAD) avait déjà alerté sur cette situation. La Chine détenait alors et  à elle seule, 61,3% de la dette bilatérale du Cameroun, ce qui  correspondait alors 27,4% de la dette totale du pays. Il faut dire que cette grosse dépendance du Cameroun vis-à-vis des prêts chinois est apparue au début des année 2010, avec le lancement dans le pays, dès 2012, de grands projets d’infrastructures dits structurants. notamment a construction des barrages hydroélectriques, des ponts et routes ou le port de Kribi… Des projets qui ont été en grande partie financés par la Chine, notamment la banque publique Eximbank China. L’exposition du Cameroun à la dette chinoise qui a atteint un niveau inquiétant a été tel qu’en juillet 2019, la banque chinoise a dû restructurer la dette à elle due par le pays pour desserrer l’étau des remboursements. La banque publique chinoise d’import-export a ainsi accepté de rééchelonner 70 % de la somme, intérêts non compris,  que devrait lui rembourser le Cameroun sur la période allant de juillet 2019 à mars 2022. Le Cameroun a été même placé sur la liste des pays « en situation de surendettement ou jugés à haut risque de surendettement » et avec le retour de l’appétit de plus en plus grandissants des prêts chinois, le spectre de cette surexposition dans un contexte de risque de surendettement refait encore surface pour les investisseurs et les partenaires financiers du pays.

Côte d’Ivoire : Comment les trois tours jumelles vont « sublimer » la capitale

Ce projet s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement touristique 2018/2025, « Sublime Côte d’Ivoire ». Dont les versants « Abidjan Business City », « Abidjan Medical City » et « Abidjan Smart City ». (Crédit : Dr).

Le ministre du Tourisme, Siandou Fofana, a signé en marge d’Africa Ceo Forum 2023, un accord avec la société ACC pour la construction de trois tours « jumelles », sur l’actuel site abritant le siège de l’Agence ivoirienne de presse (AIP) au Plateau, pour un coût de 285 millions d’euros, environ 187 milliards de francs CFA. L’initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement touristique 2018/2025, « Sublime Côte d’Ivoire ».

Avec son programme « Sublime Côte d’Ivoire », la Côte d’Ivoire compte bien honorer son titre de « phare » d’Afrique occidentale francophone. C’est dans cette perspective qu’a été signé en début de semaine un accord portant sur la construction d’un projet immobilier et hôtelier structurant au cœur de la Cité des affaires de la capitale économique ivoirienne et qui intègre la stratégie nationale de développement touristique. Et ce, en présence du Président Alassane Ouattara et du Premier ministre Patrick Achi, en marge de l’ouverture de l’Africa Ceo Forum à Abidjan. L’événement a été marquée par la signature de trois importants accords au profit du secteur privé ivoirien. Ces trois accords portent sur un montant total de plus de 268 milliards de Francs CFA. Le troisième, notamment, un protocole d’accord, a été signé entre l’Etat de Côte d’Ivoire et la société ACC pour la construction d’un complexe immobilier formé de 3 tours dites « jumelles », sur le site abritant l’Agence Ivoirienne de Presse, d’une superficie de 13 062m2, pour un montant de 285 millions d’Euros, soit près de 187 milliards de Francs CFA.

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Ce projet s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement touristique 2018/2025, « Sublime Côte d’Ivoire ». Dont les versants « Abidjan Business City », « Abidjan Medical City » et « Abidjan Smart City » visent à renforcer le positionnement de la capitale économique ivoirienne en tant que destination touristique d’affaires, a rappelé le communiqué du ministère de la jeunesse. Il s’agit de faire de la capitale un hub du tourisme médical sous-régional et de l’établir en « ville intelligente » avec ce que cela comporte comme commodités en matière de mobilité et de connectivité. La vision étant de positionner durablement la destination touristique ivoirienne dans le Top 5 africain et de contribuer à plus de 10% de la génération de la richesse nationale, avec à la clé, une contribution à plus de 10% du vivier d’employabilité.

« Il incombe de préciser en guise de piqûre de rappel, que « Sublime Côte d’Ivoire » qui a pour ambition de faire de la Côte d’Ivoire un pays à vocation touristique, est sous-tendue par la mise en œuvre de 9 projets-phares et l’exécution de 9 réformes structurelles interministérielles et nécessite une implication importante et une prise de participation active du secteur privé », précise le communiqué.

Les Ministères du Tourisme et de la Construction, en tant que parties contractantes pour l’Etat, avec des cellules focales respectives ont planché des années durant, sous la férule du Comité national de pilotage des projets Public-privé (CNP-PPP), pour aboutir à ce dénouement avec ACC Côte d’Ivoire SAS. Cette dernière est une société de droit ivoirien, spécialisée dans l’exécution de contrats de construction, de travaux publics ou privés et de bâtiments ; la réalisation de tout type de travaux d’infrastructure, de superstructure et de bâtiments ; la fourniture de prestation en conseil, supervision, études, suivi de travaux. Et ce, après avoir jaugé les offres de plusieurs opérateurs nationaux comme internationaux ou des firmes multinationales.

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Plus spécifiquement, le projet porte sur la conception, le financement, la réalisation, la commercialisation, la gestion et l’exploitation de trois immeubles de grande hauteur sur une emprise de 16720m² de superficie pour une aire constructible de 13062 m2, située au Plateau, à l’emplacement du siège de l’AIP. Les tours auront une hauteur différente les unes des autres et comprendront 40, 35 et 30 étages. Le projet intègrera : une clinique de première catégorie ; des commerces, un hôtel de grand luxe, des résidences et des espaces de bureaux, des parkings souterrains sur trois niveaux pour une capacité de l’ordre de 1370 emplacements. L’accord définit le périmètre d’activité à confier au partenaire privé, la répartition envisagée des investissements et les modalités de rémunération du partenaire.

Gabon – Mines : 63 ans après son indépendance, le Gabon inaugure sa première raffinerie d’or

le Président Gabonais déchu Ali Bongo Ondimba a procédé́ le 02 juin à la mise en service de la Raffinerie Gabonaise d’or ainsi qu’à l’inauguration de la Zone multimodale de Nkok. (Dr).

C’est en présence du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba que le Gabon a inauguré la Raffinerie Gabonaise de l’or et la Zone Logistique Multimodale de Nkok. L’ouvrage à une capacité de raffinage de 7 à 10 tonnes d’or par an. C’est une première pour le pays qui interdit désormais l’exportation de l’or à l’état brut et cherche à accélérer la production aurifère.

Le Gabon dispose désormais d’une raffinerie pour transformer l’or exploiter au niveau local afin de créer de la valeur ajoutée dans l’industrie minière. En effet le Président Gabonais Ali Bongo Ondimba a procédé́ le 02 juin à la mise en service de la Raffinerie Gabonaise d’or ainsi qu’à l’inauguration de la Zone multimodale de Nkok. Créée en début 2022 pour promouvoir la transformation et la valorisation sur place des matières premières produites au Gabon, la Raffinerie Gabonaise de l’or dispose d’une capacité de raffinage de 7 à 10 tonnes d’or par an. Première raffinerie d’or en Afrique centrale, cette usine a une triple vocation. Il s’agit d’abord de raffiner 100 % l’or issu de l’exploitation locale, dans l’optique de positionner le pays en hub régional dans le raffinage de l’or en Afrique centrale. Ensuite à alimenter l’industrie locale de la bijouterie en or pour créer des emplois et des produits à partir de cet or, qui seront compétitifs pour le marché local et l’exportation. Toujours dans cette politique de développement de la transformation locale des matières premières, le chef de l’Etat a aussi visité l’usine Chanta Group, spécialisée dans la production et la transformation du contreplaqué de bois. Celle-ci s’étend sur une superficie de 10 hectares et est dotée d’une capacité de transformation de 15.000 mètres cubes de grumes par an. Grâce au renforcement de 30 machines supplémentaires prévu d’ici 2024, cette usine de contreplaqué, présenté par le pays comme l’une des plus grandes sur le continent africain, devrait contribuer d’ici la fin 2023 à faire du Gabon le premier hub d’exportation en Afrique centrale dans ce domaine.

la Zone Logistique Multimodale de Nkok (ZLMN)

A cette infrastructure s’ajoute la Zone Logistique Multimodale de Nkok (ZLMN). Il s’étend sur une superficie de 15.000 mètres carrés et est dotée d’une capacité mensuelle de stockage de 2.000 conteneurs. Constituée entre autres d’un quai d’embarquement et de déchargement, d’une aire de stationnement de véhicules, de bureaux administratifs, de matériel logistique, d’infrastructures de transport routier, ferroviaire et fluvial, la ZLMN permet de fluidifier considérablement les mouvements entre les usines de Nkok et le Port d’Owendo. Elle vise également à réduire les délais d’approvisionnement et d’évacuation des produits, et ainsi d’augmenter et d’accroitre l’efficacité du transport de mm%archandises au Gabon.

L’or gabonais, un secteur embryonnaire

L’exploitation l’or au Gabon date de la période coloniale, mais à des quantités modestes comparées à d’autres pays comme le Ghana, la République centrafricaine, le Congo etc. L’or provenait surtout de divers sites d’orpaillage répartis sur l’ensemble du territoire. Mais le pays de 4 millions d’habitants a accéléré la cadence au cours de ces dernières années. Et pour booster le secteur, le Gabon a délivré en 2017, sept permis supplémentaires à quatre compagnies. Selon les chiffres de la direction générale des Douanes et des Droits indirects (DGDI), les exportations d’or gabonaise sont passées de 1,6 milliards en 2020 à 8,4 milliards de francs en 2021, soit 0,3 % du total des exportations du Gabon. Une part tout même marginale.

Chronique : Sénégal en crise – la notation financière souveraine, toujours spéculative ou à haut risque

Un rapide round up démontre que jusqu’à présent, le Sénégal, pays doté d’abondantes ressources minières, agricoles et halieutiques, présente des déficits de transaction courantes élevés, avec des besoins de financements extérieurs significatifs et une dépendance aux importations dont le corollaire est une inflation importée. (Dr).

Le Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest, second poumon économique de l’UEMOA-certes de taille moindre à la Côte d’Ivoire – est à la croisée des chemins. De temps à autre des agences de notation, telles que Standard & Poor’s (S&P) Global Ratings, filiale de McGraw-Hill, font l’évaluation du risque-pays. Cette année 2023, qui augurait de bien d’espoirs, est en train d’être freinée dans son élan.

L’année 2023 s’annonçait très belle… La production des hydrocarbures, pétrole et gaz, devrait être effective. Le taux de croissance annoncé devrait dépassait 10%, selon plusieurs analystes- la loi de finances, plus généreuse, attend 11,4%. Cependant, la crise politique, que traverse le pays ces derniers jours avec une économie à genoux, n’augure rien de bon. Les pertes, en vies humaines, frisent la trentaine dont beaucoup de jeunes, tandis que celles matérielles et en manque à gagner, sont estimées en centaines de milliards f CFA (20 000 Mrds f CFA/ 330 j). Un rapide round up démontre que jusqu’à présent, le Sénégal, pays doté d’abondantes ressources minières, agricoles et halieutiques, présente des déficits de transaction courantes élevés, avec des besoins de financements extérieurs significatifs et une dépendance aux importations dont le corollaire est une inflation importée.

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Le PIB par habitant est estimé à moins de 1700 $. Ce pays, qui comptabilise une population de 17 millions d’habitants-RGPH en cours- représente grosso modo 20% du PIB de l’UEMOA, mais seulement 4% de la CEDEAO. Des performances bien en deçà du potentiel sénégalais. En effet, la configuration économique du pays doit être prise en compte, avec un secteur l’informel à 80% dans l’économie du pays. Le tertiaire, qui tire l’économie vers le haut, face à une industrie moribonde et un secteur primaire encore extensif, peut-il fournir une évaluation précise ? Cette interrogation est d’autant plus judicieuse que la collecte de données précises et cohérentes reste essentielle pour la croissance et le développement. Une économie à l’arrêt, pendant quasiment une semaine, ne peut qu’aggraver la notation financière du Sénégal. Aujourd’hui, face à la crise politique que traverse le pays, avec un leader de l’opposition en résidence surveillée, depuis une semaine, après la sentence prononcée par la chambre criminelle du Tribunal de Dakar peut-on dire que la solvabilité du Sénégal soit relativement faible, avec un niveau de risque de crédit élevé ?

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Le début d’une crise à circonscrire au plus vite Rappelons qu’outre la collecte et l’analyse des données, les agences de notation considèrent dans leurs critères d’évaluation, la surveillance continue du pays en fonction des évolutions économiques, financières et politiques. Ne perdons pas de vue que dans le contexte actuel, pour équilibrer le budget, l’Etat a émis des émissions de dettes commerciales en devises. Toutefois, cette part, à 40%, constitue une réelle menace le jour où le Sénégal adopterait un régime de change flexible. Même le respect des critères de convergence, limitant les déficits budgétaires à 3% du PIB dans l’espace sous-régionale, est devenu fort difficile. Le financement hors budget, l’appui financier à des entreprises publiques ou l’apurement d’arriérés accumulés ou encore le service de la dette, les scandales financiers successifs (Force Covid, La Poste, Prodac…) contrastent avec une nécessaire discipline budgétaire pour préserver la stabilité économique. Avec des subventions qui ont commencé à pondérer le budget, quadruplant en un an, le Sénégal a relevé, au début du mois de janviers 2023, le prix des carburants– un poste pourtant très sensible. Faute de sources fiables sur une récente notation financière d’une agence, je puis affirmer que dans un peu plus d’un mois, la 3èmeConférence annuelle Global Emerging Markets, prévue mardi 11 juillet 2023 à Londres et organisée par S&P, qui ambitionne d’être très informative sur les tendances du crédit et du marché en Asie, dans la région EMEA (Europe Middle Esat and Africa) et en Amérique latine, nous en édifiera un peu plus.

Soudan : les entreprises locales impliquées dans les combats, sanctionnées par les États-Unis

Le conflit n'est pas idéologique, mais une lutte de pouvoir pour le contrôle total de l'État et de ses ressources. Le principal point de discorde était l'accord-cadre de transition démocratique. Cet accord prévoyait l'intégration des Forces de soutien rapide (FSR) au sein de l'armée régulière (FAS). Les généraux n'ont pas pu s'entendre sur les modalités de cette intégration. Burhan voulait que l'armée soit la force dominante, Hemetti ne voulait pas perdre son autonomie et ses sources de revenus. (Crédit : DR).

Les États-Unis ont imposé jeudi des sanctions aux entreprises qu’ils accusaient d’alimenter le conflit au Soudan, intensifiant la pression sur l’armée et une force paramilitaire rivale pour qu’elles cessent les combats qui font rage à Khartoum et dans d’autres régions. Ces mesures interviennent alors que l’on assiste à une flambées des violences à Khartoum et au Darfour, poussant l’Arabie saoudite et les États-Unis à suspendent les pourparlers sur le cessez-le-feu de Djeddah.

Les Etats -Unis imposent des sanctions aux entreprises liées aux forces soudanaises alors que les combats font rage. Le département du Trésor américain a déclaré qu’il ciblait deux sociétés liées à l’armée, dont la plus grande entreprise de défense du pays, et deux sociétés liées aux Forces rivales paramilitaires de soutien rapide, dont une impliquée dans l’extraction de l’or. Le département américain promet de prendre des mesures supplémentaires si les parties continuent à détruire leur pays, a déclaré un haut responsable de l’administration américaine, à la presse sous couvert d’anonymat, selon les informations relayées par Reuters. Selon la même source, le ciblage des entreprises est loin d’être symbolique arguant que les mesures visent à étouffer l’accès des parties aux armes et aux ressources qui leur permettent de perpétuer le conflit.

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Le conflit, qui a éclaté le 15 avril, a fait des centaines de morts, contraint plus de 1,6 million de personnes à fuir et transformé les trois villes qui composent la capitale autour du confluent du Nil – Khartoum, Omdurman et Bahri – en zone de guerre. Les habitants ont déclaré que des tirs d’artillerie lourde pouvaient être entendus dans le nord d’Omdurman et des tirs intermittents dans le sud de Bahri, malgré un accord pour un cessez-le-feu qui devrait durer jusqu’à samedi soir. Les affrontements se sont également poursuivis près d’un marché du sud de Khartoum, où au moins 19 personnes ont été tuées et 106 blessées mercredi, selon un membre d’un comité local de quartier.

Quid des médiations saoudiennes et américaines

Les États-Unis, aux côtés de l’Arabie saoudite, ont mené des efforts pour tenter d’obtenir un cessez-le-feu effectif lors des pourparlers à Djeddah, bien que les deux parties aient rompu une série de trêves. L’Arabie saoudite et les États-Unis ont déclaré jeudi soir qu’ils suspendaient les pourparlers, un jour après que l’armée soudanaise a annoncé qu’elle mettait fin à sa participation. Les sanctions sont les premières mesures punitives imposées en vertu d’un décret signé par le président américain Joe Biden en mai. Ils ciblent la plus grande entreprise de défense du Soudan, Defence Industries System, qui, selon le Trésor, génère environ 2 milliards de dollars de revenus et fabrique des armes et d’autres équipements pour l’armée soudanaise. La société d’armement Giad, connue sous le nom de Sudan Master Technology, a également été ciblée. Du côté des RSF, Washington a imposé des sanctions à Algunade, qui, selon elle, était impliquée dans l’extraction de l’or et contrôlée par le commandant des RSF Mohamed Hamdan Dagalo et son frère, ainsi qu’à Tradive General Trading L.L.C., qui, selon elle, était une société écran contrôlée par un autre frère. Et acheté des véhicules pour les FSR, selon nos confrères de Reuters. Les entreprises, toutes essentielles aux activités commerciales et d’approvisionnement des deux forces, n’ont pas pu être jointes dans l’immédiat pour commenter. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que des restrictions de visa étaient imposées à des individus au Soudan, y compris des responsables de l’armée et des RSF et des dirigeants du gouvernement d’Omar el-Béchir, qui a été renversé il y a quatre ans. Les personnes frappées par des restrictions de visa n’ont pas été nommées.

Un sérieux risque d’embrasement

En dehors de Khartoum, des affrontements ont éclaté dans les principales villes de la région occidentale du Darfour. Un groupe régional de défense des droits a déclaré qu’au moins 50 personnes avaient été tuées la semaine dernière dans la ville la plus à l’ouest d’El Geneina, qui a été coupée des communications pendant plus de 10 jours. Dans une autre ville du Darfour, Zalingei, l’hôpital et l’université ont été pillés et des personnes ont été tuées « au hasard ». Certains responsables gouvernementaux ont déménagé dans la ville côtière de la mer Rouge contrôlée par l’armée, Port Soudan, qui est également devenue une base pour les Nations Unies, des groupes d’aide et des diplomates. Cependant, un couvre-feu a été décrété dans la ville cette semaine alors que l’armée mettait en garde contre les « cellules dormantes ». Les habitants disent que les bus ont été empêchés d’entrer dans la ville, qui est un point d’évacuation clé. À El Obeid, un centre régional au sud-ouest de Khartoum, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a signalé que de la nourriture était pillée.

« De la nourriture pour 4,4 millions de personnes est en jeu », a déclaré la chef de l’agence, Cindy McCain à Reuter.

Les dirigeants de l’armée et des RSF avaient occupé des postes de direction au sein du conseil au pouvoir du Soudan après avoir renversé Bashir en 2019. Ils se sont disputés sur la chaîne de commandement et la restructuration militaire dans le cadre d’une transition prévue vers un régime civil. Cameron Hudson, un ancien responsable américain actuellement au Centre d’études stratégiques et internationales de Washington, a déclaré que les sanctions auraient peu d’impact sur la capacité des parties à continuer à faire la guerre et qu’il était peu probable qu’elles soient appliquées par la Russie ou les Émirats arabes unis, qui ont des liens avec le RSF.

Chronique: Comment booster la création en Afrique ?

Le constat reste alarmant. Les budgets de la plupart des pays africains réservent une portion congrue à la R&D. N’est-il pas venue l’heure de repenser tous ces programmes autour de la recherche et l’innovation dans les facultés des universités, autres centres de recherche, écoles de formation professionnelle, écoles d’ingénieurs, entreprises… ? Nous le croyons et militons à des taux à deux chiffres- au moins 10% des investissements- singulièrement, en impliquant autant le public que le privé.

Pour avoir superviser plusieurs dizaines de pitchs de startups parmi les meilleures en Afrique et dans la diaspora, nous avons su apprécier toute la créativité. Des innovations dans des périmètres très larges, allant de la médecine à l’agriculture, en passant par les utilités (électricité, assainissement…), vaccination, process et équipements… ont été présentées. Malheureusement, aucun accompagnement dans des démarches pour breveter inventions et marques. Comment comprendre que dans un continent, où plus de 600 millions de foyers sont sans électricité, un générateur électrique autonome inventé en 2019 reste toujours à l’état de prototype ?

A titre de comparaison, le Global Innovation Index 2022 (Indice mondiale de l’innovation) révèle que la Suisse, les Etats Unis, la Suède sont en tête du classement mondial de l’innovation. Aussi, la Chine est proche du Top 10, tandis que des économies émergentes, telles que de l’Inde et de la Turquie, affichent un essor rapide et intègrent le Top 40.

Pourtant sur le portail de la propriété intellectuelle de l’OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle) ipportal.wipo.int, guichet unique virtuel, le fait de déposer brevets, marques, dessins et modèles, indications géographiques et appellations d’origine, est facilité. Néanmoins pour le paiement, nos Etats ne mobilisent pas des ressources ou ne profitent pas de collaborations dans le cadre de partenariats bien définis avec des pays émergents, à l’image de celle du Brésil et du Japon pour développer la culture du soja au Mozambique, ou encore du Green Super Rice de la Chine avec plusieurs pays. Rappelons que 72 millions de $/an permettraient de réaliser les OMD, 3 millions de $/an de vacciner tous les enfants des pays pauvres, 10 millions de $/an de doubler les investissements dans la R&D sur l’agriculture tropicale…

Article publié le 22/11/2022

Ousmane Sonko condamné à 2 ans ferme, le Sénégal au bord du chaos

La peine actuelle qui est de 2 ans ferme rend de facto Ousmane Sonko inéligible à la présidentielle 2024. Le tribunal l’absout pour délit de viol et menaces de mort, mais le condamne pour 600 000 f CFA et 20 millions f CFA à la partie civile. Aussi la propriétaire du salon est condamnée à 2 ans de prison ferme pour complicité dans l’acte de corruption de jeunesse.

La chambre criminelle du Tribunal de Dakar au Sénégal vient de donner, jeudi 1er juin 2023, son verdict sur l’affaire dite Sweet Beauty, entre la plaignante Adji Raby Sarr, masseuse de son état, et le leader du parti d’opposition Pastef, Ousmane Sonko, sur un présumé viol. Il n’a pas été néanmoins condamné pour délit de viol et de menaces de mort… Le verdict plonge le pays dans une violente confrontation entre forces de l’ordre et manifestants, avec à la clé des morts et d’importantes pertes matérielles.

Sur une affaire qui a atterri au Tribunal pour viol et menaces de mort, la chambre criminelle du Tribunal de Dakar a retenu le délit de corruption de jeunesse sur la demoiselle Adji Raby Sarr, âgée de 22 ans aujourd’hui- et plus de 20 ans au moment des faits. A la lecture de la sentence, cette dernière a fondu en larmes. Tout dans ce procès semblait pourtant discrédité la thèse du viol, présumée sur la masseuse, qui a accusé le leader du parti Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’équité et la fraternité). La défense a considéré, qu’il s’agit d’une conspiration… cette infraction n’a pas été discutée pendant l’audience, le procureur l’ayant rajoutée à la dernière minute. Les faits ont révélé certificat médical du gynécologue, Dr Alfousseyni Guèye, le Capitaine de gendarmerie Cheikh Oumar Touré qui a reçu le premier la plainte- radié depuis de ce corps militaire- propriétaire du Salon Ndèye Khady Ndiaye (enceinte de 8 mois), Mama Ba, la co-masseuse, et beaucoup d’autres témoignages ont été à décharge du leader de l’opposition politique sénégalaise.

Un innocent condamné ?

Des conversations enregistrées entre la plaignante et l’un de ses mentors, le marabout de sa famille, laisse à croire que ce procès est un procès ourdi contre un opposant politique dont le projet tourne autour d’une souveraineté recouvrée et que le peuple sénégalais, qui bénéficie de ressources abondantes, puisse en bénéficier davantage. Si l’avocat de la plaignante est sorti se féliciter de ce verdict, l’un des avocats du pool qui défend Ousmane Sonko, en l’occurrence Me Ciré Clédor Ly, trouve qu’il est temps d’arrêter les persécutions et les violences exercées contre le citoyen Ousmane Sonko dont la demeure est barricadée depuis 5 jours. Il a ajouté que le destin d’une nation peut être influencé par un verdict, mais l’histoire d’un peuple ne sera écrite que par les hommes et femmes qui se dressent contre l’injustice et l’oppression. Tous les observateurs s’attendent à l’aube d’une crise politique et sociale qui risque d’embraser un pays connu pour une démocratie mature. Beaucoup d’analystes prédisaient un procès moral et un complot pour écarter un candidat. Les avocats de la défense de Ousmane Sonko ont déjà esté en justice pour poursuivre tous les comploteurs et adressé un appel au peuple pour lever le blocus chez leur client. 

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La peine actuelle qui est de 2 ans ferme rend de facto Ousmane Sonko inéligible à la présidentielle 2024. Le tribunal l’absout pour délit de viol et menaces de mort, mais le condamne pour 600 000 f CFA et 20 millions f CFA à la partie civile. Aussi la propriétaire du salon est condamnée à 2 ans de prison ferme pour complicité dans l’acte de corruption de jeunesse. A la lecture du verdict des manifestations ont éclaté à Dakar et dans plusieurs localités du pays, opposant les forces de l’ordre et les partisans du leader de Pastef. Les médias locaux font états de plus de 5 morts et de nombreux blessés. Des images ont montré des scènes de pillages, d’incendies, de saccages de biens publics, occasionnant d’importantes pertes matérielles dans ce pays connu pour sa stabilité politique.

Nigeria: les priorités et défis économiques du nouveau Président Bola Tinubu

Après deux mandats, c'est un géant aux pieds d'argile que le désormais ex-président a légué à Ahmed Bola Tinubu, investi lundi 29 mai à Abuja, la capitale fédérale, comme 16e président de la plus grande économie et du pays le plus peuplé d'Afrique. (Crédit : Dr).

Investi le lundi 29 mai dernier comme 16e Président de la République Fédérale du Nigeria, le Président Bola Ahmed Tinubu prend les rênes du pouvoir de la première puissance et plus peuplé pays d’Afrique frappé depuis plusieurs années par de multiples crises : insécurité, chômage des jeunes, marasme économique et corruption galopante. Un lourd héritage légué par son successeur Muhammadu Buhari qu’il va devoir gérer en misant sur le potentiel dont ne manque pas le géant nigérian et pour lequel, le leadership en matière de gestion dont il fait preuve lorsqu’il était gouverneur du puissant état de Lagos (1999- 2007) lui sera d’un précieux atout pour définir les priorités de l’heure et remettre l’économie du pays sur les rails. D’autant que malgré les difficultés conjoncturelles, le pays dispose de véritable atouts stratégiques pour confirmer son statut de véritable puissance économique du continent, actuellement classé à la 25e place au monde en terme de PIB.

L’élection encore contestée du candidat de l’APC lors de la présidentielle du 25 février 2023 a été une grande surprise pour bon nombre de nigérians mais aussi ailleurs. Bien qu’il soit l’un des principaux favoris, le dauphin du président sortant Muhammadu Buhari trainait comme un boulet le lourd bilan de son prédécesseur dont les résultats étaient loin de l’espoir qu’il a suscité lors de son arrivée au pouvoir en 2015. Après deux mandats, c’est un géant aux pieds d’argile que le désormais ex-président a légué à Ahmed Bola Tinubu, investi lundi 29 mai à Abuja, la capitale fédérale, comme 16e président de la plus grande économie et du pays le plus peuplé d’Afrique. La cérémonie d’investiture s’est déroulée en grande pompe avec la présence de près d’une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement, principalement du continent, ainsi qu’une centaine de délégations venues de tous les pays du monde. Une preuve du poids que jouit encore le pays dans la géopolitique régionale mais aussi du vent d’espoir qui souffle de nouveau pour l’avenir de ce mastodonte de l’Afrique de l’ouest, classé au 25e rang des puissances économiques mondiales.

Le lourd héritage de l’ancien président Muhammadu Buhari

Le pays que le nouveau président nigérian hérite en cette fin mois de mai 2023 ne fait pas figure de bonne mine notamment sur le plan économique avec une inflation à deux chiffres, des salaires misérables, une pénurie d’argent liquide et de carburant ainsi qu’un endettement extérieur qui atteint des proportions inquiétantes. A la décharge de Buhari, ses deux mandats de 8 ans n’ont pas été des plus favorables. Confronté à une insécurité ambiante avec la persistance des attaques terroristes de Boko Haram et de ses différentes factions dans le nord-est du pays, les attaques répétées des indépendantistes de l’IPOB et du MEND dans la partie sud-est du pays d’où le pays tire l’essentiel de ses ressources pétrolières, le pays a dû aussi faire face à l’impact de la morosité de la conjoncture économique mondiale avec la pandémie de la Covid-19 et tout récemment la guerre russo-ukrainienne. C’est le cas de le dire, l’ancien président a dû faire face aux pires difficultés économies et financières qui ont plongé le pays dans un marasme économie sans précédent avec une baisse notable des revenus tirés de l’exploitation du pétrole qui représente la moitié des recettes publiques et plus de 75 % des recettes totales d’exportation du pays, une chute drastique de la monnaie locale, le naira, qui n’a cessée de dégringoler face au dollar avec 750 nairas pour un dollar au marché noir en 2022, contre 200 en 2015. La crise a atteint son paroxysme en 2020, une année ou le Nigeria avait enregistré une profonde récession due aux chocs combinés de la Covid-19 et de la baisse des recettes pétrolières avec un PIB qui a chuté de près de 8 % au deuxième trimestre avant que la croissance économique ne redevenaient positive à partir du quatrième trimestre 2020 et de se maintenir depuis. Malgré quelques signes de reprises les derniers mois de l’ère Burhari, cette conjoncture économique a véritablement impacté la vie déjà difficile des 215 millions de nigérians, dont 63% de pauvres et un chômage des jeunes endémique qui atteint 43% pauvres selon les chiffres officielles, une inflation qui frôle actuellement les 22% selon la Banque centrale (CBN), l’explosion du prix de l’essence, qui a quasiment doublé (330 nairas le litre contre 165 il y a quelques mois et pour ne rien arrangé, la pénurie de devises qui a profonde marqué le pays durant les premiers mois de cette année suite à la réforme de la naira décidée par la Président sortant et mise en œuvre à coup de forceps par la CBN.

En dépit des signes de reprises enregistrés ces derniers mois, le pessimiste reste encore ambiant chez les opérateurs économiques ainsi que les analystes. «L’environnement opérationnel défavorable au Nigeria, caractérisé entre autres par des pressions inflationnistes et un faible pouvoir d’achat, continuera d’accroître le niveau de pauvreté», estime par exemple Sola Oni, du cabinet de conseil Sofunix Investment.

Remettre l’économie sur les rails, la priorité des priorités pour tourner la page Buhari

Dans son discours d’investiture, le nouveau Président nigérian a dévoilé ses ambitions qui du reste, s’imposaient d’eux-mêmes. « En tant que président de la République fédérale du Nigeria, je m’acquitterai de mes devoirs et de mes fonctions honnêtement, au mieux de mes capacités, fidèlement et conformément à la Constitution », a déclaré le nouveau chef de l’Etat qui a également appelé «à l’unité et à la cohésion» avant de promettre de faire de la sécurité « sa priorité ». Mais plus que tout le monde, il sait que là où il est le plus attendu, c’est sur les questions économiques. Son principal défi sera de remettre l’économie nigériane sur les rails. «En ce qui concerne l’économie, nous visons une croissance plus élevée du PIB et une réduction significative du chômage» a-t-il déclaré, ajoutant que ces objectifs seraient atteints grâce à une réforme budgétaire, à une augmentation de la production d’électricité et à une amélioration de la sécurité alimentaire. «J’ai un message pour nos investisseurs, locaux et étrangers: notre gouvernement examinera toutes les plaintes formulées au sujet de la fiscalité multiple et des divers obstacles à l’investissement», a aussi assuré celui qui passe comme un véritable businessman et donc plus ouvert aux affaires, ce qui pourrait jouer en faveur de l’amélioration du climat pour les entreprises nationales et investisseurs étrangers.

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Le nouveau président nigérian s’est aussi engagé à mettre fin aux subventions accordées sur le carburant, une mesure populaire mais jugée coûteuse. Il a également promis de faire le ménage pour assainir la politique monétaire, estimant que la banque centrale devrait œuvrer en faveur d’un taux de change unifié, ce qui permettrait de faire converger les flux financiers vers des «investissements significatifs dans les usines, les équipements et les emplois qui alimentent l’économie réelle». Dans l’immédiat, l’un des premiers défis auquel va faire face le président Tinubu, c’est de parvenir à mettre fin à la persistance des pénuries qui pourraient par exemple entrainer une baisse de 25% des ventes sur les produits manufacturés si les crises du carburant et des liquidités n’étaient pas résolues dans les prochaines semaines comme annoncé par une des principales associations d’industriels du pays «cette situation n’est bonne pour personne. Ni pour l’industrie, ni pour le gouvernement, ni pour le citoyen ordinaire», a prévenu dans les médias, le patron de l’Association des fabricants du Nigeria (MAN), Segun Ajayi-Kabir.

La réforme de subventions, le premier dossier chaud sur la table du nouveau président

Le Président est aussi très attendu sur l’une des véritables patates chaudes que lui a légué l’ancien administration fédérale avec la fin des subventions pétrolières annoncé dès ce mois de juin avec l’épuisement des ressources du dernier fonds constitué à cette effet. Lors de sa campagne, il avait prévenu qu’il mettra fin à ces subventions qui coûtent énormément au budget de l’Etat et dans son discours d’investiture, il a réitéré les mêmes engagements. La nouvelle administration sait d’avance que cela va engendrer une véritable levée de boucliers dans le pays avec le front qui se met déjà en place entre syndicats de travailleurs et autres associations de consommateurs. Cette réforme qui est au cœur de tous les débats électoraux, politiques et économiques depuis près de 30 est ans comme imminente depuis plusieurs années, notamment sous pression du FMI et de la Banque mondiale. Il illustre tout le paradoxe du Nigeria. Le premier producteur de pétrole du continent africain n’exploite que du brut qu’il exporte et qui lui rapporte des milliards de dollars, mais faute d’infrastructures de raffinage, il doit importer son carburant qu’il subventionne. Cette mauvaise gestion énergétique, couplée à une corruption endémique, a entraîné une explosion de la dette mais aussi de la pauvreté qui touche près de la moitié de la population. L’urgence pour Bola Tinubu, c’est donc de renflouer les caisses de l’État et de relancer l’économie nationale, sous peine d’avoir à affronter au cours de son mandat la colère des gens, qui sont en mode survie. 

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Au lendemain de son investiture, c’est l’une des premiers dossiers sur lequel il a eu a tranché en actant la fin des subventions au carburant, une décision audacieuse qui risque d’entraîner une hausse immédiate du prix de l’essence, qui pourrait atteindre 200 %, et de relancer immédiatement l’inflation. Dans une note d’explication, son cabinet a indiqué qu’il ne s’agit que de la mise en œuvre d’une décision déjà validée par la précédente administration et les fonds ainsi dégager vont servir à atténuer les risques d’inflation et seront aussi orienter vers des dépenses à caractères sociales pour atténuer l’impact chez les personnes vulnérables ainsi qu’à la réalisation d’ infrastructures socioéconomiques pour relever le niveau du développement du pays. 

Du potentiel pour relancer la machine économique

Il va falloir attendre la fin de l’Etat de grâce, qui risque de ne pas prendre beaucoup de temps, pour jauger de l’empreinte du nouveau Président. Il a deux mois pour constituer son gouvernement qui va s’atteler à relancer la machine économique du pays et à sortir près de 80 millions de personnes sur les 215 millions que compte le pays, de la pauvreté. Malgré les difficultés qu’il a hérité et qui continuer de peser sur le dynamisme de la première économie du continent, la nouvelle administration fédérale va prendre service dans un contexte relativement favorable.  Après la récession économique de 2020, l’ancienne administration a pu tant que mal à faire redémarrer l’économie du pays dès 2021. Selon les dernières prévisions du FMI, la croissance économique du Nigeria devrait augmenter cette années à 3,2% , contre 3% estimée en 2022, alors que l’inflation s’inscrit dans une tendance baissière.

« Malgré le succès des autorités à contenir et à gérer les infections à la Covid-19, les conditions socio-économiques restent difficiles. Les retombées de la guerre en Ukraine, qui se sont transmises principalement par la hausse des prix intérieurs des denrées alimentaires, ont aggravé les effets néfastes de la pandémie, notamment sur les personnes les plus vulnérables – le Nigeria figurant parmi les pays où la sécurité alimentaire est la plus faible », avait indiqué le Fonds qui préconise  « des réformes structurelles visant à améliorer la gouvernance, à renforcer le secteur agricole et à stimuler une croissance inclusive et durable afin de garantir la stabilité macroéconomique».

Dans une récente note, la Banque centrale du Nigeria (CBN) a aussi indiqué que l’économie nigériane a maintenu une trajectoire de croissance positive pendant neuf trimestres consécutifs depuis sa sortie de la récession en 2020. Selon le gouverneur de la CBN, Godwin Emefiele, «cette performance a été largement due à la croissance soutenue des secteurs des services et de l’agriculture». Le gouverneur qui intervenait dans les médias au sortir de la dernière réunion du Comité de politique monétaire à Abuja du mois de mars a également attribué cette croissance à un rebond des activités économiques et à l’intervention continue de la CBN dans les secteurs propices à la croissance, ajoutant que la reprise de la croissance de la production devrait se poursuivre en 2023 et 2024. « Le comité a toutefois observé avec inquiétude l’augmentation marginale de l’inflation globale en février à 21,91%, soit une augmentation de 0,09 point de pourcentage par rapport au mois précédent », a ajouté la note de la banque centrale selon laquelle cette augmentation était en grande partie due à une hausse minime de la composante alimentaire. Dernièrement, c’est l’Office national des statistiques (NBS) qui dans un rapport publié le 24 mai 2023 a confirmé cette  croissance de l’économie nigériane au premier trimestre 2023 qui marque la dixième évolution trimestrielle positive consécutive du PIB de ce pays d’Afrique de l’Ouest. En dépit, « d’un ralentissement de la croissance est attribuable aux effets négatifs de la pénurie de liquidités survenue au cours du trimestre », l’Office a indiqué que la croissance enregistrée entre le 1er janvier et le 31 mars de l’année en cours découle essentiellement du bon comportement du secteur des services, qui a connu une progression de 4,35 %, ce qui a lui a permis de contribuer à hauteur de 57,29 % à la croissance globale du PIB. D’autre part que, l’Office national des statistiques a annoncé que la production de pétrole a augmenté à une moyenne quotidienne de 1,51 million de barils par jour au premier trimestre 2023, contre 1,49 million de barils par jour au trimestre correspondant de 2022.

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Malgré donc les difficultés conjoncturelles auxquelles fait face l’économie du pays, le Nigeria dispose de ressorts structurels pour relancer sa machine.  Première économie d’Afrique, le Nigéria, en concurrence étroite avec l’Afrique du Sud, le pays compte plus de 219 millions d’habitants et dans le monde, c’est la 25ème plus grande économie en volume de PIB. Cependant, l’économie nigériane est fortement dépendante du pétrole et est donc très vulnérable aux fluctuations des prix et de la production du pétrole brut. Si sur la dernière décennie la croissance économique a atteint 2,5% en moyenne, la pandémie de Covid-19 et la chute des prix du pétrole ont provoqué une contraction de l’économie en 2020. Néanmoins, la croissance économique a rebondi en 2021 avec +3,6% et 2022 avec +3,2%,  soutenue par un secteur des services dynamique et une augmentation des recettes provenant des exportations de pétrole et de gaz. La production de pétrole brut était en moyenne de 1,3 mbpj en 2022 et devrait augmenter légèrement pour atteindre 1,4 mbpj en 2023, bien que le secteur continuera d’être affecté par la combinaison du vol de pétrole, du vandalisme des pipelines et du vieillissement des infrastructures et pour 2023 et 2024, le FMI prévoit une croissance de 3 % et 2,9 %, respectivement. Parmi les risques à la baisse figurent une inflation élevée et des problèmes de sécurité.

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Autres leurs d’espoir, la hausse des prix du pétrole a entraîné une amélioration des recettes d’exportation de pétrole, entraînant un léger excédent du compte courant en 2022, par rapport à un déficit de 0,4 % en 2021 comme indiqué dans la dernière analyse de Fitch Ratings sur la notation du pays. Aussi, la baisse des niveaux de réserves qui ont été estimées à 36,3 milliards USD en 2022, contre 40,2 milliards USD un an plus tôt,  a contribué au resserrement des liquidités en devises. Le déficit budgétaire des administrations publiques en 2022 a été estimé à 6,1 % du PIB par Fitch Ratings, car la subvention à l’essence a coûté au gouvernement environ 5 000 milliards NGN (2,4 % du PIB) en revenus perdus de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC). Dans la même dynamique, la baisse des coûts des subventions et une amélioration marginale de la production pétrolière devraient contribuer à réduire le déficit budgétaire en 2023 (toujours supérieur à 5 %).

GoGlobal étend sa présence à l’Afrique avec l’ouverture de bureaux locaux dans 18 pays

(Crédit : Dr).

GoGlobal, qui se définit comme l’un des principaux employeurs de référence (EOR), étend son empreinte mondiale avec l’ouverture de filiales opérationnelles dans 18 pays d’Afrique. Cette démarche stratégique permet au groupe d’offrir une couverture locale exhaustive sur un tiers du continent africain, positionnant l’entreprise comme un acteur clé dans le soutien aux entreprises multinationales (EMN) qui se développent en Afrique.

Avec le renforcement de sa présence en Afrique, GoGlobal s’ouvre de vastes opportunités de croissance. Pour les entreprises cherchant à se développer à l’échelle mondiale dans des secteurs tels que la technologie, l’agroalimentaire, les ONG, les services financiers, la construction et l’ingénierie, l’Afrique apparaît comme une terre aux possibilités illimitées. Avec une population croissante, un vivier de professionnels talentueux, une économie prometteuse, un développement robuste des infrastructures et des politiques favorables aux investisseurs, l’Afrique devient rapidement une priorité pour les multinationales du monde entier. Une association avec un employeur de référence (EOR) permet aux entreprises d’accélérer leur stratégie de croissance en Afrique, annonce la société dans un communiqué.

« L’Afrique a connu une transformation impressionnante, passant d’une perspective d’avenir à une région regorgeant d’opportunités immédiates. Dotée d’une main-d’œuvre jeune, pleine de talents et hautement qualifiée, l’Afrique est devenue un pôle dynamique à fort potentiel commercial. », a déclaré Nick Broughton partenaire chez GoGlobal.

En tant que plaque tournante du commerce international, l’Afrique offre une multitude d’avantages, en particulier pour les entreprises de Chine, d’Asie-Pacifique, d’Europe, du Moyen-Orient et d’Amérique du Nord. Dans le cadre de son expansion, GoGlobal propose également des solutions de recrutement de bout en bout, offrant aux multinationales la possibilité de constituer des équipes performantes en Afrique et de dénicher les talents dont elles ont besoin. En puisant dans la vaste réserve de talents africains, les multinationales bénéficient d’une main-d’œuvre dynamique, d’un accès au savoir-faire local ainsi que d’opérations rentables.

« Une association avec un employeur de référence (EOR) permet aux entreprises d’accélérer leur stratégie de croissance en Afrique », explique Ashwin Tirvassen.

Il a ajouté que les entreprises stratégiques choisissent de s’associer avec GoGlobal pour la gestion des ressources humaines transfrontalières, qui peut s’avérer complexe. GoGlobal dispose d’experts locaux au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Égypte, au Ghana, au Kenya, au Mali, au Malawi, à Maurice, au Maroc, au Nigeria, au Rwanda, au Sénégal, en Afrique du Sud, en Tanzanie, en Tunisie, en Zambie et au Zimbabwe. Broughton a précisé que la profonde connaissance des usages culturels, de la langue et du cadre réglementaire de chaque pays permettant de proposer des solutions sur mesure aux multinationales, leur offrant les moyens de se développer rapidement, de manière rentable et dans le respect des règles.

BAD : tour d’horizon des moments forts des Assemblées annuelles 2023

Le groupe Banque africaine de développement (BAD) vient de tenir ses Assemblées annuelles 2023 du 22 au 26 mai 2023 à Charm el-Cheikh, en Égypte. Le maître-mot a été souveraineté africaine pour cette banque multinationale qui entend faire avancer le continent. (Crédit : Dr).

Cette année les Assemblées annuelles du groupe Banque africaine de développement (BAD), ponctuées de plénières et de panels thématiques, qui viennent de s’achever à Charm el-Cheikh en Egypte, ont coïncidé avec la 58ème Assemblée du Conseil des gouverneurs et le 49ème Assemblée du Conseil des gouverneurs du Fonds africain de développement (FAD). Entre autres, les chantiers ont porté sur la souveraineté pharmaceutique, la souveraineté alimentaire de l’Afrique, une coopération multilatérale avec le privé et le public pour financer la transition verte en Afrique… Le lancement de l’Alliance pour les infrastructures vertes (AGIA), par le groupe et plusieurs partenaires, dans le but de verdir les infrastructures de l’Afrique et de mobiliser 10 milliards de $ pour couvrir les coûts supplémentaires des infrastructures vertes, à faible émission de carbone et résilientes dans le cadre de la transition vers Net Zero en Afrique, a été salué. Mieux son accélération est encouragée.

Le groupe Banque africaine de développement (BAD) vient de tenir ses Assemblées annuelles 2023 du 22 au 26 mai 2023 à Charm el-Cheikh, en Égypte. Le maître-mot a été souveraineté africaine pour cette banque multinationale qui entend faire avancer le continent. Dans un contexte, marqué par un environnement extérieur de plus en plus difficile, y compris les risques géopolitiques, l’escalade du conflit au Soudan, les impacts plus larges de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le changement climatique, l’insécurité, les tendances inflationnistes élevées, ainsi que l’augmentation des coûts du service de la dette résultant des effets de la hausse des taux d’intérêt à l’échelle mondiale et de vulnérabilités suite à l’escalade de la dette, l’Afrique a maintenu un taux de croissance de 3,8 %, bien au-dessus du taux de croissance du PIB mondial de 3,4 % estimé pour 2022. En droite ligne de l’Agenda 2030 pour le développement durable (ODD) et l’Accord de Paris, le groupe reste attaché à la réalisation de ses objectifs.

Un leader donne le ton

A Charm el-Cheikh, le Conseil des gouverneurs a souligné l’importance d’accroître la coordination entre tous les acteurs du développement et de créer des synergies entre les différents programmes, sources de financement et stratégies de développement, en les alignant sur les priorités insérées dans l’Agenda 2063 – L’Afrique que nous voulons- le cadre stratégique du continent pour donner la priorité et au développement économique, l’intégration continentale et régionale, la gouvernance démocratique et la paix et la sécurité. Le début des pourparlers de pré-négociation entre les représentants des Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide, à Djeddah le 6 mai 2023, a été salué. Les Gouverneurs, représentant les pays membres de la BAD et les États participants au FAD, réunis à ces rencontres périodiques, tenues cette année du 2023 du 22 au 26 mai 2023 à Charm el-Cheikh, en Égypte, ont salué la présidence de M. Hassan Abdalla, Gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte et Président des Conseils des Gouverneurs, et loué la présence effective du Président d’Egypte, M. Abdel Fattah El-Sisi, du Président de l’Union des Comores et Président de l’Union Africaine, M. Azali Assoumani, du Président du Zimbabwe, Dr. Emmerson Dambudzo Mnangagwa, du Vice-Président de Tanzanie, M. Philip Isdor Mpango, représentant Mme Samia Suluhu Hassan, Présidente de Tanzanie, du Premier Ministre de la République du Rwanda,  M. Édouard Ngirente, représentant M. Paul Kagame, Président du Rwanda, du Premier Ministre de Burundi, M. Gervais Ndirakobuca, représentant M. Evariste Ndayishimiye, Président du Burundi, du Premier Ministre de la République Fédérale de Somalie M. Hamse Abdi Barre,  représentant M. Hassan Sheikh Mohamud, Président de la République Fédérale de Somalie, du Président de la Commission de l’Union Africaine, M. Moussa Faki Mahamat, du Premier Ministre égyptien, M. Moustafa Madbouli, du Gouverneur du Gouvernorat du Sinaï Sud, le Général-Major Khaled Fouda, du Ministre de l’Industrie et des Technologies avancées des Émirats arabes unis et Envoyé spécial des Émirats arabes unis pour le changement climatique et Président désigné de la COP 28, Dr Sultan Ahmed Al Jaber, etc.

Un AAA, fièrement affiché

Comme à l’accoutumée, les activités et résultats ont été examinés par le Conseil des gouverneurs qui a félicité le groupe BAD pour sa gestion financière et des risques solide et prudente. Un management qui lui a permis de maintenir sa cote de crédit triple A par toutes les principales agences de notation de crédit mondiales ainsi que son leadership en matière d’étirement de ses bilans, en utilisant des approches innovantes de transfert des risques de marché, y compris l’utilisation de la titrisation synthétique et du risque de portefeuille assurance. Les conseils d’administration, la direction et le personnel ont été congratulés pour la performance opérationnelle et financière en 2022, dans des circonstances difficiles. Aussi, l’opinion sans réserve des auditeurs externes du groupe sur les états financiers clos le 31 décembre 2022 et leur confirmation de l’efficacité des contrôles internes ont été salués.

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Relativement aux réformes de certains instruments de gouvernance du groupe de la Banque, adoptées conformément à la résolution B/BG/2022/08 –F/BG /2022/05, les Conseils d’administration et la Direction ont été félicités, quant à la mise en œuvre des principales recommandations du Comité ad hoc. Les progrès accomplis dans le cadre de l’examen global et global en cours, visant à renforcer l’indépendance des principales fonctions de surveillance, de conformité et de responsabilité conformément aux normes internationales et aux meilleures pratiques (architecture financière mondiale), ont été salués. Des recommandations concernant les modifications du Règlement régissant l’élection du Président, afin de permettre l’utilisation du vote électronique, lors des futures élections, et les modifications correspondantes du Règlement intérieur du Conseil des gouverneurs de la BAD et du Règlement Procédure du Conseil des gouverneurs du FAD, pour prévoir expressément la convocation d’Assemblées annuelles virtuelles, ont été approuvées.

BMD la Plus Transparente au Monde

Au chapitre des satisfécits, la BAD étrenne son titre d’Institution de Développement la Plus Transparente au Monde pour ses opérations souveraines. Elle a en effet obtenu le score le plus élevé, jamais enregistré, pour la transparence sur les opérations souveraines. Aussi, le FAD a remporté une honorable 2ème place, en tant que Meilleure Institution Financière Concessionnelle au monde par le Center for Global Development (CGD) en 2021. Pour l’exercice écoulé, face aux défis auxquels sont confrontés les pays membres régionaux (PMR), le groupe a soutenu avoir apporté une réponse forte et continue via du financement anticyclique, du dialogue sur les politiques et des produits du savoir pour gérer les risques externes, et pour soutenir le renforcement de la stabilité macroéconomique et budgétaire, la gouvernance économique, la viabilité de la dette et la transformation structurelle de les économies des PMR, tout en renforçant la résilience des États fragiles. Le Conseil des gouverneurs a approuvé la demande de la direction de tirer parti des fonds propres du FAD, son Guichet de Prêts Concessionnels, pour mobiliser davantage de ressources sur les marchés des capitaux. Une fois pleinement mis en œuvre, le groupe pourrait débloquer jusqu’à 27 milliards de $ pour aider les États à faible revenu et fragiles, a déclaré le président du Groupe de la Banque, Dr Akinwumi Adesina, vendredi dernier. Il a ajouté « Cela signifie que lorsque cela sera lancé, nous pourrons lever 4 milliards de $ supplémentaires ou même plus par cycle pour ces pays les moins avancés à faible revenu ». En outre, pour faire avancer l’Afrique, divers programmes de soutien au capital humain sont mis en œuvre par la Banque pour soutenir les startups. Il s’agit notamment de son programme YouthAdapt, lancé conjointement avec le Centre mondial pour l’adaptation.

Un leadership en matière de financement climatique en Afrique

Quant aux États participants et les donateurs du FAD pour la reconstitution historique du FAD-16, ils ont été félicités, suite à un apport de 8,9 milliards de $, dont 8,5 milliards de $ de financement de base du FAD et 429 millions de $ pour le nouveau guichet d’action pour le climat. Cela renforcera la capacité du Groupe de la Banque à répondre aux multiples besoins de développement de nos PMR les moins avancés, y compris la reprise après la pandémie de COVID-19, l’insécurité alimentaire, les effets du changement climatique, la fragilité, la dette et les vulnérabilités économiques, y compris les effets de l’invasion de l’Ukraine, assure-t-on. Le groupe reste préoccupé de la nécessité de ressources financières substantielles pour soutenir l’adaptation au climat en Afrique, y compris la réalisation de l’engagement des pays développés de mobiliser 100 milliards de $ par an, en financement climatique pour les pays en développement, dans le contexte d’actions d’atténuation significatives et de transparence sur la mise en œuvre. « Dans cet esprit, nous appelons à une action urgente pour doubler la fourniture collective de financements climatiques pour l’adaptation et à l’opérationnalisation de nouveaux accords de financement pour répondre aux pertes et dommages conformément aux décisions des Conférences des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et de la Conférence des Parties à l’Accord de Paris, dont les dernières sessions se sont tenues à Charm el- Sheikh, Égypte, et d’explorer l’introduction de clauses de dette résilientes au changement climatique« , ont indiqué les Gouverneurs.

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A noter que sur le financement climatique en Afrique, le groupe BAD a dépassé son objectif d’engager 40 % dans le financement climatique (engagement de fournir 25 milliards de $ entre 2020 et 2025), atteignant 45 % en 2022 ; consacrer 63 % de son financement climatique en 2022 à l’adaptation, ce qui en fait la première BMD au monde pour le financement de l’adaptation à avoir dépassé l’objectif de 50/50 pour l’adaptation et l’atténuation, tout en visant toujours un équilibre entre le financement de l’adaptation et de l’atténuation ; et consacrant 87 % de ses investissements dans la production d’énergies renouvelables depuis le lancement de la stratégie New Deal sur l’énergie pour l’Afrique du Groupe de la Banque en 2016. Un certain nombre de mesures sont à encourager, il s’agit notamment de continuer à adopter des approches qui garantissent une transition juste, la sécurité énergétique et la durabilité, conformément à l’Accord de Paris accord, élargir l’accès à des services énergétiques propres, renouvelables, abordables, fiables et durables pour tous et stimuler un développement à faible émission de carbone et résilient au changement climatique conformément à l’Accord de Paris. En droite ligne du thème de ces Assemblées annuelles «  Mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique « . Il s’agit d’encourager une participation active aux partenariats africains pour une transition énergétique juste, y compris des ressources plus concessionnelles pour garantir que la transition soit juste le Groupe de la Banque, tout en restant axé sur la réduction de la pauvreté, à approfondir sa collaboration avec l’Union africaine, les PMR, d’autres banques multilatérales de développement (BMD), des institutions financières internationales et d’autres partenaires au développement à mobiliser davantage de financements climatiques publics et privés pour des investissements verts et durables. Il faudra combler le déficit annuel de financement climatique du continent, d’environ 213,4 milliards de $.

Financements structurants et soutien à l’intégration africaine

Aux assemblées annuelles de la BAD en Egypte, le ferme soutien du groupe au Mécanisme de préparation des projets d’infrastructure du Nouveau Partenariat pour l’Afrique (NEPAD-IPP) a été approuvé, ainsi que le renforcement de son soutien à l’intégration régionale, conformément à l’Accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA), son efficacité et exécuter strictement sa stratégie de sélectivité approuvée par le Conseil d’administration pour répondre aux besoins uniques des PMR, en particulier des pays à faible revenu (PFR), y compris ceux en situation de fragilité et de conflit, et des États insulaires, y compris en plaidant et en incitant, notamment par le dialogue politique, des cadres de politique macroéconomique prudents , la consolidation des institutions et de l’état de droit, l’inclusion sociale et la promotion de l’égalité des sexes. Il en a été de même sur l’aide aux PMR à accroître leurs ressources nationales, à l’amélioration de la gouvernance économique, la gestion des finances publiques, la viabilité de la dette, l’exactitude et la transparence des données sur la dette, ainsi qu’au renforcement des cadres de lutte contre le blanchiment d’argent, en coordination avec le FMI, le Groupe de la Banque mondiale et le Club de Paris, sur la base des cadres stratégiques du Groupe de la Banque.

Allier sécurité alimentaire et souveraineté pharmaceutique

Les efforts du Groupe de la BAD, visant à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique, à travers des programmes dans le cadre de sa stratégie Nourrir l’Afrique et via sa co-organisation au Sommet Nourrir l’Afrique à Dakar, tenu du 25 au 27 janvier 2023, ont été salués.  Même son de cloche pour son engagement continu à soutenir les efforts du continent pour atteindre la sécurité en eau et la performance du secteur de l’eau en 2022. La mise en œuvre sa Stratégie de l’eau 2021-2025 et par ricochet la sécurité de l’eau, pour favoriser une croissance et un développement durables, verts et inclusifs en Afrique, sont encouragées. L’exemple de Zagora au Maroc où l’abondance de « l’or bleu » a apporté de nouvelles opportunités a été magnifié. Dans cette province, l’Etat a pris les devants en lançant, en 2016, la construction du barrage d’Agdez. Financée à plus de 60 millions d’euros (9 milliards f CFA) par la BAD, l’infrastructure comprend une station d’épuration d’un débit de 250 litres par seconde. Dans quelques semaines, plus de 125 km de canalisations alimenteront en eau potable les villes d’Agdez, à 27 km du barrage, et de Zagora, à 125 km du barrage. Pour améliorer la préparation et la résilience de l’Afrique, aux futures pandémies sanitaires, un certain nombre d’actions sont entreprises par le groupe de la BAD. Elles vont du soutien au développement d’infrastructures de soins de santé de qualité au renforcement des capacités locales de l’industrie pharmaceutique à fabriquer des médicaments et des vaccins de qualité, conformément à la Stratégie pour des infrastructures sanitaires de qualité en Afrique 2022-2030, en passant par un financement accru pour le renforcement des systèmes de santé.

Financements innovants

Les risques de cybersécurité, les problèmes de numérisation et d’accès et de transfert de technologies et le développement de l’écosystème de recherche et développement ne sont pas en reste, grâce notamment à la création de la Fondation africaine des technologies pharmaceutiques (APTF) approuvée par le Conseil d’administration, le financement à hauteur d’un milliard de $ par le biais de son mécanisme de financement positif pour les femmes en Afrique (AFAWA) et aider les PMR à collecter des données ventilées par sexe afin d’accroître l’autonomisation économique des femmes et leur accès au financement. Leshego Microfinance Bank Nigeria, connue sous le nom de Letshego MFB Nigeria, a reçu le Prix éponyme du Programme Affirmative Finance Action for Women in Africa (AFAWA) de la Banque africaine de développement. AFAWA est soutenue par divers partenaires au développement dont les pays du G7 (France, Canada, Italie, Allemagne et Commission européenne), les Pays-Bas, la Suède et la Women Entrepreneurship Finance Initiative (We-Fi) du Groupe de la Banque mondiale. Le groupe va continuer à développer des approches innovantes pour mobiliser beaucoup plus de ressources pour l’Afrique, conformément à la recommandation du Groupe de travail du G-20 sur le cadre d’adéquation des fonds propres, notamment en mobilisant davantage d’investissements et de financements du secteur privé, en travaillant à accroître la mobilisation des ressources nationales dans les PMR, optimiser son bilan, approfondir ses travaux et son leadership existant sur la titrisation synthétique et utiliser des garanties et d’autres instruments de transfert des risques de marché pour mobiliser les investisseurs institutionnels.

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Parallèlement à la mobilisation des ressources nationales, le groupe BAD va s’employer à attirer davantage de financements du secteur privé, singulièrement via la plate-forme Africa Investment Forum (AIF) qui a contribué à mobiliser des intérêts importants pour l’Afrique en 2022. Il a été précisé que le fort engagement de la Banque dans le financement des infrastructures de transport, en coordination avec la stratégie Global Gateway de l’Union européenne, est remarquable, en particulier l’intérêt d’investissement exprimé au FIA pour le corridor routier Lagos-Abidjan, d’un montant de 15,6 milliards $, et l’intérêt d’investissement exprimé pour le rail lignes en Afrique de l’Est reliant la Tanzanie, la République démocratique du Congo et le Burundi, pour un montant de 3,6 milliards $. Entre autres bons points, le leadership mondial du groupe au sein des BMD dans le développement et le fer de lance d’options innovantes, avec l’appui technique du FMI, qui pourraient soutenir l’acheminement volontaire des droits de tirage spéciaux des pays développés, vers les pays les plus vulnérables, en tenant dûment compte des législations nationales applicables. En termes d’amélioration des performances, le groupe BAD attend les futures discussions, pour voir comment optimiser l’utilisation de ses ressources par la Banque, comme le proposent les recommandations du Cadre d’adéquation des fonds propres du G-20. D’ores et déjà, rendez-vous est pris pour les prochaines Assemblées annuelles, prévues à Nairobi, au Kenya, du 27 au 31 mai 2024. A noter qu’en marge des assemblées annuelles, Andrew Mitchell, ministre d’État britannique chargé du développement et de l’Afrique, a annoncé, mercredi 24 mai 2023, le lancement de deux premiers projets dans le cadre de son programme de garantie Room to Run (de 2 milliards $ signé avec la BAD) pour l’assainissement des eaux usées égyptien sur 80 millions € et l’assainissement de l’eau sur 37 millions € au Sénégal.

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