samedi 12 juillet 2025
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Investissements hospitaliers et pharmaceutiques: la BEI et Afreximbank mobilisent 200 millions d’euros pour l’Afrique subsaharienne

En marge de l’exposition internationale africaine lancée le dimanche 24 septembre 2023 en prélude de l’Assemblée générale des nations unies, la vice-présidente exécutive d’Afreximbank, en charge de la Banque du commerce intra-africain Kanayo Awani, a tenu quelques déclarations.

La Banque européenne d’investissement (BEI) et Afreximbank ont annoncé cette semaine, le lancement d’une initiative d’investissement de 200 millions d’euros en appui à la résilience sanitaire en Afrique subsaharienne. A travers un nouveau dispositif de financement simplifié, les deux institutions financières vont mobiliser chacune 100 millions d’euros pour accélérer les investissements hospitaliers et pharmaceutiques sur le continent.

L’annonce de ce premier prêt intermédié entre la BEI, la plus grande banque multilatérale au monde, et Afreximbank, une institution financière panafricaine multilatérale, a été faite lors de la 5e Conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés qui vient de se tenir à Doha, au Qatar. Les deux institutions financières ont ainsi décidé d’unir leurs forces pour accroître les investissements dans les soins de santé et le secteur pharmaceutique en Afrique subsaharienne et renforcer la résilience sanitaire sur le continent. La nouvelle initiative d’investissement dans le domaine de la santé, dotée de 200 millions d’euros, a été officiellement lancée le 07 mars 2023 par Thomas Östros, vice-président de la BEI, et Denys Denya, vice-président exécutif d’Afreximbank.

Améliorer l’accès aux soins de santé dans toute l’Afrique

Dans les faits, Afreximbank et la BEI vont accorder chacune, un nouveau financement de 100 millions d’euros destiné à moderniser et à développer les établissements de soins de santé publics et à renforcer la production de médicaments sûrs, abordables et efficaces en Afrique subsaharienne. Il s’agit du premier concours spécifique de la BEI pour des financements intermédiés dans le domaine de la santé en Afrique. Ce nouveau dispositif de financement des soins de santé en Afrique, qui s’inscrit dans le cadre de l’initiative Global Gateway de l’Union européenne, a été mis en place par des experts sanitaires, financiers et techniques de la BEI et d’Afreximbank afin de débloquer des investissements essentiels visant à améliorer l’accès aux soins de santé locaux et à accroître la production de médicaments indispensables pour lutter contre des maladies mortelles telles que le cancer, le sida, le paludisme et la tuberculose.

« Dans le cadre de l’Équipe Europe, la BEI soutient, dans le monde entier, des investissements à fort impact dans le domaine de la santé. La nouvelle initiative BEI-Afreximbank pour la résilience sanitaire permettra de déployer 200 millions d’euros de financements destinés à renforcer la résilience sanitaire en Afrique subsaharienne en améliorant l’accès aux soins de santé et en augmentant la production pharmaceutique locale. Cette coopération financière ciblée entre la BEI et Afreximbank, partenaire financier de premier plan, démontre comment un partenariat entre l’Europe et l’Afrique améliore les conditions de vie de la population et favorise des investissements prioritaires dans le domaine de la santé », a commenté Thomas Östros, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI).

De son coté, Denys Denya, vice-président exécutif d’Afreximbank a indiqué que « la pandémie de coronavirus illustre à quel point la santé de millions d’Africains est particulièrement menacée par un accès limité à des soins de santé efficaces et à des médicaments abordables. Afreximbank se réjouit de s’associer à la Banque européenne d’investissement pour mettre en place un dispositif de cofinancement de 200 millions d’euros destiné à améliorer la réponse efficace face aux défis sanitaires en Afrique subsaharienne. Cet investissement s’appuiera sur le succès de notre coopération en place visant à améliorer l’accès au financement des entreprises qui doivent relever les défis engendrés par la pandémie et les changements climatiques.».

Soutenir des investissements pour développer la production pharmaceutique locale

Selon les responsables de l’initiative, le développement rapide de soins de santé publics abordables est crucial pour améliorer la situation sanitaire en Afrique. Ainsi, la nouvelle initiative BEI-Afreximbank permettra de soutenir de nouveaux investissements dans des établissements de santé, notamment en ce qui concerne la construction et l’aménagement de cliniques et d’hôpitaux, essentiels pour permettre un traitement rapide des maladies transmissibles, réduire la mortalité infantile et faciliter l’accès aux systèmes de santé publique.

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À l’heure actuelle, en effet, seuls quelques pays d’Afrique subsaharienne accueillent des entreprises de production pharmaceutique. Dans ce cadre, cette nouvelle initiative d’investissement dans la résilience sanitaire ciblera également les financements visant à accroître la production locale de produits pharmaceutiques de qualité en Afrique subsaharienne. Elle contribuera également à remédier à la pénurie chronique de médicaments essentiels nécessaires pour lutter contre le sida, le paludisme et la tuberculose, ainsi qu’à améliorer les soins médicaux pour les nouveau-nés et les mères. Dans le communiqué publié à la suite du lancement de l’initiative, la BEI rappelle que depuis le déclenchement de la pandémie de COVID-19, elle a mobilisé plus de 12 milliards d’euros à l’appui d’investissements dans le domaine de la santé dans le monde qui ont notamment permis de soutenir la mise au point, la production et la distribution de vaccins, la modernisation d’hôpitaux et l’amélioration de l’enseignement médical. Ces dernières années, indique-t-on, la BEI a aussi soutenu des investissements dans la santé et les soins de santé en Angola, au Bénin, au Ghana, au Maroc et au Niger, tout en appuyant l’initiative COVAX pour le déploiement du vaccin contre le COVID-19 dans toute l’Afrique.

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De son coté, Afreximbank a aussi considérablement contribué à la réponse de l’Afrique à la pandémie de COVID-19 en finançant la Plateforme africaine de fournitures médicales qui a permis l’achat groupé d’équipements de protection individuelle, et en fournissant 2 milliards d’USD pour l’achat et la distribution de vaccins dans le cadre du programme AVAT.

Côte d’Ivoire : un accord avec l’Emirati Masdar pour une centrale solaire de 50 à 70 MW

La Côte d'Ivoire s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 32 % et à augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique à plus de 40 % d'ici 2030.

En partenariat avec la compagnie des Émirats arabes unis Masdar, la Côte d’Ivoire va renforcer ses capacités de production des énergies renouvelables. Le pays ouest-africain – engagé à réduire d’un tiers ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 – franchit un pas supplémentaire vers le mix énergétique.

La Côte d’Ivoire a signé un accord avec la société d’énergie renouvelable des Émirats arabes unis Masdar pour explorer le développement d’une centrale solaire de 50 à 70 mégawatts (MW), a déclaré Masdar vendredi. C’est le dernier d’une série d’accords en Afrique. La nation ouest-africaine productrice de cacao s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 32 % et à augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique à plus de 40 % d’ici 2030.

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L’accord s’inscrit dans le cadre d’un schéma directeur de développement d’installations de production intégrant solaire, hydroélectricité et biomasse. « Masdar et le ministère ivoirien des Mines, du Pétrole et de l’Énergie exploreront le développement conjoint de centrales solaires photovoltaïques en Côte d’Ivoire, en commençant par une première centrale de 50 à 70 mégawatts (MW) », a indiqué la société dans un communiqué. Masdar vise à fournir 100 gigawatts d’énergie verte dans le monde d’ici 2030 et voit un « énorme potentiel » pour ce secteur en Afrique, a-t-il ajouté. En janvier, elle a signé un accord avec l’Éthiopie pour le développement conjoint d’un projet solaire de 500 MW. Elle a également signé des accords avec l’Angola, l’Ouganda et la Zambie pour développer des projets d’énergie renouvelable.

 Avec Reuters.

Vague anti-migrants en Tunisie: la sanction de la Banque mondiale, une nouvelle alerte pour une économie sous perfusion

L'économie tunisienne ne survit actuellement que grâce aux perfusions financières des institutions financières internationales comme la Banque mondiale et le FMI et la crainte selon l'analyste financier tunisien Bassem Neifer, "c'est que cette décision n'influence les discussions avec les deux institutions". (Crédit : Dr, Africa Income).

La Banque mondiale a décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre, son partenariat avec la Tunisie, en réaction aux propos anti-migrants subsahariens tenus par le président Kais  Saïed et qui ont provoqué une vague de violences contre les ressortissants des pays subsahariens dans le pays. Dans un courrier, la Banque mondiale a estimé ces propos « complètement inacceptables » et  contraire à ses valeurs centrales relatives à la sécurité et l’inclusion des migrants et des minorités. Malgré que les autorités tentent de relativiser son impact, cette mesure  risque d’amplifier davantage la crise économique et sociale que traverse le pays d’autant que l’économie tunisienne ne doit actuellement sa survie que grâce au soutien des institutions financières internationales comme la Banque mondiale et le FMI.

Le président tunisien aurait été mieux avisé d’avoir fait sienne cette sagesse africaine qui dit qu’il vaudrait mieux remuer sa langue sept fois avant de proférer les propos qu’il a tenu le 21 février dernier lors de la réunion du Conseil de sécurité qu’il a présidé et dans lesquels il a annoncé « des mesures urgentes contre l’immigration clandestine de ressortissants de l’Afrique subsaharienne », évoquant  notamment de « hordes de migrants clandestins » dont la venue relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie ». Des propos qui avait engendré une montée de la haine anti migrants dans le pays avec des cas de sévices corporelles et une vagie d’arrestation de ressortissants de pays subsahariens.

Après le tollé provoqué par ces propos qui ont été condamnés par l’Union africaine (UA), le Secrétaire général des Nations unies, les Etats-Unis ainsi que les décisions prises par certains pays comme la Côte d’ivoire, la Guinée ou le Mali de rapatrier leurs ressortissants, des partenaires de premier plan du pays ont commencé à prendre leur distance avec le gouvernement de Kais Saïed.

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Dans un courrier rendu public en début de semaine, le Président du groupe de la Banque mondiale, David Malpass, a décidé de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » son partenariat avec la Tunisie, jugeant « complètement inacceptables » les propos de Kais Saïed. « Les commentaires publics qui attisent la discrimination, les agressions et les violences racistes sont complètement inacceptables », a jugé le président de la Banque mondiale et face à la dégradation et aux agressions rapportées, il a estimé que l’institution n’est pas en mesure de poursuivre ses missions sur place, « la sécurité et l’inclusion des migrants et des minorités faisant partie des valeurs centrales d’inclusion, de respect et d’antiracisme » de la Banque mondiale. Ainsi, poursuit la correspondance adressé à ses équipes, compte tenu de la situation, la direction a pris la décision de mettre en pause  cet accord de partenariat et de retirer du calendrier, la revue du conseil d’administration  de la Banque mondiale consacrée au pays qui est prévue initialement le 21 mars mais qui est désormais « reportée jusqu’à nouvel ordre ». Cette dernière concerne le cadre de partenariat pays (CPF), qui sert de base de suivi par le conseil d’administration de la Banque mondiale afin d’évaluer et accompagner le pays dans ses programmes d’aide.

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Concrètement, a expliqué un expert,  l’institution de Breton Woods, qui ne peut pas lancer de nouveaux programmes de soutien avec le pays tant que le CA ne s’est pas réuni, a décidé de suspendre la tenue de cette réunion sur la Tunisie « jusqu’à nouvel ordre », selon le courrier. « Les projets financés restent financés et les projets en cours sont maintenus », précise cependant à l’AFP une source proche de la Banque mondiale. Selon la même source, l’institution prévient par ailleurs d’un possible ralentissement de ses actions sur place à cause de la mise en œuvre de mesures de sécurité, en particulier concernant ses employés originaires d’Afrique subsaharienne et leurs familles.

Des inquiétudes amplifiées pour une économie à bout de souffle

La décision de la Banque mondiale a été certes relativisée par le gouvernement tunisien mais de l’avis de plusieurs analystes, même si son impact n’est pas pour le moment concrètement évalué, elle va beaucoup impacter le pays dont l’économie traverse une mauvaise passe depuis des mois. Dans une déclaration aux médias ce mercredi 08 mars 2023, le ministre tunisien de l’Économie et de la Planification, Samir Saïed, a même nié la suspension du partenariat entre son pays et la Banque mondiale.

 « La position de la BM est claire: elle a nié la suspension des relations avec la Tunisie et, seulement, il s’agit d’un report des discussions au sujet du prochain programme avec la Tunisie », a expliqué le ministre tunisien pour qui, « Ce report n’aura pas, certes, d’effet négatif sur la Tunisie. La Banque mondiale participera au financement du projet de liaison électrique entre la Tunisie et l’Italie ».

Il faut dire que la Tunisie traverse depuis des mois une crise économique sans précédent qui se traduit par une crise sociale sans précédent et qui s’ajoute à un contexte politique des plus incertains depuis la vague de réformes décidées par le président l’année dernière. L’économie tunisienne ne survit actuellement que grâce aux perfusions financières des institutions financières internationales comme la Banque mondiale et le FMI et la crainte selon l’analyste financier tunisien Bassem Neifer, « c’est que cette décision n’influence les discussions avec les deux institutions ». Des craintes légitimes si ont tient compte du fait que les contributions de la Banque Mondiale ont été programmées pour la planification budgétaire de la Tunisie pour les années 2024 et 2025 et sans cet appui, l’équilibre budgétaire risque d’être rompu ce qui mettra encore à mal l’économie du pays.

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Il faut aussi souligner que bien que les pays d’Afrique subsaharienne ne représente que peu dans la balance commerciale du pays avec, d’après les estimations,  3,5 % de nos exportations et 1,6 % des importations tunisiennes, la sortie médiatique du président tunisien est venu mettre les bâtons dans les roues des investisseurs et exportateurs tunisiens qui ont des visées stratégiques sur le continent. Dans plusieurs pays comme au Sénégal, des appels au boycott des produits tunisiens ne cessent de foisonner sur les réseaux sociaux, ce qui n’est pas de bonne augure pour l’offensive tunisienne en Afrique où le pays est déjà très devancé par ses voisins maghrébins comme l’Algérie et surtout le Maroc.

Asma Chaabi : une femme inspirante au parcours atypique

Première femme maire du Maroc, en devenant maire de la ville mythique d’Essaouira (2003-2009), Asma Chaabi a été adoubée par plusieurs instances et personnalités de premier plan, comme le Secrétaire d’Etat Américain à la défense Collin Powell lors de sa visite à Marrakech en 2003. (Crédit: Dr).

Dans le sillage du 08 mars, Journée Internationale de la femme, Africa Income est revenu sur le parcours de femmes africaines inspirantes. A l’honneur cette fois, la Marocaine Asma Chaabi, vice-présidente d’YNNA Holding, ancienne maire d’Essaouira et militante impliquée pour l’amélioration des conditions de vie des femmes et des couches vulnérables.

La Journée du 8 mars a été l’occasion pour Africa Income de présenter le parcours de femmes africaines qui inspirent. Au Maroc, Asma Chaabi, femme politique, engagée dans le social a un parcours qui force le respect. Son nom est souvent associé à la ville d’Essaouira qu’elle a gouvernée comme maire ou à l’entreprise familiale YNNA Holding. Diplômée d’Oxford College et de polytechnique Londres, elle est en effet vice-présidente exécutive d’YNNA Holding, l’un des plus grands conglomérats privés du Maroc fondé par son père, le self-made man Miloud Chaabi en 1948. Mais en sus de cette caquette, celle qui est également Vice-présidente de la Fondation Miloud Chaabi pour l’éducation des filles et des garçons dans le monde rural, est membre de plusieurs fondations et organisations non gouvernementales. Lesquelles sont concentrées sur les problèmes des femmes, des enfants et des personnes défavorisées en particulier. Première femme maire du Maroc, en devenant maire de la ville mythique d’Essaouira (2003-2009), elle a dèjà été adoubée par plusieurs instances et personnalités de premier plan, comme le Secrétaire d’Etat Américain à la défense Collin Powell lors de sa visite à Marrakech en 2003.

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Loin du cocon familial, le parcours politique d’Asma Chaabi lui a valu d’être désignée observatrice des élections présidentielles notamment en Egypte et en Mauritanie. A la fin de son mandat de maire en 2009, elle est devenue Présidente Fondatrice de l’International Women Forum (IWF), puis directrice mondiale du conseil d’administration de l’IWF pour deux mandats et présidente de la Conférence mondiale sur le leadership de l’IWF organisée à Rabat au Maroc. Une messe à laquelle plus de 800 femmes leaders ont participé. Multi casquettes, cette polyglotte mère de trois enfants est aussi une artiste plasticienne, passionnée d’art. Elle a notamment pris part, à Panama City, en Amérique Latine, au 1er Forum régional des Femmes d’impact et à l’expo «Art Africanismes en Amérique centrale et dans les Caraïbes»  qui s’est tenue du 24 au 31 mai 2022.

08 mars 2023 : Les femmes devront encore attendre pour l’égalité des chances au travail

L’Afrique subsaharienne a accompli des progrès considérables l’année dernière, avec à son actif plus de la moitié des réformes enregistrées dans le monde en 2022. (Crédit : Dr).

Aujourd’hui près de 2,4 milliards de femmes en âge de travailler dans le monde ne bénéficient toujours pas des mêmes droits que les hommes, selon les chiffres de la Banque mondiale publiés en 2023. En Afrique où les rivalités sur le marché de l’emploi sont exacerbées par la pauvreté et le chômage, les femmes sont particulièrement vulnérables et exposées face à des systèmes juridiques inspirés de modèles patriarcales. Les avancées à coups de réformes restent encore timides.  

Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, publié en mars 2023, le rythme des réformes en faveur de l’égalité de traitement des femmes devant la loi a atteint son niveau le plus bas depuis 20 ans.  Ce qui risque d’entraver la croissance économique à un moment critique pour l’économie mondiale. En 2022, le score moyen mondial de l’indice produit par le rapport Les Femmes, l’Entreprise et le Droit n’a augmenté que d’un demi-point pour atteindre 77,1 sur 100. Ce qui signifie que les femmes ne jouissent en moyenne que d’à peine 77 % des droits juridiques reconnus aux hommes. Le rapport note qu’au rythme actuel des réformes, dans de nombreux pays, une jeune femme qui entre dans la vie active prendra sa retraite avant d’avoir pu obtenir les mêmes droits que les hommes.

« À l’heure où la croissance économique mondiale ralentit, tous les pays doivent mobiliser l’intégralité de leur capacité de production pour faire face à la confluence des crises auxquelles ils sont confrontés,” souligne Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale et premier vice-président en charge de l’Économie du développement.

13 réformes dans 7 pays d’Afrique subsaharienne

En 2022, seules 34 réformes juridiques liées au genre ont été enregistrées dans 18 pays, soit le nombre le plus faible depuis 2001. La plupart de ces réformes visaient à augmenter la rémunération des congés payés pour les parents et les pères, à supprimer les restrictions au travail des femmes et à imposer l’égalité de rémunération. Il faudra encore 1 549 réformes pour parvenir dans l’ensemble du monde à une égalité juridique substantielle entre les sexes dans tous les domaines examinés par le rapport. Au rythme actuel, il faudrait au moins 50 ans pour atteindre cet objectif, alerte le rapport. L’Afrique subsaharienne a accompli des progrès considérables l’année dernière, avec à son actif plus de la moitié des réformes enregistrées dans le monde en 2022 : sept économies (Bénin, République du Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Malawi, Ouganda et Sénégal) ont ainsi adopté 18 changements juridiques positifs. Bien que de grandes avancées aient été réalisées au cours des cinq dernières décennies, beaucoup reste à faire dans le monde entier pour dépasser les bonnes intentions et obtenir des effets tangibles, à savoir garantir l’égalité des chances pour les femmes devant la loi, a souligné l’étude de la Banque Mondiale.

NABOU FAll, ceo Vizeo : « les incubateurs-accélérateurs jouent un rôle crucial dans l’autonomisation des femmes entrepreneurs »

Nabou Fall, Cofondatrice Impact Hub Abidjan, ceo Vizeo.

Les mots que l’on entend très souvent quand on parle d’entreprenariat sont incubateurs et accélérateurs.  Lorsque mes associées et moi avons créées impact hub Abidjan notre objectif était d’impacter en créant les conditions facilitant l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes. En effet un incubateur et/ou accélérateur est une structure d’accompagnement aux entrepreneurs qui développe et implémente des programmes de renforcement des capacités entrepreneuriales. Après presque 4 ans d’existence, nous avons mis en œuvre des dizaines de programmes ayant impactés près de 300 entrepreneurs dont 80% de femmes. En développant des parcours spécifiques dédiées exclusivement aux femmes nous avons constatés qu’au-delà de l’acquisition d’outils de gestion d’entreprises, les entrepreneurs en apprenant l’art de pitcher leurs projets ont su convaincre des investisseurs potentiels et trouver des financements. Notre espace de coworking permet à des couts faibles aux entrepreneurs de disposer d’un espace de travail, une adresse de domiciliation ainsi que l’accès à une salle de réunion professionnelle.  Cela permet donc aux femmes entrepreneurs de faire partie d’une communauté au sein de laquelle elles peuvent partager leurs défis et ne plus se sentir isolées. Aussi nous affectons des mentors à nos entrepreneurs dans le cadre de certains parcours, ce qui leur permets d’être en rapport avec des femmes expérimentées qui leur offre conseils et soutien tout au long de leurs parcours de formation. 

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L’ensemble, les incubateurs et les accélérateurs peuvent jouer un rôle crucial dans l’autonomisation des femmes entrepreneurs en leur donnant accès au financement, à la formation, au soutien et aux ressources. En créant un environnement favorable et inclusif, les incubateurs et accélérateurs peuvent aider les femmes entrepreneurs à surmonter les défis uniques auxquels elles sont confrontées et à atteindre leurs objectifs entrepreneuriaux en Afrique.  La multiplication des opportunités d’incubation /accélération est une aubaine pour les femmes Africaines qui n’ont pas forcément les outils et ressources nécessaires pour développer leurs entreprises. En vue d’un impact plus fort, nous avons créé un club de business Angels le CIBAN (Côte-d’Ivoire Business Angel Network) – un groupe d’investisseurs indépendants – dans le but de pouvoir financer des projets d’entrepreneurs. Démultiplier l’impact en renforçant l’écosystème entrepreneurial de nos pays va renforcer la place de la femme entrepreneur en Afrique. 

Par Nabou Fall : cofondatrice Impact Hub Abidjan, ceo Vizeo.

Transport aérien : en RDC, A&M Development Group va injecter 1,3 milliards de dollars dans Congo Airways

Lancée en 2014 en grande pompe, la compagnie aérienne Congo Airways a démarré ses opérations une année plus tard, en 2015, avec d'ambitieux objectifs notamment les principales villes du pays ainsi que le marché sous-régionale et aussi européen. (Crédit : Dr).

Les autorités congolaises et le groupe A&M Développement ont signé il y a quelques jours, un protocole d’accord en vertu duquel la firme constituée d’investisseurs arabes, américains et européens va injecter 1,3 milliards de dollars USD pour la relance de la compagnie aérienne Congo Airways. Lancé en grande pompe en 2014, le pavillon national traverse depuis quelques mois des difficultés financières aggravées par une mauvaise gestion qui l’ont conduit au bord de la faillite.

Ce n’est pas encore le bout du tunnel mais l’avenir semble de nouveau s’éclaircir pour Congo Airways, la compagnie aérienne nationale congolaise dont les activités sont à l’arrêt depuis plusieurs mois du fait des difficultés financières qu’elle traverse. Après plusieurs mois de négociation, la direction de Congo Airways et A&M Développement Group, un consortium d’investisseurs et d’entreprises principalement arabes, américains et européens sont parvenus à un accord relatif à un plan de sauvetage du pavillon national. Le 03 mars dernier, un protocole d’accord parrainé par le gouvernement,  a été signé entre les deux parties à Kinshasa. En vertu de cet accord paraphé par Jean-Claude Mubeka, Directeur général adjoint de Congo Airways, et Dr Khaled Sadek, CEO d’A&M Development Group, la firme s’engage à injecter une enveloppe d’un milliard trois cent millions de dollars USD pour relancer la compagnie aérienne nationale qui était au bord de la faillite. La preuve de l’importance qu’accord les autorités congolaises à cette opération, la cérémonie de signature du protocole s’est déroulée à l’occasion d’une réunion au Palais présidentielle de La Gombe de Kinshasha, en présence du Représentant du Président de la République, des ministres en charge des transports et du portefeuille de l’Etat, des responsables de l’aviation civile et de Congo Airways.

« Le déploiement et l’exécution de ce protocole d’accord connaîtront un début d’exécution dans les 6 mois à venir et le Directeur de cabinet du Président Félix TSHISEKEDI a exhorté les deux parties à la matérialisation de ce protocole d’accord pour soulager cet épineux problème de transport aérien, les clients de cette importante compagnie aérienne, pour désenclaver ce vaste pays qu’est la RDC et donner de l’emploi à la dynamique jeunesse congolaise » a annoncé dans un communiqué, la Présidence congolaise à la suite de la signature de l’accord.

Un partenariat stratégique pour un plan de sauvetage et de relance

Avec cet accord, les congolais peuvent de nouveau nourrir l’espoir que les avions de leur compagnie nationale reprendre les airs d’ici quelques mois. Un ouf de soulagements pour les populations de ce vaste pays d’Afrique centrale de  près de 2,3 millions de kilomètres carrés qui peinent pourtant à lancer et faire fonctionner un véritable pavillon national pour désenclaver les principales régions du pays.

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Lancée en 2014 en grande pompe, la compagnie aérienne Congo Airways a démarré ses opérations une année plus tard, en 2015, avec d’ambitieux objectifs notamment les principales villes du pays ainsi que le marché sous-régionale et aussi européen. Sauf que le rêve n’a pas tenu longtemps puisque quelques années après le lancement des activités, les difficultés ont commencé à apparaitre puis à s’amplifier pour la jeune compagnie. Comptes au rouge, plombée par une dette commerciale colossale et des charges d’exploitation incompressibles ainsi que plus de dix mois d’arriérés de salaire pour le personnel: la compagnie était au bord de la faillite en 2022. La pandémie de la Covid-19 et la mauvaise gestion relevée par un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et mettant en cause certains principaux responsables du board de la compagnie dont certains toujours en fuite, ont fini par avoir raison de Congo Airways. De quatre avions au lancement, la compagnie s’est retrouvé avec un seul qui lui-aussi a été par la suite cloué au sol alors que Kenya Airways avait déjà suspendu le contrat de leasing à travers lequel elle mettait deux avions à la disposition de la compagnie aérienne congolaise.

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Depuis, les autorités étaient à la recherche de solutions pour sauver la compagnie afin d’assurer la desserte aérienne du pays. Plusieurs pistes ont été explorés notamment la création d’une nouvelle compagnie, Air Congo, une coentreprise avec Ethiopian Airlines, suivant le modèle Asky, basé à Lomé, au Togo, et qui s’est développée sur le marché ouest-africain. L’arrivée d’un nouvel partenaire qui va injecter du cash s’annonce donc comme l’option qui a été privilégiée par les autorités congolaises comme d’ailleurs s’est engagé le chef de l’Etat. Il reste qu’en plus de liquidités, l’entreprise a besoin d’un véritable plan de sauvetage qui va lui permettre de relancer ses activités et de faire face à la rude concurrence dans le ciel sous-régional et surtout africain où la concurrence est rude avec une forte domination des compagnies européennes et certaines africaines. Il est aussi à remarquer que le nouvel partenaire stratégique A&M Développement n’est pas un acteur connu du marché de l’aérien tant en Afrique que sur les autres marchés internationaux. Le consortium d’entreprises arabes, américains et européens est plutôt et jusque-là plus présent dans le secteur de la construction et a depuis quelques années des intérêts dans les mines notamment en RDC.

Les pays du bassin MSGBC expérimentent les énergies renouvelables

Centrale solaire avec panneaux solaires pour produire de l'énergie électrique.

Au moment où la région MSGBC (Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée Bissau, Guinée Conakry) accélère ses grands projets d’exploitation pétrolière et gazière, les pays producteurs investissent aussi dans l’exploitation de leur potentiel en énergies renouvelables. Des projets dans la production des énergies renouvelables ont été lancés au moins dans trois pays.  

L’année dernière, la région du MSGBC a mené un programme d’expansion énergétique soutenue par des objectifs de sécurité, d’accessibilité et d’indépendance énergétiques. Les progrès réalisés dans le secteur des énergies renouvelables ont ouvert de nouvelles opportunités d’électrification à grande échelle grâce au solaire. Et ce au moment où le développement des champs pétroliers et gaziers à grande échelle tels que Sangomar (100 000 barils par jour) et le projet gazier de Greater Tortue Ahmeyim (entre le Sénégal et la Mauritanie) doivent démarrer cette année et permettent des avancées en matière de sécurité énergétique.

De nouveaux projets améliorent l’accès à l’énergie

Désireux de tirer parti de l’important potentiel solaire disponible dans la région, les pays du MSGBC ont lancé une série de projets solaires au cours de l’année écoulée. En 2022, le Sénégal a lancé une centrale solaire de 23 MW à 40 km de la capitale, Dakar, qui devrait permettre à la Senelec d’économiser environ 2,7 millions de dollars par an en coûts de combustible pendant les 25 ans de durée de vie du projet. En Mauritanie, le géant britannique de l’énergie British Petrolium (BP) a signé un protocole d’accord avec le gouvernement pour la recherche et le déploiement de l’hydrogène vert, y compris l’évaluation des ressources solaires du pays pour produire de l’hydrogène vert. En 2022, la Mauritanie a également signé un accord-cadre pour le projet d’hydrogène vert AMAN, d’une valeur de 40 milliards de dollars – visant 12 GW de solaire et 18 GW d’éolien – ainsi que l’achèvement de l’étude de préfaisabilité pour l’installation d’hydrogène vert du Projet Nour, qui comprend 3 GW de solaire.

Positionner la région MSGBC en pole d’énergie renouvelable

Le contenu local est devenu une priorité dans l’espace solaire de la région MSGBC, les nations poussant à la formation de techniciens et au renforcement de la main-d’œuvre locale dans ce secteur. En août 2022, la filiale sénégalaise du groupe de conseil allemand, Gauff Engineering, a permis à 247 étudiants sénégalais de se former sur les opérations solaires, la maintenance et la supervision à distance. Ces stagiaires qualifiés seront chargés de fournir des mini-réseaux solaires autonomes à 300 villages ruraux, ce qui permettra d’alimenter 20 000 foyers en électricité. Outre les projets de production d’électricité, la région MSGBC a intégré des systèmes solaires dans d’autres secteurs de l’économie. Dans le domaine de l’agriculture, le Sénégal et la Guinée-Conakry ont introduit des systèmes de pompage d’irrigation solaire (SIPS) pour remplacer les générateurs diesel traditionnels. Parmi les projets lancés l’année dernière, citons l’installation solaire de 50 kWp de GreenTec – qui alimente le traitement et le dessalement de 2 000 litres d’eau potable par heure au Sénégal. Les installations SIPS communautaires d’Enda Tiers Monde, qui approvisionnent 400 maraîchers en eau au Sénégal ; le projet d’irrigation Bonergie, qui comprend 2 000 pompes et 500 systèmes d’irrigation goutte à goutte, entre autres.

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Du côté de l’exploitation minière, la société canadienne d’extraction d’or Kinross a investi 55 millions de dollars dans le solaire pour alimenter sa mine de Tasiast en Mauritanie. À mesure que l’industrie minière se développe dans la région, les acteurs devraient se tourner vers l’énergie solaire pour alimenter leurs opérations. Bien qu’il s’agisse d’un secteur relativement nouveau, le marché solaire du MSGBC devrait connaître une croissance significative grâce à l’arrivée de nouveaux acteurs dans la région. Et cela grâce à l’intensification des efforts d’électrification par les gouvernements et l’afflux de nouveaux investissements sur le marché en raison des tendances capitalistiques liées à la transition énergétique.

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Pourtant, alors que le monde s’attend à ce que jusqu’à 600 GW de nouvelles capacités solaires soient ajoutés au cours des cinq prochaines années, l’Afrique continue de recevoir seulement 2 % des investissements mondiaux. Ainsi, la prochaine conférence et exposition MSGBC Oil, Gas & Power qui se tiendra en Mauritanie les 21 et 22 novembre – positionnera la région comme la destination de choix pour les investissements étrangers, tout en invitant de nouveaux acteurs à se connecter aux opportunités énergétiques régionales. Alors que la région a célébré sa première production de pétrole et de gaz cette année, la conférence permettra de discuter de la suite des événements et de la manière dont la région peut se positionner en tant que pôle mondial des énergies renouvelables grâce à l’adoption de technologies telles que l’énergie solaire.

Tunisie : importation record du gasoil russe, à la suite des sanctions occidentales

Au bord du défaut de paiement et suspendue à un accord de prêt du FMI, la Tunisie est confrontée à une forte inflation à 10,2% ainsi qu’à des pénuries et hausses des prix des hydrocarbures.

Sanctionné par les européens qui plafonnent l’achat du baril russe à 60 dollars, Moscou a trouvé de nouvelles alternatives en Afrique notamment en Tunisie. Le pays nord-africain confronté à des difficultés de trésorerie et des pénuries d’hydrocarbures a acheté des quantités record de gasoil russe en février.

La Tunisie a importé le mois dernier des volumes record de gasoil et de diesel russes, alors qu’un embargo de l’UE a contraint Moscou à trouver de nouveaux clients pour ses produits pétroliers, d’après les estimations des négociants et des données sur les transactions dans le secteur. Selon les chiffres publiés par la société d’analyse Kpler, le pays d’Afrique du nord en proie à de violentes manifestations contre le gouvernement, a importé environ « 77 000 barils par jour de gasoil et de diesel russes en février, contre 20 000 barils par jour en janvier et 25 000 barils par jour en décembre 2022 ».

L’Afrique du nord, nouveau débouché des produits russes

Dans la continuité de leur processus de désengagement du gaz et pétrole russe, les pays européens ont abandonné les approvisionnements russes en diesel au profit d’une augmentation des importations en provenance d’Inde, d’Arabie saoudite, de Chine, du Koweït, de Malaisie et d’autres pays. La Russie était le principal fournisseur de diesel en Europe, fournissant près de 60 % des besoins du continent. Fin février, le Wall Street Journal a annoncé qu’avec le boycott des pays européens, les pays d’Afrique du Nord sont devenus d’importants acheteurs du diesel russe et d’autres produits pétroliers raffinés. En effet, la Tunisie a absorbé une bonne partie des flux. Les données ont révélé que la Tunisie a importé des quantités record de gazole et de diesel russes. La livraison des produits pétroliers a été effectué par la compagnie russe Lukoil et la société Coral Energy à Dubaï, selon les données de Kpler.

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Au bord du défaut de paiement et suspendue à un accord de prêt avec le FMI, la Tunisie est confrontée à une forte inflation à 10,2% ainsi qu’à des pénuries et hausses des prix des hydrocarbures. Une situation qui a provoqué des manifestations montres contre le gouvernement de Kais Saied.

Mégaprojet pétrolier de TotalEnergies en Ouganda: la justice française déboute les ONGs qui s’opposent au projet

(Crédit : Dr))

La justice française vient de débouter la coalition des ONGs locales et internationales qui s’opposent à la réalisation du gigantesque projet pétrolier à 10 milliards de dollars du groupe français TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie (Tilenga/EACOP). Dans une décision rendue mardi dernier à la suite de près de 3 années de procédure hors norme, le Tribunal de Paris a jugé « irrecevable », la demande des ONGs qui réclamaient la suspension du projet de construction d’oléoduc et de forages pétroliers menées selon elles aux mépris des droits humains et de l’environnement. Une décision qui va faire jurisprudence dans le secteur puisqu’il s’agit de la première du genre dans le cadre de la loi sur le « devoir de vigilance » que les majors du secteur redoutent.

C’est la fin d’une longue bataille judiciaire qui aura duré trois longues années avec plusieurs rebondissements et qui était très attendu puisqu’il s’agit de la première décision qui va certainement faire jurisprudence dans le cadre de la loi sur « le devoir de vigilance » pour les entreprises du secteur extractif. La justice française a débouté mardi dernier la coalition de plusieurs ONG françaises et ougandaises qui demandaient la suspension d’un mégaprojet pétrolier porté par le géant français, le groupe TotalEnergies, en Ouganda et en Tanzanie. A travers cette procédure qui a été lancée en 2019, la coalition des ONG dont « Les Amis de la Terre » et « Survie France » dénonçaient, entre autres, les atteintes aux droits de l’homme et à l’environnement et accusaient la major française de « non-respect à son devoir de vigilance » dans le cadre de son projet pétrolier en Ouganda et Tanzanie (Tilenga/EACOP). Cette loi oblige, en effet, depuis 2017 les grandes entreprises françaises à « prévenir les risques d’atteintes graves aux droits humains et à l’environnement, y compris lorsqu’elles sont commises par leurs filiales directes ou indirectes, en France et dans le reste du monde .

Demandes jugées « irrecevables »

Dans sa décision,  le tribunal judiciaire de Paris a jugé « irrecevables » les demandes formulées par les associations. Le Tribunal a , en effet, estimé que les demandes et griefs développés par les ONG lors des plaidoiries en décembre derniers sont « différents de manière substantielle » de ceux initialement énoncés lors de la mise en demeure de 2019. Aussi, en ce qui concerne les obligations de l’entreprise française en matière de vigilance, le tribunal a estimé que le plan de vigilance de TotalEnergies comporte «les rubriques correspondant aux cinq mesures exigées par la loi ». Des éléments suffisamment détaillés pour « ne pas être regardés comme sommaires », indique-t-on dans le jugement dans lequel le Tribunal a aussi souligné que TotalEnergies a de plus publié de nouveaux plans de vigilance pour les années 2019, 2020 et 2021 qui apporte de nombreuses modifications au premier. Dans leur décision, les juges ont aussi souligné les difficultés posées par cette loi de 2017 sur le « devoir de vigilance » qui assigne « des buts monumentaux de protection des droits humains et de l’environnement à certaines catégories d’entreprise« . Dans le jugement, le Tribunal a déploré « le caractère imprécis, flou et souple de la notion de  vigilance « .

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A travers cette décision qui a été déplorée par les ONGs plaignantes, le Tribunal a donc suivi le groupe TotalEnergie qui avait depuis le début focalisé sa défense « l’irrecevabilité »  de la plainte. Le groupe français avait, en effet, mis en avant le fait que l’assignation lancée en 2019 visait le plan de vigilance de 2018, qui a évolué depuis avec d’importantes modifications. La défense a aussi soutenu qu’un jugement en référé ne peut intervenir en France  sur  des mesures extraterritoriales, le projet étant mené par une filiale du groupe français, TotalEnergies Ouganda. De manière général, les avocats du géant pétrolier ont également réfuté les allégations de manquements aux droits humains et défendu l’intérêt du projet pour le développement des deux pays ainsi que les bénéfices pour les populations.

Un mégaprojet pétrolier de 10 milliards de dollars d’investissements

Au cœur de cette affaire, le forage Tilenga en Ouganda, dont un tiers est situé dans le parc naturel des Murchison Falls  et le projet EACOP (East African Crude Oil Pipeline), considéré comme le plus long oléoduc chauffé au monde avec près de 1.500 km  qui vont traverser la Tanzanie. Le projet est menée par deux géants pétroliers, chinois (CNOOC) et français (TotalEnergies), qui ont conclu un accord historique de 10 milliards de dollars pour développer les ressources énergétiques de l’Ouganda et construire un vaste oléoduc régional, qui exaspère les groupes environnementaux. Ainsi, en Ouganda, le français TotalEnergies mène en Ouganda le projet pétrolier Tilenga, qui implique 419 puits de forage, dont une partie se trouve dans le parc naturel des Murchison Falls, tandis que le projet Kingfisher, un autre site d’exploitation, est mené par la China national offshore oil corporation (CNOOC). En plus de ces deux sites de forage, l’oléoduc de 1 443 kilomètres, l’EACOP, acheminera le pétrole brut en vue de son exportation. Il s’étend de la ville de Kabaale, sur la rive du lac Albert, en Ouganda, jusqu’au port de Tanga, en Tanzanie.

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En 2019, une coalition d’ONGs internationales et locales ont dénoncé le projet et décidé de saisir la justice en s’appuyant sur la loi sur le devoir de vigilance de 2017 qui  responsabilise les entreprises pour leurs activités à l’étranger pour s’assurer du respect des droits humains fondamentaux et de l’environnement tout au long de la chaîne de valeur de leurs produits. La loi impose également aux  entreprises de réaliser un « plan de vigilance », qui expose notamment une cartographie des risques et des mécanismes d’alerte et de prévention. Dans leurs plaintes, les ONG ont ainsi dénoncés  des « accaparements de terres, des compensations insuffisantes, des intimidations envers les défenseurs de droits ». Selon les ONGs plaignantes, 28 000 personnes, souvent des petits agriculteurs, attendent toujours une indemnisation, tout en étant  » privés du droit de travailler leur terre avant d’avoir reçu la moindre indemnisation ».

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Des allégations réfutés par le géant français qui a dès le début défendu l’intérêt du projet pour le développement des deux pays, en matière notamment d’électrification et d’accès à l’eau des communautés que le pétrolier s’est engagé à apporter, mais aussi en matière de biodiversité à travers des programmes de restauration de forêt et zones humides. Il faut dire que les autorités  Tanzanienne et Ougandaise ont de tout approuvé le mégaprojet pétrolier sur leur territoire. La construction de l’oléoduc régional a ainsi reçu l’approbation de l’Ouganda en janvier dernier, puis de la Tanzanie le 21 février. Selon les estimations, le lac Albert, frontière naturelle entre l’Ouganda et la République démocratique du Congo (RDC), recèle une quantité de pétrole brut estimée à 6,5 milliards de barils, dont environ 1,4 milliard sont actuellement considérés comme récupérables. Dans une déclaration à l’AFP, au debut du lancement du projet, le président ougandais Yoweri Museveni avait décrit le projet comme une source économique majeure pour ce pays enclavé de la région des Grands Lacs, où de nombreuses personnes vivent dans la pauvreté. Les réserves pétrolières de l’Ouganda représentent entre vingt-cinq et trente ans d’exploitation à une cadence pouvant aller jusqu’à 230 000 barils par jour, selon les estimations. Il faut noter que bien que l’affaire soit portée devant la justice en France, les constructions ont débuté et se poursuivent notamment par la CNOOC avec l’objectif de lancer la production en 2025.

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