vendredi 5 décembre 2025
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RDC: A Pékin le Président Tshisekedi a « revisité » la coopération sino-congolaise pour un partenariat plus équilibré

Lors de cette visite qui a été préparée depuis des mois, Pékin a déroulé le tapis rouge au Président Tshisekedi qui s'est entretenu le vendredi 26 mai dernier avec son homologue Xi Jinping ainsi que le Premier ministre chinois Li Quiang avec qui il a évoqué l'état ainsi que les perspectives de coopération entre les deux pay. (Crédit : Dr).

Le Président congolais Félix-Antoine Tshisekedi a effectué sa première visite d’Etat en Chine du 24 au 28 mai 2023 pour officiellement relancer le partenariat entre Kinshasa et Pékin sur de nouvelles bases. Une visite à très fort cachet économique donc, même si aucun nouvel accord d’envergure n’a été signé au terme des 4 jours qu’a duré le séjour du chef de l’Etat Congolais, à la tête d’une importante délégation. De quoi décevoir certains à Kinshasa qui s’attendaient à une renégociation du « contrat du siècle » ou « mines contre infrastructures », signé en 2008 sous l’ancien Président Joseph Kabila, et qui de l’avis de l’Inspection générale des finances congolaises (IGF) a largement été en défaveur du pays.

Pour la Présidence congolaise, l’essentiel c’est la nouvelle ère de coopération sino-congolaise que cette visite du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, préparé depuis des mois, qui mérite d’être mise en avant. Dimanche 29 mai 2023 à Shenzhen, au terme d’un séjour de quatre jours à l’agenda chargé en République populaire de Chine, le Président de la RDC a indiqué à la presse que son « ambition est d’industrialiser son pays et de le développer ». En ce sens, il a estimé que la Chine s’est montrée disposée à accompagner la RDC à travers notamment l’implantation locales d’industries de transformation des matières premières produites au pays.  

« Je pense que la Chine peut être un bon partenaire pour nous accompagner. Il y a aussi d’autres partenaires. Mais la Chine était la plus prompte à venir. Et on ne va pas fermer la porte à un partenaire qui est disposé à nous accompagner. C’est ce que j’ai répondu directement répondu à cette invitation lancée par le Président Xi Jinping », a expliqué Félix-Antoine Thisekedi.

 Selon le chef de l’Etat Congolais, « l’industrialisation est importante parce que c’est par là que le développement arrive. L’industrialisation commence par la transformation ou la création de la richesse chez nous. La création de chaines de valeur des produits extraits en RDC, doit se faire en RDC. Ça va créer des richesses et des emplois et ça sera bénéfique à notre économie. C’est ça mon rêve, c’est ça mon vœu. Et je suis prêt à tout pour y arriver ».

Des engagements pour un nouvel élan à la coopération sino-congolaise

Lors de cette visite qui a été préparée depuis des mois, Pékin a déroulé le tapis rouge au Président Tshisekedi qui s’est entretenu le vendredi 26 mai dernier avec son homologue Xi Jinping ainsi que le Premier ministre chinois Li Quiang avec qui il a évoqué l’état ainsi que les perspectives de coopération entre les deux pays. A cette occasion, les deux chefs d’Etat qui ont animé une conférence de presse conjointe à l’issue de leur entretien, ont  magnifié l’excellence et la solidité de leurs relations notamment sur le plan économique. Le président chinois a salué «la coopération fructueuse» réalisée par les deux pays, ajoutant que les deux parties ont forgé «une étroite communauté d’intérêts partagés et un avenir partagé». Il a assuré au Président Tshisekedi que la Chine travaillera avec la RDC pour que les deux nations « se soutiennent mutuellement et développent ensemble leur coopération à travers la promotion d’un développement commun et bénéfique pour les populations des deux pays ». Selon le Président chinois,  dans cette dynamique de progresser ensemble sur la voie du développement, la Chine entend offrir plus d’opportunités de coopération et un marché plus large pour la RDC et favorisera un plus grand développement des relations bilatérales», ajoutant que  « la Chine aiderait, comme toujours, la RDC dans son développement économique et social ». De son coté, le Président Félix Tshisekedi a aussi salué la solidité de cette coopération ainsi que les perspectives qui s’offrent aux deux pays dans le cadre de la relance de leur partenariat sur de nouvelles bases.  

« Nous avons exprimé de part et d’autre la volonté d’accroitre notre coopération par des partenariats gagnants-gagnants qui seront bénéfiques à nos deux peuples. Nous avons énormément évolué dans nos relations. Nous avons au Congo beaucoup de symboles de l’amitié entre nos deux pays. Ces symboles qui datent déjà de nombreuses années et qui montrent que dans cette coopération avec la Chine, la République démocratique du Congo peut être tirée vers le haut et ressemblé à la Chine qui nous a impressionnés par le bond en avant qu’elle a effectuée », a déclaré le chef de l’Etat Congolais.

Une coopération dynamique et portée par de nouvelles perspectives

En la matière, la RDC et la République populaire de la Chine ont du potentiel pour développer leur coopération économique. Les officiels de la RDC ont d’ailleurs profité de leur séjour en Chine pour promouvoir les opportunités de croissance qu’offre le marché congolais. Lors de son séjour chinois, le président congolais s’est rendu dans les principales villes chinoises notamment Shanghai où il a rencontré des hommes d’affaires et investisseurs chinois et a même visité le siège du géant mondial de la technologie numérique Huawei où il s’est entretenu avec les principaux dirigeants pour renforcer la présence de la multinationale en RDC.  

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Dans un entretien qu’il a accordé à l’agence de presse officielle Xinhua, le ministre d’État congolais chargé des Infrastructures et des Travaux publics, Alexis Gisaro Muvuni, a vanté la dynamique sur laquelle surfe actuellement l’économie congolaise et qui peuvent intéresser les investisseurs chinois. Poussée par les investissements et les exportations du secteur minier, la croissance économique du pays a augmenté de 8,6% en 2022 après une expansion de 6,2% en 2021, selon les données de la Banque mondiale. Le ministre d’Etat Alexis Gisaro Muvuni a aussi saisi l’occasion pour mettre en avant les résultats de la coopération entre les deux pays qui s’est densifié au fil des années.  «A travers la signature d’une série d’accords et de protocoles d’accord couvrant l’agriculture, la santé, le commerce, les infrastructures et d’autres domaines,  la coopération amicale entre la Chine et la RDC n’a cessé de s’approfondir», a-t-il mis en avant, rappelant que la Chine a été le plus grand partenaire commercial et l’une des principales sources d’investissements étrangers de la RDC pendant de nombreuses années consécutives. En 2022, le volume des échanges bilatéraux a atteint 21,898 milliards de dollars, une augmentation annuelle de 51,7 %. La coopération en matière d’infrastructures entre les deux pays a également donné des résultats fructueux. La Chine a aidé la RDC à la construction de projets d’infrastructures  tels que le Palais du Peuple, le siège de l’Assemblée nationale et du Sénat, le Stade des Martyrs et le Centre culturel et artistique d’Afrique centrale, qui seront achevés d’ici la fin de cette année. L’hôpital de l’amitié Chine-RDC est aussi un autre projet qualifié « d’historique» dans cette dynamique impulsée ces dernières années à la coopération bilatérale sino-congolaise.

En attendant de nouveaux accord, la renégociation du « contrat du siècle » va attendre

Des engagements pour repartir sur de nouvelles bases mais pas de nouveaux accords d’envergure comme annoncé et surtout pas grand chose sur la très attendue renégociation du « contrat du siècle »  qui a été pourtant mis en avant comme au cœur de cette visite d’Etat du Président de la RDC à Pékin. Pour rappel, en 2008 sous la présidence de l’ancien chef de l’Etat Joseph Kabila,  un contrat « mines contre infrastructures » a été signé en grande pompe entre Kinshasa, à travers une société créée à cet effet, la Sino-congolaise des mines  (Sicomines), et Pékin et prévoyait plus de 6 milliards de dollars d’investissements chinois en échange d’accès aux mines de cobalt et de cuivre. Quinze ans après, les résultats enregistrés ont été loin des objectifs fixés comme l’a d’ailleurs mis en évidence une évaluation publiée en début d’année faite par la très rigoureuse Inspection générale des Finances (IGF), qui dépend de la Présidence congolaise. Selon les conclusions de l’enquête, le « deal » a été très en défaveur de la RDC et en février dernier, malgré la contestation des autorités chinoises, la justice congolaise avait même décidé d’ouvrir une information judiciaire pour de présumées «irrégularités financières» dont des détournements, des versements de commission et retro-commission qu’a donné lieur ce contrat léonin pour Kinshasa selon l’IGF.

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En prélude à cette visite en Chine, le Président de la RDC a lui même laissé entendre que les discussions avec la partie chinoise tourneront autour du rééquilibrage du partenariat économique entre les deux pays et en particulier à la renégociation de ce contrat. Selon des documents publiés par plusieurs médias internationaux comme l’agence Reuters, la délégation congolaise à Pékin est allé pour rééquilibrer les actions de la Sicomines, la coentreprise montée avec la société publique congolaise Gécamines et le Groupement d’entreprises chinoises (GEC). D’après la même source, Kinshasa veut passer de 32% de parts détenues actuellement par la Gécamines à 60% plus 10%  non diluables  de parts pour l’État congolais, soit 70% pour la partie congolaise alors que la part du GEC passerait minoritaire. Dans ce qui ressemble fort à un manifeste de négociation, la partie congolaise voulait également des garanties sur la gouvernance future de la coentreprise en mettant fin  au rôle de figurant des mandataires de la Gécamines, faire un audit technique et financier de la Sicomines, mettre en place des mécanismes de contrôle sur les sites de production, mais aussi solder le financement des travaux d’infrastructures pour 1, 5 milliards de dollars par une ligne de crédit qui sera gérée par la partie congolaise et que la Sicomines assure aussi la réalisation d’infrastructures à hauteur de 667 millions de dollars.

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Sauf qu’aucune information officielle sur la renégociation de ce contrat  n’est sortie de la visite d’Etat du Président Tshisekedi en Chine. Les deux  parties ont certes fait le bilan de leur relation bilatérale et annoncer un nouvel élan à cette coopération sur laquelle le président congolais dit compter « pour en faire profiter mon pays », avant d’annoncer, lors de son entretien avec le Premier ministre chinois Li Qiang:  « nous aurons dans les années qui viennent un partenariat à une amitié indéfectible ». Autant dire qu’il va falloir repasser…

Industrie automobile: grâce à une stratégie des plus attractives, le Ghana se hisse en hub ouest-africain de l’assemblage

Nissan va tester la demande africaine pour son véhicule hybride e-Powe. L'Afrique est la dernière frontière automobile mondiale en raison du faible niveau de possession de véhicules. (Crédit : DR).

Après  l’allemand Volkswagen en août 2020,  le japonais Toyota en juin 2021, le français Nissan en mars  2023, c’est au tour du constructeur sud-coréen Kia  qui a ouvert début mai, une usine d’assemblage au Ghana. D’autres firmes mondiales aussi emblématiques sont aussi annoncées pour les prochaines années, ce qui confirme l’attractivité du marché ghanéen pour l’industrie mondiale de l’assemblage automobile. Le résultat d’une ambitieuse stratégie lancée en 2017 par le Président Nana Akufo Addo pour faire du pays un hub régional de l’industrie automobile en Afrique et qui s’est avérée payante comme en témoignent les investissements drainées par un secteur en pleine croissance et dont les perspectives sont tout autant prometteuses avec les perspectives d’un marché local et à l’export qui surfe sur de bonnes perspectives. De quoi donner davantage d’appétit aux autorités qui voient désormais plus grand avec la valeur ajoutée que le secteur pourrait encore générée avec le développement d’un véritable écosystème de production locale de composants et de pièces de rechange.

L’accord signé il y a quelques jours entre le Ghana et le FMI pour sauver l’économie du pays qui est engluée depuis quelques années dans une crise sans précédent n’a pas fait que le bonheur du gouvernement qui attendait désespérément cette bouffée d’oxygène pour se donner des marges de manœuvres budgétaires. Il a constitué une sorte de caution pour de nombreux investisseurs étrangers attirés par le potentiel de croissance de  cette puissance économique ouest-africaine en devenir dont la croissance soutenue et durable enregistrée entre 2010 et 2020 a été subitement mise à mal par les multiples chocs exogènes engendrés par la conjoncture mondiale et dont la pandémie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine sont venus amplifiées. Plongée dans une crise de surendettement et marquée par une inflation galopante à deux chiffres, l’économie ghanéenne a continué à attirer les IDE particulièrement dans le secteur de l’automobile comme en témoigne la série d’ouverture d’usines d’assemblage de grands constructeurs mondiaux de ces deux dernières années. Les firmes allemande Volkswagen en juin 2020 et japonaise Toyota en juin 2021 ont été les premiers à se greffer au constructeur local « Kantanka » et au constructeur de camions chinois Sinotruck, qui sont considérés comme les pionniers sur le marché local. 

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Bien que certains de ces investissements ont été annoncés avant la crise, ils ont été maintenus et rien que cette année, en dépit du fait que le pays soit placée depuis fin 2022 en défaut de paiement, deux marques mondiales viennent de se greffer à la dynamique à travers l’ouverture de leurs usines d’assemblage dans le pays.  Il s’agit du français Nissan qui a ouvert son usine fin mars dernier dans la zone industrielle de Tema, et du sud-coréen Kia qui vient d’ouvrir, en début de ce mois de mai, son usine à Amasaman, à une vingtaine de kilomètres d’Accra, la capitale de l’ancienne « Gold Coast« .

Au départ, « Ghana Automotive Developement Policy », une stratégie politique ambitieuse pour l’industrie automobile

En quelques années donc, le Ghana est parvenu à attirer plusieurs marques de renommée mondiale de l’industrie automobile, ce qui le place désormais en véritable hub régional du secteur. De quoi faire pavoiser le Président Nana Akufo-Addo, présent à chacune des inaugurations des nouvelles usines et qui ne manque de rappeler à toutes ces occasions célébrées en grande pompe,  qu’il s’agit-là, «d’une étape importante dans notre ambition de faire du Ghana un nouveau centre d’assemblage pour l’Afrique en particulier, conformément à notre vision de devenir un acteur majeur de l’industrie automobile en Afrique». A la base de ce qui prend à tout point de vue l’air d’une véritable « success story« , une ambition du chef de l’Etat que dès 2017, soit une année après son accession au pouvoir, a poser les jalons d’une véritable stratégie visant à développer le secteur industriel du pays, en particulier les secteurs à fort potentiel notamment celui de l’industrie automobile. Il faut dire que le Ghana justifiait d’un passé historique industriel dans l’automobile avec l’installation en 1969, d’une usine Nissan installée à Accra, et qui assemblait  des véhicules pour plusieurs marques.  Par la suite, l’entreprise publique National Investment Corporation (NIC) a également créé une usine et un atelier de montage dans le cadre de la politique d’industrialisation du pays. Après la fermeture de ces usines, le constructeur local Kantanka  qui a vu le jour en 2016, était la seule société automobile encore en service. et assemblait des véhicules en petite série à partir de pièces importées en grande partie de la Chine. Dans le cadre de la nouvelle politique d’industrialisation du pays lancée par les nouvelles autorités, le gouvernement a élaboré un vaste programme de relance avec la mise en place d’un cadre favorable à l’industrie automobile pour booster la production locale. Lancée en 2017, la stratégie « Automotive Developement Policy » devrait permettre, selon le gouvernement,  à atténuer les difficultés économiques que le pays commençait déjà à rencontrer et à stimuler la production industrielle du pays. Le développement de la filière de l’industrie automobile devrait ainsi, selon les objectifs qui lui ont été assignés :

« participer au développement du pays et à son industrialisation avec notamment la création d’emplois directs et indirects qualifiés; substituer la production locale de véhicules aux importations et ainsi améliorer l’excédent commercial qui était jusque-là soutenu par les exploitations aurifères et pétrolières, et in fine,  réduire le déficit de la balance des paiements ».

Grace à cette ambition, un plan pour le développement de l’industrie automobile au Ghana a vu le jour avec comme priorités, l’installation progressive d’une filière autonome avec une mise en place progressive, en commençant par l’assemblage de kits semi-démontés, puis par la fabrication avec assemblage de kits entièrement démontés et, en s’appuyant sur ce dernier mode d’assemblage, promouvoir la production locale de composants afin d’élargir la valeur ajoutée locale. Dans cette dynamique, le pays a élaboré, sous l’égide du ministère du Commerce et de l’Industrie, un ensemble complet d’incitations et de mesures politiques pour soutenir la création d’une industrie d’assemblage et de fabrication de composants automobiles afin de faire du secteur un pilier stratégique de l’industrialisation et nouveau pilier de la croissance au Ghana. C’est ainsi que le gouvernement a instauré toute une batterie de mesures fiscales favorables à l’installation d’usines d’assemblage. Les usines d’assemblage de kits semi-démontés bénéficieront d’une exemption d’impôt complète sur une période de 5 ans à compter de leur installation, alors que les usines d’assemblage de kits entièrement démontés, plus bénéfiques à l’industrialisation ghanéenne, bénéficieront de 10 ans d’exemptions fiscales. Aussi, le régime fiscal a été revu afin de permettre la mise en place d’une différenciation fiscale favorable aux véhicules assemblés au Ghana. La machinerie et les équipements destinés à ces usines seront exemptés de droits de douanes, ainsi que les kits de fabrication des véhicules tandis que les véhicules importés seront taxés à hauteur de 35 %  ad valorem, contre 20 % avant la mise en œuvre des nouvelles mesures.

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Dans la même lancée, le Parlement ghanéen a adopté l’amendement, en mars 2020, le « Custom Act » qui vise à interdire l’importation de voitures accidentées et de véhicules de plus de 10 ans. Cette mesure qui s’inscrit dans la volonté de renouvellement du parc automobile ghanéen qui a été un peu critiquée par certains opérateurs pour le manque à gagner qu’elle pouvait engendrer pour les vendeurs locaux de voitures d’occasions et les mécaniciens, a été plutôt motivé par les autorités comme un signal fort envoyé aux constructeurs car le Ghana est aussi un marché en pleine expansion pour l’industrie automobile.

Le Ghana, un marché en pleine croissance pour l’industrie automobile

Le soutien à la croissance du marché local est aussi un autre enjeu de la stratégie des autorités ghanéennes. Troisième économie de l’espace CEDEAO avec une population estimée à 30 millions d’individus, le marché ghanéen dispose d’un réel potentiel de croissance qui attise les convoitises des constructeurs internationaux d’automobiles. Selon le cabinet spécialisé du secteur Mordor Intelligence, basée en Inde, le marché automobile ghanéen était évalué à 4 milliards USD en 2020, contre 1,2 milliards en 2018, et il devrait atteindre 11 milliards USD d’ici 2026. Passée la parenthèse Covid-19, on estime entre 100.000 et 120.000 véhicules importés annuellement dans le pays dont 70% à 80% d’occasions. Il faut dire qu’en l’absence de solutions de financement abordables, les véhicules d’occasion restent l’option la plus attrayante pour les acheteurs de véhicules notamment privés. Le marché de l’occasion reste encore certes un créneau porteur pour l’industrie locale du secteur en particulier pour ce qui est des pièces de rechanges et le prochain défi pour le pays sera de donner un cachet plus inclusif au secteur en œuvrant pour la production locale de composants et de pièces de rechanges qui pourrait également servir le marché locale des véhicules neufs assemblées localement. Une perspective qui sera soutenue par un programme incitatif pour les investisseurs qui est en cours d’élaboration, comme indiqué dans le plan du ministère du Commerce et de l’Industrie.

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Aussi, afin de stimuler le marché des véhicules assemblées localement et pour pallier à l’insuffisance de solutions de financement notamment bancaires, le gouvernement ghanéen a introduit un programme qui vise à permettre aux ghanéens d’acheter des véhicules à moindre coût à travers notamment la suspension de la TVA et d’autres facilités de financement. Le gouvernement a même prévu d’étendre ces mesures destinées à rendre les véhicules assemblés localement abordables au niveau sous-régional et continentale dans le cadre de la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) qui est également perçue par les autorités  comme un avantage pour l’industrie automobile du Ghana, notamment par l’exportation de véhicules assemblés localement vers les pays voisins moyennant des tarifs douaniers réduits. L’industrie automobile de l’Afrique subsaharienne et certains gouvernements africains, dont le Ghana, qui abrite le Secrétariat exécutif de la Zlecaf, ont d’ailleurs entamé des discussions sur la possibilité de créer des centres de fabrication automobile dans le cadre du marché africain.

Le « Made in Ghana », une succès story qui fait des émules sur le continent

«Je suis ravi que dans le secteur automobile, nous ayons attiré des investissements de plusieurs marques emblématiques mondiales », s’est félicité le chef de l’Etat ghanéen lors de l’inauguration de la dernière usine d’assemblage dans le pays, début mai. Comme en témoignent les résultats, la stratégie de développement de l’industrie automobile du Ghana est en train de devenir une véritable « Success Story » sur le continent.  Les mesures incitatives mises en place pour rendre l’environnement des affaires et soutenir la compétitivité de l’industrie locale ne cesse d’attirer l’intérêt de différents groupes mondiaux de l’industrie de la construction automobile. Avec à la clé, des investissements directes étrangers (IDE) et la  création d’emplois directs et indirects dans un secteur de pointe. Selon plusieurs analystes, la croissance du secteur automobile au Ghana surfe sur de bonnes perspectives en raison justement du soutien qu’elle bénéficie à travers les politiques gouvernementales qui va permettre d’attirer plus d’investissements et donc plus de gain de croissance inclusive surtout avec la croissance d’emplois hautement qualifiés dans l’assemblage automobile et la fabrication de composants et de pièces. L’autre avantage c’est aussi les retombées attendues du marché de l’export car c’est ce que vise le pays en plus de répondre à la forte de demande locale du marché de l’automobile. De quoi donner raison au président Nana Akufo-Addo qui, dès le lancement de son programme de transformation industrielle a annoncé les couleurs de l’ambition nourrie par son pays en abritant de tels investissements.

« L’utilisation de devises étrangères pour importer des voitures au Ghana sera réduite, en même temps, l’exportation de voitures fabriquées au Ghana vers d’autres marchés africains rapportera à notre pays des devises étrangères dont il a tant besoin ».

En cette période de crise que le pays traverse suite à la pandémie de la Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne qui sont venues s’ajouter à la mauvaise conjoncture mondiale, le pays s’est offert une véritable bouée de sauvetage à travers sa volonté politique, un modèle qui commence à faire des émules ailleurs sur le continent comme au Rwanda.

Niger : le pays à la « politique d’endettement prudente» lève 56,1 millions US sur les marchés UMOA

Pour Kader Amadou, Directeur Général du Trésor du pays, le Trésor Public du Niger, à l'instar de ceux des autres Etats membres de l'UEMOA, participe à l'animation du Marché Financier Régional de l'UMOA à travers des interventions régulières en bons et obligations du Trésor. Il répondait ainsi à des rumeurs sur l’endettement excessif de son pays dans un communiqué du 09 mai. (Crédit : Dr/AI).

C’est pour boucler le financement de son budget que le Niger – quatrième producteur mondial d’uranium et depuis 2011 producteur de pétrole brut – a levé le 25 mai 2023 sur le marché financier de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA), un montant de 33 milliards de FCFA soit 56,100 millions de dollars, au terme de son émission simultanée d’adjudication de bons assimilables du trésor (BAT). Le pays par le biais de son directeur du trésor, Kader Amadou, a dans un communiqué du 9 mai expliqué comment son pays est l’un des meilleurs élèves de la sous-région en matière d’endettement.

Le Niger avait mis en adjudication 30 milliards de FCFA et a reçu des soumissions globales de 67,254 milliards de FCFA. Ce qui donne un taux de couverture moyen du montant mis en adjudication de 224,18%. Le montant des soumissions retenues est de 33 milliards alors que 34,254 milliards FCFA ont été rejetés. Ce qui correspond à un taux d’absorption de 49,07%. Les investisseurs dont les soumissions sont retenues devraient profiter d’un rendement moyen pondéré de 7,58% pour les bons de 182 jours et 7,47% pour ceux de 364 jours. Les bons sont remboursables par le Niger le premier jour ouvré suivant la date d’échéance fixée au 23 novembre 2023 pour les titres de durée 182 jours. Les intérêts quant à eux seront payables à l’avance et précomptés sur la valeur nominale des bons.

Le Marché des Titres Publics de l’UEMOA

Par ailleurs, le Marché des Titres Publics est l’unique marché régional, par adjudication, exclusivement dédié au financement des États membres de l’UEMOA. Les émetteurs souverains sollicitent, à travers des procédures adaptées, l’émission de titres publics souscrits par des acteurs spécifiques soit pour leur compte propre ou pour celui de tiers. Le marché est composé des émetteurs, des Spécialistes en Valeurs du Trésor, des intermédiaires de marché (banques, SGI) et des autres investisseurs (particuliers, entreprises et organisations). Pour Kader Amadou, Directeur Général du Trésor du pays, le Trésor Public du Niger, à l’instar de ceux des autres Etats membres de l’UEMOA, participe à l’animation du Marché Financier Régional de l’UMOA à travers des interventions régulières en bons et obligations du Trésor. Il répondait ainsi à des rumeurs sur l’endettement excessif de son pays dans un communiqué du 09 mai.

Le Niger un bon élève de l’espace UEMOA ?

Il a expliqué que depuis une dizaine d’années d’existence de UMOA-Titres, le Niger a toujours su conduire une politique d’endettement prudent, en témoigne le dernier bulletin statistique publié en avril par cette structure en charge d’accompagner les Etats dans la mobilisation de ressources sur le Marché Financier Régional, a précisé le communiqué. Lequel a ajouté que la liste des titres publics émis par voie d’adjudication en vie au 30 avril 2023 montre que le Niger a l’encours de la dette de marché le plus faible de l’UEMOA mis à part la Guinée Bissau. A titre illustratif, l’encours de la dette de marché du Niger s’est établi à cette date à 1.111,9 milliards de FCFA contre 1.270,4 milliards de FCFA pour le Bénin, 1.479,3 milliards de FCFA pour le Burkina Faso, 1.610,8 milliards de FCFA pour le Mali, 1.649,6 milliards de FCFA pour le Togo, 2.395,0 milliards de FCFA pour le Sénégal, et 2.989,0 milliards pour la Côte d’Ivoire.

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Toujours selon la même source, le Niger affiche le taux d’endettement (encours de fa dette rapporté au PIB) le plus faible de l’UEMOA. En effet, en se référant aux derniers chiffres publiés dans Les Perspectives de l’Economie Mondiale d’avril 2023 par le Fonds Monétaire International {FMI), l’encours de la dette publique (intérieure et extérieure) du Niger ressort à fin 2022 à 4.839,2 milliards de FCFA (51, 1% du PIB) contre 5.677,7 milliards de FCFA (52,4% du PIB) pour le Bénin, 6.309,6 milliards de FCFA (53,6% du PIB) pour le Mali, 6.614,4 milliards de FCFA (54,3% du PIB) pour le Burkina Faso, 24.789,3 milliards de FCFA (56,8% du PIB) pour la Côte d’Ivoire, 3.461,2 milliards de FCFA (68,0% du PIB) pour le Togo, 12.814,4 milliards de FCFA (75,0% du PIB) pour le Sénégal et 843,8 milliards de FCFA (79,5% du PIB) pour la Guinée Bissau.

Rwanda : décaissement de 98,6 millions du FMI du fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RST)

Le Rwanda quitte le bloc d’Afrique centrale de la CEEAC, en raison d'un conflit avec le Congo. (Crédit : DR).

Le FMI a achèvé l’examen du prêt de durabilité du Rwanda, permettant un décaissement de 98,6 millions de dollars. Début avril, le Fonds a conclu un accord avec le Rwanda sur les politiques nécessaires pour les premiers examens de l’accord de prêt de 310 millions de dollars, dans le cadre de la nouvelle Facilité de résilience et de durabilité de l’institution de Bretton Woods.

Le Fonds monétaire international a déclaré mercredi que son conseil d’administration avait achevé les premiers examens du programme de prêts du Rwanda dans le cadre de la Facilité de résilience et de durabilité et d’un programme politique d’accompagnement, permettant un décaissement immédiat de 98,6 millions de dollars. Le Rwanda va bénéficier d’un prêt de 310 millions de dollars du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre de son nouveau fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RST). Le fond a été lancé en mai 2022 dernier pour aider les pays en développement et à faibles revenus à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique. Dans un communiqué, le Fonds a déclaré que l’économie rwandaise avait connu une croissance robuste en 2022, mais qu’elle était confrontée aux défis des récentes inondations désastreuses qui s’ajoutent aux pressions sur les dépenses antérieures après des crises qui se chevauchent. Les réformes du pays dans le cadre du programme d’instrument de coordination des politiques étaient globalement sur la bonne voie et « l’engagement des autorités à faire avancer l’agenda climatique a été très fort », a-t-il ajouté. En avril, les services du FMI et les autorités rwandaises sont parvenus à un accord au niveau des services sur les politiques nécessaires pour achever les premières revues de l’instrument de coordination des politiques et du programme du Rwanda dans le cadre de la Facilité pour la résilience et la durabilité.

« L’accord est soumis à l’approbation de la direction et du conseil d’administration du FMI. L’examen par le Conseil est provisoirement prévu pour mai 2023. À l’issue de l’examen par le Conseil d’administration, le Rwanda aurait accès à 55,46 millions de DTS (équivalant à environ 74,6 millions de dollars) au titre du FSR », a déclaré Haimanot Teferra, cheffe de la mission du FMI qui a visité le Rwanda en mars.

L’économie rwandaise a enregistré une forte croissance à 8,2 % en 2022, tandis que l’inflation globale est restée élevée à 20,8 % en février. L’activité économique alimentant la demande d’importations s’est ajoutée aux pressions existantes sur les réserves de change liées à la hausse des prix des produits de base et au resserrement des conditions de financement mondiales, et a encore exacerbé les déséquilibres intérieurs et extérieurs, a noté le FMI.  

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 En effet pour les experts du fonds monétaire international, le Rwanda reste vulnérable à l’environnement extérieur sujet aux chocs, ce qui nécessite de reconstituer en urgence des tampons politiques. Une nouvelle flambée mondiale des prix de l’énergie et des engrais, une baisse plus prononcée de la croissance des partenaires commerciaux ou des évolutions des marchés financiers et géopolitiques mondiaux qui affectent négativement la disponibilité des ressources concessionnelles exerceront une pression supplémentaire sur les amortisseurs externes. Ce qui limitera l’espace politique pour faire face aux défis du développement et lutter contre le changement climatique. Les autorités de Kigali devront ainsi resserrer davantage l’orientation budgétaire et monétaire pour garder quelques marges de manœuvre.

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Pour assurer la stabilité macroéconomique, les autorités doivent continuer à mettre en œuvre un plan d’assainissement budgétaire crédible et une politique monétaire plus stricte, tout en permettant une plus grande flexibilité du taux de change. En parallèle, la poursuite de leurs efforts continus pour renforcer les institutions afin d’atteindre et de surveiller les objectifs climatiques ambitieux du Rwanda aidera à mobiliser et à allouer efficacement des ressources supplémentaires, recommande le FMI.

Tech : par une nouvelle infrastructure au Ghana, Africa Data Centres maintient son intérêt pour le marché ouest-africain

Africa Data Centres, réseau d’installations de centres de données interconnectés sur le continent, annonce son projet de construction d’une nouvelle installation à Accra, au Ghana. (Crédit : Dr).

Africa Data Centres annonce la construction d’une nouvelle installation à Accra, au Ghana. Initialement conçu pour 10 MW, le site va disposer d’une option d’extension à 30MW en fonction de la demande. Au côté des centres de données en Afrique du Sud et au Kenya, l’infrastructure ghanéenne se veut précurseur d’une révolution numérique en Afrique de l’Ouest où le Nigeria fait figure d’exception.

Africa Data Centres, réseau d’installations de centres de données interconnectés sur le continent, annonce son projet de la construction d’une nouvelle installation sur son terrain récemment acquis dans le quartier d’affaires d’Accra, au Ghana. Initialement conçu pour 10 MW, le nouveau site disposera d’une option d’extension à 30MW en fonction de la demande. Le projet a été présenté comme la plus grande installation de ce type en Afrique de l’Ouest, en dehors du Nigeria. Les centres de données sont la base d’une croissance économique axée sur le numérique, permettant de développer des écosystèmes TCI durables et autonomes. L’installation sera construite dans le cadre du Projet de réaménagement de la foire commerciale d’un des quartiers clés du centre-ville d’Accra. La pose de la première pierre est attendue au cours de l’année 2024.

« Nous continuons à apporter des services et des produits reconnus à l’international par l’entremise de Liquid Intelligent Technologies et Africa Data Centres. Liquid dispose déjà du plus grand réseau fibré transfrontalier en Afrique, et l’expansion de nos centres de données vient compléter cette présence pour accélérer la transformation numérique sur le continent », déclare Hardy Pemhiwa, CEO, Liquid Intelligent Technologies.

La prochaine installation fait partie des plans d’expansion continentale d’Africa Data Centres couvrant dix des principaux centres économiques d’Afrique (Afrique du Sud, Zambie, Kenya, Rwanda, Égypte, Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire et Angola). Pour Tesh Durvasula, CEO, Africa Data Centres, le projet permettra à Africa Data Centres, de contribuer à réduire la fracture numérique en Afrique de l’Ouest. Les centres de données hyperscale, qui reçoivent les faveurs des principales sociétés technologiques américaines, des banques et des entreprises locales, sont le domaine de spécialisation d’Africa Data Centres. Il met en avant le fait que leurs infrastructures soient alimentées par une énergie solaire et un stockage sur batterie indépendants, pour déployer des technologies numériques tout en atténuant l’impact environnemental. En partie financée par la U.S. International Development Finance Corporation (DFC) du gouvernement américain, cette expansion est une initiative pour accélérer les infrastructures et les services numériques du secteur privé en Afrique. La nouvelle installation à Accra est perçue comme un investissement dans une infrastructure critique contribuant à mieux connecter les populations et les marchés africains.

« La DFC est fier de soutenir African Data Centres. Cette nouvelle installation à Accra représentera un investissement dans une infrastructure critique contribuant à mieux connecter une population et un marché africains en forte croissance à des opportunités mondiales. L’engagement de DFC à renforcer l’infrastructure TCI en Afrique de l’Ouest repose sur la volonté du président Biden de mobiliser des capitaux privés au profit d’investissements d’infrastructures de haute qualité qui améliorent la vie des populations », a déclaré Scott Nathan, CEO, U.S. International Development Finance Corporation (DFC).

Amos Hochstein, conseiller principal auprès du gouvernement américain a précisé que cet investissement illustre l’engagement du gouvernement américain, dans le cadre du Partenariat pour les infrastructures et les investissements mondiaux (PGII), de débloquer des capitaux publics et privés afin d’investir dans des infrastructures durables. Pour le gouvernement local, cet investissement résulte de la volonté du Ghana de numériser tous les secteurs de l’économie pour accroître la capacité d’accès aux services numériques et attirer davantage d’investissements étrangers directs dans le pays dont l’économie en souffrance est suspendue à un prêt du FMI.

Assemblées annuelles 2023 de la BAD : l’Afrique étouffée par la pénurie de flux de financement climatique, selon le président de la BAD

Le chef de la Banque africaine de développement (BAD) a dénoncé la pénurie de flux de financement climatique qui « étouffe » l'Afrique, appelant les pays développés à honorer leur promesse de 100 milliards de dollars de financement par an. (Crédit : Dr).

« L’Afrique est lésée en matière de financement climatique. L’Afrique étouffe », a déclaré le président de la Banque africaine de développement (BAD) aux journalistes, lors de des Assemblées annuelles 2023 de la banque, qui se déroulent du 22 au 26 mai à Sham El Cheikh en Egypte. Selon les estimations de l’établissement panafricain, le continent aura besoin de 2700 milliards de dollars d’ici 2030 pour financer ses besoins en matière de changement climatique, et il rappelle ainsi aux pays développés leurs promesses de financement de 100 milliards de dollars annuels pour l’Afrique.

Le chef de la Banque africaine de développement (BAD) a dénoncé la pénurie de flux de financement qui étouffe l’Afrique, appelant les pays développés à honorer leur promesse de 100 milliards de dollars de financements par an. Une diatribe prononcée face à des dizaines de journalistes d’Afrique et du monde lors d’un déjeuner de presse organisé pour lancer ses Assemblées annuelles 2023 dans la station balnéaire égyptienne de Sharm El Sheikh.

« Votre rôle en tant que média est très important pour aider à diffuser l’information – à relayer les efforts déployés, des défis à relever et de l’urgence impérieuse d’obtenir maintenant le financement climatique dont l’Afrique a tant besoin », a déclaré le chef de la Banque.

Les Assemblées annuelles du Groupe de la BAD permettront au Conseil des gouverneurs de la Banque, aux dirigeants africains et aux partenaires au développement d’explorer des moyens pratiques de « mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique », conformément au thème des réunions de cette année. Adesina a déclaré que le thème avait été choisi pour attirer l’attention sur le besoin urgent de financement climatique. Selon la BAD, en Afrique, le changement climatique cause des ravages. En prenant le cas du Sahel où les températures en hausse assèchent l’eau limitée, provoquent un stress hydrique pour les cultures et le bétail, aggravant l’insécurité alimentaire. Aussi l’on estime que dans de vastes régions d’Afrique orientale, australe, et dans la Corne de l’Afrique, une combinaison de sécheresses et d’inondations cause des pertes massives de personnes et d’infrastructures, entraînant une hausse du nombre de réfugiés. « Il reste encore beaucoup à faire, car le financement climatique du secteur privé africain devra augmenter de 36 % par an », a déclaré Adésina.

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La Banque africaine de développement se veut le fer de lance des efforts d’adaptation au climat sur tout le continent. Elle y a consacré 63 % de son financement climatique, le plus élevé de toutes les banques multilatérales de développement, selon les chiffres de l’institution bancaire. Les investissements de la banque devraient soutenir des millions d’agriculteurs, leur permettant d’accéder à des semences résistantes au climat. L’institution a également lancé l’initiative Desert to Power pour développer 10 000 mégawatts d’énergie solaire au profit de près de 250 millions de personnes à travers le Sahel. La BAD et le Centre mondial pour l’adaptation ont lancé le Programme africain d’accélération de l’adaptation (AAAP) afin de mobiliser 25 milliards de dollars pour soutenir l’adaptation de l’Afrique au changement climatique. Il a également créé l’Alliance pour les infrastructures vertes (AGIA) en partenariat avec d’autres institutions, afin de mobiliser 10 milliards de dollars d’investissements privés pour les infrastructures vertes en Afrique. Selon les estimations de la Banque, l’Afrique aura besoin de 2700 milliards de dollars d’ici 2030 pour financer ses besoins en matière de changement climatique.

Adesina a déclaré : « Si l’Afrique avait cet argent, le Sahel aurait l’électricité. Si l’Afrique avait cet argent, nous rechargerions le bassin du Tchad, qui fournit des moyens de subsistance à des millions de personnes au Tchad, au Nigeria, au Niger et au Cameroun. Tout va changer dans tous ces pays ; nous reverdirons le Sahel. Nous assurerons chaque pays africain contre les événements météorologiques catastrophiques. Il a estimé le capital naturel mesuré de l’Afrique à lui seul à 6200 milliards de dollars. Une richessse, qui si elle est bien exploitée, peut stimuler une croissance économique et une génération de richesse plus rapides ».

Dans cette perspective de valorisation des richesses locales, le programme phare de la BAD, Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (TAAT), fournit des variétés de semences adaptées à la chaleur pour augmenter le rendement de cultures telles que le blé. L’objectif est de parvenir à l’autosuffisance alimentaire, comme c’est déjà le cas de l’Ethiopie, autosuffisante en production de blé et qui envisage d’exporter le surplus vers les pays voisins. Face à la presse, Adesina était accompagné des vice-présidents de la BAD, Kevin Urama, Kevin Kariuki, Beth Dunford, Solomon Quaynor, Marie-Laure Akin-Olugbade et Simon Mizrahi, qui ont aussi répondu aux questions sur la possibilité d’utiliser des instruments du marché des capitaux tels que les obligations vertes pour soutenir les investissements liés au climat. La question devrait figurer en bonne place dans le rapport annuel sur les Perspectives économiques en Afrique, une publication phare sur l’état des économies africaines que la Banque lancera demain.

Chronique : Fonds public de garantie, orientés développement ou clientélisme politique en Afrique ?

Dénommé BlueEarth Credit Strategies II, ce fonds de crédit soutenu par une base d’investisseurs internationaux réalisera des acquisitions stratégiques dans une diversité de secteurs, sur 3 continents.

Parmi les fonds souverains, le fonds de garantie occupe une place de choix. Hautement stratégique, ce fonds public est une entité financière créée par le gouvernement ou une autorité publique dans le but de protéger les dépôts, les investissements ou d’autres types de créances des particuliers et des entreprises, en cas de défaillance d’une institution financière. Quid en Afrique ?

Compte tenu des marges actuelles de développement de certains pays africains qui ne sont premiers que lorsque les classement des PMA (Pays moins avancés) ou PPTE (Pays pauvres très endettés) sont publiés ; comment ne pas fustiger que l’objectif de fonds souverains soient dévoyés ? A titre d’exemple, au Sénégal, le Fongip (Fonds de garantie des investissements prioritaires), au nom si pompeux, n’arrive qu’à d’éparses réalisations malheureusement creuses de surcroît. Quelque 500 millions f CFA, soit environ 750 000 €, viennent d’être injectés directement dans une clientèle politique du « Ndoucoumane » ! Contrairement aux utilisations courantes d’un fonds public de garantie, allant de la protection des dépôts bancaires, au soutien aux entreprises, en passant par la protection des investissements, la stabilité financière… on récompense des partisans ou on utilise ces fonds pour recruter des militants !

De l’efficience, encore de l’efficience

L’une de ses fonctions principales est de garantir les dépôts des clients dans les banques. Si une banque fait faillite ou rencontre des difficultés financières, le fonds intervient pour rembourser les dépôts des clients jusqu’à un certain montant prédéterminé. Cela permet de maintenir la confiance dans le système bancaire et de prévenir les paniques bancaires. En termes de protection des investissements, notons que certains fonds publics de garantie peuvent également offrir une protection aux investisseurs en cas de faillite d’une société de gestion d’actifs ou d’une institution financière qui gère des fonds d’investissement. Cette garantie peut couvrir une partie ou la totalité de la valeur des investissements, offrant ainsi une certaine sécurité aux investisseurs.

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Quant au soutien aux entreprises, importantissime dans des contrées où les PME-PMI manquent de moyens, certains fonds de garantie publics doivent surtout fournir des garanties ou des cautionnements pour faciliter l’accès des entreprises au financement- nous disons bien garanties ! Ces garanties permettent aux entreprises d’obtenir des prêts bancaires ou d’autres formes de financement, en réduisant le risque perçu par les prêteurs. Cela encourage l’investissement et la croissance économique. Un fonds de garantie n’est pas un financeur d’investissement à fonds perdus ! Last but not least, en cas de crise financière ou de perturbations du système financier, un fonds public de garantie peut jouer un rôle essentiel dans la préservation de la stabilité financière. En fournissant des garanties ou des soutiens financiers aux institutions en difficulté, il contribue à maintenir le fonctionnement normal du système financier et à atténuer les risques systémiques.$

Kenya – Télécoms : Safaricom acquiert les actifs M-Pesa transfert de Vodafone, sur fond de renforcement de sa mainmise sur le secteur

Safaricom s’apprête à acquérir les parts de M-Pesa Holding Company Limited (des centaines de milliards de shillings alimentant son service d'argent mobile) de Vodafone Group Plc, basé à Londres.

Le géant des télécommunications au Kenya Safaricom renforce son contrôle sur le secteur avec l’annonce de l’acquisition des actifs de M-Pesa détenus par Vodafone. Ce dernier a précisé qu’aucun gain ou perte substantielle n’est à prévoir à la finalisation de cette transaction, soumise à diverses approbations attendues d’ici deux mois. Néanmoins, le transfert de M-Pesa Holding à Safaricom marque le contrôle accru de l’opérateur de télécommunications sur les principaux aspects du service de transfert d’argent mobile au Kenya et offre une meilleure souplesse à Vodafone qui pourra se livrer à des investissements plus lucratifs.

Safaricom s’apprête à acquérir les parts de M-Pesa Holding Company Limited (des centaines de milliards de shillings alimentant son service d’argent mobile) de Vodafone Group Plc, basé à Londres. La société cotée à la Bourse de Nairobi devrait verser à la multinationale britannique – qui était auparavant son principal actionnaire – un dollar symbolique dans le cadre de l’accord pour recevoir les approbations réglementaires. La transaction, divulguée par Vodafone, devrait augmenter les flux de trésorerie de Safaricom et générer des bénéfices pour la société grâce à l’investissement partiel des montants engrangés dans des titres à court terme.

« Le 17 avril 2023, le groupe a conclu un accord pour vendre M-Pesa Holding Company Limited (MPHCL) à Safaricom Plc, une entité associée du groupe, pour 1 dollars US symbolique », a déclaré Vodafone en début de semaine, annonçant ses résultats du premier trimestre 2023.

Vodafone a précisé qu’aucun gain ou perte substantielle n’est à prévoir à la finalisation de cette transaction, soumise à diverses approbations attendues d’ici deux mois. Mais reste que M-Pesa Holding est une entité à priori lucrative, car détenant et investissant des centaines de milliards de shillings à court terme dans un contexte de croissance rapide des dépôts des clients ainsi que des volumes et des valeurs des transactions. Il est passé d’une plateforme de transfert d’argent de personne à personne pour proposer désormais des services de paiements et du crédit. Vodafone a indiqué que M-Pesa Holding avait des investissements à court terme de 1,34 milliards de dollars et a annoncé détenir 1,32 milliards US de fonds de clients M-Pesa.

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La multinationale a ajouté que les potentiels bénéfices générés par M-Pesa Holding ne serviront à financer des fonds caritatives publiques qu’après soustraction des coûts directs. Par ailleurs, la société a vendu des services d’une valeur de 705,28 millions de dollars à M-Pesa Holding au cours de l’exercice clos en mars 2022, selon son dernier rapport annuel disponible. Une hausse substantielle par rapport aux 534,06 millions de dollars de l’année précédente. Le transfert de M-Pesa Holding à Safaricom marque le contrôle accru de l’opérateur de télécommunications sur les principaux aspects du service d’argent par mobile qui a été lancé au Kenya mais dont la propriété intellectuelle était auparavant détenue par Vodafone.

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Les sociétés Safaricom et le sud-africain Vodacom Group Limited détiennent désormais la marque de services de transfert mobile dans leur joint-venture M-Pesa Africa. En effet, elles se sont associées en mars 2020 pour acquérir la marque M-Pesa de Vodafone à 50/50 chacun pour un coût de 15,3 millions de dollars. Cette décision a permis à Safaricom d’économiser des frais de licence importants qu’elle payait à la société britannique pour utiliser la marque. Vodafone est l’actionnaire majoritaire de Vodacom avec une participation de 65,1 % et détient également une participation indirecte de 5 % dans Safaricom. Le transfert de M-Pesa Holding à Safaricom intervient alors que la nouvelle directrice générale de Vodafone, Margherita Della Valle, a promis de simplifier l’entreprise et d’améliorer ses performances. « Aujourd’hui, j’annonce mes plans pour Vodafone. Notre performance n’a pas été assez bonne. Pour bien servir constamment, Vodafone doit changer. Mes priorités sont les clients, la simplicité et la croissance », a-t-elle déclaré. Elle promet de réduire la complexité du groupe afin qu’il retrouve sa compétitivité. Il s’agit de réaffecter certaines ressources pour fournir un meilleur service et stimuler la croissance grâce à la position unique de Vodafone Business.

RDC : suspension d’un milliard de dollars de financements de projets de la Banque mondiale

Les rebelles du M23 se sont emparés l'année dernière de plusieurs territoires qu'ils continuent d'occuper dans la province du Nord-Kivu. (Crédit : DR).

Après la dissolution de la Caisse sociale de la République démocratique du Congo (RDC) par le président Congolais Félix Tshisekedi, la Banque Mondiale a suspendu le financement de projets humanitaires et de développement d’une valeur de plus d’un milliard de dollars dans le pays. La décision, qui a pénalisé des organisations bénéficiaires de ces fonds, suscite la colère d’opposants politiques.

La Banque Mondiale (BM) a suspendu le financement de projets humanitaires et de développement en République démocratique du Congo d’une valeur de plus d’un milliard de dollars après que le gouvernement ait dissous la structure qui hébergeait le fonds sans prévenir, a déclaré l’institution. La suspension devrait affecter plus de 600.000 bénéficiaires, y compris des victimes de violences sexuelles, a déclaré la Banque mondiale au ministre congolais des Finances la semaine dernière dans une lettre consultée par nos confrères de Reuters qui ont relayé l’information. Selon les mêmes sources, la Banque Mondiale réclame également des éclaircissements sur l’usage fait de 91 millions de dollars avancés sur les 1,04 milliard de dollars. Tout est parti de la décision prise en début de ce mois par le gouvernement congolais de dissoudre la Caisse sociale de la République démocratique du Congo, par decret présidentiel et de créer une autre caisse publique. Une mesure qu’il a justifié par « l’évolution du cadre juridique régissant les établissements publics ». Dans une lettre adressée au gouvernement congolais annonçant la suspension de son financement et datée du 12 mai, la Banque mondiale s’est plaint d’être informée de ces réformes par la presse. « Avant de pouvoir continuer à engager les fonds du projet, le gouvernement et la Banque mondiale devraient s’entendre sur des mesures transitoires… afin de s’assurer que les fonds sont utilisés aux fins prévues », a estimé l’institution de Bretton Woods.

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Dans les colonnes de reuters, la porte-parole présidentielle Tina Salama a nié toute suspension de financement et a déclaré qu’il y aurait une gestion transitoire du fonds. « Je pense que des dispositions ont été prises », a-t-elle déclaré, sans fournir davantage d’informations sur les 91 millions de dollars. Plusieurs organisations étaient soutenues par les fonds de la Banque mondiale. Parmi elles, la Fondation Panzi dirigée par Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 pour son travail auprès des victimes de violences sexuelles. La décision est critiquée par des organisations de la société civile, qui dénoncent une mauvaise gouvernance.

« Comment se fait-il… qu’un service public, qui a signé un contrat programme d’un milliard de dollars avec la Banque mondiale, ait été dissous ou ait changé de vocation sociale sans que cette dernière en soit consciente ? », s’est interrogée Valery Madianga, directeur d’une organisation congolaise spécialisée dans l’audit des finances publiques.

La décision abrupte de changer la structure de financement était un exemple de mauvaise gouvernance, a déclaré Valery Madianga, directeur d’une organisation congolaise spécialisée dans l’audit des finances publiques. Face au tollé suscité par cette suspension, les politiques sont montés au créneau. Quatre des principaux politiciens de l’opposition congolaise ont écrit la semaine dernière aux dirigeants du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD) pour leur demander de procéder à un audit de leurs fonds au Congo, pour écarter la thèse du détournement des fonds engagés.

Chronique : Sahel- Rififi dans l’armement et poudrière incontrôlée

De lances missiles Stinger aux drones, en passant par des chars à chenilles, sans omettre l’aviation, les artilleurs et fusiliers de l’air africains s’équipent davantage d’équipements modernes. (Tchad défilé du 11 août 2018).

Pour lutter contre l’instabilité et l’insécurité, de nombreux pays africains sont devenus un marché juteux pour les marchands d’armes. Au Sahel, région semi-aride qui s’étend de l’océan Atlantique à l’est de l’Afrique, couvrant une partie de 12 pays, notamment le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso, en proie à des conflits armés, depuis des décennies, face à des groupes terroristes, la prolifération d’armes légères et de petits calibres, mais aussi modernes reste préoccupante. Le marché des armes en Afrique en 2022 aurait atteint 20 milliards de dollars en 2022.

Si au cours des années 1980 et 1990, avec la série de conflits armés qui avaient éclaté dans la région du Sahel, la plupart des armes, qui circulaient dans le Sahel étaient légères et de petits calibres, y compris des fusils d’assaut, des pistolets et des mitrailleuses pour lutter contre des groupes criminels et terroristes, tels qu’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), Ansar Dine, Al Mourabitoun, le GICL (Groupe islamique combattant libyen), … depuis l’avènement d’Al Qaïda, de Boko Haram, puis l’éclatement de la Libye, les arsenaux se sont modernisés. De lances missiles Stinger aux drones, en passant par des chars à chenilles, sans omettre l’aviation, les artilleurs et fusiliers de l’air africains s’équipent davantage d’équipements modernes. Le peloton de tête, avec des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Egypte, l’Algérie, le Maroc, le Tchad, l’Ethiopie, ou le Kenya dépensent en milliards de dollars pour la dissuasion, s’activent même dans le nucléaire « civile » et exhibent quelques fois des « biceps ». En Afrique du Sud, depuis la fin de l’Apartheid, il est question de réhabiliter l’arme nucléaire…

Poudrière au Sahel

Dans la région du Sahel, la prolifération d’armes légères a été alimentée par le commerce illicite des armes. Elle implique souvent des trafiquants et des réseaux criminels transfrontaliers. Les armes sont souvent introduites illégalement dans la région, à partir de pays voisins, notamment la Libye, où des armes sont facilement disponibles, depuis la chute de Kadhafi en 2011. La prolifération d’armes légères et de petits calibres dans le Sahel a entraîné de nombreux défis pour les gouvernements et les forces de sécurité de la région. Les groupes terroristes et criminels utilisent ces armes pour commettre des actes de violence, tels que des vols à main armée et des enlèvements.

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La coopération régionale et internationale, avec des instances, comme le G5 Sahel, entre en lice pour résoudre ce problème, renforcer les capacités de contrôle des armes, lutter contre le commerce illicite des armes et soutenir les efforts de développement économique et social pour réduire les causes profondes des conflits dans la région. Néanmoins, avec les récents développements et une géopolitique en mutation, certains pays ont exprimé leur volonté de moderniser leurs armements. Les ventes d’armes sont souvent opaques et difficiles à quantifier avec exactitude. A titre d’exemple, au Sénégal, des acquisitions d’armes et équipements légers, à hauteur de 45,3 milliards de FCFA, soit environ 73 millions d’euros, ont défrayé la chronique ces derniers mois. Une transaction, passée par le ministère en charge de la protection de l’Environnement, au nez et à la barbe du département de la Défense, et qui a soulevé un tollé…

Arsenaux modernes au Mali et Burkina Faso

Les arsenaux modernes au Mali et au Burkina Faso font référence à la présence croissante d’armes et d’équipements militaires plus avancés dans ces pays, dans le contexte de la lutte contre l’insécurité et le terrorisme au Sahel. L’objectif avoué de ces pays est d’assurer la stabilité, avoir le contrôle de leurs ressources et des frontières. Au-delà de Wagner, la Russie est de plus en plus sollicitée, mais aussi les Etats-Unis, tandis que la Chine et Israël, le sont dans une moindre mesure, au détriment de la France. Difficile d’avoir les chiffres exacts, tant une certaine omerta règne dans les quantités réelles. Il est malheureux de constater que la hausse de l’armement au Sahel a des conséquences négatives, notamment en termes d’augmentation de la violence, de menace pour la stabilité régionale, etc. En effet, la disponibilité d’armes plus sophistiquées a renforcé la capacité des groupes armés- qui en profitent aussi s’armant à moindre coût – à mener des attaques violentes, causant des pertes en vies humaines et des déplacements massifs de populations. Aussi, l’augmentation de l’armement crée une course entre les pays de la région, ce qui peut conduire à une escalade des tensions régionales et mettre en danger la cohésion et la stabilité régionales. Quant aux gouvernements des pays africains concernés, pour se défendre contre les menaces terroristes et sécuriser leurs frontières, l’acquisition et l’entretien d’arsenaux modernes représentent une charge financière importante. Ils sont alors tenus de dépenser des sommes importantes.

Pour remédier à la prolifération des armes au Sahel

Pour mettre un terme à cette escalade, les États gagneraient à renforcer les contrôles aux frontières pour dissuader les trafiquants d’armes et arrêter la contrebande transfrontalière, encourager la coopération régionale, en travaillant ensemble pour échanger des informations sur les mouvements d’armes et les réseaux de trafiquants d’armes, mais aussi lutter contre la corruption dans les appareils de sécurité et les douanes.  Pour lutter contre le trafic illicite d’armes, il est important de prendre des mesures pour combattre la corruption. En élaborant une réglementation plus stricte de la vente d’armes et en appliquant des lois plus strictes pour réglementer la vente d’armes et empêcher la vente illégale, les pays concernés peuvent atténuer le phénomène. Il faudra aussi, à un moment ou un autre, renforcer les mécanismes de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) des groupes armés consentants.

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La feuille de route la plus importante a trait à l’investissement dans le développement économique et social dans les zones touchées par la prolifération des armes. Il va sans dire que la pauvreté et le manque d’opportunités économiques peuvent conduire à la participation à des groupes armés. Enfin, en s’attelant à éduquer les populations au danger des armes, en les sensibilisant sur les impacts de la prolifération des armes, et les autres formes de violence, la stabilité et la paix pourront perdurer.

Article publié le 9 avril 2023 21 h 27 UTC+0

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