RDC : suspension d’un milliard de dollars de financements de projets de la Banque mondiale

Les rebelles du M23 se sont emparés l'année dernière de plusieurs territoires qu'ils continuent d'occuper dans la province du Nord-Kivu. (Crédit : DR).

Après la dissolution de la Caisse sociale de la République démocratique du Congo (RDC) par le président Congolais Félix Tshisekedi, la Banque Mondiale a suspendu le financement de projets humanitaires et de développement d’une valeur de plus d’un milliard de dollars dans le pays. La décision, qui a pénalisé des organisations bénéficiaires de ces fonds, suscite la colère d’opposants politiques.

La Banque Mondiale (BM) a suspendu le financement de projets humanitaires et de développement en République démocratique du Congo d’une valeur de plus d’un milliard de dollars après que le gouvernement ait dissous la structure qui hébergeait le fonds sans prévenir, a déclaré l’institution. La suspension devrait affecter plus de 600.000 bénéficiaires, y compris des victimes de violences sexuelles, a déclaré la Banque mondiale au ministre congolais des Finances la semaine dernière dans une lettre consultée par nos confrères de Reuters qui ont relayé l’information. Selon les mêmes sources, la Banque Mondiale réclame également des éclaircissements sur l’usage fait de 91 millions de dollars avancés sur les 1,04 milliard de dollars. Tout est parti de la décision prise en début de ce mois par le gouvernement congolais de dissoudre la Caisse sociale de la République démocratique du Congo, par decret présidentiel et de créer une autre caisse publique. Une mesure qu’il a justifié par « l’évolution du cadre juridique régissant les établissements publics ». Dans une lettre adressée au gouvernement congolais annonçant la suspension de son financement et datée du 12 mai, la Banque mondiale s’est plaint d’être informée de ces réformes par la presse. « Avant de pouvoir continuer à engager les fonds du projet, le gouvernement et la Banque mondiale devraient s’entendre sur des mesures transitoires… afin de s’assurer que les fonds sont utilisés aux fins prévues », a estimé l’institution de Bretton Woods.

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Dans les colonnes de reuters, la porte-parole présidentielle Tina Salama a nié toute suspension de financement et a déclaré qu’il y aurait une gestion transitoire du fonds. « Je pense que des dispositions ont été prises », a-t-elle déclaré, sans fournir davantage d’informations sur les 91 millions de dollars. Plusieurs organisations étaient soutenues par les fonds de la Banque mondiale. Parmi elles, la Fondation Panzi dirigée par Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 pour son travail auprès des victimes de violences sexuelles. La décision est critiquée par des organisations de la société civile, qui dénoncent une mauvaise gouvernance.

« Comment se fait-il… qu’un service public, qui a signé un contrat programme d’un milliard de dollars avec la Banque mondiale, ait été dissous ou ait changé de vocation sociale sans que cette dernière en soit consciente ? », s’est interrogée Valery Madianga, directeur d’une organisation congolaise spécialisée dans l’audit des finances publiques.

La décision abrupte de changer la structure de financement était un exemple de mauvaise gouvernance, a déclaré Valery Madianga, directeur d’une organisation congolaise spécialisée dans l’audit des finances publiques. Face au tollé suscité par cette suspension, les politiques sont montés au créneau. Quatre des principaux politiciens de l’opposition congolaise ont écrit la semaine dernière aux dirigeants du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD) pour leur demander de procéder à un audit de leurs fonds au Congo, pour écarter la thèse du détournement des fonds engagés.

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