vendredi 5 décembre 2025
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Banques : Faillites en série aux Etats-Unis, quels risques pour l’Afrique ?

L’impact sur les grands marchés de la tech africaines que sont l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Nigéria et le Kenya reste minime et circonscrit. (Crédit : Dr).

Le monde des finances est entré en abullition suite à la faillite successive de trois banques américaines en moins d’une semaine. La peur de propagation a aussitôt fait plonger les bourses européennes. La Silicon Valley Bank, l’une des banques en question est l’un des principaux bailleurs de fonds des entreprises de la Tech africaine.

First Republic Bank a annoncé qu’elle a reçu des dépôts non assurés totalisant 30 milliards de dollars ce 16 mars 2023 de Bank of America, Citigroup, JPMorgan Chase, Wells Fargo, Goldman Sachs, Morgan Stanley, Bank of New York Mellon, PNC Bank, State Street, Truist et U.S. Bank. Une réaction des plus grandes banques américaines pour rassurer les marchés à la suite des trois faillites bancaires. En effet, la semaine derrière, plusieurs banques ont fait banqueroute aux États-Unis, faisant craindre un risque systémique. Il s’agit de la Silicon Valley Bank, suivie de celles de Silvergate et de First Republic Bank, plus petites, mais connues pour leurs liens privilégiés avec le milieu des cryptomonnaies.

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Ce qui a provoqué de violentes secousses dans les bourses et sur les marchés financiers en début de semaine. En Europe, la sortie de Bruno le Maire, ministre de l’Économie Français, s’est voulue rassurante en écartant tout risque de contagion en France, tout comme le président américain Joe Biden qui a annoncé que la situation est sous contrôle. Les marchés se sont néanmoins emballés, car ayant encore en tête la crise des subprimes de 2008 qui a débuté par une faillite. En Europe les experts écartent le risque de contagion sur le vieux continent et dans d’autres régions du monde comme en Afrique où l’impact est minime.

Les entreprises de la tech africaine touchées ?

En effet, les banques américaines indexées restent peu liées aux principales banques africaines, mais certaines comme la SVB sont les principaux prêteurs de startups en Afrique ou investisseurs dans la cryptomonnaie, via des investissements directs et indirects. Founders Fund, le fonds d’investissement de Peter Thiel confondateur de Paypal a été financé par SVB avant de fermer ses comptes à la banque américaine. Founders Fund a participé aux fonds levés par le groupe Waves à hauteur de 200 millions de dollars en septembre 2021. Selon nos confrères de Jeune Afrique depuis 2019, SVB Capital, branche de la banque américaine dévolue au capital-risque, a participé à six investissements directs sur le continent. Ces structures financières sont ; Sequoia, client de SVB, Y Combinator dont 30% du portefeuille serait concerné par la chute de SVB, ou encore la société marocaine Outlierz Ventures . Il y a également la Healthlane du Camerounais Alain Nteff. Son confrère Nelly Chatue-Diop fondateur de la plateforme de cryptomonnaie Ejara a bénéficié du financement de stable Circle. Ce dernier a révélé avoir 3,3 milliards de ses réserves en liquidité sur un total de 40 milliards détenues par la Silicon Valley Bank (SVB).

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Entre autres sociétés de la finance africaine liées aux banques américaines en faillite sont notamment la fintech nigériane Chipper Cash, ainsi que Beco Capital (société émiratie) qui a investi dans des entreprises de tech en Egypte comme la fintech Thndr, le transporteur Swvl, la centrale d’achat MaxAB ou le health tech Vezeeta. Au regard des imbrications entre les banques américaines en faillite et les établissements bancaires en Afrique, l’impact sur les grands marchés de la tech africaine que sont l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Nigéria et le Kenya reste minime et circonscrit. Mais la secousse a mis à jour les risques liés au financement des startups innovantes de la tech.

Intégration sous-régionale : l’exploitation du pétrole pousse le Bénin et le Niger à renforcer leur coopération économique

Trois mois avant le coup d'Etat qui l'a emporté, le Président nigérien Mohamed Bazoum a effectué, du 13 au 14 mars, une visite de travail à Cotonou qui a été l’occasion, avec son homologue béninois Patrice Talon, de renforcer la coopération économique entre les deux pays.

Le Président nigérien Mohamed Bazoum a effectué, du 13 au 14 mars, une visite de travail à Cotonou qui a été l’occasion, avec son homologue béninois Patrice Talon, de renforcer la coopération économique entre les deux pays. Principale porte d’entrée des marchandises à destination du Niger, le port autonome de Cotonou va bientôt servir de débouchée pour le pétrole brut nigérien avec la fin des travaux de construction du Pipeline d’Exportation Niger-Bénin (PENB) prévue d’ici la fin de l’année.

C’est une visite à haute teneur économique que le chef de l’Etat nigérien, à la tête d’une importante délégation composée de plusieurs ministres et surtout d’hommes d’affaires, a effectué à Cotonou, à l’invitation de son homologue Béninois Patrice Talon. Les échanges entre les deux chefs d’Etat ainsi que les sessions de travail entre les délégations des deux pays ont presque été essentiellement consacrés aux aspects relatifs au renforcement des relations économiques entre les deux voisins membres du Conseil de l’Entente, de l’UEMOA et de la Cedeao, au point d’occulter l’un des défis communs majeurs de l’heure, la situation sécuritaire inquiétante avec la multiplication des attaques terroristes au niveau du « Parc du W » que les deux pays partagent avec le Burkina Faso. A l’occasion du tête-à-tête qu’ils ont eu au Palais de la Marina puis la séance de travail élargie aux deux délégations, les Président Talon et Bazoum ont tenu à mettre en avant, « la richesse du partenariat stratégique entre les deux pays notamment dans les domaines économique et commercial » et ont réaffirmé « leur ferme volonté d’œuvrer à son renforcement au bénéfice des deux Peuples. » A cet égard, d’ailleurs, les deux chefs d’Etat  convenu d’opérationnaliser, dans les meilleurs délais possibles, la Commission mixte permanente de coopération entre les deux pays, en vue d’assurer le suivi régulier des questions d’intérêt commun, selon le communiqué publié mardi à l’issue de la visite d’Etat.

Pétrole et trafic des marchandises

 » Nos deux économies sont complémentaires. La route Cotonou-Parakou- Malanville est la route du Niger. Et nous allons conforter cela en évacuant notre pétrole par le Bénin « , a déclaré lors d’un point de presse conjoint, le Président Bazoum Mohamed du Niger qui a tenu à féliciter par la même occasion  le Président Patrice Talon pour les performances économiques remarquables réalisées au Bénin sous son impulsion au cours de ces dernières années. Le président nigérien qui n’est qu’à sa deuxième année au pouvoir a fait savoir qu’il allait s’inspirer de certaines « succes-story » du modèle béninois dans le cadre de son programme dans lequel la réalisation de pôles agro-industriels figurant en bonne place dans son programme. En ce sens, il s’est rendu au complexe de la Zone industrielle intégrée de Glo-Djigbé, à une quarantaine de kilomètres de Cotonou, une plate-forme qui a été conçue comme un accélérateur de transformation, et axée sur la création de florissantes chaînes de valeur allant de l’approvisionnement en matières premières à la fabrication et à l’exportation de produits finis.

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Le Bénin est la principale porte d’entrée pour les marchandises en destination du Niger et l’examen des voies et moyens pour permettre d’améliorer les échanges commerciaux entre les deux pays a été passé en revue par les délégations des deux pays. Des mesures ont ainsi été annoncées pour fluidifier davantage le trafic sur le corridor qui va du port de Cotonou à Niamey et les principales villes du Niger en passant par Parakou, Malanville au Bénin et Dosso au Niger. Un corridor emprunté quotidiennement par plus de 1.000 véhicules en majorité des camions de transports de marchandises. L’autre aspect important de cette visite, c’est celui de l’exportation du pétrole brut nigérien qui va passer par le Bénin. Lors de son séjour en terre béninoise, le Président Bazoum a d’ailleurs tenu à visiter les infrastructures portuaires du Port Autonome de Cotonou (PAC) et de la Station terminale du Pipeline Export Niger-Bénin (PENB), à Sèmè Kraké, sur la côte sud-est du Bénin, dont les travaux sont exécutés à près de 80% et se termineront en fin 2023. L’occasion, pour le Chef de l’Etat, de voir de visu l’état d’avancement de la construction de cette composante importante du projet du Pipeline Export, réalisé par l’entreprise chinoise West Africain Pipeline (WAPCO).

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Il faut dire que le Niger a de grandes ambitions sur la mise en service de cet oléoduc, le plus grand d’Afrique avec une longueur de près de 1900kms dont 600 sur la partie béninoise, et qui va permettre au pays de porter sa production d’or noir de 20.000 barils actuellement à 110.000 barils dès l’année prochaine.

« Le pétrole du Niger sera aussi le pétrole du Bénin. C’est une décision que nous avons prise parce que nous utilisons les routes du Bénin et, par conséquent, le pétrole du Niger devrait aussi pouvoir profiter au Bénin », a assuré le chef de l’Etat nigérien.

Il faut qu’en plus des emplois directs et indirects que la construction et l’exploitation du pipeline va créer au Bénin, les caisses du pays puissent aussi profiter avec la perception des frais, taxes et autres redevances liés au passage de l’oléoduc. Des raisons qui expliquent donc en grande partie cette nouvelle de miel entre le Bénin et le Niger qui était jadis réunis au sein de l’Organisation commune Bénin-Niger (OCBN), une organisation destinée à renforcer les échanges commerciaux entre les deux pays et qui a disparu depuis des années.

Chronique : ZLECAf – une gestation compliquée

(Crédits: UA)

Une Zone de libre-échange en Afrique ne manquera pas d’atouts, tant le potentiel du continent se passe de commentaires à tous les niveaux. C’est un marché de plus de 1,2 milliard de consommateurs, 2500 milliards $ de PIB, des richesses encore inexploitées et estimées en trillons de $. ne manquera pas d’atouts, tant le potentiel du continent se passe de commentaires à tous les niveaux. C’est un marché de plus de 1,2 milliard de consommateurs, 2500 milliards $ de PIB, des richesses encore inexploitées et estimées en trillons de $. Justement, cette sous-industrialisation et un commerce interafricain toujours insignifiant- les prévisions les plus optimistes situent ce dernier à une hypothèse haute de 15%- constituent un sérieux handicap à l’opérationnalisation de la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine).

Certes ce grand chantier pour un marché africain unifié, qui a pour fondement l’Accord de libre-échange africain négocié par l’Union africaine (UA) et signé alors par une quarantaine de pays sur les 55 Etats membres, le 21 mars 2018 à Kigali, contraint à une suppression de 90% des droits de douane sur l’importations des marchandises, mais qui va jouer le jeu ? Il a été précédé d’intenses négociations, avant l’entrée en vigueur de l’Accord d’Adhésion officiellement le 30 mai 2019, avant la Ratification de l’Accord d’Adhésion par l’Assemblée des représentants du peuple le 22 juillet 2020. Depuis, peu pays se sont bousculés aux portes de la ratification… une hésitation, soubassement de la crainte d’une parturition avec un mort-né, ou un organe pondéré par moult mesures de sauvegarde, la poussée de droits antidumping ou encore des barrières non tarifaires. Jusqu’à présent les saisies d’exportations font légion dans les aéroports, les amendes pleuvent et quelquefois les commerçantes sont gardées à vue. Quid des voies de recours et de contraintes, en cas de violation de l’Accord ?

Sans mise à niveau, flop assuré

Il reste évident que les niveaux de développement des pays africains sont différenciés. En prélude à la mise en œuvre de la ZLECAf, une mise à niveau des économies reste fondamentale. Elle doit être financée par les Etats les plus nantis et plus avancés sur le plan industriel et déjà acquis aux normes internationaux de qualité, d’hygiène et de packaging, et des partenaires, comme la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ). Comment s’explique dans la plupart de pays où l’informel continue de constituer 80% du tissu économique, l’absence de tels programmes d’appui aux Accords commerciaux en Afrique (AACA), la Promotion des activités d’exportation en Afrique (PAEA) ou autres Programmes d’Appui aux Associations Professionnelles (PAAP), d’Assistance à la réinsertion et à la Garantie ? A défaut, le Sommet Extraordinaire de la ZLECAf, annoncé le 25 novembre 2022 à Niamey par Wamkele Keabetswe Mene, Secrétaire général, avec au cœur sa mise en œuvre, l’adoption du Protocole de l’Investissement, le Commerce Numérique, sera un flop de plus.

Par Daouda Mbaye

Publié pour la première fois le 10-09-2022

Chronique : Et si AIMS ciblait le Next Moumouni Forum

Le NEF, organisé tous les deux ans, est un forum de trois jours qui rassemble 500 scientifiques de renom, décideurs politiques, chefs d’entreprise, journalistes, dirigeants de la société civile et entrepreneurs, en vue de mettre en exergue les talents scientifiques. (Crédit: Dr & AI)

Créé en 2003, l’Institut Africain des Sciences Mathématiques (AIMS), premier et plus grand réseau de centres d’excellence d’Afrique pour une formation post-universitaire innovante en sciences mathématiques, organise le Next Einstein Forum pour la détection d’innovateurs. Et si cette rencontre portait le nom d’un savant africain…

La mayonnaise prend du temps à prendre. Depuis que l’Institut Africain des Sciences Mathématiques (AIMS) existe, il y a 20 ans de cela, néanmoins le secteur industriel tarde à décoller comme il se doit, par endroits, en Afrique. Pourtant, AIMS ambitionne de permettre à la jeunesse africaine de façonner l’avenir du continent, grâce à l’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM), à l’engagement du public et à la recherche. Il ne s’agit certes pas d’une course de vitesse, mais l’essai est loin d’être transformé. Les causes proviendraient d’un manque de passerelles avec le local, d’accompagnements financiers, etc. Jusqu’à présent, il existe cinq centres d’excellence en Afrique du Sud, au Sénégal, au Ghana, au Cameroun et au Rwanda.

A lire aussi : UNESCO – Rapport mondial de suivi de l’éducation 2021-2022 :  Quel rôle pour le privé ?

Next Einstein Forum (NEF) est une initiative de l’AIMS en partenariat avec la Fondation Robert Bosch. Le NEF met l’accent sur le rassemblement des innovateurs africains en vue mettre en exergue les découvertes importantes et de catalyser la collaboration scientifique pour le développement humain. Le but de cette plateforme est d’identifier le prochain Einstein en Afrique, tel que l’annonça Neil Turok, fondateur de l’AIMS, alors qu’il recevait le Prix TED 2008. A mon sens, c’est là où le bât blesse. Turok a une bonne volonté. Pour la petite histoire, il est originaire d’Afrique du Sud, d’où il s’exila pour Londres, pendant l’Apartheid que combattait ses parents… Il ignorait peut-être qui étaient le Sénégalais Cheikh Anta Diop , le Nigérien Abdou Moumouni Dioffo (1929-1991) … Je parle du premier Agrégé de Sciences Physiques de l’Afrique francophone et qui fut l’un des grands spécialistes des énergies alternatives, notamment l’énergie solaire. Il est notamment connu pour son célèbre livre, intitulé « L’éducation en Afrique », publié chez Maspéro en 1964 à Paris. 

Un impact plus efficient si …

Le NEF, organisé tous les deux ans, est un forum de trois jours qui rassemble 500 scientifiques de renom, décideurs politiques, chefs d’entreprise, journalistes, dirigeants de la société civile et entrepreneurs, en vue de mettre en exergue les talents scientifiques et de proposer des solutions qui permettent de promouvoir les découvertes mondiales. Aussi, il met l’accent sur l’impact durable à travers combler les écarts entre la science en Afrique et dans le monde, contribuer à la transformation des idées en action, plaider pour la science en Afrique et pour une politique scientifique bien pensée, et renforcer la communauté scientifique. Je suis persuadé que son impact serait plus efficient s’il s’appelait NMF pour Next Moumouni Forum ou Next Cheikh Anta Forum…

Mais qui est Abdou Mounoumi ?

Abdou Moumouni Dioffo, qui a donné son nom à l’université de Niamey, est un savant nigérien. Dans le prologue de la biographie du savant, écrite par Salamatou Doudou et parue en 2018 aux Editions Sciences et Bien commun, j’ai relevé pour vous Abdou Moumouni, qui ne parlait pas beaucoup, disait ceci, peu de temps avant sa mort, dans une allocution prononcée à Niamey le 5 mai 1988, à l’occasion de la présentation officielle du Diplôme et de la Médaille d’or qui lui a été décernée par l’Organisation mondiale de la Propriété Intellectuelle :

« Mesdames, Messieurs,

Comme il est de tradition en pareilles circonstances, vous me permettrez de développer et exposer quelques réflexions qui me sont chères.

La première, découlant de l’expérience que j’ai vécue, est que nul n’est prophète en son pays, et qu’il est fondamental dans la vie d’un homme de s’attacher à un idéal et une vision de l’avenir de son pays, et plus généralement de l’humanité entière, plutôt que de se cantonner à une courte vue basée sur des calculs souvent sordides et conduits au jour le jour.

La deuxième est que seul le travail paie, et peut permettre de léguer un héritage à la postérité, et peut être un exemple à ceux qui nous suivent. Sur ce plan, comme j’aime à le dire à mes étudiants, la pensée d’Ibsen me semble d’actualité : Homme de la plaine, pourquoi grimpes-tu sur la montagne ? Parce que je ne découvre la beauté de la plaine que du haut des sommets.

La troisième est que le travail ne vaut et n’est valorisé que s’il est conduit en équipe et avec un esprit d’équipe que peut-être les partenaires, dans le feu et les exigences de l’action, ne saisissent pas clairement, mais que le chef (puisque chef il doit y avoir) doit, lui, avoir constamment en vue. Et c’est peut-être le contexte adéquat pour rappeler “qu’il y a bien des sots, mais pas de sot métier ».

De tels propos, transparaît tout ce qui peut faciliter le passage des idées au produit ou service fini, en passant par le prototype ou le MVP (Minimum Viable Product), et par conséquent l’industrialisation. Une condition sine qua non est que le créateur ou l’inventeur puisse souvent céder son idée aux industriels. AIMS promeut des promotions de vingtaines de scientifiques par an, sort du lot, les Shehu du Nigéria, Esrah du Darfour au Soudan, ou encore Lydia de RCA… Il reste à transformer tous ces essais.    

INTERVIEW – Fadima Diawara : «Kunfabo est un smartphone africain de qualité, conforme aux réalités Africaines »

Mme Fadima Diawara, Fondatrice & CEO de Kunfabo est titulaire d’un MBA Entrepreneuriat Numérique (MBA in digital Entrepreneurship) à l’école IEBS Business School de Barcelone, en Espagne. (Crédit : Dr).

Les entrepreneurs africains misent sur leur forte créativité pour investir des secteurs porteurs. Dans la téléphonie mobile, Kunfabo, à l’initiative de Mme Fadima Diawara et spécialisée dans la conception et la commercialisation, a pour objectifs de satisfaire les besoins africains et au-delà. Passionnée d’innovations et de nouvelles technologies, la Ceo et Fondatrice de Kunfabo définit son produit comme une marque de smartphone Africain, avec des applications pour accompagner le consommateur Africain dans sa vie quotidienne. Axée actuellement sur son expansion en Afrique, la marque lorgne également d’autres régions à moyen et long terme.

Africa Income : Pour une juriste de formation, pourquoi avoir créé Kunfabo ?

Fadima Diawara : Je ne viens pas du secteur des TIC, mais je suis passionnée par l’innovation, la créativité, les geeks… Quand je me lançais en 2016, je ne connaissais pas de marque de smartphone Africain, donc je me suis dit pourquoi pas.

Un téléphone 100% africain est très attendu, en termes de qualité, de standards et de performances. Quels sont les atouts de vos modèles ?

Kunfabo signifie « être en contact « , dans ma langue nationale Malinké. Pour moi, un téléphone sert à être en contact avec nos proches. Le concept de Kunfabo est de proposer aux Africains un smartphone de qualité, conforme aux réalités Africaines, valoriser et surtout accompagner le consommateur Africain dans sa vie quotidienne. Nous nous positionnons comme une marque Africaine qui se différencie de toutes ces marques par sa qualité, car certifié aux normes UE, un prix accessible, etc. Sa principale particularité est de favoriser l’inclusion numérique.

Disposent-ils de fonctionnalités usuelles et adaptées au contexte africain ?

Le marché Africain est inondé de marques étrangères qui ne connaissent pas ou ne prennent pas en compte les besoins des consommateurs Africains. A la différence de toutes ces marques, Kunfabo, en phase avec les normes UE et accessible à souhait, ambitionne d’accompagner le consommateur Africain dans sa vie quotidienne, grâce aux applications que nous avons développées. Il s’agit notamment d’une Application (Ndlr : Findme) purement Africaine de géolocalisation des centres de santés, hôpitaux, pharmacies de proximité pour mettre la technique au service de la santé donc sauver des vies ; une autre Application (Ndlr : Afrocook) de recettes Africaines pour valoriser l’art culinaire Africain ; et enfin une Application (Ndlr : Dikalo) de messagerie Africaine et de paiement mobile. A cela s’ajoute un service après-vente efficace et des smartphones assurés …

Quelles sont vos cibles ?

Nous nous positionnons comme une marque Africaine. Nos cibles sont concentrées sur la population africaine et de sa diaspora.

Quels soutiens et accompagnements avez-vous reçu ou, à défaut, attendez-vous de l’Etat guinéen et/ou du secteur privé ?

Nous n’avons pas d’accompagnements proprement dits du gouvernement Guinéen. Je suis consciente que l’État n’est pas un bailleur de fonds, ce que nous attendons d’eux, c’est de privilégier l’utilisation de nos smartphones, faire de Kunfabo une marque Nationale Guinéenne, à part entière. Il serait salutaire de nous renforcer, en faisant de Kunfabo une flotte du gouvernement et d’être fier d’utiliser le contenu local. Par ricochet, cela nous permettra de créer plus d’emplois, participant au développement du pays. Au secteur privé, nous lançons aussi le même appel en nous renforçant par l’utilisation de nos produits. Dans le cadre de l’expansion de Kunfabo, vu la demande dans la sous-région, Kunfabo ouvre enfin son capital aux investisseurs pour son expansion dans la sous-région.  Nous nous adressons aux fonds d’investissements, Venture Capital, Business Angels, et autres personnes désireuses de participer à l’aventure de Kunfabo et investir en Afrique. Le premier tour de table est fixé à 5 millions d’euros.

Songez-vous à devenir un fondeur 100% guinéen, à l’assaut du monde, à l’image de grandes marques concurrentes ?

Nos perspectives sont d’être leader du marché Guinéen et Africain, en matière de téléphonie, et grandir. Notre objectif est de produire en Afrique, dans notre propre usine pour créer des emplois, former des professionnels et enfin générer de la richesse. Notre vision est d’abord continentale, mais nous avons l’ambition de nous ouvrir au reste du monde, une fois la marche Africaine conquise.

Vous avez été primée plusieurs fois. Ces distinctions représentent-ils pour vous autant de défis et de rançons de gloire ?

Ces distinctions pressentent énormément de défis, dans la mesure où cela prouve que le monde nous regarde et attend beaucoup de nous. Parallèlement, c’est un sentiment de satisfaction, de fierté de voir notre travail récompensé, à travers le monde. Combien de jeunes s’inspirent de nous pour rendre possibles des choses jugées impossibles, par la persévérance et l’audace, en suivant nos pas et notre intuition ! Nous en sommes conscients et redoublons d’efforts au quotidien.

Propos recuillis par Daouda Mbaye

Investissements hospitaliers et pharmaceutiques: la BEI et Afreximbank mobilisent 200 millions d’euros pour l’Afrique subsaharienne

En marge de l’exposition internationale africaine lancée le dimanche 24 septembre 2023 en prélude de l’Assemblée générale des nations unies, la vice-présidente exécutive d’Afreximbank, en charge de la Banque du commerce intra-africain Kanayo Awani, a tenu quelques déclarations.

La Banque européenne d’investissement (BEI) et Afreximbank ont annoncé cette semaine, le lancement d’une initiative d’investissement de 200 millions d’euros en appui à la résilience sanitaire en Afrique subsaharienne. A travers un nouveau dispositif de financement simplifié, les deux institutions financières vont mobiliser chacune 100 millions d’euros pour accélérer les investissements hospitaliers et pharmaceutiques sur le continent.

L’annonce de ce premier prêt intermédié entre la BEI, la plus grande banque multilatérale au monde, et Afreximbank, une institution financière panafricaine multilatérale, a été faite lors de la 5e Conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés qui vient de se tenir à Doha, au Qatar. Les deux institutions financières ont ainsi décidé d’unir leurs forces pour accroître les investissements dans les soins de santé et le secteur pharmaceutique en Afrique subsaharienne et renforcer la résilience sanitaire sur le continent. La nouvelle initiative d’investissement dans le domaine de la santé, dotée de 200 millions d’euros, a été officiellement lancée le 07 mars 2023 par Thomas Östros, vice-président de la BEI, et Denys Denya, vice-président exécutif d’Afreximbank.

Améliorer l’accès aux soins de santé dans toute l’Afrique

Dans les faits, Afreximbank et la BEI vont accorder chacune, un nouveau financement de 100 millions d’euros destiné à moderniser et à développer les établissements de soins de santé publics et à renforcer la production de médicaments sûrs, abordables et efficaces en Afrique subsaharienne. Il s’agit du premier concours spécifique de la BEI pour des financements intermédiés dans le domaine de la santé en Afrique. Ce nouveau dispositif de financement des soins de santé en Afrique, qui s’inscrit dans le cadre de l’initiative Global Gateway de l’Union européenne, a été mis en place par des experts sanitaires, financiers et techniques de la BEI et d’Afreximbank afin de débloquer des investissements essentiels visant à améliorer l’accès aux soins de santé locaux et à accroître la production de médicaments indispensables pour lutter contre des maladies mortelles telles que le cancer, le sida, le paludisme et la tuberculose.

« Dans le cadre de l’Équipe Europe, la BEI soutient, dans le monde entier, des investissements à fort impact dans le domaine de la santé. La nouvelle initiative BEI-Afreximbank pour la résilience sanitaire permettra de déployer 200 millions d’euros de financements destinés à renforcer la résilience sanitaire en Afrique subsaharienne en améliorant l’accès aux soins de santé et en augmentant la production pharmaceutique locale. Cette coopération financière ciblée entre la BEI et Afreximbank, partenaire financier de premier plan, démontre comment un partenariat entre l’Europe et l’Afrique améliore les conditions de vie de la population et favorise des investissements prioritaires dans le domaine de la santé », a commenté Thomas Östros, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI).

De son coté, Denys Denya, vice-président exécutif d’Afreximbank a indiqué que « la pandémie de coronavirus illustre à quel point la santé de millions d’Africains est particulièrement menacée par un accès limité à des soins de santé efficaces et à des médicaments abordables. Afreximbank se réjouit de s’associer à la Banque européenne d’investissement pour mettre en place un dispositif de cofinancement de 200 millions d’euros destiné à améliorer la réponse efficace face aux défis sanitaires en Afrique subsaharienne. Cet investissement s’appuiera sur le succès de notre coopération en place visant à améliorer l’accès au financement des entreprises qui doivent relever les défis engendrés par la pandémie et les changements climatiques.».

Soutenir des investissements pour développer la production pharmaceutique locale

Selon les responsables de l’initiative, le développement rapide de soins de santé publics abordables est crucial pour améliorer la situation sanitaire en Afrique. Ainsi, la nouvelle initiative BEI-Afreximbank permettra de soutenir de nouveaux investissements dans des établissements de santé, notamment en ce qui concerne la construction et l’aménagement de cliniques et d’hôpitaux, essentiels pour permettre un traitement rapide des maladies transmissibles, réduire la mortalité infantile et faciliter l’accès aux systèmes de santé publique.

Alire aussi : Financement des infrastructures en Afrique : malgré une baisse de régime du fait de la Covid-19, du potentiel à exploiter

À l’heure actuelle, en effet, seuls quelques pays d’Afrique subsaharienne accueillent des entreprises de production pharmaceutique. Dans ce cadre, cette nouvelle initiative d’investissement dans la résilience sanitaire ciblera également les financements visant à accroître la production locale de produits pharmaceutiques de qualité en Afrique subsaharienne. Elle contribuera également à remédier à la pénurie chronique de médicaments essentiels nécessaires pour lutter contre le sida, le paludisme et la tuberculose, ainsi qu’à améliorer les soins médicaux pour les nouveau-nés et les mères. Dans le communiqué publié à la suite du lancement de l’initiative, la BEI rappelle que depuis le déclenchement de la pandémie de COVID-19, elle a mobilisé plus de 12 milliards d’euros à l’appui d’investissements dans le domaine de la santé dans le monde qui ont notamment permis de soutenir la mise au point, la production et la distribution de vaccins, la modernisation d’hôpitaux et l’amélioration de l’enseignement médical. Ces dernières années, indique-t-on, la BEI a aussi soutenu des investissements dans la santé et les soins de santé en Angola, au Bénin, au Ghana, au Maroc et au Niger, tout en appuyant l’initiative COVAX pour le déploiement du vaccin contre le COVID-19 dans toute l’Afrique.

A lire aussi : Afrique subsaharienne : des perspectives économiques en demi-teinte selon la Banque mondiale

De son coté, Afreximbank a aussi considérablement contribué à la réponse de l’Afrique à la pandémie de COVID-19 en finançant la Plateforme africaine de fournitures médicales qui a permis l’achat groupé d’équipements de protection individuelle, et en fournissant 2 milliards d’USD pour l’achat et la distribution de vaccins dans le cadre du programme AVAT.

Côte d’Ivoire : un accord avec l’Emirati Masdar pour une centrale solaire de 50 à 70 MW

La Côte d'Ivoire s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 32 % et à augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique à plus de 40 % d'ici 2030.

En partenariat avec la compagnie des Émirats arabes unis Masdar, la Côte d’Ivoire va renforcer ses capacités de production des énergies renouvelables. Le pays ouest-africain – engagé à réduire d’un tiers ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 – franchit un pas supplémentaire vers le mix énergétique.

La Côte d’Ivoire a signé un accord avec la société d’énergie renouvelable des Émirats arabes unis Masdar pour explorer le développement d’une centrale solaire de 50 à 70 mégawatts (MW), a déclaré Masdar vendredi. C’est le dernier d’une série d’accords en Afrique. La nation ouest-africaine productrice de cacao s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 32 % et à augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique à plus de 40 % d’ici 2030.

A lire aussi : Côte d’Ivoire : la réouverture des frontières terrestres, une bouffée d’oxygène pour l’économie

L’accord s’inscrit dans le cadre d’un schéma directeur de développement d’installations de production intégrant solaire, hydroélectricité et biomasse. « Masdar et le ministère ivoirien des Mines, du Pétrole et de l’Énergie exploreront le développement conjoint de centrales solaires photovoltaïques en Côte d’Ivoire, en commençant par une première centrale de 50 à 70 mégawatts (MW) », a indiqué la société dans un communiqué. Masdar vise à fournir 100 gigawatts d’énergie verte dans le monde d’ici 2030 et voit un « énorme potentiel » pour ce secteur en Afrique, a-t-il ajouté. En janvier, elle a signé un accord avec l’Éthiopie pour le développement conjoint d’un projet solaire de 500 MW. Elle a également signé des accords avec l’Angola, l’Ouganda et la Zambie pour développer des projets d’énergie renouvelable.

 Avec Reuters.

Vague anti-migrants en Tunisie: la sanction de la Banque mondiale, une nouvelle alerte pour une économie sous perfusion

L'économie tunisienne ne survit actuellement que grâce aux perfusions financières des institutions financières internationales comme la Banque mondiale et le FMI et la crainte selon l'analyste financier tunisien Bassem Neifer, "c'est que cette décision n'influence les discussions avec les deux institutions". (Crédit : Dr, Africa Income).

La Banque mondiale a décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre, son partenariat avec la Tunisie, en réaction aux propos anti-migrants subsahariens tenus par le président Kais  Saïed et qui ont provoqué une vague de violences contre les ressortissants des pays subsahariens dans le pays. Dans un courrier, la Banque mondiale a estimé ces propos « complètement inacceptables » et  contraire à ses valeurs centrales relatives à la sécurité et l’inclusion des migrants et des minorités. Malgré que les autorités tentent de relativiser son impact, cette mesure  risque d’amplifier davantage la crise économique et sociale que traverse le pays d’autant que l’économie tunisienne ne doit actuellement sa survie que grâce au soutien des institutions financières internationales comme la Banque mondiale et le FMI.

Le président tunisien aurait été mieux avisé d’avoir fait sienne cette sagesse africaine qui dit qu’il vaudrait mieux remuer sa langue sept fois avant de proférer les propos qu’il a tenu le 21 février dernier lors de la réunion du Conseil de sécurité qu’il a présidé et dans lesquels il a annoncé « des mesures urgentes contre l’immigration clandestine de ressortissants de l’Afrique subsaharienne », évoquant  notamment de « hordes de migrants clandestins » dont la venue relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie ». Des propos qui avait engendré une montée de la haine anti migrants dans le pays avec des cas de sévices corporelles et une vagie d’arrestation de ressortissants de pays subsahariens.

Après le tollé provoqué par ces propos qui ont été condamnés par l’Union africaine (UA), le Secrétaire général des Nations unies, les Etats-Unis ainsi que les décisions prises par certains pays comme la Côte d’ivoire, la Guinée ou le Mali de rapatrier leurs ressortissants, des partenaires de premier plan du pays ont commencé à prendre leur distance avec le gouvernement de Kais Saïed.

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Dans un courrier rendu public en début de semaine, le Président du groupe de la Banque mondiale, David Malpass, a décidé de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » son partenariat avec la Tunisie, jugeant « complètement inacceptables » les propos de Kais Saïed. « Les commentaires publics qui attisent la discrimination, les agressions et les violences racistes sont complètement inacceptables », a jugé le président de la Banque mondiale et face à la dégradation et aux agressions rapportées, il a estimé que l’institution n’est pas en mesure de poursuivre ses missions sur place, « la sécurité et l’inclusion des migrants et des minorités faisant partie des valeurs centrales d’inclusion, de respect et d’antiracisme » de la Banque mondiale. Ainsi, poursuit la correspondance adressé à ses équipes, compte tenu de la situation, la direction a pris la décision de mettre en pause  cet accord de partenariat et de retirer du calendrier, la revue du conseil d’administration  de la Banque mondiale consacrée au pays qui est prévue initialement le 21 mars mais qui est désormais « reportée jusqu’à nouvel ordre ». Cette dernière concerne le cadre de partenariat pays (CPF), qui sert de base de suivi par le conseil d’administration de la Banque mondiale afin d’évaluer et accompagner le pays dans ses programmes d’aide.

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Concrètement, a expliqué un expert,  l’institution de Breton Woods, qui ne peut pas lancer de nouveaux programmes de soutien avec le pays tant que le CA ne s’est pas réuni, a décidé de suspendre la tenue de cette réunion sur la Tunisie « jusqu’à nouvel ordre », selon le courrier. « Les projets financés restent financés et les projets en cours sont maintenus », précise cependant à l’AFP une source proche de la Banque mondiale. Selon la même source, l’institution prévient par ailleurs d’un possible ralentissement de ses actions sur place à cause de la mise en œuvre de mesures de sécurité, en particulier concernant ses employés originaires d’Afrique subsaharienne et leurs familles.

Des inquiétudes amplifiées pour une économie à bout de souffle

La décision de la Banque mondiale a été certes relativisée par le gouvernement tunisien mais de l’avis de plusieurs analystes, même si son impact n’est pas pour le moment concrètement évalué, elle va beaucoup impacter le pays dont l’économie traverse une mauvaise passe depuis des mois. Dans une déclaration aux médias ce mercredi 08 mars 2023, le ministre tunisien de l’Économie et de la Planification, Samir Saïed, a même nié la suspension du partenariat entre son pays et la Banque mondiale.

 « La position de la BM est claire: elle a nié la suspension des relations avec la Tunisie et, seulement, il s’agit d’un report des discussions au sujet du prochain programme avec la Tunisie », a expliqué le ministre tunisien pour qui, « Ce report n’aura pas, certes, d’effet négatif sur la Tunisie. La Banque mondiale participera au financement du projet de liaison électrique entre la Tunisie et l’Italie ».

Il faut dire que la Tunisie traverse depuis des mois une crise économique sans précédent qui se traduit par une crise sociale sans précédent et qui s’ajoute à un contexte politique des plus incertains depuis la vague de réformes décidées par le président l’année dernière. L’économie tunisienne ne survit actuellement que grâce aux perfusions financières des institutions financières internationales comme la Banque mondiale et le FMI et la crainte selon l’analyste financier tunisien Bassem Neifer, « c’est que cette décision n’influence les discussions avec les deux institutions ». Des craintes légitimes si ont tient compte du fait que les contributions de la Banque Mondiale ont été programmées pour la planification budgétaire de la Tunisie pour les années 2024 et 2025 et sans cet appui, l’équilibre budgétaire risque d’être rompu ce qui mettra encore à mal l’économie du pays.

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Il faut aussi souligner que bien que les pays d’Afrique subsaharienne ne représente que peu dans la balance commerciale du pays avec, d’après les estimations,  3,5 % de nos exportations et 1,6 % des importations tunisiennes, la sortie médiatique du président tunisien est venu mettre les bâtons dans les roues des investisseurs et exportateurs tunisiens qui ont des visées stratégiques sur le continent. Dans plusieurs pays comme au Sénégal, des appels au boycott des produits tunisiens ne cessent de foisonner sur les réseaux sociaux, ce qui n’est pas de bonne augure pour l’offensive tunisienne en Afrique où le pays est déjà très devancé par ses voisins maghrébins comme l’Algérie et surtout le Maroc.

Asma Chaabi : une femme inspirante au parcours atypique

Première femme maire du Maroc, en devenant maire de la ville mythique d’Essaouira (2003-2009), Asma Chaabi a été adoubée par plusieurs instances et personnalités de premier plan, comme le Secrétaire d’Etat Américain à la défense Collin Powell lors de sa visite à Marrakech en 2003. (Crédit: Dr).

Dans le sillage du 08 mars, Journée Internationale de la femme, Africa Income est revenu sur le parcours de femmes africaines inspirantes. A l’honneur cette fois, la Marocaine Asma Chaabi, vice-présidente d’YNNA Holding, ancienne maire d’Essaouira et militante impliquée pour l’amélioration des conditions de vie des femmes et des couches vulnérables.

La Journée du 8 mars a été l’occasion pour Africa Income de présenter le parcours de femmes africaines qui inspirent. Au Maroc, Asma Chaabi, femme politique, engagée dans le social a un parcours qui force le respect. Son nom est souvent associé à la ville d’Essaouira qu’elle a gouvernée comme maire ou à l’entreprise familiale YNNA Holding. Diplômée d’Oxford College et de polytechnique Londres, elle est en effet vice-présidente exécutive d’YNNA Holding, l’un des plus grands conglomérats privés du Maroc fondé par son père, le self-made man Miloud Chaabi en 1948. Mais en sus de cette caquette, celle qui est également Vice-présidente de la Fondation Miloud Chaabi pour l’éducation des filles et des garçons dans le monde rural, est membre de plusieurs fondations et organisations non gouvernementales. Lesquelles sont concentrées sur les problèmes des femmes, des enfants et des personnes défavorisées en particulier. Première femme maire du Maroc, en devenant maire de la ville mythique d’Essaouira (2003-2009), elle a dèjà été adoubée par plusieurs instances et personnalités de premier plan, comme le Secrétaire d’Etat Américain à la défense Collin Powell lors de sa visite à Marrakech en 2003.

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Loin du cocon familial, le parcours politique d’Asma Chaabi lui a valu d’être désignée observatrice des élections présidentielles notamment en Egypte et en Mauritanie. A la fin de son mandat de maire en 2009, elle est devenue Présidente Fondatrice de l’International Women Forum (IWF), puis directrice mondiale du conseil d’administration de l’IWF pour deux mandats et présidente de la Conférence mondiale sur le leadership de l’IWF organisée à Rabat au Maroc. Une messe à laquelle plus de 800 femmes leaders ont participé. Multi casquettes, cette polyglotte mère de trois enfants est aussi une artiste plasticienne, passionnée d’art. Elle a notamment pris part, à Panama City, en Amérique Latine, au 1er Forum régional des Femmes d’impact et à l’expo «Art Africanismes en Amérique centrale et dans les Caraïbes»  qui s’est tenue du 24 au 31 mai 2022.

08 mars 2023 : Les femmes devront encore attendre pour l’égalité des chances au travail

L’Afrique subsaharienne a accompli des progrès considérables l’année dernière, avec à son actif plus de la moitié des réformes enregistrées dans le monde en 2022. (Crédit : Dr).

Aujourd’hui près de 2,4 milliards de femmes en âge de travailler dans le monde ne bénéficient toujours pas des mêmes droits que les hommes, selon les chiffres de la Banque mondiale publiés en 2023. En Afrique où les rivalités sur le marché de l’emploi sont exacerbées par la pauvreté et le chômage, les femmes sont particulièrement vulnérables et exposées face à des systèmes juridiques inspirés de modèles patriarcales. Les avancées à coups de réformes restent encore timides.  

Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, publié en mars 2023, le rythme des réformes en faveur de l’égalité de traitement des femmes devant la loi a atteint son niveau le plus bas depuis 20 ans.  Ce qui risque d’entraver la croissance économique à un moment critique pour l’économie mondiale. En 2022, le score moyen mondial de l’indice produit par le rapport Les Femmes, l’Entreprise et le Droit n’a augmenté que d’un demi-point pour atteindre 77,1 sur 100. Ce qui signifie que les femmes ne jouissent en moyenne que d’à peine 77 % des droits juridiques reconnus aux hommes. Le rapport note qu’au rythme actuel des réformes, dans de nombreux pays, une jeune femme qui entre dans la vie active prendra sa retraite avant d’avoir pu obtenir les mêmes droits que les hommes.

« À l’heure où la croissance économique mondiale ralentit, tous les pays doivent mobiliser l’intégralité de leur capacité de production pour faire face à la confluence des crises auxquelles ils sont confrontés,” souligne Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale et premier vice-président en charge de l’Économie du développement.

13 réformes dans 7 pays d’Afrique subsaharienne

En 2022, seules 34 réformes juridiques liées au genre ont été enregistrées dans 18 pays, soit le nombre le plus faible depuis 2001. La plupart de ces réformes visaient à augmenter la rémunération des congés payés pour les parents et les pères, à supprimer les restrictions au travail des femmes et à imposer l’égalité de rémunération. Il faudra encore 1 549 réformes pour parvenir dans l’ensemble du monde à une égalité juridique substantielle entre les sexes dans tous les domaines examinés par le rapport. Au rythme actuel, il faudrait au moins 50 ans pour atteindre cet objectif, alerte le rapport. L’Afrique subsaharienne a accompli des progrès considérables l’année dernière, avec à son actif plus de la moitié des réformes enregistrées dans le monde en 2022 : sept économies (Bénin, République du Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Malawi, Ouganda et Sénégal) ont ainsi adopté 18 changements juridiques positifs. Bien que de grandes avancées aient été réalisées au cours des cinq dernières décennies, beaucoup reste à faire dans le monde entier pour dépasser les bonnes intentions et obtenir des effets tangibles, à savoir garantir l’égalité des chances pour les femmes devant la loi, a souligné l’étude de la Banque Mondiale.

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