jeudi 17 avril 2025
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Pétrole : Face à Eni et Shell le Nigéria de nouveau débouté

Dans l’affaire du bloc pétrolier offshore OPL 245 le Nigéria a de nouveau essuyé un revers face aux majors pétrolières Eni et Shell. Le pays qui espérait une indemnisation dans ce dossier qui date de plus d’une décennie a été débouté par la cour d’appel de Milan.
Déjà, les procureurs avaient abandonné les poursuites pénales connexes, innocentant Eni et Shell, ainsi que plusieurs cadres dirigeants dont le directeur général d'Eni, Claudio Descalzi

Dans l’affaire du bloc pétrolier offshore OPL 245 le Nigéria a de nouveau essuyé un revers face aux majors pétrolières Eni et Shell. Le pays qui espérait une indemnisation dans ce dossier qui date de plus d’une décennie a été débouté par la cour d’appel de Milan. Retour sur une affaire rocambolesque.

Une cour d’appel de Milan a rejeté vendredi la demande d’indemnisation du Nigéria de 1,092 milliard de dollars contre le groupe énergétique italien Eni ENI et Shell. Une décision prise dans le cadre d’une procédure civile relative à un contrat pétrolier de 1,3 milliard de dollars. Déjà, les procureurs avaient abandonné les poursuites pénales connexes, innocentant Eni et Shell, ainsi que plusieurs cadres dirigeants dont le directeur général d’Eni, Claudio Descalzi. Le verdict porte sur l’une des plus importantes affaires de corruption présumée de l’industrie pétrolière. Il s’agit d’un accord dans lequel Eni et Shell ont acquis le champ pétrolier offshore OPL 245 en 2011 pour régler un différend de longue date sur la propriété.

Soupçon de corruption

La licence du bloc pétrolier offshore OPL 245 du Nigéria a expiré, a confirmé Eni en réponse aux questions posées lors de leur assemblée générale annuelle de 2021. La licence pour le bloc, estimée à 482 millions de barils de pétrole, a expiré le 11 mai. Soit dix ans après que Shell et Eni aient payé 1,3 milliard de dollars pour la licence dans le cadre d’un accord émaillé d’un scandale qui avait déclenché de nombreuses enquêtes et procès criminels. Cependant, en dépit de l’expiration de la licence, le champ a été comptabilisé comme un actif dans les comptes de la société Eni pour 2020. La major pétrolière italienne a reconnu que cela devra peut-être être réévalué « lors de la préparation des prochaines informations financières ». De son côté, Shell a estimé la valeur de sa part à 50 % dans la licence en 2020, a expliqué l‘ONG globale witness.
Nigéria : La méga – raffinerie de Dangote presque achevée

Eni a demandé en 2018 que le Nigeria convertisse la licence en une nouvelle licence d’exploitation pétrolière, dans le cadre des approbations gouvernementales nécessaires pour accélérer le forage. En mars 2019, le président Buhari a rejeté la demande et déclaré qu’aucune autre demande ne serait prise en compte tant que les procédures pénales et civiles de Milan et de Londres concernant l’accord de 2011 n’auraient pas été conclues. Depuis la réponse de Buhari, les filiales nigérianes d’Eni et de Shell ont également été accusées au Nigeria de corruption dans le cadre de l’accord : elles ont nié les actes répréhensibles et le procès se poursuit. La licence a expiré avant la fin des procédures judiciaires de Milan et du Nigeria. En mars 2021, Shell, Eni et d’autres accusés ont été acquittés à Milan pour des accusations de corruption internationale présumée dans le cadre de l’accord. Cette même cour a rejeté en appel ce vendredi 10 novembre la demande d’indemnisation du Nigéria de 1,092 milliard de dollars contre le groupe énergétique italien Eni et Shell. Le verdict intervient alors que le Nigéria tente de convaincre de sa capacité à endiguer la corruption dans le secteur pétrolier.

Chronique : démographie – nous serons 8 milliards le 15 novembre 2022

Au-delà de la coïncidence, c’est un signe hautement significatif. Constatons que, c’est pendant que se déroule la COP 27 à Sharm El Sheikh en Egypte, la population mondiale va atteindre la barre de 8 milliards. L’Afrique, qui va désormais compter 1,4 milliards d’âmes, aura le rythme de croissance démographique le plus rapide. Quels sont les enjeux ?

Saviez-vous que depuis le 28 juillet dernier, le monde vit à crédit jusqu’à la fin de l’année ? Selon les calculs de Global Footprint Network, ce « jour du dépassement » est la date à laquelle l’humanité a consommé l’ensemble de ce que les écosystèmes peuvent régénérer en un an ! Justement, à la COP 27, entre autres axes, on s’attend à des mesures et actions dans l’innovation et les technologies propres, une autre utilisation de l’eau et agriculture dans la crise climatique. Dans ce contexte marqué du dépassement des ressources naturelles, la démographie poursuit sa croissance, voire galope dans certaines parties de la terre, singulièrement en Afrique au sud du Sahara. Gageons que les promesses de financements verts ne seront pas vaines.

Ceux, qui défendent le concept du « Shape the World », sont pour un Plan Marshall pour ce continent. C’est d’autant plus judicieux qu’à la fin du siècle, la population africaine pourrait tripler. S’inscrivant dans la tendance actuelle de l’urbanisation mondiale, si ces populations manquent d’infrastructures de base, elles seraient sevrées d’une qualité de vie aux conséquences incalculables. C’est le moment d’investir massivement- à coups de centaines de milliards de dollars – sur ces utilités, mais aussi sur l’éducation et la formation, l’amélioration des compétences, sans omettre la R&D et l’innovation. Forts heureusement, des fonds d’investissement, qui ont su apprécier ces filons, sont prêts à jouer le jeu et financer presque les yeux fermés.

La chance de l’Afrique repose sur les bonnes pratiques accumulées dans d’autres parties du monde, mais aussi sur sa créativité, la jeunesse de sa population et, contrairement à des zones à forte empreinte carbone, de ressources naturelles transformables par une autre industrie, basée sur l’infiniment petit et qui s’éloigne d’énergies tirées de ressources polluantes.

A lire aussi : Afrique : le changement climatique réduit la croissance du PIB

Chaque territoire, chaque nation dispose d’avantages comparatifs. A notre sens, l’atout majeur, dont dispose le continent noir, est à trouver dans la mise en place d’Aménageurs-Développeurs à même de faciliter des investissements pour un développement inclusif. Il reviendrait à ces structures, émanant d’organes étatiques à gestion autonome, d’aménager les espaces dédiés, en les dotant de toute la logistique nécessaire (route, autoroute, rail, électricité, eau courante, assainissement, jusqu’à la connexion internet par la fibre optique), mais aussi la sûreté et la sécurité. L’érection de pôles industriels et services induits, ayant pour corollaire une génération de revenus, la qualité de vie aidant, permettra un IDH plus conséquent.

AIF : un total de 63,8 milliards de dollars de promesses d’investissements en 2022

Depuis sa création en 2018, la plateforme Africa Investment Forum a mobilisé plus de 100 milliards de dollars de promesses d’investissement.

L’événement Market Days de cette année – le troisième depuis 2018 – a été placé sous le thème : « Construire la résilience économique par des investissements durables ». Il s’est tenu dans un contexte de défis économiques mondiaux qui ont été aggravés par les impacts du changement climatique, de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine. Investisseurs et chefs de gouvernements ont été au rendez-vous.

Cette année, les Market Days de l’Africa Investment Forum – la principale plateforme d’investissement du continent – a attiré 31 milliards de dollars de promesses d’investissements africains et mondiaux peut -on lire dans un communiqué de la Banque Africaine de Développement (BAD). Combinés aux 32,8 milliards de dollars générés par les Africa Investment Forum Market Days de 2021, tenus en ligne, le forum a mobilisé un total de 63,8 milliards de dollars de promesse d’investissement en 2022. L’événement qui s’est déroulé du 02 au 04 novembre à Abidjan a connu la participation de plusieurs chefs d’État et de gouvernement africains. Lesquels ont noué des accords avec les investisseurs potentiels. Parmi eux ces officiels le vice-président Ivoirien Tiémoko Meyliet Koné, qui a représenté le président Alassane Ouattara. Parmi les autres participants, la présidente éthiopienne Sahle-Work Zewde, le président ghanéen Nana Akufo-Addo, le président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa, le vice-président libérien Jewel Howard Taylor, le vice-président tanzanien Philip Mpango, le premier ministre du Cabo Verde José Ulisses Correia e Silva et le premier ministre Patrick Achi de Côte d’Ivoire.

Investissements dans les secteurs clés de l’économie africaine

L’engagement des partenaires a mis en évidence leur volonté de contribuer à libérer le potentiel d’investissement de l’Afrique dans des secteurs essentiels tels que les infrastructures, l’agriculture, l’énergie, l’éducation, les industries créatives, le sport et les transactions qui soutiennent les femmes entrepreneurs. Les partenaires fondateurs du forum sont la Banque africaine de développement, Africa50, l’Afreximbank, la Société financière africaine, la Banque de développement de l’Afrique australe, la Banque européenne d’investissement, la Banque islamique de développement et la Banque du commerce et du développement (d’Afrique de l’Est). Les partenaires ont déclaré que les résultats de cette année ont dépassé les attentes, d’autant plus que le monde est actuellement aux prises avec de nombreux défis économiques sans précédent. Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, préssident de la BAD a salué les résultats du forum et l’engagement des partenaires. « Malgré les défis, nous n’avons pas peur, et nous n’avons ni désespéré ni perdu espoir. Nous sommes enthousiastes et déterminés à atteindre un objectif collectif… accélérer la conclusion de transactions pour transformer l’Afrique et son paysage d’investissement »,a-t-il déclaré.

Le président émérite et directeur général du Groupe de la Banque du commerce et du développement, Admassu Tadesse, a souligné la valeur de « l’esprit AIF », qui représente une avancée pour faire progresser et conclure les accords.

Pour Tadesse : « Malgré les crises mondiales en cours, nous devons garder les yeux sur la balle. Nous devons continuer à encourager et à permettre les investissements dans l’agriculture et l’industrie ainsi que dans les infrastructures. En produisant nos propres aliments et en fabriquant davantage, nous pourrons accroître nos échanges commerciaux. Il en résultera une réduction globale des émissions de gaz à effet de serre liées à des importations lointaines, tout en générant davantage d’emplois et d’opportunités pour nos populations ».

Pour le président d’Afreximbank, Benedict Oramah, cette année, l’Africa Investment Forum reflète, par le nombre, les attitudes et la diversité de ses participants, l’intérêt et l’optimisme des investisseurs mondiaux à l’égard du continent et de ses opportunités. Depuis sa création en 2018, la plateforme Africa Investment Forum a mobilisé plus de 100 milliards de dollars de promesses d’investissement.

Tribune : Une Allée, Boubacar Joseph Ndiaye, sur l’île de Nantes

Devant cette plaque, Allée Boubacar Joseph Ndiaye, qui- espérons-le- symbolise un geste important dans la réconciliation et la réparation, SE El Hadji Magatte Sèye, Ambassadeur du Sénégal en France, Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre et ex-Maire de Nantes, Me Augustin Senghor, Maire de Gorée, Eloy Coly, Conservateur actuel de la Maison des Esclaves, Alassane Guissé,

C’est samedi dernier, 15 octobre 2022 que la ville de Nantes en France et une délégation sénégalaise, ont inauguré, en partenariat avec l’Association des Amis de l’île de Gorée au Sénégal, la plaque de l’Allée, dédiée à feu Boubacar Joseph Ndiaye, ex-Conservateur de la Maison des Esclaves à Gorée.

Les sites historiques, lieux de mémoire, et autres reliques historiques, ont le mérite de nous ancrer dans un passé qui fortifie notre futur. C’est d’autant plus efficient lorsque le conservateur est hors pair, voire exceptionnel, doté d’un talent d’orateur rarissime. L’île mémoire de Gorée qui abrite la Maison des Esclaves, à 5 km au large de Dakar, s’enorgueillit d’un avoir un, en la personne de Boubacar Joseph Ndiaye, de 1962 à sa mort. Pour l’immortaliser, depuis samedi dernier, une Allée, dans le quartier Prairie-au-Duc dans l’île de Nantes, a été inaugurée et porte désormais son nom.

Devant cette plaque, Allée Boubacar Joseph Ndiaye, qui- espérons-le- symbolise un geste important dans la réconciliation et la réparation, SE El Hadji Magatte Sèye, Ambassadeur du Sénégal en France, Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre et ex-Maire de Nantes, Me Augustin Senghor, Maire de Gorée, Eloy Coly, Conservateur actuel de la Maison des Esclaves, Alassane Guissé, Conseiller municipal (Groupe Ecologiste), Olivier Château, Adjoint à la Mairie de Nantes, et les filles et belle – fille de Joseph Ndiaye, venus rehausser de leur présence, cette date à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de l’Humanité.  

Un passé triste, sillon d’un avenir radieux

L’esclavage a été un crime odieux contre l’Humanité. Toutes ces personnalités l’ont condamné de concert et s’accordent sur un futur plus radieux dans un développement inclusif où l’exclusion de l’exploitation de l’homme par l’homme sera bannie. Le conservateur qui est maintenant honoré en France, a toujours travaillé dans ce sens. Doit-on rappeler que Joseph Ndiaye, comme on l’appelait communément au Sénégal et à travers le monde, a été ancien combattant du corps des Tirailleurs Sénégalais ? Il a combattu dans l’armée française pendant la seconde guerre mondiale et en Indochine. Parmi ses décorations, figurent Croix de guerre et Chevalier de l’Ordre national du Mérite (France), Officier de l’Ordre national du Lion (Sénégal)…

Cette manifestation a été aussi l’occasion de revenir sur l’état de la conservation de lieux historiques, de site de mémoires et autres reliques. Si les financements ne dépendent que des droits de visite, les reliques, monuments et vestiges sont appelés à péricliter. Des moyens plus conséquents peuvent provenir d’un aménagement plus conséquent qui englobe la multiplication de maisons d’hôtes (à partir de l’existant), de commerces, de boutiques de souvenirs, et qui concourt à une stratégie de développement au bénéfice des communes où ils sont domiciliés et des populations locales.  

Exposition Maison des Esclaves et Boubacar Joseph Ndiaye
Exposition Maison des Esclaves et Boubacar Joseph Ndiaye

Hôtellerie : en partenariat avec Msafiri, IHG Hotels & Resorts étoffe son réseau en Afrique

IHG compte plus de 6 000 hôtels ouverts dans plus de 100 pays, et plus de 1 800 en cours de développement, selon les chiffres communiqués par le groupe.

IHG s’associe à Msafiri Limited pour étendre son réseau sur les marchés africains. Holiday Inn Nairobi Two Rivers Mall, et The Fairview Nairobi au Kenya ainsi que l’hôtel Crowne Plaza Dar Es Salaam en Tanzanie sont maintenant ouverts et accueillent des invités. Dans chaque établissement, IHG Hotels & Resorts et les nouveaux propriétaires devront rehausser l’expérience des clients en effectuant des rénovations et des améliorations conformément aux termes du partenariat. Il s’agit aussi pour la société hotellière d’incorporer les marques de fabrique et les normes du groupe IHG.  

« L’industrie africaine de l’hôtellerie et du tourisme a résisté aux perturbations des deux dernières années, avec un nombre croissant de voyageurs entrants, soulignant le potentiel de la région », a commenté Haitham Mattar, directeur général, Inde, Moyen-Orient et Afrique chez IHG.

Pour le groupe, son expansion au Kenya et en Tanzanie témoigne de la façon dont IHG Hotels & Resorts encourage ce potentiel et répond rapidement à la demande suite à la reprise post-Covid-19. Il se dit ravi que ces propriétés rejoignent la famille IHG et offre à ses clients l’hospitalité exceptionnelle pour laquelle il est connu. Un représentant du groupe a déclaré dans le communiqué de presse du 03 novembre d’IHG : « Nous sommes ravis de renforcer notre partenariat avec IHG et d’élargir ensemble notre portefeuille sur de nouveaux marchés et différentes marques ». L’apport de son partenaire qui comprend Actis et Westmont Hospitality est un partenariat important pour IHG, reconnait l’hotellier.

Pour mieux saisir les opportunités en Afrique

L’Afrique a un énorme potentiel de croissance pour les MICE, les affaires et les loisirs. La franchise avec IHG intervient dans un contexte où la destination Afrique attire de plus en plus de touristes. Et les trois établissements concernés sont situés dans des lieux stratégiques et espèrent profiter de cette manne financière. « Nous nous attendons à ce que les trois propriétés bénéficient de la force et de l’échelle des systèmes mondiaux, de la technologie et du solide programme de fidélité d’IHG ». Funke Okubadejo, directeur de l’immobilier chez Actis, a déclaré :« Nous sommes ravis d’établir une relation avec IHG, par le biais de notre joint-venture avec Westmont Hospitality, et cela prolonge notre expérience en matière d’investissement dans des opportunités immobilières passionnantes dans des endroits clés en Afrique ». IHG Hotels & Resorts est une société hôtelière mondiale, avec 17 marques hôtelières et IHG One Rewards, l’un des plus grands programmes de fidélité hôteliers au monde. La compagnie compte plus de 6 000 hôtels ouverts dans plus de 100 pays, et plus de 1 800 en cours de développement, selon les données fournies par le groupe.

Congo : gros coup de pouce à l’industrie de la transformation locale du bois

L'exploitation du bois est l'un plus grands employeurs en République du Congo mais ne contribue que peu au PIB du pays du fait de la faiblesse de l'industrie locale de transformation.

Après plusieurs échéances reportées, le gouvernement congolais a décidé l’interdiction, à partir du 1er janvier 2023, des exportations de bois non transformé. Une mesure qui vise à permettre au secteur forestier notamment aux industries locales du secteur, principaux employeurs du pays, d’augmenter leurs contributions au PIB national à travers un développement des différentes filières de transformation du bois. Sauf que la mesure risque de se confronter à plusieurs obstacles notamment des pertes fiscales que les autorités entendent compenser par des mesures d’accompagnement et des incitations destinées à attirer davantage les investissements.

Cette fois, c’est officiel ! L’’interdiction d’exportation de grumes en République du Congo est désormais effective à compter du 1er janvier prochain. Dans une correspondance datée du 21 octobre dernier, la ministre de l’Économie forestière Rosalie Matondo a indiqué qu’à compter du 1er janvier 2023, « les exportations de bois en provenance du Congo ne porteraient que sur des produits semi-finis ou finis ». Selon le courrier susmentionné, cette mesure est prise en application des dispositions de l’article 97 alinéa 1 de la loi 33-2020 du 8 juillet 2020 portant code forestier et qui sont relatives à « l’interdiction d’exporter des produits bois en grumes issus des forêts naturelles et des forêts plantées en République du Congo ». En ce sens, les services techniques du ministère, notamment la Direction générale de l’économie forestière (DGEF) et le Service de contrôle des produits forestiers à l’exportation ont été chargé de veiller à l’application de cette mesure dès la date de son entrée en vigueur. Selon la ministre congolaise, la mise en œuvre de cette mesure d’interdiction d’exportation du bois brut devrait permettre au secteur forestier et plus largement aux industries du secteur d’augmenter leurs contributions au Produit Intérieur Brut (PIB) et donc d’augmenter les recettes de l’État.

« Le secteur forestier est l’un des plus grands employeurs de la République du Congo, et contribue au désenclavement et au développement de l’arrière-pays. Il génère un nombre important d’emplois directs et indirects dans les services aussi bien en milieu rural qu’urbain », a rappelé par la même occasion la ministre Rosalie Matondo, en charge de l’économie forestière.

Nouvelle stratégie de développement de l’industrie locale du bois

L’adoption de cette mesure fait suite à un processus enclenché depuis plusieurs années et qui s’est accéléré en 2020 dans le cadre de la nouvelle politique du gouvernement en matière d’industrie du bois prônée par le chef de l’État Denis Sassou N’Guesso. Face à l’amenuisement progressif des recettes tirées de l’exploitation du pétrole, le gouvernement congolais avait pris la décision d’imposer de nouvelles taxes, un permis réservé exclusivement aux Congolais ainsi que la transformation intégrale des grumes sur le territoire national couplé à l’alimentation du marché intérieur. Lors d’un discours sur l’état de la nation devant le Parlement qu’il a prononcé en 2020, au plus fort de la crise économique que traversait le pays et qui a été accentuée par la pandémie de la Covid-19, le Président congolais a annoncé la promulgation du nouveau code forestier. Lequel apportait plusieurs innovations, dont l’élargissement de l’assiette fiscale du secteur forestier ; l’institution du régime de partage de production qui était adossé à l’obligation de la transformation intégrale des grumes dans le pays. Selon les autorités congolaises, l’entrée en vigueur du nouveau code forestier qui a été adopté par le Parlement en juillet 2020, devrait contribuer à renforcer la gouvernance et la transparence dans la gestion des ressources forestières.

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Entre autres objectifs visés à travers le nouveau texte, « une appropriation plus rationnelle des ressources générées par le secteur forestier au Congo à travers la fixation d’un régime efficace de redevances afin d’accroître la performance fiscale du secteur forestier », comme l’a indiqué le Chef de l’Etat Denis Sassou N’Guesso, qui n’a pas manqué de souligner que « l’amélioration des recettes de l’État est une condition sine qua non pour soutenir et accélérer la reconfiguration de l’espace économique et financier national ».

Le nouveau Code est ainsi venu remplacer l’ancien des années 2000 dont les principales dispositions étaient devenues caduque au regard du contexte international marqué par les enjeux liés à la lutte contre les changements climatiques ainsi qu’aux différents traités, accords et instruments juridiques relatif au secteur auxquels a adhéré le pays. Il s’agit, notamment, de la directive de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), adoptée en septembre 2020 et qui porte sur l’interdiction de l’exportation du bois sous forme de grumes par tous les pays du Bassin du Congo à compter du 1er janvier 2022. En mai 2010, le gouvernement congolais avait signé également un Accord de Partenariat Volontaire (APV) avec l’Union européenne (UE), sur l’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux. Un accord qui a été ratifié en juillet 2012, pour garantir une exploitation légale des forêts.

Une dynamique régionale qui butte à de nombreux obstacles

Le secteur forestier est l’un des plus grands contributeurs au PIB de l’économie congolaise et le principal pourvoyeur d’emplois directs et indirects dans les services aussi bien en milieu rural qu’urbain. Il faut dire que le pays regorge d’importantes superficies forestières dont l’exploitation génère de substantielles entrées fiscales. Cependant, la transformation locale est en berne malgré l’ambition affichée des autorités d’accroître la part du secteur forestier dans le PIB du pays, grâce notamment à la création de zones économiques spéciales dotées d’avantages fiscaux, où serait transformé le bois. En 2017 déjà, le gouvernement congolais avait envisagé l’interdiction de l’exportation du bois brute mais la mesure n’a pas fait long feu tout comme celle des pays membres de l’Afrique centrale qui viennent de repousser encore l’échéance fixée en 2023. Certains pays de la zone comme le Gabon ont franchi le cap mais le manque de préparation du secteur n’a pas permis d’atteindre les objectifs escomptés notamment de compenser la perte des taxes sur les exportations de grumes qui constitue la principale source de fiscalité forestière, loin devant les taxes sur la superficie et les taxes d’abattage.

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C’est justement un des défis pour les autorités congolaises et qui inquiètent certains opérateurs et investisseurs du secteur. Selon ces derniers et comme il a été convenu dans le cadre de la CEMAC, une période transitoire de plusieurs années sera nécessaire afin de procéder aux études préalables de maturation des projets d’investissements dans la transformation du bois, retenus dans le cadre de la première phase du processus d’interdiction des exportations du bois en grume dans l’espace communautaire. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’à l’issue de la 38e session ordinaire du Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire de l’Afrique centrale (UEAC), qui s’est tenue le 28 octobre 2022 à Yaoundé, au Cameroun, le gabonais Daniel Ona Ondo, le président de la commission de la Cemac, a annoncé le report sine die de l’entrée en vigueur de l’interdiction des exportations des bois en grumes par les pays membres. La principale raison est que la directive sur la filière bois qui porte sur l’interdiction de l’exportation des grumes rencontre des obstacles en raison de « son coût fiscal énorme. Selon ses explications, rien que la mise en œuvre de cette mesure devrait, par exemple, entraîner au Cameroun des pertes de recettes de près de 80 milliards de FCFA comme c’était le cas au Gabon où l’entrée en vigueur de la mesure a engendré au Trésor du pays une perte de 75 milliards de FCFA.

Il est donc préférable que des mesures d’accompagnement soient d’abord mise en œuvre pour préparer l’industrie locale à la nouvelle la mesure. Initialement prévue pour entrer en vigeur le 1er janvier 2022, elle avait été reportée, dans un premier temps, pour le 1er janvier 2023 avant finalement d’être à nouveau renvoyée aux calendes grecques. La zone qui englobe le bassin du Congo, deuxième poumon de la planète n’est pas encore prêt et le renvoi de l’entrée en vigueur de la mesure d’interdiction devrait permettre, en plus de la maturation des projets d’investissements, aux exploitants forestiers de mieux préparer l’arrimage à la nouvelle donne, avec l’accompagnement de la Commission de la Cemac.

 « Pour éviter que le changement de paradigme soit brutal et mette les entreprises du secteur en difficulté, la Commission de la Cemac a pris sur elle la responsabilité d’accompagner les États pour faciliter ledit changement. Elle va financer avec l’appui de la BAD, l’élaboration des études de faisabilité sur les projets identifiés, afin de juger de leur maturité. Un dispositif régional de fiscalité forestière harmonisé est prévu, ainsi que l’évaluation des mesures de soutien aux entreprises », avait expliqué en ce sens, Duval Antoine Dembi, expert en charge de la question au sein de l’organisation communautaire.

Chronique :  gagner le combat du conditionnement pour la sécurité alimentaire en Afrique

(Crédits : Dr)

Le changement climatique et son corollaire de financements verts sont des sujets de l’heure en Afrique. Sur ces rapports entre Climat et Biodiversité, on évoque la convergence des agendas et des financements, néanmoins il persiste des niches d’abondance notamment dans le domaine du conditionnement en Afrique.

Face au défaut de conservation, de conditionnement, nous vivons des situations ubuesques dans des pays en voie de développement. Dans le secteur primaire – encore très mal organisé dans nombre de pays africains – les exploitants agricoles (cultivateurs, bergers et pêcheurs) continuent de connaître de grosses pertes de récoltes, estimées en milliards de dollars. Il n’est pas rare que des moissons surabondantes soient purement et simplement enterrées, faute de moyens adéquats de conservation. En période de forte lactation, les surplus de lait sont donnés aux animaux ou tout simplement versés par terre… Il arrive que des fruits pourrissent au pied des arbres… La Banque mondiale et la FAO évaluaient naguère ces pertes à 37% de la production, soit environ 48 milliards de dollars, ou l’équivalent du PIB du Ghana en 2017.

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C’est le lieu de souligner qu’à la veille de la COP27, prévue du 06 au 18 novembre 2022 à Sharm El Sheikh, des solutions, notamment en termes d’infrastructures, existent. Outre une très bonne logistique pour relier les zones de productions aux marchés et sites d’exportation, la condition sine qua non est de vaincre le combat du conditionnement. Juste au préalable, il faudra mener une large concertation avec les coopératives ou associations d’exploitants dans les ressources minières, agricoles, halieutiques, de l’élevage. Ainsi, nous gagnerons à ériger, sans délais, des entités maîtrisant l’emballage et le conditionnement, après un benchmark pointu. Pour ce faire, des pistes peuvent être trouvées dans des partenariats public-privé, des joint-ventures… Si certains Etats n’y arrivent pas à titre individuel, quitte à mutualiser les efforts pour des sites sous-régionaux. Il s’agira de surfer sur les bonnes pratiques à travers le monde, singulièrement l’eco-emballage, un conditionnement tous azimuts et labellisé.

Congo : expulsion de l’ambassadeur du Rwanda alors que les rebelles du M23 s’emparent d’une ville stratégique

En représailles au soutien présumé du Rwanda aux rebelles du M23 dans les provinces orientales du Congo, la République démocratique du Congo (RDC) a donné 48 heures à l’ambassadeur rwandais Vincent Karega pour quitter le pays. Une décision prise alors les rebelles du M23 ce sont emparés d’une ville stratégique.

Le groupe rebelle, que les autorités congolaises accusent de soutenir s’est emparé de la ville de Kiwanja dans l’est du Congo. Ces rebelles ont coupé ainsi la capitale du Nord-Kivu, Goma, de la moitié supérieure de la province. D’après le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya:

« Cela est en partie dû à la persistance du pays (de Karega) à attaquer la RDC et à soutenir les mouvements terroristes du M23 »

Une brigade d’intervention de l’ONU, qui soutient les forces gouvernementales, a également déclaré dans un communiqué que quatre casques bleus avaient été blessés dans les combats. Le contingent de l’armée congolaise qui protégeait la ville était parti la veille, ont indiqué des habitants. L’armée a effectué des retraits stratégiques des zones peuplées pour éloigner les combats des villes et protéger les civils.

Les troubles au Nord-Kivu ont rompu des mois de calme relatif dans l’est du Congo après la reprise des affrontements entre l’armée et les militants du M23. Depuis le mois de mai dernier, le M23 a mené son offensive la plus soutenue depuis des années, tuant des dizaines de personnes et forçant au moins 40 000 personnes à fuir en seulement une semaine. Près de 200 000 personnes avaient déjà été déplacées au cours de l’année écoulée avant même la dernière flambée de violence. La résurgence du M23 a exacerbé les tensions régionales et suscité des manifestations meurtrières contre la mission de maintien de la paix de l‘ONU en RDC, que les civils accusent de ne pas les protéger.

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Les forces de l’armée ont affronté les combattants rebelles à plusieurs reprises depuis la reprise des combats le 20 octobre. Lors de ce combat, ils ont tué au moins quatre civils et forçant plus de 23 000 personnes à fuir leurs maisons, selon les Nations Unies. Les deux groupes ont accusé l’autre d’avoir initié les violences.

Hydrocarbures : les enjeux de l’adhésion du Sénégal au cartel mondial du gaz

Le Sénégal mise beaucoup sur l'exploitation de ses gisements de gaz offshore prévue pour démarrer fin 2023 afin de stimuler sa croissance en surfant sur les perspectives prometteuses du GNL sur les marchés internationaux. (DR)

Le Sénégal est depuis le mardi 25 octobre dernier, pays membre du Forum des pays exportateurs de gaz – Gas Exporting Countries Forum (GECF) – en qualité d’observateur. Le pays qui va devenir membre à part entière dès le début de l’exploitation de ses champs gaziers en 2023, compte porter sa voie et défendre ses intérêts au sein de cette « OPEP du gaz » dont le poids géopolitique ne cesse de prendre de l’ampleur sur la scène internationale. Et ce, en raison de plusieurs enjeux stratégiques notamment ceux liés à l’exploitation des ressources naturelles face aux défis climatiques.

C’est désormais officiel. Le Sénégal est devenu le 20e pays membres du Gas Exporting Countries Forum (GECF), l’organisation mondiale des principaux pays exportateurs de gaz qui a tenu sa 24e réunion ministérielle du 16 au 25 octobre au Caire, en Egypte. Le pays de la Téranga a été certes admis pour le moment avec un statut d’observateur mais c’est déjà un pas important puisque l’exploitation de ses champs gaziers n’est prévue que pour débuter en fin juillet prochain. Cette échéance ouvrira la voie au pays afin d’entamer les procédures pour devenir membre à part entière de « l’OPEP du gaz ».

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Selon les projections du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-Petrogaz), la première phase d’exploitation des champs gaziers du Sénégal avec le projet Grand Tortue Ahmeyiz’m (GTA), prévue en 2023, va générer environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an, entre 2023 et 2027. Ensuite 5 millions de tonnes par an vont être extraites jusqu’en 2030, puis 10 millions de tonnes par an au-delà de 2030. Une production que le pays va partager avec son voisin mauritanien et qui sera pour l’essentiel destinée à l’exportation même si le pays dispose encore d’autres gisements en cours de développement notamment celui « Yaakar Teranga », dont la production sera destinée à satisfaire les besoins en gaz du marché domestique à partir de 2024 selon les déclarations du Président Macky Sall.

Enjeux économiques et énergétiques  

Avec cette adhésion bien avant la sortie de son premier mètre-cube de gaz et en dépit de sa modeste production, le Sénégal va pouvoir ainsi faire entendre sa voix et défendre ses intérêts au sein du cartel mondial du gaz. Le GECF, qui a été créé en 2001 à Doha, au Qatar, où se trouve son siège, et qui a été transformé en une organisation gouvernementale internationale en 2008. C’est en effet 20 pays membres dont 11 de plein droit dont des géants comme la Russie, le Qatar, l’Iran ou le Venezuela et 8 pays africains comme le Nigeria, l’Algérie ou la Lybie.

Le GECF comprend 11 pays membres : l’Algérie, la Bolivie, l’Égypte, la Guinée équatoriale, l’Iran, la Libye, le Nigéria, le Qatar, la Russie, Trinité-et-Tobago et le Venezuela. Ensemble, ces États concentrent 72 % des réserves mondiales prouvées de gaz naturel, 43% de sa production ainsi que 55 % des exportations par pipeline et près de 50 % des exportations de GNL, selon les statistiques de l’organisation. Ce qui donne à l’organisation un poids géopolitique certain et qui ne cesse de se renforcer avec les perspectives qui se profilent à l’horizon pour l’industrie du GNL, et qu’illustre l’actuelle crise énergétique mondiale. Le conflit russo-ukrainien a poussé en effet les pays occidentaux, grands consommateurs de gaz, à se tourner de plus en plus vers d’autres pays notamment d’Afrique qui recèle d’un immense potentiel en la matière, pour satisfaire leurs besoins et réduire leur dépendance au pays de Poutine. Ce qui augure d’autres nouvelles perspectives pour le GNL en Afrique avec une manne financière en vue pour les pays exportateurs qu’amplifie l’envolée des prix comme le confirme les projections sur les marchés mondiaux du gaz du rapport Africa Energy Outlook 2022 de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

« Bien que les énergies renouvelables devraient représenter 80 % de la capacité ajoutée du continent d’ici 2030, l’industrialisation du continent africain reposera également sur une utilisation étendue du gaz naturel, notre scénario suggérant que la demande de gaz naturel devrait augmenter de manière exponentielle », a ainsi commenté en ce sens Mme Rita Madeira, responsable du programme Afrique au sein de l’AIE lors de sa présentation sur l’avenir du marché du gaz naturel à la deuxième édition du MSGBC Oil, Gas and Power 2022 qui s’est déroulée du 1er au 02 septembre dernier à Dakar au Sénégal.

Selon les projections, la production africaine de gaz naturel devrait atteindre environ 290 milliards de mètres cubes d’ici 2025, ce qui correspond à un taux de croissance annuel moyen de 2,7 %. Et selon les explications de l’experte de l’AIE, le potentiel de l’Afrique à offrir des contributions modestes à la croissance de la demande mondiale de gaz, qui sera principalement alimentée par le développement des récentes découvertes de gaz en Mauritanie, au Sénégal et en Namibie.

Les enjeux sont donc de taille pour le Sénégal, futur producteur qui, en plus de satisfaire les besoins de sa consommation domestique mais aussi énergétique à travers le « gas to power », pourra peser sur les décisions du GECF à travers son adhésion à l’organisation. Malgré le potentiel du GNL en Afrique qui attise de plus en plus de convoitises d’investisseurs internationaux, l’exploitation du GNL fait face à de nouveaux défis qui viennent s’ajouter à la faible capacité de liquéfaction des principaux pays producteurs du continent. Cela en raison de plans d’investissement déficients et de la lenteur du développement des projets d’infrastructure de liquéfaction.

Perspectives prometteuses et défis climatiques

Les nouveaux défis de l’industrie gazière du continent et à laquelle le Sénégal va devoir tenir compte sont particulièrement relatifs aux enjeux climatiques. Dans un rapport publié il y a quelques jours, en prélude à la COP 27, le Climate Action Tracker (CAT), un projet scientifique indépendant qui suit et évalue les mesures prises par les gouvernements pour lutter contre le changement climatique a alerté sur l’impact de ce qu’il a qualifié de « ruée vers le gaz » mondiale pour la construction d’infrastructures de production, de transport ou de traitement des combustibles fossiles, en particulier le gaz naturel liquéfié (GNL). Le rapport a souligné, entre autres, les projets de construction de nouvelles usines de GNL en Allemagne, en Italie, en Grèce et aux Pays-Bas, tandis que des pays comme les États-Unis, le Canada, le Qatar, l’Égypte et l’Algérie prévoient d’augmenter leurs exportations de GNL. Dans le même temps, le rapport a relevé que de nombreux producteurs de combustibles fossiles ont augmenté leur production, tandis que les gouvernements de plus d’une douzaine de pays développés réduisent les taxes sur la consommation de carburant ou d’énergie, encourageant ainsi leur consommation.

Une dynamique qui remet en cause les engagements des pays à se conformer aux objectifs de l’Accord de Paris sur le climat de 2015 comme l’a souligné le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour qui « l’idée d’augmenter la consommation de combustibles fossiles c’est à dire d’investir dans le charbon, le pétrole ou le gaz pour répondre à la crise énergétique actuelle engendrée par la guerre en Ukraine, est illusoire ».

Selon les experts, les promesses de lutte contre le changement climatique prises en novembre 2021 lors du sommet mondial sur le changement climatique (COP26) pourraient s’étioler avec la guerre que mène actuellement la Russie en Ukraine. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, au cours du dernier sommet de Glasgow sur le Climat, près de deux cents gouvernements ont signé un document qui prend en compte ces nouveaux risques et défini un nouveau programme de lutte contre ce problème mondial pour la prochaine décennie. Ils ont  en ce sens convenu de mettre à jour d’ici fin 2022, leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre tout en s’engageant à supprimer progressivement les subventions ainsi que de réduire les investissement qui facilitent la consommation des combustibles fossiles tels que le charbon, le pétrole et le gaz naturel.

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Ces dynamiques qui risquent de s’amplifier avec de nouveaux engagements lors de la COP 27 prévue en novembre au Caire en Egypte, sont de nature à ralentir cette croissance attendue du marché du GNL d’autant que les énergies renouvelables tendent de plus en plus à remplacer les énergies fossiles. Face à ces facteurs qui compromettent les exportations de GNL des pays producteurs notamment africains dont beaucoup compte pourtant s’appuyer sur leur potentiel pour accélérer leur croissance, le Sénégal a vu juste en se greffant au GECF afin notamment de défendre ses intérêts et stimuler son développement. Il va sans dire que les prochaines années, qui verront la mise sur le marché du gaz tout comme le pétrole sénégalais, les pays producteurs auront tout intérêt à conjuguer leurs efforts afin d’amplifier leur poids géopolitique et ainsi défendre leurs intérêts stratégiques tout en tenant compte des défis de l’heure. A l’image de ce que font les pays membres de l’OPEP pour l’or noir qui malgré les craintes sur l’impact de son exploitation sur le climat, continue de susciter l’attractivité des investisseurs et de faire, dans une certaine mesure, le bonheur des pays exportateurs…

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