mardi 8 juillet 2025
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Chronique : résilience environnementale – Taxe carbone aux frontières de l’UE

L'UE, qui envisage le renforcement du principe pollueur-payeur, met en place un Fonds social pour le climat, en faveur de la transition énergétique de 86,7 milliards d’euros.

Le mécanisme d’ajustement carbone, que l’Union européenne compte mettre en place à ses frontières, sera effectif à partir de 2026 ou 2027. A défaut de se conformer aux exigences du Pacte Vert et du Paquet Climat, les pays africains, qui exportent vers cette zone, verront leurs revenus fondre comme neige au soleil.

Pour entretenir des flux réguliers de ventes à l’étranger, particulièrement vers l’UE, les pays africains, dont c’est le principal débouché à l’export, doivent apprêter leurs économies. Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF ou CBAM suivant les vocables anglais) a été adopté par le Parlement européen et les États membres, le 13 décembre dernier. La taxe entrera en vigueur en 2026 ou 2027. Pour la petite histoire, la Commission européenne avait présenté sa proposition de règlement le 14 juillet 2021, instaurant ce dispositif inédit. Insistant sur sa conformité avec les règles de l’OMC, l’UE vise à atteindre les objectifs élevés de réduction de gaz à effet de serre pour une neutralité carbone en 2050 (Accords de Paris). Après une première baisse de 62% d’ici 2030 par rapport à 2005, en phase avec le vaste paquet législatif Fit for 55 by 2030 ou Ajustement à l’objectif 55, comparativement à 1990, cette zone économique envisage de faire de son Pacte Vert une réalité. C’est aussi une incitation aux pays non membres de l’UE afin d’accroître leur ambition climatique.

Prendre en compte la taxe CBAM

Pour ceux-ci, c’est le moment de se mettre au diapason et implémenter une industrie décarbonée. L’UE, qui envisage le renforcement du principe pollueur-payeur, met en place un Fonds social pour le climat, en faveur de la transition énergétique de 86,7 milliards d’euros. A la disposition des États européens les plus vulnérables, il couvrira des plans sociaux climatiques nationaux.

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Certes l’échéance de ce que d’aucuns assimilent à une barrière non tarifaire est, rappelons-le, en 2026, mais c’est le moment de s’y mettre. Il s’agit de se conformer à des normes de productions, à des standards en concertation avec les marchés. Dans un premier temps, sont concernés les produits les plus exposés à un risque de fuite de carbone, à savoir le ciment, le fer, l’acier, l’aluminium, les engrais, l’électricité ou encore l’hydrogène. A noter que si le pays d’origine applique déjà un prix carbone, la taxe sera modulée, en conséquence.

Au bord du défaut de paiement : Comment le Ghana en est-il arrivé là ?

Ghana ministre des Finances
Pour enrayer la fonte de ses réserves de devises et l’affaiblissement du Cedi, sa monnaie locale, le Ghana a tenté en novembre l’achat de ses produits pétroliers avec de l’or plutôt qu’en dollars américains. (Photo / Ken Ofori-Atta, ministre des finances du Ghana).

Le Ghana a suspendu ce lundi 19 décembre ses paiements sur la majeure partie de sa dette extérieure. Faisant entrer de facto le pays partiellement en défaut de paiement. La nation ouest-africain qui s’est engouffrée dans un cycle d’endettement et de déficit de sa balance de paiement cherche des solutions pour restructurer ses dettes.

Le Ghana suspend le paiement d’une partie de sa dette extérieure. Même si les créanciers s’attendaient à une demande restructuration de la dette, la décision « mesure d’urgence provisoire » prise unilatéralement par le gouvernement de Nana Akufo-Addo a pris les créanciers au dépourvu. Par son ministère des Finances Ken Ofori-Atta le pays a déclaré qu’il ne remboursera pas ses dettes, y compris ses euro-obligations, ses prêts commerciaux et la plupart des prêts bilatéraux. Il a aussi précisé que la suspension n’inclut pas les paiements au titre de la dette multilatérale, les nouvelles dettes contractées après le 19 décembre ou les dettes liées à certaines facilités commerciales à court terme.

Le gouvernement se dit aussi  » prêt à engager des discussions avec tous ses créanciers extérieurs pour rendre la dette du Ghana soutenable », selon les déclarations du ministère des finances relayées par Reuters.

La suspension des paiements de la dette reflète l’état alarmant de l’économie, qui a conduit le pays à conclure la semaine dernière un accord de principe de 3 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI). Le Ghana a déjà annoncé un programme de révision de dette intérieure et a indiqué qu’une restructuration externe était en cours de négociation avec les créanciers. Le FMI a de son côté exigé une restructuration complète de la dette comme condition de son soutien.

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Le pays a du mal à refinancer sa dette depuis le début de l’année après les dégradations par plusieurs agences de notation de crédit, craignant qu’il ne soit pas en mesure d’émettre de nouvelles euro-obligations. Cela a aggravé l’endettement du Ghana dont la dette publique s’élève à 467,4 milliards de cedis ghanéens (55 milliards de dollars selon les données de Refinitiv Eikon) en septembre, dont 42 % en dette domestique. Le Ghana a eu un déficit de la balance des paiements de plus de 3,4 milliards de dollars en septembre, en baisse par rapport à un excédent de 1,6 milliard de dollars à la même période l’an dernier. Pour enrayer la fonte de ses réserves de devises et l’affaiblissement du Cedi, sa monnaie locale, le Ghana a tenté en novembre l’achat de ses produits pétroliers avec de l’or plutôt qu’en dollars américains. Alors que 70% à 100 % des recettes publiques sont actuellement consacrées au service de la dette, l’inflation du pays a grimpé jusqu’à 50 % en novembre. Ses réserves internationales brutes se sont élevées à environ 6,6 milliards de dollars fin septembre, ce qui équivaut à moins de trois mois de couverture des importations.

Chronique : Fonds souverains, un levier ignoré en Afrique ?

Très souvent, ils sont très rentables et rapportent au pays émetteur des gains conséquents. Aussi, les fonds souverains peuvent investir au niveau national et à l’étranger. Dans des pays en voie de développement, où le besoin en investissements structurants est important, ils sont très opportuns.

Avec une économie structurée qui repose sur des fondamentaux solides, nombre de pays, à travers le monde, ont mis en place des véhicules d’investissement pour déployer des excédents et générer des rendements. Ces fonds souverains, hautement stratégiques, sont aussi un outil stratégique pour revendiquer sa souveraineté. L’Afrique n’est pas absente dans ce concert, mais quid de leur gestion ?

Pour avoir les moyens de son ambition, un Etat qui se respecte doit disposer d’une devise nationale garantie par un stock d’or géré par sa banque centrale et une économie transformatrice de ses ressources, capitalisant sur ses avantages. Cette approche peut allégrement générer des réserves excédentaires. Ces dernières, réunies au sein de fonds souverains, peuvent être investies dans différentes catégorie d’actifs dans le monde. Le portefeuille peut aller d’actions à la dette, en passant par l’immobilier, les actifs alternatifs, tels que les fonds spéculatifs, les fonds de capital investissement…

Au Moyen Orient, les bénéfices exceptionnels, tirés du boom pétrolier, en ont généré un certain nombre. Certes on trouve dans cette région quelques-uns parmi les plus gros au monde, avec 3 des Big Five (Autorité d’Investissement d’Abu Dhabi, Autorité Koweitienne des Investissements et l’Autorité monétaire saoudienne SAMA), mais le classement place le Fonds de pension du gouvernement Global Norvège en tête et China Investment Corporation à la 3ème place. Globalement, leurs actifs dépassent les 10 000 milliards de $ et progressent régulièrement, selon Soverign Wealth Fund Institute.

Quelle gestion ?

Ailleurs dans le monde, des Etats ont épousé la démarche. Ainsi, des fonds souverains existent en Europe, en Amérique, en Angola, au Gabon, en Malaisie, au Nigéria, au Qatar, en Russie, au Sénégal… Pour réinvestir les revenus tirés du gaz, le Mozambique projette d’en créer incessamment. Comme suscité dans mon propos, l’essence d’un fonds souverain repose dans une gestion saine et rigoureuse. Le numéro un mondial, issu des surplus de ventes de pétrole, est géré par la banque centrales. Ses principales participations se trouvent dans Nestlé SA, Alphabet (Google), Amazone, Apple, Microsoft, Royal Dutch Shell…

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Très souvent, ils sont très rentables et rapportent au pays émetteur des gains conséquents. Aussi, les fonds souverains peuvent investir au niveau national et à l’étranger. Dans des pays en voie de développement, où le besoin en investissements structurants est important, ils sont très opportuns. GIC et Temasek à Singapour, Korea Investment Corporation de Corée du Sud, ou encore National Social Security Fund de Chine l’ont bien compris. Ayons la franchise de dire qu’en Afrique, il n’est pas rare que le management de ces instruments n’ait rien à voir avec des pseudo-fonds souverains, mis en place pour servir de vache à lait aux régimes en place qui les utilisent à des fins politiques. On devrait les trouver partout sur le continent africain. Les pays, dont les ressources naturelles ne sont pas porteuses de bénéfices faramineux, ont à leur disposition des fonds de pension et des caisses de dépôts et de garanties, très souvent excédentaires. Ils sont aussi générateurs de fonds souverains pour financer des investissements structurants… il n’est pas nécessaire d’attendre que le pétrole jaillisse, pour ce faire. 

Financement des infrastructures en Afrique : malgré une baisse de régime du fait de la Covid-19, du potentiel à exploiter

Sur les 85 milliards de dollars engagés pour le développement des infrastructures en Afrique en 2019, 22,5 milliards de dollars d'engagements sont allés à l'Afrique de l'Ouest, suivie de l'Afrique de l'Est (16,3 milliards), de l'Afrique du Nord (15,1 milliards), de l'Afrique australe – hors Afrique du Sud – (10,8 milliards), de l'Afrique du Sud (12,7 milliards) et de l'Afrique centrale (5 milliards).

Le Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) a rendu public, le 14 décembre 2022, son rapport annuel sur « les Tendances du financement des infrastructures (TFI) en Afrique ». Selon le document qui traite des données sur la période 2019 à 2020, les engagements en faveur du financement des infrastructures ont atteint 81 milliards de dollars en 2020 en baisse de 4 milliards comparé à l’année précédente. En raison de l’impact de la pandémie de la Covid-19 et de la baisse des financements de la Chine. Selon le rapport, c’est en Afrique de l’ouest où les investissements ont été les plus significatifs notamment dans le secteur des transports et celui de l’énergie alors que celui des TIC connait une croissance assez dynamique. Selon les auteurs du rapport, les innovations financières comme celles visant à améliorer l’accès du secteur privé à l’épargne domestique, offrent de réelles opportunités pour élargir les options de financement disponibles et nécessaires pour combler le déficit du continent en infrastructures.

Comme pour les précédentes éditions, le dernier rapport de l’ICA, un consortium mis en œuvre par différents partenaires institutionnels et financiers, analyse la manière dont les ressources financières sont mobilisées pour aider au développement des secteurs du transport, de l’eau et de l’assainissement, de l’énergie et des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur le continent. La dernière édition du rapport qui a été lancé cette semaine à Abidjan, en Côte d’ivoire, porte certes sur les données relatives à la période 2019-2020 mais elle comporte de riches enseignements sur l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur la dynamique des engagements en faveur du financement des infrastructures en Afrique ainsi que les perspectives à l’heure de la relance qui reste, toutefois, marqué par l’amplification de nouveaux chocs notamment la baisse des investissements en provenance de la Chine et le poids croissant de la dette pour certaines économies du continent. Comme il a été relevé dans le document d’ailleurs, le rapport sur « les Tendances du financement des infrastructures en Afrique (TFI) » 2019-2020 a été préparé dans une période très inhabituelle. En effet, ont mis en avant les auteurs, la pandémie de COVID-19 a bouleversé de nombreuses tendances économiques et sociales dans le monde. Tous les pays ont été touchés et particulièrement en Afrique, de nombreux services sociaux essentiels tels que les soins de santé de base et l’éducation ont été réduits et des emplois perdus. Ce qui a eu comme conséquence un accroissement de  la pauvreté et l’ exacerbation des difficultés, en particulier pour les personnes situées en bas de la pyramide. » La réduction de l’activité économique et le déclin des exportations ont eu un impact négatif sur le poids de la dette de nombreux pays, dont certains se trouvent maintenant en situation de surendettement », indique le rapport dans lequel la contribution des Institutions financières internationales (IFI) a été mise en exergue du fait de leur contribution qui a permis d’atténuer les chocs. Ces institutions ont , en effet, fourni une aide d’urgence et pris des mesures d’allègement de la dette, notamment le Programme COVID-19 du FMI qui s’est traduit par le biais d’une assistance financière et d’un allègement du service de la dette.

Mais dans l’ensemble, ont estimé les auteurs du rapport, « les pays africains ont fait preuve d’une résilience louable et leur réponse politique ferme a réduit l’impact possible sur le continent ». En ce sens, il ressort du document que pour les secteurs des infrastructures, « la pandémie a réduit les flux financiers en 2020, tant de la part des gouvernements nationaux que des institutions financières internationales, les rares ressources fiscales ayant été réaffectées à des usages sociaux plus urgents ».

Pour ce qui est donc de cette période où la dynamique économique mondiale a fortement ralenti, le total des engagements en faveur du financement des infrastructures en Afrique a atteint 81 milliards de dollars américains en 2020, soit 4 milliards de dollars de moins que les 85 milliards de dollars enregistrés en 2019. Selon les auteurs du rapport, cette baisse de régime est dû, en grande partie, à l’impact de la pandémie de Covid-19 et à des financements moindres de la Chine.

Baisse de régime des engagements publics contrairement à ceux du privé

Selon le rapport, en 2019-2020, le financement des infrastructures sur le continent s‘était chiffré en moyenne à 83 milliards de dollars. Ce qui a été  nettement inférieur au point culminant, de 100,8 milliards de dollars atteint en 2018. La baisse des engagements creuse l’écart entre les investissements annuels nécessaires pour fournir des services d’infrastructure de base aux populations africaines et les montants de financement réels engagés en faveur des infrastructures africaines en 2019 et 2020 et c’est particulièrement en 2019 que l’écart de financement a été le plus faible. Les données font ressortir que le déficit pour 2019 oscillait entre 53 et 93 milliards de dollars, contre 52 à 92 milliards de dollars pour 2018, d’après les estimations. Cependant, poursuit le document,  il a continué de se creuser pour atteindre 59 à 96 milliards de dollars en 2020, année de la pandémie. En 2020, ce déficit de financement a augmenté dans tous les secteurs à l’exception des TIC et en comparaison avec celui enregistré pour 2019. Le rapport relève que les gouvernements africains ont davantage investi dans le financement des infrastructures en 2019 et 2020, en y consacrant 41 % du total de leurs investissements. Même si, à cause de la pandémie de Covid-19, les financements des gouvernements africains en faveur des infrastructures ont diminué de 4,3 % en 2020, par rapport à 2019.

« La réduction de l’activité économique du fait de la pandémie et la baisse des exportations ont eu un impact négatif sur le poids de la dette de nombreux pays africains et certains sont désormais en situation de surendettement », ont mis en exergue les auteurs du rapport.

Pour ce qui est des engagements publics, le rapport a mis en lumière le fait que grâce aux nouvelles adhésions à l’ICA, ces engagements s’étaient chiffrés à 26,9 milliards de dollars en 2019, avant de chuter à 18,1 milliards de dollars en 2020, ce qui s’explique par le fait que « les pays membres s’étant concentrés sur les mesures de lutte contre l’impact du Covid-19 ». L’augmentation des engagements en 2019 avait permis aux membres de l’ICA de financer 32 % du total de leurs engagements pour cette année-là. En 2020, leur part s’est stabilisée à 22 % du total des engagements, soit un peu plus que leur part de 20 % en 2018. Pour ce qui est des engagements du secteur privé, ils ont atteint, quant à eux, 19 milliards de dollars en 2020, soit le niveau le plus élevé jamais enregistré. Il s’agit d’une hausse substantielle par rapport aux niveaux d’engagement de 2018 qui étaient de 11,8 milliards de dollars et ceux de 2019 qui se chiffraient à 10,8 milliards de dollars. Cette tendance s’explique en partie, selon les auteurs du rapport, par plusieurs grands projets qui ont été retardés en 2019 et reportés à 2020. En dépit de cet état de fait, il n’en demeure pas moins que les engagements moyens pour 2019-2020, qui se chiffrent à 14,9 milliards de dollars, restent les plus élevés jamais enregistrés.

Des investissements concentrés en Afrique de l’Ouest et dans le secteur des transports

Selon le rapport, en 2019 et  2020, le secteur des transports a concentré la plus grande part des engagements avec, respectivement, 33,8 milliards (40 %) et 34,4 milliards de dollars (42 %). C’est plus que les 32 % (32,5 milliards de dollars) enregistrés en 2018. Les gouvernements africains ont contribué à plus de la moitié des engagements dans le secteur, avec 55 % en 2019 et 54 % en 2020. Les engagements dans le secteur de l’énergie, qui avaient connu une forte augmentation en 2018 pour atteindre 43,8 milliards de dollars, ont nettement diminué en 2019 (25,9 milliards de dollars) puis en 2020 (23,5 milliards de dollars). La part du secteur de l’énergie dans le total des engagements a diminué, passant de 43 % en 2018 à 31 % en 2019, puis à 29 % en 2020.  Pour le secteur de l’eau et l’assainissement, les engagements ont représenté 12 % (10,1 milliards de dollars) du total des engagements en 2019 et 10 % (8,1 milliards de dollars) en 2020, ce qui est nettement inférieur aux 12,9 milliards de dollars (16 %) enregistrés en moyenne sur 2016-2018. Les engagements en faveur du secteur des TIC ont nettement augmenté par rapport à 2018, avec 7,1 milliards de dollars (7 % du total des engagements pour atteindre 11,4 milliards de dollars en 2019 (13 % du total des engagements) et 10,4 milliards de dollars en 2020 (13 % aussi). Le secteur privé a pu maintenir et augmenter ses flux d’investissement dans les TIC. Le secteur privé représentait deux tiers du financement des TIC en 2019 et un tiers en 2020.

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Sur les 85 milliards de dollars engagés pour le développement des infrastructures en Afrique en 2019, 22,5 milliards de dollars d’engagements sont allés à l’Afrique de l’Ouest, suivie de l’Afrique de l’Est (16,3 milliards), de l’Afrique du Nord (15,1 milliards), de l’Afrique australe – hors Afrique du Sud – (10,8 milliards), de l’Afrique du Sud (12,7 milliards) et de l’Afrique centrale (5 milliards). En 2020, sur un total de 81 milliards de dollars d’engagements, l’Afrique de l’Ouest a perçu 22,3 milliards de dollars, suivie de l’Afrique du Nord (16,8 milliards), de l’Afrique de l’Est (14,8 milliards), de l’Afrique australe hors Afrique du Sud (10,1), de l’Afrique du Sud (9,5 milliards) et de l’Afrique centrale (5,3 milliards de dollars). Les engagements en faveur des opérations multirégionales sont quant à eux restés stables à 2,6 milliards de dollars en 2019 et 2,3 milliards de dollars en 2020, contre 2,4 milliards de dollars en 2018.

Les innovations financières, une opportunité pour mobiliser davantage les financements disponibles

En plus des données assez édifiantes, le rapport comporte également une analyse ainsi que des recommandations politiques et opérationnelles pertinentes à l’égard des décideurs et investisseurs et qui s’annoncent comme des solutions crédibles de nature contribuera à attirer plus de financements pour les infrastructures sur l’ensemble du continent africain. Comme le montre le rapport, le financement des infrastructures africaines provient de quatre sources. Il s’agit, premièrement, des gouvernements qui financent eux-mêmes une part importante des investissements dans les infrastructures (41 % du total en 2019-2020), un financement qui provient des recettes fiscales actuelles ou futures et qui est déployé par le biais du processus budgétaire national ou de l’émission d’obligations. Deuxièmement, les membres de l’ICA, en tant que partenaires des pays africains, financent des projets d’infrastructure par le biais de dons et de prêts (27 %). Troisièmement, les partenaires de développement qui ne sont pas membres de l’ICA (Chine, Groupe de coordination arabe, BERD, organisations bilatérales européennes non-membres de l’ICA, banques régionales de développement africaines, NBD, AIIB, Inde et Africa50) participent également au financement (14 %). Enfin, le secteur privé apporte sa puissance financière (18 %) pour financer certains nouveaux actifs d’infrastructure, nécessitant souvent un soutien tel que des garanties des gouvernements ou des Institutions financières internationales. Selon le rapport, depuis plusieurs décennies, « les infrastructures africaines n’ont pas été en mesure d’attirer suffisamment de fonds pour financer leurs investissements et l’entretien des actifs existants ». Il subsiste, en effet,  « un important déficit de financement qui handicape la compétitivité mondiale de l’Afrique, limite sa productivité et rend la vie plus difficile aux populations africaines ». Par ailleurs, les exportations sont plus coûteuses que dans d’autres régions, les ports africains étant inefficaces et le transport routier onéreux. Aussi, l’énergie électrique est difficile à obtenir et peu fiable. En outre, de nombreuses communautés sont privées d’eau potable et de services d’assainissement. Selon les auteurs du rapport, « seuls les actifs dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) ont permis d’atteindre les objectifs d’accès internationaux, et ils ont été pour la plupart financés par le secteur privé, sans nécessiter le soutien des pouvoirs publics ». C’est pourquoi, les auteurs considèrent que les TIC sont une réussite notable en Afrique. « Outre les services de communication, les opérateurs de téléphonie mobile ont déployé des services financiers pour les clients à faible revenu, améliorant ainsi l’inclusion financière des pauvres », lit-on dans le document.

Contraintes et opportunités

Le rapport présente  aussi plusieurs messages clés dont le premier est relatif à l’insuffisance du financement des infrastructures qui résulte en grande partie du manque de viabilité financière du secteur.

 « Les mauvaises performances financières des services publics africains, qu’il s’agisse de l’électricité ou de l’eau, ne sont pas un phénomène récent. La question de la viabilité financière, due en grande partie à des tarifs qui ne couvrent pas suffisamment les coûts d’investissement, touche l’ensemble du secteur des infrastructures et le tourmente depuis des décennies. Cette question a été et reste une contrainte importante sur le financement disponible pour les nouveaux actifs, exacerbant le montant inadéquat du financement qui va vers le secteur à la fois pour les nouveaux investissements et pour l’entretien des investissements existants », ont mis en lumière les auteurs du document pour qui, il n’y a pas de solution miracle pour résoudre ce problème.

C’est pourquoi ils ont plaidé pour que les membres de l’ICA et les autres sources de financement travaillent  avec les services publics, les régulateurs et les décideurs au niveau national pour s’assurer que le secteur est bien géré et financièrement solide, avec des tarifs adéquats qui comprennent également, si besoin est, des subventions ciblées. « Des secteurs d’infrastructure bien gérés et bien financés sont essentiels pour augmenter la croissance économique et réduire la pauvreté et les inégalités », est-il indiqué. L’autre message clé qui ressort du rapport c’est que  la contribution du financement privé aux infrastructures est bien en deçà de son potentiel. Selon le document, les investisseurs institutionnels africains gèrent un montant très important d’épargne contractuelle  qui est estimé à 18.500 milliards de dollars en 2020, dont pratiquement aucun ne finance les infrastructures du continent. « Cette situation contraste avec la pratique en vigueur dans d’autres régions du monde », souligne les auteurs pour qui, « l’Afrique doit créer une classe d’actifs d’infrastructure qui puisse attirer le financement des investisseurs institutionnels ». Elle doit, de ce fait,  explorer la titrisation des actifs existants avec des flux de trésorerie stables pour attirer les investisseurs du secteur privé, recyclant ainsi les financements existants. Selon le rapport, certaines innovations intéressantes commencent à voir le jour dans ce domaine et méritent d’être envisagées pour être reproduites, comme, à titre d’exemple l’initiative InfraCredit au Nigeria et d’autres solutions qui ont fait leur preuve en Afrique et ailleurs.

Une initiative pour le développement des infrastructures en Afrique

Le Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) est une initiative d’envergure visant à accélérer les progrès pour répondre aux besoins urgents de l’Afrique en matière d’infrastructures, afin de soutenir la croissance économique et le développement. Le secrétariat de l’ICA est hébergé par la Banque africaine de développement (BAD). Les membres actuels du Consortium sont : les pays du G7 (Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni et États-Unis) ; deux membres du G20 (Espagne et Afrique du Sud) ; et des banques multilatérales de développement (Afreximbank, Africa Finance Corporation, Commission de l’Union africaine, Agence de développement de l’Union africaine-NEPAD (AUDA-NEPAD), la Banque ouest-africaine de développement, la Conseil européen, la Commission de l’Union européenne, la Banque européenne d’investissement, la Banque islamique de développement, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, le Groupe de la Banque mondiale, le Groupe Vinci et la Banque africaine de développement. Les Communautés économiques régionales  (CER) participent également aux réunions de l’ICA en qualité d’observateurs. Depuis sa création en juillet 2005, il y a dix-sept ans, l’ICA joue un rôle clé dans le soutien et l’intensification des programmes d’investissement pour le développement des infrastructures en Afrique. Il fournit une expertise et des orientations précieuses pour guider les investissements dans les programmes et projets prioritaires en Afrique.

RDC : le budget 2023 en hausse, anticipant plus de recettes minières

La République démocratique du Congo a augmenté son budget de 46% à 16 milliards de dollars pour 2023, dopé par une augmentation attendue des recettes fiscales et minières, a déclaré le président du Sénat,en décembre 2022.

La République démocratique du Congo a augmenté son budget de 46% à 16 milliards de dollars pour 2023, dopé par une augmentation attendue des recettes fiscales et minières, a déclaré le président du Sénat.

Le Congo augmente son budget de 46% pour 2023, dopé par les impôts. La nouvelle configuration du Budget de l’Etat pour l’exercice 2023 se présente avec 16 milliards de dollars – contre près de 15 milliards de dollars, après aplatissement des divergences entre le Sénat et l’Assemblée nationale, au cours d’une plénière au Palais du peuple, selon les informations relayées par l’Agence Congolaise de Presse (ACP). Le budget a été approuvé par 86 sénateurs votants, sur les 109 qui composent le Sénat congolais.

« L’Assemblée nationale a travaillé pour accroître les recettes et amener les prévisions à plus de 30 mille milliards de FCfa (soit 15 milliards de dollars). A son tour, le Sénat, en sus de ce que la chambre Basse a amélioré, a porté les prévisions à 32.502 milliards (soit 16 milliards de dollars) », a déclaré le président de la Chambre haute, Modeste Bahati, relayé par ACP.

Les deux chambres de la RDC ont également trouvé un compromis quant au projet de loi relatif à l’activité et au contrôle des établissements de crédit. Les projets de loi ont été votés à l’unanimité par les 88 sénateurs présents au moment du vote et par procuration. Il a également été question de voter une loi pour l’habilitation du gouvernement pour des questions relatives à l’exercice de la liberté de presse et le code numérique ainsi que l’autorisation de la prorogation de l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.

Afrique-Tech : Microsoft et Viasat s’associent pour généraliser l’accès à internet

Selon l’Union internationale des télécommunications à l'ONU, environ 37 pour cent de la population mondiale – soit 2,9 milliards de personnes – n'ont encore jamais utilisé Internet.

Microsoft et Viasat annoncent un nouveau partenariat pour offrir l’accès à internet aux communautés sous-desservies dans le monde. Les deux sociétés de la tech veulent fournir un accès Internet à 10 millions de personnes dans le monde, dont 5 millions en Afrique.

De nouveaux efforts grâce à l’Initiative Airband de Microsoft sont annoncés pour permettre d’accroitre l’accès à internet pour 5 millions de personnes en Afrique et 5 millions de personnes de plus dans le monde d’ici 2025. Viasat, une société mondiale de communications, le premier partenaire satellite à travailler avec Initiative Airband de Microsoft. Les deux prévoient d’approfondir le travail d’Airband en République démocratique du Congo, au Nigeria, au Guatemala, au Mexique et aux États-Unis, et donner la priorité à l’extension du programme en Égypte, au Sénégal et en Angola pour fournir une connexion Internet, souvent pour la première fois. Ce premier partenariat mondial est une étape pour Airband dans la réalisation de l’objectif élargi de l’Initiative afin de fournir un accès Internet à un quart de milliard de personnes dans le monde, dont 100 millions de personnes sur le continent africain, d’ici la fin de 2025.

Objectif : la connectivité dans les secteurs clés en Afrique

Selon l’Union internationale des télécommunications à l’ONU, environ 37 pour cent de la population mondiale – soit 2,9 milliards de personnes – n’ont encore jamais utilisé Internet. Le satellite permet l’accès à Internet et d’atteindre des régions éloignées qui n’avaient auparavant que peu ou pas d’options de connectivité conventionnelle. En travaillant ensemble, les entreprises essaient de combiner leur expertise et leurs atouts pour permettre à la télésanté, à l’enseignement et à l’éducation à distance, à l’agriculture de précision, à l’énergie propre. Et à d’autres services d’atteindre de nouvelles zones grâce à l’offre transformationnelle d’énergie et de connectivité. Les entreprises collaboreront pour fournir et piloter des technologies, y compris, mais de façon non limitative, les satellites et le sans fil fixe.

« L’Afrique est dotée d’un immense potentiel. Cependant, l’un des défis auxquels le continent est confronté est l’expansion des infrastructures qui permettra l’accélération de la transformation numérique et facilitera la connectivité du continent africain. (…) L’Airband Initiative est essentielle pour l’accélération de l’accès au haut débit au profit des communautés rurales », a déclaré Kunle Awosika, Directeur Général, Africa Transformation Office.

Près d’un tiers de la population mondiale n’a pas accès à l’éducation en ligne, à de meilleurs soins médicaux, à des opportunités commerciales, à des liens avec la famille via les réseaux sociaux. Et la majeure partie de cette population vit dans seulement 20 pays d’Afrique et du Sud. L’accès universel et abordable à Internet fait partie des objectifs des Nations Unies Objectifs de développement durable, et en concentrant une grande partie de ce nouveau partenariat sur l’Afrique, Microsoft et Viasat s’efforcent de fournir une connectivité et une culture numérique pour une meilleure éducation, des soins de santé et des opportunités économiques sur des marchés critiques. Grâce à l’initiative Airband, Microsoft a déjà fourni un accès Internet à haut débit à plus de 51 millions de personnes dans le monde. Plus de 4 millions de communautés rurales américaines non desservies et 47 millions supplémentaires de 16 pays non desservis ou mal desservis en dehors des États-Unis.

A lire aussi : Afrique – Tech: Meta lance la campagne « les créateurs de demain »

Lancée en 2017, l’initiative Airband de Microsoft s’appuie sur des partenariats avec des fournisseurs d’énergie et d’internet locaux et régionaux, collabore avec des fabricants d’équipements de télécommunications, mais également avec des organisations à but non lucratif. Elle est aussi partenaire des organisations gouvernementales et non gouvernementales pour une progression universelle à une connectivité abordable et à des compétences numériques pertinentes. Viasat est une société de communication et un innovateur de technologies et de services de communications par satellite.

U.S-Africa Leaders Summit : Washington déroule le tapis rouge et multiplie les engagements pour l’Afrique

Une vingtaine de chefs d'Etat et de délégations d'une cinquantaine de pays africains sont présents à Washington D.C pour prendre part à la deuxième édition de l'U.S-Africa Leaders Summit qui se déroule du 13 au 15 décembre 2022 dans la capitale fédérale américaine.

Du 13 au 15 décembre, la capitale des Etats-Unis d’Amérique accueille la seconde édition de l’U.S-Africa Leaders Summit qui se tient 8 ans après celui de 2014 et en présence d’une cinquantaine de délégation de pays africains et de l’Union africaine (UA). A cette occasion, l’administration du Président Biden n’a pas lésiné sur les moyens pour une nouvelle opération de séduction à l’endroit du continent avec des engagements de soutien pour une plus grande intégration dans les organisations internationales notamment le G20 ainsi que des annonces de financements dont 55 milliards de dollars pour les trois prochaines années à travers leur nouvelle stratégie africaine destinée à renforcer la coopération entre les deux parties et à stimuler le développement économique du continent.

America is back to Africa! C’est à tout point de vue, le message que les Etats-Unis veulent passer avec la tenue de la seconde édition de l’U.S-Africa Leaders Summit qui se tient du 13 au 15 décembre 2022 à Washington D.C, la capitale américaine. Près d’une cinquantaine de délégation conduite par les dirigeants au plus haut sommet de l’Etat des pays africains ainsi que de l’organisation continentale ont été conviés à l’évènement qui se tient huit années après la première édition qui s’est tenue en 2014 sous l’administration Obama. A cette occasion, l’administration du Président Joe Biden a sorti le grand jeu pour une véritable opération de charme à l’endroit des dirigeants africains avec plusieurs panels sur les priorités actuelles de l’Afrique, des rencontres entre les officiels des deux parties, des signatures des contrats et de partenariat dans divers domaines ainsi que des échanges avec les responsables des différents pays, une réception au Congrès et un dîner d’Etat à la Maison Blanche en l’honneur des chefs d’Etat et de délégations pour clôturer le Sommet. Au cours de cet évènement qui, trois jours durant, va réunir dans la capitale américaine des personnalités de tout le continent africain qui discuteront des moyens audacieux et concrets de renforcer les liens et de faire progresser les priorités communes entre les USA et les pays africains, plusieurs sessions sont prévues. Elles porteront notamment sur les thèmes relatifs à la diaspora et les jeunes leaders africains, la santé mondiale et la sécurité alimentaire, le changement climatique et l’énergie, les investissements dans les infrastructures.

« J’attends avec intérêt de travailler avec les gouvernements africains, la société civile, les communautés de la diaspora aux États-Unis et le secteur privé pour continuer de renforcer notre vision commune de l’avenir des relations américano-africaines », a ainsi déclaré le chef de l’exécutif américain en prélude à l’ouverture des travaux.

L’un des évènements phares du Sommet, c’est l’U.S-Africa Business Forum, au cours duquel les chefs d’État et les responsables américains et africains des milieux d’affaires et des pouvoirs publics discutent des moyens de faire progresser des partenariats mutuellement bénéfiques pour créer des emplois et stimuler une croissance inclusive et durable. L’occasion pour le président Joe Biden de faire la promotion des partenariats et des investissements stables et fiables que les États-Unis ont à offrir et qui permettent aux entreprises d’Afrique et des États-Unis de prospérer ensemble.

Des initiatives pour stimuler le commerce et promouvoir le développement économique

Depuis juin 2019, ont annoncé les organisateurs, le gouvernement américain a aidé à conclure plus de 800 accords de commerce et d’investissement bilatéraux concernant 45 pays africains, d’une valeur estimée à 50 milliards de dollars en exportations et en investissements. Ces accords ont été mis en œuvre dans le cadre de « Prosper Africa », une initiative du gouvernement des États-Unis qui tire parti des services et des ressources de 17 agences gouvernementales américaines pour accroître le commerce et les investissements bilatéraux entre les États-Unis et les pays africains.

Bien que l’Afrique ait été peu présente ces dernières années dans la diplomatie africaine, notamment sous la présidence Trump, les Etats-Unis disposent de véritables leviers pour renforcer leur partenariat avec l’Afrique et sur lesquels l’administration Biden entend s’appuyer pour accompagner sa nouvelle offensive sur le continent. Il s’agit notamment de l’initiative « Power Africa » dans le domaine de l’énergie, « PREPARE » dans le domaine du changement climatique, le Millenium Challenge Corporation (MCC) pour la lutte contre la pauvreté et l’accélération de la croissance économique et surtout l’African Growth and Opportunity Act (AGOA). Cette loi qui a votée en 2000 sous l’administration de Bill Clinton a été fondée sur le principe « Trade not aid » avec comme l’objectif est d’aider l’Afrique à intégrer les circuits économiques mondiaux à travers la facilitation des exportations africaines vers les USA. Elle a ainsi ouvert le marché américain en franchise de douane pour près de 1.800 produits, essentiellement le textile et les hydrocarbures provenant des pays africains éligibles. Les critères d’éligibilité à l’AGOA s’étendent de la mise en place d’une économie de marché à l’instauration d’un véritable état de droit et à la promotion du pluralisme politique ainsi que le renforcement des libertés. Depuis sa mise en œuvre, une quarantaine de pays d’Afrique subsaharienne ont été jugés éligibles et après avoir été prolongé, elle devrait arriver à échéance en 2025.

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 Selon les organisateurs, le Sommet devrait être l’occasion de la renforcer et de la prolonger afin de soutenir le développement économique du continent et promouvoir son intégration dans le commerce mondial notamment avec la réduction de taxes à l’importation pour les produits africains mais aussi en profitant de l’intégration croissante de l’Afrique à travers la mise en œuvre progressive de la Zlecaf. A cet effet, une réunion ministérielle sur l’AGOA est prévue dans le cadre du Sommet avec secrétaire d’Etat américaine en charge du commerce, Katherine Tai, et les ministres du Commerce et représentants des chambres de commerce et d’industrie du continent. Selon plusieurs études et spécialistes, l’Afrique n’a pas su ou pu pleinement tirer le maximum de profit des opportunités offertes par cet accord en raison de divers obstacles et les discussions qui seront menées devraient permettre de parvenir à la révision de l’AGOA pour un accord commercial plus avantageux pour les pays africains.

 «US strategy towards subsaharan Africa », la nouvelle stratégie des USA en Afrique

Selon les services de la Maison Blanche et conformément à l’agenda du Sommet, cette rencontre entre le Président américain et ses homologues africains sera l’occasion pour les Etats-Unis de dévoiler en détails leur nouvelle stratégie en Afrique, « US strategy towards subsaharan Africa », dont les grands contours ont été rendu public en août dernier. Selon le document, cette nouvelle stratégie qui se base sur partenariat d’égal à égal entre les deux parties, vise comme entres autres priorités, les défis de l’heure de l’Afrique notamment la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance, la santé, la sécurité, le développement économique ainsi que la transition et les enjeux climatiques.

La nouvelle stratégie américaine en Afrique sera déployée sur les cinq prochaines années et à la veille du Sommet, le conseiller à la sécurité nationale du président américain Jake Sullivan a annoncé que les États-Unis « vont consacrer 55 milliards de dollars à l’Afrique sur trois ans », des fonds qui seront notamment consacrés à la promotion des sociétés ouvertes à l’économie mondiale, à la gestion des besoins sanitaires et aux réponses au changement climatique. Le haut responsable américain n’a toutefois pas donné plus de détails sur la provenance des fonds ainsi que leur répartition indiquant que les objectifs visés seront déterminés lors du Sommet de Washington.

« L’esprit de ce Sommet n’est pas de définir ce que nous allons faire pour l’Afrique et les populations africaines mais plutôt ce que nous allons faire ensemble avec l’Afrique et les populations africaines », s’est défendu Jake Sullivan qui a, toutefois laissé entendre, que les nouvelles priorités et objectifs de la stratégie américaine seront alignées sur celles l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA).

Offensive de charme et stratégie d’influence

Au-delà des initiatives commerciales et économiques, la sécurité occupera une bonne partie des discussions, notamment concernant le Sahel, ainsi que des questions d’actualités notamment la guerre en Ukraine qui ne manquera pas de s’inviter aux débats. Il est important de le souligner, si les responsables américains mettent en avant le poids croissant de l’Afrique comme un acteur géopolitique majeur qui possède certaines des économies à la croissance la plus rapide du monde pour justifier leur nouvelle offensive sur le continent, certains analystes voient en cette opération de charme, la volonté de Washington de contrer l’offensive de la Chine et de la Russie.

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Les USA ont certes indiqué que le nouveau partenariat se fera sous aucune condition de positionnement et les dirigeants africains ont insisté sur leur volonté de continuer à diversifier leurs partenariats. Pour preuve de bonne foi, le président américain, Joe Biden, plaidera au cours de ce sommet pour l’intégration permanente de l’Union africaine au G20, comme l’a annoncé, la semaine dernière, Judd Devermont, le directeur exécutif aux Affaires africaines du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Selon d’autres observateurs, cela devrait permettre à l’administration américaine d’obtenir plus facilement la coopération de l’Afrique sur des questions telles que la guerre en Ukraine et le changement climatique. Dans un cas comme dans l’autre, les dirigeants africains qui se savent très courtisé dans cette guerre géopolitique qui ne dit pas son nom, profitent également pour solliciter l’appui des Etats-Unis pour au moins un siège permanent au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.

Dette africaine : la Chine réfute les allégations américaines

Citant une étude publiée en juillet par Debt Justice, un groupe caritatif britannique, Qin a déclaré que le montant de la dette des pays africains envers les prêteurs privés occidentaux est trois fois supérieur à ce qu'ils doivent à la Chine, et que les taux d'intérêt sur les prêts privés sont le double de ceux des prêts chinois.

L’ambassadeur de Chine aux États-Unis, Qin Gang, a rejeté lundi les accusations selon lesquelles Pékin aurait endetté les pays africains. Et ce lors d’un forum en prévision d’un sommet États-Unis-Afrique. Pour étayer ses propos il a cité un rapport établissant que les pays africains doivent trois fois plus de dettes aux institutions occidentales qu’à la Chine.

L’ambassadeur de Chine aux États-Unis a rejeté les allégations selon lesquelles la Chine a créé un « piège de la dette » en Afrique.  Pour Qin Gang le continent devrait être un lieu de coopération internationale, au lieu d’une arène où les grandes puissances se disputent des gains géopolitiques. Ses remarques sont intervenues à la veille d’un sommet organisé par l’administration du président américain Joe Biden qui réunit les dirigeants de 49 pays africains et de l’Union africaine à Washington. « L’investissement et l’aide financière de la Chine à l’Afrique ne sont pas un piège, c’est un avantage », a déclaré Qin lors des rencontres organisées par Semafor pour préparer le sommet États-Unis-Afrique qui a débuté ce mardi. Semafor est une start-up américaine lancée un peu plus tôt cette année.

« Au cours des dernières décennies, la Chine a accordé des prêts pour aider l’Afrique dans son développement économique et social. Les travaux de construction sont visibles partout en Afrique », a déclaré Qin. « Vous pouvez voir des hôpitaux, des autoroutes, des aéroports, des stades. Évidemment, ce piège n’existe pas. Ce n’est pas un complot. C’est transparent, c’est sincère. »

Citant une étude publiée en juillet par Debt Justice, un groupe caritatif britannique, Qin a déclaré que le montant de la dette des pays africains envers les prêteurs privés occidentaux est trois fois supérieur à ce qu’ils doivent à la Chine, et que les taux d’intérêt sur les prêts privés sont le double de ceux des prêts chinois. Ces conclusions, a déclaré Qin, sont la preuve que « la Chine n’est pas le plus grand créancier des dettes africaines » et que « la dette due à la Chine n’est qu’une petite partie ». Mentionnant l’Initiative de suspension du service de la dette mise en place par le G20, l’ambassadeur chinois a déclaré que la Chine a participé activement à l’initiative, en ayant suspendu le plus de paiements du service de cette dette parmi les membres du G20.

« Nous appelons tous les autres créanciers, les institutions Internet multinationales et les prêteurs privés à prendre des mesures actives pour réduire le fardeau de la dette des pays africains selon le principe du partage équitable du fardeau et des actions communes », a-t-il déclaré.

En ce qui concerne le prochain sommet États-Unis-Afrique, l’ambassadeur a déclaré qu’il aimerait voir Washington « proposer des mesures plus concrètes et réalisables » visant à faciliter le développement et la prospérité du continent africain. Qin a appelé les États-Unis à coopérer avec la Chine afin que les deux pays, en tant que deux premières économies mondiales et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, puissent unir leurs forces pour promouvoir la paix, la sécurité et la prospérité en Afrique. Et ce, en assumant leur responsabilité commune en tant que grands pays et en répondant aux attentes de la communauté internationale. L’ambassadeur a mentionné quelques exemples de relations sino-américaines. Des efforts conjoints visant à améliorer les moyens de subsistance des Africains et à promouvoir leurs relations économiques et commerciales avec d’autres parties du monde. En plus d’aider conjointement le peuple libérien à lutter contre l’épidémie d’Ebola en 2015, Qin a déclaré qu’un parc industriel textile qui est le résultat d’une collaboration trilatérale entre la Chine, les États-Unis et l’Éthiopie s’est avéré être une réussite stimulant l’exportation de vêtements du pays d’Afrique de l’Est vers l’Europe et l’Amérique du Nord.

Chronique : Changement climatique – La lutte contre l’écocide, en appoint 

De 1990 à 2020, la superficie des zones forestières protégées s’est accrue. De 191 millions d’ha, elle est passée à 726 millions d’ha. Quant à celle faisant l’objet d’un plan de gestion, elle s’est beaucoup appréciée depuis 2000, passant de 233 millions d’ha à un peu plus de 2 milliards d’ha en 2020.

Au moment où la Terre est à la croisée des chemins pour entamer une transition énergétique, à même de sortir d’une crise écologique globale, les investissements dans des technologies industrielles irrespectueuses de l’environnement sont de plus en plus bannis.

L’écocide ou géocide est un crime international, caractérisé par un endommagement grave de tout ou partie des communs planétaires et/ou d’un système écologique de la Terre. Des limites ont été atteintes, voire dépassées, parce que des écosystèmes ont été détruits, avec comme corollaire la destruction de fondements de notre civilisation, la menace des conditions de vie sur Terre, etc. Parmi ces limites, les observateurs mettent le doigt sur le changement climatique, le changement d’usage des sols, la perte de l’intégrité de la biosphère, ou encore la modification des cycles biochimiques (phosphore et azote). Selon la FAO, 420 millions d’hectares de forêt sont perdus depuis 1990. Des terres, affectées à d’autres utilisations nocives à l’environnement, singulièrement à une agriculture intensive.

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Les décideurs sont de plus en plus conscients quand il s’agit d’opérer un investissement d’envergure. Le green, une énergie propre et une économie sobre en carbone, voire décarbonée, sont à l’ordre du jour. Les études d’impact environnemental sont devenues courantes et constituent un préalable. Il est vrai que les suivis laissent à désirer. Si dans certains projets, l’investisseur se plaît à informer sur la réhabilitation des sites déjà exploités, notamment à travers le remblaiement et la reforestation, allant jusqu’à baptiser plants d’oliviers, de grenadiers… du nom des bonnes volontés qui se prêtent au jeu, cependant dans d’autres, particulièrement dans le secteur minier, l’exploitant laisse derrière lui des excavations sur des terrains dévastés et pollués.

Un concept remis à la page

Le concept a évolué et est remis en selle. De la Conférence des Nations Unies à Stockholm, en 1972, lorsque le Premier ministre suédois, Olof Palmer, l’évoqua, fustigeant l’opération Ranch Hand de l’armée américaine au Vietnam (utilisation de défoliants), à la Déclaration de Rio à l’issue du Sommet de la Terre de 1992, la Cour Pénale internationale a commencé à avoir les coudées franches pour déterminer la gravité et imposer des mesures coercitives. Fort heureusement, les décideurs se penchent davantage sur cette problématique.

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De 1990 à 2020, la superficie des zones forestières protégées s’est accrue. De 191 millions d’ha, elle est passée à 726 millions d’ha. Quant à celle faisant l’objet d’un plan de gestion, elle s’est beaucoup appréciée depuis 2000, passant de 233 millions d’ha à un peu plus de 2 milliards d’ha en 2020. Toutefois, cette tendance reste différenciée, selon les pays. Il arrive que des poumons verts ou des forêts classées soient spoliés avec des empiètements de projets agricoles ou immobiliers. Entre 2010 et 2020, des pays, tels que l’Angola, la Bolivie, le Brésil, le Cambodge, l’Indonésie, le Mozambique, le Myanmar, le Paraguay, la RDC, la Tanzanie, ont enregistré des pertes annuelles nettes moyennes de superficie forestière considérables. C’est tout le contraire en Australie, au Chili, en Chine, aux Etats Unis d’Amérique, en France, en Inde, en Italie, en Roumaine, en Turquie ou au Vietnam, où des gains annuels nets moyens ont été enregistrés, sur cette période. On s’accorde sur le fait qu’une transition juste et globale repose désormais sur de nouvelles règles de l’économie mondiale. Un cadre juridique contraignant est nécessaire pour mettre fin aux anciennes pratiques coloniales et destructrices et pour garantir que toutes les industries assument la responsabilité de leur impact sur les travailleurs, les communautés et les écosystèmes.  Dans les pays en voie de développement qui envisagent des projets structurants, une loi sur l’écocide pourrait fournir ce garde-fou.

Afrique : Joe Biden invite l’UA à devenir membre permanent du G-20

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa et Macky Sall, président du Sénégal et président de l'Union africaine, ont poussé Biden à accroître leur représentation au G-20, a déclaré Devermont. (Manuel Balce Ceneta/AP)

Le président Biden va annoncer la semaine prochaine le soutien des États-Unis à l’Union africaine pour qu’elle devienne membre permanent du Groupe des 20 nations. Il s’agit de satisfaire une revendication des pays africaines qui se sont sentis marginalisés dans les prises de décisions majeures relatives notamment à la pandémie du coronavirus, à la crise alimentaire et au changement climatique.

Les Etats-Unis veulent avoir l’Union africaine (UA) comme membre permanent du G-20. Ce dernier est un forum très influent réunissant les 20 économies les plus puissantes du monde. L’Afrique du Sud est le seul membre du continent, rejoignant plusieurs participants d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Biden fera cette annonce lors du Sommet des dirigeants États-Unis-Afrique de la semaine prochaine à Washington, a déclaré Judd Devermont, directeur principal des affaires africaines du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. L’Union africaine représente les 55 États membres du continent.

« Il est plus que temps que l’Afrique ait des sièges permanents à la table des organisations et initiatives internationales », a déclaré Devermont dans un communiqué relayé par le Washington Post. « Nous avons besoin de plus de voix africaines dans les conversations internationales qui concernent l’économie mondiale, la démocratie et la gouvernance, le changement climatique, la santé et la sécurité. »

Les dirigeants africains ont exprimé pendant des années leur frustration d’être exclus des discussions sur les affaires mondiales et les crises qui les affectent, du coronavirus à la sécurité alimentaire. Ils se sentent souvent des spectateurs alors que les pays occidentaux dirigent la plupart des organismes internationaux. Ces frustrations ont atteint leur paroxysme lors de la pandémie de coronavirus, lorsque les pays africains ont été particulièrement touchés par les retombées. Malgré la vaste expérience des pays africains en matière de surveillance et de protocole des maladies, ils n’ont pas été inclus dans les décisions sur des questions telles que quand masquer, s’il faut interdire les voyages et quand tester avant de voyager, a déclaré Mvemba Dizolele, directeur et chercheur principal à l’Africa Africa programme au Centre d’études stratégiques et internationales.

Les pays africains se sont également sentis laissés pour compte dans la distribution des traitements et des vaccins contre les coronavirus, les recevant souvent juste avant leur expiration et sans capacité de stockage et de distribution suffisante. Alors que les États-Unis ont fait don de plus de vaccins que tout autre pays – et ont augmenté l’aide aux vaccins au début de cette année – une part beaucoup plus faible d’Africains est vaccinée contre le virus qu’aux États-Unis, en Europe et dans une grande partie de l’Asie. Il y a une myriade de raisons à cela, notamment une capacité de distribution limitée et le scepticisme vis-à-vis des vaccins, en plus de l’approvisionnement insuffisant des pays qui produisent les vaccins.

L’Afrique du Sud accuse les pays riches de thésauriser les vaccins

L’Afrique abrite également des pays qui sont parmi les plus touchés par la hausse des températures, les sécheresses et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes alimentés par le changement climatique. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa et Macky Sall, président du Sénégal et président de l’Union africaine, ont poussé Biden à accroître leur représentation au G-20, a déclaré Devermont. Ramaphosa a directement demandé à Biden de soutenir l’adhésion de l’Union africaine au G-20 lors de sa visite à la Maison Blanche en septembre, tandis que Sall a également pressé Biden sur la question et lui a écrit plusieurs fois. Alors que le G-20 est composé principalement de pays individuels, l’Union européenne en est membre, en plus de trois pays européens – l’Allemagne, la France et l’Italie.

Maghreb – Moyen Orient : 1 milliard de dollars des USA pour lutter contre l’insécurité alimentaire

Au-delà de la convoitise et du climat, la décision de Biden intervient alors que les pays africains et d’autres pays du Sud ont subi le poids de l’impact économique de l’invasion russe de l’Ukraine. Ces pays ont été durement touchés par une crise alimentaire mondiale, ainsi que par la hausse des prix des engrais et du carburant, ce qui a rendu difficile pour les États-Unis d’obtenir leur soutien lors des votes de l’ONU qui ont condamné la Russie pour l’invasion, car ils blâment souvent les sanctions occidentales pour leur situation critique, selon le communiqué de la Maison Blanche.

Africa leadership