Crédit carbone : le Gabon prêt à lever des milliards sur le marché des compensations

Avec sa stratégie climat, le Gabon dont le territoire fait partie du Bassin du Congo, considéré comme le poumon écologique du monde, compte exploiter ses forêts de manière durable pour générer des revenus. (Crédits : Dr).

La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UN Climate Change) vient de certifier 187 millions de crédits carbones du Gabon sur la période 2010-2018.  Une aubaine pour le pays qui entend les valoriser prochainement sur le marché des compensations où l’unité est actuellement valoriser entre 30 et 35 dollars et qui lui ouvre la voie à une véritable manne financière. Et ce au regard de l’important stock de crédit-carbone dont dispose le Gabon avec une superficie de son territoire recouverte à près de 90% d’immenses forêts.

Le Président gabonais a des raisons valables de jubiler au lendemain de la certification, cette semaine, par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC, UN Climate Change), de 187 millions de crédits carbones du pays. « Une victoire pour le climat » certes comme l’a estimé Ali Bongo Ondimba mais aussi et des millions de dollars pour les caisses de l’Etat qui s’annoncent comme une véritable bouffée d’oxygène pour l’économie du pays. D’autant que le pays dispose également d’un important stock qu’il entend commercialiser sur le marché des compensations.

« La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques vient de certifier les 187 millions de crédits carbones du Gabon sur la période 2010-2018. C’est une étape importante qui ouvre la voie à leur commercialisation. Pour notre pays, qui va pouvoir tirer désormais une partie de ses ressources de la protection de la forêt, c’est un moment historique !», s’est félicité le président Gabonais Ali Bongo Ondimba.

Selon les autorités gabonaises qui n’attendaient que cette étape, ces 187 millions de crédits carbones certifiés par l’organisme onusien seront bientôt commercialiser et la moitié, soit 90 millions, d’ici la COP 27 prévue en novembre prochain à Charm-el-Cheick en Egypte comme l’a annoncé il y a quelques jours sur les réseaux sociaux, le ministre de l’Environnement et des Forêts, Lee White.  Les crédits carbones arriveront probablement sur le marché juste avant la conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP27) prévue en novembre en Égypte. Quatre-vingt-dix millions seront vendus et des mécanismes non–marchands seront utilisés pour le solde », a ainsi déclaré le ministre de l’Environnement dont les équipe ont beaucoup travaillé ces derniers temps avec le mécanisme Réduction des Émissions dues à la Déforestation et à la Dégradation forestière (REDD+) de la CCNUCC pour créer ces crédits carbones. Dans les faits, les crédits carbones sont des jetons qui représentant une tonne de dioxyde de carbone qui réchauffe le climat et qui est ainsi réduite, supprimée ou non ajoutée à l’atmosphère. En ce sens, les entreprises peuvent les utiliser pour compenser leurs propres émissions et les crédits carbone peuvent également être négociés sur le marché international pour des investissements dans des projets par des entreprises ou autres mécanismes et instruments afin de les produire elles-mêmes. Avec une offre valorisée actuellement entre 30 et 35 dollars l’unité, le Gabon espère en tirer entre 2,5 milliards et 2,8 milliards de dollars, ce qui va engendrer une plus-value d’a peu près 800.000 millions de dollars de plus que l’objectif fixé en juin dernier par le ministre en raison notamment de l’enchérissement pris depuis par le dollar, la devise de référence sur ce marché, par rapport à l’euro auquel le franc CFA est lié par une parité fixe.

L’économie verte comme alternative à la dépendance à l’or noir

Au même titre que les autorités gabonaises, plusieurs organismes et experts cités par la presse locale confirment cette nouvelle manne pour le Gabon. Comme rapportée par la presse locale, avec une valorisation moyenne de 35 dollars l’unité, les 187 millions de crédits carbones du Gabon peuvent rapporter quelques 6,5 milliards de dollars, soit environs 4.375 milliards de francs CFA, ce qui représenterait plus de 40 % du PIB du pays ! Autant dire de quoi conforter le Gabon dans sa nouvelle stratégie de faire de l’économie verte, et notamment de la lutte contre la déforestation, un des nouveaux piliers de son économie qui est jusque-là trop dépendante de l’exploitation du pétrole.

Avec cette première opération dont on devrait encore attendre la concrétisation, le Gabon continue à engranger les fruits de son ambitieux de sa stratégie climat qui constitue désormais un des axes majeurs de son plan de développement.  En 2021, le pays avait d’ailleurs été le premier du continent à bénéficier d’un premier paiement de 17 millions de dollars sur 150 millions prévus sur 10 ans à travers l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale (CAFI), un programme lancé en 2019 par l’ONU et soutenu par la Norvège qui vise à renforcer les actions de protection de la capacité de ses forêts à absorber le carbone pour réduire la déforestation.

Le pays d’Afrique centrale qui fait partie du bassin du Congo, considéré comme le poumon d’Afrique, a en tout cas des arguments à faire valoir en matière de lutte contre le changement climatique.  Avec 88% de son territoire couvert par les forets, la deuxième plus grande forêt tropicale du monde après l’Amazonie, le Gabon peut rêver en grand au regard des engagements internationaux en matière de finance-climat. Grâce, en effet, à sa biodiversité qui permet une absorption nette accrue de neuf tonnes de CO2 par crédit carbone, les forêts tropicales du bassin du Congo stockent l’équivalent d’environ 8 ans d’émissions mondiales de carbone. En ce sens, les autorités ont vu juste en anticipant sur ce nouveau marché qui se met progressivement en place à travers des actions visant à préserver ses immenses fortes ainsi qu’à la création de plusieurs parcs et réserves naturels, ce qui lui permettra certainement de tirer de substantielles dividendes de son économie verte en plein devenir.

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