vendredi 5 décembre 2025
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Gabon :  un potentiel de 3 à 5 trillions de pieds cubes de gaz naturel à exploiter

Géant pétrolier de longue date de l'Afrique subsaharienne, le Gabon cherche à exploiter son potentiel en tant que producteur de gaz naturel, à travers notamment des plans revitalisés pour une croissance durable et axée sur l'énergie. (Photo Osvald Severin Mayounou. Ministre de l'énergie. Crédit : Dr)

Le Gabon cherche à exploiter son potentiel commercial en matière de gaz, au moment où l’exploitation pétrolière, fleuron de son industrie extractive s’essouffle. L’évolution de la dynamique du marché, la coopération régionale croissante et le besoin d’énergie durable poussent le pays d’Afrique central à ouvrir un nouveau chapitre centré sur l’exploration, la production et la monétisation du gaz naturel, selon un communiqué résumant les ambitions du pays et relayé par Energy Capital & Power.

Géant pétrolier de longue date de l’Afrique subsaharienne, le Gabon cherche à exploiter son potentiel en tant que producteur de gaz naturel, à travers notamment des plans revitalisés pour une croissance durable et axée sur l’énergie. Jusqu’à présent, la dépendance à l’égard d’importantes réserves de pétrole à faible teneur en soufre, facilement accessibles, a freiné l’enthousiasme pour le développement d’autres sources d’énergie dans le pays. Mais la production de pétrole et les recettes publiques étant en baisse, l’attention se tourne vers le potentiel inexploité du gaz naturel. Le pays détiendrait entre trois et cinq trillions de pieds cubes de gaz naturel encore inexploité. Une manne qui pourrait améliorer sa capacité à faire progresser la coopération régionale, à soulager l’insécurité énergétique et à réduire les émissions de carbone. Les autorités gabonaises sont en liaison avec leurs homologues de la Guinée équatoriale pour le développement du Méga Hub régional du gaz.

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La diversification de l’économie gabonaise a pris plus d’une décennie. Soutenu par le Programme des Nations unies pour le développement et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, le Plan stratégique Gabon émergent a été lancé en 2009. Il visait à soutenir une croissance économique durable tout en préservant l’environnement, en partie grâce à l’adoption de combustibles propres tels que le gaz naturel. La Banque mondiale a notamment salué les performances du Gabon comme l’un des rares pays de la région à s’être manifestement engagé à préserver la biodiversité et à prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique. Le plan identifiait le gaz naturel et les industries à valeur ajoutée qui lui sont associées comme des secteurs stratégiques pour une croissance économique durable, et visait à porter la production à 220 000 pieds cubes par jour d’ici 2020. Bien que cet objectif initial n’ait pas été atteint, l’ampleur de son ambition témoigne de la volonté du pays de transformer son industrie énergétique, avec des implications qui s’étendent bien au-delà de ses frontières, peut-on lire dans le communiqué émanant des autorités de Libreville relayé par Energy Capital & Power.

Un plan pour optimiser les volumes exploitées

Le Gabon détient actuellement 1,2 trillion de pieds cubes de réserves prouvées de gaz naturel, dont la majorité est située au large de la côte atlantique du pays. La production nationale de gaz s’est arrêtée à environ 70 milliards de pieds cubes en 2021, en grande partie à cause du gaspillage, de l’insuffisance des infrastructures et du manque d’expertise technique pour travailler dans l’environnement difficile des eaux profondes du Gabon, où se trouve la majorité des gisements de pétrole et de gaz associés du pays. Le plan directeur gazier du pays vise à remédier à ces insuffisances en réduisant le torchage du gaz, en attirant de nouveaux investissements et en améliorant la fiabilité et la portée de l’infrastructure gazière nationale.

Un nouveau cadre juridique pour assainir et optimiser

En conséquence, un nouveau cadre juridique pour le secteur a été adopté en 2019 dans le but d’attirer les investissements axés sur le gaz, et une autorité de régulation du secteur des hydrocarbures a été créée pour offrir un guichet unique aux investisseurs. La libéralisation des réglementations sectorielles qui en a résulté a été complétée par des cycles d’octroi de licences visant à octroyer des droits d’exploration en mer pour la première fois depuis 2014. Parallèlement, des investissements sont consacrés au développement de l’infrastructure du gaz naturel liquéfié (GNL) et à l’amélioration de la distribution grâce à la construction de nouveaux gazoducs et d’installations de traitement. L’augmentation de la capacité de liquéfaction domestique reste une priorité absolue pour le Gabon, ainsi que l’augmentation de l’utilisation du gaz de pétrole liquéfié au niveau local. Une Task Force présidentielle dédiée au gaz a été mise en place en 2021 afin de superviser le développement du secteur et de sensibiliser les investisseurs.

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Tout en mettant l’accent sur l’utilisation du gaz naturel pour la consommation domestique, le plan directeur pour le gaz vise également à tirer parti de la monétisation du gaz comme moyen de commerce régional de l’énergie. À cette fin, les autorités gabonaises sont en liaison avec leurs homologues de Guinée équatoriale pour le développement du Méga Hub régional du gaz. Cependant, de telles aspirations ne sont pas sans poser de problèmes. Le développement de l’infrastructure du gaz naturel nécessite un soutien international considérable, sous forme d’investissements et d’exécution technique. Les plans de développement durable doivent tenir compte des capacités nationales, le cadre politique devant trouver un équilibre délicat entre l’ambition et les limites pratiques. Si elle prospère, l’industrie du gaz naturel pourrait offrir des perspectives économiques généreuses au Gabon et représenter une étape importante dans la réalisation des objectifs internationaux en matière de climat.

Conjoncture: en Afrique subsaharienne, une dynamique économique au ralenti malgré un potentiel de croissance inexploité selon le dernier rapport Africa’s Pulse

Selon les nouvelles estimations de la Banque mondiale publiées dans la dernière édition du rapport Africa's Pulse qui vient d'être publiée avec les mises à jour économique d'avril 2023, la croissance économique en Afrique subsaharienne devrait ralentir, passant de 4,1% en 2021 puis 3,6 % en 2022 et à 3,1 % en 2023. (Crédit : Banque mondiale).

Publié le 05 avril sous le titre: « Tirer le meilleur parti des ressources naturelles pendant la transition énergétique », la 27e édition du rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale dresse un état des lieux peu reluisants de la situation économique de l’Afrique subsaharienne ainsi que des perspectives malgré quelques raisons d’espérer une nouvelle dynamique de croissance. Selon le rapport, cette dernière reste faible, tirée vers le bas par l’incertitude de l’économie mondiale, la sous-performance des plus grandes économies du continent, une inflation élevée et une forte décélération de la croissance de l’investissement. Et  face à l’assombrissement des perspectives de croissance et à l’augmentation des niveaux d’endettement, les auteurs du rapport préconisent que les gouvernements africains doivent se concentrer davantage sur la stabilité macroéconomique, la mobilisation des recettes intérieures, la réduction de la dette et les investissements productifs afin de réduire l’extrême pauvreté et de stimuler la prospérité partagée à moyen et à long terme. En ce sens, le rapport souligne que la transition vers des économies sobres en carbone est irréversible et nécessitera l’utilisation de nombreux minéraux dont beaucoup sont abondants dans toute l’Afrique.

Selon les nouvelles estimations de la Banque mondiale publiées dans la dernière édition du rapport Africa’s Pulse qui vient d’être publiée avec les mises à jour économique d’avril 2023, la croissance économique en Afrique subsaharienne devrait ralentir, passant de 4,1% en 2021 puis 3,6 % en 2022 et à 3,1 % en 2023. Cependant, tempèrent les auteurs du rapport, ce  ralentissement pourrait toucher à sa fin car dans les détails, la croissance est  en hausse de 0,3 point de pourcentage par rapport aux prévisions d’octobre 2022 d’Africa’s Pulse, un relèvement  qui reflète une performance plus positive de l’économie mondiale au cours du dernier trimestre de l’année 2022.  Selon le rapport, l’économie américaine a fait preuve de résilience, grâce aux récentes mesures politiques et à la baisse de l’inflation, les prix du gaz sont plus bas que prévu en Europe, et on s’attend à une reprise rapide de la croissance en Chine avec la fin de sa politique de «zéro COVID».  Malgré ces récentes améliorations, l’activité économique dans la région devrait continuer à ralentir en raison de la persistante de l’atonie de l’économie mondiale, des taux d’inflation en baisse mais qui restent élevés, et des conditions financières mondiales et nationales difficiles dans un contexte d’endettement élevé expliquent l’abaissement de la note. « La croissance est estimée à 3,7 en 2024 et 3,9 % en 2025, ce qui indique que le ralentissement de la croissance devrait atteindre un plancher cette année », met en exergue le rapport qui indique aussi qu’un rebond de la croissance mondiale plus tard dans l’année, l’assouplissement des mesures d’austérité et une politique monétaire plus accommodante dans un contexte de baisse de l’inflation seront les principaux facteurs qui contribueront à l’augmentation de la croissance à l’horizon des prévisions. Selon la Banque mondiale, « les conditions de croissance restent toutefois insuffisantes pour réduire l’extrême pauvreté et stimuler la prospérité partagée à moyen et long terme ».  La croissance du revenu par habitant estimée en Afrique subsaharienne à 1,0 en 2022 et 0,6 % en 2023, par exemple, est insuffisante pour avoir un impact significatif sur le double objectif alors que la faible élasticité de croissance de la pauvreté et la pandémie mondiale ont encore contribué à la lenteur de la réduction de la pauvreté dans la région. Il ressort des données contenues dans le rapport, que le taux de pauvreté en Afrique subsaharienne est projeté à 34 % en 2023, par rapport au pic de 35,3 % de la période de pandémie en 2020 alors que la lente reprise du revenu par habitant dans la région, à 1,2 % l’année prochaine et 1,4 % en 2025, ne permet toujours pas d’accélérer la réduction de la pauvreté pour que la région retrouve sa trajectoire d’avant la pandémie.

Faibles performances, risques de surendettement, inflation et baisse des investissements

Selon le rapport, les performances économiques de l’Afrique subsaharienne ne sont pas uniformes d’une sous-région ou d’un pays à l’autre. Ainsi, la croissance du PIB réel de la sous-région Afrique de l’Ouest et centrale  est estimée à 3,4 % en 2023, contre 3,7 % en 2022, tandis que celle de la sous-région Afrique de l’Est et australe est estimée à 3,0 % en 2023, contre 3,5 % en 2022. La performance de la région est toujours tirée vers le bas par une croissance à long terme plus faible dans les plus grands pays du continent. L’activité économique en Afrique du Sud devrait encore diminuer en 2023 de 0,5 % en raison de l’aggravation de la crise énergétique, tandis que la reprise de la croissance au Nigéria pour 2023, estimée à 2,8 %,  reste fragile à cause de la faiblesse de la production pétrolière et des nombreux défis politiques que confronte la nouvelle administration. « Ces perspectives compliquent la tâche des décideurs politiques de la région qui cherchent à accélérer la reprise après la pandémie, à réduire la pauvreté et à placer l’économie sur une trajectoire de croissance durable », ont estimé les auteurs du rapport.

 « La faiblesse de la croissance, combinée aux vulnérabilités de la dette et à une croissance morose des investissements, risque de faire perdre une décennie à la réduction de la pauvreté. Les décideurs politiques doivent redoubler d’efforts pour freiner l’inflation, stimuler la mobilisation des ressources intérieures et adopter des réformes favorables à la croissance, tout en continuant à aider les ménages les plus pauvres à faire face à l’augmentation du coût de la vie. »  a déclaré Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique.

Selon les auteurs du rapport, les risques de surendettement restent élevés avec 22 pays de la région qui présentent un risque élevé de surendettement extérieur ou étant en situation de surendettement en décembre 2022. « Les conditions financières mondiales défavorables ont augmenté les coûts d’emprunt et les coûts du service de la dette en Afrique, détournant l’argent des investissements de développement indispensables, et menaçant la stabilité macro-budgétaire », souligne le rapport qui fait cas également « d’une inflation obstinément élevée et une faible croissance des investissements qui continuent de peser sur les économies africaines ». Selon le rapport, bien que l’inflation semble avoir atteint son maximum l’année dernière, elle devrait rester élevée, à 7,5 % en 2023, et dépasser les fourchettes cibles des banques centrales dans la plupart des pays. Par ailleurs, la croissance des investissements en Afrique subsaharienne est passée de 6,8 % en 2010-2013 à 1,6 % en 2021, avec un ralentissement plus marqué en Afrique de l’Est et australe qu’en Afrique de l’Ouest et du centre.

Le Kenya, la Côte d’Ivoire et la RDC : des économies résilientes aux chocs qui peuvent servir d’exemples

En dépit de ces défis dont certains persistants, le rapport note que de nombreux pays de la région font preuve de résilience face aux multiples crises. Il s’agit notamment du Kenya, de la Côte d’Ivoire et de la République démocratique du Congo (RDC), qui ont enregistré des taux de croissance respectifs de 5,2 %, 6,7 % et 8,6 % en 2022. En RDC, par exemple, le secteur minier a été le principal moteur de la croissance en raison d’une expansion des capacités et d’une reprise de la demande mondiale. « La valorisation des richesses en ressources naturelles offre la possibilité d’améliorer la viabilité des finances publiques et de la dette des pays africains », mais le rapport met en garde contre le fait que cela ne peut se produire que si les pays adoptent des politiques adéquates et tirent les leçons des périodes d’expansion et de ralentissement économique passées.

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Dans un contexte de conditions financières mondiales défavorables et de niveaux d’endettement élevés, souligne le rapport, les décideurs politiques africains doivent miser sur leur propre marge de manœuvre pour rétablir la stabilité macroéconomique, renforcer les réformes structurelles afin de promouvoir une croissance inclusive, et mettre en œuvre des politiques qui saisissent la richesse des ressources de la région pendant la transition vers des économies à faible émission de carbone. « Cette richesse naturelle recèle un grand potentiel économique inexploité pour relever les défis budgétaires et stimuler la transformation économique. La transition vers des économies sobres en carbone est irréversible et nécessitera l’utilisation de nombreux minéraux dont beaucoup sont abondants dans toute l’Afrique », relève le document.

« La décarbonisation rapide du monde apportera des opportunités économiques significatives à l’Afrique. Les métaux et les minéraux seront nécessaires en plus grandes quantités pour les technologies à faible teneur en carbone telles que les batteries. Si de bonnes politiques sont mises en place, ces ressources pourraient augmenter les recettes fiscales, accroître les opportunités pour les chaînes de valeur régionales qui créent de l’emploi, et accélérer la transformation économique.»,  a noté James Cust, économiste principal à la Banque mondiale. 

Des pistes pour dégager des marges de manœuvres en tirant profit de la manne qu’offre l’exploitation judicieuse des ressources naturelles

Ainsi, comme le met en avant le rapport Africa-s Pulse, à l’heure de la transition énergétique et de l’augmentation de la demande de métaux et de minéraux, les gouvernements riches en ressources ont la possibilité de mieux tirer parti des ressources naturelles pour financer leurs programmes publics, diversifier leur économie et élargir l’accès à l’énergie. Le rapport indique que les pays pourraient potentiellement plus que doubler les recettes moyennes qu’ils tirent actuellement des ressources naturelles. « Capturer ces ressources fiscales sous forme de redevances et d’impôts, tout en continuant à attirer les investissements du secteur privé, nécessite des réformes et une bonne gouvernance », ont mis en avant les auteurs du rapport pour qui, également, « maximiser les recettes publiques tirées des ressources naturelles offrirait un double bénéfice pour les populations et la planète, en augmentant les recettes fiscales et en supprimant les subventions implicites à la production ».

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De ce fait, préconise la Banque mondiale dans son rapport, les décideurs politiques doivent par conséquent garantir de hauts niveaux dans l’exercice par le gouvernement de ses responsabilités et dans le contrôle par le public de la taxation des ressources et des investissements dans ces dernières de façon à maximiser l’impact de ces ressources sur le développement. Des mesures telles que la divulgation des contrats, l’adhésion à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives  (ITIE) ainsi que la protection et l’élargissement de l’espace civique peuvent contribuer à une meilleure gouvernance des ressources recommande les auteurs d’Africa’s Pulse pour qui, une transition équitable pour l’Afrique dépendra essentiellement de l’exploitation réussie des avantages économiques des ressources pétrolières, gazières et minérales, notamment de la bonne gouvernance et d’une gestion macrofinancière saine des recettes tirées des ressources, tout en se préparant à un avenir sobre en carbone. « Une gestion et une gouvernance efficaces des richesses en ressources naturelles peuvent débloquer d’importantes opportunités de création d’emplois, de valeur ajoutée et d’investissements dans le développement humain » poursuit le rapport qui ajoute que « compte tenu de l’abondance des ressources naturelles, cette richesse peut jouer un rôle central dans la transformation de l’avenir économique de l’Afrique« .

Zambie : Mfikeyi Makayi devient la première femme PDG d’une compagnie minière

La start-up de la Silicon Valley KoBold Metals, spécialisée dans le recours à l’intelligence artificielle pour identifier les gisements de métaux, a nommé Mfikeyi Makayi au poste de PDG de son unité de cuivre en Zambie, faisant d'elle la première femme à la tête d'une société d'exploration minière du pays. (Crédit : présidence de la républqie de Zambie).

La start-up américaine KoBold Metals a nommé Mfikeyi Makayi PDG de son unité de cuivre en Zambie. Femme du sérail, elle a été adoubée par le président Zambien Hakainde Hichilema. Ce dernier compte en partie sur KoBold Metals et ces procédés innovants pour atteindre son objectif de tripler la production de cuivre du pays d’ici 2032.

La start-up de la Silicon Valley KoBold Metals, spécialisée dans le recours à l’intelligence artificielle pour identifier les gisements de métaux, a nommé Mfikeyi Makayi au poste de PDG de son unité de cuivre en Zambie, faisant d’elle la première femme à la tête d’une société d’exploration minière du pays. Mfikeyi Makay est diplômée en génie civile de l’université américaine Old Dominion University à Norfolk en Virginie. De nationalité zambienne et femme du sérail, elle est passée par plusieurs grandes entreprises minières dont Barloworld Equipment et chez le canadien First Quantum Minerals. Il y a deux ans celle qui vient d’être nommée PDG par la startup KoBold Metals faisait une réflexion quant à la flexibilité au cours d’une carrière sur sa page linkedin :

« (…) Au fil des ans, travailler dans le secteur minier m’a ouvert l’esprit à lire au-delà de l’ingénierie, ce qui signifiait comprendre la gouvernance, la politique fiscale, la stratégie, les investissements étrangers, l’impact social, les perceptions culturelles, le développement du capital humain, les avancées technologiques et l’environnement. Aujourd’hui, mon objectif est de rapprocher davantage de jeunes Africains de l’action moteur (secteur minier) de l’économie de notre continent. Notre avenir en dépend. Laissez-vous impliquer », a -t-elle déclaré.

Selon les données de S&P Global Market Intelligence, les femmes dirigeantes des sociétés mondiales de métaux et d’exploitation minière occupaient un peu plus de 11 % des postes de direction en 2022. En Zambie, deuxième producteur du minerai de cuivre d’Afrique, très demandé pour la transition vers une économie à faible émission de carbone, Mfikeyi Makayi espère apporter sa pierre à l’édifice. Pays riche en cuivre, abondant principalement dans sa région minière du copperbelt, la Zambie veut accélérer sa production. Le président Hakainde Hichilema a promis de faire passer la production de cuivre à 3 millions de tonnes par an d’ici 2032, contre environ 850 000 tonnes en 2022. Il a de ce fait félicité Mfikeye Makayi à la tête de KoBold Metals devra contribuer à l’atteinte de ces objectifs.

« C’est avec une grande fierté que nous félicitons Mfikeyi Makayi pour sa nomination en tant que PDG de KoBold Metals Zambia. Mme Makayi est la première femme zambienne à diriger une grande société d’exploration minière et en tant que PDG, elle dirigera les efforts de KoBold pour explorer et développer le gisement de Mingomba en Zambie à Chililabombwe, Copperbelt », a déclaré la présidence zambienne.

En Zambie, le projet de cuivre de Mingomba de la start-up américaine KoBold Metals, contient 247 millions de tonnes de minerais à haute teneur en cuivre et a nécessité environ 1 milliard de dollars d’investissements. Il s’agit d’une joint-venture avec la société australienne de capital-investissement EMR Capital et le mineur étatique ZCCM-IH. KoBold Metals travaille en collaboration avec des géants miniers comme BHP Group et Rio Tinto. Grâce va ses procédés innovants par l’intelligence artificielle, elle est soutenue par Breakthrough Energy Ventures, un fonds climatique et technologique fondé par Bill Gates de Microsoft et soutenu par Jeff Bezos d’Amazon et Richard Branson de Virgin.

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Rwanda : prêt de 319 millions de dollars du FMI

Le Rwanda quitte le bloc d’Afrique centrale de la CEEAC, en raison d'un conflit avec le Congo. (Crédit : DR).

Le Fonds monétaire international (FMI) a conclu un accord avec le Rwanda sur les politiques nécessaires pour achever les premiers examens de l’accord de prêt de 319 millions de dollars, dans le cadre de la nouvelle Facilité de résilience et de durabilité de l’institution de Bretton Woods. L’accord fait suite à la visite des experts de l’organisme bancaire sur le territoire rwandais, lesquels ont émis quelques appréciations et réserves.

Les services du FMI et les autorités rwandaises sont parvenus à un accord au niveau des services sur les politiques nécessaires pour achever les premières revues de l’instrument de coordination des politiques et du programme du Rwanda dans le cadre de la Facilité pour la résilience et la durabilité.

« L’accord est soumis à l’approbation de la direction et du conseil d’administration du FMI. L’examen par le Conseil est provisoirement prévu pour mai 2023. À l’issue de l’examen par le Conseil d’administration, le Rwanda aurait accès à 55,46 millions de DTS (équivalant à environ 74,6 millions de dollars) au titre du FSR », a déclaré Haimanot Teferra, cheffe de la mission du FMI qui a visité le Rwanda en mars.

L’économie rwandaise a enregistré une forte croissance à 8,2 % en 2022, tandis que l’inflation globale est restée élevée à 20,8 % en février. L’activité économique alimentant la demande d’importations s’est ajoutée aux pressions existantes sur les réserves de change liées à la hausse des prix des produits de base et au resserrement des conditions de financement mondiales, et a encore exacerbé les déséquilibres intérieurs et extérieurs, a noté le FMI.  

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 En effet pour les experts du fonds monétaire international, le Rwanda reste vulnérable à l’environnement extérieur sujet aux chocs, ce qui nécessite de reconstituer en urgence des tampons politiques. Une nouvelle flambée mondiale des prix de l’énergie et des engrais, une baisse plus prononcée de la croissance des partenaires commerciaux ou des évolutions des marchés financiers et géopolitiques mondiaux qui affectent négativement la disponibilité des ressources concessionnelles exerceront une pression supplémentaire sur les amortisseurs externes. Ce qui limitera l’espace politique pour faire face aux défis du développement et lutter contre le changement climatique. Les autorités de Kigali devront ainsi resserrer davantage l’orientation budgétaire et monétaire pour garder quelques marges de manœuvre.

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Pour assurer la stabilité macroéconomique, les autorités doivent continuer à mettre en œuvre un plan d’assainissement budgétaire crédible et une politique monétaire plus stricte, tout en permettant une plus grande flexibilité du taux de change. En parallèle, la poursuite de leurs efforts continus pour renforcer les institutions afin d’atteindre et de surveiller les objectifs climatiques ambitieux du Rwanda aidera à mobiliser et à allouer efficacement des ressources supplémentaires, recommande le FMI.

Mali : 120 milliards de francs CFA mobilisés sur le marché sous-régional

Crédit : DR

Le Mali a mobilisé 120 milliards de francs CFA sur le marché de la sous-région. L’annonce faite ce lundi 03 avril, fait suite à l’emprunt réalisé sur le marché UEMOA du 15 au 31 mars 2023. La confiance des marchés confirme les appréciations des services du FMI qui ont achevé leur mission de l’année 2023 pour le Mali à la fin du mois de mars.

L’Etat malien est parvenu à lever 120 milliards de Fcfa à travers l’emprunt obligataire par appel public à l’épargne « Etat du Mali 6,4% 2023-2030 ». L’information a été donnée par le ministre de l’Économie et des Finances Alfousséni Sanou dans un communiqué du 03 avril. L’opération a été réalisée par la SGI Mali, arrangeur et chef de file du syndicat de placement, avec comme co-chefs de file : Global Capital, SGI Togo et SGI Benin. Cet emprunt obligataire lancé le 15 mars 2023 sur le marché financier de l’UMOA pour un montant de 120 milliards FCFA, avecun taux d’intérêt de 6,40% et une maturité de 7 ans a été clôturé le 31 mars 2023. L’opération a permis au Trésor Public de mobiliser la totalité du montant sollicité, soit un taux de souscription de 100%.

« Ce nouveau succès témoigne de la confiance des investisseurs à l’Etat du Mali, à son gouvernement et à la politique économique, financière et budgétaire des plus Hautes autorités », se félicite le ministre dans le communiqué.

Alfousséni Sanou a également remercié le syndicat de placement et l’ensemble des investisseurs nationaux et régionaux pour la confiance renouvelée et se réjouit de leur accompagnement pour le financement des projets structurants de développement économique et social du Mali dans un contexte de resserrement de la liquidité globale de la zone.

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La confiance des marchés conforte les bonnes notes du FMI sur l’économie malienne. En effet, après plusieurs rounds de consultations, les services du FMI ont achevé leur mission de l’année 2023 pour le Mali à la fin du mois de mars. Selon les conclusions préliminaires, malgré les multiples chocs subis, l’économie malienne a relativement bien résisté avec une croissance économique supérieure à 3 % en 2021 et à 3,7 % en 2022. En dépit de la persistance de ces chocs notamment l’absence de l’appui budgétaire extérieur et les limites aux possibilités de financement en raison de la situation politique auxquelles s’ajoutent la dégradation continue de la situation sécuritaire et de l’insécurité alimentaire, la croissance devrait remonter à 5% pour les deux prochaines années selon le FMI qui la conditionne toutefois, à la tenue des élections dans les délais prévues c’est à dire en 2024.

Chronique : David Malpasse en Afrique – quelle est l’efficacité du soutien limité de la Banque mondiale à l’Afrique subsaharienne ?

Le Président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, s’est rendu au Niger puis au Togo du 29 mars au 1er avril 2023. Au menu de cette visite, le renforcement de la sécurité et de la paix, de la croissance économique inclusive et durable, de la sécurité alimentaire, de l’accès à l’énergie et à l’éducation. (Crédit : Dr).

Dans le cadre de sa tournée d’adieu, David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale, vient d’effectuer une visite du 29 mars au 1er avril 2023 au Niger et au Togo. S’il a rencontré, au cours de ce déplacement, les chefs d’Etat et partenaires respectifs de ces deux pays, en prélude aux réunions du printemps des institutions de Bretton Woods, prévues du 10 au 16 avril 2023 à Washington, évoquant des appuis supplémentaires aux programmes de développement, la taille et le montage laisse toujours à désirer.

Celui, qui contrôle l’argent, dirige le monde, a-t-on coutume de dire. Jacques Bordiot l’a très bien décrit dans son ouvrage « Une main cachée dirige », paru aux Editions du Trident. Larry Flint, CEO de Blackrock, conglomérat valorisé à 10 000 milliards de dollars, derrière les Etats Unis d’Amérique et la Chine, ne nous contredira pas. A ce titre, l’Afrique au Sud du Sahara doit prendre son destin en main. Nous continuons de croire, justement, que point de supplétifs pour des secteurs prioritaires, tels que la sécurité alimentaire, l’éducation, l’accès à l’énergie, la croissance économique et durable, le développement numérique, à la paix ou encore la protection sociale. L’Afrique au Sud du Sahara a certes besoin de soutiens financiers supplémentaires pour assurer tous les programmes de développement.

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Après une première visite en février 2021, David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale (BM), au Togo pour discuter de la coopération entre l’institution de Bretton Woods et ce pays, saluant les progrès réalisés dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, soulignant l’importance de la poursuite des réformes économiques pour soutenir la croissance du pays, puis encourageant le gouvernement à poursuivre ses efforts pour améliorer l’accès à l’électricité, renforcer le secteur privé et favoriser les investissements dans les infrastructures, il y est retourné, du 31 mars au 1er avril 2023, en compagnie de M. Ousmane Diagana, Vice-président BM en Afrique de l’ouest et du centre, et Sergio Pimenta, Vice-président Société financière internationale (SFI). Avant d’atterrir à Lomé, le président du Groupe de la Banque mondiale et sa délégation ont rencontré à Niamey au Niger, les 29 et 30 avril 2023, le président Mohamed Bazoum et les acteurs et partenaires. Le discours, dans ces 2 pays et pour la sous-région du Sahel, était quasi-identique. Il portait sur l’appui à l’agriculture, une réponse urgente à la sécurité alimentaire, à la paix, à l’éducation, au renforcement à l’accès à l’énergie.

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Sur les 10 dernières années, les financements de la BM ont quadruplé. En Afrique de l’ouest et du centre, entre avril 2020 et fin juin 2022, ce sont 234 projets qui ont bénéficié de 28,5 milliards de dolllars de la BM. Sur la seule année 2022, la SFI a injecté 9,4 milliards de dollars dans le secteur privé de 36 pays de la sous-région. Qu’on ne s’y méprenne, face aux besoins colossaux, nous trouvons ces financements insuffisants…

Quel impact pour une aide aussi limite?

ll reste légitime de se demander, quel a été l’impact de ces soutiens financiers apportés au cours des dernières années ? Les contributions à la modernisation des secteurs agricole et énergétique des pays, pour stimuler la croissance économique et réduire la pauvreté, ont-elles été à la hauteur et efficientes ? Si nous prenons l’exemple du Togo qui se trouve dans le top 15 des producteurs mondiaux de phosphates, avec 1,3 million de tonnes en 2020, la BM a fourni un premier lot de 34 000 t d’engrais. Cette assistance s’inscrit dans le Programme régional de résilience des systèmes alimentaires (FRSP, suivant l’appellation en Anglais) et va profiter à 100 000 exploitants dont 25 000 femmes. Aucun détail n’est cependant donné sur l’origine de cet engrais. Le soutien serait plus efficient si ce don de la BM avait été produit par une entreprise togolaise, à partir de la transformation du phosphate togolais. Par conséquent, l’accent doit être mis sur l’industrialisation, entre autres secteurs prioritaires, pour asseoir une croissance économique et durable dans cette partie du continent.

UEMOA : De bonnes perspectives économiques pour la région en 2023

Pour la simple raison que l’activité économique de l’Union est restée dynamique au quatrième trimestre 2022, avec une progression de 5,4 % du produit intérieur brut, à la suite d’une hausse de 5,7 % au trimestre précédent’’, a expliqué Adama Coulibaly. (Crédit : Dr).

Les économies de la zone UEMOA se portent bien. C’est la conclusion de l’organisation lors du conseil de ministres du 31 mars à Dakar. L’année 2022 s’est achevée avec un optimisme augurant de belles perspectives pour celle en cours, pour les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), a déclaré Adama Coulibaly président du Conseil des ministres de ladite organisation, relayé par l’agence de presse Sénégalaise (APS).

De bonnes perspectives économiques sont attendues pour les pays de l’UEMOA en 2023. Pour la simple raison que l’activité économique de l’Union est restée dynamique au quatrième trimestre 2022, avec une progression de 5,4 % du produit intérieur brut, à la suite d’une hausse de 5,7 % au trimestre précédent’’, a expliqué Adama Coulibaly. Le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances présidait la cérémonie d’ouverture de la première réunion du Conseil des ministres de l’UEMOA pour cette année, au siège de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). L’inflation a amorcé une décélération au quatrième trimestre 2022 pour s’établir à 7,8 %, contre 8,4 % au trimestre précédent, a signalé Adama Coulibaly en présence des ministres de l’Economie, des Finances et du Budget des pays membres de l’UEMOA.

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‘’Cette décélération du niveau général des prix est imputable aux actions menées par les autorités nationales et monétaires, ainsi qu’à la baisse du rythme de progression des prix des produits alimentaires, dont la production est en hausse de 15,9 % en 2022, contre une baisse 13,7 % l’année précédente’’, a-t-il expliqué.

La gestion des finances publiques des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine en 2022 s’est soldée par ‘’un creusement du déficit budgétaire par rapport à l’année précédente’’, a remarqué Adama Coulibaly. Le déficit s’est creusé notamment en raison des mesures prises par les Etats membres pour préserver le pouvoir d’achat des ménages, selon le président du Conseil des ministres de l’UEMOA.

‘’Le déficit budgétaire s’est rétabli à 6,4 % du produit intérieur brut en fin décembre 2022, contre 5,4 % un an auparavant’’, a-t-il constaté. Le financement du déficit public a été assuré par une mobilisation de ressources sur le marché financier régional et, dans une moindre mesure, par des partenaires extérieurs, selon M. Coulibaly. Il a invité les ministres des Finances, de l’Economie et du Budget des pays membres de l’Union à faire attention à la ‘’détérioration marquée en 2022 des indicateurs caractéristiques de la stabilité extérieure’’ de l’UEMOA. Pour toute l’année 2022, le déficit courant s’est établi à 7,7 % du produit intérieur brut, après 5,6 % en 2021.

‘’Cette détérioration des comptes extérieurs survient dans un contexte de renchérissement des produits alimentaires et énergétiques sur les marchés mondiaux, conjugué à un repli des flux nets de capitaux au titre du compte financier’’, a dit Adama Coulibaly.

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Il a adressé des messages d’encouragement au Commissaire de l’UEMOA, au gouverneur de la BCEAO et au président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), qui assistent les Etats membres dans la ‘’consolidation’’ des économies de l’Union. Le Conseil des ministres va examiner à huis clos un rapport sur la situation économique et monétaire de l’Union. Deux projets de texte régissant la commission bancaire de l’UEMOA, la loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive seront examinés par les ministres. Les membres du Conseil vont nommer des représentants des Etats membres au sein du comité de stabilité financière dans l’UEMOA et approuver des comptes de la BCEAO pour l’exercice 2022. Ils vont examiner le rapport annuel 2022 de la BOAD, procéder à l’approbation des comptes annuels de l’exercice clos en 2022 et à la modification des statuts de l’organisation.

Avec APS

Chronique : les atouts du financement de la décarbonation en Afrique

La rencontre se tiendra dans la ville de Praia, au Cap-Vert, les 11 et 12 octobre prochain, sous le patronage du bureau du Premier ministre cap-verdien.

Antonio Guterres, SG de l’ONU, soutenait naguère : « Pour éviter une catastrophe climatique, les énergies renouvelables sont la seule voie crédible. » De plus en plus, des décideurs africains ont pris cette résolution qui tienne compte de l’environnement, en l’adaptant au cadre de vie. De telles politiques convoquent d’importants chantiers sur l’existant et une nouvelle démarche économique soutenue par les financements verts.

De nos jours, avec les effets néfastes dus aux changements climatiques, les catastrophes naturelles sont plus fréquentes. Pour atténuer les dégâts causés par ces phénomènes, il est urgent d’aller vers de nouveaux paradigmes. Les secteurs clés et filières économiques, les plus impactés, sont à inscrire dans une transition écologique, permettant d’accélérer la décarbonation. Toute une feuille de route est à mettre en place, à travers une stratégie à même d’introduire des technologies de rupture. L’hydrogène bas carbone, la biomasse, l’énergie solaire, la capture de carbone… peuvent bénéficier de financements inédits et d’aides directes à hauteur de milliards de dollars.
L’avenir est au zéro carbone.

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Dans les sous-régions africaines qui accusent de graves déficits industriels, il est possible de faire l’économie de cette transition. Il sera alors possible d’aller directement vers l’implantation de Zones industrielles bas carbone ou ZIBAC. Selon les Etats, l‘une des technologies énergétiques, à savoir la biomasse, à travers la gestion des déchets, ou le solaire, l’hydraulique ou encore l’éolien, pourra être plus stratégique que l’autre. Il s’agira d’adapter la R&D et l’innovation pour asseoir ces nouvelles alternatives. A l’image des soutiens et accompagnements par l’Etat et les partenaires financiers, respectivement dans l’atténuation puis l’abolition des gaz CFC à effet de serre, il sera possible de gagner plusieurs points de compétitivité. Le Plan onusien en 5 points ci-dessous, sert de canevas. Premièrement, il faut supprimer les obstacles à la propriété intellectuelle et traiter les principales technologies renouvelables, y compris le stockage de l’énergie, comme des biens publics mondiaux. Il faut diversifier et accroître l’accès aux chaînes d’approvisionnement pour les matières premières et les composants des technologies des énergies renouvelables, sans dégrader l’environnement. Cela peut aider à créer des millions d’emplois verts, en particulier pour les femmes et les jeunes dans les pays en développement.

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Aussi, les décideurs doivent réduire les formalités administratives, accélérer les approbations pour les projets durables dans le monde entier et moderniser les réseaux. Les subventions énergétiques doivent passer des combustibles fossiles à une énergie propre et abordable. Et il faut soutenir les groupes vulnérables touchés par cette transition. De même, les investissements publics et privés dans les énergies renouvelables devraient tripler pour atteindre au moins 4 000 milliards de de dollars annuels. l’urgence serait de mettre en place des entités accréditées au Fonds Vert pour le climat, afin de bénéficier de lignes directes complètes pour le financement dans des secteurs stratégiques selon les régions ou sous-régions africaines.

Mobilisation de fonds : Des financements concessionnels pour renforcer la résilience de l’Afrique face aux crises

D’après une récente étude combinée d’agences de notation et d’institutions de Bretton Woods, une trentaine de pays en développement, qui affichaient un ratio moyen de la dette, par rapport au PIB, proche de 75% à fin 2023. (Crédit : Dr).

Face aux multiples crises et chocs récurrents dont elles sont confrontées, les économies africaines ont urgemment besoin de  financements concessionnels pour renforcer leur résilience ont plaidé les experts à l’occasion de la journée de reflexion  sur la stimulation de l’accès au Fonds de résilience et de durabilité du Fonds monétaire international (FMI), organisé le 28 mars dernier à Addis-Abeba, par AfriCatalyst et la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Alors que les crises financière, sanitaires et climatiques menacent d’inverser deux décennies de progrès en matière de développement en Afrique, les experts ont appelé à des prêts concessionnels urgents afin d’aider le continent à renforcer sa résilience et à stimuler la croissance économique. Il s’agit notamment des instruments financiers mis en place par le FMI pour la durabilité et la résilience et dont seul le Rwanda est actuellement bénéficiaire.

Selon les experts, les multiples crises, y compris la crise alimentaire et celle de l’énergie issues de la guerre en Ukraine, les effets du changement climatique, les conflits et le resserrement des conditions financières mondiales, ont accru le déficit de financement du développement et la vulnérabilité de l’endettement de l’Afrique. Lors des échanges tenus au cours de la journée dont le thème a porté sur: « Stimuler l’accès au Fonds de résilience et de durabilité du Fonds monétaire international (FMI) », organisée par AfriCatalyst et la Commission économique pour l’Afrique (CEA), le Directeur de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance de la CEA, Adam Elhiraika, a déclaré qu’au cours des six dernières décennies, « chaque récession que le monde a connue a entraîné une augmentation de la dette publique mondiale ». Ainsi, de nombreux pays africains ont ainsi vu augmenter leur dette publique et une grande partie de celle-ci a été contractée entre 2020 et 2021 alors qu’ils cherchaient à contrecarrer les effets de la pandémie du Covid-19. En conséquence, a-t-il fait remarquer, « de nombreux pays ont été aux prises avec un endettement et des frais d’intérêts élevés, ce qui a entravé la réduction de la pauvreté et a fait obstacle à leurs reprises économiques ».

« Malgré les efforts nationaux et internationaux, un nombre croissant de pays africains continuent de ployer sous le poids de la dette et du service de leur dette ; certains sont déjà surendettés ou frôlent le surendettement. Cela entrave le renforcement de la résilience aux crises futures, un renforcement essentiel pour le développement durable. », a indiqué Adam Elhiraika, Directeur de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance de la CEA.

Faciliter l’accès aux instruments du FMI pour renforcer la durabilité et la résilience

Afin d’aider les Pays en développement et ceux à revenu intermédiaire de la tranche inférieure à renforcer leur résilience aux crises externes et à atteindre une croissance durable, le FMI a créé le Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RST). Le Fonds offre un instrument de financement innovant visant à aider les pays à relever les défis structurels à long terme, tel que l’adaptation et l’atténuation du changement climatique et les pandémies : la Facilité pour la résilience et la durabilité (RSF). Afin d’aider les pays africains à accéder à ces fonds,  AfriCatalyst, une Société de conseil en développement mondial basée en Afrique, a élaboré un guide pratique visant à informer les décideurs politiques et les parties prenantes nationales sur les principales caractéristiques, les critères d’éligibilité et les objectifs du RSF. Selon les initiateurs, le guide explore comment le FMI dans le cadre du RST pourrait soutenir la conception et la mise en œuvre de politiques macroéconomiques nationales pour intégrer les risques climatiques et pandémiques ainsi que le coût de leurs adaptations dans les cadres macro-fiscaux.

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Selon le Fondateur et PDG d’AfriCatalyst, Daouda Sembene, le RST présente des avantages potentiels pour les pays africains, touchés par un endettement élevé. AfriCatalyst, avec le soutien de la Fondation Bill & Melinda Gates, a renforcé la production de données probantes et le soutien consultatif technique aux décideurs africains afin de promouvoir l’accès des pays d’Afrique subsaharienne au financement du FMI dans le cadre du RST. M. Sembene a aussi relevé qu’il y a une forte demande de financement climatique, mais que les ressources disponibles sont limitées. En exemple le FMI cherche actuellement 40 milliards de dollars pour le RST là ou il n’a réussi à lever que 26 milliards de dollars. « Les pays africains ont besoin de ressources supplémentaires », a indiqué M. Sembene, qui a fait remarquer par la même occasion que le financement climatique cumulé de 52 pays africains dans le cadre des Contributions déterminées au niveau national est estimé à 2.300 milliards de dollars.

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Selon les explications  de Fenohasina Rakotondrazaka Maret, Conseillère principale à AfriCatalyst, l’accès à ce financement du RST sera accordé en fonction de la solidité des réformes des nations et de la viabilité de leurs dettes. « Les prêts concessionnels ont une échéance de 20 ans et un différé d’amortissement de dix ans et demi. Les emprunteurs paieront ainsi un taux d’intérêt qui représente une marge modeste par rapport au taux de DTS de trois mois, où les pays les plus pauvres bénéficieront des conditions de financement les plus favorables », a expliqué l’experte.

Le Rwanda, seul pays à bénéficier encore du RSF du FMI

Le Rwanda est actuellement le seul pays africain à avoir un programme soutenu par le RSF et approuvé par le FMI. Il a reçu un financement de 319 millions de dollars américains pour ses programmes de lutte contre le changement climatique. Selon le Conseiller principal d’AfriCatalyst, Ali Mansoor, ancien Directeur adjoint du FMI, « le Rwanda a intégré les questions climatiques dans ses stratégies nationales de transformation ». Lors de la COP27, le Rwanda a , en effet, lancé son programme « Ireme Invest », destiné à financer des projets verts pour les Petites et moyennes entreprises (PME). Et d’ajouter que le Rwanda utilisera le RSF pour stimuler d’autres financements et organiser une meilleure planification dans le cadre de son processus budgétaire destiné aux risques liés au changement climatique, ainsi qu’ à accréditer son ministère de l’environnement dans le cadre du Fonds vert pour le climat et du Fonds d’adaptation.

Chronique : Face aux investisseurs prédateurs l’Afrique doit privilégier le modèle aménageur-développeur

Dénommé BlueEarth Credit Strategies II, ce fonds de crédit soutenu par une base d’investisseurs internationaux réalisera des acquisitions stratégiques dans une diversité de secteurs, sur 3 continents.

Le déficit d’infrastructures a fini par rendre un certain nombre de pays africains, la chasse-gardée de puissances qui y délocalisent des industries lourdes, y établissent ports et terminaux à conteneurs… au détriment de leur souveraineté économique. Il existe pourtant des solutions pour des implantations en  » Plug and Play « , à condition que de trouver des zones préalablement aménagées.

L’ère des terres vierges à conquérir doit être révolue en Afrique. Ce moment où un riche investisseur, cheminant le long d’un littoral, crie  » Eureka !  » tel Archimède dans sa baignoire,  » Voici l’endroit idéal pour implanter mon port, annexé d’un terminal à conteneurs «  doit nous interpeller tous ! Nous ne sommes plus à l’époque où cet ingénieur commercial de Bata revenant d’une tournée africaine confiait à son supérieur, « Il n’y a rien à faire là-bas, ils marchent tous pieds nus !  » Vous connaissez la suite … le PDG de Bata, en opportuniste, rétorqua qu’au contraire, c’est The Place to Be !

Si pour Bata, qui prit le temps d’adapter ses productions aux tailles modales, à l’environnement, au pouvoir d’achat… ce fut un grand succès, jusqu’à ce que la concurrence renverse la tendance, cependant les investisseurs actuels, qui comptent profiter au maximum d’une absence d’infrastructures ou imposer des taux prédateurs, ne prennent même pas la peine de se concerter avec les locaux, d’épouser les stratégies locales de développement, n’étudient pas l’environnement… Ils ne se fondent que sur des constats empiriques rapides pour prendre des décisions aux conséquences souvent désastreuses. Celui, qui ne se concentre que sur une belle baie, sans se retourner et avoir une connaissance approfondie de l’arrière-pays, peut opter pour remblayer des aires humides au lieu d’assécher des marécages ! En choisissant la seconde solution, il sauvegarde un écosystème permettant aux eaux terrestres de ruissellement et marines de communiquer de façon permanente. Ceci est un exemple parmi tant d’autres investissements envisagés, réalisés ou en cours de l’être.

A chaque terroir, un type d’investissement

Pour éviter autant d’impairs, nos Etats africains peuvent créer des structures, financées par une partie des fonds de caisses de pension, de dépôts et de consignations. Véritables Aménageurs-développeurs, ces entités auraient pour missions, en conformité avec les plans de développement stratégique et compte tenu des avantages comparatifs de chaque terroir, d’ériger ports, aéroports, zones industrielles intégrées, zones économiques spéciales, agropoles, haliopoles, aéropoles, giga-usines d’énergie de transition… dotés de toutes les utilités et commodités y compris la fibre optique. L’Etat africain, qui aura pris la peine de créer de telles structures, sera sevrer d’un investisseur qui pourrait l’amadouer avec la réalisation d’une très étroite route goudronnée, l’implantation d’un dispensaire… Une des premières conséquences sera la disparition d’octroi de terrains nus aux investisseurs qui s’auto-érigent en colons de facto !

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Parmi les nombreux avantages d’aménageurs-développeurs, un saut qualitatif dans l’attractivité de la destination, plus de valeur ajoutée, des filières industrielles voire agro-industrielles intégrées (de l’amont à l’aval, ex. : de la betterave au sucre raffiné, sans omettre la logistique). Toutes les zones où seraient domiciliées ces infrastructures gagneront en notoriété, en échanges et génèreront des milliards de dollars de revenus dans des villes satellites. A l’image de places ou bourses internationales, telles que Londres, Tokyo, Chicago, des matières premières, des pierres précieuses, elles seront de grands centres. Dois-je rappeler que le Chicago Mercantile Exchange, élément clé de l’infrastructure financière américaine, qui fut au début de sa création un marché pour le règlement des contrats à terme agricoles, est devenue une plaque tournante majeure pour les Bons du Trésor, les crypto-monnaies, métaux précieux, les devises étrangères et de nombreux types de produits dérivés ? 

Publié pour la première fois le 05/03/2023

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