mardi 8 juillet 2025
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Chronique : Rétrospective 2022- Une année, sous tensions inflationnistes

En juillet, la banque centrale a suspendu son cycle de hausse des taux après avoir augmenté le principal taux directeur de 475 points de base cumulés à 8,25 % depuis novembre 2021.

La crise de l’énergie a constitué un véritable casse-tête pour les dirigeants du monde. La planète sortait à peine d’une crise sanitaire qui avait fini par gripper les rouages d’économies fort éprouvées de confinements sans précédent. Le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne a été la goutte qui a fait déborder le vase. Les prix ont bondi de plusieurs points de base, atteignant 2 chiffres, voire 3, dans certains pays y compris africains, face à une moyenne mondiale autour de 8,5%.

Selon les experts du FMI, la hausse des prix s’est établie à 8,8% en 2022. L’année 2022 restera gravée dans les mémoires. La principale pression à la hausse a continué de provenir des prix des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées, de loin la composante la plus pertinente du panier de l’IPC (Indice des prix à la consommation). Aussi, ces tensions ont pesé sur les prix de l’énergie, des transports, biens et services divers, du logement et des services publics, des restaurants & hôtels, etc. Si dans une quarantaine de pays, l’inflation s’est située en deçà de 5%, dans 90 autres, ce taux a été relevé entre 5 et 10%, comme en France où il a été enregistré à 6%. Dans une soixantaine d’autre pays, notamment d’Europe de l’Est, la hausse des prix a dépassé 10%.

Une hyperinflation qui inquiète

 Au sein des pays, encore en conflits ou qui ont vécu un certain nombre de bouleversements doublés de problèmes socio-économiques majeurs, les taux d’inflation ont été plus élevés que la moyenne mondiale. A 284,9% au Zimbabwe, l’inflation a atteint 210% au Venezuela, 154,9% au Soudan, 72,4% en Argentine, mais aussi en Iran, au Yémen et au Sri Lanka, ils ont dépassé 40%. Au Nigéria, le taux d’inflation annuel a affiché 21,47 % en novembre 2022. C’est la lecture la plus élevée depuis septembre 2005. Selon les observateurs, cette tendance émane des perturbations de l’approvisionnement alimentaire, hausses des coûts d’importation dues à la dépréciation de la monnaie et à une augmentation des coûts de production.

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Dans d’autres pays africains, l’IPC a grimpé de 8,3% au Maroc, l’inflation a atteint 40,4% au Ghana, 18,7% en Egypte, 13% au Sénégal, 9,8% en Tunisie, 9,6% au Kenya, 7,6% en Afrique du Sud ou encore 5,2% en Côte d’Ivoire, suivant différentes statistiques dignes de confiance. Toujours est-il que les décideurs sont inquiets face à des taux de chômage élevés, surtout au sein d’une population active, essentiellement composée de jeunes diplômés. En 2022, tous les prévisionnistes tablaient sur une poursuite des tensions inflationnistes, le FMI prévoit une baisse du taux d’inflation mondial en 2023 qui se situerait autour de 6,5%. Un trend qui devrait s’accentuer en 2024, avec 4,1%.

Rétrospective Afrique 2022 : les faits politiques marquants de l’année en 10 actes [Partie II]

Les compétitions sportives notamment le football ont été l'un des temps forts de l'actualité en Afrique cette année avec la reprise d'évènements très attendus dont certains ont été décalés en raison de la pandémie de la Covid-19.

L’année 2022 tire à sa fin et comme il est de tradition, c’est l’occasion de tirer le bilan des 12 mois écoulées qui, comme par le passé, ont été émaillés d’évènements majeurs qui ont dominé l’actualité. En Afrique particulièrement, l’année a été particulièrement brûlante avec son lot de crises sécuritaires, d’élections à hauts risques, de conflits sociaux et politiques mais aussi d’heureux évènements qui, comme ailleurs, sont la preuve d’un continent en perpétuel mouvement avec une dynamique portée par des défis et des vents d’espoirs qui constituent les promesses d’un avenir certes plein d’incertitudes mais aussi d’opportunités. Dans ce dossier, nous revenons sur les principaux évènements qui ont marqué l’année 2022 en Afrique, à travers 10 faits majeurs dont les conséquences auront certainement des répercussions sur ceux de la nouvelle année qui s’annonce.

6-Justice et droits humains : en Guinée et au Burkina, des procès pour solder des comptes du passé et au Tchad, un nouveau massacre

L’année 2022 a été marquée sur le plan de la justice et des droits humains en Afrique, par deux procès d’envergure au Burkina Faso et en Guinée. Au pays des hommes intègres, après quatre mois d’un procès historique, le Tribunal militaire de Ouagadougou a rendu son verdict le 06 avril 2022, dans l’affaire de « l’assassinat de l’ancien chef de l’Etat, le capitaine Thomas Sankara, et douze (12) de ses proches lors du coup d’état du 15 octobre 1987 ». 34 ans après les faits, les principaux accusés dans l’affaire, l’ancien président Blaise Compaoré, le général Gilbert Diendéré et Hyacinthe Kafando ont été condamnés à la prison à vie. L’ancien chef de l’Etat et son ancien chef de la sécurité, en exil en Côte d’ivoire, n’ont certes pas été présents lors du procès, ce qui a donné au procès un certain goût d’inachevé, mais a beaucoup été salué par l’opinion africaine puisqu’il a permis de lever le voile sur une page sombre de l’histoire politique du pays mais aussi du continent. Quelques mois plus tard, d’ailleurs, l’ancien locataire de Kosyam a dans une retentissante lettre adressée au peuple burkinabé, demandé pardon à tous ses concitoyens pour tous les actes commis durant ses vingt-sept années au pouvoir, « et plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Sankara ».

En Guinée, l’année 2022 a vu également le début du très attendu jugement de l’ancien chef de la junte militaire, le capitaine Moussa Dadis Camara et d’autres anciens responsables, impliqués dans le massacre du stade du 28 septembre 2009. Après plusieurs années d’instruction avec à la clé des rebondissements spectaculaires, le procès s’est ouvert le 28 septembre 2022 à Conakry, la capitale. Retransmis en direct par les médias du pays, il est largement suivi sur tout le continent et est perçu par de nombreux défenseurs des droits humains, comme un grand pas en avant dans la lutte contre l’impunité en Afrique. Le 28 septembre 2009, en effet, une centaine de morts et autant de femmes ont été enregistrées à la suite de la répression par les forces de sécurité, d’une manifestation des partis politiques qui protestaient contre la candidature du chef de la junte à l’élection présidentielle. Le procès se poursuit encore et des sanctions exemplaires sont attendues à l’issue du processus, pour que dorénavant, de tels tragiques évènements soient bannis en Afrique.

Sur ce registre, il convient de relever un autre massacre qui a eu cours cette année, et cette fois au Tchad où, le 20 octobre 2022, plusieurs centaines de personnes qui manifestaient à travers le pays, à l’appel de groupes d’opposition pour dénoncer le maintien de Mahamat Idriss Déby au pouvoir et la décision de prolonger de deux ans la transition démocratique, ont trouvé la mort. La manifestation a été certes interdites par les autorités qui ont dénoncé une tentative d’insurrection mais la répression a été des plus sanglantes et certaines organisations comme l’ONU, estiment, que jusqu’à 150 personnes pourraient avoir été tuées lors de ces rassemblements. Une enquête internationale est en cours pour situer les responsabilités et traduire les coupables en justice.

7- Région des Grands lacs : dans l’est de la RDC, le retour des vieux démons

Ce qui n’était, en fin 2021, qu’une reprise des hostilités dans l’est du pays entre les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) et l’armée royaliste des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) est devenu en 2022, une véritable guerre diplomatique avec le Rwanda et le RDC. L’offensive des rebelles du M23, groupe majoritairement tutsi, s’est accentué ces derniers mois avec la prise, en octobre dernier, d’une importante partie du territoire du Nord-Kivu, et menaçant même la ville de Goma, le chef lieu et principale ville de cette riche province minière de l’Est de la RDC.

Depuis le début des hostilités, le gouvernement congolais n’a cessé d’accuser le Rwanda de soutenir le M23, une position partagée par l’ONU et plusieurs puissances occidentales notamment les Etats-Unis, la France, la Belgique ou l’Allemagne.

Ce que rejette Kigali pour qui, « accuser le Rwanda de soutien au groupe armé congolais du M23 est faux, et détourne des causes réelles du conflit et de ses conséquences sur la sécurité des pays voisins ».

Sous la pression internationale, les rebelles ont pris part le 23 décembre à une cérémonie symbolique de remise de la ville de Kibumba à une force militaire régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) qui joue les médiateurs. Pour autant, les tensions sont loin de s’estomper et la crise diplomatique et sécuritaire est en train de s’aggraver avec es accusations de massacre comme celui, fin novembre, de Kishishe attribué au M23 par l’ONU et qui fait cas de 131 civils tués dans une enquête préliminaire. Kinshasha s’est jusqu’à présent refuser à négocier directement avec le M23 et Kigali continue à réfuter son implication dans cette guerre qui a déjà fait des centaines de morts et de blessés ainsi que de millier de déplacés sur fonds de montée de message ethnique et haineux qui ne font qu’aggraver la tension. En attendant l’issue de cette nouvelle crise, l’espoir réside dans la force régionale d’interposition de l’EAC qui commence à se déployer dans la zone de conflits mais elle est aussi sujette à de virulentes critiques au Congo où certains soupçonnent certains pays contributeurs comme l’Ouganda de faire partie du problème.

8- Sports : l’année du football africain avec la victoire du Sénégal à la CAN et l’épopée glorieuse du Maroc à la coupe du monde

Les compétitions sportives notamment le football ont été l’un des temps forts de l’actualité en Afrique cette année avec la reprise d’évènements très attendus dont certains ont été décalés en raison de la pandémie de la Covid-19. L’année a ainsi débuté en fanfare sur le continent avec la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN), organisée au Cameroun du 09 janvier au 06 février 2022. La compétition durant laquelle vingt-quatre équipes du continent se sont opposées, s’est terminée par le sacre du Sénégal à l’issue d’un match palpitant face à l’Égypte remporté aux tirs au but. Trois ans après leur échec en finale au Caire, « les Lions de la Téranga » ont ainsi accédé pour la première fois de leur histoire.

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Avec quatre autres nations africaines notamment le Maroc, la Tunisie, le Ghana et le Cameroun, le Sénégal a fait partie des représentants du continent à la Coupe du monde de football qui s’est déroulée du 20 novembre au 18 décembre 2022 au Qatar. Une édition qui a été aussi historique pour le continent avec l’exploit sans précédent du Maroc qui a décroché la quatrième place du Mondial. Une première pour une équipe africaine ou arabe qui a été saluée comme il se doit au Maroc et dans tout le continent d’autant que « Les Lions de l’Atlas » ont marqué l’histoire du mondial de football en accédant à la demi-finale du prestigieux tournoi en livrant de matchs de hautes factures contre des équipes favorites à la prestigieuse coupe. Après avoir battu la Belgique en match de poule, les poulains du coach Walid Regragui se sont débarrassés de la grande équipe de la Roja espagnole en huitième de finale puis de celle du Portugal de la légende Cristiano Ronaldo en quarts avant de tomber les armes à la main en demi-finale face à la France (0-2), l’équipe alors championne du monde en titre. Une performance historique qui a valu aux joueurs un accueil mémorable à leur retour à Rabat et une célébration dans les principales capitales africaines et arabes.

9- Elections : des législatives mouvementées au Sénégal et un 6e mandat pour Teodoro Obiang Nguema en Guinée équatoriale

L’année 2022 a été marquée également en Afrique par des élections comme c’est le cas au Sénégal où le 31 juillet 2022, se sont tenues les législatives pour la désignation des 165 députés de la 14e législature. Des élections dont le principal enjeu était de jauger de la solidité de la majorité soutenant le Président Macky Sall à qui l’opposition prête une intention de briguer un 3e mandat à la tête du pays. Un test grandeur nature pour la prochaine présidentielle de 2024 à l’issue duquel, la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar a obtenu 82 députés contre 125 lors de la précédente élection de 2017. Une perte de terrain face à l’inter-coalition Yewwi Askan Wi (YAW) de l’opposant Ousmane Sonko et de Wallu Senegal de l’ancien chef de l’Etat Abdoulaye Wade, qui a obtenu 80 sièges à l’Assemblée nationale.  Malgré cette percée historique de l’opposition, le Président a pu sauver in extremis sa majorité absolue avec le ralliement de l’ancien maire de Dakar Pape Diop.

En Guinée équatoriale et au terme d’un scrutin anticipée sans grand suspense en novembre dernier, le Président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a été réélu avec un score officiel triomphal de 94,9%. A 80 ans dont 43 au pouvoir, le président équato-guinéen a été investi le 26 novembre dernier pour un 6e mandat de 7 ans. Son tout-puissant Parti Démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), à la tête d’une coalition de 15 partis s’est également adjugé l’ensemble des 100 sièges de députés et des 55 de sénateurs mis en jeu lors des élections législatives et locales qui se tenaient simultanément.

10- Climat : une COP27 en terre africaine et encore des promesses

L’Égypte a accueilli du 6 au 20 novembre 2022 au Centre international de conventions de Charm el-Cheikh, la 27e Conférence des Nations unies sur le climat (COP27). C’est la septième édition que cet événement international dédié à la lutte contre le réchauffement climatique est organisé sur le continent, et cette fois encore, la grande messe mondial du climat s’est terminée sur un  goût d’inachevé pour l’Afrique, qui est pourtant déjà lourdement affectée par les conséquences de la hausse des températures.

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En 2022, par exemple, plusieurs pays ont été affectés par des inondations particulièrement dévastatrices qui ont causé des centaines de morts comme au Nigeria, au Niger ou au Tchad. L’occasion donc, pour les négociateurs du continent, faible émetteur de gaz à effet de serre, de réclamer des compensations d’autant que les financements colossaux annoncés depuis des années par les principaux pollueurs du monde tardent à se concrétiser.  Après plusieurs années de discussions difficiles, un accord à minima a été conclu à la COP27 pour dédommager les pays les plus vulnérables face aux dégâts qu’ils subissent. La mise en place de ce mécanisme devrait intervenir lors de la COP28, qui aura lieu à Dubaï en novembre 2023. Qualifié d’historique, l’accord n’affiche cependant aucune nouvelle ambition concernant les gaz à effet de serre, empêchant ainsi d’agir sur les causes véritables du changement climatique. Il reste à espérer que pour les prochaines rencontres, les promesses faites à l’Afrique cette année d’intégrer le G20 et même le Conseil de sécurité de l’ONU comme membre permanant, puissent contribuer à défendre véritablement ses intérêts en la matière.  

Rétrospective Afrique 2022 : les faits politiques marquants de l’année en 10 actes [Partie I]

Au Mali, en Guinée, au Burkina Faso des transitions ont été installées à la suite des coups d’Etats et en dépit des pressions et des sanctions des Chefs d'Etat de la Cédéao, le spectre d'une contagion du retour des militaires dans la politique au niveau des autres pays d'une sous-région vulnérable a pris des proportions inquiétantes.

L’année 2022 tire à sa fin et comme il est de tradition, c’est l’occasion de tirer le bilan des 12 mois écoulées qui, comme par le passé, ont été émaillés d’évènements majeurs qui ont dominé l’actualité. En Afrique particulièrement, l’année a été particulièrement brûlante avec son lot de crises sécuritaires, d’élections à hauts risques, de conflits sociaux et politiques mais aussi d’heureux évènements qui, comme ailleurs, sont la preuve d’un continent en perpétuel mouvement avec une dynamique portée par des défis et des vents d’espoirs qui constituent les promesses d’un avenir certes plein d’incertitudes mais aussi d’opportunités. Dans ce dossier, nous revenons sur les principaux évènements qui ont marqué l’année 2022 en Afrique, à travers 10 faits majeurs dont les conséquences auront certainement des répercussions sur ceux de la nouvelle année qui s’annonce.

1- Afrique de l’ouest : les militaires de retour au pouvoir

L’année 2022 a débuté en Afrique de l’Ouest avec la persistance de l’incertitude politique qui prévalait depuis quelques années, principalement en Afrique de l’ouest.  Le 24 janvier au Burkina, des militaires sous la direction du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba Sandaogo, se sont emparés du pouvoir en renversant le régime de Roch Marc Christian Kaboré, quelques mois à peine après sa réélection pour un second mandat à la tête du Faso. Cette nouvelle irruption de la grande muette dans la sphère politique d’un pays africain est venue s’ajouter à deux autres remises en cause de l’ordre constitutionnel dans la sous-région. Au Mali déjà, des colonels qui avaient déposé en août 2020 le président élu Ibrahim Boubacar Keita sous la houlette d’Assimi Goita se sont par la suite emparé de l’essentiel du pouvoir avec un autre putsch le 24 mai 2021 et le 05 septembre de la même année, en Guinée voisine, une junte dirigée par le lieutenant-colonel Mamadou Doumbouya  a destitué le président Alpha Condé qui venait de rempiler pour un troisième mandat à la tete de la Guinée.

Dans ces trois pays, des transitions ont été installés et en dépit des pressions et des sanctions des Chefs d’Etat de la Cedeao, le spectre d’une contagion du retour des militaires dans la politique dans les autres pays d’une sous-région vulnérable a pris des proportions inquiétantes.  Des inquiétudes légitimes d’autant qu’elle se sont confirmées par la suite avec un autre coup militaire menée le 30 septembre par le capitaine Ibrahim Traoré au Burkina et des tentatives avortées en Guinée Bissau et tout récemment en Gambie.

Afin de faire face à cette situation qui est venu remettre en cause les efforts de la sous-région pour une stabilité politique gage de tout développement, l’organisation communautaire ne cesse de multiplier les initiatives pour un retour rapide de l’ordre constitutionnel dans ces pays. Avec un succès relatif car en dépit des engagements pris par les autorités de transition de ces différents pays, l’incertitude politique est toujours ambiante. C’est du reste pour parer à d’éventuels coups de force que la Cedeao a annoncé, lors du dernier sommet des chefs d’Etat d’Accra, le 4 décembre dernier, la révision de son protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance ainsi que l’opérationnalisation d’une force régionale qui aura entre autres et comme principale attribution, la restauration de l’ordre constitutionnel en cas de survenance de coup de forces dans les pays des sous régions. Une mission à haut risque et qui n’est pas vu d’un bon œil au sein de l’opinion car beaucoup estiment que le recours à l’armée est l’une des panacées aux régimes dits démocratiques qui peinent pourtant à satisfaire les attentes socioéconomiques des citoyens et qui se caractérisent plutôt par leur incapacité à faire face aux différentes crises notamment sécuritaire et économique alors que la corruption et la mauvaise gouvernance ne cessent de s’amplifier à longueur de scandales qui font  régulièrement les choux gras des médias et des réseaux sociaux.

2-Sahel : la menace terroriste s’étend aux pays côtiers

Jusque-là contenues dans les pays du Sahel notamment dans la zone dites des trois frontières (Mali-Niger-Burkina), les attaques des groupes terroristes notamment l’EIGS (affilié à l’Etat Islamique) et le JNIM (franchise au Sahel d’Al Qaeda) se sont étendues un peu plus au sud, dans les pays côtiers du Golfe de Guinée. Ce qui était redouté depuis plusieurs années est venu se confirmer en 2022 avec une série d’attaques terroristes enregistrées en Côte d’ivoire, au Togo et au Bénin.

Alors que la situation sécuritaire au Sahel n’a cessé de se dégrader avec des attaques meurtrières d’envergure que les pays du G5 Sahel ne se sont pas parvenus à circonscrire malgré l’appui des partenaires occidentaux comme la force française Barkhane, les défis sécuritaires ont pris une perspective inquiétante. La Force conjointe du G5 Sahel (FC G5 Sahel) s’est effondrée par manque de moyens mais aussi en raison des perturbations politiques enregistrées dans certains pays, Burkina et Mali principalement, et la Force Barkhane s’est vu obligé de quitter le Mali en raison de divergence avec les autorités de transition.

Désormais, c’est avec l’activation de l‘Initiative d’Accra, une organisation de coopération militaire qui réunie une douzaine de pays de la sous-région, que les Etats ouest-africain tentent de contenir cette expansion de la menace « djihadiste » qui s’accompagne de conséquences humanitaires et socioéconomiques désastreuses comme l’illustrent les macabres statistiques officiels de morts, de blessés, de déplacés ainsi que de victimes collatérales qui font régulièrement la une de l’actualité africaine ces dernières années. Pendant que la riposte d’ensemble s’organise, les groupes armés terroristes (GAT) continuent de gagner du terrain, poussant les pays à rehausser les budgets consacrés à la défense au détriment des investissements sociaux et économiques, ce qui n’est pas sans impact sur la stratégie de développement des pays concernés. Il y a péril en la demeure en effet pour de nombreux gouvernants de la sous-région, car comme c’est le cas au Mali ou Burkina, c’est leur incapacité à contenir l’expansion des menaces sécuritaires qui ont servi de prétexte aux militaires pour prendre le pouvoir même si, à l’évidence, les juntes n’ont pas aussi la recette miracle face à ce fléau qui constitue une véritable menace pour la stabilité de l’ensemble de la sous-région au-delà des pays pris individuellement.

3-Afrique francophone : la France perd en influence, la Russie et la Chine montent en puissance et les USA en embuscade

Le 15 août 2022, les derniers soldats français de la Force française au Sahel Barkhane ont officiellement quitté le Mali, conséquence d’une décision annoncée en février de la même année et surtout des relations assez houleuses entre Paris et Bamako. Ce départ a été l’un des faits majeurs de l’année et est venu administrer, une fois de plus, la preuve de la perte d’influence grandissante de la France en Afrique, notamment dans ces anciennes colonies. Il était, en effet, bien loin de l’époque où les soldats français venus à la rescousse du pays qui sombrait face à l’assaut de différents groupes terroristes, étaient accueillis en héros. C’était en 2014 et Barkhane avait remplacé Serval, une opération lancée en 2013 et qui a permis au pays de tenir le choc.

Barkhane est certes parti du Mali et les soldats français se sont certes redéployer au Niger d’où ils vont continuer à apporter des appuis militaires aux autres pays de la sous-région confrontés à l’explosion de la menace terroriste, mais il faudrait bien l’admettre, la France est en train de perdre en influence dans ce qui était jadis son pré carré. A Bamako, Ouagadougou et dans plusieurs autres capitales de la sous-région, des manifestations contre la présence militaire ainsi que la politique africaine de l’ancienne puissance coloniale ont été enregistré durant toute l’année et sur la toile, la France est vivement critiqué par une opinion qui ne cesse de monter en puissance, alimenter par des « panafricains« , qui s’érigent à coup de post sur Facebook ou Twitter ainsi que dans des médias, en nouveau défenseur de la souveraineté et de l’indépendance de l’Afrique.

Comme ses prédécesseurs, le président français Emmanuel Macron n’a eu de prôner un nouveau paradigme dans les relations franco-africaines mais la mayonnaise semble ne pas prendre tant les critiques virulentes ne cesse de s’amplifier contre le franc CFA, les soldats ou les entreprises françaises en Afrique, considérés par une certaine opinion comme les vestiges du colonialisme occidental notamment français. Cette perte d’influence de la France en Afrique principalement francophone qui ne fait guère plus de doute même à Paris, fait les affaires de nouveaux partenaires stratégiques. La Chine d’abord avec la consolidation de ses positions arrachées ses dernières années à coup d’investissements dans les infrastructures économiques mais aussi de partenariats commerciaux et surtout la Russie dont l’offensive en Afrique s’est véritablement accélérée en Afrique en 2022. Déjà présente à Madagascar, en RCA et en Libye, la Russie est de retour sur le continent où son influence s’agrandit de jour en jour comme c’est le cas au Mali avec la présence du groupe privé et controversé russe de sécurité militaire, Wagner, qualifié de fer de lance de l’offensive diplomatique de Moscou en Afrique.

La guerre d’influence que se livre en Afrique entre d’une part, les anciennes puissances coloniales occidentales notamment la France, et d’autre part de nouveau partenaires comme la Chine et la Russie, a revigoré les appétits d’une autre puissance mondiale pour le continent. Il s’agit des Etats-Unis d’Amérique (USA), qui ont également signé cette année, leur grand retour en Afrique avec la tournée effectuée dans plusieurs pays par le secrétaire d’Etat Anthony Blinken et tout récemment la tenue, du 13 au 15 décembre 2022 à Washington, de la seconde édition de l’US-Africa Leaders Summit, 14 ans après la première édition sous l’administration Obama. L’occasion pour le pays de l’oncle Sam de décliner ses nouvelles ambitions africaines avec de nouvelles promesses et d’engagements forts dans plusieurs domaines prioritaires pour le développement du continent.

4-Corne de l’Afrique : enfin un accord de paix en Ethiopie !

Le 02 novembre 2022 à Pretoria, en Afrique du Sud, Redwan Hussein, représentant du gouvernement éthiopien, et Getachew Reda, représentant du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), ont paraphé un accord de paix sous l’égide de l’Union africaine (UA). L’accord de « cessation des hostilités » est venu mettre la fin à une guerre de deux ans entre le gouvernement fédéral éthiopien, soutenu par l’armée érythréenne, et les autorités rebelles de la région du Tigré (nord), une guerre décrite par des ONG comme « l’une des plus meurtrières au monde » et qui selon l’ONU a fait, depuis son déclenchement en novembre 2020, pourrait avoir coûté la vie à un demi-million de personnes et fait plus de deux millions de déplacés. L’accord conclu cette année prévoit « un rétablissement de l’ordre public, des services au Tigré, un accès sans entrave des fournitures humanitaires » ainsi qu’un désarmement « méthodique et coordonné » des forces belligérantes.

Depuis, les choses semblent rentrés dans l’ordre et bien que les Nations unies estiment que le conflit a été émaillé de massacres qui peuvent être qualifiés « de crimes contre l’humanité commis par toutes les parties », le processus semble bien en marche et le souffle d’une paix durable souffle de nouveau dans la région en dépit de l’autre conflit qui se poursuit au sud-soudan, de la situation politique trouble au Soudan ainsi que l’instabilité sécuritaire en Somalie.

5- Afrique de l’est : au Kenya, une alternance pacifique à la tête de l’Etat

Le 05 septembre 2022, la Cour Suprême du Kenya déclarait le candidat William Samoei Arap Ruto, Président élu du pays, validant ainsi les résultats proclamés le 15 août dernier par la Commission électorale qui donnait l’ancien vice-président vainqueur avec 50,49 % des voix, William Ruto contre 48,85% pour son challenger, l’opposant Raila Odinga (48,85 %).  Quelques jours plus tard, le nouveau chef de l’Etat prêtait serment, à 55 ans, comme 5e Président du pays succédant ainsi à Uhuru Kenyatta, qui avait bouclé ses deux mandats constitutionnels à la tête de l’une des principales économies de l’Afrique de l’Est. L’évènement est assez rare sur le continent pour être souligné puisqu’à travers cet acte, le pays qui est régulièrement abonné aux crises électorales avec des milliers de morts et de blessés par le passé, vient de réussir une alternance démocratique pacifique à la tête de l’Etat.

Lors de sa prestation de serment, William Ruto, ancien vice-président d’Uhuru Kenyatta, a d’ailleurs bien mis en exergue ce fait particulier en qualifiant le processus électoral de « performance démocratique exemplaire » et en promettant d’œuvrer pour le « bien-être économique » de chaque Kényan.

Malgré les risques et les contestations, le processus électoral s’est déroulé dans un climat nettement plus transparent, compétitif et démocratique que n’importe quelle élection précédente au Kenya comme l’ont d’ailleurs souligné les observateurs qui ont également mis en avant la parfaite partition du juge électoral, des candidats ainsi que des militants des partis en compétition.

Mines-hydrocarbures : « l’Afrique suscite (…) l’intérêt de toutes les puissances qui en ont fait une zone d’intérêt vital»

Selon d’ailleurs certains observateurs, les énergies fossiles ne sont qu’une facette de la dépendance maladive des ‘’27‘’ aux importations (hors Union Européennes) et la pandémie du Covid-19 avait déjà mis en évidence la complexité des chaînes d’approvisionnement et le manque de capacité de production en Europe pour des minéraux dits ‘’critiques‘’.

Tribune : Mahaman Laouan Gaya, ancien Ministre et ancien Secrétaire Général de l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO)  

Depuis juin 2014, le monde et l’Afrique avec, assistent impuissants à un bouleversement des marchés énergétiques mondiaux en général et pétrolier en particulier. Cette crise énergétique a mis en évidence l’urgence, pour l’Afrique d’adopter ses propres stratégies de production et de sécurisation de ses approvisionnements dans un contexte de très grandes fluctuations des prix des hydrocarbures et des enjeux climatiques mondiaux exigeant à tous les pays une politique de transition énergétique. Moteur du changement climatique, les hydrocarbures ont été au cœur des débats à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques tenue à Glasgow (Ecosse). Durant les deux semaines (du 1er au 13 novembre 2021)d’échanges à cette COP26, plusieurs coalitions créées à l’occasion se sont collectivement engagées à mettre, un terme au financement des combustibles fossiles, d’ici la fin de 2022. Alors, arrêter ou même limiter le développement de projets liés aux énergies fossiles (ce qui suppose pour les pays africains renoncer au développement socio-économique et à la lutte contre la pauvreté !), aurait un impact économique profondément négatif, avec son corollaire de tensions sociales ingérables ; cette décision est par conséquent irrecevable pour les africains.

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Hasard de circonstances, c’est au sortir de cette COP26 que, le jeudi 24 février 2022, l’armée russe engagea une « opération militaire » en Ukraine contre le pouvoir politique en place. Visiblement, tous les ingrédients d’une crise multidimensionnelle internationale étaient réunis. Dès l’entame de cette invasion, les Etats-Unis et l’Union Européenne décident, de riposter vite et fort en lançant plusieurs salves de sanctions contre la Russie (divers embargos économiques, y compris sur les ressources énergétiques). Aussitôt, les prix du baril du pétrole ont, dans les échanges intra-journaliers, crevés le plafond des 100,00 Dollars américains pour afficher des records non atteints depuis la barre des 147,50 Dollars, au plus fort de la crise des subprimes. Le charbon et le gaz naturel, ressources dont la Russie est le premier producteur/exportateur mondial, ont également vus leurs prix exploser dans les instants qui ont suivi le début de cette guerre. L’invasion de l’armée russe sur l’Ukraine a mis en lumière la trop forte dépendance énergétique des pays de l’Union Européenne vis-à-vis de Moscou. Selon d’ailleurs certains observateurs, les énergies fossiles ne sont qu’une facette de la dépendance maladive des « 27 » aux importations (hors Union Européennes) et la pandémie du Covid-19 avait déjà mis en évidence la complexité des chaînes d’approvisionnement et le manque de capacité de production en Europe pour des minéraux dits « critiques ». La promotion et le développement des énergies renouvelables et des voitures électriques nécessitent l’utilisation à grande échelle de ces minéraux (exceptionnellement très abondants en Afrique), et dont l’Europe en a grandement besoin.

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Certes, les Occidentaux sont très conscients que l’ère de leur domination unilatérale touche à sa fin, et telle que les choses se dessinent, le monde qui émergerait du conflit « russo-occidental » sera bouleversé de fond en comble, avec un nouvel ordre politique, économique, énergétique et militaire complètement différent de celui (unipolaire) issu de la chute du Mur de Berlin. Et pourtant, l’Afrique a tout à gagner dans ce prochain repositionnement de l’échiquier monde. Du point de vue des ressources extractives et énergétiques, l’Afrique a plus que toute autre région du monde, un avantage comparatif manifeste. Revenons d’ailleurs un peu dans l’Histoire pour rappeler que l’exploitation pétrolière dans le monde a commencé depuis des millénaires. Cependant l’exploitation moderne en tant que telle, à partir des plateformes de forage, a commencé au début 19ème siècle en Amérique et en Asie, un peu plus tard en Europe et beaucoup plus tard en Afrique. Aujourd’hui, l’on se rend compte que certaines régions (Amérique du Nord, pays du Proche et Moyen-Orient, Mer du Nord,…) jadis pionnières de la production pétrolière sont aujourd’hui soit dans la phase de déplétion, soit dans celle de l’exploitation des hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste,…). Quant au continent africain, entré tardivement dans l’ère du pétrole moderne, seuls quatre (4) pays ont commencé une modeste exploitation pétrolière dans les années 60. Aujourd’hui, plus de 20 pays sont identifiés comme producteurs de pétrole et une trentaine d’autres mènent des opérations de prospection et de recherche. Le continent pèse pour presque 10% de la production pétrolière mondiale et peut disposer de 13 à 15% des réserves mondiales d’hydrocarbures. Les ressources en hydrocarbures africaines sont sous exploitées, voire sous explorées et leur potentiel global est là…très abondant et il n’y a l’ombre d’aucun doute que ce potentiel peut rivaliser aujourd’hui avec celui de n’importe quelle autre région du monde.

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Les ressources extractives et énergétiques que possède le continent lui offrent une chance unique de favoriser son développement humain et économique, et de se positionner comme incontournable sur l’échiquier mondial. Avec une population qui dépasse le milliard d’habitants, la consommation d’énergie primaire per capita de l’Afrique reste la plus faible du monde. Ce déficit énergétique criard dont souffrent les pays africains ne reflète nullement la rareté des ressources énergétiques, puisque l’Afrique dispose à l’état virtuel d’un potentiel considérable en énergies fossiles (hydrocarbures, uranium) et renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, géothermie, hydrogène, biomasse…et même déchets urbains). En effet, le continent abrite plus de 20% de réserves mondiales d’uranium, d’une des plus grandes réserves hydroélectriques exploitables mondiales avec un potentiel de plus de 300 GW et un productible de 1100 TWh (le continent malheureusement n’exploite que 8% de ce potentiel). Par ailleurs, l’Afrique à 15% de réserves mondiales de géothermie (15 GW), 38% en potentiel éolien (110 GW), plus de 300 jours d’ensoleillement par an (soit 11.000 GW), sans oublier les 40 milliards de m3 de gaz torchés des sites pétroliers annuellement rejetés dans l’atmosphère et les millions de tonnes de déchets urbains (énergies de récupération pouvant produire de l’électricité). Relativement « au centre du monde », facile d’accès et un pétrole brut d’excellente qualité, l’Afrique suscite en effet aujourd’hui l’intérêt de toutes les puissances qui en ont fait une « zone d’intérêt vital ». Le moment est venu pour les africains de s’affirmer courageusement sur les plans énergétique, économique, etc… dans le cadre d’une Union Africaine orientée vers son Agenda 2063, la Vision Minière Africaine (VMA) et la construction du continent pour les africains et par les africains à travers la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAf). La réorientation des activités minières, pétrolières et énergétiques au profit de la résurgence de la ZLECAf, est plus que jamais un enjeu de taille et de souveraineté économique du continent.

La crise russo-ukrainienne (crise pour les autres, mais aubaine pour l’Afrique pétrolière et énergétique) avec son risque d’enlisement, peut constituer une excellente opportunité pour les pays africains producteurs de matières premières extractives et énergétiques. Avec cette Afrique que nous voulons et qui peut être, si elle est unie et munie d’une volonté politique courageuse, être au premier peloton des producteurs des énergies de la planète et pourquoi pas jouer un rôle de premier plan dans l’hypothèse très probable d’un ‘’Nouvel ordre énergétique, militaro-économique mondial‘’.  

Par M. Mahaman Laouan Gaya, ancien Ministre et ancien Secrétaire Général de l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO)  

Chronique : rétrospective 2022 – La ZLECAF, un démarrage en catimini

Courant 2022, les avancées restent encore très timides. Accra a certes abrité, le 07 octobre 2022, une rencontre qui a réuni 7 pays (Cameroun, Egypte, Kenya, Ile Maurice, Ghana, Rwanda, Tunisie), représentant les 5 régions du fameux puzzle, où 9 catégories de produits ont été annoncées comme entrant dans le régime du marché unique.

Deux ans après son entrée en vigueur, la ZLECAf (Zone de Libre-Echange continentale africaine) reste loin des objectifs fixés à fin 2022. Actuellement, le commerce intra-africain tourne à peine autour de 16%. La dernière rencontre, le 07 octobre 2022, à l’aéroport de Kotoko à Accra au Ghana, n’a fourni qu’un timide booste.

L’Afrique ambitionne de mettre en place un marché unifié, effacer ses 90 000 km de frontières. Toutefois la tâche ne sera pas aisée. Justement, le logo de la Zone de Libre-Echange continentale Africaine (ZLECAf) est un puzzle, composé de 5 pièces. Les desseins sont clairs et portent sur la multiplication de transactions commerciales en son sein. L’objectif est de créer un marché continental unique des biens et services pour stimuler le commerce intra-africain, la croissance économique et le développement, donc profiter d’un marché de 54 Etats pour 1,3 milliard de consommateurs et d’un PIB cumulé de plus de 2 500 milliards d’euros. Après un long processus depuis 2012, la ZLECAf a été lancé le 21 mars 2018, à Kigali (Rwanda), la grande majorité des États membres de l’Union africaine (UA) ont signé l’accord. La ZLECAf vise depuis lors, de nombreux États membres qui ont également ratifié l’Accord, entré en vigueur le 1er janvier 2021, après le report en 2019 dû à la Covid-19. Si aujourd’hui, les 54 pays ont signé, la totalité n’a pas encore ratifié la convention. Le ratio toure autour de 81%.

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Courant 2022, les avancées restent encore très timides. Accra a certes abrité, le 07 octobre 2022, une rencontre qui a réuni 7 pays (Cameroun, Egypte, Kenya, Ile Maurice, Ghana, Rwanda, Tunisie), représentant les 5 régions du fameux puzzle, où 9 catégories de produits ont été annoncées comme entrant dans le régime du marché unique. Il s’agit du thé, du café, du sucre de glucose, de produits transformés à base de viande, des carreaux de céramique, de l’amidon de maïs, des pâtes, des fruits secs et des fibres de sisal. Quant au développement industriel, Equity Group s’engage à mettre sur la table 6 milliards de dollars. Mais à quel prix ?

Co-développement ou conquête de marchés de consommateurs

Les observateurs mettent le doigt sur une certaine précipitation de pays plus nantis que d’autres. En effet, les premiers veulent accélérer le processus. Ils ont notamment déjà résolu l’harmonisation de leur outil industriel aux standards internationaux de qualité, réussi une intégration de plusieurs lignes de produits exportables, une logistique aux normes avec des milliers de km d’autoroutes et de voies expresses, mais aussi entamé une série d’innovations dont celle thérapeutique, adopté des lois sur la liberté des prix et de la concurrence (grâce à l’affichage obligatoire, le marché régule) …

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Doit-on oublier qu’à côté de mastodontes, tels que l’Afrique du Sud, le Nigéria – qui traîne les pieds pour ratifier- ou l’Egypte, le continent compte un certain nombre de pays PMA (Pays moins avancés), voire de PPTE (Pays pauvres très endettés) ? Des nations où l’informel domine l’économie, à hauteur de 80%, avec un maillage autoroutier ridicule ne dépassant pas 200 km, comparé aux 4 000 km en Algérie, un chemin de fer moribond qui n’est pas à l’écartement standard et hérité de la colonisation, une disponibilité et un approvisionnement aux utilités (eau, électricité, assainissement, connexion internet) qui laissent à désirer, etc. Le développement du secteur tertiaire, inventer de nouveaux capitaines d’industries performantes, réduire les tracasseries administratives, atténuer les contrôles de change… constituent des préalables, dont on ne saurait faire l’économie. 

L’ambition des nations leaders rejoint celle des architectes de la ZLECAf. Sur la plateforme tradebarriers.africa, il est possible de porter plaintes pour dénoncer toute barrière non tarifaire. Il est fort probable que ce mécanisme de rapport, de suivi et d’élimination des barrières non tarifaires soit efficace, face à la multiplicité des tracasseries administratives, des blocages aux frontières (souvent les contrôles de gendarmerie, de police et de douane ne sont séparés que de quelques mètres). Les signalements, avec le maximum de précisions et de caractéristiques (lieu, date, produit…) peuvent être faits en ligne et bientôt par mobile. Gageons que les pays, prétendus fournisseurs pourront allègrement planter le site. Quant aux mesures de sauvegarde des économies, elles augurent déjà d’âpres moments d’arbitrage.  

Avoir les moyens de ses ambitions pour la ZLECAF

Pour accélérer les échanges commerciaux et les investissements, il faut des moyens financiers. Aussi, dans un marché unifié, tous les pays doivent pouvoir y tirer leur épingle du jeu. Or un grand nombre d’Etats parmi ceux qui se sont empressés de ratifier l’Accord, se positionnent en fournisseurs d’un marché composé de 80% de consommateurs. Cette approche est éloignée du co-développement, prôné par la ZLECAf. L’échange présuppose, « vendre » mais aussi « acheter ». A défaut de mettre la charrue avant les bœufs ou de créer plus de pauvreté en Afrique, il est impératif de mettre en place un système d’accompagnement pour atteindre des standards de qualité, une certaine péréquation des manques à gagner. D’abord, il est nécessaire d’aider à organiser le secteur privé par pays, lancer des programmes d’appui aux associations professionnelles, d’assistance aux institutions de garantie, générer des banques de développement et d’investissement ou autres véhicules financiers africains.

Dans ce sens, une récente enquête sur le financement du commerce en Afrique et son évolution durant la pandémie de Covid-19, initiée par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), en collaboration avec la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA-ONU), la Banque africaine de développement (BAD) et Making Finance Work for Africa Partnership (MFW4A), a été publié dans un rapport. Pour le Professeur Benedict Oramah, président d’Afreximbank, l’étude, qui a porté sur 185 banques africaines, représentant 58 % du total des actifs détenus par les banques du continent et portant sur janvier et avril 2020, permet de comprendre le financement du commerce en Afrique et son évolution durant la pandémie de Covid-19. Avouons qu’alors l’offre de financement du commerce a été affectée par, à la fois, la pandémie et le resserrement consécutif des conditions de financement, des pressions accrues sur la balance des paiements et des contraintes de liquidités. Le nombre de relations avec des correspondants bancaires a diminué dans toute la région et le rejet des demandes de lettres de crédit a augmenté, d’environ 38% pour les banques locales / privées et de 30% pour les banques étrangères signalant une augmentation des taux de rejet.

Ce rapport soulignait, entre autres, que sur un volume total du commerce africain à 1 077 milliards de dollars, les banques n’en assuraient l’intermédiation qu’à hauteur de 417 milliards de dollars, soit environ 40 %, alors que la moyenne mondiale est de 80 %… L’appel a été en faveur d’un meilleur dialogue entre les banques centrales et l’industrie, l’essor de la numérisation et de l’adoption des technologies, ainsi que l’accès à de meilleures données pour mieux comprendre et évaluer les risques.

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Enfin, sur un continent qui dispose d’un linéaire littoral de 26 000 km et comprend un certain nombre de pays de l’hinterland, la prise en compte du développement portuaire est importante dans le cadre d’un marché unique. Pr Najib Cherfaoui, Expert portuaire et maritime, rappelait récemment l’existence de 176 ports de commerce dont il convient de faire un système cohérent au service de la zone de libre-échange continentale africaine. Des chantiers sont en cours. Dans ce cadre, il convient d’initier le renforcement et la mobilisation coordonnée des ressources maritimes, notamment en termes de capacité des flottes de navires de commerce., sachant que 18 armateurs opèrent des dessertes maritimes sur les ports d’Afrique. Si certains ports africains jouent des rôles de hubs pour approvisionner les pays enclavés, d’autres se concentrent sur des missions nationales. Ce constat peut aussi être fait sur le routier et l’aérien, où des carences en termes de linéaire express ou de dessertes point à point est à déplorer. Quoiqu’il en soit la volonté existe, il reste à toutes les nations de jouer le jeu, à défaut de faire de la ZLECAf un mort-né.

Tunisie : réduction du déficit budgétaire à 5,5 % en 2023

Tunisie finance
Le président tunisien appelle à des amendements à la loi sur la banque centrale. Saied a déclaré lors d'une réunion avec le gouverneur de la banque centrale, Zouhair Nouri, "qu'il est temps de modifier la loi de 2016" qui a accordé à la banque le pouvoir sur la politique monétaire, les réserves et l'or.

La Tunisie table sur une réduction de son déficit budgétaire à 5,5 % en 2023 contre une prévision de 7,7 % cette année, grâce à des réformes. Pour ce faire, le pays prévoit des mesures d’austérité qui pourraient ouvrir la voie à un accord final avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un plan de sauvetage.

Au bord de la faillite financière, la Tunisie a un besoin urgent d’aide internationale. Depuis plusieurs mois, le pays est aux prises avec une crise des finances publiques qui ont fait craindre un défaut de paiement de sa dette et ont contribué à des pénuries de nourriture et de carburant, selon les détracteurs du gouvernement. Face à l’urgence, le ministère de l’Economie a indiqué vendredi que la croissance économique l’an prochain serait de 1,8%, contre 2,5% attendu cette année. Les besoins d’emprunts extérieurs de la Tunisie augmenteront l’année prochaine de 34% à 16 milliards de dinars (5,2 milliards de dollars) tandis que la dette publique devrait augmenter de 44,4% à 20,7 milliards de dinars, selon les informations de Reuters.  

Des réformes impopulaires prévues par la Tunisie

La Tunisie a conclu un accord avec le FMI pour un plan de sauvetage de 1,9 milliard de dollars en échange de réformes. Lesquelles sont considérées comme impopulaires. Il s’agit notamment de la réduction des subventions alimentaires et énergétiques et la refonte des entreprises publiques. Le pays en pleine tourmente économique vise à conclure un accord final avec l’institution de Bretton Woods dans quelques semaines. Selon le budget de l’année prochaine publié par le ministère de l’Economie, la Tunisie entend réduire les dépenses de subventions de 26,4% à 8,8 milliards de dinars. Le gouvernement cherche également à augmenter les recettes fiscales de 12,5% à 40 milliards de dinars, le taux pour certains emplois passant de 13% à 19%.

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Le puissant syndicat UGTT, qui compte environ 1 million de membres, a déclaré qu’il rejetterait la loi de finances si elle était adoptée, ajoutant qu’elle pourrait provoquer une explosion sociale. Aujourd’hui la population tunisienne est en proie à une lutte contre la pauvreté et l’inflation, qui a atteint un record de 9,8 % le mois dernier. Le ministère a déclaré qu’il s’attend à ce que les pressions inflationnistes se poursuivent avec le début des réformes, que le syndicat a qualifiées de « très douloureuses ».

Africa Tech : en Afrique, Meta multiplie les initiatives pour accompagner son expansion

L'année 2022 a été riche pour Meta la maison-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, qui compte des dizaines de millions d'abonnées sur le continent où elle est présente depuis plus d'une décennie à travers plusieurs bureaux.
L'année 2022 a été riche pour Meta la maison-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, qui compte des dizaines de millions d'abonnées sur le continent où elle est présente depuis plus d'une décennie à travers plusieurs bureaux.

Le géant du numérique, Meta poursuit son expansion en Afrique subsaharienne à travers le lancement d’une série d’ initiatives et d’investissements qui priorisent l’innovation, l’accompagnement des PME et des créateurs de contenu, ainsi que les efforts continus pour rassembler les communautés. L’entreprise, maison-mère, de Facebook, Instagram et WhatsApp, entend confirmer son engagement africain les prochaines années avec notamment, la mise en service de son câble numérique « 2 Africa », une initiative en faveur d’une plus grande accessibilité à internet et à moindre coût pour les pays africains.

Comme le disent les ivoiriens, quand quelqu’un laisse, quelqu’un prend! Alors que Twitter a entamé un désengagement du continent depuis que l’entreprise est passée sous le giron du milliardaire Elon Musk, la firme Meta de l’autre milliardaire américain de la Silicon Valley, Mark Zuckerberg, entend promouvoir son expansion en Afrique subsaharienne à travers le renforcement de ces initiatives et investissements destinés à accompagner et tirer pleinement profit d’un continent qui dispose d’un immense potentiel en terme de croissance notamment pour les TICs. L’année 2022 a été riche pour Meta la maison-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, qui compte des dizaines de millions d’abonnées sur le continent où elle est présente depuis plus d’une décennie à travers plusieurs bureaux.

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Dans un bilan rétrospectif publié ce 22 décembre 2022, Meta est revenu sur ses investissements et initiatives phares en Afrique subsaharienne à travers l’innovation, l’accompagnement des PME et des créateurs de contenus, ainsi que les efforts continus pour rassembler les communautés. Présentée à travers une infographie et une courte vidéo, la rétrospective a aussi mis en avant les projets en cours et les accomplissements clés de l’entreprise dans la région, avec un accent particulier sur le renforcement de son engagement en Afrique.

« Nous demeurons investis en Afrique et engagés auprès des différentes communautés que nous accompagnons à travers l’ensemble de la région. Le cœur de notre métier consiste à développer les outils nécessaires pour créer du contenu en ligne, tout en rapprochant les différentes communautés – que ce soit des PME, ou des créateurs et innovateurs technologiques. Nous sommes convaincus que l’immense talent que recèle le continent africain continuera à jouer un rôle clé dans le parcours de Meta », a déclaré  Enitan Denloye, Directeur régional Afrique Subsaharienne chez Meta.

Innovations et accompagnement des PME et des créateurs de contenu

Au rang des initiatives phares qui ont rythmé l’année 2022 de Meta en Afrique, plusieurs programmes et projets dans différentes sous-régions ou pays africains. Avec Facebook Reels qui a été lancé dans 20 pays en Afrique subsaharienne, l’entreprise entend aider les créateurs à monétiser leur art, à se connecter davantage avec leurs audiences et à tisser de nouveaux liens sur le fil d’actualité et sur les groupes. Le programme Facebook Protect  à quant à lui été déployée en Ile Maurice et en Afrique du Sud pour fournir plus de protection aux journalistes, aux activistes, et aux défenseurs des droits humains à travers le monde. Au Nigeria et au Ghana, paradis des cybercriminels en Afrique de l’Ouest, une campagne d’éducation #StaySafeOnInstagram a été lancée pour permettre aux utilisateurs de prendre les mesures nécessaires pour se protéger contre le piratage et le phishing.

L’entreprise a aussi massivement investit dans des formations à impact économique et social qui ont bénéficier à  plus de 65.000 participants notamment des PME et des organisations à but non lucratif, en Afrique subsaharienne grâce aux programmes qu’elle a développé comme Meta Boost, #SheMeansBusiness et le Meta Nonprofit Training Program. Un autre  programme de formations à la culture numérique a permis à 64.500 participants, en majorité des jeunes, des éducateurs mais aussi du grand public, de renforcer leur capacité en utilisation responsable et sûre des plateformes numériques dans le cadre de My Digital World, le programme phare de Meta qui a été mis en œuvre dans une dizaine de pays. Au Cameroun, par exemple, le programmed’alphabétisation numérique My Digital World a été déployé avec comme principal objectif, d’éduquer les internautes à une utilisation responsable des médias sociaux et de l’internet.

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Avec l’initiative #NoFalseNewsZone, Meta a assuré le lancement de bandes dessinées à travers le Ghana et l’Afrique francophone afin d’accompagner une campagne visant à encourager et favoriser l’esprit critique envers les messages qui circulent en ligne, tout en contribuant à minimiser la diffusion de fausses informations. Au Nigeria, et en partenariat avec l’Agence Nationale pour l’interdiction du trafic humain (NAPTIP), l’entreprise a accompagné le lancement des alertes AMBER, un programme visant à aider à retrouver les enfants kidnappés en envoyant des alertes AMBER à la communauté Facebook et Instagram locale.

Aussi et sur la même dynamique et cette fois dans l’industrie culturelle et créative, Meta a lancé avec Giannis Antetokounmpo, joueur All-Star de la NBA, un court-métrage intitulé « Naija Odyssey » relatant les racines nigérianes du jeune prodige du Basketball, ce qui a constitué le premier partenariat mondial de WhatsApp avec une marque. Avec « Future Africa: Telling Stories, Building Worlds » et en partenariat avec Africa No Filter, Meta a lancé un programme destiné à promouvoir l’usage de la Réalité virtuelle dans le récit africain pendant que la création de la plate-forme #ReelAdventures a visé à promouvoir les activités des tours opérateurs ou groupes d’aventure au Kenya dans l’utilisation des Reels afin de communiquer et partager leurs expériences de voyage. 

« Autres initiatives majeures lancées par l’entreprise en Afrique en 2022, c’est aussi la campagne internationale « Made in Africa, Loved by the World » qui vise à célébrer l’impact culturel croissant de l’Afrique sur le monde, tout en mettant en lumière huit créateurs et innovateurs d’exception à travers le continent, y compris le lancement du tout premier défi d’Afrique sur Instagram #AfricaMade Reels. Avec « No Language Left Behind », Meta a développé un modèle unique d’Intelligence artificielle (IA) avec une traduction de plus de 200 langues, dont 56 langues africaines. Meta a également lancé une campagne d’expansion sur Instagram des « Objets de Collection Numériques (NFT) » et qui a permis aux créateurs de contenu africains de partager leurs objets de collection numériques sur Instagram et de capitaliser sur leur communauté de followers pour monétiser leurs contenus. L’entreprise n’a pas manqué de rappeler également l’initiative Creators of Tomorrow  qui a mis en lumière et a célébré des talents émergents du monde entier, y compris d’Afrique, qui inspirent un nouveau mouvement de contenu créatif en ligne  ainsi que le lancement, toujours cette année, du marathon AR/VR de Meta en Afrique, en partenariat avec Imisi 3D et Black Rhino VR, et qui est destiné  à soutenir les talents africains de Réalité Étendue (XR), dans le but de créer des solutions innovantes. ou celui  de ‘Flex Naija’,  la première campagne de Meta en Afrique, visant à inspirer les créateurs nigérians à faire partie des premiers utilisateurs du métavers.

Avec le câble « 2Africa », de l’internet plus accessible et à moindre coût pour l’Afrique

L’un des plus importants projets en cours de l’entreprise technologique américaine en Afrique est le déploiement du câble « 2Africa ». Annoncé en mai 2020 et progressivement déployé avec huit partenaires locaux et internationaux, il s’agit d’un système de câbles sous-marins qui va relier, à partir de Gênes, en Italie, trois continents  l’Afrique, l’Europe et l’Asie, ce qui en fait le plus long système de câbles sous-marins jamais développé sur plus de 45 000 kilomètres.  Les travaux sont actuellement en cours et  sa mise en service est prévu en 2024.  Déjà, plusieurs atterrissages du câble ont été réalisés  à Gênes (Italie), à Barcelone (Espagne),  à Marseille (France) et dernièrement en  Egypte. Au total 46 sites en Afrique, en Europe et en Asie seront concernés et une fois mise en service, 2Africa devrait permettre de renforcer l’infrastructure Internet du pays et d’augmenter les capacités du pays en matière de connectivité Internet à haut débit, ce qui permettra aux opérateurs de répondre plus efficacement à la forte demande qui prévaut dans un contexte marqué par la transformation numérique accélérée.

«  Investir dans les câbles sous-marins permet à davantage de personnes d’accéder à un Internet plus rapide, et 2Africa est un parfait exemple de notre modèle de partenariat innovant où tout le monde profite du développement de l’infrastructure technologique pour être à la pointe du secteur en matière de routes, de capacité et de flexibilité  », a déclaré Fares Akkad, directeur régional pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord chez Meta.

En Afrique de l’ouest, l’arrivée du câble est prévu en Côte d’Ivoire est prévue pour le second semestre de l’année 2023. C’est ce qu’a annoncé le président des affaires globales de l’entreprise américaine, Nick Clegg, lors d’une rencontre qu’il a eu avec le Chef du gouvernement ivoirien, Patrick Achi, en marge du Sommet US-Africa Leaders qui s’est tenue dernièrement à Washington aux Etats-Unis. Selon le responsable de la firme américaine, cela va renforcer la présence de Meta dans le pays, où l’entreprise travaille déjà avec 300 développeurs et compte quelques 6 millions d’utilisateurs actifs de la plate-forme Facebook. A cette occasion, le premier ivoirien Patrick Achi a indiqué avoir « sollicité le renforcement des activités de Meta en Côte d’Ivoire pour accélérer le développement de l’écosystème numérique dans notre pays, à travers notamment la mise en place des infrastructures numériques et la formation des ressources humaines ». Il s’est fait en ce sens l’avocat de l’industrie créative ivoirienne auprès du groupe américain invitant l’entreprise à accompagner davantage l’écosystème numérique local, à travers la rémunération des créateurs de contenus sur les différentes plateformes de Meta.

Nigéria : Shell débourse 15 millions d’euros de réparation pour des marées noires

Pour sa défense face à cette décision judiciaire, la compagnie d’hydrocarbure a estimé que les fuites d’hydrocarbures ont été causées par un sabotage plutôt que par un défaut d’entretien, comme l’a voulu faire croire l’accusation.

Des agriculteurs nigérians et leurs communautés recevront 15 millions d’euros de compensation pour la pollution par les hydrocarbures dans leurs villages. La pollution a été causée par des fuites dans les pipelines de Shell. L’issue de cette affaire judiciaire sonne comme un avertissement pour les grandes entreprises qui polluent dans des pays en développement.

La compagnie pétrolière et Shell versera 15 millions d’euros (15,9 millions de dollars) aux communautés nigérianes qui ont été touchées par de multiples fuites d’oléoducs dans le delta du Niger, a annoncé vendredi la compagnie pétrolière dans un communiqué conjoint avec la division néerlandaise des Amis de la Terre, « Milieudefensie ». En 2008, des agriculteurs et des pêcheurs, ainsi que Milieudefensie (Amis de la Terre Pays-Bas), ont engagé des poursuites judiciaires contre le siège de Shell à La Haye en raison de la pollution pétrolière sur leurs terres. La pollution a eu lieu entre 2004 et 2007 dans les villages d’Oruma, Goi et Ikot Ada Udo au Nigeria. C’est 15 ans plus tard qu’ils ont obtenu justice.

« Si l’on regarde l’ensemble du dossier judiciaire, le gain majeur est qu’une nouvelle norme a été établie : les entreprises ne pourront plus s’en tirer en polluant et en ignorant les droits de l’homme. Maintenant, ils peuvent être appelés à rendre des comptes », a déclaré Directeur de Milieudefensie Donald Pols.

Cas sans précédent

Pour la première fois dans l’histoire, un siège social a été tenu pour responsable des agissements de sa filiale dans un autre pays. Shell a résisté à la demande pendant de nombreuses années, arguant depuis son siège aux Pays-Bas que l’affaire devait être entendue par un tribunal nigérian. Un argumentaire rejeté par le tribunal néerlandais qui ordonné en 2021 à Shell de verser une indemnisation aux agriculteurs nigérians, de nettoyer les dégâts et de prendre des mesures pour empêcher de nouveaux déversements en installant un système de détection de fuites près d’Oruma. Pour sa défense face à cette décision judiciaire, la compagnie d’hydrocarbure a estimé que les fuites d’hydrocarbures ont été causées par un sabotage plutôt que par un défaut d’entretien, comme l’a voulu faire croire l’accusation.

Finance : Ouverture de deux nouvelles Banques algériennes au Sénégal et en Mauritanie

Très en retard par rapport à son voisin marocain dans le secteur bancaire en Afrique subsaharienne, l'Algérie exprime depuis 2020 son intention de corriger ce retard.

L’Algérie veut renforcer sa présence bancaire en Afrique de l’Ouest avec l’ouverture de deux nouvelles banques au Sénégal et en Mauritanie. Un pas supplémentaire dans l’exécution de sa stratégie d’implémentation en Afrique subsaharienne où les Banques marocaines sont déjà confortablement installées.

Le Directeur Général de la Banque Extérieure d’Algérie (BEA), Lazhar Latreche, a annoncé ce mercredi à Alger l’ouverture « dans les tous prochains jours » de deux banques algériennes au Sénégal et en Mauritanie. Ces deux banques seront créées par quatre banques publiques, à savoir la BEA, la Banque nationale d’Algérie (BNA), le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) et la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR). Dans une déclaration à la presse en marge de la cérémonie de signature de deux conventions de financement avec le groupe public « Algeria Chemical Specialities » (ACS), Latreche a précisé que toutes les procédures juridiques et administratives ont été achevées pour l’ouverture de ces deux banques, approuvées par les autorités monétaires au Sénégal et en Mauritanie. Grâce à ces deux nouvelles banques, les opérateurs économiques algériens, privés et publics, pourront profiter des facilitations nécessaires dans le domaine de l’exportation et du change, selon le directeur général.

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Très en retard par rapport à son voisin marocain dans le secteur bancaire en Afrique subsaharienne, l’Algérie exprime depuis 2020 son intention de corriger ce retard. En février 2020, le président algérien, a donné le ton sur la volonté de son pays de renforcer sa coopération avec les pays au sud du Sahara. Ce qui a conduit à la mise en place de l’Agence algérienne de coopération internationale et l’annonce en mars dernier de l’implémentation de trois grandes banques publiques algériennes au Niger, en Mauritanie et au Sénégal. Une présence très faible par rapport à son voisin marocain dont les principales banques sont déjà installées dans la majorité des pays d’Afrique subsaharienne. Le groupe marocain la Banque Centrale Populaire (BCP) compte quelques 28 pays d’implantation dont quatorze en Afrique. Attijariwafa Bank est présent dans 12 pays en Afrique subsaharienne. La BMCE Bank of Africa, s’est implantée, dans 5 pays d’Afrique de l’Est, 5 pays d’Afrique de l’Ouest et dans l’océan Indien, mais aussi en RDC en Afrique centrale.

Affaire Vidiye Tshimanga en RDC : le mineur Ivanhoe dans le collimateur de la justice

Les actions d'Ivanhoe ont chuté de 11% jeudi et de 13% le mardi à la suite de ces révélations.

En République démocratique du Congo (RDC) la compagnie minière canadienne Ivanhoe Mines (IVN.TO) est rattrapée par sa proximité avec Vidiye Tshimanga, l’ancien conseiller stratégique du président Félix Tshisekedi, accusé entre autres de corruption.

Le mineur canadien Ivanhoe Mines (IVN.TO) a confirmé avoir conclu un accord l’année dernière avec une société congolaise appartenant à Vidiye Tshimanga. Il s’agit de l’ancien conseiller de Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, qui a démissionné en septembre après des allégations de corruption. La confirmation provient d’une déclaration d’Ivanhoe publiée ce lundi, dans le journal canadien « Globe and Mail », mais envoyé depuis le 14 décembre en réponse à une demande de commentaires du journal. Les actions d’Ivanhoe ont chuté de 11% jeudi et de 13% le mardi à la suite de ces révélations.

RDC : Glencore solde ses litiges à cout de 180 millions de dollars

 Tout est parti d’un rapport de l’organisation non gouvernementale The Sentry, qui a accusé la société minière de conclure des accords avec des hommes d’affaires politiquement connectés pour obtenir des droits miniers.

« Ivanhoe Mines exerce ses activités conformément aux lois nationales et internationales, y compris dans son partenariat avec les actionnaires de la RDC lorsque la loi l’exige », répond Ivanhoe dans une déclaration à « Globe and Mail » relayée par Reuters.

Dans le document, le mineur canadien Ivanhoe a expliqué que c’est au début de l’année dernière qu’Ivanhoe Mining a conclu un accord avec une société congolaise détenue Vidiye Tshimanga pour une coentreprise sur des licences d’exploration minières en RDC. Des désaccords sur les « conditions commerciales » ont conduit les deux partenaires en litiges devant la Chambre de commerce internationale pour arbitrage. Mais,face à des allégations de corruption, la Gendarmerie royale du Canada a perquisitionné le bureau d’Ivanhoe à Vancouver en novembre 2021 dans le cadre recherche d’informations sur des contrats d’exploitation minière congolaise, selon les informations diffusées par le médias canadien « Globe and Mail ».

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