Guinée : les dessous de la reprise du projet Simandou

Le coût de développement du projet Simandou estimé à 15 milliards de dollars comprend la construction d'infrastructures portuaires et ferroviaires. (Crédit : Dr)

Le projet d’exploitation du gisement de fer de Simandou est de nouveau sur les rails. Après des rencontres et négociations avec les autorités et investisseurs Chinois, la Guinée a annoncé la reprise des travaux de développement de Simandou, le plus grand gisement mondial de minerai de fer à haute teneur encore inexploité. Depuis son accession au pouvoir, le gouvernement dirigé par Mamadi Doumbouya a pris des mesures, jugées populaires, dans une tentative de reprise en main du secteur minier guinéen, longtemps plombé par la corruption et les litiges.

Les différents partenaires dans le projet de développement du gisement de Simandou à savoir l’Etat Guinéen, le consortium Winning Simandou, le groupe Rio Tinto, et le groupe China Baowu Steel se sont finalement entendus pour une reprise des travaux en mars 2023. Le gouvernement de Mamadi Doumbouya arrivé au pouvoir par un coup d’Etat le 05 septembre 2021 avait avait ordonné aux investisseurs d’arrêter les opérations sur le site en mars 2022. Une reprise des travaux a été autorisée 15 jours plus tard. Mais des désaccords sur la part des revenus à percevoir par l’Etat guinéen et le modèle de financement du projet sont aussitôt apparus, conduisant à l’arrêt du projet depuis bientôt un an.

Simandou, un projet important pour la Chine

A l’origine du déblocage, une délégation du gouvernement guinéen s’est rendue en Chine du 11 au 22 janvier pour rencontrer toutes les parties prenantes et les partenaires financiers du projet Simandou, notamment la Banque de développement de Chine, la Banque d’import-export de Chine et la Banque industrielle et commerciale de Chine. La chine, premier consommateur du minerai de fer dans le monde, selon les chiffres de la World Steel Association en 2021, cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement. Pour exploiter le gisement de Simandou, Rio Tinto, le gouvernement guinéen et Winning ont formé une joint-venture. Ils ont été par la suite rejoints par la compagnie chinoise Baowu, premier sidérurgiste mondial, qui a signé un accord de coopération avec Winning afin d’investir dans les blocs contrôlés par le consortium. Simandou est divisé en quatre blocs. Deux blocs dans le nord sont contrôlés par Winning et les deux autres ont été remportés par Rio Tinto en partenariat avec Aluminium Corp. of China et d’autres sociétés chinoises. Le coût de développement estimé à 15 milliards de dollars comprend la construction d’infrastructures portuaires et ferroviaires. Une manne financière qui devrait profiter aux populations guinéennes selon les nouvelles autorités de Conakry qui ont pris plusieurs dispositions dans ce secteur gangréné par la corruption en Afrique.

La Guinée tente une reprise en main de son secteur minier

Parmi les décisions phares, le gouvernement vient de donner en ultimatum un délai de 18 mois aux compagnies minières, banques, sociétés d’assurance ou de télécoms … pour quitter leurs locaux loués en construisant leurs sièges sociaux, afin de mieux contribuer au développement de la Guinée. Autre mesure prise pour une meilleure gestion des ressources minières est l’application stricte de l’article 198 du code minier guinéen qui stipule l’obligation d’analyse des échantillons par le Laboratoire National de la Géologie. Ce qui était jusque – là assuré par les sociétés minières.

« L’analyse des échantillons est une question de souveraineté nationale. Pour calculer les taxes d’extractions ou minières, nous prenons la quantité on multiplie par la teneur et celle-ci est multipliée par une taxe qui est de 0,75% et est multipliée par London métal exchange (LME) », a déclaré l’Inspecteur Général, Karamoko Soumah, lors d’une rencontre organisée par le laboratoire National de la Géologie en janvier.

Il a ajouté qu’en Guinée, cette teneur est donnée par les sociétés minières et plus elle est faible plus la taxe minière est faible. Faisant que les sociétés minières « n’ont aucun intérêt de dire que la teneur est élevée elles feront tout pour nous donner une teneur faible »

Les nouvelles autorités prônent la transparence, avec davantage de clarté sur les chiffres dans le secteur minier. Comme en témoignent les bulletins et bilans régulièrement publiés par le ministère des mines guinéen sur ses réseaux.

Le secteur minier est devenu un pilier de l’économie guinéenne et sa part dans le PIB du pays ne cesse de progresser, après des décennies de litiges soldées en parties par le gouvernement précédent d’Alpha Condé. Les recettes fiscales minières sont passées de 1,7 % du PIB en 2020 à 2,1 en 2021 en raison d’une amélioration dans la collecte des revenus, selon les chiffres de la Banque Mondiale.

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