Trois mois après les émeutes meurtrières au Sénégal suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, qui ont fait des milliards de dégâts matériels, les entreprises sinistrées attendent toujours une indemnisation.
Toujours pas de dédommagement pour les entreprises éprouvées par les émeutes de juin dernier, déplore le Conseil national du patronat (CNP). En juin, le Sénégal vivait sous haute tension à cause des manifestations liées à l’arrestation de la figure de l’opposition, Ousmane Sonko. Arrestation qui a provoqué des morts et d’énormes dégâts matériels. Des infrastructures étatiques ainsi que privées ont été détériorés par les manifestations. Même si le calme semble être revenu, plusieurs entreprises touchées par les émeutes ne sont pas dédommagées par l’État.
« Le calme est revenu, y compris d’un point de vue financier pour les entreprises qui ont été touchées. Le seul problème pour ces entreprises, c’est qu’elles n’obtiennent aucun dédommagement, ni de l’État ni de la CEDEAO, [au moment où] ils appliquent des sanctions aux autres pays », selon le président du Conseil national du patronat (CNP), Baïdy Agne.
Le Conseil national du patronat a déploré la perte de centaines de milliards de francs CFA dans de nombreux secteurs, lors des violentes manifestations de juin. Le patron des patrons du Sénégal estime que des entreprises du secteur privé du pétrole et du gaz, de la grande distribution, des télécommunications et du numérique ont été brûlées, pillées et vandalisées. Il s’en est suivi un arrêt des activités économiques quasi généralisé pendant trois jours. Le tout équivalent à des centaines de milliards de francs CFA perdus en investissements et en chiffres d’affaires.
Il a évoqué les difficultés du secteur privé à faire face au nombre conséquent de jeunes qui arrivent sur le marché du travail « Nous avons des populations jeunes. Au Sénégal, chaque année, à peu près 200.000 personnes arrivent dans le monde du travail. Or, la capacité du secteur privé aujourd’hui n’est pas suffisante pour les absorber », a souligné le Président des organisations patronales du pays, dans les colonnes de l’agence presse sénégalaise (APS). Répondant à une question relative au sentiment anti-français, Baidy Agne estime qu’il n’en est rien. Il a argué que dans le secteur privé, ils n’ont pas de problèmes non plus avec la France parce que beaucoup d’entreprises françaises sont membres de l’organisation patronales et ils ont les mêmes préoccupations par rapport à l’environnement des affaires, sur le plan administratif, fiscal et douanier. Il a en outre signalé « la ferme volonté des Africains à être un peu plus souverains, à avoir une plus grande maîtrise de leur économie, de leur pays et de ce qu’ils font ».
Le président du CNP, lance un cri de cœur à l’endroit des autorités pour une plus grande implication du secteur privé local dans l’exécution des projets de l’État. « Je pense que tout le monde est pour une préférence nationale. Sur les marchés, nous devons l’intégrer. Cela ne signifie pas donner carte blanche à la non-compétence, mais dans le contexte actuel, et, surtout dans des projets structurants, il faut que l’on puisse impliquer le secteur privé local », a déclaré Baidy Agne.