mercredi 9 juillet 2025
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Sénégal : 400 millions d’euros de financement de la BID, après l’accord SPPM/2023-2027

Dans le sillage du protocole d’accord avec la Banque Islamique de Développement (BID) - un document stratégique intitulé « Stratégie Partenariat pays membres 2023-2027 (SPMM) » - le Sénégal signe un Plan Annuel 2023 de 400 millions d'euros ainsi que le Programme des pays Ponts Commerciaux Arabo-Africains avec l’ITFC une branche de la BID.

Dans le sillage du protocole d’accord avec la Banque Islamique de Développement (BID) – un document stratégique intitulé « Stratégie Partenariat pays membres 2023-2027 (SPMM) » – le Sénégal signe un Plan Annuel 2023 de 400 millions d’euros ainsi que le Programme des pays Ponts Commerciaux Arabo-Africains avec l’ITFC une branche de la BID. Un financement en soutien aux secteurs-clés de l’économie, au commerce, au « Plan Sénégal Emergent » et pour le maintien d’une reprise économique vigoureuse.

La Banque Islamique de Développement (BID), par le biais de la Société Internationale Islamique de Financement du Commerce (ITFC) a signé un Plan Annuel 2023 de 400 millions d’euros avec le Sénégal. C’est dans le cadre de l’accord-cadre quinquennal révisé de 1,5 milliard de dollars signé en 2021 pour inclure de nouveaux secteurs prioritaires. Le Plan annuel, avec plus de 1 milliard de dollars de financement et de programmes de facilitation du commerce fournis depuis la création de l’ITFC en 2008, vise à soutenir des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, l’énergie et la santé, en plus du secteur privé.

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Auparavant, ce 27 janvier 2023 le Sénégal a signé un protocole d’accord avec la BID, un document stratégique intitulé « Stratégie Partenariat pays membres 2023-2027 (SPMM) » , en présence d’Oulimata Sarr, et du président du groupe de la BID, Muhammad Sulaiman Al Jasser. Il s’aligne sur les objectifs stratégiques de l’institution internationale et les priorités nationales, prenant en compte le contexte actuel de crise économique. Le document énonce la stratégie globale et l’engagement de la BID au Sénégal pour la période 2023-2027 pour une enveloppe de 2,7 milliards de dollars, a indiqué Al Jasser, soulignant que ces fonds vont permettre « de renforcer de la sécurité alimentaire, améliorer des infrastructures de soutien au secteur agricole, accroître l’accès au financement et la création d’emplois ».

Un programme des pays Ponts Commerciaux Arabo-Africains (AATB)

L’ITFC a également signé avec le Sénégal le programme des pays Ponts Commerciaux Arabo-Africains (AATB) , qui devrait s’étendre sur les deux prochaines années (2023-2024) et couvrir des interventions sur le développement des capacités et la promotion du commerce dans divers secteurs comme l’agroalimentaire, les produits pharmaceutiques et le e-commerce. Le programme de l’AATB renforce les efforts du gouvernement pour intensifier le commerce entre le Sénégal et ses homologues africains, ainsi que pour diversifier et accroître le volume de ses échanges avec la région arabe. Il couvre le déploiement de projets commerciaux et soutient les secteurs à fort potentiel, conformément à la mise en œuvre de l’accord sur la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf). La cérémonie de signature s’est déroulée le 30 janvier à Dakar en présence de Mme Oulimata SARR, Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération de la République du Sénégal et d’Hani Salem Sonbol, Directeur Général de l’ITFC.

« Je me réjouis de la coopération entre le Sénégal et l’ITFC, qui montre un réel dynamisme et met en évidence le fait que le Sénégal est un partenaire stratégique de l’ITFC. Je voudrais exprimer notre appréciation du travail effectué par l’équipe de l’ITFC ici à Dakar, qui ne relâche pas ses efforts pour fournir au Sénégal le soutien nécessaire pour atteindre nos objectifs et mettre en œuvre le « Plan Sénégal Emergent », a déclaré Oulimata SARR.

L’ITFC soutient le financement et le développement du commerce au Sénégal depuis sa création en 2008, avec plus de 1,4 milliard de dollars de financement et de programmes de facilitation du commerce.

“Nous nous sommes donc engagés à soutenir le « Plan Sénégal Emergent » et à renforcer notre intervention dans des domaines stratégiques tels que la chaîne de valeur agricole, la sécurité alimentaire et énergétique, et le secteur des petites et moyennes entreprises. Nous restons également de fervents défenseurs du commerce intra-africain et de la mise en œuvre de programmes dans le cadre de l’AATB, car ces programmes constituent un moteur important pour la mise en œuvre de l’Accord de Libre-Échange Continental Africain”, a expliqué Hani Salem Sonbol.

Il convient de noter que l’ITFC et le Sénégal ont signé en 2019 un accord-cadre quinquennal de 1,5 milliard de dollars qui couvrait les secteurs prioritaires à savoir, l’énergie, l’agriculture et les PME. Un amendement à l’accord-cadre a été signé en novembre 2021 pour inclure de nouveaux secteurs prioritaires, notamment le secteur de la santé compte tenu de l’impact du COVID-19.

Chronique : Quelle part de la chaine du froid dans la souveraineté alimentaire ?

Aussi, la chaine du froid, qui va de la ferme au consommateur final, en passant par le transport (plusieurs fois maillon), le stockage, l’agro-industrie, le supermarché… se présente comme une solution dans la valorisation, pour générer des revenus, réduire le chômage... (DR : Frisomat Africa).

En Afrique au sud du Sahara, le moins que l’on puisse dire est que l’eau est abondante et les terres fertiles, à tel point que l’autre disait « un stylo, jeté par terre, finit par pousser ! » Même en l’absence de politiques agricoles intensives et modernes dans nombre de pays, les pertes de récoltes sont chiffrées à hauteur de 400 millions de tonnes par an, selon la FAO. Des pertes, dues notamment à une inadéquation ou à une absence de la chaine du froid.

Le secteur primaire joue un rôle prépondérant dans la souveraineté alimentaire d’une nation, à condition que les produits de l’agriculture, de la pêche ou de l’élevage servent à nourrir les populations, voire générer des revenus. La valorisation passe par une transformation qui donne plus de valeur ajoutée, mais aussi par la conservation.

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Ce secteur a été plébiscité par les Physiocrates qui ont défendu que seule la terre est nourricière. En effet, elle donne beaucoup plus qu’elle ne reçoit. C’est le cas en Afrique, où des stations pluviométriques reçoivent plusieurs mètres d’eau de pluie par an- des niveaux comparés à quelques centimètres ailleurs, singulièrement au Maghreb- et des contrées sont traversées par des cours d’eau permanents et impétueux. Fort heureusement l’agriculture continue d’occuper la majeure partie des populations dans cette partie du monde et les récoltes peuvent être très souvent abondantes. Le défi réside dans la pérennisation des politiques agricoles qui pâtissent de pertes post-récoltes trop importantes. A titre d’exemple, en Afrique au sud du Sahara, sur la période 2000-2010, les statistiques de la FAO font état d’une perte de 70% des récoltes, faute d’une chaine de froid. Ce sont donc 70% de (en millions de tonnes Mt) 72,063 Mt de fruits, 33,802 Mt de légumes, quelques 225,500 Mt de racines et tubercules, 11,332 Mt de viande, 24 Mt de lait ou encore 6,140 Mt de poissons qui ont été perdues. Jusqu’à présent cette tendance ne s’est pas infléchie.

La chaine du froid, comme solution

Aujourd’hui que le froid se conforme dans l’utilisation de réfrigérants, certes inflammables, mais respectueux de l’environnement, tels que les R 600, R 600a, R 290, R 32, R 1234f, etc. Justement, la couche d’ozone, naguère attaquée en partie par des gaz à effet de serre, tels que les CFC, est en train de se reconstituer. Ces nouveaux réfrigérants remplacent les CFC qui sont bannis depuis le Protocole de Montréal puis l’Amendement de Kigali.

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Aussi, la chaine du froid, qui va de la ferme au consommateur final, en passant par le transport (plusieurs fois maillon), le stockage, l’agro-industrie, le supermarché… se présente comme une solution dans la valorisation, pour générer des revenus, réduire le chômage… Au-delà de répondre aux ODD, aux défis des changements climatiques et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA), ce secteur peut introduire des Bourses de Matières Premières qui finiront par hisser définitivement ces régions africaines sur la rampe du développement. Transversale, la réfrigération contribue enfin à des branches aussi diverses que la santé, tout le secteur secondaire (industries) et au bien-être, par sa composante « Air conditionné ». De l’avis de nombre d’observateurs, il est grand temps que l’Afrique, au climat chaud, s’approprie du froid et l’ôte d’une paradoxale nomenclature douanière des produits de luxe pour le placer dans celle de produits d’équipements à exonérer ? 

Agriculture : 30 milliards de dollars de financement pour l’Afrique

Dans la Déclaration de Dakar, les dirigeants ont convenu d'allouer au moins 10 % des dépenses publiques pour augmenter le financement de l'agriculture.

Organisé par le gouvernement sénégalais et la Banque africaine de développement, le Sommet africain sur l’alimentation a rassemblé 34 chefs d’État et de gouvernement, 70 ministres et partenaires de développement, pour travailler sur des pactes qui transformeraient l’agriculture en Afrique. Le président irlandais Michael D Higgins a assisté aux trois jours du sommet. Les partenaires se sont engagés à financer la production agricole en Afrique. Parmi eux la Banque africaine de développement (BAD), qui prévoit d’apporter 10 milliards de dollars sur cinq ans, et la Banque islamique de développement, 5 milliards de dollars.

« Le message était clair : nous travaillerons ensemble pour soutenir fortement la mise en œuvre des pactes de livraison de produits alimentaires et agricoles au niveau des pays », a déclaré Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement, s’adressant à la plénière de clôture.

Il a déclaré que les chefs d’État et de gouvernement se sont engagés à mettre en place des conseils consultatifs présidentiels de haut niveau pour superviser la mise en œuvre des pactes, qui seront présidés par les présidents eux-mêmes dans leurs pays respectifs. « Avec une forte volonté et détermination collectives, nous travaillerons en coordination et en partenariats pour aider les pays à réussir », a-t-il affirmé. Dans la Déclaration de Dakar, les dirigeants ont convenu d’allouer au moins 10 % des dépenses publiques au financement de l’agriculture. Ils ont également décidé d’aménager d’importants espaces de production pour stimuler la productivité et accroître la résilience afin d’atteindre la sécurité alimentaire et l’autosuffisance.

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Dans son discours de clôture, le Premier ministre sénégalais Amadou Ba a qualifié le sommet de « succès retentissant ». « L’agriculture crée des emplois et favorise la richesse et la santé », a-t-il déclaré et a appelé tous les citoyens africains à se rassembler et à s’entendre sur un programme commun dirigé par les Africains pour les Africains. il a ajouté que :  » C’est un paradoxe que l’Afrique soit le plus grand continent mais aussi le plus dépendant. Dès maintenant, il faut en finir avec la dépendance. L’Afrique doit consommer ce qu’elle produit et produire ce qu’elle consomme« .

Une assistance et un écho international

Le président irlandais Michael Higgins, qui a assisté aux trois jours du sommet, a appelé à un soutien mondial pour le programme  » Nourrir l’Afrique « .

« Faisons de ce siècle celui de l’Afrique, celui qui verra le continent se libérer de la faim, un continent partagé dans une famille mondiale, un continent fondé sur les fondements solides du respect des institutions, des traditions, des expériences et des sagesses de chaque nation », a déclaré le président Higgins.

Dans un message vidéo, la directrice générale néerlandaise de la coopération internationale, Kitty Van Den Heijden, a annoncé que son pays engagerait 450 millions d’euros supplémentaires au cours des cinq prochaines années dans des programmes de sécurité alimentaire axés sur l’Afrique subsaharienne. Elle a déclaré que le pays soutiendrait également la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence de la Banque africaine de développement avec 30 millions de dollars.  » Nous n’avons pas de temps à perdre ; nous devons agir et construire des systèmes alimentaires plus résilients « , a-t-elle ajouté. Le président de la Banque islamique de développement, le Dr Muhammad Al Jasser, a aussi promis un soutien continu pour stimuler la production alimentaire en Afrique. Le Canada et l’Allemagne se sont également engagés à soutenir le programme Nourrir l’Afrique.

Croissance économique: de la résilience et des perspectives stables pour l’Afrique selon la BAD

Le président Américain Joe Biden prévoit d'améliorer le programme commercial américano-africain, pas seulement à le renouveler. Lancé pour la première fois en 2000, l’AGOA offre l’opportunité aux exportations des pays africains éligibles un accès aux franchises de droits aux États-Unis, un vaste marché de consommation au monde. (Crédit : DR).

Dans la première édition de son rapport sur les Performances et perspectives macroéconomiques qu’elle vient de rendre public, la Banque africaine de développement (BAD) s’est félicitée de la bonne dynamique sur laquelle surfe l’économie africaine dont les projections de croissance pour les deux prochaines années évoluent mieux que les prévisions mondiales. Avec une croissance positive et les cinq régions du continent qui font preuves d’une véritable résilience avec des perspectives stables à moyen terme, l’économie des pays africains semble braver la conjoncture mondiale malgré l’amplification des chocs. Toutefois, le rapport a émis certaines réserves sur les perspectives, compte tenu des risques mondiaux et régionaux actuels et qui imposent, selon la BAD, la prise de mesures politiques audacieuses pour atténuer les risques cumulés.

De l’optimisme et de l’espoir en dépit de quelques craintes! C’est en substance l’essentiel à retenir de la première édition du « Rapport de  performances et perspectives de l’économie africaine » que vient de publier la BAD. Dans ce premier rapport du genre, qui sera mis à jour semestriellement, les experts de la banque panafricaine a mis en avant les vents favorables qui accompagnent la bonne dynamique de la croissance des pays du continent avec des prévisions qui sont meilleurs que celles de l’économie en 2023-2024. La croissance économique de l’Afrique devrait dépasser celle du reste du monde au cours des deux prochaines années, avec un produit intérieur brut (PIB) réel d’environ 4 %, un bien bon cru par rapport aux moyennes mondiales prévues de 2,7 % et 3,2 %, a indiqué la BAD dans son rapport.

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Le rapport qui s’est appuyé sur une analyse complète de la croissance régionale montre que les cinq régions du continent restent résilientes avec des perspectives stables à moyen terme, bien qu’elles soient confrontées à d’importants vents contraires résultant des chocs socio-économiques mondiaux. Il identifie également les risques et appelle à des mesures monétaires et fiscales robustes, soutenues par des politiques structurelles, pour y faire face.

Perspectives favorables malgré des risques

Selon le rapport, la croissance moyenne estimée du PIB réel en Afrique a ralenti à 3,8 % en 2022, contre 4,8 % en 2021, dans un contexte de défis majeurs consécutifs au choc du Covid-19 et à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Malgré ce ralentissement économique, 53 des 54 pays d’Afrique ont affiché une croissance positive et les cinq régions du continent restent résilientes avec des perspectives stables à moyen terme. Toutefois, le rapport a émis une réserve sur les perspectives compte tenu des risques mondiaux et régionaux actuels. Ces risques comprennent notamment la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, le durcissement des conditions financières mondiales et l’augmentation connexe des coûts du service de la dette intérieure.

Aussi, indique le document, « les changements climatiques,  avec leurs effets néfastes sur l’approvisionnement en denrées alimentaires et le risque potentiel d’un changement de politique dans les pays où se tiendront des élections en 2023 représentent des menaces tout aussi redoutables ».

Dans une allocution qu’il a prononcé lors du lancement du rapport à Abidjan, le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a déclaré que la publication de ce nouveau rapport intervenait à un moment où les économies africaines, confrontées à d’importants vents contraires, démontraient leur résilience. « Avec 54 pays à différents stades de croissance, différentes structures économiques et diverses dotations en ressources, les effets des chocs mondiaux varient toujours en fonction de la région et du pays. Le ralentissement de la demande mondiale, le durcissement des conditions financières et la perturbation des chaînes d’approvisionnement ont donc eu des répercussions différentes sur les économies africaines », a-t-il déclaré avant de souligner que malgré la confluence de chocs multiples, la croissance dans les cinq régions africaines a été positive en 2022 et les perspectives pour 2023-2024 devraient être stables. Présente également à la cérémonie de lancement,  Niale Kaba, ministre de la Planification et du Développement de Côte d’Ivoire, a déclaré que la publication de ce rapport par le Groupe de la Banque BAD, à cette période de l’année, est une excellente opportunité pour l’Afrique et ses partenaires mondiaux.

« Nous avons besoin de ces mises à jour régulières pour évaluer les performances et les perspectives macroéconomiques de nos pays. Ces informations fiables faciliteront la prise de décision et la gestion des risques pour les investisseurs potentiels en Afrique », a indiqué la ministère ivoirienne.

Croissance robuste pour de nombreuses économies africaines

Le rapport fait particulièrement ressortir que les cinq économies africaines les plus performantes de la période pré-Covid-19 devraient connaître une croissance de plus de 5,5 % en moyenne en 2023-2024 et retrouver leur place parmi les dix économies les plus dynamiques du monde. Il s’agit du Rwanda (7,9 %), de la Côte d’Ivoire (7,1 %), du Bénin (6,4 %), de l’Éthiopie (6,0 %) et de la Tanzanie (5,6 %). D’autres pays africains devraient connaître une croissance supérieure à 5,5 % au cours de la période 2023-24 comme la République démocratique du Congo (6,8 %), de la Gambie (6,4 %), de la Libye (12,9 %), du Mozambique (6,5 %), du Niger (9,6 %), du Sénégal (9,4 %) et du Togo (6,3 %).

« L’Afrique peut et va atteindre une croissance de 7 % ou plus par an de manière constante dans les décennies à venir. Ce que nous verrons, en nous fondant sur la résilience que nous constatons dans ce rapport, c’est une véritable accélération du développement durable de l’Afrique, qui fera du continent la composante à croissance rapide de l’économie mondiale « , a commenté l’économiste Jeffrey Sachs, directeur du Center for Sustainable Development (Centre pour le développement durable) de l’université de Columbia, a salué le rapport qui, selon lui, montre que les économies africaines sont en pleine croissance et qu’elles progressent de manière constante.  » L’Afrique est l’endroit où il faut investir « , a aussi estimé M. Sachs qui est également  envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres pour les Objectifs de développement durable (ODD).

L’Afrique centrale plus dynamique, embellie attendue en Afrique de l’ouest et australe

L’aperçu  des perspectives économiques dans les régions contenu dans le rapport montre en détails les perspectives favorables des différentes économies  malgré la confluence de multiples chocs. En Afrique centrale, la croissance est soutenue par des cours favorables des matières premières ce qui fait que la croissance estimée est la plus rapide du continent à 4,7 % cette année, contre 3,6 % en 2021.  En Afrique australe, a croissance est celle qui a le plus ralenti, passant de 4,3 % en 2021 à environ 2,5 % en 2022, un ralentissement qui résulte selon le rapport, de la faiblesse de la croissance en Afrique du Sud, où la hausse des taux d’intérêt, la faiblesse de la demande intérieure et les coupures de courant persistantes ont pesé sur l’économie.

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Pour ce qui de l’Afrique de l’ouest, note le document, la croissance devrait ralentir à 3,6 % en 2022, contre 4,4 % en 2021 en raison notamment des ralentissements en Côte d’Ivoire et au Nigeria, les deux plus grandes économies de la région. La croissance du Nigeria en 2023, bien qu’affectée par le Covid-19, l’insécurité et la faiblesse de la production pétrolière malgré la hausse des prix internationaux du pétrole,  pourrait bénéficier des efforts en cours pour rétablir la sécurité dans la région productrice de pétrole en proie à des troubles. En Afrique du nord, la croissance devrait baisser de 1,1 %, passant de 5,4 % en 2021 à 4,3 % en 2022, en raison de la forte contraction en Libye et de la sécheresse au Maroc. Selon les auteurs du rapport de la BAD, elle  devrait se stabiliser à 4,3 % en 2023, soutenue par un fort rebond attendu dans ces deux pays et une croissance soutenue ailleurs dans la région. Enfin, en Afrique de l’Est, il est attendu que la croissance ralentisse à 4,2 % en 2022, contre 5,1 % en 2021. Toutefois, elle devrait se redresser pour atteindre en 2023 et 2024 la moyenne pré-pandémique supérieure à 5,0 %. Selon le document, bien que la structure de production de l’Afrique de l’Est soit relativement diversifiée, les pays de la région sont en grande partie des importateurs nets de produits de base, ce qui fait qu’ils  subissent donc de plein fouet la hausse des prix internationaux, en plus des chocs climatiques récurrents et de l’insécurité, notamment dans la Corne de l’Afrique.

Des politiques audacieuses pour aider les économies africaines à atténuer les risques cumulés

Dans son rapport, la BAD a également préconisé l’adoption de mesures politiques audacieuses à l’échelle nationale, régionale et mondiale pour aider les économies africaines à atténuer les risques cumulés. Des mesures fortes qui consiste en un mélange de politiques monétaires, fiscales et structurelles. Il s’agit notamment et selon les auteurs du rapport, d’un resserrement rapide et agressif de la politique monétaire dans les pays à forte inflation, et un resserrement modéré dans les pays où les pressions inflationnistes sont faibles. « La coordination efficace des actions budgétaires et monétaires optimisera les résultats des interventions ciblées visant à maîtriser l’inflation et les pressions budgétaires« , recommande le rapport qui a insisté également sur le renforcement de la résilience grâce à la stimulation du commerce intra-africain, notamment en ce qui concerne les produits manufacturés, afin d’amortir les effets de la volatilité des prix des produits de base sur les économies. Aussi, il a été recommandé l’accélération des réformes structurelles pour renforcer les capacités de l’administration fiscale et investir dans la numérisation et la gouvernance électronique afin d’améliorer la transparence, de réduire les flux financiers illicites et d’accroître la mobilisation des ressources intérieures. La BAD a aussi milité pour l’amélioration de la gouvernance institutionnelle et l’adoption de politiques susceptibles de mobiliser les financements du secteur privé, en particulier dans le cadre de projets entièrement nouveaux, à l’épreuve des changements climatiques et des pandémies, et mobiliser les ressources de l’Afrique pour un développement inclusif et durable. Enfin, l’autre recommandation importante, c’est la prise de mesures décisives pour réduire les déficits budgétaires structurels et l’accumulation de la dette publique dans les pays confrontés à un risque élevé de surendettement ou déjà en situation de surendettement.

 » L’Afrique a un rôle important à jouer dans la stimulation de la croissance inclusive et du développement durable au niveau mondial. Il existe de nombreuses opportunités d’investissements intelligents dans des secteurs clés : agriculture, marchés de l’énergie, minéraux, infrastructures de santé et industries pharmaceutiques, industrie légère, transport et logistique, économie numérique, etc. Le continent reste une mine d’or pour les investisseurs avisés à l’échelle mondiale » a souligné, lors de la présentation du rapport,  l’économiste en chef et vice-président par intérim de la BAD, Kevin Urama, pour qui,  « l’Afrique reste une destination favorable aux investissements dans le capital humain, les infrastructures, le développement du secteur privé et le capital naturel ».

A noter que selon la BAD, le rapport « Performances et perspectives macroéconomiques » sera publié aux premier et troisième trimestres de chaque année. Il vient compléter le rapport annuel de la Banque sur les Perspectives économiques en Afrique, qui se concentre sur les principaux thèmes politiques émergents qui sont pertinents pour le développement du continent.

Le gaz africain, une alternative au gaz russe pour l’Europe

L'Algérie est devenue l'année dernière le plus grand fournisseur de gaz de l'Italie, remplaçant une part importante des 29 milliards de m3 de gaz qui provenaient auparavant de Russie.

L’Europe, en quête d’une alternative au gaz russe, prospecte dans les pays africains riches en hydrocarbures. C’est dans ce contexte que la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, accompagnée du PDG d’Eni s’est rendue en Algérie. Les différentes parties ont annoncé plusieurs accords principalement dans le domaine de l’énergie.

L’Italien Eni œuvre pour augmenter les importations du gaz africain vers l’Europe. en effet, l’Italie peut augmenter considérablement ses importations de gaz en provenance d’Afrique et transférer une partie de l’approvisionnement vers l’Europe du Nord si elle renforce ses infrastructures dans les prochaines années, a déclaré le PDG du groupe énergétique Eni (ENI.MI) Claudio Descalzi rapporté par Reuters.

Le PDG d’Eni, Claudio Descalzi, et le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, ont signé le 23 janvier à Alger deux accords qui définissent les futurs projets communs sur l’approvisionnement énergétique, la transition énergétique et la décarbonation. Les accords ont été signés en présence de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, et du président algérien, Abdelmadjid Tebboune selon le communiqué du 23 janvier publié sur le site d’ENI et consulté par Africa Income.

 « Ces accords témoignent de notre engagement à assurer la sécurité d’approvisionnement de l’Italie tout en poursuivant nos objectifs de décarbonisation. Le partenariat entre l’Italie et l’Algérie se renforce aujourd’hui et le rôle clé de l’Algérie comme l’un des principaux fournisseurs d’énergie de l’Europe est confirmé », a déclaré le PDG d’Eni dans le texte.

Grâce à ces accords, Eni et Sonatrach identifieront les opportunités de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de méthane et définiront des initiatives d’efficacité énergétique, des développements d’énergies renouvelables, des projets d’hydrogène vert et des projets de capture et de stockage de dioxyde de carbone, pour soutenir la sécurité énergétique et en même temps une transition énergétique durable. En outre, les entreprises mèneront des études pour identifier les mesures possibles pour améliorer la capacité d’exportation d’énergie de l’Algérie vers l’Europe.

S’exprimant depuis Alger le Premier ministre italien Giorgia Meloni, Descalzi a déclaré que Rome pouvait déjà compter sur de nombreuses liaisons avec l’Afrique, dont le pipeline TransMed reliant l’Algérie à la Sicile.

« Nous sommes les seuls à avoir une connexion avec l’Algérie… qui a une capacité d’environ 36 milliards de mètres cubes (bcm) de gaz et est encore sous-utilisée. Il y a encore plus de 10 bcm qui peuvent atteindre l’Italie », a déclaré Descalzi au quotidien italien Il Messaggero.

L’Algérie est devenue l’année dernière le plus grand fournisseur de gaz de l’Italie, remplaçant une part importante des 29 milliards de m3 de gaz qui provenaient auparavant de Russie. Outre TransMed, Rome pouvait également compter sur un gazoduc en provenance de Libye et sur des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance d’Egypte, d’Angola, de la République du Congo et du Mozambique.

Côte d’Ivoire : Les entreprises de noix de cajou demandent le maintien des subventions étatiques

Les subventions s'élèvent à environ 9 milliards de francs CFA (15 millions de dollars) par an, plus l'accès au crédit par l'intermédiaire de la Banque nationale d'investissement.

En Côte d’Ivoire, les entreprises du secteur de la transformation locale de noix de cajou plaident pour le maintient des subventions étatiques au secteur. Le pays, premier producteur mondial de la noix de cajou a adopté une politique en faveur de la transformation locale, par un accompagnement des acteurs.

Cinq entreprises ivoiriennes de transformation de la noix de cajou ont demandé au gouvernement une prolongation des subventions accordées l’année dernière, qui, selon elles, sont nécessaires pour éviter la faillite en 2023, d’après les informations relayées par Reuters. La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de noix de cajou, avec une production annuelle d’environ 1 million de tonnes. Seul un petit pourcentage de cela est transformé localement, car les transformateurs ivoiriens ont du mal à concurrencer les entreprises asiatiques qui paient des prix plus élevés pour les noix brutes.

« Nous avons écrit au Conseil Cajou-Coton pour que les aides et subventions que le gouvernement nous a accordées en 2022 soient maintenues cette saison, faute de quoi nous ne pourrons pas poursuivre nos activités », a déclaré Constance Kouame, secrétaire générale du groupement des transformateurs ivoiriens.

Les subventions s’élèvent à environ 9 milliards de francs CFA (15 millions de dollars) par an, plus l’accès au crédit par l’intermédiaire de la Banque nationale d’investissement. La saison de la noix de cajou commence en février. Les cinq entreprises locales de transformation fonctionnent en dessous de leur capacité en raison d’un pouvoir d’achat limité. Ensemble, ils ont acheté environ 33 000 tonnes de noix de cajou brutes en 2022 et espèrent porter cela à 40 000 ou 50 000 tonnes en 2023 si l’aide est renouvelée, a déclaré Kouame.

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L’Afrique de l’Ouest concentre 45% de la production mondiale de noix de cajou, dont la moitié en Côte d’Ivoire. En Inde, au Vietnam et au Cambodge, qui représentent environ 45% de la production globale, 90% de la production est transformée localement, contre 10% seulement en Côte d’Ivoire.

Afrique subsaharienne : des perspectives économiques en demi-teinte selon la Banque mondiale

Selon la Banque mondiale, le ralentissement important de la croissance mondiale et la chute des prix des produits de base non énergétiques ont pesé sur l'activité économique de l'Afrique subsaharienne, en particulier dans les pays exportateurs de métaux. (Crédits : Banque Mondiale)

La saison des prévisions économiques pour la nouvelle année a été lancée avec la publication par la Banque mondiale de sa première édition des premières perspectives pour 2023 qui s’annonce pas de bonne augure avec une croissance mondiale qui va fortement marquer le pas sous l’effet de l’inflation, de la hausse des taux d’intérêt, de la diminution des investissements et des perturbations causées par la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Des vents défavorables qui vont négativement impacter la croissance des économies d’Afrique subsaharienne sur lesquelles planent  des risques d’une augmentation du niveau de pauvreté des populations pour les deux prochaines années.

Avec une croissance qui devrait se modérer pour s’établir à 3,6 % en 2023, puis monter à 3,9 % en 2024 selon les nouvelles projections de la Banque mondiale, les pays africains s’en sortent relativement mieux que l’économie mondiale dont la croissance devrait ralentir à 1,7% cette année, contre 3% prévu il y a six mois. « L’économie mondiale devrait croître de 1,7% en 2023 et de 2,7% en 2024. Le fort ralentissement de la croissance devrait être généralisé, les prévisions en 2023 étant revues à la baisse pour 95% des économies avancées, et près de 70% des économies de marché émergentes et en développement », a indiqué l’institution de Bretton Woods dans sa publication. Plus inquiétant encore pour l’économie mondiale, la Banque mondiale alerte que compte tenu de la précarité de la situation économique, toute nouvelle évolution défavorable notamment une inflation plus élevée que prévu, une hausse brutale des taux d’intérêt pour la contenir, une résurgence de la pandémie de COVID-19 ou une escalade des tensions géopolitiques, pourrait faire entrer l’économie mondiale en récession, ce qui serait une première en plus de 80 ans que deux récessions mondiales se produiraient au cours de la même décennie.

«  La crise qui menace le développement s’aggrave à mesure que les perspectives de croissance mondiale se dégradent », adéclaré à ce sujet, le président du Groupe de la Banque mondiale,David Malpass,pour qui, « les économies émergentes et en développement connaissent depuis plusieurs années une croissance en berne en raison d’un lourd endettement et d’investissements insuffisants, car les capitaux mondiaux sont absorbés par les économies avancées confrontées à des niveaux de dette publique extrêmement élevés et à des taux d’intérêt en hausse ». De ce fait, a-t-il estimé, « la faiblesse de la croissance et des investissements des entreprises aggravera les reculs déjà dévastateurs en matière d’éducation, de santé, de réduction de la pauvreté et d’infrastructures, ainsi que les nécessités liées au changement climatique ».

Des perspectives peu favorables malgré une croissance assez résiliente

En Afrique subsaharienne, la croissance économique s’est nettement ralentie en 2022, selon la Banque mondiale qui indique que son rythme s’est établie à 3,4 %, en baisse par rapport aux projections de début d’année en raison notamment de fortes augmentations du coût de la vie conjuguées à la faiblesse de la demande extérieure et au resserrement des conditions financières mondiales qui ont freiné la reprise post-COVID dans de nombreux pays. Aussi, les tensions sur les prix des denrées alimentaires, déjà importantes avant la pandémie, se sont encore intensifiées en raison des aléas climatiques, des perturbations de l’approvisionnement aggravées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, d’une fragilité et d’une insécurité accrues et, dans certains pays, de fortes dépréciations monétaires. C’est ainsi que l’année dernière, selon le rapport, l’inflation des prix alimentaires a dépassé 20 % dans plus d’un quart des pays, ce qui a ralenti la progression des revenus réels et de la demande des consommateurs et aggravé encore l’insécurité alimentaire.

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Selon la Banque mondiale, le ralentissement important de la croissance mondiale et la chute des prix des produits de base non énergétiques ont pesé sur l’activité économique de l’Afrique subsaharienne, en particulier dans les pays exportateurs de métaux. Et malgré le récent relâchement des prix mondiaux de l’alimentation et de l’énergie, les coûts d’importation sont restés élevés, ce qui a contribué à creuser les déficits courants. »La précarité des situations budgétaires due à la pandémie a persisté et, l’année dernière, la dette publique était supérieure à 60 % du PIB dans près de la moitié des économies de la région », fait état le document qui fait également cas de la viabilité de la dette qui s’est encore détériorée dans de nombreux pays non producteurs de pétrole, entraînant une hausse des coûts d’emprunt, des sorties de capitaux et une dégradation de la cote de crédit.

Baisse de régime pour les grandes économies du continent

La preuve de ces vents peu favorable sur le continent, c’est la croissance des trois plus grandes économies d’Afrique subsaharienne à savoir l’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigéria, qui  s’est fortement contractée pour ressortir à 2,6 % seulement en 2022. L’Afrique du Sud, deuxième économie de la région, n’a enregistré qu’une croissance de 1,9 % en raison de l’aggravation des pénuries d’électricité et du renforcement des politiques de rigueur pour juguler l’inflation en plus de l’incertitude politique, du fléchissement de la demande extérieure et des perturbations dues aux inondations et aux grèves qui ont aussi nuit à la croissance. En Angola, poursuit la Banque mondiale, les cours élevés du pétrole et la stabilité de la production pétrolière ont permis un rebond de 3,1 % alors que parallèlement, la croissance au Nigéria, premier producteur de pétrole de l’Afrique subsaharienne, a continué de s’affaiblir en raison de l’intensification des problèmes de production dans le secteur pétrolier. Dans ce dernier pays, l’inflation a dépassé 21 % en 2022, son niveau le plus élevé depuis 17 ans, ce qui a entraîné un nouveau resserrement des politiques économiques.

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Dans l’ensemble et par rapport aux prévisions de juin, la croissance a été revue à la baisse pour près de 60 % des pays, y compris pour plus de 70 % des exportateurs de métaux qui devraient être pénalisés par la poursuite de la baisse des cours mondiaux. Selon la Banque mondiale, en dépit de l’atténuation attendue des pressions inflationnistes, « le rythme de reprise devrait rester stable dans de nombreux pays en raison de l’impact négatif de la pauvreté persistante et de l’insécurité alimentaire sur la croissance, amplifié par d’autres facteurs de vulnérabilité tels que les conditions météorologiques défavorables, l’endettement élevé, l’incertitude politique, la violence et les conflits ».

Des tendances peu favorables au développement économique

Selon les perspectives de la Banque mondiale, ce ralentissement de la croissance constitue un obstacle majeur pour le développement économique de l’Afrique subsaharienne. Ainsi, le revenu par habitant ne devrait augmenter que de 1,2 % en moyenne en 2023-2024, « un taux beaucoup trop faible par rapport aux progrès nécessaires pour réduire durablement la pauvreté et compenser les pertes de revenus consécutives à la pandémie ». Selon les estimations du rapport, pour 2023, le revenu par habitant en Afrique subsaharienne devrait rester inférieur de plus de 1 % à celui de 2019. Et les projections anticipent que dans près de 40 % des pays, y compris les trois plus grandes économies de la région, le revenu par habitant n’aura pas retrouvé son niveau antérieur à la pandémie même d’ici à la fin de 2024.

L’autre source d’inquiétude, c’est que de nombreux risques de détérioration continuent de peser  sur les perspectives régionales. En effet, comme l’ont estimé les auteurs du rapport, un ralentissement plus marqué qu’attendu de l’économie mondiale pourrait entraîner une chute brutale des cours des matières premières et freiner la croissance des exportateurs de pétrole et de métaux industriels d’Afrique subsaharienne. Aussi, les conditions financières internationales pourraient se resserrer davantage si les pressions inflationnistes mondiales persistent plus longtemps que prévu, ce qui entraîne une hausse des coûts d’emprunt et un risque accru de surendettement dans de nombreuses économies de la région. Par ailleurs, relève-t-on, les systèmes alimentaires de l’Afrique subsaharienne, déjà mis à mal par les coûts élevés des intrants agricoles et les pertes de production dues aux conditions météorologiques, restent particulièrement vulnérables à de nouvelles perturbations qui pourraient entraîner une flambée des prix des denrées et aggraver l’insécurité alimentaire. A cela s’ajoute le fait que les niveaux élevés de violence et de conflit risquent encore de s’aggraver si les conditions de vie continuent à se détériorer. Pour la Banque mondiale, « cette situation, combinée à la fréquence et à la gravité accrues des chocs météorologiques induits par le changement climatique, pourrait perturber davantage l’agriculture et retarder les grands projets d’infrastructure et d’exploitation minière dans certains pays ».

Madagascar : financement de la connexion de 50 000 foyers à l’électricité off-grid

L'énergie solaire off-grid (mini-réseau), produite par diverses start-ups, a gagné en popularité en Afrique. Elle permet de connecter à un prix abordable des millions de foyers sans électricité, à une énergie propre.

Au Madagascar la compagnie d’énergie WeLight étoffe son offre avec la fourniture prochaine d’électricité à 50 000 foyers Malgaches. Le projet, qui vise en priorité la population rurale, a bénéficié du financement de plusieurs investisseurs engagés dans la transition énergétique en Afrique.

WeLight, une entreprise solaire off-grid basée à Madagascar, a obtenu 20,6 millions de dollars pour connecter 50 000 foyers à l’électricité d’ici 2025. La société spécialisée dans la production de l’énergie renouvelable permet aux clients de payer leur électricité via les services bancaires mobiles. Les services de WeLight ciblent les 90% de la population rurale Malgache privée d’électricité, dans ce pays insulaire de l’Océan Indien de 29 millions d’habitants. WeLight, qui appartient au groupe malgache Axian, au fonds d’investissement norvégien Norfund et à Sagemcon, fournit déjà de l’énergie solaire à 9 000 ménages ruraux malgaches. Le projet est financé par la Banque européenne d’investissement (EBI), l’Association des institutions bilatérales européennes de financement du développement, ElectriFI et Triodos Investment Management, a indiqué WeLight dans un communiqué conjoint.

Etoffer l’offre des mini-réseaux solaire à Madagascar

L’énergie solaire off-grid (mini-réseau), produite par diverses start-ups, a gagné en popularité en Afrique.  Elle permet de connecter à un prix abordable des millions de foyers sans électricité, à une énergie propre. WeLight construit de petites centrales solaires, des unités de stockage, des lignes de distribution et installe un compteur chez chaque client, offrant de l’électricité 24 heures sur 24, a déclaré le communiqué. Les bénéficiaires, qui comprennent également des petites entreprises, ont déjà été identifiés grâce à un programme mené conjointement avec le ministère de l’énergie, a déclaré WeLight. La société a démarré cinq mini-réseaux au Mali dans une phase de test en 2021, et elle explore des opportunités au Nigeria et en République démocratique du Congo, a rappelle le groupe solaire.

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L’extension à Madagascar coûtera 27 millions d’euros et couvrira 120 nouveaux villages. Le montant supplémentaire sera fourni par les actionnaires sous forme de prêts. Le nouveau cycle de financement aidera l’entreprise à poursuivre l’expansion de ses opérations, a déclaré Maud Watelet, responsable des investissements chez EDFI, l’un des financiers.

« Cela libérera le potentiel de l’entreprise pour déployer plus de 100 mini-réseaux à Madagascar, un marché avec un taux d’électrification très faible et des conditions logistiques difficiles », a-t-elle déclaré.

L’implication de la BEI dans le projet a signifié son engagement à contribuer à la lutte contre le changement climatique en fournissant de l’énergie propre aux communautés en Afrique, a déclaré Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI.

Télécom : le Ghana approuve le rachat de Vodafone par le  français Telecel

Telecel utilise la participation dans le cadre d'une campagne d'expansion dans cette partie de l'Afrique et pourrait potentiellement fournir des investissements indispensables dans le pays en crise économique.

 Le Ghana approuve la vente de l’unité Vodafone à Telecel du magnat français Hugues Mulliez. L’accord qui fait partie de la campagne d’expansion de Telecel sur le continent africain intervient alors que le pays est embourbé dans une grave crise économique et financière.

Le Ghana a donné à Telecel Group, dirigé par le Ticoon Français Hugues Mulliez, l’autorisation d’acheter les opérations de Vodafone Group Plc dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. La National Communications Authority a approuvé le transfert de la participation de 70% de Vodafone dans le Ghana Telecommunications Co., a indiqué l’agence dans un communiqué ce lundi, environ six mois après que Bloomberg eut rendu public pour la première fois des pourparlers entre les deux entités.

« La National Communications Authority (NCA) a le plaisir d’annoncer qu’à la suite de l’évaluation de la proposition révisée du groupe Telecel, elle a donné son approbation pour le transfert des 70 % des actions majoritaires de Ghana Telecommunications Company Limited (Vodafone Ghana) détenues par Vodafone International Holdings B.V. (le Vendeur) à Telecel Group (l’Acheteur) sous réserve des concessions faites par le Vendeur et des représentations faites par l’Acheteur auprès de la NCA », a précisé le communiqué.

Telecel utilise la participation dans le cadre d’une campagne d’expansion dans cette partie de l’Afrique et pourrait potentiellement fournir des investissements indispensables au pays qui en a fortement besoin. Le Ghana, qui a perdu l’accès aux marchés internationaux des capitaux en raison de la flambée de sa dette et des coûts du service des prêts, a suspendu le mois dernier le paiement des intérêts sur sa dette extérieure. La nation tente de restructurer ses obligations pour finaliser un plan de sauvetage de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international (Fmi).

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Vodafone est entré au Ghana en 2008, en décaissant pour le gouvernement 900 millions de dollars afin d’acquérir 70% des parts de l’entreprise. L’État avait conservé le tiers de l’entreprise. 15 ans après cette transaction, la situation financière du pays – champion de la croissance africaine au cours de la décennie – passée s’est nettement dégradée mettant les entreprises locales sous pression. La semaine dernière, le gouvernement ghanéen a émis une facture d’arriérés d’impôts de 773 millions de dollars au plus grand opérateur de télécommunications du pays, MTN Ghana, que l’opérateur « conteste fortement ». Mulliez actionnaire de l’entreprise Familiale Mulliez – propriétaire des marques françaises Decathlon et Leroy Merlin – est le président du groupe Telecel depuis 2018.

Chronique – Tournée Janet Yellen, Forum de Davos et intérêts aux agendas africains

Janet Yellen, Secrétaire au Trésor des Etats Unis, va y passer 2 semaines, du 17 au 28 janvier, annonçant une visite au Sénégal, en Zambie et en Afrique du Sud. ( de gauche à droite Janet Yellen et Wally Edeyemo)

En ce début 2023, année annoncée difficile, l’Afrique au Sud du Sahara suscite des espoirs, tablant sur une croissance de 3,7%, selon le FMI. Des experts estiment que sa population va doubler entre 2022 et 2050. Janet Yellen, Secrétaire au Trésor des Etats Unis, s’y rend pour une visite de deux semaines, qui coïncide avec le Forum économique de Davos et une autre tournée de Qin Gang, ministre chinois des Affaires étrangères.

Le continent africain prend-t-il, à sa juste mesure, l’importance du paramètre qu’il est dans l’équation de la croissance mondiale dans les années à venir ? Si oui, peut-on se demander comment ses dirigeants gèrent-ils leurs agendas pour renforcer le dynamisme économique africain, être un moteur essentiel de la croissance et répondre présents dans 10 ou 20 ans, au sein du concert des nations ? Convoitée, pour renforcer ses liens commerciaux et bénéficier de flux d’investissements de pays riches de la planète, l’Afrique gagnerait à tirer son épingle du jeu. Cela passerait par réussir son intégration pour atteindre une taille critique et être capable de pénétrer des marchés gigantesques en Asie et en Amérique.

L’accent sur un développement inclusif

Janet Yellen, Secrétaire au Trésor des Etats Unis, va y passer 2 semaines, du 17 au 28 janvier, annonçant une visite au Sénégal, en Zambie et en Afrique du Sud. Au menu, plus d’échanges dans les secteurs de l’énergie, des investissements dans les infrastructures, de la sécurité alimentaire, de la dette. Comme par hasard, au même moment, Kristalina Georgieva, Directrice générale du FMI, sera présente sur le continent. Ce n’est pas tout. Le chef de la Diplomatie chinoise, Qin Gang, effectuera à la même période une tournée… Ces agendas, qui empiètent les uns sur les autres, ne sauraient être le seul fait d’un hasard. Le continent connaît une classe moyenne en pleine expansion. Parallèlement, face au parc automobile croissant, les besoins en investissements structurants ne manquent pas.

Tous ces responsables, en tournée africaine prévoient des rencontres avec les autorités gouvernementales et le patronat, voire la société civile pour accroître leur influence et s’octroyer un maximum de marchés. La coopération chinoise ne cesse de se développer sur le continent. Les Etats Unis, par la voix de son président Joe Biden, viennent d’annoncer, après le récent Sommet USA-Afrique, quelque 55 milliards de dollars d’accords commerciaux sur les 3 prochaines années. Courant 2023, le président Biden, Kamala Harris, Secrétaire d’Etat, SE Katherina Tai, Ambassadrice Représentante du Commerce, Gina Raimondo, Secrétaire du Commerce, et Wally Adeyemo, Adjoint de Janet Yellen et d’origine nigériane, ont tous programmé de se rendre en Afrique.

Les bonnes stratégies

Avoir du répondant, serait de mettre en place des stratégies permettant une transformation des ressources dans des zones industrielles aménagées, de hisser la qualité des biens et services, de massifier l’offre, via la création de consortia d’entreprises, voire d’une intégration sous-régionale ou régionale, sans omettre d’organiser le patronat. Des conduites et méthodes qui peuvent être soutenues par tous ces « amis » de l’Afrique. De toutes les façons l’Afrique devra faire des choix. Le Sommet Economique de Davos du 16 au 20 janvier fait son retour après 2 ans. Il est attendu une affluence record de milliardaires du monde entier, auxquels vont s’ajouter une cinquantaine de chefs d’Etats et de gouvernements, pour une action collective et globale au profit d’un monde, arrivé à un point critique d’inflexion. D’aucuns évoquent la récession, sur fond de crise ukrainienne. Les dernières pandémies de virus à Covid-19 ou Ebola ont fini par gommer les distances et autres dichotomies entre pays riches et pauvres.

Au-delà de faire l’état des lieux, le Forum de Davos va tabler sur les priorités de 2023, notamment aider à trouver des solutions face aux crises alimentaire et sécuritaire, à la détérioration de l’environnement en prônant un peu plus la décarbonisation des économies, au digital, à la cybersécurité, à l’accentuation de la surveillance mondiale des agents pathogènes. L’Afrique ne doit pas se permettre de rater un tel rendez-vous. Mieux, elle doit y avoir voix au chapitre. 

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