vendredi 5 décembre 2025
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Chronique : rétrospective 2022 – La ZLECAF, un démarrage en catimini

Courant 2022, les avancées restent encore très timides. Accra a certes abrité, le 07 octobre 2022, une rencontre qui a réuni 7 pays (Cameroun, Egypte, Kenya, Ile Maurice, Ghana, Rwanda, Tunisie), représentant les 5 régions du fameux puzzle, où 9 catégories de produits ont été annoncées comme entrant dans le régime du marché unique.

Deux ans après son entrée en vigueur, la ZLECAf (Zone de Libre-Echange continentale africaine) reste loin des objectifs fixés à fin 2022. Actuellement, le commerce intra-africain tourne à peine autour de 16%. La dernière rencontre, le 07 octobre 2022, à l’aéroport de Kotoko à Accra au Ghana, n’a fourni qu’un timide booste.

L’Afrique ambitionne de mettre en place un marché unifié, effacer ses 90 000 km de frontières. Toutefois la tâche ne sera pas aisée. Justement, le logo de la Zone de Libre-Echange continentale Africaine (ZLECAf) est un puzzle, composé de 5 pièces. Les desseins sont clairs et portent sur la multiplication de transactions commerciales en son sein. L’objectif est de créer un marché continental unique des biens et services pour stimuler le commerce intra-africain, la croissance économique et le développement, donc profiter d’un marché de 54 Etats pour 1,3 milliard de consommateurs et d’un PIB cumulé de plus de 2 500 milliards d’euros. Après un long processus depuis 2012, la ZLECAf a été lancé le 21 mars 2018, à Kigali (Rwanda), la grande majorité des États membres de l’Union africaine (UA) ont signé l’accord. La ZLECAf vise depuis lors, de nombreux États membres qui ont également ratifié l’Accord, entré en vigueur le 1er janvier 2021, après le report en 2019 dû à la Covid-19. Si aujourd’hui, les 54 pays ont signé, la totalité n’a pas encore ratifié la convention. Le ratio toure autour de 81%.

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Courant 2022, les avancées restent encore très timides. Accra a certes abrité, le 07 octobre 2022, une rencontre qui a réuni 7 pays (Cameroun, Egypte, Kenya, Ile Maurice, Ghana, Rwanda, Tunisie), représentant les 5 régions du fameux puzzle, où 9 catégories de produits ont été annoncées comme entrant dans le régime du marché unique. Il s’agit du thé, du café, du sucre de glucose, de produits transformés à base de viande, des carreaux de céramique, de l’amidon de maïs, des pâtes, des fruits secs et des fibres de sisal. Quant au développement industriel, Equity Group s’engage à mettre sur la table 6 milliards de dollars. Mais à quel prix ?

Co-développement ou conquête de marchés de consommateurs

Les observateurs mettent le doigt sur une certaine précipitation de pays plus nantis que d’autres. En effet, les premiers veulent accélérer le processus. Ils ont notamment déjà résolu l’harmonisation de leur outil industriel aux standards internationaux de qualité, réussi une intégration de plusieurs lignes de produits exportables, une logistique aux normes avec des milliers de km d’autoroutes et de voies expresses, mais aussi entamé une série d’innovations dont celle thérapeutique, adopté des lois sur la liberté des prix et de la concurrence (grâce à l’affichage obligatoire, le marché régule) …

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Doit-on oublier qu’à côté de mastodontes, tels que l’Afrique du Sud, le Nigéria – qui traîne les pieds pour ratifier- ou l’Egypte, le continent compte un certain nombre de pays PMA (Pays moins avancés), voire de PPTE (Pays pauvres très endettés) ? Des nations où l’informel domine l’économie, à hauteur de 80%, avec un maillage autoroutier ridicule ne dépassant pas 200 km, comparé aux 4 000 km en Algérie, un chemin de fer moribond qui n’est pas à l’écartement standard et hérité de la colonisation, une disponibilité et un approvisionnement aux utilités (eau, électricité, assainissement, connexion internet) qui laissent à désirer, etc. Le développement du secteur tertiaire, inventer de nouveaux capitaines d’industries performantes, réduire les tracasseries administratives, atténuer les contrôles de change… constituent des préalables, dont on ne saurait faire l’économie. 

L’ambition des nations leaders rejoint celle des architectes de la ZLECAf. Sur la plateforme tradebarriers.africa, il est possible de porter plaintes pour dénoncer toute barrière non tarifaire. Il est fort probable que ce mécanisme de rapport, de suivi et d’élimination des barrières non tarifaires soit efficace, face à la multiplicité des tracasseries administratives, des blocages aux frontières (souvent les contrôles de gendarmerie, de police et de douane ne sont séparés que de quelques mètres). Les signalements, avec le maximum de précisions et de caractéristiques (lieu, date, produit…) peuvent être faits en ligne et bientôt par mobile. Gageons que les pays, prétendus fournisseurs pourront allègrement planter le site. Quant aux mesures de sauvegarde des économies, elles augurent déjà d’âpres moments d’arbitrage.  

Avoir les moyens de ses ambitions pour la ZLECAF

Pour accélérer les échanges commerciaux et les investissements, il faut des moyens financiers. Aussi, dans un marché unifié, tous les pays doivent pouvoir y tirer leur épingle du jeu. Or un grand nombre d’Etats parmi ceux qui se sont empressés de ratifier l’Accord, se positionnent en fournisseurs d’un marché composé de 80% de consommateurs. Cette approche est éloignée du co-développement, prôné par la ZLECAf. L’échange présuppose, « vendre » mais aussi « acheter ». A défaut de mettre la charrue avant les bœufs ou de créer plus de pauvreté en Afrique, il est impératif de mettre en place un système d’accompagnement pour atteindre des standards de qualité, une certaine péréquation des manques à gagner. D’abord, il est nécessaire d’aider à organiser le secteur privé par pays, lancer des programmes d’appui aux associations professionnelles, d’assistance aux institutions de garantie, générer des banques de développement et d’investissement ou autres véhicules financiers africains.

Dans ce sens, une récente enquête sur le financement du commerce en Afrique et son évolution durant la pandémie de Covid-19, initiée par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), en collaboration avec la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA-ONU), la Banque africaine de développement (BAD) et Making Finance Work for Africa Partnership (MFW4A), a été publié dans un rapport. Pour le Professeur Benedict Oramah, président d’Afreximbank, l’étude, qui a porté sur 185 banques africaines, représentant 58 % du total des actifs détenus par les banques du continent et portant sur janvier et avril 2020, permet de comprendre le financement du commerce en Afrique et son évolution durant la pandémie de Covid-19. Avouons qu’alors l’offre de financement du commerce a été affectée par, à la fois, la pandémie et le resserrement consécutif des conditions de financement, des pressions accrues sur la balance des paiements et des contraintes de liquidités. Le nombre de relations avec des correspondants bancaires a diminué dans toute la région et le rejet des demandes de lettres de crédit a augmenté, d’environ 38% pour les banques locales / privées et de 30% pour les banques étrangères signalant une augmentation des taux de rejet.

Ce rapport soulignait, entre autres, que sur un volume total du commerce africain à 1 077 milliards de dollars, les banques n’en assuraient l’intermédiation qu’à hauteur de 417 milliards de dollars, soit environ 40 %, alors que la moyenne mondiale est de 80 %… L’appel a été en faveur d’un meilleur dialogue entre les banques centrales et l’industrie, l’essor de la numérisation et de l’adoption des technologies, ainsi que l’accès à de meilleures données pour mieux comprendre et évaluer les risques.

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Enfin, sur un continent qui dispose d’un linéaire littoral de 26 000 km et comprend un certain nombre de pays de l’hinterland, la prise en compte du développement portuaire est importante dans le cadre d’un marché unique. Pr Najib Cherfaoui, Expert portuaire et maritime, rappelait récemment l’existence de 176 ports de commerce dont il convient de faire un système cohérent au service de la zone de libre-échange continentale africaine. Des chantiers sont en cours. Dans ce cadre, il convient d’initier le renforcement et la mobilisation coordonnée des ressources maritimes, notamment en termes de capacité des flottes de navires de commerce., sachant que 18 armateurs opèrent des dessertes maritimes sur les ports d’Afrique. Si certains ports africains jouent des rôles de hubs pour approvisionner les pays enclavés, d’autres se concentrent sur des missions nationales. Ce constat peut aussi être fait sur le routier et l’aérien, où des carences en termes de linéaire express ou de dessertes point à point est à déplorer. Quoiqu’il en soit la volonté existe, il reste à toutes les nations de jouer le jeu, à défaut de faire de la ZLECAf un mort-né.

Tunisie : réduction du déficit budgétaire à 5,5 % en 2023

Tunisie finance
Le président tunisien appelle à des amendements à la loi sur la banque centrale. Saied a déclaré lors d'une réunion avec le gouverneur de la banque centrale, Zouhair Nouri, "qu'il est temps de modifier la loi de 2016" qui a accordé à la banque le pouvoir sur la politique monétaire, les réserves et l'or.

La Tunisie table sur une réduction de son déficit budgétaire à 5,5 % en 2023 contre une prévision de 7,7 % cette année, grâce à des réformes. Pour ce faire, le pays prévoit des mesures d’austérité qui pourraient ouvrir la voie à un accord final avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un plan de sauvetage.

Au bord de la faillite financière, la Tunisie a un besoin urgent d’aide internationale. Depuis plusieurs mois, le pays est aux prises avec une crise des finances publiques qui ont fait craindre un défaut de paiement de sa dette et ont contribué à des pénuries de nourriture et de carburant, selon les détracteurs du gouvernement. Face à l’urgence, le ministère de l’Economie a indiqué vendredi que la croissance économique l’an prochain serait de 1,8%, contre 2,5% attendu cette année. Les besoins d’emprunts extérieurs de la Tunisie augmenteront l’année prochaine de 34% à 16 milliards de dinars (5,2 milliards de dollars) tandis que la dette publique devrait augmenter de 44,4% à 20,7 milliards de dinars, selon les informations de Reuters.  

Des réformes impopulaires prévues par la Tunisie

La Tunisie a conclu un accord avec le FMI pour un plan de sauvetage de 1,9 milliard de dollars en échange de réformes. Lesquelles sont considérées comme impopulaires. Il s’agit notamment de la réduction des subventions alimentaires et énergétiques et la refonte des entreprises publiques. Le pays en pleine tourmente économique vise à conclure un accord final avec l’institution de Bretton Woods dans quelques semaines. Selon le budget de l’année prochaine publié par le ministère de l’Economie, la Tunisie entend réduire les dépenses de subventions de 26,4% à 8,8 milliards de dinars. Le gouvernement cherche également à augmenter les recettes fiscales de 12,5% à 40 milliards de dinars, le taux pour certains emplois passant de 13% à 19%.

A lire : Tunisie : la victoire sans surprise de Kais Saied au référendum

Le puissant syndicat UGTT, qui compte environ 1 million de membres, a déclaré qu’il rejetterait la loi de finances si elle était adoptée, ajoutant qu’elle pourrait provoquer une explosion sociale. Aujourd’hui la population tunisienne est en proie à une lutte contre la pauvreté et l’inflation, qui a atteint un record de 9,8 % le mois dernier. Le ministère a déclaré qu’il s’attend à ce que les pressions inflationnistes se poursuivent avec le début des réformes, que le syndicat a qualifiées de « très douloureuses ».

Africa Tech : en Afrique, Meta multiplie les initiatives pour accompagner son expansion

L'année 2022 a été riche pour Meta la maison-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, qui compte des dizaines de millions d'abonnées sur le continent où elle est présente depuis plus d'une décennie à travers plusieurs bureaux.
L'année 2022 a été riche pour Meta la maison-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, qui compte des dizaines de millions d'abonnées sur le continent où elle est présente depuis plus d'une décennie à travers plusieurs bureaux.

Le géant du numérique, Meta poursuit son expansion en Afrique subsaharienne à travers le lancement d’une série d’ initiatives et d’investissements qui priorisent l’innovation, l’accompagnement des PME et des créateurs de contenu, ainsi que les efforts continus pour rassembler les communautés. L’entreprise, maison-mère, de Facebook, Instagram et WhatsApp, entend confirmer son engagement africain les prochaines années avec notamment, la mise en service de son câble numérique « 2 Africa », une initiative en faveur d’une plus grande accessibilité à internet et à moindre coût pour les pays africains.

Comme le disent les ivoiriens, quand quelqu’un laisse, quelqu’un prend! Alors que Twitter a entamé un désengagement du continent depuis que l’entreprise est passée sous le giron du milliardaire Elon Musk, la firme Meta de l’autre milliardaire américain de la Silicon Valley, Mark Zuckerberg, entend promouvoir son expansion en Afrique subsaharienne à travers le renforcement de ces initiatives et investissements destinés à accompagner et tirer pleinement profit d’un continent qui dispose d’un immense potentiel en terme de croissance notamment pour les TICs. L’année 2022 a été riche pour Meta la maison-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, qui compte des dizaines de millions d’abonnées sur le continent où elle est présente depuis plus d’une décennie à travers plusieurs bureaux.

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Dans un bilan rétrospectif publié ce 22 décembre 2022, Meta est revenu sur ses investissements et initiatives phares en Afrique subsaharienne à travers l’innovation, l’accompagnement des PME et des créateurs de contenus, ainsi que les efforts continus pour rassembler les communautés. Présentée à travers une infographie et une courte vidéo, la rétrospective a aussi mis en avant les projets en cours et les accomplissements clés de l’entreprise dans la région, avec un accent particulier sur le renforcement de son engagement en Afrique.

« Nous demeurons investis en Afrique et engagés auprès des différentes communautés que nous accompagnons à travers l’ensemble de la région. Le cœur de notre métier consiste à développer les outils nécessaires pour créer du contenu en ligne, tout en rapprochant les différentes communautés – que ce soit des PME, ou des créateurs et innovateurs technologiques. Nous sommes convaincus que l’immense talent que recèle le continent africain continuera à jouer un rôle clé dans le parcours de Meta », a déclaré  Enitan Denloye, Directeur régional Afrique Subsaharienne chez Meta.

Innovations et accompagnement des PME et des créateurs de contenu

Au rang des initiatives phares qui ont rythmé l’année 2022 de Meta en Afrique, plusieurs programmes et projets dans différentes sous-régions ou pays africains. Avec Facebook Reels qui a été lancé dans 20 pays en Afrique subsaharienne, l’entreprise entend aider les créateurs à monétiser leur art, à se connecter davantage avec leurs audiences et à tisser de nouveaux liens sur le fil d’actualité et sur les groupes. Le programme Facebook Protect  à quant à lui été déployée en Ile Maurice et en Afrique du Sud pour fournir plus de protection aux journalistes, aux activistes, et aux défenseurs des droits humains à travers le monde. Au Nigeria et au Ghana, paradis des cybercriminels en Afrique de l’Ouest, une campagne d’éducation #StaySafeOnInstagram a été lancée pour permettre aux utilisateurs de prendre les mesures nécessaires pour se protéger contre le piratage et le phishing.

L’entreprise a aussi massivement investit dans des formations à impact économique et social qui ont bénéficier à  plus de 65.000 participants notamment des PME et des organisations à but non lucratif, en Afrique subsaharienne grâce aux programmes qu’elle a développé comme Meta Boost, #SheMeansBusiness et le Meta Nonprofit Training Program. Un autre  programme de formations à la culture numérique a permis à 64.500 participants, en majorité des jeunes, des éducateurs mais aussi du grand public, de renforcer leur capacité en utilisation responsable et sûre des plateformes numériques dans le cadre de My Digital World, le programme phare de Meta qui a été mis en œuvre dans une dizaine de pays. Au Cameroun, par exemple, le programmed’alphabétisation numérique My Digital World a été déployé avec comme principal objectif, d’éduquer les internautes à une utilisation responsable des médias sociaux et de l’internet.

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Avec l’initiative #NoFalseNewsZone, Meta a assuré le lancement de bandes dessinées à travers le Ghana et l’Afrique francophone afin d’accompagner une campagne visant à encourager et favoriser l’esprit critique envers les messages qui circulent en ligne, tout en contribuant à minimiser la diffusion de fausses informations. Au Nigeria, et en partenariat avec l’Agence Nationale pour l’interdiction du trafic humain (NAPTIP), l’entreprise a accompagné le lancement des alertes AMBER, un programme visant à aider à retrouver les enfants kidnappés en envoyant des alertes AMBER à la communauté Facebook et Instagram locale.

Aussi et sur la même dynamique et cette fois dans l’industrie culturelle et créative, Meta a lancé avec Giannis Antetokounmpo, joueur All-Star de la NBA, un court-métrage intitulé « Naija Odyssey » relatant les racines nigérianes du jeune prodige du Basketball, ce qui a constitué le premier partenariat mondial de WhatsApp avec une marque. Avec « Future Africa: Telling Stories, Building Worlds » et en partenariat avec Africa No Filter, Meta a lancé un programme destiné à promouvoir l’usage de la Réalité virtuelle dans le récit africain pendant que la création de la plate-forme #ReelAdventures a visé à promouvoir les activités des tours opérateurs ou groupes d’aventure au Kenya dans l’utilisation des Reels afin de communiquer et partager leurs expériences de voyage. 

« Autres initiatives majeures lancées par l’entreprise en Afrique en 2022, c’est aussi la campagne internationale « Made in Africa, Loved by the World » qui vise à célébrer l’impact culturel croissant de l’Afrique sur le monde, tout en mettant en lumière huit créateurs et innovateurs d’exception à travers le continent, y compris le lancement du tout premier défi d’Afrique sur Instagram #AfricaMade Reels. Avec « No Language Left Behind », Meta a développé un modèle unique d’Intelligence artificielle (IA) avec une traduction de plus de 200 langues, dont 56 langues africaines. Meta a également lancé une campagne d’expansion sur Instagram des « Objets de Collection Numériques (NFT) » et qui a permis aux créateurs de contenu africains de partager leurs objets de collection numériques sur Instagram et de capitaliser sur leur communauté de followers pour monétiser leurs contenus. L’entreprise n’a pas manqué de rappeler également l’initiative Creators of Tomorrow  qui a mis en lumière et a célébré des talents émergents du monde entier, y compris d’Afrique, qui inspirent un nouveau mouvement de contenu créatif en ligne  ainsi que le lancement, toujours cette année, du marathon AR/VR de Meta en Afrique, en partenariat avec Imisi 3D et Black Rhino VR, et qui est destiné  à soutenir les talents africains de Réalité Étendue (XR), dans le but de créer des solutions innovantes. ou celui  de ‘Flex Naija’,  la première campagne de Meta en Afrique, visant à inspirer les créateurs nigérians à faire partie des premiers utilisateurs du métavers.

Avec le câble « 2Africa », de l’internet plus accessible et à moindre coût pour l’Afrique

L’un des plus importants projets en cours de l’entreprise technologique américaine en Afrique est le déploiement du câble « 2Africa ». Annoncé en mai 2020 et progressivement déployé avec huit partenaires locaux et internationaux, il s’agit d’un système de câbles sous-marins qui va relier, à partir de Gênes, en Italie, trois continents  l’Afrique, l’Europe et l’Asie, ce qui en fait le plus long système de câbles sous-marins jamais développé sur plus de 45 000 kilomètres.  Les travaux sont actuellement en cours et  sa mise en service est prévu en 2024.  Déjà, plusieurs atterrissages du câble ont été réalisés  à Gênes (Italie), à Barcelone (Espagne),  à Marseille (France) et dernièrement en  Egypte. Au total 46 sites en Afrique, en Europe et en Asie seront concernés et une fois mise en service, 2Africa devrait permettre de renforcer l’infrastructure Internet du pays et d’augmenter les capacités du pays en matière de connectivité Internet à haut débit, ce qui permettra aux opérateurs de répondre plus efficacement à la forte demande qui prévaut dans un contexte marqué par la transformation numérique accélérée.

«  Investir dans les câbles sous-marins permet à davantage de personnes d’accéder à un Internet plus rapide, et 2Africa est un parfait exemple de notre modèle de partenariat innovant où tout le monde profite du développement de l’infrastructure technologique pour être à la pointe du secteur en matière de routes, de capacité et de flexibilité  », a déclaré Fares Akkad, directeur régional pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord chez Meta.

En Afrique de l’ouest, l’arrivée du câble est prévu en Côte d’Ivoire est prévue pour le second semestre de l’année 2023. C’est ce qu’a annoncé le président des affaires globales de l’entreprise américaine, Nick Clegg, lors d’une rencontre qu’il a eu avec le Chef du gouvernement ivoirien, Patrick Achi, en marge du Sommet US-Africa Leaders qui s’est tenue dernièrement à Washington aux Etats-Unis. Selon le responsable de la firme américaine, cela va renforcer la présence de Meta dans le pays, où l’entreprise travaille déjà avec 300 développeurs et compte quelques 6 millions d’utilisateurs actifs de la plate-forme Facebook. A cette occasion, le premier ivoirien Patrick Achi a indiqué avoir « sollicité le renforcement des activités de Meta en Côte d’Ivoire pour accélérer le développement de l’écosystème numérique dans notre pays, à travers notamment la mise en place des infrastructures numériques et la formation des ressources humaines ». Il s’est fait en ce sens l’avocat de l’industrie créative ivoirienne auprès du groupe américain invitant l’entreprise à accompagner davantage l’écosystème numérique local, à travers la rémunération des créateurs de contenus sur les différentes plateformes de Meta.

Nigéria : Shell débourse 15 millions d’euros de réparation pour des marées noires

Pour sa défense face à cette décision judiciaire, la compagnie d’hydrocarbure a estimé que les fuites d’hydrocarbures ont été causées par un sabotage plutôt que par un défaut d’entretien, comme l’a voulu faire croire l’accusation.

Des agriculteurs nigérians et leurs communautés recevront 15 millions d’euros de compensation pour la pollution par les hydrocarbures dans leurs villages. La pollution a été causée par des fuites dans les pipelines de Shell. L’issue de cette affaire judiciaire sonne comme un avertissement pour les grandes entreprises qui polluent dans des pays en développement.

La compagnie pétrolière et Shell versera 15 millions d’euros (15,9 millions de dollars) aux communautés nigérianes qui ont été touchées par de multiples fuites d’oléoducs dans le delta du Niger, a annoncé vendredi la compagnie pétrolière dans un communiqué conjoint avec la division néerlandaise des Amis de la Terre, « Milieudefensie ». En 2008, des agriculteurs et des pêcheurs, ainsi que Milieudefensie (Amis de la Terre Pays-Bas), ont engagé des poursuites judiciaires contre le siège de Shell à La Haye en raison de la pollution pétrolière sur leurs terres. La pollution a eu lieu entre 2004 et 2007 dans les villages d’Oruma, Goi et Ikot Ada Udo au Nigeria. C’est 15 ans plus tard qu’ils ont obtenu justice.

« Si l’on regarde l’ensemble du dossier judiciaire, le gain majeur est qu’une nouvelle norme a été établie : les entreprises ne pourront plus s’en tirer en polluant et en ignorant les droits de l’homme. Maintenant, ils peuvent être appelés à rendre des comptes », a déclaré Directeur de Milieudefensie Donald Pols.

Cas sans précédent

Pour la première fois dans l’histoire, un siège social a été tenu pour responsable des agissements de sa filiale dans un autre pays. Shell a résisté à la demande pendant de nombreuses années, arguant depuis son siège aux Pays-Bas que l’affaire devait être entendue par un tribunal nigérian. Un argumentaire rejeté par le tribunal néerlandais qui ordonné en 2021 à Shell de verser une indemnisation aux agriculteurs nigérians, de nettoyer les dégâts et de prendre des mesures pour empêcher de nouveaux déversements en installant un système de détection de fuites près d’Oruma. Pour sa défense face à cette décision judiciaire, la compagnie d’hydrocarbure a estimé que les fuites d’hydrocarbures ont été causées par un sabotage plutôt que par un défaut d’entretien, comme l’a voulu faire croire l’accusation.

Finance : Ouverture de deux nouvelles Banques algériennes au Sénégal et en Mauritanie

Très en retard par rapport à son voisin marocain dans le secteur bancaire en Afrique subsaharienne, l'Algérie exprime depuis 2020 son intention de corriger ce retard.

L’Algérie veut renforcer sa présence bancaire en Afrique de l’Ouest avec l’ouverture de deux nouvelles banques au Sénégal et en Mauritanie. Un pas supplémentaire dans l’exécution de sa stratégie d’implémentation en Afrique subsaharienne où les Banques marocaines sont déjà confortablement installées.

Le Directeur Général de la Banque Extérieure d’Algérie (BEA), Lazhar Latreche, a annoncé ce mercredi à Alger l’ouverture « dans les tous prochains jours » de deux banques algériennes au Sénégal et en Mauritanie. Ces deux banques seront créées par quatre banques publiques, à savoir la BEA, la Banque nationale d’Algérie (BNA), le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) et la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR). Dans une déclaration à la presse en marge de la cérémonie de signature de deux conventions de financement avec le groupe public « Algeria Chemical Specialities » (ACS), Latreche a précisé que toutes les procédures juridiques et administratives ont été achevées pour l’ouverture de ces deux banques, approuvées par les autorités monétaires au Sénégal et en Mauritanie. Grâce à ces deux nouvelles banques, les opérateurs économiques algériens, privés et publics, pourront profiter des facilitations nécessaires dans le domaine de l’exportation et du change, selon le directeur général.

A lire aussi : Algérie-France : « nouvelle dynamique irréversible » des relations bilatérales

Très en retard par rapport à son voisin marocain dans le secteur bancaire en Afrique subsaharienne, l’Algérie exprime depuis 2020 son intention de corriger ce retard. En février 2020, le président algérien, a donné le ton sur la volonté de son pays de renforcer sa coopération avec les pays au sud du Sahara. Ce qui a conduit à la mise en place de l’Agence algérienne de coopération internationale et l’annonce en mars dernier de l’implémentation de trois grandes banques publiques algériennes au Niger, en Mauritanie et au Sénégal. Une présence très faible par rapport à son voisin marocain dont les principales banques sont déjà installées dans la majorité des pays d’Afrique subsaharienne. Le groupe marocain la Banque Centrale Populaire (BCP) compte quelques 28 pays d’implantation dont quatorze en Afrique. Attijariwafa Bank est présent dans 12 pays en Afrique subsaharienne. La BMCE Bank of Africa, s’est implantée, dans 5 pays d’Afrique de l’Est, 5 pays d’Afrique de l’Ouest et dans l’océan Indien, mais aussi en RDC en Afrique centrale.

Affaire Vidiye Tshimanga en RDC : le mineur Ivanhoe dans le collimateur de la justice

Les actions d'Ivanhoe ont chuté de 11% jeudi et de 13% le mardi à la suite de ces révélations.

En République démocratique du Congo (RDC) la compagnie minière canadienne Ivanhoe Mines (IVN.TO) est rattrapée par sa proximité avec Vidiye Tshimanga, l’ancien conseiller stratégique du président Félix Tshisekedi, accusé entre autres de corruption.

Le mineur canadien Ivanhoe Mines (IVN.TO) a confirmé avoir conclu un accord l’année dernière avec une société congolaise appartenant à Vidiye Tshimanga. Il s’agit de l’ancien conseiller de Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, qui a démissionné en septembre après des allégations de corruption. La confirmation provient d’une déclaration d’Ivanhoe publiée ce lundi, dans le journal canadien « Globe and Mail », mais envoyé depuis le 14 décembre en réponse à une demande de commentaires du journal. Les actions d’Ivanhoe ont chuté de 11% jeudi et de 13% le mardi à la suite de ces révélations.

RDC : Glencore solde ses litiges à cout de 180 millions de dollars

 Tout est parti d’un rapport de l’organisation non gouvernementale The Sentry, qui a accusé la société minière de conclure des accords avec des hommes d’affaires politiquement connectés pour obtenir des droits miniers.

« Ivanhoe Mines exerce ses activités conformément aux lois nationales et internationales, y compris dans son partenariat avec les actionnaires de la RDC lorsque la loi l’exige », répond Ivanhoe dans une déclaration à « Globe and Mail » relayée par Reuters.

Dans le document, le mineur canadien Ivanhoe a expliqué que c’est au début de l’année dernière qu’Ivanhoe Mining a conclu un accord avec une société congolaise détenue Vidiye Tshimanga pour une coentreprise sur des licences d’exploration minières en RDC. Des désaccords sur les « conditions commerciales » ont conduit les deux partenaires en litiges devant la Chambre de commerce internationale pour arbitrage. Mais,face à des allégations de corruption, la Gendarmerie royale du Canada a perquisitionné le bureau d’Ivanhoe à Vancouver en novembre 2021 dans le cadre recherche d’informations sur des contrats d’exploitation minière congolaise, selon les informations diffusées par le médias canadien « Globe and Mail ».

Chronique : résilience environnementale – Taxe carbone aux frontières de l’UE

L'UE, qui envisage le renforcement du principe pollueur-payeur, met en place un Fonds social pour le climat, en faveur de la transition énergétique de 86,7 milliards d’euros.

Le mécanisme d’ajustement carbone, que l’Union européenne compte mettre en place à ses frontières, sera effectif à partir de 2026 ou 2027. A défaut de se conformer aux exigences du Pacte Vert et du Paquet Climat, les pays africains, qui exportent vers cette zone, verront leurs revenus fondre comme neige au soleil.

Pour entretenir des flux réguliers de ventes à l’étranger, particulièrement vers l’UE, les pays africains, dont c’est le principal débouché à l’export, doivent apprêter leurs économies. Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF ou CBAM suivant les vocables anglais) a été adopté par le Parlement européen et les États membres, le 13 décembre dernier. La taxe entrera en vigueur en 2026 ou 2027. Pour la petite histoire, la Commission européenne avait présenté sa proposition de règlement le 14 juillet 2021, instaurant ce dispositif inédit. Insistant sur sa conformité avec les règles de l’OMC, l’UE vise à atteindre les objectifs élevés de réduction de gaz à effet de serre pour une neutralité carbone en 2050 (Accords de Paris). Après une première baisse de 62% d’ici 2030 par rapport à 2005, en phase avec le vaste paquet législatif Fit for 55 by 2030 ou Ajustement à l’objectif 55, comparativement à 1990, cette zone économique envisage de faire de son Pacte Vert une réalité. C’est aussi une incitation aux pays non membres de l’UE afin d’accroître leur ambition climatique.

Prendre en compte la taxe CBAM

Pour ceux-ci, c’est le moment de se mettre au diapason et implémenter une industrie décarbonée. L’UE, qui envisage le renforcement du principe pollueur-payeur, met en place un Fonds social pour le climat, en faveur de la transition énergétique de 86,7 milliards d’euros. A la disposition des États européens les plus vulnérables, il couvrira des plans sociaux climatiques nationaux.

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Certes l’échéance de ce que d’aucuns assimilent à une barrière non tarifaire est, rappelons-le, en 2026, mais c’est le moment de s’y mettre. Il s’agit de se conformer à des normes de productions, à des standards en concertation avec les marchés. Dans un premier temps, sont concernés les produits les plus exposés à un risque de fuite de carbone, à savoir le ciment, le fer, l’acier, l’aluminium, les engrais, l’électricité ou encore l’hydrogène. A noter que si le pays d’origine applique déjà un prix carbone, la taxe sera modulée, en conséquence.

Au bord du défaut de paiement : Comment le Ghana en est-il arrivé là ?

Ghana ministre des Finances
Pour enrayer la fonte de ses réserves de devises et l’affaiblissement du Cedi, sa monnaie locale, le Ghana a tenté en novembre l’achat de ses produits pétroliers avec de l’or plutôt qu’en dollars américains. (Photo / Ken Ofori-Atta, ministre des finances du Ghana).

Le Ghana a suspendu ce lundi 19 décembre ses paiements sur la majeure partie de sa dette extérieure. Faisant entrer de facto le pays partiellement en défaut de paiement. La nation ouest-africain qui s’est engouffrée dans un cycle d’endettement et de déficit de sa balance de paiement cherche des solutions pour restructurer ses dettes.

Le Ghana suspend le paiement d’une partie de sa dette extérieure. Même si les créanciers s’attendaient à une demande restructuration de la dette, la décision « mesure d’urgence provisoire » prise unilatéralement par le gouvernement de Nana Akufo-Addo a pris les créanciers au dépourvu. Par son ministère des Finances Ken Ofori-Atta le pays a déclaré qu’il ne remboursera pas ses dettes, y compris ses euro-obligations, ses prêts commerciaux et la plupart des prêts bilatéraux. Il a aussi précisé que la suspension n’inclut pas les paiements au titre de la dette multilatérale, les nouvelles dettes contractées après le 19 décembre ou les dettes liées à certaines facilités commerciales à court terme.

Le gouvernement se dit aussi  » prêt à engager des discussions avec tous ses créanciers extérieurs pour rendre la dette du Ghana soutenable », selon les déclarations du ministère des finances relayées par Reuters.

La suspension des paiements de la dette reflète l’état alarmant de l’économie, qui a conduit le pays à conclure la semaine dernière un accord de principe de 3 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI). Le Ghana a déjà annoncé un programme de révision de dette intérieure et a indiqué qu’une restructuration externe était en cours de négociation avec les créanciers. Le FMI a de son côté exigé une restructuration complète de la dette comme condition de son soutien.

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Le pays a du mal à refinancer sa dette depuis le début de l’année après les dégradations par plusieurs agences de notation de crédit, craignant qu’il ne soit pas en mesure d’émettre de nouvelles euro-obligations. Cela a aggravé l’endettement du Ghana dont la dette publique s’élève à 467,4 milliards de cedis ghanéens (55 milliards de dollars selon les données de Refinitiv Eikon) en septembre, dont 42 % en dette domestique. Le Ghana a eu un déficit de la balance des paiements de plus de 3,4 milliards de dollars en septembre, en baisse par rapport à un excédent de 1,6 milliard de dollars à la même période l’an dernier. Pour enrayer la fonte de ses réserves de devises et l’affaiblissement du Cedi, sa monnaie locale, le Ghana a tenté en novembre l’achat de ses produits pétroliers avec de l’or plutôt qu’en dollars américains. Alors que 70% à 100 % des recettes publiques sont actuellement consacrées au service de la dette, l’inflation du pays a grimpé jusqu’à 50 % en novembre. Ses réserves internationales brutes se sont élevées à environ 6,6 milliards de dollars fin septembre, ce qui équivaut à moins de trois mois de couverture des importations.

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Très souvent, ils sont très rentables et rapportent au pays émetteur des gains conséquents. Aussi, les fonds souverains peuvent investir au niveau national et à l’étranger. Dans des pays en voie de développement, où le besoin en investissements structurants est important, ils sont très opportuns.

Avec une économie structurée qui repose sur des fondamentaux solides, nombre de pays, à travers le monde, ont mis en place des véhicules d’investissement pour déployer des excédents et générer des rendements. Ces fonds souverains, hautement stratégiques, sont aussi un outil stratégique pour revendiquer sa souveraineté. L’Afrique n’est pas absente dans ce concert, mais quid de leur gestion ?

Pour avoir les moyens de son ambition, un Etat qui se respecte doit disposer d’une devise nationale garantie par un stock d’or géré par sa banque centrale et une économie transformatrice de ses ressources, capitalisant sur ses avantages. Cette approche peut allégrement générer des réserves excédentaires. Ces dernières, réunies au sein de fonds souverains, peuvent être investies dans différentes catégorie d’actifs dans le monde. Le portefeuille peut aller d’actions à la dette, en passant par l’immobilier, les actifs alternatifs, tels que les fonds spéculatifs, les fonds de capital investissement…

Au Moyen Orient, les bénéfices exceptionnels, tirés du boom pétrolier, en ont généré un certain nombre. Certes on trouve dans cette région quelques-uns parmi les plus gros au monde, avec 3 des Big Five (Autorité d’Investissement d’Abu Dhabi, Autorité Koweitienne des Investissements et l’Autorité monétaire saoudienne SAMA), mais le classement place le Fonds de pension du gouvernement Global Norvège en tête et China Investment Corporation à la 3ème place. Globalement, leurs actifs dépassent les 10 000 milliards de $ et progressent régulièrement, selon Soverign Wealth Fund Institute.

Quelle gestion ?

Ailleurs dans le monde, des Etats ont épousé la démarche. Ainsi, des fonds souverains existent en Europe, en Amérique, en Angola, au Gabon, en Malaisie, au Nigéria, au Qatar, en Russie, au Sénégal… Pour réinvestir les revenus tirés du gaz, le Mozambique projette d’en créer incessamment. Comme suscité dans mon propos, l’essence d’un fonds souverain repose dans une gestion saine et rigoureuse. Le numéro un mondial, issu des surplus de ventes de pétrole, est géré par la banque centrales. Ses principales participations se trouvent dans Nestlé SA, Alphabet (Google), Amazone, Apple, Microsoft, Royal Dutch Shell…

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Très souvent, ils sont très rentables et rapportent au pays émetteur des gains conséquents. Aussi, les fonds souverains peuvent investir au niveau national et à l’étranger. Dans des pays en voie de développement, où le besoin en investissements structurants est important, ils sont très opportuns. GIC et Temasek à Singapour, Korea Investment Corporation de Corée du Sud, ou encore National Social Security Fund de Chine l’ont bien compris. Ayons la franchise de dire qu’en Afrique, il n’est pas rare que le management de ces instruments n’ait rien à voir avec des pseudo-fonds souverains, mis en place pour servir de vache à lait aux régimes en place qui les utilisent à des fins politiques. On devrait les trouver partout sur le continent africain. Les pays, dont les ressources naturelles ne sont pas porteuses de bénéfices faramineux, ont à leur disposition des fonds de pension et des caisses de dépôts et de garanties, très souvent excédentaires. Ils sont aussi générateurs de fonds souverains pour financer des investissements structurants… il n’est pas nécessaire d’attendre que le pétrole jaillisse, pour ce faire. 

Financement des infrastructures en Afrique : malgré une baisse de régime du fait de la Covid-19, du potentiel à exploiter

Sur les 85 milliards de dollars engagés pour le développement des infrastructures en Afrique en 2019, 22,5 milliards de dollars d'engagements sont allés à l'Afrique de l'Ouest, suivie de l'Afrique de l'Est (16,3 milliards), de l'Afrique du Nord (15,1 milliards), de l'Afrique australe – hors Afrique du Sud – (10,8 milliards), de l'Afrique du Sud (12,7 milliards) et de l'Afrique centrale (5 milliards).

Le Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) a rendu public, le 14 décembre 2022, son rapport annuel sur « les Tendances du financement des infrastructures (TFI) en Afrique ». Selon le document qui traite des données sur la période 2019 à 2020, les engagements en faveur du financement des infrastructures ont atteint 81 milliards de dollars en 2020 en baisse de 4 milliards comparé à l’année précédente. En raison de l’impact de la pandémie de la Covid-19 et de la baisse des financements de la Chine. Selon le rapport, c’est en Afrique de l’ouest où les investissements ont été les plus significatifs notamment dans le secteur des transports et celui de l’énergie alors que celui des TIC connait une croissance assez dynamique. Selon les auteurs du rapport, les innovations financières comme celles visant à améliorer l’accès du secteur privé à l’épargne domestique, offrent de réelles opportunités pour élargir les options de financement disponibles et nécessaires pour combler le déficit du continent en infrastructures.

Comme pour les précédentes éditions, le dernier rapport de l’ICA, un consortium mis en œuvre par différents partenaires institutionnels et financiers, analyse la manière dont les ressources financières sont mobilisées pour aider au développement des secteurs du transport, de l’eau et de l’assainissement, de l’énergie et des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur le continent. La dernière édition du rapport qui a été lancé cette semaine à Abidjan, en Côte d’ivoire, porte certes sur les données relatives à la période 2019-2020 mais elle comporte de riches enseignements sur l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur la dynamique des engagements en faveur du financement des infrastructures en Afrique ainsi que les perspectives à l’heure de la relance qui reste, toutefois, marqué par l’amplification de nouveaux chocs notamment la baisse des investissements en provenance de la Chine et le poids croissant de la dette pour certaines économies du continent. Comme il a été relevé dans le document d’ailleurs, le rapport sur « les Tendances du financement des infrastructures en Afrique (TFI) » 2019-2020 a été préparé dans une période très inhabituelle. En effet, ont mis en avant les auteurs, la pandémie de COVID-19 a bouleversé de nombreuses tendances économiques et sociales dans le monde. Tous les pays ont été touchés et particulièrement en Afrique, de nombreux services sociaux essentiels tels que les soins de santé de base et l’éducation ont été réduits et des emplois perdus. Ce qui a eu comme conséquence un accroissement de  la pauvreté et l’ exacerbation des difficultés, en particulier pour les personnes situées en bas de la pyramide. » La réduction de l’activité économique et le déclin des exportations ont eu un impact négatif sur le poids de la dette de nombreux pays, dont certains se trouvent maintenant en situation de surendettement », indique le rapport dans lequel la contribution des Institutions financières internationales (IFI) a été mise en exergue du fait de leur contribution qui a permis d’atténuer les chocs. Ces institutions ont , en effet, fourni une aide d’urgence et pris des mesures d’allègement de la dette, notamment le Programme COVID-19 du FMI qui s’est traduit par le biais d’une assistance financière et d’un allègement du service de la dette.

Mais dans l’ensemble, ont estimé les auteurs du rapport, « les pays africains ont fait preuve d’une résilience louable et leur réponse politique ferme a réduit l’impact possible sur le continent ». En ce sens, il ressort du document que pour les secteurs des infrastructures, « la pandémie a réduit les flux financiers en 2020, tant de la part des gouvernements nationaux que des institutions financières internationales, les rares ressources fiscales ayant été réaffectées à des usages sociaux plus urgents ».

Pour ce qui est donc de cette période où la dynamique économique mondiale a fortement ralenti, le total des engagements en faveur du financement des infrastructures en Afrique a atteint 81 milliards de dollars américains en 2020, soit 4 milliards de dollars de moins que les 85 milliards de dollars enregistrés en 2019. Selon les auteurs du rapport, cette baisse de régime est dû, en grande partie, à l’impact de la pandémie de Covid-19 et à des financements moindres de la Chine.

Baisse de régime des engagements publics contrairement à ceux du privé

Selon le rapport, en 2019-2020, le financement des infrastructures sur le continent s‘était chiffré en moyenne à 83 milliards de dollars. Ce qui a été  nettement inférieur au point culminant, de 100,8 milliards de dollars atteint en 2018. La baisse des engagements creuse l’écart entre les investissements annuels nécessaires pour fournir des services d’infrastructure de base aux populations africaines et les montants de financement réels engagés en faveur des infrastructures africaines en 2019 et 2020 et c’est particulièrement en 2019 que l’écart de financement a été le plus faible. Les données font ressortir que le déficit pour 2019 oscillait entre 53 et 93 milliards de dollars, contre 52 à 92 milliards de dollars pour 2018, d’après les estimations. Cependant, poursuit le document,  il a continué de se creuser pour atteindre 59 à 96 milliards de dollars en 2020, année de la pandémie. En 2020, ce déficit de financement a augmenté dans tous les secteurs à l’exception des TIC et en comparaison avec celui enregistré pour 2019. Le rapport relève que les gouvernements africains ont davantage investi dans le financement des infrastructures en 2019 et 2020, en y consacrant 41 % du total de leurs investissements. Même si, à cause de la pandémie de Covid-19, les financements des gouvernements africains en faveur des infrastructures ont diminué de 4,3 % en 2020, par rapport à 2019.

« La réduction de l’activité économique du fait de la pandémie et la baisse des exportations ont eu un impact négatif sur le poids de la dette de nombreux pays africains et certains sont désormais en situation de surendettement », ont mis en exergue les auteurs du rapport.

Pour ce qui est des engagements publics, le rapport a mis en lumière le fait que grâce aux nouvelles adhésions à l’ICA, ces engagements s’étaient chiffrés à 26,9 milliards de dollars en 2019, avant de chuter à 18,1 milliards de dollars en 2020, ce qui s’explique par le fait que « les pays membres s’étant concentrés sur les mesures de lutte contre l’impact du Covid-19 ». L’augmentation des engagements en 2019 avait permis aux membres de l’ICA de financer 32 % du total de leurs engagements pour cette année-là. En 2020, leur part s’est stabilisée à 22 % du total des engagements, soit un peu plus que leur part de 20 % en 2018. Pour ce qui est des engagements du secteur privé, ils ont atteint, quant à eux, 19 milliards de dollars en 2020, soit le niveau le plus élevé jamais enregistré. Il s’agit d’une hausse substantielle par rapport aux niveaux d’engagement de 2018 qui étaient de 11,8 milliards de dollars et ceux de 2019 qui se chiffraient à 10,8 milliards de dollars. Cette tendance s’explique en partie, selon les auteurs du rapport, par plusieurs grands projets qui ont été retardés en 2019 et reportés à 2020. En dépit de cet état de fait, il n’en demeure pas moins que les engagements moyens pour 2019-2020, qui se chiffrent à 14,9 milliards de dollars, restent les plus élevés jamais enregistrés.

Des investissements concentrés en Afrique de l’Ouest et dans le secteur des transports

Selon le rapport, en 2019 et  2020, le secteur des transports a concentré la plus grande part des engagements avec, respectivement, 33,8 milliards (40 %) et 34,4 milliards de dollars (42 %). C’est plus que les 32 % (32,5 milliards de dollars) enregistrés en 2018. Les gouvernements africains ont contribué à plus de la moitié des engagements dans le secteur, avec 55 % en 2019 et 54 % en 2020. Les engagements dans le secteur de l’énergie, qui avaient connu une forte augmentation en 2018 pour atteindre 43,8 milliards de dollars, ont nettement diminué en 2019 (25,9 milliards de dollars) puis en 2020 (23,5 milliards de dollars). La part du secteur de l’énergie dans le total des engagements a diminué, passant de 43 % en 2018 à 31 % en 2019, puis à 29 % en 2020.  Pour le secteur de l’eau et l’assainissement, les engagements ont représenté 12 % (10,1 milliards de dollars) du total des engagements en 2019 et 10 % (8,1 milliards de dollars) en 2020, ce qui est nettement inférieur aux 12,9 milliards de dollars (16 %) enregistrés en moyenne sur 2016-2018. Les engagements en faveur du secteur des TIC ont nettement augmenté par rapport à 2018, avec 7,1 milliards de dollars (7 % du total des engagements pour atteindre 11,4 milliards de dollars en 2019 (13 % du total des engagements) et 10,4 milliards de dollars en 2020 (13 % aussi). Le secteur privé a pu maintenir et augmenter ses flux d’investissement dans les TIC. Le secteur privé représentait deux tiers du financement des TIC en 2019 et un tiers en 2020.

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Sur les 85 milliards de dollars engagés pour le développement des infrastructures en Afrique en 2019, 22,5 milliards de dollars d’engagements sont allés à l’Afrique de l’Ouest, suivie de l’Afrique de l’Est (16,3 milliards), de l’Afrique du Nord (15,1 milliards), de l’Afrique australe – hors Afrique du Sud – (10,8 milliards), de l’Afrique du Sud (12,7 milliards) et de l’Afrique centrale (5 milliards). En 2020, sur un total de 81 milliards de dollars d’engagements, l’Afrique de l’Ouest a perçu 22,3 milliards de dollars, suivie de l’Afrique du Nord (16,8 milliards), de l’Afrique de l’Est (14,8 milliards), de l’Afrique australe hors Afrique du Sud (10,1), de l’Afrique du Sud (9,5 milliards) et de l’Afrique centrale (5,3 milliards de dollars). Les engagements en faveur des opérations multirégionales sont quant à eux restés stables à 2,6 milliards de dollars en 2019 et 2,3 milliards de dollars en 2020, contre 2,4 milliards de dollars en 2018.

Les innovations financières, une opportunité pour mobiliser davantage les financements disponibles

En plus des données assez édifiantes, le rapport comporte également une analyse ainsi que des recommandations politiques et opérationnelles pertinentes à l’égard des décideurs et investisseurs et qui s’annoncent comme des solutions crédibles de nature contribuera à attirer plus de financements pour les infrastructures sur l’ensemble du continent africain. Comme le montre le rapport, le financement des infrastructures africaines provient de quatre sources. Il s’agit, premièrement, des gouvernements qui financent eux-mêmes une part importante des investissements dans les infrastructures (41 % du total en 2019-2020), un financement qui provient des recettes fiscales actuelles ou futures et qui est déployé par le biais du processus budgétaire national ou de l’émission d’obligations. Deuxièmement, les membres de l’ICA, en tant que partenaires des pays africains, financent des projets d’infrastructure par le biais de dons et de prêts (27 %). Troisièmement, les partenaires de développement qui ne sont pas membres de l’ICA (Chine, Groupe de coordination arabe, BERD, organisations bilatérales européennes non-membres de l’ICA, banques régionales de développement africaines, NBD, AIIB, Inde et Africa50) participent également au financement (14 %). Enfin, le secteur privé apporte sa puissance financière (18 %) pour financer certains nouveaux actifs d’infrastructure, nécessitant souvent un soutien tel que des garanties des gouvernements ou des Institutions financières internationales. Selon le rapport, depuis plusieurs décennies, « les infrastructures africaines n’ont pas été en mesure d’attirer suffisamment de fonds pour financer leurs investissements et l’entretien des actifs existants ». Il subsiste, en effet,  « un important déficit de financement qui handicape la compétitivité mondiale de l’Afrique, limite sa productivité et rend la vie plus difficile aux populations africaines ». Par ailleurs, les exportations sont plus coûteuses que dans d’autres régions, les ports africains étant inefficaces et le transport routier onéreux. Aussi, l’énergie électrique est difficile à obtenir et peu fiable. En outre, de nombreuses communautés sont privées d’eau potable et de services d’assainissement. Selon les auteurs du rapport, « seuls les actifs dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) ont permis d’atteindre les objectifs d’accès internationaux, et ils ont été pour la plupart financés par le secteur privé, sans nécessiter le soutien des pouvoirs publics ». C’est pourquoi, les auteurs considèrent que les TIC sont une réussite notable en Afrique. « Outre les services de communication, les opérateurs de téléphonie mobile ont déployé des services financiers pour les clients à faible revenu, améliorant ainsi l’inclusion financière des pauvres », lit-on dans le document.

Contraintes et opportunités

Le rapport présente  aussi plusieurs messages clés dont le premier est relatif à l’insuffisance du financement des infrastructures qui résulte en grande partie du manque de viabilité financière du secteur.

 « Les mauvaises performances financières des services publics africains, qu’il s’agisse de l’électricité ou de l’eau, ne sont pas un phénomène récent. La question de la viabilité financière, due en grande partie à des tarifs qui ne couvrent pas suffisamment les coûts d’investissement, touche l’ensemble du secteur des infrastructures et le tourmente depuis des décennies. Cette question a été et reste une contrainte importante sur le financement disponible pour les nouveaux actifs, exacerbant le montant inadéquat du financement qui va vers le secteur à la fois pour les nouveaux investissements et pour l’entretien des investissements existants », ont mis en lumière les auteurs du document pour qui, il n’y a pas de solution miracle pour résoudre ce problème.

C’est pourquoi ils ont plaidé pour que les membres de l’ICA et les autres sources de financement travaillent  avec les services publics, les régulateurs et les décideurs au niveau national pour s’assurer que le secteur est bien géré et financièrement solide, avec des tarifs adéquats qui comprennent également, si besoin est, des subventions ciblées. « Des secteurs d’infrastructure bien gérés et bien financés sont essentiels pour augmenter la croissance économique et réduire la pauvreté et les inégalités », est-il indiqué. L’autre message clé qui ressort du rapport c’est que  la contribution du financement privé aux infrastructures est bien en deçà de son potentiel. Selon le document, les investisseurs institutionnels africains gèrent un montant très important d’épargne contractuelle  qui est estimé à 18.500 milliards de dollars en 2020, dont pratiquement aucun ne finance les infrastructures du continent. « Cette situation contraste avec la pratique en vigueur dans d’autres régions du monde », souligne les auteurs pour qui, « l’Afrique doit créer une classe d’actifs d’infrastructure qui puisse attirer le financement des investisseurs institutionnels ». Elle doit, de ce fait,  explorer la titrisation des actifs existants avec des flux de trésorerie stables pour attirer les investisseurs du secteur privé, recyclant ainsi les financements existants. Selon le rapport, certaines innovations intéressantes commencent à voir le jour dans ce domaine et méritent d’être envisagées pour être reproduites, comme, à titre d’exemple l’initiative InfraCredit au Nigeria et d’autres solutions qui ont fait leur preuve en Afrique et ailleurs.

Une initiative pour le développement des infrastructures en Afrique

Le Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) est une initiative d’envergure visant à accélérer les progrès pour répondre aux besoins urgents de l’Afrique en matière d’infrastructures, afin de soutenir la croissance économique et le développement. Le secrétariat de l’ICA est hébergé par la Banque africaine de développement (BAD). Les membres actuels du Consortium sont : les pays du G7 (Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni et États-Unis) ; deux membres du G20 (Espagne et Afrique du Sud) ; et des banques multilatérales de développement (Afreximbank, Africa Finance Corporation, Commission de l’Union africaine, Agence de développement de l’Union africaine-NEPAD (AUDA-NEPAD), la Banque ouest-africaine de développement, la Conseil européen, la Commission de l’Union européenne, la Banque européenne d’investissement, la Banque islamique de développement, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, le Groupe de la Banque mondiale, le Groupe Vinci et la Banque africaine de développement. Les Communautés économiques régionales  (CER) participent également aux réunions de l’ICA en qualité d’observateurs. Depuis sa création en juillet 2005, il y a dix-sept ans, l’ICA joue un rôle clé dans le soutien et l’intensification des programmes d’investissement pour le développement des infrastructures en Afrique. Il fournit une expertise et des orientations précieuses pour guider les investissements dans les programmes et projets prioritaires en Afrique.

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