vendredi 5 décembre 2025
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Tunisie : La ministre du commerce emportée par la crise économique

En décembre, le Fonds monétaire international (FMI) a gelé un accord destiné à aider le gouvernement Tunisien à obtenir des prêts pour payer les salaires du secteur public et combler les déficits budgétaires aggravées par la pandémie de COVID-19 et les retombées de la guerre Russie-Ukraine.

L’inflation et le chômage sont en hausse continue en Tunisie. De nombreux Tunisiens, autrefois fiers de la prospérité relative de leur pays, ont maintenant du mal à joindre les deux bouts, du fait de l’inflation et de la crise endémique dans laquelle est plongée l’économie. Un marasme qui a emporté la ministre du commerce Fadhila Rabhi Ben Hamza.

Le président Tunisien Kaïs Saïed a limogé vendredi la ministre du Commerce Fadhila RabhiBen Hamza, a déclaré la présidence au milieu d’une crise économique et d’une inflation record dans ce pays d’Afrique du Nord. Le taux d’inflation annuel en décembre a atteint 10,1%, tandis que la crise financière a causé la pénurie de nombreux produits alimentaires dans les magasins. La banque centrale tunisienne a relevé la semaine dernière son taux directeur de 75 points de base à 8% pour lutter contre l’inflation, la troisième hausse en 12 mois. Face à la gronde populaire le président Kaïs Saïed a sanctionné la ministre du commerce Fadhila Rabhi Ben Hamza, qui peine à trouver une parade à l’inflation galopante. La situation économique et financière de la Tunisie est cependant beaucoup plus complexe.

La Tunisie tarde à trouver un accord avec le FMI

En décembre, le Fonds monétaire international (FMI) a gelé un accord destiné à aider le gouvernement Tunisien à obtenir des prêts pour payer les salaires du secteur public et combler les déficits budgétaires aggravées par la pandémie de COVID-19 et les retombées de la guerre Russie-Ukraine. Les investisseurs étrangers se retirent du pays où les agences de notation sont en alerte. L’inflation et le chômage sont en hausse, et de nombreux Tunisiens, autrefois fiers de la prospérité relative de leur pays, ont maintenant du mal à joindre les deux bouts. Fin décembre, le ministre de l’Économie, Samir Saeed, a déclaré que son pays s’attend à une inflation moyenne de 10,5 % en 2023, contre 8,3 % prévu pour 2022, alors que les pressions inflationnistes continuent d’augmenter. Le gouvernement tunisien n’a pas d’alternative à un accord avec le FMI, a ajouté Saeed, faisant référence au plan de sauvetage de 1,9 milliard de dollars pour aider le pays à faire face à ses besoins d’emprunt l’année prochaine.

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Les Tunisiens ont été frappés par la flambée des prix des denrées alimentaires et les pénuries de carburant et de denrées de base comme le sucre, l’huile végétale et le riz ces derniers mois. La Tunisie a conclu un accord préliminaire avec le FMI sur un prêt de 1,9 milliard de dollars en octobre. Cela permettrait au gouvernement tunisien, lourdement endetté, d’accéder à des prêts d’autres créanciers sur une période de quatre ans. En contrepartie, le pays doit entamer des réformes économiques radicales qui incluent la réduction du secteur de l’administration publique et une suppression progressive des subventions. L’accord était soumis à l’approbation du conseil d’administration du FMI le 19 décembre. Les différentes parties ont reporté la décision finale sur le prêt, afin de permettre au pays nord-africain de réajuster sa stratégie et de présenter un plan des réformes proche des exigences du FMI.

Chronique / Le reprofilage de la dette, un autre levier de financement

Dans l’espace Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest), l’endettement ne doit pas aller au-delà de 70% du PIB.

De plus en plus de pays africains s’orientent vers le reprofilage de la dette. En cette période de forte volatilité et de prudence accrue des investisseurs, c’est un instrument pour se refinancer et avoir un budget exempté de certaines tensions.

Les contraintes budgétaires épargnent peu de pays. Afin de subvenir à ses besoins et honorer engagements et autres débours, l’endettement ne peut être occulté par nos pays africains. C’est donc une démarche qui est aussi pratiquée dans des pays moins nantis pour combler le déficit de recettes pour couvrir les dépenses- il est vrai qu’on ne prête qu’aux riches ! Mais afin de s’aligner sur une certaine rationalisation des choix budgétaires et s’éloigner d’un surendettement aux conséquences incalculables, nombre d’Etats africains s’emploient à un reprofilage de leur dette. L’heure est à la réduction des coûts d’emprunt. C’est d’autant plus judicieux que les exigences de zones économiques imposent des ratios raisonnables. Dans l’espace Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest), l’endettement ne doit pas aller au-delà de 70% du PIB. Si dans la Zone UE (Union européenne), pour donner suite aux crises successives, avec un paroxysme pendant la pandémie, la Commission européenne a fermé les yeux sur un déficit budgétaire dépassant la barre des 3%, dans cette sous-région ouest africaine, un trend haussier de la dette publique exige plus de pertinence dans la qualité de la dette. Des pays, tels que le Sénégal, le Ghana, le Nigéria, l’Angola, le Bénin, le Togo… ont eu recours à des eurobonds (obligations internationales), même si l’année dernière, quasiment seuls 2 pays les ont émis.

Entre atouts et revers

Afin de rembourser de façon anticipée les dettes domestiques commerciales à court terme portant sur des taux d’intérêt très élevés, mais aussi une réduction supplémentaire du service de la dette, une stratégie, basée sur le reprofilage à long terme, de meilleures conditions financières de dettes, s’impose. Les pays qui y ont recours, voient un regain de la qualité de crédit en tant qu’emprunteur international. Lever des fonds sur les marchés internationaux à des taux de maturité de 10 ans, permet des taux plus bas.

Le revers de la médaille est à trouver dans l’augmentation de la prime de risque exigée par des investisseurs sur cet instrument. Les agences de notation continuent de faire fi aux conjonctures économique et financière que subit l’Afrique sans pour autant y avoir contribué. L’inflation et la dépréciation monétaire sont passées par là… Rien que la chute du cours du cedi, devise monétaire du Ghana, a pondéré, à mi-décembre 2022, la dette de ce pays de 6 milliards $. Face à cette situation critique, le Ghana a décidé de suspendre le paiement d’une partie de sa dette extérieure. Ce que l’Argentier du Ghana avait qualifié de mesure d’urgence provisoire, en attendant des accords avec ses créanciers, avait trait à un souci de préserver les ressources financières et les réserves internationales de la Banque du Ghana. Une industrie intégrée de la filière or (de la mine au lingot) gagnerait à atténuer un tel état de fait de ce pays qui s’appelait jusqu’au crépuscule de la colonisation Gold Coast (Côte de l’Or).

Algérie : de nouvelles mesures fiscales dépoussièrent l’impôt en 2023

Il est aussi prévu l'extension de la procédure de vérification approfondie de la situation fiscale d’ensemble (VASFE) à l’impôt sur la fortune et l'exercice du droit de reprise dans le cas du retrait partiel ou total des avantages fiscaux relatifs aux différents dispositifs préférentiels

La Direction Générale des Impôts (DGI) de l’Algérie a dévoilé, dans un communiqué, les principales mesures fiscales contenues dans la Loi de Finances (LF) pour l’année 2023. Elles visent notamment la simplification des procédures fiscales, l’incitation à l’investissement et la mobilisation des ressources fiscales.

Publié sur son site web, le document comprend plusieurs dispositions fiscales structurées en quatre parties essentielles. Il s’agit des « mesures de simplification et l’harmonisation des procédures fiscales« , « d’incitation à l’investissement », de « mobilisation des ressources fiscales » et de « lutte contre la fraude fiscale ». Au titre des dispositions portant sur la simplification et l’harmonisation des procédures fiscales, la DGI a cité l’imposition à la marge de l’impôt forfaitaire unique (IFU) au lieu du chiffre d’affaires, les produits de large consommation, dont les marges et prix sont réglementés. Une mesure pour réduire la charge fiscale des détaillants qui commercialisent ces produits, a-t-elle expliqué.

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Les reversements des retenues à la source (salaires, pensions et rentes viagères) pour les contribuables, soumis au régime simplifié des professions non commerciales, seront effectués désormais trimestriellement, au lieu de mensuellement, a précisé la DGI. Le service des impôts a aussi ajouté que les titulaires des professions non commerciales soumis au régime de l’IFU auront, aussi, la possibilité d’opter pour le régime simplifié. Des assouplissements des conditions de déductibilité des charges lors de la détermination du résultat fiscal imposable à l’IBS ou à l’IRG sont également accordés, avec un relèvement de 300.000 Dinar algérien (DA) à 1.000.000 DA en TTC du seuil admis pour la déductibilité des charges payées en espèces. Au titre des factures réglées en espèces, des dispositions en matière d’assouplissement des conditions de déductibilité de la TVA sont aussi prévues, avec le relèvement de 100.000 DA à 1.000.000 DA en TTC du seuil admis et l’octroi du droit à déduction lorsque le règlement du montant de la facture est effectué par versements bancaires et d’autres moyens de paiement admis. Le seuil des loyers bruts annuels, imposables au taux provisoire de 7% des revenus de la location des propriétés bâties et non bâties est relevé de 600.000 DA à 1.800.000 DA, a fait savoir le communiqué.

Décentraliser les décisions de traitement des dossiers en 2023

Les modifications concernent aussi les obligations déclaratives en matière de taxe de séjour pour les établissements hôteliers, qui sont soumis à souscrire à une déclaration spéciale au niveau des services fiscaux de rattachement. Parmi les autres mesures de simplification et d’harmonisation des procédures fiscales, la LF 2023 a exclu l’application de la taxe annuelle sur les véhicules particuliers de neuf (09) places de moins de cinq (05) années d’âge afin de réduire la charge fiscale des entreprises établies en Algérie, a indiqué la DGI. L’exercice de l’activité de collecte, de traitement et de distribution des feuilles de tabacs a été élargi aux opérateurs intéressés, sous réserve d’une inscription préalable au registre de commerce et l’obtention d’une autorisation délivrée par l’administration fiscale.

« Cette activité vise le renforcement du circuit de collecte et de distribution de tabacs en feuilles et l’inclusion fiscale », a relevé la DGI, tout en ajoutant qu’un agrément a été institué aux fabricants de la cigarette électronique et du narguilé

De nouvelles exonérations d’IBS pour le secteur de la pêche. Dans le cadre de la simplification des procédures de traitement du contentieux fiscal, la LF 2023 a prévu des dispositions de déconcentration des décisions de traitement des dossiers selon des seuils de compétences (chefs de centres d’impôts, directions de wilaya, direction générale des grandes entreprises) avec la possibilité de délégation du pouvoir de décision. Au titre de mesures d’incitation à l’investissement, des exonérations permanentes et temporaires en matière d’IBS ont été introduites au profit des coopératives de la pêche et de l’aquaculture et leur union et au profit des bénéfices issus des dépôts dans les comptes d’investissement relevant de la finance islamique, est-il mentionné dans le communiqué. La LF 2023 a assoupli, selon la DGI, les mesures portant sur le réinvestissement des avantages fiscaux accordés dans le cadre des dispositifs de soutien à l’investissement.

Mieux lutter contre la fraude fiscale

Ainsi, les opérations de réinvestissement peuvent prendre plusieurs formes, dont l’acquisition d’actifs, matériels ou immatériels, des titres de placements, d’actions, de la participation dans le capital d’une entreprise disposant du label « start-up » ou incubateur. Des dispositions fiscales visant l’encouragement de la recherche et développement dans les entreprises, ainsi que l’institution d’un régime fiscal propre aux activités exercées sous le statut d’auto-entrepreneur sont introduites. Au titre de mesures de mobilisation des ressources fiscales, il est prévu le relèvement de la limite supérieure du montant des droits de timbre de quittance de 2.500 DA 10.000 DA, devant être acquittés sur les titres (Ex : factures) payées en espèces et la soumission de la cigarette électronique à la taxe intérieure de consommation (TIC) au taux de 40%, a détaillé la DGI. S’agissant des mesures de lutte contre la fraude fiscale, il est prévu l’extension de la procédure de vérification approfondie de la situation fiscale d’ensemble (VASFE) à l’impôt sur la fortune et l’exercice du droit de reprise dans le cas du retrait partiel ou total des avantages fiscaux relatifs aux différents dispositifs préférentiels, a-t-on souligné de même source.

Rétrospective 2022 : ces deals qui ont marqué l’année 2022 en Afrique [Partie II : Mines, Logistique, Télécoms]

Sur le plan des affaires, l'année 2022 s'est bouclée en Afrique sur une bonne note au regard des nombreuses opérations qui ont été enregistrées. Levées de fonds, fusions-acquisitions, investissements : le marché africain a été assez rythmé en dépit de l'attentisme qui prévalait en début d'année et de l'incertitude qui a été amplifiée par la multiplication des chocs.

Sur le plan des affaires, l’année 2022 s’est bouclée en Afrique sur une bonne note au regard des nombreuses opérations qui ont été enregistrées. Levées de fonds, fusions-acquisitions, investissements : le marché africain a été assez rythmé en dépit de l’attentisme qui prévalait en début d’année et de l’incertitude qui a été amplifiée par la multiplication des chocs. En dépit de ces vents défavorables comme la guerre en Ukraine qui ont plombé une reprise post-Covid 19 prometteuse, le continent a su tirer son épingle du jeu et à certains égards même, semble braver la crise.  En florilège, quelques deals et transactions conclues en 2022 et qui témoignent si besoin est encore, du potentiel et surtout du dynamisme d’un marché en pleine.

Un an après avoir annoncé le début de négociations exclusives, le groupe Bolloré a annoncé la conclusion, le mercredi 21 décembre 2022, de la cession de tous ses actifs dans le transport et la logistique en Afrique au géant italo-suisse de transport maritime Mediterranean Shipping Company (MSC). Avec l’acquisition des 100% de Bolloré Africa Logistics (BAL), MSC a mis la main sur 42 ports africains pour 5,7 milliards de dollars comme proposé par l’armateur basé à Genève selon l’accord signé en mars dernier.

Logistique et transport maritime : Bolloré conclue la vente de ses actifs africains à MSC

Le processus de cession devrait en principe être conclu d’ici fin mars mais les deux frimes sont finalement parvenues à un accord avant la fin de l’année et ont donc acté le deal. Avec cet accord, le groupe Bolloré a ainsi mis fin à son aventure d’une quarantaine d’année dans le secteur du transport et de la logistique sur le continent bien qu’il « conservera une présence importante en Afrique, notamment à travers Canal+, et poursuivra également ses développements sur ce continent dans de nombreux secteurs comme la communication, le divertissement, les télécoms et l’édition », comme annoncé par le Groupe.

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De son côté, le leader mondial du transport maritime à conteneurs, la firme italo-suisse MSC qui a commencé ses activités en Afrique il y a une cinquantaine d’années en Somalie, va étendre ses activités sur le continent où elle est déjà présente dans 43 pays. La nouvelle stratégie ainsi que la nouvelle enseigne de cette nouvelle acquisition africaine de MSC seront dévoilées cette année mais selon un des responsables du groupe, « l’accord renforcera les liens de longue date de MSC avec l’Afrique et renforcera notre engagement envers la croissance économique du continent, y compris l’investissement dans les navires, les chantiers navals, les terminaux à conteneurs, les solutions logistiques, les installations de stockage, les réseaux routiers et ferroviaires qui soutiendront et amélioreront le commerce à travers le continent africain et le reste du monde ».

Mines : le marocain Managem s’empare des actifs ouest-africains d’Iamgold

En 2022, le groupe minier marocain, Managem, a accéléré son expansion africaine avec l’acquisition des actifs de la compagnie minière canadienne Iamgold dans trois pays ouest-africains : Sénégal, Mali et Guinée. Le deal a été acté en décembre pour 280 millions de dollars et l’accord a porté sur les « Actifs Bambouk » qui comprennent des mines aurifères dans ces trois pays avec à la clé, l’acquisition par Managem de trois gisements voisins avec un potentiel important estimé à 5 millions d’onces d’or, soit 155 tonnes. « Cette transaction enrichira notre portefeuille d’actifs déjà solide », a affirmé Imad Toumi, le PDG de Managem qui est déjà présente dans une dizaine de pays africains et qui renforce ainsi sa place dans l’industrie minière africaine. Dans les détails et avec cette nouvelle acquisition, Managem aura dans son giron cinq projets au Sénégal. Au Mali, ce sont les actifs de Diakha-Siribaya, un projet comptant 8 permis d’exploitation s’étalant sur plus de 600 km, que le groupe marocain récupère. Et le projet aurifère de Karita, au nord-est de la Guinée, d’une surface d’exploitation de 100 km, fait également partie de l’accord.

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Une jolie opération en fin d’année donc pour le groupe minier marocain surtout à la vue du cours du précieux métal jaune en constante augmentation ces dernières années. En 20 ans, en effet, le prix du gramme d’or a augmenté de plus de 400 % pour se stabiliser aujourd’hui à environs 55 euros. Bien que les activités du groupe restent concentrées au Maroc avec 12 mines produisant des métaux de base (cuivre, plomb) et des métaux précieux (or, argent), le groupe Managme, fondée en 1928, ne cesse d’étendre ses activités sur le continent avec des implantations et exploitations dans d’autres pays comme le Gabon ou le Soudan, ce qui a permis au groupe de générer un chiffre d’affaires de 664 millions d’euros en 2021. 

Télécoms : le Kenyan Safaricom prend pied en Ethiopie

Le 6 octobre 2022, le géant kényan des télécommunications, Safaricom, a officiellement lancé ses activités en Ethiopie après avoir conclu un accord pour un service de transfert d’argent par téléphone mobile. Le groupe, dont l’arrivée met fin au monopole de l’entreprise publique Ethio Telecom, a ainsi lancé ses offres de services de données 4G, de voix, de SMS et de transfert d’argent. Avec cette entrée historique, il est désormais le premier opérateur privé de télécoms du pays, le deuxième plus peuplé d’Afrique avec plus de 110 millions d’habitants et a lancé son réseau et ses services à Addis-Abeba après des essais concluants dans dix autres villes, a déclaré le groupe dans un communiqué. Dans un communiqué, le groupe a annoncé que le réseau de Safaricom offrira des services de données 4G, de voix et de SMS entre les clients de Safaricom Ethiopia et d’Ethio Telecom, tandis que « le déploiement du réseau national se poursuivra pour atteindre quatorze villes supplémentaires d’ici à avril 2023 ». Safaricom a également annoncé avoir obtenu une licence pour exploiter un service de transfert d’argent par téléphone mobile en Ethiopie, à l’image de son service M-Pesa lancé au Kenya, où il est devenu indispensable. Cet accord, est-il également annoncé, faisait partie du business plan du groupe, comme l’a déclaré à l’AFP, le PDG de Safaricom Ethiopia, Anwar Soussa. L’entreprise est l’une des plus grandes entreprises d’Afrique de l’Est, son succès étant alimenté par M-Pesa, lancé en 2007. Elle est détenue à 35 % par le gouvernement kényan et à 40 % par la société sud-africaine Vodacom, les autres actions étant cotées à la Bourse de Nairobi.

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Le gouvernement éthiopien avait annoncé l’année dernière son intention de mettre fin au monopole d’Etat dans le secteur des télécoms, un élément clé du programme de réformes économiques d’Abiy Ahmed. Dans ce cadre, l’Ethiopie avait lancé un appel d’offres pour attribuer deux licences à des opérateurs privés. Une licence a été attribuée à un consortium dirigé par Safaricom, qui a offert 850 millions de dollars et a promis d’investir 8,5 millions de dollars sur dix ans. L’Ethiopie avait également lancé le processus de vente d’une participation de 40 % dans Ethio Telecom, mais ce projet a été mis en attente en début d’année.

Rétrospective 2022 : ces deals qui ont marqué l’année 2022 en Afrique [ Partie I : Banques-assurance]

Avec le rachat d'AFRISIA Bank en île Maurice, le magnat ivoirien Koné Dossongui réalise l'une des importantes acquisitions bancaires en Afrique.

Sur le plan des affaires, l’année 2022 s’est bouclée en Afrique sur une bonne note au regard des nombreuses opérations qui ont été enregistrées. Levées de fonds, fusions-acquisitions, investissements : le marché africain a été assez rythmé en dépit de l’attentisme qui prévalait en début d’année et de l’incertitude qui a été amplifiée par la multiplication des chocs. En dépit de ces vents défavorables comme la guerre en Ukraine qui ont plombé une reprise post-Covid 19 prometteuse, le continent a su tirer son épingle du jeu et à certains égards même, semble braver la crise.  En florilège, quelques deals et transactions conclues en 2022 et qui témoignent si besoin est encore, du potentiel et surtout du dynamisme d’un marché en pleine croissance.

Banques : avec le rachat d’AFRISIA Bank en île Maurice, le magnat ivoirien Koné Dossongui réalise l’une des importantes acquisitions bancaires en Afrique

C’est l’une des dernières opérations conclues en fin d’année et qui a fait l’effet d’une bombe dans le milieu bancaire et financier africain ! L’homme d’Affaires ivoirien Koné Dossongui, patron d’AFG Holding et PDG d’Atlantic Group, a acquis près de 75% le capital social de AFRASIA Bank Limited, la troisième banque la plus importante de l’Île Maurice avec un actif total de 4,6 milliards de dollars. La cérémonie de signature s’est déroulée, le mercredi 28 décembre 2022, à Port-Louis, la capitale de l’Île Maurice entre AFG Holding, le Groupe IBL et la Banque Nationale du Canada. 

 » Avec le rachat du mastodonte AFRASIA Bank, 4.6 milliards de dollars d’actifs, Koné Dossongui réalise en Île Maurice, la plus grande acquisition bancaire jamais réalisée en Afrique noire et devient incontestablement l’un des plus importants groupes bancaires panafricains », a-t-on indiqué dans la note d’information publiée juste après la signature du deal.

  » Nous sommes particulièrement fiers de cette opération qui permettra un meilleur ancrage du développement entamé de AFG Holding dans l’Océan Indien et le développement d’une offre de services financiers à forte valeur ajoutée au profit à la fois des opérateurs économiques et des banques en Afrique. Nous capitaliserons sur plus de 40 ans d’expertise de Atlantic Group dans le secteur bancaire africain, pour accélérer le développement de AfrAsia Bank Limited. » a affirmé, dans la note, Koné Dossongui, le Fondateur et Président du Conseil d’Administration d’Atlantic Group. Selon le groupe bancaire panafricain, cette transaction s’inscrit dans la stratégie de Atlantic Group de développer un important groupe bancaire panafricain offrant une large gamme de services financiers sophistiqués à forte valeur ajoutée, notamment des services bancaires internationaux, des services de gestion de trésorerie, de courtage et garde de titres, des services de gestion de patrimoine ainsi que le financement du commerce, et des solutions de change.  »Nous sommes heureux de conclure cet accord avec AFG Holding, un acteur bancaire majeur en Afrique subsaharienne. Nous sommes confiants sur les perspectives de développement de la banque compte tenu de la qualité du repreneur et notre groupe continuera à entretenir des relations commerciales privilégiées avec la banque à l’international et à Maurice, où le Groupe IBL est un acteur économique de premier plan » a déclaré, de son côté, Arnaud Lagesse, Group CEO de IBL Ltd.  Pour sa part, Ghislain Parent, le premier vice-président de la Banque Nationale du Canada, a dit être convaincu  » qu’AFG Holding saura poursuivre avec succès la croissance d’AfrAsia Bank ».  Il convient de noter qu’AFG Holding qui est la holding financière de Atlantic Group de M. Koné Dossongui, est active depuis plus de 40 ans dans le secteur de la Banque et de l’Assurance en Afrique de l’Ouest, Afrique Centrale et récemment dans l’Océan Indien. le vaisseau amiral du holding, Atlantic Group est de son coté, un groupe diversifié opérant dans les secteurs financier (banque et assurance), industriel (cimenterie, agriculture, transformation de cacao et de café) et technologique (télécom et transformation digitale.

Financement du développement : 8,9 milliards de dollars pour le 16e FAD de la BAD

Après une année d’intenses négociations sur fond de perspectives économiques mondiales difficiles, les partenaires au développement du Fonds africain de développement (FAD), qui se sont réunis du 4 au 6 décembre 2022 à Tanger, au Maroc, se sont convenu d’engager une enveloppe totale de 8,9 milliards de dollars pour ses cycles de financement de 2023 à 2025. Il s’agit de la plus importante reconstitution des ressources de l’histoire du Fonds qui est le guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) et dont la mission consiste à faire bénéficier des dons et des prêts à taux préférentiels aux pays à faible revenu du continent. Cette reconstitution des ressources, à hauteur de 8,9 milliards de dollars, comprend 8,5 milliards de dollars de financement de base du FAD et 429 millions de dollars pour son nouveau Guichet d’action climatique. Selon la BAD, le financement de base du FAD-16 enregistre une augmentation de 14,24 % par rapport aux 7,4 milliards de dollars du FAD-15, ce qui constitue « une franche reconnaissance du Fonds africain de développement et de l’impact de sa réponse aux multiples besoins du continent en matière de développement, notamment la reprise après la pandémie de Covid-19, les effets des changements climatiques, la fragilité, la dette et les vulnérabilités économiques ».

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Au cours de cette très attendue reconstitution du Fonds, l’Algérie et le Maroc ont pour la première fois apporté leur contribution au fonds et ont ainsi rejoint l’Angola, l’Égypte et l’Afrique du Sud sur la liste des pays africains contributeurs. Il faut noter aussi que cette reconstitution est intervenue alors que le Fonds célèbre le 50e anniversaire de sa création en 1972. Selon le groupe de la BAD, le Fonds a un impact significatif et, rien qu’au cours des cinq dernières années, il a contribué à raccorder 15,5 millions de personnes à l’électricité, permis à 74 millions de personnes d’avoir accès à une agriculture améliorée, permis à 42 millions de personnes de bénéficier de services d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement et a fait profiter 50 millions de personnes de services de transports améliorés, notamment grâce à la construction et la réhabilitation de 8 700 kilomètres de routes.  Dans cette dynamique, le FAD-16 soutiendra deux priorités opérationnelles et politiques stratégiques : le développement d’infrastructures de qualité durables et résilientes aux changements climatiques et la gouvernance, le renforcement des capacités et la gestion durable de la dette dans les pays bénéficiaires. « Les pays africains à faible revenu sont les plus vulnérables et les moins préparés à faire face aux changements climatiques. Le Guichet d’action climatique et notre engagement à consacrer 40 % du financement de base du FAD-16 au financement climatique contribueront à renforcer la résilience climatique de l’Afrique », a déclaré le Président de la BAD Akinwumi Adesina à l’issue de la réunion de mobilisation du Fonds FAD-16. 

Assurances : Allianz finalise l’acquisition de parts majoritaires dans les activités Non-Vie de Jubilee Insurance en Afrique de l’Est

Le 22 Septembre 2022, la société Allianz, l’un des principaux assureurs et gestionnaires d’actifs dans le monde est devenue l’actionnaire majoritaire de Jubilee Insurance Mauritius Limited avec l’acquisition de  66 % des participations de Jubilee Holdings Limited (JHL) et d’Aga Khan Fund for Economic Development (AKFED) . Il s’agit de la cinquième et dernière acquisition prévue par l’accord signé le 29 septembre 2020 entre Allianz et JHL. Allianz avait  alors accepté d’acquérir à court terme une participation majoritaire dans les activités d’assurances Non-Vie de JHL dans cinq pays d’Afrique de l’Est à savoir le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, le Burundi et l’Île Maurice. La première acquisition, au Kenya, a été finalisée en  mai 2021, tandis que l’Ouganda a été finalisée en octobre 2021, suivie du Burundi en mars 2022 puis de la Tanzanie en mai 2022. « Nous sommes ravis d’avoir finalisé la dernière transaction de notre accord avec Jubilee, consolidant ainsi la présence d’Allianz en Afrique de l’Est. Nous restons convaincus que la force mondiale d’Allianz combinée à la marque reconnue de Jubilee et à son expertise locale approfondie nous permettront de fournir les meilleures solutions d’assurance de premier plan aux clients d’Afrique de l’Est et d’ailleurs », a déclaré Delphine Traoré, CEO Régional d’Allianz Africa. De son coté, le Président du Groupe Jubilee Holdings, Nizar Juma, a estimé que cette « la nouvelle entité tirera parti des capacités technologiques, de l’expertise mondiale en matière.

Capital-risque: ruée des investisseurs vers les start-up africaines

Les start-up africaines ont  véritablement la cote auprès des investisseurs! Malgré les vents contraires qui ont émaillé cette année 2022, les chiffres des investissements en capital-risque sur le continent témoignent d’une dynamique certaine pour ce segment de plus en plus important de l’écosystème économique et financier africain. Selon les données comptabilisées par l’Association africaine du capital-investissement et du capital-risque (AVCA), sur les six premiers mois de l’année, près de  3,5 milliards de dollars  d’investissement ont été générés, soit une hausse de 133 % par rapport à la même période un an plus tôt. Le rapport publié fin 29 septembre dernier fait ressortir qu’au total, ce sont 445 investissements qui ont été réalisés dans 300 entreprises .

« L’écosystème africain du capital-risque a montré des tendances haussières malgré l’inflation galopante et un climat macroéconomique défavorable. Alors que le marché mondial du capital-risque a connu d’importantes contractions à divers degrés selon les régions, l’écosystème africain a réalisé sa meilleure performance de tous les temps »,  ont estimé les auteurs du rapport pour qui, « cette performance démontre la profondeur des opportunités ainsi que le potentiel que le continent a à offrir ». C’est aussi, soulignent les mêmes experts, « le résultat d’un effort concerté de gouvernements africains ces dernières années pour entretenir des écosystèmes dynamiques et favorables, permettant l’entrepreneuriat et l’investissement pour prospérer ».

Les perspectives de l’écosystème sont tout aussi prometteur pour le reste de l’année qui va se relever comme l’un des meilleurs crus de ces dernières années pour les start-up africaine qui enregistrent une hausse significative des investissements. Avec des levées plus régulières et des montants plus importants pour accompagner leur  développement  sur le continent africain de manière organique ou par le biais d’acquisitions.  A titre d’exemple, le rapport a mis en avant deux exemples concrets avec la société kenyane de commerce électronique Wasoko, qui a levé 125 millions de dollars pour son expansion en Afrique de l’ouest (Sénégal et Côte d’ivoire), ou la Fintech solaire kenyane M-Kopa, qui a de son côté levé 75 millions de dollars pour développer ses activités au Ghana et au Nigeria.

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Au total, 4,7 milliards de dollars de transactions de démarrage ont été conclus sur le continent au cours de la même période, grâce à une quantité importante de nouveaux capitaux levés par les gestionnaires de fonds en 2021, à un intérêt croissant pour l’écosystème du capital-risque en Afrique et à des tailles d’entrée globalement plus importantes. Comme il ressort en filigrane, c’est l’Afrique de l’ouest, portée par le géant marché nigérian qui vient en tete des investissements levées en terme de volume suivie par l’Afrique de l’Est, qui a enregistré la plus forte croissance du volume des transactions par rapport à l’année précédente. L’Afrique du Nord (20 %), l’Afrique australe (14 %) et l’Afrique centrale (1 %) ferment le rang. Pour ce qui est des secteurs, la finance vient en haut du podium avec les start-up fintech qui ont attiré près de 89% des flux d’investissements loin devant les secteurs de la santé, de l’éducation ou de l’environnement qui ont également le vent en poupe ces derniers temps et dont le potentiel de croissance va certainement renforcer celle du secteur les prochaines années.

Bourse : Orange Côte d’Ivoire fait bouger la BRVM

Le 30 décembre 2022 s’est effectué à Abidjan, la première cotation du titre de l’opérateur de télécommunication Orange Côte d’Ivoire (Orange CI) à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan, après la cession de 5% des 14,95 % des parts de l’Etat ivoirien dans l’entreprise. L’opération s’inscrit dans le cadre de l’offre publique de vente d’actions Orange Côte d’Ivoire lancée par le comité de privatisation de l’entreprise en novembre dernier. Une opération qui devrait permettre d’atteindre plusieurs objectifs à la fois dont, entre autres, la promotion du secteur privé, d’encourager l’actionnariat populaire, de procurer des ressources financières à l’Etat et améliorer la gouvernance des sociétés d’Etat. La souscription qui a été prévue du 5 au 19 décembre a été clôturée le 7 décembre soit 72 heures de souscription, avec un prix de cession fixé à 9500 FCFA l’action.

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Au total, un montant de 187 milliards FCFA ont été enregistrés au terme des souscriptions soit un taux de 132%. 94% des souscripteurs sont des investisseurs ivoiriens, selon les explications de la directrice générale de EDC Investment Corporation, chef de file de l’opération, Roseline Abé. Cette entrée à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) a aussi permis de porter à cinq le nombre d’entreprises du secteur de la télécommunication cotées à la BRVM en 2022 et à 35 le nombre de sociétés ivoiriennes cotées sur le marché, a fait noter le directeur général de la BRVM, Dr Edoh Kossi Amenounvé. Pour la première journée de cotation en bourse l’on enregistre un volume de titres échangés de 13470 avec une cour de 10.210, soit une hausse de 7,47% au premier fixing, ce qui a permis d’établir la capitalisation boursière à 1 538,19 milliards de FCFA. Des premiers pas qui augurent de réelles perspectives tant pour le titre que pour le marché régional…

Economie : au Maroc le déficit commercial se creuse à 57 %

Au cours des onze premiers mois de 2022, les importations marocaines ont atteint 64,8 milliards de dollars, soit une augmentation de 42% par rapport aux 45,5 milliards de dollars de 2021.

Au Maroc le déficit commercial s’envole de 57 % dans un contexte de choc persistant des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Ce déficit est le reflet d’une valeur monétaire des importations du pays plus élevée que les exportations.

Le déficit commercial du Maroc a grimpé de près de 57 % fin novembre 2022, déclenché par le choc des prix sur les marchés de l’énergie et de l’alimentation. Le déficit commercial, qui reflète la capacité d’un pays à continuer d’importer les produits dont il a besoin sans épuiser ses réserves de devises étrangères, a atteint des sommets records au Maroc en 2022. L’augmentation du déficit commercial reflète le fait que la valeur monétaire des importations du pays est disproportionnellement plus élevée que ses exportations, ce qui signifie que le pays doit recourir à des réserves de devises étrangères pour couvrir le déficit.

Au cours des onze premiers mois de 2022, les importations marocaines ont atteint 64,8 milliards de dollars, soit une augmentation de 42% par rapport aux 45,5 milliards de dollars de 2021. En parallèle les exportations ont augmenté de 33%, passant de 30 milliards de dollars en novembre 2021 à 37 milliards de dollars un an plus tard, selon les données de l’Office des changes et celui du commerce extérieur du pays.

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Le déséquilibre entre les importations et les exportations est principalement dû à la flambée des prix des produits alimentaires et énergétiques. En effet, la grave sécheresse qui a paralysé l’agriculture marocaine tributaire des précipitations a accru la dépendance du pays vis-à-vis des importations alimentaires et a aggravé le déficit commercial. Fin novembre, les importations marocaines de blé – un aliment de base de l’alimentation nationale – ont presque doublé, à 2,2 milliards de dollars. De même, la valeur monétaire des importations d’énergie est passée à 13 milliards de dollars, contre 6,4 milliards de dollars fin novembre 2021, selon les données de l’office des changes.

Chronique : Rétrospective 2022- Une année, sous tensions inflationnistes

En juillet, la banque centrale a suspendu son cycle de hausse des taux après avoir augmenté le principal taux directeur de 475 points de base cumulés à 8,25 % depuis novembre 2021.

La crise de l’énergie a constitué un véritable casse-tête pour les dirigeants du monde. La planète sortait à peine d’une crise sanitaire qui avait fini par gripper les rouages d’économies fort éprouvées de confinements sans précédent. Le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne a été la goutte qui a fait déborder le vase. Les prix ont bondi de plusieurs points de base, atteignant 2 chiffres, voire 3, dans certains pays y compris africains, face à une moyenne mondiale autour de 8,5%.

Selon les experts du FMI, la hausse des prix s’est établie à 8,8% en 2022. L’année 2022 restera gravée dans les mémoires. La principale pression à la hausse a continué de provenir des prix des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées, de loin la composante la plus pertinente du panier de l’IPC (Indice des prix à la consommation). Aussi, ces tensions ont pesé sur les prix de l’énergie, des transports, biens et services divers, du logement et des services publics, des restaurants & hôtels, etc. Si dans une quarantaine de pays, l’inflation s’est située en deçà de 5%, dans 90 autres, ce taux a été relevé entre 5 et 10%, comme en France où il a été enregistré à 6%. Dans une soixantaine d’autre pays, notamment d’Europe de l’Est, la hausse des prix a dépassé 10%.

Une hyperinflation qui inquiète

 Au sein des pays, encore en conflits ou qui ont vécu un certain nombre de bouleversements doublés de problèmes socio-économiques majeurs, les taux d’inflation ont été plus élevés que la moyenne mondiale. A 284,9% au Zimbabwe, l’inflation a atteint 210% au Venezuela, 154,9% au Soudan, 72,4% en Argentine, mais aussi en Iran, au Yémen et au Sri Lanka, ils ont dépassé 40%. Au Nigéria, le taux d’inflation annuel a affiché 21,47 % en novembre 2022. C’est la lecture la plus élevée depuis septembre 2005. Selon les observateurs, cette tendance émane des perturbations de l’approvisionnement alimentaire, hausses des coûts d’importation dues à la dépréciation de la monnaie et à une augmentation des coûts de production.

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Dans d’autres pays africains, l’IPC a grimpé de 8,3% au Maroc, l’inflation a atteint 40,4% au Ghana, 18,7% en Egypte, 13% au Sénégal, 9,8% en Tunisie, 9,6% au Kenya, 7,6% en Afrique du Sud ou encore 5,2% en Côte d’Ivoire, suivant différentes statistiques dignes de confiance. Toujours est-il que les décideurs sont inquiets face à des taux de chômage élevés, surtout au sein d’une population active, essentiellement composée de jeunes diplômés. En 2022, tous les prévisionnistes tablaient sur une poursuite des tensions inflationnistes, le FMI prévoit une baisse du taux d’inflation mondial en 2023 qui se situerait autour de 6,5%. Un trend qui devrait s’accentuer en 2024, avec 4,1%.

Rétrospective Afrique 2022 : les faits politiques marquants de l’année en 10 actes [Partie II]

Les compétitions sportives notamment le football ont été l'un des temps forts de l'actualité en Afrique cette année avec la reprise d'évènements très attendus dont certains ont été décalés en raison de la pandémie de la Covid-19.

L’année 2022 tire à sa fin et comme il est de tradition, c’est l’occasion de tirer le bilan des 12 mois écoulées qui, comme par le passé, ont été émaillés d’évènements majeurs qui ont dominé l’actualité. En Afrique particulièrement, l’année a été particulièrement brûlante avec son lot de crises sécuritaires, d’élections à hauts risques, de conflits sociaux et politiques mais aussi d’heureux évènements qui, comme ailleurs, sont la preuve d’un continent en perpétuel mouvement avec une dynamique portée par des défis et des vents d’espoirs qui constituent les promesses d’un avenir certes plein d’incertitudes mais aussi d’opportunités. Dans ce dossier, nous revenons sur les principaux évènements qui ont marqué l’année 2022 en Afrique, à travers 10 faits majeurs dont les conséquences auront certainement des répercussions sur ceux de la nouvelle année qui s’annonce.

6-Justice et droits humains : en Guinée et au Burkina, des procès pour solder des comptes du passé et au Tchad, un nouveau massacre

L’année 2022 a été marquée sur le plan de la justice et des droits humains en Afrique, par deux procès d’envergure au Burkina Faso et en Guinée. Au pays des hommes intègres, après quatre mois d’un procès historique, le Tribunal militaire de Ouagadougou a rendu son verdict le 06 avril 2022, dans l’affaire de « l’assassinat de l’ancien chef de l’Etat, le capitaine Thomas Sankara, et douze (12) de ses proches lors du coup d’état du 15 octobre 1987 ». 34 ans après les faits, les principaux accusés dans l’affaire, l’ancien président Blaise Compaoré, le général Gilbert Diendéré et Hyacinthe Kafando ont été condamnés à la prison à vie. L’ancien chef de l’Etat et son ancien chef de la sécurité, en exil en Côte d’ivoire, n’ont certes pas été présents lors du procès, ce qui a donné au procès un certain goût d’inachevé, mais a beaucoup été salué par l’opinion africaine puisqu’il a permis de lever le voile sur une page sombre de l’histoire politique du pays mais aussi du continent. Quelques mois plus tard, d’ailleurs, l’ancien locataire de Kosyam a dans une retentissante lettre adressée au peuple burkinabé, demandé pardon à tous ses concitoyens pour tous les actes commis durant ses vingt-sept années au pouvoir, « et plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Sankara ».

En Guinée, l’année 2022 a vu également le début du très attendu jugement de l’ancien chef de la junte militaire, le capitaine Moussa Dadis Camara et d’autres anciens responsables, impliqués dans le massacre du stade du 28 septembre 2009. Après plusieurs années d’instruction avec à la clé des rebondissements spectaculaires, le procès s’est ouvert le 28 septembre 2022 à Conakry, la capitale. Retransmis en direct par les médias du pays, il est largement suivi sur tout le continent et est perçu par de nombreux défenseurs des droits humains, comme un grand pas en avant dans la lutte contre l’impunité en Afrique. Le 28 septembre 2009, en effet, une centaine de morts et autant de femmes ont été enregistrées à la suite de la répression par les forces de sécurité, d’une manifestation des partis politiques qui protestaient contre la candidature du chef de la junte à l’élection présidentielle. Le procès se poursuit encore et des sanctions exemplaires sont attendues à l’issue du processus, pour que dorénavant, de tels tragiques évènements soient bannis en Afrique.

Sur ce registre, il convient de relever un autre massacre qui a eu cours cette année, et cette fois au Tchad où, le 20 octobre 2022, plusieurs centaines de personnes qui manifestaient à travers le pays, à l’appel de groupes d’opposition pour dénoncer le maintien de Mahamat Idriss Déby au pouvoir et la décision de prolonger de deux ans la transition démocratique, ont trouvé la mort. La manifestation a été certes interdites par les autorités qui ont dénoncé une tentative d’insurrection mais la répression a été des plus sanglantes et certaines organisations comme l’ONU, estiment, que jusqu’à 150 personnes pourraient avoir été tuées lors de ces rassemblements. Une enquête internationale est en cours pour situer les responsabilités et traduire les coupables en justice.

7- Région des Grands lacs : dans l’est de la RDC, le retour des vieux démons

Ce qui n’était, en fin 2021, qu’une reprise des hostilités dans l’est du pays entre les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) et l’armée royaliste des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) est devenu en 2022, une véritable guerre diplomatique avec le Rwanda et le RDC. L’offensive des rebelles du M23, groupe majoritairement tutsi, s’est accentué ces derniers mois avec la prise, en octobre dernier, d’une importante partie du territoire du Nord-Kivu, et menaçant même la ville de Goma, le chef lieu et principale ville de cette riche province minière de l’Est de la RDC.

Depuis le début des hostilités, le gouvernement congolais n’a cessé d’accuser le Rwanda de soutenir le M23, une position partagée par l’ONU et plusieurs puissances occidentales notamment les Etats-Unis, la France, la Belgique ou l’Allemagne.

Ce que rejette Kigali pour qui, « accuser le Rwanda de soutien au groupe armé congolais du M23 est faux, et détourne des causes réelles du conflit et de ses conséquences sur la sécurité des pays voisins ».

Sous la pression internationale, les rebelles ont pris part le 23 décembre à une cérémonie symbolique de remise de la ville de Kibumba à une force militaire régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) qui joue les médiateurs. Pour autant, les tensions sont loin de s’estomper et la crise diplomatique et sécuritaire est en train de s’aggraver avec es accusations de massacre comme celui, fin novembre, de Kishishe attribué au M23 par l’ONU et qui fait cas de 131 civils tués dans une enquête préliminaire. Kinshasha s’est jusqu’à présent refuser à négocier directement avec le M23 et Kigali continue à réfuter son implication dans cette guerre qui a déjà fait des centaines de morts et de blessés ainsi que de millier de déplacés sur fonds de montée de message ethnique et haineux qui ne font qu’aggraver la tension. En attendant l’issue de cette nouvelle crise, l’espoir réside dans la force régionale d’interposition de l’EAC qui commence à se déployer dans la zone de conflits mais elle est aussi sujette à de virulentes critiques au Congo où certains soupçonnent certains pays contributeurs comme l’Ouganda de faire partie du problème.

8- Sports : l’année du football africain avec la victoire du Sénégal à la CAN et l’épopée glorieuse du Maroc à la coupe du monde

Les compétitions sportives notamment le football ont été l’un des temps forts de l’actualité en Afrique cette année avec la reprise d’évènements très attendus dont certains ont été décalés en raison de la pandémie de la Covid-19. L’année a ainsi débuté en fanfare sur le continent avec la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN), organisée au Cameroun du 09 janvier au 06 février 2022. La compétition durant laquelle vingt-quatre équipes du continent se sont opposées, s’est terminée par le sacre du Sénégal à l’issue d’un match palpitant face à l’Égypte remporté aux tirs au but. Trois ans après leur échec en finale au Caire, « les Lions de la Téranga » ont ainsi accédé pour la première fois de leur histoire.

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Avec quatre autres nations africaines notamment le Maroc, la Tunisie, le Ghana et le Cameroun, le Sénégal a fait partie des représentants du continent à la Coupe du monde de football qui s’est déroulée du 20 novembre au 18 décembre 2022 au Qatar. Une édition qui a été aussi historique pour le continent avec l’exploit sans précédent du Maroc qui a décroché la quatrième place du Mondial. Une première pour une équipe africaine ou arabe qui a été saluée comme il se doit au Maroc et dans tout le continent d’autant que « Les Lions de l’Atlas » ont marqué l’histoire du mondial de football en accédant à la demi-finale du prestigieux tournoi en livrant de matchs de hautes factures contre des équipes favorites à la prestigieuse coupe. Après avoir battu la Belgique en match de poule, les poulains du coach Walid Regragui se sont débarrassés de la grande équipe de la Roja espagnole en huitième de finale puis de celle du Portugal de la légende Cristiano Ronaldo en quarts avant de tomber les armes à la main en demi-finale face à la France (0-2), l’équipe alors championne du monde en titre. Une performance historique qui a valu aux joueurs un accueil mémorable à leur retour à Rabat et une célébration dans les principales capitales africaines et arabes.

9- Elections : des législatives mouvementées au Sénégal et un 6e mandat pour Teodoro Obiang Nguema en Guinée équatoriale

L’année 2022 a été marquée également en Afrique par des élections comme c’est le cas au Sénégal où le 31 juillet 2022, se sont tenues les législatives pour la désignation des 165 députés de la 14e législature. Des élections dont le principal enjeu était de jauger de la solidité de la majorité soutenant le Président Macky Sall à qui l’opposition prête une intention de briguer un 3e mandat à la tête du pays. Un test grandeur nature pour la prochaine présidentielle de 2024 à l’issue duquel, la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar a obtenu 82 députés contre 125 lors de la précédente élection de 2017. Une perte de terrain face à l’inter-coalition Yewwi Askan Wi (YAW) de l’opposant Ousmane Sonko et de Wallu Senegal de l’ancien chef de l’Etat Abdoulaye Wade, qui a obtenu 80 sièges à l’Assemblée nationale.  Malgré cette percée historique de l’opposition, le Président a pu sauver in extremis sa majorité absolue avec le ralliement de l’ancien maire de Dakar Pape Diop.

En Guinée équatoriale et au terme d’un scrutin anticipée sans grand suspense en novembre dernier, le Président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a été réélu avec un score officiel triomphal de 94,9%. A 80 ans dont 43 au pouvoir, le président équato-guinéen a été investi le 26 novembre dernier pour un 6e mandat de 7 ans. Son tout-puissant Parti Démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), à la tête d’une coalition de 15 partis s’est également adjugé l’ensemble des 100 sièges de députés et des 55 de sénateurs mis en jeu lors des élections législatives et locales qui se tenaient simultanément.

10- Climat : une COP27 en terre africaine et encore des promesses

L’Égypte a accueilli du 6 au 20 novembre 2022 au Centre international de conventions de Charm el-Cheikh, la 27e Conférence des Nations unies sur le climat (COP27). C’est la septième édition que cet événement international dédié à la lutte contre le réchauffement climatique est organisé sur le continent, et cette fois encore, la grande messe mondial du climat s’est terminée sur un  goût d’inachevé pour l’Afrique, qui est pourtant déjà lourdement affectée par les conséquences de la hausse des températures.

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En 2022, par exemple, plusieurs pays ont été affectés par des inondations particulièrement dévastatrices qui ont causé des centaines de morts comme au Nigeria, au Niger ou au Tchad. L’occasion donc, pour les négociateurs du continent, faible émetteur de gaz à effet de serre, de réclamer des compensations d’autant que les financements colossaux annoncés depuis des années par les principaux pollueurs du monde tardent à se concrétiser.  Après plusieurs années de discussions difficiles, un accord à minima a été conclu à la COP27 pour dédommager les pays les plus vulnérables face aux dégâts qu’ils subissent. La mise en place de ce mécanisme devrait intervenir lors de la COP28, qui aura lieu à Dubaï en novembre 2023. Qualifié d’historique, l’accord n’affiche cependant aucune nouvelle ambition concernant les gaz à effet de serre, empêchant ainsi d’agir sur les causes véritables du changement climatique. Il reste à espérer que pour les prochaines rencontres, les promesses faites à l’Afrique cette année d’intégrer le G20 et même le Conseil de sécurité de l’ONU comme membre permanant, puissent contribuer à défendre véritablement ses intérêts en la matière.  

Rétrospective Afrique 2022 : les faits politiques marquants de l’année en 10 actes [Partie I]

Au Mali, en Guinée, au Burkina Faso des transitions ont été installées à la suite des coups d’Etats et en dépit des pressions et des sanctions des Chefs d'Etat de la Cédéao, le spectre d'une contagion du retour des militaires dans la politique au niveau des autres pays d'une sous-région vulnérable a pris des proportions inquiétantes.

L’année 2022 tire à sa fin et comme il est de tradition, c’est l’occasion de tirer le bilan des 12 mois écoulées qui, comme par le passé, ont été émaillés d’évènements majeurs qui ont dominé l’actualité. En Afrique particulièrement, l’année a été particulièrement brûlante avec son lot de crises sécuritaires, d’élections à hauts risques, de conflits sociaux et politiques mais aussi d’heureux évènements qui, comme ailleurs, sont la preuve d’un continent en perpétuel mouvement avec une dynamique portée par des défis et des vents d’espoirs qui constituent les promesses d’un avenir certes plein d’incertitudes mais aussi d’opportunités. Dans ce dossier, nous revenons sur les principaux évènements qui ont marqué l’année 2022 en Afrique, à travers 10 faits majeurs dont les conséquences auront certainement des répercussions sur ceux de la nouvelle année qui s’annonce.

1- Afrique de l’ouest : les militaires de retour au pouvoir

L’année 2022 a débuté en Afrique de l’Ouest avec la persistance de l’incertitude politique qui prévalait depuis quelques années, principalement en Afrique de l’ouest.  Le 24 janvier au Burkina, des militaires sous la direction du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba Sandaogo, se sont emparés du pouvoir en renversant le régime de Roch Marc Christian Kaboré, quelques mois à peine après sa réélection pour un second mandat à la tête du Faso. Cette nouvelle irruption de la grande muette dans la sphère politique d’un pays africain est venue s’ajouter à deux autres remises en cause de l’ordre constitutionnel dans la sous-région. Au Mali déjà, des colonels qui avaient déposé en août 2020 le président élu Ibrahim Boubacar Keita sous la houlette d’Assimi Goita se sont par la suite emparé de l’essentiel du pouvoir avec un autre putsch le 24 mai 2021 et le 05 septembre de la même année, en Guinée voisine, une junte dirigée par le lieutenant-colonel Mamadou Doumbouya  a destitué le président Alpha Condé qui venait de rempiler pour un troisième mandat à la tete de la Guinée.

Dans ces trois pays, des transitions ont été installés et en dépit des pressions et des sanctions des Chefs d’Etat de la Cedeao, le spectre d’une contagion du retour des militaires dans la politique dans les autres pays d’une sous-région vulnérable a pris des proportions inquiétantes.  Des inquiétudes légitimes d’autant qu’elle se sont confirmées par la suite avec un autre coup militaire menée le 30 septembre par le capitaine Ibrahim Traoré au Burkina et des tentatives avortées en Guinée Bissau et tout récemment en Gambie.

Afin de faire face à cette situation qui est venu remettre en cause les efforts de la sous-région pour une stabilité politique gage de tout développement, l’organisation communautaire ne cesse de multiplier les initiatives pour un retour rapide de l’ordre constitutionnel dans ces pays. Avec un succès relatif car en dépit des engagements pris par les autorités de transition de ces différents pays, l’incertitude politique est toujours ambiante. C’est du reste pour parer à d’éventuels coups de force que la Cedeao a annoncé, lors du dernier sommet des chefs d’Etat d’Accra, le 4 décembre dernier, la révision de son protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance ainsi que l’opérationnalisation d’une force régionale qui aura entre autres et comme principale attribution, la restauration de l’ordre constitutionnel en cas de survenance de coup de forces dans les pays des sous régions. Une mission à haut risque et qui n’est pas vu d’un bon œil au sein de l’opinion car beaucoup estiment que le recours à l’armée est l’une des panacées aux régimes dits démocratiques qui peinent pourtant à satisfaire les attentes socioéconomiques des citoyens et qui se caractérisent plutôt par leur incapacité à faire face aux différentes crises notamment sécuritaire et économique alors que la corruption et la mauvaise gouvernance ne cessent de s’amplifier à longueur de scandales qui font  régulièrement les choux gras des médias et des réseaux sociaux.

2-Sahel : la menace terroriste s’étend aux pays côtiers

Jusque-là contenues dans les pays du Sahel notamment dans la zone dites des trois frontières (Mali-Niger-Burkina), les attaques des groupes terroristes notamment l’EIGS (affilié à l’Etat Islamique) et le JNIM (franchise au Sahel d’Al Qaeda) se sont étendues un peu plus au sud, dans les pays côtiers du Golfe de Guinée. Ce qui était redouté depuis plusieurs années est venu se confirmer en 2022 avec une série d’attaques terroristes enregistrées en Côte d’ivoire, au Togo et au Bénin.

Alors que la situation sécuritaire au Sahel n’a cessé de se dégrader avec des attaques meurtrières d’envergure que les pays du G5 Sahel ne se sont pas parvenus à circonscrire malgré l’appui des partenaires occidentaux comme la force française Barkhane, les défis sécuritaires ont pris une perspective inquiétante. La Force conjointe du G5 Sahel (FC G5 Sahel) s’est effondrée par manque de moyens mais aussi en raison des perturbations politiques enregistrées dans certains pays, Burkina et Mali principalement, et la Force Barkhane s’est vu obligé de quitter le Mali en raison de divergence avec les autorités de transition.

Désormais, c’est avec l’activation de l‘Initiative d’Accra, une organisation de coopération militaire qui réunie une douzaine de pays de la sous-région, que les Etats ouest-africain tentent de contenir cette expansion de la menace « djihadiste » qui s’accompagne de conséquences humanitaires et socioéconomiques désastreuses comme l’illustrent les macabres statistiques officiels de morts, de blessés, de déplacés ainsi que de victimes collatérales qui font régulièrement la une de l’actualité africaine ces dernières années. Pendant que la riposte d’ensemble s’organise, les groupes armés terroristes (GAT) continuent de gagner du terrain, poussant les pays à rehausser les budgets consacrés à la défense au détriment des investissements sociaux et économiques, ce qui n’est pas sans impact sur la stratégie de développement des pays concernés. Il y a péril en la demeure en effet pour de nombreux gouvernants de la sous-région, car comme c’est le cas au Mali ou Burkina, c’est leur incapacité à contenir l’expansion des menaces sécuritaires qui ont servi de prétexte aux militaires pour prendre le pouvoir même si, à l’évidence, les juntes n’ont pas aussi la recette miracle face à ce fléau qui constitue une véritable menace pour la stabilité de l’ensemble de la sous-région au-delà des pays pris individuellement.

3-Afrique francophone : la France perd en influence, la Russie et la Chine montent en puissance et les USA en embuscade

Le 15 août 2022, les derniers soldats français de la Force française au Sahel Barkhane ont officiellement quitté le Mali, conséquence d’une décision annoncée en février de la même année et surtout des relations assez houleuses entre Paris et Bamako. Ce départ a été l’un des faits majeurs de l’année et est venu administrer, une fois de plus, la preuve de la perte d’influence grandissante de la France en Afrique, notamment dans ces anciennes colonies. Il était, en effet, bien loin de l’époque où les soldats français venus à la rescousse du pays qui sombrait face à l’assaut de différents groupes terroristes, étaient accueillis en héros. C’était en 2014 et Barkhane avait remplacé Serval, une opération lancée en 2013 et qui a permis au pays de tenir le choc.

Barkhane est certes parti du Mali et les soldats français se sont certes redéployer au Niger d’où ils vont continuer à apporter des appuis militaires aux autres pays de la sous-région confrontés à l’explosion de la menace terroriste, mais il faudrait bien l’admettre, la France est en train de perdre en influence dans ce qui était jadis son pré carré. A Bamako, Ouagadougou et dans plusieurs autres capitales de la sous-région, des manifestations contre la présence militaire ainsi que la politique africaine de l’ancienne puissance coloniale ont été enregistré durant toute l’année et sur la toile, la France est vivement critiqué par une opinion qui ne cesse de monter en puissance, alimenter par des « panafricains« , qui s’érigent à coup de post sur Facebook ou Twitter ainsi que dans des médias, en nouveau défenseur de la souveraineté et de l’indépendance de l’Afrique.

Comme ses prédécesseurs, le président français Emmanuel Macron n’a eu de prôner un nouveau paradigme dans les relations franco-africaines mais la mayonnaise semble ne pas prendre tant les critiques virulentes ne cesse de s’amplifier contre le franc CFA, les soldats ou les entreprises françaises en Afrique, considérés par une certaine opinion comme les vestiges du colonialisme occidental notamment français. Cette perte d’influence de la France en Afrique principalement francophone qui ne fait guère plus de doute même à Paris, fait les affaires de nouveaux partenaires stratégiques. La Chine d’abord avec la consolidation de ses positions arrachées ses dernières années à coup d’investissements dans les infrastructures économiques mais aussi de partenariats commerciaux et surtout la Russie dont l’offensive en Afrique s’est véritablement accélérée en Afrique en 2022. Déjà présente à Madagascar, en RCA et en Libye, la Russie est de retour sur le continent où son influence s’agrandit de jour en jour comme c’est le cas au Mali avec la présence du groupe privé et controversé russe de sécurité militaire, Wagner, qualifié de fer de lance de l’offensive diplomatique de Moscou en Afrique.

La guerre d’influence que se livre en Afrique entre d’une part, les anciennes puissances coloniales occidentales notamment la France, et d’autre part de nouveau partenaires comme la Chine et la Russie, a revigoré les appétits d’une autre puissance mondiale pour le continent. Il s’agit des Etats-Unis d’Amérique (USA), qui ont également signé cette année, leur grand retour en Afrique avec la tournée effectuée dans plusieurs pays par le secrétaire d’Etat Anthony Blinken et tout récemment la tenue, du 13 au 15 décembre 2022 à Washington, de la seconde édition de l’US-Africa Leaders Summit, 14 ans après la première édition sous l’administration Obama. L’occasion pour le pays de l’oncle Sam de décliner ses nouvelles ambitions africaines avec de nouvelles promesses et d’engagements forts dans plusieurs domaines prioritaires pour le développement du continent.

4-Corne de l’Afrique : enfin un accord de paix en Ethiopie !

Le 02 novembre 2022 à Pretoria, en Afrique du Sud, Redwan Hussein, représentant du gouvernement éthiopien, et Getachew Reda, représentant du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), ont paraphé un accord de paix sous l’égide de l’Union africaine (UA). L’accord de « cessation des hostilités » est venu mettre la fin à une guerre de deux ans entre le gouvernement fédéral éthiopien, soutenu par l’armée érythréenne, et les autorités rebelles de la région du Tigré (nord), une guerre décrite par des ONG comme « l’une des plus meurtrières au monde » et qui selon l’ONU a fait, depuis son déclenchement en novembre 2020, pourrait avoir coûté la vie à un demi-million de personnes et fait plus de deux millions de déplacés. L’accord conclu cette année prévoit « un rétablissement de l’ordre public, des services au Tigré, un accès sans entrave des fournitures humanitaires » ainsi qu’un désarmement « méthodique et coordonné » des forces belligérantes.

Depuis, les choses semblent rentrés dans l’ordre et bien que les Nations unies estiment que le conflit a été émaillé de massacres qui peuvent être qualifiés « de crimes contre l’humanité commis par toutes les parties », le processus semble bien en marche et le souffle d’une paix durable souffle de nouveau dans la région en dépit de l’autre conflit qui se poursuit au sud-soudan, de la situation politique trouble au Soudan ainsi que l’instabilité sécuritaire en Somalie.

5- Afrique de l’est : au Kenya, une alternance pacifique à la tête de l’Etat

Le 05 septembre 2022, la Cour Suprême du Kenya déclarait le candidat William Samoei Arap Ruto, Président élu du pays, validant ainsi les résultats proclamés le 15 août dernier par la Commission électorale qui donnait l’ancien vice-président vainqueur avec 50,49 % des voix, William Ruto contre 48,85% pour son challenger, l’opposant Raila Odinga (48,85 %).  Quelques jours plus tard, le nouveau chef de l’Etat prêtait serment, à 55 ans, comme 5e Président du pays succédant ainsi à Uhuru Kenyatta, qui avait bouclé ses deux mandats constitutionnels à la tête de l’une des principales économies de l’Afrique de l’Est. L’évènement est assez rare sur le continent pour être souligné puisqu’à travers cet acte, le pays qui est régulièrement abonné aux crises électorales avec des milliers de morts et de blessés par le passé, vient de réussir une alternance démocratique pacifique à la tête de l’Etat.

Lors de sa prestation de serment, William Ruto, ancien vice-président d’Uhuru Kenyatta, a d’ailleurs bien mis en exergue ce fait particulier en qualifiant le processus électoral de « performance démocratique exemplaire » et en promettant d’œuvrer pour le « bien-être économique » de chaque Kényan.

Malgré les risques et les contestations, le processus électoral s’est déroulé dans un climat nettement plus transparent, compétitif et démocratique que n’importe quelle élection précédente au Kenya comme l’ont d’ailleurs souligné les observateurs qui ont également mis en avant la parfaite partition du juge électoral, des candidats ainsi que des militants des partis en compétition.

Mines-hydrocarbures : « l’Afrique suscite (…) l’intérêt de toutes les puissances qui en ont fait une zone d’intérêt vital»

Selon d’ailleurs certains observateurs, les énergies fossiles ne sont qu’une facette de la dépendance maladive des ‘’27‘’ aux importations (hors Union Européennes) et la pandémie du Covid-19 avait déjà mis en évidence la complexité des chaînes d’approvisionnement et le manque de capacité de production en Europe pour des minéraux dits ‘’critiques‘’.

Tribune : Mahaman Laouan Gaya, ancien Ministre et ancien Secrétaire Général de l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO)  

Depuis juin 2014, le monde et l’Afrique avec, assistent impuissants à un bouleversement des marchés énergétiques mondiaux en général et pétrolier en particulier. Cette crise énergétique a mis en évidence l’urgence, pour l’Afrique d’adopter ses propres stratégies de production et de sécurisation de ses approvisionnements dans un contexte de très grandes fluctuations des prix des hydrocarbures et des enjeux climatiques mondiaux exigeant à tous les pays une politique de transition énergétique. Moteur du changement climatique, les hydrocarbures ont été au cœur des débats à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques tenue à Glasgow (Ecosse). Durant les deux semaines (du 1er au 13 novembre 2021)d’échanges à cette COP26, plusieurs coalitions créées à l’occasion se sont collectivement engagées à mettre, un terme au financement des combustibles fossiles, d’ici la fin de 2022. Alors, arrêter ou même limiter le développement de projets liés aux énergies fossiles (ce qui suppose pour les pays africains renoncer au développement socio-économique et à la lutte contre la pauvreté !), aurait un impact économique profondément négatif, avec son corollaire de tensions sociales ingérables ; cette décision est par conséquent irrecevable pour les africains.

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Hasard de circonstances, c’est au sortir de cette COP26 que, le jeudi 24 février 2022, l’armée russe engagea une « opération militaire » en Ukraine contre le pouvoir politique en place. Visiblement, tous les ingrédients d’une crise multidimensionnelle internationale étaient réunis. Dès l’entame de cette invasion, les Etats-Unis et l’Union Européenne décident, de riposter vite et fort en lançant plusieurs salves de sanctions contre la Russie (divers embargos économiques, y compris sur les ressources énergétiques). Aussitôt, les prix du baril du pétrole ont, dans les échanges intra-journaliers, crevés le plafond des 100,00 Dollars américains pour afficher des records non atteints depuis la barre des 147,50 Dollars, au plus fort de la crise des subprimes. Le charbon et le gaz naturel, ressources dont la Russie est le premier producteur/exportateur mondial, ont également vus leurs prix exploser dans les instants qui ont suivi le début de cette guerre. L’invasion de l’armée russe sur l’Ukraine a mis en lumière la trop forte dépendance énergétique des pays de l’Union Européenne vis-à-vis de Moscou. Selon d’ailleurs certains observateurs, les énergies fossiles ne sont qu’une facette de la dépendance maladive des « 27 » aux importations (hors Union Européennes) et la pandémie du Covid-19 avait déjà mis en évidence la complexité des chaînes d’approvisionnement et le manque de capacité de production en Europe pour des minéraux dits « critiques ». La promotion et le développement des énergies renouvelables et des voitures électriques nécessitent l’utilisation à grande échelle de ces minéraux (exceptionnellement très abondants en Afrique), et dont l’Europe en a grandement besoin.

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Certes, les Occidentaux sont très conscients que l’ère de leur domination unilatérale touche à sa fin, et telle que les choses se dessinent, le monde qui émergerait du conflit « russo-occidental » sera bouleversé de fond en comble, avec un nouvel ordre politique, économique, énergétique et militaire complètement différent de celui (unipolaire) issu de la chute du Mur de Berlin. Et pourtant, l’Afrique a tout à gagner dans ce prochain repositionnement de l’échiquier monde. Du point de vue des ressources extractives et énergétiques, l’Afrique a plus que toute autre région du monde, un avantage comparatif manifeste. Revenons d’ailleurs un peu dans l’Histoire pour rappeler que l’exploitation pétrolière dans le monde a commencé depuis des millénaires. Cependant l’exploitation moderne en tant que telle, à partir des plateformes de forage, a commencé au début 19ème siècle en Amérique et en Asie, un peu plus tard en Europe et beaucoup plus tard en Afrique. Aujourd’hui, l’on se rend compte que certaines régions (Amérique du Nord, pays du Proche et Moyen-Orient, Mer du Nord,…) jadis pionnières de la production pétrolière sont aujourd’hui soit dans la phase de déplétion, soit dans celle de l’exploitation des hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste,…). Quant au continent africain, entré tardivement dans l’ère du pétrole moderne, seuls quatre (4) pays ont commencé une modeste exploitation pétrolière dans les années 60. Aujourd’hui, plus de 20 pays sont identifiés comme producteurs de pétrole et une trentaine d’autres mènent des opérations de prospection et de recherche. Le continent pèse pour presque 10% de la production pétrolière mondiale et peut disposer de 13 à 15% des réserves mondiales d’hydrocarbures. Les ressources en hydrocarbures africaines sont sous exploitées, voire sous explorées et leur potentiel global est là…très abondant et il n’y a l’ombre d’aucun doute que ce potentiel peut rivaliser aujourd’hui avec celui de n’importe quelle autre région du monde.

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Les ressources extractives et énergétiques que possède le continent lui offrent une chance unique de favoriser son développement humain et économique, et de se positionner comme incontournable sur l’échiquier mondial. Avec une population qui dépasse le milliard d’habitants, la consommation d’énergie primaire per capita de l’Afrique reste la plus faible du monde. Ce déficit énergétique criard dont souffrent les pays africains ne reflète nullement la rareté des ressources énergétiques, puisque l’Afrique dispose à l’état virtuel d’un potentiel considérable en énergies fossiles (hydrocarbures, uranium) et renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, géothermie, hydrogène, biomasse…et même déchets urbains). En effet, le continent abrite plus de 20% de réserves mondiales d’uranium, d’une des plus grandes réserves hydroélectriques exploitables mondiales avec un potentiel de plus de 300 GW et un productible de 1100 TWh (le continent malheureusement n’exploite que 8% de ce potentiel). Par ailleurs, l’Afrique à 15% de réserves mondiales de géothermie (15 GW), 38% en potentiel éolien (110 GW), plus de 300 jours d’ensoleillement par an (soit 11.000 GW), sans oublier les 40 milliards de m3 de gaz torchés des sites pétroliers annuellement rejetés dans l’atmosphère et les millions de tonnes de déchets urbains (énergies de récupération pouvant produire de l’électricité). Relativement « au centre du monde », facile d’accès et un pétrole brut d’excellente qualité, l’Afrique suscite en effet aujourd’hui l’intérêt de toutes les puissances qui en ont fait une « zone d’intérêt vital ». Le moment est venu pour les africains de s’affirmer courageusement sur les plans énergétique, économique, etc… dans le cadre d’une Union Africaine orientée vers son Agenda 2063, la Vision Minière Africaine (VMA) et la construction du continent pour les africains et par les africains à travers la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAf). La réorientation des activités minières, pétrolières et énergétiques au profit de la résurgence de la ZLECAf, est plus que jamais un enjeu de taille et de souveraineté économique du continent.

La crise russo-ukrainienne (crise pour les autres, mais aubaine pour l’Afrique pétrolière et énergétique) avec son risque d’enlisement, peut constituer une excellente opportunité pour les pays africains producteurs de matières premières extractives et énergétiques. Avec cette Afrique que nous voulons et qui peut être, si elle est unie et munie d’une volonté politique courageuse, être au premier peloton des producteurs des énergies de la planète et pourquoi pas jouer un rôle de premier plan dans l’hypothèse très probable d’un ‘’Nouvel ordre énergétique, militaro-économique mondial‘’.  

Par M. Mahaman Laouan Gaya, ancien Ministre et ancien Secrétaire Général de l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO)  

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